Culture judiciaire et complexité sociale : le modèle général de l’Angleterre anglo-saxonne1
p. 27-40
Remerciements
Je suis reconnaissant pour les commentaires formulés par les deux relecteurs anonymes de World Archaeology. Je remercie également le Leverhulme Trust qui a financé le projet “Landscapes of Governance” sur lequel ce document est basé ainsi que Laura Sapsford pour la préparation de la figure 1.
Texte intégral
1Mathieu Vivas2
2Les codes juridiques comptent parmi les sources textuelles les mieux conservées, et cela pour n’importe quelle société complexe du Monde. Du tout premier texte juridique de la Mésopotamie sumérienne attribué à Ur-Nammu (roi d’Ur de 2112 à 2095 a.C.), à la culture juridique chinoise du xie s. a.C., en passant par les lois des États du nord de l’Europe qui se développent à l’ombre et à la suite de l’Empire romain, les lois s’élaborent durant les premières phases de la complexité sociale ou lors des épisodes de changements sociaux3. Il faut également souligner que la forme et le contenu des codes de loi des sociétés pré-modernes sont d’une remarquable cohérence. Beaucoup de crimes et de peines évoqués dans les premières lois de Sumer, par exemple, se retrouvent des millénaires plus tard dans les lois des Anglo-Saxons, des Francs, des Lombards et des autres groupes sociaux de l’Europe du haut Moyen Âge. Le contenu des codes juridiques varie toutefois selon les régions et les époques. Ces nuances fournissent d’abondantes informations à partir desquelles il est possible de lier des développements sociétaux à des contextes environnementaux, géographiques, politiques et sociaux. Si l’on ne peut douter de la portée de ces textes juridiques, il convient toutefois de se rappeler que dans la plupart des cas ils ne représentent qu’une partie du droit applicable à un espace précis. Aussi, ces documents sont bien souvent produits dans des circonstances particulières et, de façon plus large, prennent la suite de prescriptions juridiques jusqu’alors oralement transmises. En gardant à l’esprit ce qui vient d’être évoqué, on rajoutera que la sophistication de la culture juridique dans de nombreuses sociétés primitives est évidente dans les premières sources écrites. L’une des caractéristiques communes de ces droits codifiés est l’imposition d’amendes pécuniaires pour les lésions corporelles et autres infractions ; la peine capitale n’étant réservée qu’à ce qui est alors défini comme les crimes les plus graves (principalement le vol, le meurtre et l’adultère).
3L’objectif de cet aperçu quasi universel de la culture juridique est de souligner la volonté des sociétés de limiter les querelles de sang, c’est-à-dire d’éviter des situations engendrant des divisions et des instabilités. Celles-ci peuvent en effet être néfastes pour une société qui, d’une part, tente de créer des institutions stables et, d’autre part, souhaite appliquer une loi à des espaces où doit primer le respect mutuel. Paradoxalement, les querelles ont été considérées comme un mécanisme limitant la violence : initialement violentes, leur intensité est au final modelée par les intérêts personnels et la survie d’une société4. Si les études récentes tendent à prouver l’efficience des querelles5, il ne faut pour autant pas sous-estimer la violence légale et légalisée dans la vie quotidienne des gens composant ces sociétés pré-modernes6. En mettant de côté les évolutions sociologiques et techniques du droit et de la réglementation sociale – et il existe une abondante littérature sur les textes juridiques des sociétés anciennes – l’archéologie peut apporter une substantielle contribution. Elle peut en effet donner corps – i.e. de la matérialité – à une réalité exprimée dans des documents écrits et promulgués par les plus hautes instances d’une société. De nombreuses études d’anthropologie comparée – en particulier celles centrées sur les sociétés tribales et les chefferies – soulignent l’importance de la preuve matérielle dans l’étude de la pratique judiciaire. Les expressions matérielles de la culture judiciaire prennent justement diverses formes, comme par exemple les poids et les mesures, les instruments et les lieux de détention, les tribunaux (qui, en Angleterre, sont signalés par des tertres, des pierres et d’autres éléments) et les lieux d’exécution et d’inhumation. Très peu d’enquêtes ont cependant abordé le processus judiciaire en mettant au centre de leurs réflexions le paysage judiciaire et la matérialité des pratiques judiciaires. Les preuves archéologiques les plus directes sont les dépouilles de condamnés à mort et/ou de mutilés mais, au-delà de l’ostéologie, il existe d’autres moyens d’identifier des lieux d’exécution, en particulier l’étude des espaces atypiques d’inhumation. Ces derniers doivent alors être rattachés aux systèmes de gouvernance centrale et/ou locale. Pour l’Angleterre anglo-saxonne, la géographie historique – i.e. la combinaison des sources écrites, cartographiques, topographiques et toponymiques – peut mettre en lumière la relation entre les lieux de jugement, les espaces d’exécution et les limites juridictionnelles (cf. infra).
4Si les études d’“archéologie judiciaire” sont peu nombreuses en Europe, elles sont depuis peu en augmentation. Bien qu’il existe une littérature foisonnante sur les tribunaux7, les plus récentes recherches sur les lieux d’exécution médiévaux et modernes sont issues d’études régionales en France8, aux Pays-Bas9 et en Pologne10. En prenant en compte le peu de recherches archéologiques sur ce sujet, cet article offre toutefois une réflexion sur l’Angleterre anglo-saxonne. Les éléments qu’il présente seront d’ailleurs, peut-être, plus ou moins repérables dans d’autres espaces ou chronologies. Les schémas observés dans le développement de la culture judiciaire de l’Angleterre anglo-saxonne peuvent être explicitement liés aux stades de développement sociopolitique de cette société. Il s’agit donc en cela d’une étude de cas révélant la formation d’une société complexe après la chute de l’Empire romain.
5Après la fin de la domination romaine (début du ve s.), le monde anglo-saxon se compose de groupements locaux fondés sur les liens de parenté. Ils développent rapidement des politiques supra-locales puis, au viiie s., créent des royaumes plus vastes, puissants et influents. Chacune de ces étapes participe à la formation de l’“État” anglo-saxon de la fin du premier millénaire11. Compte tenu du format imposé à cet article, il ne nous est pas possible de présenter tous les détails, mais notre propos prendra toutefois la forme d’une synthèse sur l’émergence et le développement de la culture judiciaire. Nous sommes également conscient que la taille de l’espace étudié est elle-même très réduite par rapport à l’objectif de ce papier : fournir un modèle de corrélations entre les preuves archéologiques de l’activité judiciaire et les étapes spécifiques du développement sociopolitique. Ce modèle a pour vocation d’être testé dans d’autres régions pour voir s’il existe des points communs – comme c’est par exemple le cas pour la production de textes juridiques – ou, au contraire, s’il existe des dissemblances qu’il conviendra alors d’expliquer.
L’activité judiciaire et ses corrélats archéologiques
6Quels types de preuves archéologiques peuvent refléter l’activité judiciaire ? Bien qu’il soit probable que la justice sommaire – ou le lynchage – ait toujours existé, nous nous concentrons ici sur ce que l’on pourrait appeler la pratique judiciaire “formelle”, c’est-à-dire une pratique judiciaire définie, encadrée, imposée ou permise par des institutions et des autorités supérieures.
7Dans l’Angleterre anglo-saxonne, du moins lorsque les sources écrites permettent une reconstitution détaillée de la procédure judiciaire formelle (xe s.)12, il apparaît clairement que les éléments d’un système préexistant (fin du vie-viie s.) ont été réglementés. Les éléments en question comprennent trois institutions : les tribunaux, les lieux de détention des criminels (la prison est une institution beaucoup plus tardive) et les lieux où se déroulent les épreuves judiciaires, les lieux où les peines sont prononcées et ceux où les victimes sont enterrées13.
8Si tous ces éléments ont eu une dimension matérielle, notre corpus archéologique ne contient presque pas de preuves de détention ; les sources écrites révèlent d’ailleurs que des établissements royaux et séculiers ont pu offrir des lieux d’enfermement. Dans ce dernier cas, bien qu’il soit impossible de définir des structures ayant cette vocation, nous pouvons régulièrement cartographier leur emplacement14. Ce premier tableau permet de discuter la configuration d’un système global tout autant que les différentes parties qui le composent.
9Des tribunaux sont attestés dans le tout premier code de droit anglais daté des alentours de 600 et attribué au roi Aethelberht de Kent15. Vers le xe s., les sources écrites révèlent qu’ils sont devenus un des éléments caractéristiques des nouvelles circonscriptions appelées centaines (hundreds)16. Si la question de leurs origines est encore débattue aujourd’hui, il faut retenir que les centaines regroupaient les centres nécessaires à la procédure judiciaire, centres dispersés comme dans la plupart des cas ou, au contraire, nucléés comme dans les districts comportant des villes (fig. 1). Les sites hébergeant des cours de justices, des tribunaux ou des cours avaient une dimension matérielle, souvent incarnée dans un toponyme étendu au district associé17. “Pierres”, “tertres”, “carrefours” et autres éléments distinctifs apparaissent dans les noms de centaines répertoriés, pour la plupart, dans le Domesday Survey de 1086. Les corrélations entre les noms de lieux et les caractéristiques matérielles des tribunaux permettent d’identifier et d’étudier sur le terrain un grand nombre d’entre eux18.
10L’un des dispositifs de nombreux systèmes juridiques – y compris de la Mésopotamie ancienne – est la preuve par ordalie, processus par lequel les décisions judiciaires sont retirées du domaine séculier et contrôlées par une religion structurée. Si l’ordalie, telle qu’elle apparaît dans le monde entier, est un mécanisme fascinant dont les subtilités ne peuvent être discutées ici19, nous nous concentrons toutefois sur l’emplacement géographique des sites où se déroulaient ces épreuves. Comme pour les lieux de d’enfermement, il n’y a presque aucune preuve matérielle de ce dispositif judiciaire. Pourtant, partant du principe que le rite a été supervisé par des églises supérieures (presque toutes sans exception), nous pourrions rapprocher les sites d’ordalie d’églises identifiables grâce aux sources textuelles et aux vestiges matériels20.
11La question de la punition amène l’archéologie de l’activité judiciaire à réfléchir plus précisément aux inhumations déviantes que l’on enregistre dans l’Angleterre anglo-saxonne. Les rites funéraires qui témoignent d’une différenciation voire d’une exclusion d’un défunt apparaissent avant la formation des royaumes de l’Angleterre anglo-saxonne et, jusqu’au début de la période moderne, elles présentent une remarquable continuité. Les inhumations face contre terre, les décapitations, les corps entièrement recouverts de pierres et les amputations sont des signes qui permettent de distinguer certains individus. Alors que les rites funéraires associés à l’inhumation individuelle se maintiennent tout au long d’une période de changements sociaux fondamentaux, la géographie de l’inhumation des exclus, quant à elle, se transforme radicalement au contact des développements sociopolitiques.
12Ce bref aperçu présente donc les différents types de preuves archéologiques pour l’Angleterre anglo-saxonne21. Il reste maintenant à examiner où, quand et dans quel contexte sociopolitique les différents éléments du système judiciaire anglo-saxon ont émergé.
Avant la complexité sociale : les débuts de la période anglo-saxonne en Angleterre
13Au cours des ve-vie s., les limites entre superstition, culte, coutume, religion et droit sont indiscernables. La vision dominante de l’organisation sociale au cours de cette période est celle de groupes autonomes patrilinéaires et patrilocaux occupant des territoires de petite envergure22. Les données générées par l’étude des peuplements et des inhumations de cette période révèlent peu de choses et, par extension, suggèrent une plus grande complexité : il semble donc préférable de supposer que les crimes commis au sein de ces groupes étaient réglés de façon autonome. L’archéologie funéraire révèle une série d’inhumations “déviantes” provenant de cimetières des vie-viie s., sans exemples clairs pour la période antérieure 23. Dès le viiie s. et l’émergence des royaumes, ces rites se trouvent presque exclusivement dans des lieux spécifiquement dévolus aux exécutions et aux enterrements d’exclus (voir ci-dessous), ce qui implique donc une connotation négative similaire aux siècles précédents. Bien que les inhumations déviantes des vie-viie s. soient présentes dans des cimetières communautaires “classiques” et soient accompagnées de dépôts funéraires, elles se distinguent toutefois par leur emplacement en limite des espaces funéraires ou à une courte distance de ceux-ci (fig. 2). En résumé, si l’archéologie des premières inhumations déviantes anglo-saxonnes suggère que les communautés locales ont géré leurs propres exclus et que des coutumes spécifiques ont été appliquées – et sans doute imposées par l’élite locale –, les dépôts funéraires suggèreraient également que les familles des criminels ont pu assumer les inhumations.
L’émergence d’un pouvoir supra-local : noyau et périphérie
14L’archéologie fournit des traces de plus en plus visibles de l’émergence d’une classe d’élite à partir de la fin du vie s. et à une échelle jamais vue auparavant. Les espaces d’inhumation de prestige, comme Sutton Hoo24, les résidences, comme Yeavering25, et les emporia côtiers, comme Hamwic26, sont concomitants de l’apparition de politiques qui, à une plus grande échelle, se disputent le territoire avec plus ou moins de succès. Au cours de la première phase de ces développements (fin du vie-viie s.), il peut être démontré par des preuves écrites, archéologiques et toponymiques que des lieux comme Sutton Hoo et Yeavering ont rempli des fonctions administratives et sociales – inhumation, assemblée, culte et religion – et ont contribué à implanter géographiquement les élites émergentes (fig. 3)27. Cependant, en fonction de l’expansion territoriale et du renforcement du pouvoir, de nouveaux modes d’expression du pouvoir ont pu se manifester dans le paysage et prendre la forme de sites d’exécution implantés sur des carrefours stratégiques et les frontières de grands territoires (fig. 4)28. La datation au radiocarbone situe cette imposition entre la fin du viie s. et le viiie s.29. Alors que les établissements d’élites ont continué à fonctionner comme des lieux de pouvoir marquant le paysage, un système géographiquement plus dynamique a pu être détecté : les institutions judiciaires décrites ci-dessus (tribunaux, sites royaux, lieux d’ordalie et d’exécution) sont alors dispersées dans le paysage en plus d’être concentrées comme auparavant (fig. 1). Un tel développement contraste avec les modèles traditionnels d’évolution de la complexité sociale, modèles qui tendent à suivre une trajectoire linéaire jusqu’à l’indicateur ultime de complexité : l’urbanisme. Une approche différente – c’est-à-dire une approche qui n’est pas conditionnée par des modèles dérivés des sociétés classiques – s’avère nécessaire.
15La situation anglo-saxonne révèle donc l’émergence d’un cadre judiciaire complexe – émergence dont les preuves archéologiques témoignent – qui s’appuie largement sur un réseau d’institutions plutôt dispersées que concentrées. Pourquoi ? La réponse peut découler de deux situations. Tout d’abord, de toutes les fonctions judiciaires, le règlement des différends lors des assemblées a probablement été un élément crucial pour les premières communautés anglo-saxonnes. En effet, la toute première clause du premier code de droit anglais d’Aethelberht (cf. supra) fait référence au maintien de la paix grâce à une assemblée30. L’apparition de résidences d’élite à partir la fin du vie s., suivie un peu plus tard par celle d’églises supérieures ou “cathédrales” créées au gré de la conversion des anglais païens au cours du viie s., a contribué à marquer le paysage grâce à des structures supplémentaires. Si les sites d’assemblées sont connus pour leur neutralité d’emplacement31 – i.e. largement éloignés des espaces peuplés –, la stratégie de conquête et de réorganisation territoriale se serait avérée plus efficace en ne gardant pas que les sites d’assemblée “archaïques”, dont on préserve les fonctions originelles, mais plutôt en les incorporant dans un système plus complexe. C’est là que se situe l’interface entre les collectivités locales et le pouvoir supra-local. Deuxièmement, la gouvernance dans des domaines de plus en plus vastes a entraîné la nécessité d’accroître la “portée” et la visibilité du gouvernement par le biais de l’application de la justice. Alors que les premières élites pouvaient s’appuyer sur la proximité sociale pour exprimer leur pouvoir à partir de leur centre, les gains territoriaux et la gouvernance du peuple, au-delà d’un simple cadre familial, ont exigé des marqueurs permanents de l’autorité dans les provinces. En ce sens, le réseau dispersé d’institutions judiciaires a eu besoin de manifestations et de spectacles publiques réguliers pour rappeler avec force la présence du pouvoir. Dans une large perspective, il est nécessaire de se demander si l’érection d’un gibet a pu favoriser un sentiment de protection ou d’intimidation.
Le pouvoir à grande échelle : les “États”
16À la suite de la conquête viking du ixe s., hormis le Wessex, les royaumes anglo-saxons se sont effondrés et ont laissé place au royaume unifié d’Angleterre de la première moitié du xe s. Bien que l’efficience de la gouvernance fasse l’objet de nombreux débats, la seconde moitié du xe s. a connu une intensification administrative significative, avec un certain nombre de rois exerçant une hégémonie fragile sur les régions qui deviendront plus tard le Pays de Galles et l’Écosse32. Au xe s., une succession de rois forts a permis de produire une abondante et nouvelle législation : pratiquement tous les rois anglais ont effet produit des codes de lois entre le règne d’Alfred (871-899) et celui d’Aethelred (978-1016). Au niveau archéologique, cette augmentation exponentielle de la législation et ses applications locales se notent dans la construction de nouveaux sites d’exécution, cette fois placés non seulement en limite du royaume (les ports d’entrée possédaient sûrement des potences, comme beaucoup des grandes villes qui se sont développées à cette époque), mais aussi au sein même des régions (fig. 5). Il semblerait ainsi que la distance sociale entre le souverain et le peuple, distance résultant d’une portée géographique accrue de la gouvernance centrale, ait entraîné une expression beaucoup plus puissante du pouvoir judiciaire au sein des royaumes précédents, y compris dans celui de l’ancien royaume du Wessex dont la maison royale a dominé l’Angleterre du ixe au xie s. En plus des cimetières d’exécution datés par radiocarbone, un peu plus de 130 documents écrits décrivent les limites des domaines locaux – qui prolifèrent également au cours du xe s. – et mentionnent des lieux d’exécution ou de probables inhumations déviantes33. La possibilité de cartographier des sites à la fois documentés par l’archéologie et par la carte du paysage administratif du Domesday Survey montre une relation claire entre les lieux d’exécution et les limites des territoires judiciaires locaux connus à cette époque sous le nom de centaines (cf. supra).
Discussion. Au-delà de l’Angleterre anglo-saxonne : un modèle à tester
17À travers la complexité sociale et la réflexion qui l’accompagne, l’évolution de l’activité judiciaire présentée dans le tableau ci-dessus invite à une série de comparaisons. Existe-t-il des différences régionales, contextuelles (sociopolitiques) et culturelles dans les expressions matérielles de la culture judiciaire entre les sociétés ? La réponse à cette question reste à l’heure actuelle sans réponse, mais il existe un certain nombre de domaines thématiques dans lesquels une enquête pourrait être utilement menée.
18Il y a beaucoup de débats sur la façon dont le droit pourrait être conceptualisé : pour les uns, le droit est une caractéristique des sociétés tribales liées par une “configuration d’obligations”, pour d’autres, il résulte d’une situation plus normative où les lois sont considérées comme des règles appliquées par les institutions pour régir les comportements34. Bien que les subtilités de cette discussion dépassent les préoccupations du présent article, on peut suggérer que les données anglo-saxonnes reflètent un changement de comportement qui recouvre ces deux définitions.
Avant la complexité : les sociétés fondées sur la parenté
19On peut s’attendre à ce que les sociétés fondées sur la parenté présentent des preuves de l’exclusion ou du marquage distinctif des personnes qui ne respectent pas les normes sociales. La principale manifestation archéologique susceptible d’être trouvée pour cela est “l’inhumation déviante”. Toutefois, le traitement de ces personnes pourrait à la fois être conditionné par la nature du crime commis et par les traditions et les coutumes déterminées par la superstition, le culte et la religion (ou la vision du monde) et jugées efficaces dans une situation donnée. Dans les sociétés sans État, les “chefs” semblent être responsables de la prise de décisions, mais ils ne légifèrent pas de manière formelle35. Tant dans les chefferies que dans les sociétés tribales, les familles peuvent donc avoir assumé une partie des inhumations déviantes comme une obligation communément admise. Ceci expliquerait la découverte d’inhumations déviantes avec des dépôts que l’on retrouve également dans des “inhumations normales”. Il est probable que les exécutions aient été exceptionnellement rares dans les sociétés fondées sur la parenté, tout autant que la violence à l’intérieur même des communautés36, la principale préoccupation étant la limitation des querelles de sang. Cependant, le suicide obligatoire des criminels apparaît dans certaines sociétés tribales, comme chez les Trobrianders37. Dans l’Europe médiévale et plus tardive, des rites funéraires inhabituels peuvent être observés dans divers contextes pour l’inhumation des suicidés38. Il est intéressant de noter que les discussions sur de telles inhumations, où le mode de mort est connu, ont tendance à négliger la motivation de l’acte. Bien qu’il soit impossible à prouver dans les sociétés pour lesquelles nous ne possédons pas de sources écrites, il est toujours possible que le suicide obligatoire ait été pratiqué dans certaines sociétés fondées sur la parenté, en fin de compte comme moyen de limiter la responsabilité du groupe pour la mort de l’un de ses membres.
L’émergence d’un pouvoir supra-local : noyau et périphérie
20Un changement radical se produit lorsque des chefferies de grande ampleur émergent et s’étendent territorialement au-delà des limites de la parenté – une situation qui nécessite de nouvelles formes de gouvernance et qui aboutit souvent à l’émission ou à la codification de nouvelles lois39. Ce processus peut être observé dans plusieurs contextes géographiques et chronologiques allant de la Babylone du xviiie s. a.C. et le célèbre “Code of Hammurabi”, à l’Angleterre anglo-saxonne des viie-viiie s. et au royaume africain du Buganda des xviiie-xixe s.40. Dans ces cas – et beaucoup d’autres pourraient être cités – un renforcement de l’activité judiciaire accompagne la conquête et la réorganisation territoriale. Comme nous l’avons vu plus haut, l’archéologie nourrit la réflexion sur ces processus en Angleterre anglo-saxonne : les données confirment que l’autorité judiciaire s’installe en limite des premiers royaumes, excepté dans les régions centrales où, en raison de la tradition, la justice continue à être rendue localement. Dans de telles situations, on s’attendrait à ce que les rites précoces pour inhumer les criminels se poursuivent, et cela malgré une réorganisation du système de punition du haut vers le bas. L’Inde moderne offre à ce titre un parallèle intéressant sur l’incorporation des modes locaux de traitement des exclus sociaux dans un cadre juridique d’ordre supérieur41.
21Bien qu’il soit difficile de reconstituer le contexte territorial précis, l’érection de râteliers à crânes par les assaillants toltèques et aztèques dans les territoires conquis pourrait également représenter des actes judiciaires s’opposant à la violence aléatoire42. Un crâne mésoaméricain découvert à Loma de La Coyotera (Cuicatlán Cañada, Mexique), par exemple, date de la conquête zapotèque de la région entre la fin des siècles avant Jésus-Christ et le début de l’ère chrétienne, soit d’une époque où la réorganisation majeure du système socio-politique remplace les systèmes locaux basés sur l’autorité du chef43. Loma de la Coyotera se trouvait dans territoire frontalier, dans une vallée étroite séparant les organisations politiques basées entre la vallée de Tehuacàn au nord et la vallée d’Oaxaca au sud. La distinction des lieux d’exécution et d’inhumation semble s’appliquer à une large échelle et les territoires supra-locaux ainsi que cet exemple méso-américain offrent une comparaison circonstancielle frappante aux premiers sites d’exécution de l’Angleterre anglo-saxonne. Alors que la première phase de distinction des lieux d’exécution anglo-saxons coïncide avec la centralisation du pouvoir et s’adapte au modèle influent des chefferies tel qu’il a été mis en évidence par E. R. Service44, la dispersion des fonctions judiciaires au sein du paysage – une des caractéristiques de la période suivante – offre un contraste sobre et particulièrement pertinent grâce aux preuves archéologiques de la complexité sociale. L’exemple méso-américain de Loma de La Coyotera, cependant, s’aligne sur le modèle d’E. R. Service car il faisait partie d’un large groupe de sites centrés sur la place centrale de Monte Alban45.
Le pouvoir à grande échelle
22On peut soutenir que les marqueurs de l’autorité dans les politiques de grande envergure peuvent prendre une forme nouvelle et différente. À l’intérieur d’un territoire politique, lorsque la distance sociale éloigne trop grandement l’élite dirigeante de la majorité de la population, il est probable que différents modes d’expression du pouvoir soient nécessaires. Comme indiqué plus haut, en Angleterre anglo-saxonne, la formation de l’État-nation correspond à une multiplication de sites d’exécution à l’intérieur de ce qui était auparavant un territoire central.
23Les études de M. Foucault sur les relations de pouvoir fournissent des notions intéressantes à tester dans le cadre d’une approche archéologique. M. Foucault a en particulier noté que le déclin des exécutions publiques dans l’Angleterre de la première moitié du xixe s. – comme ailleurs en Europe – a coïncidé avec le développement des institutions “sans visage” : alors que les criminels étaient exécutés derrière les portes fermées de la prison, le processus judiciaire faisait passer l’attention du public de la potence à la salle d’audience46. Plusieurs préoccupations morales et éthiques sont à l’origine du déclin de l’exécution publique en Angleterre au début du xixe s., soit à une époque où l’Empire britannique était à son apogée. On note toutefois que certains milieux étaient réticents à abandonner l’exécution publique car elle renvoyait aux origines anglo-saxonnes du jury, de la cour et du droit de l’Angleterre47.
24À bien des égards, l’implantation des gibets au sein de l’espace public semble être demeurée la même dans les milieux ruraux et urbains entre les xe-xie s. et la fin du xviiie-début du xixe s. Cet aspect est un élément non négligeable. En 1783, l’abolition du parcours du condamné de la prison londonienne de Newgate jusqu’au fameux gibet de Tyburn, à l’ouest de la ville, résume ce changement. Jusqu’à cette époque, le modèle judiciaire établi et répandu de longue date – il avait été observé pour la première fois au cours de la formation du royaume dans l’Angleterre des viie-viiie s. – avait persisté. Dorénavant, les exécutions eurent lieu à l’intérieur même de la prison et eurent pour effet d’éloigner le spectacle judiciaire de l’espace “vécu” au quotidien. La montée du nationalisme au cours du xixe s. et le développement des institutions de l’État-nation britannique qui en a résulté ont augmenté la distance sociale entre le gouvernement et le peuple. Ils ont également, du moins dans le contexte des paysages judiciaires, reconfiguré les expressions du pouvoir judiciaire.
Conclusion
25Dans cet article, j’ai tenté d’identifier les marqueurs archéologiques du développement d’une culture juridique en corrélation avec les différentes étapes de la complexité sociale. Si l’Angleterre anglo-saxonne révèle des modèles clairs, il reste cependant à voir dans quelle mesure ils peuvent être repérés. L’une des questions clefs, par exemple, est de savoir comment l’activité judiciaire peut être identifiée dans les sociétés préhistoriques, pour lesquelles on a tendance à interpréter des dépôts humains inhabituels par le biais d’un contexte religieux, cultuel ou rituel : les tourbières de l’Âge du Fer de l’Europe du Nord-Ouest méritent à ce titre un examen plus approfondi. Les données archéologiques sur les sociétés des empires les plus importants – par exemple sur les empires romains ou carolingiens, tous deux grands émetteurs de codes juridiques – ne semblent révéler que peu ou pas de preuves de lieux d’exécution. Le sujet est cependant très négligé du point de vue des preuves matérielles. Il reste maintenant à rassembler des études comparatives pour voir si ce modèle général est viable ou, au contraire, si des schémas supplémentaires sont nécessaires.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Bibliographie
Anderson, O. S. (1934) : English Hundred-Names, Lund.
Anderson, O. S. (1939a) : The English Hundred-Names : The South-Western Counties, Lund.
Anderson, O. S. (1939b) : The English Hundred-Names : The South-Eastern Counties, Lund.
10.1017/CBO9781316275269 :Attenborough, F. L., éd. (1922) : The Laws of the Earliest English Kings, Cambridge.
Baker, J. et Brookes, S. (2013) : “Monumentalising The Political Landscape : A Special Class of Anglo-Saxon Assembly-Sites”, The Antiquaries Journal, 93, 147-62.
10.1484/sem-eb :Barnwell, P. S. et Mostert, M., éd. (2003) : Political Assemblies in the Earlier Middle Ages, Turnhout.
Bartlett, R. (1986) : Trial by Fire and Water : The Medieval Judicial Ordeal, Oxford – New York.
Bassett, S., éd. (1989) : “The Origin of Anglo-Saxon Kingdoms”, Leicester.
Birbeck, V. (avec Smith, R., Andrews, P., Stoodley, N.) (2005) : The Origins of Mid-Saxon Southampton : Excavations at the Friends Provident St Mary’s Stadium 1998–2000, Salisbury.
Blair, J. (1985) : “Secular Minster Churches in Domesday Book”, in : Sawyer, éd. 1985, 104-142.
Blair, J. (2005) : The Church in Anglo-Saxon Society, Oxford.
Bodde, D. (1981) : “Basic Concepts of Chinese law : The Genesis and Evolution of Legal Thought in Traditional China”, in : Le Blanc & Borei, éd. 1981, 171-194.
10.5334/ai.1312 :Brookes, S. et Reynolds, A. (2011) : “The Origins of Political Order and the Anglo-Saxon State”, Archaeology International, 13, 84-93.
Büchert Netterstrøm, J. (2007) : “Introduction : The Study of Feud in Medieval and Early Modern History”, in : Büchert Netterstrøm & Poulsen, éd. 2007, 9-67.
Büchert Netterstrøm, J. et Poulsen, B., éd. (2007) : Feud in Medieval and Early Modern Europe, Aarhus.
Carver, M. O. H. (2005) : Sutton Hoo : A Seventh-Century Princely Burial Ground and its Context (Reports of the Research Committee of the Society of Antiquaries of London 69), Londres.
Civil, M. (2011) : “The Law Collection of Ur-Namma”, in : George, éd. 2011, 221-286.
Duma, P. (2010) : Grób alienata : Pochówki dzieci nieochrzczonych, samobójców i skazańców w późnym średniowieczu i dobie wczesnonowożytnej, Cracovie.
Fischer Drew, K., éd. (1949) : The Burgundian Code, Philadelphie.
Fischer Drew, K., éd. (1973) : The Lombard Laws, Philadelphie.
Fischer Drew, K., éd. (1991) : The Laws of the Salian Franks, Philadelphie.
Foucault, M. [1975] (2008) : The Spectacle of the Scaffold, Londres.
Fried, M. H. (1967) : The Evolution of Political Society: An Essay in Political Anthropology, New York.
Galanter, M. (1989) : Law and Society in Modern India, Delhi.
George, A. R., éd. (2011) : Cuneiform Royal Inscriptions and Related Texts in the Schøyen Collection, Bethesda.
10.1093/past/8.1.1 :Gluckman, M. (1955) : “The Peace in the Feud”, Past and Present, 8, 1-14.
Gluckman, M. (1965) : Politics, Law and Ritual in Tribal Society, Oxford.
Griffiths, D., Reynolds, A., Semple, S., éd. (2003) : Boundaries in Early Medieval Britain, (Anglo-Saxon Studies in Archaeology and History 12), Oxford.
Hope-Taylor, B. (1977) : Yeavering : An Anglo-British Centre of Early Northumbria, Londres.
King, L. W. (1898) : The Letters and Inscriptions of Hammurabi, King of Babylon, about B.C. 2200, Londres.
Lea, H. C. [1870] (1968) : Superstition and Force : Essays on The Wager of Law – The Wager of Battle – The Ordeal – Torture, New York.
Le Blanc, C. et Borei, D., éd. (1981) : Essays on Chinese Civilisation, Princeton.
10.4324/9781315013237 :Malinowski, B. (1926) : Crime and Custom in Savage Society, Londres.
10.7208/chicago/9780226526829.001.0001 :Miller, W. I. (1990) : Bloodtaking and Peacemaking : Feud, Law, and Society in Saga Iceland, Chicago – Londres.
10.1017/S0080440111000041 :Molyneaux, G. (2011) : “Why Were Some Tenth-Century English Kings Presented as Rulers of Britain?”, Transactions of the Royal Historical Society, 21, 59-91.
Muerkens, L. (2010) : “The Late Medieval/Early Modern Reuse of Prehistoric Barrows as Execution Sites in the Southern Part of the Netherlands”, Journal of Archaeology in the Low Countries, 2 (2), 5-29.
10.1093/oso/9780198205395.001.0001 :Murray, A. (2000) : Suicide in the Middle Ages, 2 : The Curse on Self-Murder, Oxford.
Pantos, A. (2003) : “On the Edge of Things : The Boundary Location of Anglo-Saxon Assembly Sites”, in : Griffiths et al., éd. 2003, 38-49.
Pantos, A. et Semple, S., éd. (2004) : Assembly Places and Practices in Medieval Europe, Dublin.
Reynolds, A. (1999) : Later Anglo-Saxon England : Life and Landscape, Stroud – Charleston.
Reynolds, A. (2009a) : Anglo-Saxon Deviant Burial Customs, Oxford.
Reynolds, A. (2009b) : The Emergence of Anglo-Saxon Judicial Practice : The Message of the Gallows, Aberdeen.
Robertson, G. (2006) : Crimes against Humanity, Londres.
Sawyer, P. H. (1983) : “The Royal Tun in Pre-Conquest England”, in : Wormald et al., éd. 1983, 273-299.
Sawyer, P. H., éd. (1985) : Domesday Book : A Reassessment, Londres.
Schapera, I. (1956) : Government and Politics in Tribal Society, Londres.
Scull, C. J. (1993) : “Archaeology, Early Anglo-Saxon Society and the Origins of Anglo-Saxon Kingdoms”, Anglo-Saxon Studies in Archaeology and History, 6, 65-82.
Service, E. R. (1971) : Primitive Social Organization: An Evolutionary Perspective, New York.
Spencer, C. S. (1982) : The Cuicatlàn Cañada and Monte Albán: A Study of Primary State Formation, New York.
Vivas, M. (2012) : La Privation de sépulture au Moyen Âge. L’exemple de la province ecclésiastique de Bordeaux (xe-début du xive s.), thèse de doctorat d’histoire et d’archéologie, Université de Poitiers.
Weaver, M. O. (1972) : The Aztecs, The Maya, and their Predecessors: Archaeology of Mesoamerica, New York.
Wormald, P. (1999) : The Making of English Law, King Alfred to the Twelfth Century, 1 : Legislation and its Limits. Oxford.
Wormald, P., Bullough, D., et Collins, R., éd. (1983) : Ideal and Reality in Frankish and Anglo-Saxon Society, Oxford.
Wrigley, C. (2002) : Kingship and State : The Buganda Dynasty, Cambridge.
Notes de bas de page
1 Cet article a été publié une première fois en anglais et mis en ligne le 27 janvier 2014 : Reynolds, A. (2014) : “Judicial culture and social complexity : a general model from Anglo-Saxon England”, Word Archaeology, 45 (5 : Archaeology of Legal Culture), 699-713. DOI : 10.1080/00438243.2013.878524. Nous remercions Taylor & Francis Ltd (http://www.tandfonline.com) d’avoir permis sa reproduction en français.
2 Les légendes des figures de l’article ont été traduites par Anne Crola.
3 Bodde 1981 ; Civil 2011 ; Fischer Drew 1949, 1973 et 1991.
4 Gluckman 1955.
5 Büchert Netterstrøm 2007.
6 Voir, par exemple, la situation viking en Islande médiévale : Miller 1990.
7 Voir, pour les ouvrages principaux, Barnwell & Mostert, éd. 2003 et Pantos & Semple, éd. 2004.
8 Vivas 2012.
9 Meurkens 2010.
10 Duma 2010.
11 Bassett 1989 ; Molyneaux 2011 ; Scull 1993.
12 Voir, par exemple, Wormald 1999.
13 Pour un examen détaillé, voir Reynolds 2009a, 11-29.
14 Sawyer 1983.
15 Attenborough 1922, 4-5.
16 Reynolds 1999, 75-81.
17 Anderson 1934, 1939a et 1939b.
18 Baker & Brookes 2013 ; Brookes & Reynolds 2011.
19 Voir, par exemple, Bartlett 1986 et Lea [1870] 1968.
20 Blair 1985 et 2005.
21 Pour une discussion détaillée de l’ensemble des données voir : Reynolds 2009a.
22 Scull 1993, 73.
23 Pour de plus amples détails, voir Reynolds 2009a.
24 Carver 2005.
25 Hope-Taylor 1977.
26 Birbeck et al. 2005.
27 Reynolds 2009a, 238.
28 Reynolds 2009b.
29 Reynolds 2009a, 154, table 23.
30 Attenborough 1922.
31 Pantos 2003.
32 Molyneaux 2011.
33 Reynolds 2009a, 272-281.
34 Malinowski 1926, 55-59 ; Robertson 2006, 90.
35 Gluckman 1965, 169 ; Schapera 1956, 41.
36 Fried 1967, 73.
37 Malinowski 1926, 94-98.
38 Murray 2000 ; Reynolds 2009a, 216-218.
39 Gluckman 1965, 169.
40 King 1898 ; Reynolds 2009b ; Wrigley 2002.
41 Galanter 1989, 32-35.
42 Weaver 1972, 223-224.
43 Spencer 1982, 234-239.
44 Service 1971, 133.
45 Spencer 1982.
46 Foucault 1975 [2008], 10-11 et 21.
47 Foucault 1975 [2008], 17.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Le duc et la société
Pouvoirs et groupes sociaux dans la Gascogne bordelaise au XIIe siècle (1075-1199)
Frédéric Boutoulle
2007
Routiers et mercenaires pendant la guerre de Cent ans
Hommage à Jonathan Sumption
Guilhem Pépin (éd.)
2016
Le bazar de l’hôtel de ville
Les attributs matériels du gouvernement urbain dans le Midi médiéval
Ézéchiel Jean-Courret, Sandrine Lavaud, Judicaël Petrowiste et al. (dir.)
2016
Quand les cathédrales se mesuraient entre elles
L'incidence des questions hiérarchiques sur l'architecture des cathédrales en France (XIIe-XVe siècles)
Yves Blomme
2021