Résumés
p. 413-422
Texte intégral
Étienne Famerie
Traductions et visions grecques de l’auctoritas
1Résumé : L’étude de la transposition en grec des mots latins requiert une prudence de méthode que connaissent bien les spécialistes du bilinguisme gréco-latin. Dans le cas d’auctoritas, on répète à l’envi que le mot exprime un concept à ce point “romain” qu’il est sans équivalent grec (ce qui expliquerait la présence du hapax αὐκτώριτας chez Dion Cassius). Un examen attentif du petit corpus des inscriptions bilingues où apparaît le terme auctoritas montre que le grec n’était pas sans ressources (à défaut de terme univoque) pour transposer ce concept. Il faut éviter de confondre monde romain et langue latine, qui s’opposerait à la langue grecque, incapable de nommer certains realia romains : à cet égard, l’examen du témoignage de Dion Cassius – qui est bien davantage un historien romain de langue grecque qu’un historien grec de Rome – jette une lumière nouvelle sur la pertinence du recours au terme ἀξίωµα dans la version grecque des Res gestae.
2Mots-clés : Res gestae ; Dion Cassius ; auctoritas ; équivalent grec ; traduction ; αὐκτώριτας ; ἀξίωµα.
3Abstract: The study of the transposition of Latin words into Greek requires a careful approach, often operated by the specialists of the Graeco-Roman bilingualism. In the case of auctoritas, it is most often said that the Latin word points to such a specific Roman concept, that there is no Greek equivalent (so should we understand the hapax αὐκτώριτας in Cassius Dio). A survey of the small corpus of bilingual inscriptions in which appears the word auctoritas shows that the Greek language was able to mean that concept. One should avoid to confuse Roman world and Latin language, in contrast with the Greek one, allegedly unable to express many specific Roman realities. In that respect, a closer study of the famous Cassius Dio’s text (the author being, in fact, much more a Greek speaking Roman historian than a Greek historian of Rome) throws a new light upon the adequacy of the term ἀξίωµα in the Greek version of the Res gestae.
4Keywords : Res gestae; Cassius Dio; auctoritas; Greek equivalent; translation; auctoritas; αὐκτώριτας; ἀξίωµα.
Thibaud Lanfranchi
Auctoritas et possession dans les lois des XII Tables : les enseignements d’une controverse
5Résumé : Cet article se propose d’étudier le sens du mot auctoritas dans les lois des XII Tables. À partir d’un examen de la controverse historiographique sur le sens du mot dans ce contexte précis, l’article présente les différentes solutions proposées et les conséquences qu’il est possible d’en tirer. En replaçant ensuite les dispositions décemvirales concernées dans le contexte du ve siècle avant J.-C., l’article suggère que l’auctoritas renvoie à une situation relationnelle concrète entre différents acteurs, situation concrète qui est au fondement de cette notion et qui permet de comprendre sa réutilisation par les Romains dans des contextes très variés.
6Mots-clés : Auctoritas ; XII Tables ; droit romain ; Rome archaïque ; historiographie.
7Abstract: This paper aims at studying the meaning of the word auctoritas in the XII Tables. Based on an analysis of the historiographical controversy over the meaning of the word in this particular context, the article presents the various proposed solutions and their historical consequences. It also offers an analysis of these decemviral provisions in the context of the 5th century BC, in order to suggest that auctoritas refers to a concrete relational situation between different actors, a concrete situation which is the bedrock of this notion and which makes it possible to understand its reuse by the Romans in very different contexts.
8Keywords: Auctoritas; XII Tables; Roman law; Archaic Rome; historiography.
Clément Bur
Auctoritas et mos maiorum
9Résumé : Cette étude entend montrer que, contrairement à ce qu’avançait Hannah Arendt, l’auctoritas ne trouvait pas sa source dans la fondation de Rome, mais plutôt dans la perpétuation des vertus et des conduites des maiores. La conformité au mos maiorum, en créant une continuité avec le passé et en s’appuyant sur des modèles de dévotion au bien commun, était une source d’auctoritas essentielle sous la République. C’est pourquoi les censeurs estimaient la dignitas selon cette grille de lecture. Naturellement, l’appel au mos maiorum était utilisé par les sénateurs dans le jeu politique, notamment parce que cela favorisait le consensus. Tout cela reposait également sur un habitus de l’auctoritas, car le mos imposait de recourir aux consilia pour toute décision importante. Toutefois l’imitation des maiores était question d’interprétation et de réécriture, ce qui posa problème à la fin de la République.
10Mots-clés : Auctoritas ; mos maiorum ; censure ; regimen morum ; Sénat ; République romaine ; dignitas.
11Abstract: This paper sets out to show that, as opposed to what Hannah Arendt has argued, the auctoritas did not derive from the foundation of Rome, but rather from the virtues and behaviors of the maiores. The compliance with mos maiorum, which created a continuity with the past and relied on models of devotion to the common good, was an essential source of auctoritas under the Republic. That is why the censors assessed the dignitas according to this framework. Senators used to refer to the mos maiorum in the political game, in particular because it fostered consensus. All this rested on a “habitus” of auctoritas, since the mos demanded to resort to the consilia for any important decision. However, the imitation of the maiores was open to interpretation and rewriting, which posed a problem at the end of the Republic.
12Keywords: Auctoritas; mos maiorum; censorship; regimen morum; Senate; Roman republic; dignitas.
Philippe Le Doze
Usages de l’auctoritas dans le savoir écrit à Rome
13Résumé : Le savoir ne conférait pas à Rome une quelconque auctoritas, contrairement par exemple à ce que l’on a connu en France avec les instituteurs sous la IIIe République. Dès lors, dans une société fondée sur un idéal de la uirtus et de l’industria, l’élaboration, en définitive assez tardive, par les savants d’une auctoritas a dû passer par des stratégies et des mises en scène. Que ce soit à travers l’auctoritas des (bons) commencements (qui agit aussi comme une contrainte), la figure d’auctoritas (qui s’appuie sur la dimension pédagogique du “pré-jugé”), l’auctoritas du uates (qui confère au savoir une valeur singulière) ou l’“auctoritas empruntée” (qui mène, dans certains cas, à différencier l’auctor de l’artifex), le couple auctoritas et savoir fonctionne avant tout sur le mode de l’autorité dérivée.
14Mot-clés : Auctoritas ; auctor/conditor/artifex ; savoir ; uates ; otium ; mos ; imitatio ; pré-jugé.
15Summary: In Rome, knowledge did not confer any auctoritas, contrary to what happened in France with primary-school teachers during the Third Republic for instance. Therefore, in a society based on an ideal of uirtus and industria, the making of auctoritas (which began quite late) by scholars had to go through strategies and self-representations. Whether by the auctoritas of (good) beginnings (which acts as a constraint too), the auctoritas figure (based on educational dimension of “pré-jugé”), the auctoritas of uates (which confers to knowledge a singular value) or the “borrowed auctoritas” (which leads, in some cases, to distinguish the auctor from the artifex), the couple auctoritas and knowledge operate essentially as a derived authority.
16Keywords: Auctoritas; auctor/conditor/artifex; knowledge; uates; otium; mos; imitatio; pré-jugé.
Yann Berthelet
De la différence entre l’auctoritas des prêtres et celle des magistrats sous la République romaine
17Résumé : Sous la République romaine, prêtres et magistrats disposaient d’une auctoritas attachée à leur fonction. Leurs fonctions n’étant toutefois pas de même nature, l’auctoritas qui leur était attachée différait fortement. Les prêtrises étant viagères, l’auctoritas qui en résultait l’était aussi. L’auctoritas qui découlait des magistratures, le plus souvent annuelles, survivait à leur terme, mais restait soumise à l’usure du temps. L’auctoritas des prêtres reposait sur leur expertise religieuse au service des magistrats et du Sénat. L’auctoritas des magistrats, mobilisée avant tout comme une alternative à l’usage de leur potestas (cum ou sine imperio), reposait principalement sur leur capacité à activer à tout moment cette puissance publique. Les magistratures patriciennes bénéficiaient en outre, par leur droit de prendre les auspices à titre public, d’un lien structurel avec l’auctoritas héritée du monopole auspicial patricien. Dans les deux cas, bien que selon des modalités différentes, l’auctoritas des prêtres et des magistrats était adossée à celle du Sénat, véritable clé de voûte du régime d’auctoritas qu’était la République aristocratique romaine.
18Mots-Clés : Prêtres ; magistrats ; auctoritas ; potestas ; imperium ; Sénat.
19Abstract: Under the Roman Republic, priests and magistrates had an auctoritas attached to their office. However, since their functions were not of the same nature, the auctoritas attached to them differed greatly. As the priests were lifelong, so was the resulting auctoritas. The auctoritas that followed from the magistracies, most often annual, survived their term, but remained subject to the wear and tear of time. The auctoritas of priests was based on their religious expertise in the service of the magistrates and the Senate. The auctoritas of magistrates, mobilized above all as an alternative to the use of their potestas (cum or sine imperio), was mainly based on their ability to activate at any time this public power. The patrician magistracies also benefited, by their right to take over the auspices on behalf of the Roman people, from a structural link with the auctoritas inherited from the patrician auspicial monopoly. In both cases, although in different ways, the auctoritas of priests and magistrates were leaning up against that of the Senate, the real keystone of the auctoritas regime that was the Roman aristocratic Republic.
20Keywords: Priests; magistrates; auctoritas; potestas; imperium; Senate.
Françoise Van Haeperen
Les auspices d'investiture d'Octavien en 43 a.C. : de la légitimation de fonctions de potestas par l’auctoritas de Jupiter
21Résumé : Les rapports entre auspices et auctoritas sont peu présents explicitement dans les sources. Un dossier mieux documenté permet toutefois de les explorer davantage : celui des auspices d’investiture qu’Octavien prend en 43 a.C., d’une part à Spolète, le 7 janvier, à la suite de l’attribution de son premier imperium, d’autre part, lors de son accession au consulat, le 19 août, à Rome.
22Mots-clés : auctoritas ; auspices d’investiture ; Octavien-Auguste.
23Abstract: The relationship between auspices and auctoritas is not well attested in the ancient evidence. However the better documented case of Octavian’s investing auspices in 43 BC makes it possible to explore it further. These are the auspices he took on the one hand in Spoleto on 7th January for the granting of his first imperium, on the other, for his accession to the consulate in Rome on 19th August.
24Keywords: auctoritas; ‘investing’ auspices; Octavian-Augustus.
Francisco Pina Polo
El concepto auctoritas y el poder en la obra de Livio
25Resumen. El artículo realiza un análisis del uso por Livio, en los libros 31 al 45, del término auctoritas. Livio utiliza auctoritas fundamentalmente en tres contextos: usa con asiduidad auctoritas patrum o auctoritas senatus en relación con el senado; aplica el término a individuos y pueblos extranjeros; mucho más raramente lo utiliza al referirse específicamente a personajes romanos. En los libros 31-45 los tres únicos personajes romanos de los que Livio dice expresamente que gozaban de auctoritas son Escipión Africano, Catón y Emilio Paulo. Auctoritas es en la obra de Livio un término polisémico que engloba significados diversos, como “influencia”, en particular, pero también “credibilidad”, “prestigio” y “autoridad” – no en un sentido coercitivo, sino ético –, así como “autorización” y “aprobación”. En Livio, auctoritas es, además, un concepto estrictamente masculino.
26Palabras clave: Livio; auctoritas; senado; imperium; imperator.
27Abstract: This paper analyses the use in Livy’s books 31-45 of the word auctoritas. Livy uses auctoritas primarily in three contexts: he regularly speaks of auctoritas patrum or auctoritas senatus in relation to the Senate; he applies the term to foreign individuals and peoples; much more rarely he uses auctoritas when referring specifically to Roman individuals (in the books 31-45 the only three Roman characters of whom Livy expressly says that they had auctoritas are Scipio Africanus, Cato and Aemilius Paullus). Auctoritas is in Livy’s work a polysemic term with diverse meanings, such as “influence” in particular, but also “credibility”, “prestige” and “authority” – not in a coercive but ethical sense – as well as “authorization” and “approval”. In Livy auctoritas is a strictly masculine concept.
28Key words: Livy; auctoritas; Senate; imperium; imperator.
Karl-J. Hölkeskamp
Leges Publilia et Maenia de patrum auctoritate – Positionen und Perspektiven?
29Zusammenfassung: Die leges Publilia et Maenia, die erstmals die patrum auctoritas regelten und in die Entscheidungsprozesse im Senat integrierten, trugen ebenso wie das zeitnahe plebiscitum Ovinium de lectione senatus, das in der Phase der Etablierung der neuen patrizisch-plebeischen politischen Klasse die Rekrutierung des Senats durch die Censoren nach objektiven Kriterien fixierte, wesentlich zur Konsolidierung des Senats als stabiler, ständiger Institution bei. Das war wiederum eine wesentliche Voraussetzung für die Formalisierung der Willensbildung im Senat in Gestalt der senatus auctoritas.
30Mots-clefs : Lex Maenia de patrum auctoritate; lex Publilia Philonis de patrum auctoritate; patrum auctoritas; Plebiscit; plebiscitum Ovinium de lectione senatus; Senat; senatus auctoritas; senatus consultum; Volkstribunat.
31Abstract: The leges Publilia et Maenia, which regulated the patrum auctoritas for the first time by integrating it in the decison-making processes in the senate, as well as the contemporary plebiscitum Ovinium de lectione senatus, which laid down objective rules of recruiting senators by the censors during the emergence of the new patrician-plebeian ruling class, substantially contributed to the consolidation of the senate as a stable, permanent institution. This in turn was an essential prerequisite of the formalization of decision-making processes in the senate in the shape of senatus auctoritas.
32Keywords: lex Maenia de patrum auctoritate; lex Publilia Philonis de patrum auctoritate; patrum auctoritas; plebiscites; plebiscitum Ovinium de lectione senatus; Senate; senatus auctoritas; senatus consultum; tribunate of the plebs.
Jean-Michel David
L’expression et les manifestations de l’auctoritas dans les rivalités politiques à la fin de la République : le témoignage de Cicéron
33Résumé : L’étude dans les discours de Cicéron et dans sa correspondance des emplois d’auctoritas et des actes ou des situations auxquels ce terme renvoyait fait apparaître plusieurs données. Le terme d’auctoritas désignait une forme d’ascendant qui s’exerçait sur autrui et qui était dû soit à des qualités personnelles soit à des positions de pouvoir. Il était le plus souvent employé avec d’autres lexèmes, dessinant des sortes de nuages sémantiques dont l’association, quand ils étaient appliqués à un individu, renvoyait de façon précise à sa personnalité ou aux actions qu’il avait menées d’une part, et d’autre part, de façon plus globale, à un modèle général de l’éthique aristocratique, le même que celui qui était mis en avant dans les laudationes funebres. Par ailleurs, l’auctoritas ne pouvait faire quelque effet que si elle trouvait à s’exprimer dans l’action politique, principalement par la tenue de discours, et être reconnue comme telle par le peuple romain. C’était alors toute la personnalité, tout le caractère et toute la conformité au mos de celui qui s’y livrait qui faisaient l’objet d’un jugement par l’opinion.
34Mots-clés : Auctoritas ; vocabulaire ; Cicéron ; discours ; correspondance ; action oratoire ; gravitas ; éthique aristocratique ; mos maiorum.
35Abstract: The study, in Cicero’s speeches and correspondence, of the uses of auctoritas and of the acts or situations the term referred to uncovers several data.The term auctoritas designated a form of ascendancy exercised over others; it was due either to personal qualities or power positions. It was most often used with other lexemes, mapping out semantic clouds, as it were, whose association, when applied to an individual, referred precisely on the one hand to his personality or the actions he had carried out, and on the other hand, more generally, to a general model of aristocratic ethics – the same one that was put forward in the laudationes funebres. Moreover, the auctoritas could have any effect only provided it found a way to express itself in political action: mainly through speeches, and providing it be recognized as such by the Roman people. It was then the whole personality, character and conformity to mos by the person who performed it that were subjected to judgment by the general public.
36Keywords: Auctoritas; vocabulary; Cicero; speech; correspondence; oratory action; gravitas; aristocratic ethics; mos maiorum.
Robinson Baudry
Auctoritas et hiérarchie sénatoriale à la fin de la République
37Résumé : Le contexte sénatorial constitue un observatoire privilégié pour analyser le fonctionnement de l’auctoritas au cours des trois dernières décennies de la République romaine. Le succès d’une sententia était interprété comme l’effet de l’auctoritas de son énonciateur. L’auctoritas reposait sur la dignitas, mais dépendait aussi de la dynamique des débats, ainsi que de la forme et du contenu de la sententia. Le cercle était vertueux : celui dont l’avis l’emportait au Sénat voyait son auctoritas s’accroître. La réalité était cependant plus complexe : des discours de justification pouvaient être mobilisés pour rendre compte de l’échec d’une proposition, de sorte que ce dernier n’était pas nécessairement synonyme de déshonneur. L’importance prise par l’ambition et la faveur contribua à perturber le fonctionnement de l’auctoritas.
38Mots-clés : Auctoritas ; Sénat ; sententia ; dignitas ; honneur ; discessio ; gratia, ambitio.
39Abstract: Senatorial context appears to be a good point of observation, in order to analyze how auctoritas worked during the last three decades of Roman Republic. A successful sententia was regarded as the result of its speaker’s auctoritas. Auctoritas depended on dignitas, process of debate, as well as sententia’s form and content. It was a virtuous circle: the most successful one was in senatorial debates, the higher one’s auctoritas got. Things happen to be more complex: apologetic speeches could be pronounced in order to explain the failure of a proposal. As a result, failure did not necessarily rhyme with dishonour. Due to the growing weight of ambition and favour, auctoritas’ process seized up.
40Keywords: Auctoritas; Senate; sententia; dignitas; honour; discessio; gratia; ambitio.
Charles Guérin
L’orateur, le témoin et le recours à l’auctoritas : le cas du Pro Sulla
41Résumé : L’argument d’autorité (argumentum ad uerecundiam) n’est pas directement employable dans un tribunal romain : la procédure et les attentes de l’auditoire imposent à l’orateur de développer une démonstration. Dans le Pro Sulla (62 a.C.), Cicéron semble pourtant y avoir recours, avec succès. Cet article étudie la stratégie qu’emploie l’orateur pour rendre son argument d’autorité acceptable par le jury. Il démontre que c’est en se présentant comme un témoin des faits mis en débat, et donc en prétendant fonder son auctoritas sur son savoir et non sur son statut, que Cicéron parvient à imposer son point de vue tout en respectant en apparence les conventions du genre judiciaire.
42Mots-clés : Rhétorique ; éloquence judiciaire ; Cicéron ; discours figuré ; argument d’autorité ; Pro Sulla ; argumentum ad uerecundiam.
43Abstract: Appeals to authority (argumenta ad uerecundiam) are not well suited to the Roman forensic stage. The legal procedure and the public’s expectations are a powerful constraint: the orator has to develop a cogent argument to defend his case. In his Pro Sulla (62 BCE) though, Cicero clearly did use such an appeal, and eventually had Sulla acquitted. This paper explains how Cicero managed to shape his appeal to authority into an acceptable argument for his public. It argues that by presenting himself as witness, Cicero managed to rely on an epistemic authority rather than a social one, and thus made his strategy palatable to the jury and the general public.
44Keywords: Rhetoric; forensic speech; Cicero; figured speech; appeals to authority; Pro Sulla; argumentum ad uerecundiam.
Elizabeth Deniaux
L’auctoritas de Cicéron et la dignitas de ses correspondants, entre pratique privée et pratique publique
45Résumé : Dans la Correspondance de Cicéron, le soin de soutenir la dignitas de ses amis quand ils ont quitté Rome est considéré comme une grande marque de confiance. L’auctoritas de Cicéron présent à Rome est importante pour conserver leur influence politique et une bonne image publique particulièrement au Sénat après la mort de César quand ses amis commandent des armées loin de Rome.
46Mots-clés : Correspondance ; auctoritas ; dignitas ; absence ; amis ; Sénat ; guerre civile.
47Abstract: In Cicero’s Correspondence, the charge of supporting the dignitas of his friends when they have left Rome is considered a great sign of confidence. Cicero’s auctoritas in Rome is important to preserve their political influence and their positive public image, particularly in the Senate after Caesar’s death, when these friends have military commands far from Rome.
48Keywords: Correspondence; auctoritas; dignitas; absence; friends; Senate; civil war.
Julien Dubouloz
L’auctoritas comme instrument de contrôle familial sur les mariages et la transmission des biens (Rome, ier s. a.C. – iie s. p.C.)
49Résumé : L’article envisage les usages du terme auctoritas dans le cadre des relations familiales. Le sens premier désigne l’intervention d’un tuteur comme auctor pour donner pleine efficacité juridique aux actes d’une personne partiellement incapable. Mais l’auctoritas doit être éclairée par les rapports de pouvoir qui se nouent au sein de la cellule familiale. Globalement, elle peut être interprétée comme un instrument permettant à la famille d’exercer un contrôle sur l’alliance et la transmission des biens de la part des mineurs ou de femmes – ce qui reste le cas même quand une évolution historique donne dans les faits à celles-ci une plus grande autonomie à partir du ier s. p.C.
50Mots-clés : Auctoritas ; famille romaine ; droit romain classique ; tutelle des mineurs ; tutelle des femmes ; testament ; pater familias ; mariage.
51Summary: The article considers the uses of the term auctoritas in the context of family relations. The primary meaning refers to the intervention of a guardian, acting as an auctor, in order to give full legal effect to the acts of a partially incapable person. However auctoritas can only be understood within the broader context of the power relationships in the family. Overall, it can be interpreted as an instrument allowing the family to control alliance and transmission of property by minors or women. This definition remains valid despite the fact that women enjoy greater autonomy from the 1st century. p.C. onward.
52Keywords: Auctoritas; Roman family; classical Roman law; guardianship of minors; guardianship of women; will; pater familias; marriage.
Dario Mantovani
L’auctoritas des juristes romains mise en cause. Esquisse d’une théorie rhétorique
53Résumé : Les passages où l’auctoritas est attribuée aux juristes sont au nombre d’une trentaine dans les sources latines, à partir de Cicéron. Dans la plupart des passages concernés, l’auctoritas des juristes n’est qu’un cas particulier qui s’inscrit dans une théorie rhétorique de l’auctoritas (une théorie d’origine gréco-hellénistique ensuite transposée en latin), qui lui confère un sens assez précis. Cette théorie nous permet de saisir le point de vue des Anciens, sans nous rallier à l’une des nombreuses théories modernes sur la notion d’autorité. L’exposé propose une esquisse de cette théorie rhétorique, en distinguant le versant externe (extra-systémique) de l’auctoritas des juristes (c’est-à-dire dans le procès, où elle désigne la capacité de leurs réponses à persuader le juge) par rapport au versant intra-systémique (dans le dialogue entre les juristes eux-mêmes) et en séparant également la dimension individuelle de l’auctoritas (du juriste particulier) de sa dimension collective (des juristes en tant qu’ensemble). Cette démarche semble souhaitable afin de ne pas surinterpréter du point de vue idéologique l’auctoritas des juristes et aussi de mieux expliquer les multiples facettes de l’argument ex auctoritate (qui n’est qu’un aspect de cette thématisation rhétorique de l’autorité).
54Mots clés : Auctoritas ; juristes romains ; argument d’autorité ; rhétorique et jurisprudence.
55Abstract: Some thirty passages survive, from Cicero onwards, where auctoritas is attributed to the Roman jurists. In most of these passages, the auctoritas of the jurists is merely a particular instance of a general rhetoric notion of auctoritas (of Greek and Hellenistic origins, then transposed in Latin). Rhetoric theory thus gives auctoritas a precise meaning and allows us to grasp the perspective of the ancients, without relying on one or another modern theory on the notion of authority. This study proposes a sketch of this rhetoric theory as applied to jurists, distinguishing between an external side (extra-systemic) on the one hand (that is to say, in the context of trials where auctoritas designates the power of juristic responses to persuade the judge) and an internal side (where auctoritas concerns the dialogue between jurists themselves). The individual dimension of the auctoritas (of a specific jurist) is also separated from its collective scope (of jurists as a group). This perspective prevents an overinterpretation of the auctoritas of the Roman jurists in political terms, and helps to better explain the multiple features of the argument ex auctoritate in juristic discourse (which is an aspect of this rhetorical thematization of authority).
56Keywords: Auctoritas; Roman jurists; argument from authority; rethoric and jurisprudence.
Aldo Schiavone
L’auctoritas des juristes et le ius respondendi ex auctoritate principis
57Résumé : Dans le jeu d’échecs qu’Auguste joue avec l'aristocratie républicaine, le rôle des juristes occupe une place centrale. Le prince n’a pas cherché à substituer son pouvoir à celui des juristes, c’est-à-dire à devenir lui-même un “prince législateur”. Mais en utilisant de manière innovante la notion d’auctoritas, il cherche plutôt à contrôler la jurisprudence, attribuant à certains personnages, choisis par lui, un surplus de prestige et d’influence, leur permettant d’émettre des réponses directement basées sur le soutien du prince : précisément, ex auctoritate principis.
58Mots-clés : juristes ; aristocratie ; ius respondendi ; pouvoir politique.
59Abstract: In the chess game that Augustus plays with the Republican aristocracy, the role of the jurists occupies a central position. The prince did not try to substitute his power for that of the jurists, i.e. to become a “legislating prince” himself. But using in an innovative way the notion of auctoritas, he rather tries to control the jurisprudence, assigning to some figures, chosen by himself, a surplus of prestige and influence, allowing them to issue responses directly based on the support of the prince: precisely, ex auctoritate principis.
60Keywords: lawyers; aristocracy; ius respondendi; political power
Martin Jehne
Individuelle und kollektive auctoritas in der römischen Republik und frühen Kaiserzeit
61Zusammenfassung: Römische auctoritas wird hier vor allem als eine Zuschreibung durch diejenigen betrachtet, die bereit sind, Ratschläge oder Anweisungen der durch sie mit auctoritas versehenen Gruppen und Individuen für gewichtig zu halten und sich ihnen meistens zu fügen. Auctoritas wird aufgefächert in individuelle auctoritas (z.B. die eines erfahrenen und erfolgreichen römischen Senators) und kollektive auctoritas (wie etwa die des Senats als Gremium). Die individuelle auctoritas wird weiter unterteilt in institutionelle (wie die Amtsautorität eines Consuls) und persönliche (die sich an dem gelegentlich deutlich unterschiedlichen Ausmaß an auctoritas bei Kollegen im Amt erkennen läßt). Bei der kollektiven auctoritas ist die Differenz zwischen einer kumulativen Form, in der die Gesamtautorität aus der Summe der Einzelautoritäten aufaddiert wird (wie wohl beim Senat), und einer integralen Form, etwa beim römischen populus, zu berücksichtigen. Abschließend wird diskutiert, ob diese Differenzierungen helfen können, die berühmte Formulierung in Augustus‘ Res gestae 34.3: auctoritate omnibus praestiti besser zu verstehen; denn hinter omnibus, womit zweifellos die Senatoren gemeint sind, kann eine individuell-persönliche Bedeutung stecken – Augustus hat mehr auctoritas als jeder einzelne Senator – oder eine kollektiv-kumulative – Augustus hat mehr auctoritas als alle Senatoren zusammen.
62Mots-clefs: Auctoritas; individuelle auctoritas; kollektive auctoritas; kumulative auctoritas; auctoritas populi; Senat; Amtsautorität; Res gestae; Augustus; Führungsstellung.
63Abstract: Roman auctoritas is understood here first of all as an ascription by those who are ready to accept that the advice or orders of certain individuals and groups are substantial, and as a consequence, they are often willing to follow. Moreover, auctoritas is divided in an individual type (like that of an experienced and successful senator) and a collective one (like that of the senate as a council). Individual auctoritas is subdivided in an institutional branch (like a consul’s authority qua office) and a personal one (perceptible in the sometimes evident difference in auctoritas between colleagues in office). Collective auctoritas may be divided again in a cumulative version when the authority of the group is understood as the summation of the individual authority of the members (as probably in the senate), and an integral one as in the case of the populus Romanus, for instance. In the end there is an attempt to apply those differentiations on the famous passage of Augustus’ Res gestae 34.3: auctoritate omnibus praestiti. “Omnibus” which evidently refers to the senators may be understood in an individual and personal sense – Augustus has more auctoritas than every single senator – or in a collective and cumulative sense – Augustus has more auctoritas than all the senators together.
64Keywords: Auctoritas; individual auctoritas; collective auctoritas; cumulative auctoritas; auctoritas populi; Senate; authority qua office; Res gestae; Augustus; leading position.
Giuseppe Zecchini
Auctoritas Italiae
65Riassunto: Si indaga il significato politico dell’espressione auctoritas populi in Cicerone (Man. 63-64) e dell’espressione auctoritas Italiae in Cicerone (Sest. 35) e in Cesare (BC 1.35.1) : sono espressioni alternative e polemiche rispetto all’auctoritas senatus e alla potestas dei magistrati, che Silla aveva accentuato. In particolare Cesare compie così una scelta fondamentale: come ci mostrano le lettere scritte alle città italiche nel 49 (D.C. 41.10.2), l’Italia, in quanto insieme dei cittadini romani aventi diritto di voto, diventa per lui un soggetto politicamente attivo, la cui auctoritas ha potere di legittimazione. La recente pubblicazione dei Fasti di Priverno ha rivelato che la stessa dittatura perpetua di Cesare deve essere intesa non come “a vita”, ma come “indeterminata”: con ogni probabilità Cesare intendeva deporla al ritorno dalla campagna partica e sostituirla con la propria auctoritas: Augusto (RGDA 34.3) ne fu consapevole erede.
66Parole-chiave: Auctoritas; Cicerone; Cesare; Fasti di Priverno; Augusto.
67Summary: This paper aims to investigate the political meaning of the expression auctoritas populi by Cicero (Man. 63-64) and of the expression auctoritas Italiae by Cicero (Sest. 35) and by Caesar (BC 1.35.1) : they are alternative and polemic against the auctoritas senatus and the potestas of the consuls and praetors, which Sulla had enhanced. Caesar’s choice was mostly fundamental: as his letters written in 49 BC to the Italian cities (D.C. 41.10.2) demonstrate, Italy as the whole of Roman citizens having right to vote becomes in his opinion a politically active subject, whose auctoritas can legitimate his acts and deeds. The recent publication of the Fasti Privernates has revealed that Caesar’s perpetual dictatorship has to be meant not as “everlasting”, but as “undetermined”: probably Caesar purposed to give it up after his return from the Parthian campaign and to replace with his own auctoritas: Augustus (RGDA 34.3) was his conscious heir.
68Keywords: Auctoritas; Cicero; Caesar; Fasti Privernates; Augustus.
Frédéric Hurlet
De l’auctoritas senatus à l’auctoritas principis. À propos des fondements du pouvoir impérial
69Résumé : Cet article est consacré au processus long et complexe qui conduisit Auguste à faire tout d’abord émerger sa propre auctoritas face à celle du Sénat, puis à éclipser cette dernière sans la faire pour autant disparaître. Il analyse à cette fin de façon détaillée non seulement le passage bien connu des Res gestae qui souligne la supériorité de l’auctoritas d’Auguste (34.3), mais aussi le contenu des autres documents épigraphiques – au nombre de trois – qui utilisent à l’époque d’Auguste la formule auctoritate Augusti ou ex auctoritate Augusti. Il en ressort principalement que l’auctoritas du prince, loin d’être une institution établie dès la mise en place du nouveau régime, se construisit concrètement et progressivement dans le jeu des interactions avec les sénateurs. C’est à partir de Claude que la formule ex auctoritate Augusti se généralisa à l’échelle de l’Empire dans les inscriptions, alors que la formule ex auctoritate senatus disparut presque complètement du vocabulaire épigraphique.
70Mots-clés : Auctoritas ; auctor ; Auguste ; Res gestae ; Sénat ; princeps (senatus) ; relatio.
71Abstract: This article is devoted to describing how the auctoritas of Augustus first emerged, then overshadowed the auctoritas of the Senate without making the latter disappear. To this end, it analyses in detail not only the well-known passage of the Res gestae, which emphasizes the superiority of Augustus’ auctoritas (34.3), but also the content of the other epigraphic documents from the Augustan period – three in number – that contain the formula auctoritate Augusti or ex auctoritate Augusti. The main result is that the princeps’ auctoritas, far from being an established institution from the beginning of the new regime onwards, gradually but definitively developed through interactions with the Senate. It was from Claudius onward that the formula ex auctoritate Augusti was generalized throughout the Empire in inscriptions, while the formula ex auctoritate senatus disappeared almost completely from the epigraphic vocabulary.
72Keywords : Auctoritas; auctor; Augustus; Res gestae; Senate; princeps (senatus); relatio.
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