Chapitre XVIII - De l’auctoritas senatus à l’auctoritas principis. À propos des fondements du pouvoir impérial1
p. 351-368
Résumés
Cet article est consacré au processus long et complexe qui conduisit Auguste à faire tout d’abord émerger sa propre auctoritas face à celle du Sénat, puis à éclipser cette dernière sans la faire pour autant disparaître. Il analyse à cette fin de façon détaillée non seulement le passage bien connu des Res gestae qui souligne la supériorité de l’auctoritas d’Auguste (34.3), mais aussi le contenu des autres documents épigraphiques – au nombre de trois – qui utilisent à l’époque d’Auguste la formule auctoritate Augusti ou ex auctoritate Augusti. Il en ressort principalement que l’auctoritas du prince, loin d’être une institution établie dès la mise en place du nouveau régime, se construisit concrètement et progressivement dans le jeu des interactions avec les sénateurs. C’est à partir de Claude que la formule ex auctoritate Augusti se généralisa à l’échelle de l’Empire dans les inscriptions, alors que la formule ex auctoritate senatus disparut presque complètement du vocabulaire épigraphique.
This article is devoted to describing how the auctoritas of Augustus first emerged, then overshadowed the auctoritas of the Senate without making the latter disappear. To this end, it analyses in detail not only the well-known passage of the Res gestae, which emphasizes the superiority of Augustus’ auctoritas (34.3), but also the content of the other epigraphic documents from the Augustan period – three in number – that contain the formula auctoritate Augusti or ex auctoritate Augusti. The main result is that the princeps’ auctoritas, far from being an established institution from the beginning of the new regime onwards, gradually but definitively developed through interactions with the Senate. It was from Claudius onward that the formula ex auctoritate Augusti was generalized throughout the Empire in inscriptions, while the formula ex auctoritate senatus disappeared almost completely from the epigraphic vocabulary.
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Mots-clés : Auctoritas, auctor, Auguste, Res gestae, Sénat, princeps (senatus), relatio
Keywords : Auctoritas, auctor, Augustus, Res gestae, Senate, princeps (senatus), relatio
Texte intégral
1L’auctoritas était à Rome une notion centrale dont les effets sur la vie politique ne se limitèrent pas à l’époque républicaine et qui survécut à la disparition de la République romaine. Elle se transforma naturellement à la suite de la prise du pouvoir par Auguste et est communément présentée dans l’historiographie comme la marque principale de la prééminence qui fut reconnue au prince et sur laquelle reposa le nouveau régime. Une telle analyse, aujourd’hui en vogue, n'est pas nouvelle. Elle découle de la découverte à Antioche de Pisidie il y a près d’un siècle d’un fragment de la version latine des Res Gestae attestant qu’Auguste y fait directement référence à la supériorité de son auctoritas2. Le passage en question est à ce point crucial pour l’ensemble de la démonstration qu’il mérite d’être cité in extenso : Post id tem[pus a]uctoritate [omnibus praestiti, potest]atis au[tem n]ihilo ampliu[s habu]i quam cet[eri qui m]ihi quoque in ma[gis]tra[t]u conlegae f[uerunt]3. Opposant la potestas d’Auguste égale à celle de ses collègues à son auctoritas jugée quant à elle supérieure, une telle formulation est à l’origine d’une multitude de travaux qui, chacun à sa manière, ont fait reposer le nouveau régime non plus uniquement sur des fondements institutionnels, mais aussi sur une primauté d’ordre moral accordée désormais à un seul homme, le princeps. L’expression la plus aboutie de cette analyse se trouve dans l’étude que Jean-Louis Ferrary a consacrée aux pouvoirs d’Auguste et qui a défendu l’idée que c’est l’association de l’auctoritas et de l’imperium qui explique la supériorité d’Auguste en matière judiciaire et électorale, ainsi que dans ses relations avec les proconsuls4. Mais la liste de ceux qui ont précédé le savant français dans cette voie ou qui s’y sont engagés à leur tour est longue5, si bien que l’on peut se risquer à affirmer que Ferrary est l’héritier d’une tradition qui remonte à Anton von Premerstein et Richard Heinze et qu’il affinée en articulant les approches institutionnelles et sociologiques.
2C’est précisément au moment où l’on pensait être parvenu à un consensus au sein de la communauté scientifique que Gregory Rowe a entrepris de mettre à bas l’édifice qui avait été progressivement construit à partir du passage des Res gestae en cherchant à montrer que l’importance de l’auctoritas dans la définition du nouveau régime avait été surévaluée par la recherche moderne6. Son étude développe une argumentation en trois temps. Il précise tout d’abord que l’auctoritas est rarement associée à Auguste dans les sources datées de l’époque d’Auguste et de Tibère (monnaies, inscriptions conservant les sénatus-consultes tibériens, auteurs favorables au nouveau régime tels que Velleius Paterculus et Valère Maxime) ; il tire ensuite parti de cet argument négatif pour préciser à propos du passage des Res gestae d’une part qu’Auguste y met en avant la collégialité dans l’exercice de la potestas plus que la supériorité de son auctoritas, d’autre part que la référence à celle-ci ne renvoie pas à une qualité “transcendantale” qu’il revendiquerait pour lui-même ; le couronnement de la démonstration repose dès lors sur l’idée que si l’insistance par Auguste sur l’égalité dans la potestas renvoie au rétablissement en 28 d’une stricte collégialité dans l’exercice de son sixième consulat avec Agrippa, la mention de son auctoritas rappelle par métonymie qu’il se fit octroyer la même année le titre de princeps senatus, qui lui permettait de donner le premier son avis au Sénat. Il faudrait dans cette perspective donner à l’auctoritas d’Auguste une valeur non pas morale et encore moins idéologique, mais institutionnelle et purement circonstancielle.
3La réaction à cette étude ne s’est pas fait attendre. Karl Galinsky, dont les travaux antérieurs avaient placé les multiples changements attestés tout au long de la période augustéenne précisément sous le signe de l’auctoritas du prince en tant que forme de prestige extra-légal7, a proposé de revenir à l’interprétation traditionnelle du passage des Res gestae en pointant une série de difficultés que soulève l’étude de Rowe8. Parmi les critiques qu’il formule à l’encontre de la nouvelle interprétation, la plus pertinente est celle qui souligne, à la suite de Marianne Bonnefond-Coudry9, la faible visibilité du titre de princeps senatus à l’époque augustéenne : on comprendrait mal dans ces conditions pourquoi Auguste aurait utilisé le terme fort d’auctoritas pour faire référence à une fonction dont tout indique qu’elle était devenue insignifiante d’un point de vue institutionnel. La réaction de Galinsky prend toutefois à certains moments la forme d’un plaidoyer pro domo dont les arguments ne sont pas tous probants et qui peine à invalider l’ensemble de la démonstration de Rowe10. Elle laisse en particulier dans l’ombre un élément important, qui est le petit nombre d’attestations du terme auctoritas en lien avec les pouvoirs d’Auguste. Galinsky répond à cette objection, pourtant fondamentale, par une pétition de principe revenant à dire que l’auctoritas est à ce point centrale dans l’idéologie augustéenne qu’elle rend compte de phénomènes généraux11 : “it should not be assumed that they (= the textual references to Augustus’ auctoritas) are all there is to Augustus’ auctoritas”12. La réalité est sans doute plus complexe que ce que Galinsky veut faire croire et il n’est pas de bonne méthode d’écarter d’un revers de main la démonstration de Rowe en la mettant sur le compte d’une “conservative classical philology” : c’est aller trop vite en besogne. Mon avis global est qu’allant à contre-courant de l’opinion traditionnelle et conventionnelle, l’interprétation de Rowe apparaît comme une réaction à la fois salutaire dans son principe et excessive dans ses conclusions. Elle pose en particulier les bonnes questions, sans y apporter de mon point de vue les bonnes réponses. Parmi les points forts de sa démonstration, on notera la réalité incontestable que constitue le nombre peu élevé d’attestations de l’auctoritas d’Auguste, toute la question étant de déterminer pour quelle raison. On peut être également d’accord avec Rowe pour dire que l’auctoritas n’est pas un concept purement abstrait, et encore moins transcendantal13. Faut-il pour autant en faire un parfait équivalent d’une réalité institutionnelle ? Même si l’on admet que l’auctoritas était d’une manière ou d’une autre liée au statut de princeps senatus, l’analyse de Rowe présente l’inconvénient de confondre deux aspects pourtant distincts de l’hégémonie exercée par le nouveau régime en mettant sur le même plan un fondement institutionnel des pouvoirs du prince et la dimension idéologique, morale et religieuse de sa prééminence. Auguste ne dit justement pas qu’il l’a emporté sur tous en vertu de son statut de princeps senatus14. S’il met l’accent sur l’auctoritas, c’est qu’il veut ajouter une dimension supplémentaire impliquant une supériorité autre que purement juridique. Il faut partir de ces interrogations, laissées pour l’instant sans réponse, pour avoir une idée à la fois précise et plus nuancée de ce qu’implique l’auctoritas principis.
L’auctoritas dans le langage politique des contemporains d’Auguste : avant-propos méthodologique
4Déduire du petit nombre d’attestations d’un terme sous Auguste sa non-prégnance dans l’idéologie impériale de cette période comme le fait Rowe est un raisonnement mécanique qu’il faut utiliser avec prudence, et ce pour deux raisons principales. La première est que si la période du principat d’Auguste est relativement bien connue comparée à d’autres périodes de l’Antiquité, elle reste malgré tout caractérisée par le petit nombre de sources littéraires contemporaines d’Auguste ou de peu postérieures, les inscriptions et les monnaies restant en particulier comparativement peu nombreuses et ne compensant pas totalement de telles lacunes documentaires. Cette réalité conduit à se méfier de l’argument e silentio, d’autant que le contenu du passage des Res gestae ne laisse aucun doute sur la volonté du nouveau régime de détourner à son profit le prestige et la prééminence réservés par la tradition à l’individu ou au groupe d’individus qui jouit d’une auctoritas. Pour la période augustéenne, il convient de ne pas exiger plus que ce que la documentation de cette époque peut apporter et de ne pas fonder un raisonnement sur la seule faiblesse quantitative du nombre d’attestations de telle ou telle notion. Un seul témoignage peut suffire à s’assurer de l’existence de l’auctoritas dans le vocabulaire politique de cette époque et à s’interroger sur sa portée dans la définition du régime, à plus forte raison s’il émane de ce “bilan politique à portée constitutionnelle” rédigé par Auguste que sont les Res gestae15. Une telle analyse vaut par exemple pour un autre fondement du régime augustéen qu’est le phénomène de restauration de la res publica, que l’on a pu résumer sous la formule de res publica restituta. Une telle expression a été régulièrement révoquée en doute16, notamment parce qu’elle n’est attestée à coup sûr qu’à une seule reprise17, mais le fait que son emploi ait pu être galvaudé ne change rien à la réalité de la restauration augustéenne comme élément central du langage augustéen18. Il en va tout compte fait de même de l’auctoritas : on peut très bien imaginer qu’à la fin de sa vie, au moment de mettre la touche finale à ses Res gestae, Auguste ait résumé par ces trois mots tranchants – auctoritate omnibus praestiti – une évolution qui produisit tous ses effets au terme de plusieurs décennies et dont Rowe n’a entrevu que la première phase, ainsi que sa traduction institutionnelle. S’y ajoute que l’auctoritas Augusti est une formule attestée à propos du premier princeps par plusieurs inscriptions, trois en tout en plus du passage des Res gestae, dont deux ont été analysées rapidement par Rowe et sur lesquelles je me propose de revenir plus en détail infra de manière à replacer l’auctoritas du prince dans le contexte de son emploi dans les sources épigraphiques.
5La seconde raison générale qui conduit à nuancer les conclusions de Rowe, et qui invite donc à prolonger son analyse tient dans l’usage globalement négatif qu’il fait de la plupart des occurrences de l’auctoritas aux époques augustéenne et tibérienne : il les utilise et en tire profit à la seule fin de montrer que cette notion est très rarement associée à la personne d’Auguste – et de Tibère ; il entend ainsi invalider l’interprétation traditionnelle du passage des Res gestae et souligner du même coup que l’auctoritas, loin d’être devenue le principal fondement extra-légal des pouvoirs d’Auguste, continuait à être attribuée aux institutions traditionnelles qu’étaient les tribunaux et surtout le Sénat. Or il est une autre manière, plus positive, de procéder. Il faut pour cela partir du principe selon lequel l’examen de toutes les attestations sous Auguste du terme auctoritas doit être impérativement mené non pas dans l’intention de dénier au premier princeps la possession de l’auctoritas ou d’en affaiblir sa portée – le passage des Res gestae dit le contraire –, mais de manière à faire ressortir l’idée que l’auctoritas fut une valeur partagée entre plusieurs institutions – et non monopolisée par l’une d’entre elles. La thèse qui sera ici développée consistera à souligner que l’auctoritas d’Auguste resta peu visible dans nos sources parce que l’association de cette valeur morale ancestrale à la position d’un seul homme à la tête de la res publica était une situation nouvelle qui eut besoin de temps pour s’imposer. Il se créa de ce fait une relation complexe entre le princeps qui cherchait à se faire reconnaître une forme inédite et originale d’auctoritas et les institutions traditionnelles qui continuaient à revendiquer l’exercice de cette prééminence morale et au premier rang desquelles se trouvait le Sénat. C’est cette question que le chapitre suivant entend reprendre en détail.
L’auctoritas d’Auguste face à l’auctoritas du Sénat : une relation à inventer19
6Quand Auguste s’empara du pouvoir après avoir éliminé son rival Marc Antoine et être ainsi devenu potens omnium rerum d’après les termes qu’il utilise dans ses Res gestae20, il connaissait bien entendu la forte valeur morale attachée à la notion d’auctoritas et l’intérêt qu’il pouvait y avoir à exploiter à son profit une telle qualité. Mais il savait aussi que d’un point de vue politique, l’auctoritas était une valeur avant tout attachée au Sénat. C’est ce qui explique qu’à l’époque augustéenne – et aussi tibérienne –, le prince ait choisi de surimposer son auctoritas à celle du Sénat21. Il ne faut du reste pas s’étonner qu’il ait adopté une stratégie qui lui permettait de faire reposer sa prééminence sur un fondement autre que purement juridique sans priver dans le même temps le Sénat de la jouissance et de l’exercice de l’une des prérogatives traditionnelles : c’était la seule solution envisageable dans un contexte politique marqué par une atmosphère de restauration de la res publica à partir de l’année 29-28, ainsi que par le respect des compétences du Sénat découlant de la volonté du nouveau régime de s’inscrire dans la continuité. On comprend dans ces conditions que la référence à l’auctoritas senatus continue à être attestée par différents types de sources épigraphiques remontant au début du principat. Une telle formule apparaît tout d’abord dans le contenu de deux sénatus-consultes d’époque tibérienne, en l’occurrence la Tabula Siarensis et le Senatus consultum de Cn. Pisone patre22, signe que le Sénat tenait à faire savoir qu’il n’entendait alors pas renoncer officiellement à l’une des principales marques de son prestige. Plus remarquable encore, Auguste fait savoir dans ses Res gestae qu’il a lui-même agi ex auctoritate senatus quand il fit restaurer quatre-vingt-deux temples appartenant aux divinités23. Velleius Paterculus utilise une formule différente, mais qui va dans le même sens quand il précise que Tibère augmenta le cens de certains sénateurs senatu auctore, une telle tournure latine choisie étant et faisant référence à l’idée d’une initiative que le Sénat a prise en demandant au prince d’aider financièrement des sénateurs dans le besoin pour leur permettre de remplir les conditions censitaires requises – un million de sesterces – et de ne pas être ainsi exclu du Sénat24. Cette série de références fait ressortir l’idée que la problématique principale d’une étude de l’auctoritas à l’époque impériale, en tout cas à ses débuts, est celle de l’articulation entre l’auctoritas du prince et celle du Sénat. En d’autres termes, il s’agit d’étudier le processus nécessairement complexe qui conduisit Auguste tout d’abord à faire émerger sa propre auctoritas face à celle du Sénat, puis à éclipser cette dernière. La seule manière de mener une telle recherche est d’étudier de façon approfondie les différentes formules renvoyant d’une manière ou d’une autre à l’auctoritas d’Auguste.
Les manifestations de l’auctoritas d’Auguste : un droit d’initiative
7On doit convenir avec Rowe que l’auctoritas d’Auguste ne doit pas être interprétée comme un terme abstrait, du moins ni seulement ni même principalement. Telle qu’elle apparaît dans les sources, cette notion renvoie en tout cas à une réalité concrète qui passait par des actions. C’est ce que montre en premier lieu l’emploi par Auguste lui-même du substantif auctor, formé à partir de la même racine qu’auctoritas25, dans un document officiel qu’il a rédigé et dans lequel il se présente comme un auctor : un édit en l’occurrence, de date incertaine, dans lequel Auguste fait connaître son souhait “de passer pour l’auctor du meilleur status et de pouvoir emporter dans la mort l’espérance que les fondements de la res publica demeureront inébranlés tels que je les ai jetés26” ; en toute hypothèse, on peut ajouter un passage des Res gestae, malheureusement mal conservé pour la version latine, qui rappelle si l’on suit le texte tel qu’il est communément établi que de nouvelles lois furent votées me auctore27, c’est-à-dire dans ce cas-ci sur la proposition d’Auguste, mais l’inscription est à cet endroit trop mutilée pour avoir à ce sujet une certitude sur la teneur de la phrase28. Quoi qu’il en soit, il n’en demeure pas moins qu’il faut donner au terme auctor une signification à coup sûr performative29 : il s’agit pour Auguste de faire savoir que sa prééminence reposait sur des interventions personnelles qui l’avaient conduit à s’impliquer d’une part pour (re)mettre plus généralement en forme une res publica et (re)donner à celle-ci un status considéré comme étant le meilleur, d’autre part éventuellement pour faire aussi voter ponctuellement des lois.
8On peut imaginer sans prendre trop de risque que le sens que l’on donne à auctor peut éclairer celui d’auctoritas dans les cas où l’un et l’autre termes sont liés au premier princeps. On peut aller plus loin dans ce sens en passant en revue les inscriptions qui font directement référence à l’auctoritas d’Auguste et dont on verra qu’elles impliquent elles aussi une action concrète du prince. Outre le passage des Res gestae, on en connaît à ce jour au moins deux, auxquelles il faut ajouter très vraisemblablement une troisième – datée d’ordinaire de l’époque néronienne, à tort comme il est démontré en annexe. Les références épigraphiques à l’auctoritas d’Auguste, si elles sont somme toute peu nombreuses, n’ont jusqu’à présent pas reçu toute l’attention qu’elles méritent, alors qu’il s’agit de témoignages datés des années de la mise en place du nouveau régime. Elles donnent une idée très précise du contexte dans lequel l’auctoritas prit naissance et évolua ; elles permettent à ce titre de mieux comprendre comment celle-ci se manifesta de la manière la plus concrète qui soit.
9a. Inscription funéraire relative à un collège de musiciens, celui des symphoniaci (CIL, VI, 4416 = D. 4966)
Dis Manibus / collegio symphonia/corum, qui sacris publi/cis praestu (sic) sunt, quibus senatus c(oire) c(onuenire) c(olligi) permisit e / lege Iulia ex auctoritate / Aug(usti) ludorum causa
“Aux dieux Mânes. Au collège des symphionaci, qui sont à la disposition des cérémonies sacrées publiques, auxquels le Sénat a permis de s’associer, de se rassembler, de réunir pour les jeux en vertu de la lex Iulia, en vertu de l’auctoritas d’Auguste”.
10Trouvée à Rome près de la Via Appia dans un contexte funéraire et postérieure à la lex Iulia de collegiis de 7 a.C., cette inscription funéraire fait savoir que cette loi augustéenne permettait à un collège de musiciens civils, celui des symphoniaci, de se réunir en raison de son utilité publique découlant de sa participation aux jeux de la cité30. Elle fournit en particulier des précisions institutionnelles sur la manière dont une telle autorisation avait été accordée en soulignant que c’était le Sénat qui était intervenu (senatus permisit) “en vertu de la lex Iulia”. La teneur de ce passage ne laisse donc aucun doute sur le fait que le sénatus-consulte voté à cette occasion pour permettre à ce collège de se réunir s’appuyait sur une loi, la lex Iulia de collegiis de 7 a.C., qui avait été proposée par Auguste et avait été quant à elle déjà votée. Quant à la formule ex auctoritate Augusti telle qu’elle est présentée dans l’inscription, elle a pu être rattachée à la tournure prépositionnelle e lege Iulia et signifier en ce sens que cette loi sur les collèges avait été adoptée à l’initiative et sur la proposition d’Auguste31, mais ce n’est ni la seule interprétation ni la plus vraisemblable d’un point de vue syntaxique. On peut tout aussi bien faire dépendre ex auctoritate Augusti du verbe permisit et comprendre ainsi que l’autorisation spécifique donnée par le Sénat au collège des symphoniaci reposait également sur l’auctoritas d’Auguste, la formule e lege Iulia ex auctoritate Aug(usti) fonctionnant ici comme une parataxe32 – fréquente dans le langage juridique – pour indiquer que la décision des sénateurs reposait aussi bien sur la loi que sur une intervention d’Auguste. Quoi qu’il en soit, auctoritas renvoie ici en tout cas à une initiative prise par Auguste dans un cadre institutionnel, en l’occurrence une séance du Sénat plutôt qu’une réunion des comices. L’analyse de l’inscription suivante fournit un autre exemple d’association de l’auctoritas d’Auguste à un vote des sénateurs dans le processus de prise de décision tel que les rédacteurs du document épigraphique contemporains d’Auguste le concevaient.
11b. Épitaphe de P. Paquius Scaeva (CIL, IX, 2845 = D. 915 = E-J, 197)
P(ublius) Paquius, Scaeuae et Flauiae filius, Consi et Didiae nepos, Barbi et Dirutiae pronepos, Scaeua quaestor, decemuir stlitibus iudicandis ex s(enatus) c(onsulto) post quaesturam, quattuoruir | capitalis ex s(enatus) c(onsulto) post quaesturam et decemuiratum stlitium iudicandarum, tribunus plebis, | aedilis curulis, / iudex quaestionis, / praetor aerarii, / pro consule prouinciam Cyprum optinuit, / uiar(um) cur(ator) extra V(rbem) R(omam) ex s(enatus) c(onsulto) in quinq(uennium), procos iterum extra sortem auctoritate Aug(usti) Caesaris / et s(enatus) c(onsulto) misso (sic) ad componendum statum in reliquum prouinciae Cypri, fetialis, / consobrinus idemque uir Flauiae Consi filiae, / Scapulae neptis, / Barbi proneptis, simul cum ea conditus
“Publius Paquius Scaeva, fils de Scaeva et de Flavia, petit-fils de Consus et de Didia, arrière-petit-fils de Barbus et de Dirutia, questeur, décemvir chargé de juger les litiges en vertu d’un sénatus-consulte après la questure, quattuorvir capital en vertu d’un sénatus-consulte après la questure et le décemvirat chargé de juger les litiges, tribun de la plèbe, édile curule, juge de la quaestio, préteur du trésor, il a obtenu la province de Chypre en tant que proconsul, curateur des voies en dehors de Rome en vertu d’un sénatus-consulte pour cinq ans, envoyé de nouveau comme proconsul sans tirage au sort en vertu de l’auctoritas d’Auguste César et d’un sénatus-consulte pour rétablir le status de la province de Chypre pour l’avenir, fétial, cousin germain et en même temps mari de Flavia, fille de Consus, petite-fille de Scapula, arrière-petite-fille de Barbus, enseveli en même temps avec elle”.
12Il s’agit d’une inscription funéraire qui provient d’une cité d’Italie centrale, Histonium, et qui retrace de façon détaillée le cursus d’un sénateur d’époque augustéenne, P. Paquius Scaeva, originaire de cette cité. En dehors du fait que l’exercice d’une préture affectée à l’aerarium est obligatoirement postérieure à l’année 23 a.C.33, nous manquons d’autres points de repère chronologiques pour être en mesure de proposer avec plus de précision une datation absolue des étapes de cette carrière. Celles-ci ont été souvent datées des années 10 a.C.34, soit de la première moitié du principat d’Auguste, mais André Chastagnol a avancé de bons arguments pour proposer une datation basse en faisant remonter la première fonction (la questure) dans le courant des années 10 a.C. et la dernière dans le courant de la première décennie de notre ère35.
13C’est précisément la dernière fonction exercée qui retient ici l’attention à travers la formule utilisée pour définir les conditions dans lesquelles P. Paquius Scaeva fut envoyé une seconde fois à Chypre pour gouverner cette province : procos iterum extra sortem auctoritate Aug(usti) Caesaris / et s(enatus) c(onsulto) misso (sic) ad componendum statum in reliquum prouinciae Cypri. J’ai déjà analysé par ailleurs le contenu de cette partie de l’inscription pour faire ressortir que celle-ci livrait la première attestation épigraphique connue d’un proconsul extra sortem, c’est-à-dire nommé sans tirage au sort36, mais il faut désormais prolonger cette analyse pour faire ressortir ce qui se cache derrière la formule rappelant qu’après avoir été ainsi choisi, ce proconsul fut “envoyé par l’auctoritas d’Auguste César et un sénatus-consulte”. L’association dans le contenu de l’inscription de l’auctoritas et du décret que le Sénat vota en fin de compte pour nommer P. Paquius Scaeva est significative : elle laisse entendre que la prééminence dont le prince fit preuve pour “envoyer” celui-ci à Chypre eut pour cadre institutionnel une séance du Sénat et reposa sur l’une des deux modalités d’intervention directe du prince dans ses relations avec les sénateurs : soit le droit de mettre à l’ordre du jour telle question en priorité sur les magistrats, en vertu duquel il aurait proposé de suspendre exceptionnellement le tirage au sort pour choisir un proconsul et le faire nommer par le Sénat à la tête de la province de Chypre ; soit la prérogative consistant à donner son avis en premier lieu à propos de toute question inscrite à l’ordre du jour. Quoi qu’il en soit, la référence à l’auctoritas d’Auguste est remarquable dans le cadre d’une inscription qui met par ailleurs également en avant la fréquence de l’intervention du Sénat dans le déroulement de la carrière de ce sénateur à travers le recours à la formule ex s(enatus) c(onsulto), utilisée à trois reprises en relation avec des fonctions inhabituelles ou exercées à un stade inhabituel de la carrière. Il en ressort qu’Auguste s’impliqua personnellement face aux sénateurs pour faire voter par ces derniers un sénatus-consulte qui confiait une mission extraordinaire consistant à “rétablir le status de la province de Chypre pour l’avenir” à un ancien préteur choisi comme proconsul par le prince.
14c. Dédicace à L. Aquillius Florus Turcianus Gallus (Corinth, VIII, 2, 54 = AE 1919, 1).
[L(ucio) A]quillio C(aii) f(ilio) Pom(ptina) / [Fl]oro Turciano Gallo, / [X(decem)uir(o)] stlitib(us) iud(icandis), trib(uno) mil(itum) leg(ionis) VIIII Mac(edonicae), / [q(uaestori) Aug(usti) ? pro q]uaest(ore) Cypro ex auctoritate Aug(usti), / [tr(ibuno) pl(ebis)], pr(aetori), proco(n)s(uli) prouinciae Ach[aiae] /, Ti(berius) Ti(berii) Claudi(us) Anaxilas et … / [II u]ir(i) quinq(uennales) sua pecunia [f(ecerunt)]
“À Lucius Aquillius Florus Turcianus Gallus, fils de Caius, de la tribu Pomptina, décemvir chargé de juger les litiges, tribun militaire de la 9e légion Macedonica, questeur d’Auguste, proquesteur à Chypre en vertu de l’auctoritas d’Auguste, tribun de la plèbe, préteur, proconsul de la province d’Achaïe, Tiberius Claudius Anaxilas, fils de Tiberius, et … duumvirs quinquennaux, ont fait faire (ce monument) à leurs frais”.
15Découverte au début du xxe siècle à Corinthe, cette dédicace fut érigée par les autorités de cette cité, les duumvirs, en l’honneur d’un proconsul d’Achaïe, L. Aquillius Florus Turcianus Gallus, dont le gouvernement de cette province lui avait valu une autre dédicace de la part des Athéniens37. La datation de ce proconsulat a fait l’objet d’un débat. On trouvera en annexe les nombreux arguments qui conduisent à le faire remonter désormais à l’époque augustéenne, plus vraisemblablement entre les années 10 et 4 a.C. Il faut donc (ré)introduire l’inscription de Corinthe dans la liste des documents contemporains d’Auguste qui font référence à l’auctoritas de ce dernier, et qui sont tout compte fait désormais au nombre de quatre si l’on prend en compte le passage des Res gestae.
16Il ressort plus particulièrement d’un examen croisé des dédicaces à L. Aquillius Florus Turcianus Gallus provenant d’Athènes et de Corinthe que l’auctoritas d’Auguste se manifesta à l’occasion de la nomination de ce sénateur comme proquesteur de la province de Chypre, nomination postérieure à la questure exercée au service du prince. Il faut à ce sujet établir un lien direct avec un passage de Dion Cassius qui précise dans le contexte de l’année 24 a.C. que “comme les candidats au poste de questeur dans les provinces manquaient, on attribua ces charges par tirage au sort à tous les questeurs des dix années précédentes qui n’avaient pas assumé cette charge dans les provinces”38. La référence à une telle procédure permet de mieux comprendre le fait institutionnel qui conduisit L. Aquillius Florus Turcianus Gallus à exercer successivement une questure et une proquesture et qui était singulier dans le sens où le titre de pro quaestore est très rarement attesté à l’époque impériale39. On en déduira qu’au contraire de la pratique en vigueur à l’époque républicaine, la proquesture de Chypre fut exercée non pas dans le prolongement immédiat de la questure, c’est-à-dire l’année suivant l’exercice de cette magistrature, mais plusieurs années après quand le déficit de candidats à l’exercice d’une questure provinciale continuait à se faire ressentir et obligea le Sénat à puiser dans le vivier des anciens questeurs pour combler ce manque ; elle date en tout cas au plus tôt de l’année 22, date à laquelle Chypre cessa de faire partie des provinces impériales pour devenir une province publique pourvue à ce titre d’un questeur annuel40.
17Ces précisions institutionnelles et chronologiques permettent de replacer l’intervention impériale dans son contexte quand il fut question d’envoyer à Chypre L. Aquillius Florus Turcianus Gallus très probablement pour faire remplir des fonctions relevant de la questure par un sénateur qui agirait dans cette province non plus techniquement comme questeur, mais plus précisément en faisant fonction de questeur (pro quaestore). Auguste activa à cette occasion son auctoritas pour faire nommer comme proquesteur un homme qui avait été précédemment son propre questeur et qu’il choisissait parce qu’il le connaissait tout particulièrement. Même si cela n’est pas dit explicitement par la dédicace, il est évident que l’objet de son intervention directe visait à suspendre le tirage au sort des (pro)questeurs et à substituer à cette procédure traditionnelle fondée sur le hasard une désignation par sénatus-consulte du sénateur dont il aurait donné le nom aux autres sénateurs au moment des débats au sein de cette assemblée.
L’auctoritas d’Auguste comme forme d’interaction avec les sénateurs
18La teneur des trois inscriptions qui viennent d’être analysées se recoupe pour définir l’auctoritas d’Auguste comme une qualité individuelle qui éclipsa l’auctoritas détenue collectivement par le Sénat sans la faire disparaître, mais qui avait dans le même temps besoin d’être reconnue par les sénateurs pour produire tous ses effets. C’est ce qui explique que les séances du Sénat aient été le lieu où Auguste était intervenu en personne pour justifier son projet de loi sur les collèges et proposer de choisir tel sénateur (P. Paquius Scaeva et L. Aquillius Florus Turcianus Gallus) pour accomplir telle mission extraordinaire. Cette réalité signifie que l’auctoritas d’Auguste, loin d’être une donnée établie, se construisit concrètement et progressivement dans le jeu des interactions avec les sénateurs. Ce faisant, elle dépasse le cadre purement institutionnel pour produire parmi les sénateurs un consensus sur la capacité d’Auguste à devenir un primus inter pares. Il est un fait que l’autorité ne s’exprime que dans l’interaction41. On établira à ce titre un lien entre l’action d’Auguste et la définition plus générale qu’Alexandre Kojève donne de l’autorité : “nécessairement une relation (entre agent et patient) … donc un phénomène essentiellement social (et non individuel)”42 ; il ajoute qu’“il faut être pour le moins deux pour qu’il y ait autorité”43, insistant sur la nécessité pour l’autorité d’être reconnue pour exister44. Il est de ce point de vue significatif que les actes pour lesquels l’auctoritas d’Auguste est formellement mentionnée dans les sources sont tous des initiatives du prince validées par le Sénat – et aussi par le peuple romain. Cette qualité individuelle apparaissait de ce fait d’autant plus efficiente qu’elle était affirmée devant ceux qui la détenaient également de façon collective et qui acceptaient donc désormais qu’il existât une auctoritas non seulement différente de la leur, mais aussi supérieure.
19Parce que l’auctoritas d’Auguste s’exprima au départ en priorité, voire uniquement devant les sénateurs, elle fut l’un des instruments de la prééminence dont il jouit au sein du Sénat et la marque de son emprise sur cette assemblée. Sans être à proprement parler d’ordre institutionnel, elle était la conséquence de l’exercice continu de compétences institutionnelles spécifiques qui lui furent octroyées dès les années 20 : dès 29, il devint princeps senatus, titre qui était décerné au sénateur le plus éminent dans l’album établi lors de la lectio senatus de cette année et qui lui permit d’être le premier à donner son avis au Sénat (sententia)45 ; en 23, en compensation de l’abdication du consulat, il reçut par une mesure spécifique un droit de relatio prioritaire qui l’autorisait à mettre à l’ordre du jour du Sénat une question en priorité par rapport aux autres magistrats46. Combinées à son statut d’imperator victorieux et aux nombreux honneurs qui lui avaient été accordés à son retour à partir de Rome en 29, de telles prérogatives contribuèrent à travers les multiples interactions avec les sénateurs à dessiner les contours d’une supériorité qui s’exprimait naturellement dans le langage politique des Romains par la référence à l’auctoritas d’Auguste. Il faut donc se représenter les rapports entre le prince et les sénateurs sous la forme d’une collaboration à la fois nécessaire dans le sens où le Sénat restait l’instance politique principale, mais déséquilibrée dans ses aspects pratiques : Auguste y détenait un droit d’initiative qui était capital et maîtrisait les débats qui avaient lieu en son sein. C’était pour certains sénateurs une position inconfortable, qu’ils ne manquaient pas de dénoncer à l’occasion47, et l’on sait du reste qu’Auguste pouvait être mis en minorité au Sénat48. Mais c’était un système qui fonctionna pendant plusieurs décennies et qu’Auguste ajusta par réformes successives en veillant toujours à susciter une participation active des sénateurs49.
De l’auctoritas du Sénat à l’auctoritas du prince : le processus de transmission
20L’histoire de l’auctoritas d’Auguste est l’histoire d’une transmission progressive, celle qui consista à substituer l’auctoritas du prince à celle du Sénat et dont on va étudier désormais plus précisément les aspects chronologiques. Il est évident que l’affirmation par Auguste de son auctoritas ne fut pas actée officiellement par quelque décision que ce soit et à un moment ou un autre ; elle est au contraire le fruit d’un processus qui s’étira sur plusieurs décennies et qui allait dans le sens du renforcement de son auctoritas au fur et à mesure de ses interventions dans la vie publique, en particulier au Sénat. Rédigés à la fin de la vie d’Auguste et affichés à sa mort, les trois mots célèbres des Res gestae Diui Augusti ne font en réalité que résumer un demi-siècle d’évolution. L’auctoritas Augusti apparaît dans la documentation au plus tôt en 22, au moment où Auguste fit valider par le Sénat l’envoi à Chypre de L. Aquillius Florus Turcianus Gallus comme proquesteur. Il ne fait toutefois aucun doute que ce fondement du nouveau pouvoir impérial fut activé encore plus tôt, au moment où Auguste rentra à Rome après avoir vaincu Marc Antoine et fut amené à intervenir régulièrement au Sénat pour mettre en place le nouveau régime. C’est ce qu’indique un passage du premier livre de Tite-Live qui fut composé aux environs de l’année 27 et dans lequel l’historien romain fait référence aux origines légendaires de Rome en rappelant qu’Évandre – celui qui accueillit Énée d’après la tradition – “gouvernait ces régions par son autorité plutôt que par son imperium” : auctoritate magis quam imperio regebat loca50. Une telle définition des pouvoirs de ce roi légendaire fait inévitablement songer au passage des Res gestae dont il a été déjà souvent question, si ce n’est qu’Auguste y opposait son auctoritas non pas à son imperium, mais à sa potestas. Ce détail ne remet toutefois pas en question l’idée fondamentale selon laquelle Tite-Live projeta dans le passé mythique de Rome la réalité observable de son époque en attribuant à Évandre un fondement extra-institutionnel identique à celui d’Auguste. L’analogie évidente que l’historien romain établit entre le roi légendaire et le princeps de son époque au moment de la rédaction de son premier livre51 conduit à conclure que l’utilisation par Auguste de la notion d’auctoritas remonte aux toutes premières années du nouveau régime, en particulier en janvier 27 quand le Sénat lui octroya le surnom Augustus52.
21L’auctoritas d’Auguste se manifesta par la suite dans le cadre du Sénat et en coexistant avec l’auctoritas dont le même Sénat continuait à jouir si l’on en juge par des documents d’époque augustéenne et tibérienne dont il a déjà été question. L’épitaphe de P. Paquius Scaeva livre à ce sujet des informations non seulement sur la manière dont l’auctoritas du prince et celle du Sénat furent articulées, mais aussi sur la représentation que les contemporains d’Auguste se sont faite d’une telle articulation. En indiquant que ce sénateur avait été nommé proconsul de Chypre extra sortem “par l’auctoritas d’Auguste et un sénatus-consulte”, le rédacteur de ce document épigraphique fait primer l’auctoritas du prince tout en veillant dans le même temps à rappeler qu’un sénatus-consulte ratifia l’initiative d’Auguste. Une telle formule fait apparaître le Sénat comme le cadre institutionnel dans lequel l’auctoritas d’Auguste se manifestait et dont l’intervention était mentionnée parce qu’elle était encore ressentie comme une nécessité. Une telle perception date de l’époque de transition qui est celle du principat d’Auguste. Elle est encore attestée sous Tibère, quand une dédicace à un sénateur de cette époque, C. Pontius Paelignus, précise que celui-ci fut nommé légat propréteur à deux reprises “en vertu d’un sénatus-consulte et de l’auctoritas de Tibère César” : si l’ordre des mots place en tête le sénatus-consulte, l’auctoritas du Sénat n’est en revanche pas mentionnée53. L’évolution générale allait dans le sens sinon d’une disparition totale de la référence à l’auctoritas du Sénat, en tout cas de sa très faible visibilité dans les sources54. C’est ce qu’indique clairement le contenu des inscriptions, nombreuses à partir de Claude, qui précise que telle décision fut prise en vertu de l’auctoritas du prince sans faire la moindre mention de l’intervention du Sénat et du vote des sénateurs sous une forme ou une autre55. Cette réalité épigraphique signifie non pas nécessairement que le Sénat ne validait plus les initiatives impériales par le biais d’un sénatus-consulte, mais que cette validation était désormais perçue comme une pure formalité que les rédacteurs des inscriptions ne jugeaient même plus nécessaire de signaler. C’est de manière progressive et insensible que le Sénat perdit une auctoritas dont tout le potentiel fut récupéré et exploité par le pouvoir impérial.
Conclusion : une nouvelle auctoritas fondée sur la tradition et tournée vers l’avenir
22Il ressort de l’analyse à laquelle Kojève soumet la notion d’autorité que celle-ci est un phénomène si complexe qu’il existe non pas une seule forme d’autorité, mais plusieurs, quatre en tout, qu’il appelle des “formes pures” et qui correspondent à différentes temporalités : celle du Père sur l’Enfant, qui naît d’un grand écart d’âge du premier avec le second et dont découle l’importance attachée à la tradition ; celle du Maître sur l’Esclave, fondée sur la notion de risque et un rapport de forces entre un vainqueur faisant valoir sa supériorité présente et un vaincu acceptant son état de manière à pouvoir rester en vie ; celle du Chef sur la Bande, qui repose sur la prévoyance et la clairvoyance du Chef et à laquelle est liée l’idée d’un projet ; celle du Juge, qui se distingue par la primauté accordée de façon absolue au principe de l’équité et à laquelle se rattachent les différentes formes d’autorité divine56. À cette analyse dite phénoménologique succède dans l’ouvrage de Kojève une analyse de type métaphysique qui donne au temps la valeur d’une autorité et établit une équivalence entre les quatre formes pures d’autorité et les quatre modes temporels de l’autorité : le père et le passé, le Maître et le présent, le chef et l’avenir, le juge et l’éternité. Il n’est pas question de projeter dans ce cadre de façon mécanique sur l’auctoritas d’Auguste une analyse sociologique contemporaine, d’autant que chaque autorité historiquement affirmée, loin de se rattacher à une seule de ces formes pures, peut les combiner de différentes manières et que les multiples combinaisons possibles donnent lieu d’après Kojève à rien de moins que soixante-quatre variantes. Plutôt que de chercher à identifier à laquelle de ces multiples variantes correspond l’auctoritas d’Auguste, exercice purement théorique et sans grand intérêt, les propos conclusifs qui suivent utilisent le modèle kojevien, qui relèvent de l’idéal-type, pour souligner que la prééminence dont Auguste se prévalut devant les sénateurs en activant son auctoritas au Sénat inscrivait son action dans les quatre temporalités : se servir du poids et du prestige à Rome de la tradition (le mos maiorum)57, qui n’est rien d’un autre que le passé reconstruit, pour prendre dans le temps présent des initiatives qui engagent l’avenir et contribuent à dessiner les contours d’un homme exceptionnel – l’Augustus – amené un devenir un dieu (Diuus).
23Il est un fait qu’en reprenant à son compte l’auctoritas, Auguste se servait d’une notion qui avait été auparavant utilisée par de nombreux autres acteurs et qu’une longue tradition avait rattachée en particulier au Sénat. Il eut ainsi l’habileté de justifier sa première place de fait dans la res publica devant les sénateurs en exploitant une vertu ancestrale chère à ces derniers et en faisant de ce qui était une valeur collective détenue par un groupe d’individus une qualité individuelle. Dans le même temps, il profitait du droit d’initiative découlant de la possession de l’auctoritas pour faire ratifier par le Sénat des décisions qui prenaient la forme de sénatus-consulte et étaient suivies d’effet. Mais l’auctoritas d’Auguste ne renvoyait pas qu’à l’art d’utiliser la tradition ancestrale pour se ménager la première place à Rome et dans l’Empire romain. À l’instar de l’autorité du Chef telle qu’elle est définie par Kojève, elle est également indissociable d’un projet destiné à construire un nouveau régime58. Il a été souvent affirmé que le principat d’Auguste voulait se présenter comme l’aboutissement de l’histoire de Rome, voire la fin de l’histoire. C’est oublier que le nouveau régime, obsédé par la question de sa propre continuité, était aussi tourné vers l’avenir59. C’est ce que rappelle l’édit d’Auguste dont il a été question supra (n. 26) et dans lequel le prince se présente comme un auctor visant à pérenniser un status considéré comme le meilleur. C’est ce que souligne également un autre édit d’Auguste, celui dans lequel il affirmait l’intention pour lui-même et ses successeurs de prendre publiquement exemple sur la vie des grands hommes de l’histoire romaine dont les statues avaient été érigées le long des deux portiques du Forum d’Auguste : “son intention est d’être lui-même jugé d’après leur exemple (celui des summi uiri de l’histoire de Rome) tant qu’il vivra et que le soient les princes des générations futures”60.
24L’auctoritas d’Auguste est une notion centrale parce qu’elle fait le lien entre le passé, le présent et l’avenir. Elle se traduisit concrètement par des initiatives qui avaient pour cadre avant tout le Sénat, mais elle était plus que le seul droit d’initiative dont Auguste avait hérité en se faisant octroyer le titre de princeps senatus. Il s’agissait également d’une vertu collective et individuelle qui renvoie à une capacité d’agir exprimant la supériorité hiérarchique du groupe ou de l’individu qui la possède dans une société elle-même déjà fortement hiérarchisée, capacité d’agir d’autant plus efficace qu’elle reposait sur le poids et le prestige de la tradition. C’est pour cette raison qu’elle fut revendiquée par Auguste pour être ensuite monopolisée par le régime impérial au terme d’un long processus de plusieurs décennies. Elle était donc au bout du compte cette qualité cardinale qui permettait de transformer un monde où le changement n’était possible que s’il prenait la forme de la continuité.
Annexe : la datation du proconsulat de L. Aquillius Florus Turcianus Gallus
25La datation augustéenne du proconsulat de L. Aquillius Florus Turcianus Gallus avait été retenue sans la moindre hésitation à la suite et à partir de l’examen de la partie latine d’une dédicace retrouvée à Athènes avant le xxe siècle61. La découverte à Corinthe au début du xxe siècle d’une autre dédicace à ce sénateur62 a conduit en particulier à mettre en doute une telle conclusion chronologique à partir d’un élément d’ordre onomastique : l’un des dédicants de cette nouvelle inscription, Tiberius Claudius Anaxilas, apparaît comme un duumvir quinquennal de la colonie romaine qui porte un nom attesté par ailleurs par des émissions monétaires à coup sûr postérieures à la mort d’Auguste63. C’est ce qui explique que la datation de la carrière de L. Aquillius Florus Turcianus Gallus ait été abaissée de plusieurs décennies, son proconsulat d’Achaïe oscillant entre la fin du principat de Claude et la fin du principat de Néron selon la date que l’on attribue à l’émission monétaire corinthienne64. Cette nouvelle datation est toutefois loin d’être assurée. Toute la question est de déterminer si l’individu qui est mentionné dans l’inscription et celui qui est connu par la légende monétaire forment une seule et même personne ou s’il s’agit de deux individus de la même famille et de générations différentes portant le même nom et ayant vécu à l’époque d’Auguste pour le premier et à la fin de la période julio-claudienne pour le second. La seconde solution est de loin la meilleure en raison d’un faisceau concordant d’arguments allant dans le sens d’une datation augustéenne, plutôt dans le courant de la première moitié du principat d’Auguste :
identifiée d’ordinaire par le qualificatif d’Hispaniensis dès l’époque augustéenne, la 9e légion fut appelée Macedonica dans un premier temps à la suite de la bataille de Philippes et en tout cas au moins jusque dans les années 20 a.C. ; il est en tout cas impossible de dater le tribunat militaire de L. Aquillius Florus Turcianus Gallus d’une période postérieure à la mort d’Auguste65 ;
les noms attribués dans l’inscription d’Athènes à l’empereur en fonction, à savoir Imperator Caesar Augustus, furent portés officiellement par le seul Auguste, et en aucun cas par Claude ou Néron ;
l’exercice successif par L. Aquillius Florus Turcianus Gallus d’une questure à Rome, puis d’une proquesture dans une province fait penser à une procédure qui est décrite par Dion Cassius dans le contexte de l’année 24 et en vertu de laquelle on procéda à un tirage au sort de tous les questeurs des dix années précédentes ayant exercé cette magistrature à Rome pour combler le déficit de candidats aux postes de questeurs provinciaux, au nombre d’une dizaine66.
On notera enfin que le titre porté par le duumvir de Corinthe tel qu’il mentionné dans l’inscription de cette cité n’est pas exactement équivalent à celui qui apparaît sur la monnaie : il s’agit dans le premier cas d’un duumvirat quinquennal et dans le second d’un duumvirat ordinaire. Une telle différence laisse penser que l’un et l’autre document ne font pas référence au même personnage, étant entendu qu’il aurait été possible d’ajouter sur la monnaie de la légende l’abréviation Q pour q(uinquennalis) ou QQ pour q(uinquennales), voire souhaitable quand on connaît le prestige accordé au duumvirat quinquennal. En dépit de cet argument, A.B. West a pu défendre l’idée qu’il s’agissait d’un même personnage en soutenant que Tiberius Claudius Anaxilas avait exercé deux duumvirats : tout d’abord celui qui est attesté par la monnaie et qui est le duumvirat ordinaire, daté du principat de Claude ; ensuite celui qui est attesté par l’inscription et qui est le duumvirat quinquennal, daté de 52/53 – dernière année quinquennale sous Claude – et exercé avec un collègue dont il reconstitue le nom (Tiberius Claudius Dinippus) à partir des quatre lettres (TI CL) restant sur la pierre. La datation proposée par Michel Amandry de l’émission monétaire et du duumvirat ordinaire attesté par cette émission, en l’occurrence l’année 67/68, rend caduque la théorie de West, le duumvirat ordinaire n’étant pas exercé après le duumvirat quinquennal ; elle laisse penser qu’il y a bien eu deux individus portant le nom de Tiberius Claudius Anaxilas. Il faut donc en revenir à une datation augustéenne du proconsulat de L. Aquillius Florus Turcianus Gallus, ce qui conduit à faire ainsi du duumvir quinquennal mentionné par l’inscription de Corinthe un ascendant (le grand-père ?) de l’homonyme qui exerça un duuumvirat ordinaire en 67/6867. Le fait que la proquesture de Chypre fut exercée au plus tôt en 22 a.C. et qu’il s’écoula au moins une décennie entre cette proquesture et le proconsulat d’Achaïe68 ont permis à M. Amandry d’avancer l’hypothèse que l’érection de la statue de L. Aquillius Florus Turcianus Gallus remonte à l’une des deux années quinquennales attestées à Corinthe : soit 10/9, soit 5/4 a.C.69.
Notes de bas de page
1 Je tiens à remercier M. Coudry pour avoir lu une première version de cette étude et suggéré quelques compléments bienvenus.
2 Pour l’editio princeps des nouveaux fragments de la version latine d’Antioche de Pisidie, cf. Ramsay et von Premerstein 1927. Jusqu’à cette dernière date, le contenu des Res Gestae était principalement connu par l’inscription qui avait été gravée à Ancyre sur les parois du temple de Rome et d’Auguste dans une version bilingue, mais dont le texte latin était lacunaire précisément pour le passage où Auguste fait référence à la supériorité de sa position ; on ne connaissait alors que la traduction grecque, qui précisait qu’il l’emportait sur tous par son ἀξίωµα, terme dont on a pensé à la suite de Mommsen qu’il traduisait le substantif latin dignitas. Cette rétroversion était toutefois erronée, comme l’a démontré la mise au jour dans les années 1920 à Antioche de Pisidie de nouveaux fragments de la version latine établissant qu’Auguste avait parlé dans ce contexte non pas de sa dignitas, mais de son auctoritas. Ce fut là une correction capitale, dans le sens où elle a ouvert une nouvelle voie de recherche qui a donné lieu à de nouvelles interprétations faisant de l’auctoritas d’Auguste la notion centrale du nouveau régime et la clé des pouvoirs impériaux (cf. infra, n. 4 et 5 pour les références de ces travaux). La version des Res Gestae découverte à Apollonie de Pisidie ne fut en revanche d’aucune utilité pour le sujet qui nous occupe ici dans le sens où elle était uniquement en grec et n’a pas conservé le chapitre 34, qui seul nous intéresse.
3 RGDA 34.3 : “après cette époque [28-27 a.C.], je l’ai emporté sur tous en [ou par mon] auctoritas, mais je n’ai pas eu plus de potestas que tous les autres qui ont été mes collègues dans chaque magistrature [ou que tous les autres qui ont été également mes collègues dans la magistrature]”.
4 Ferrary 2001, 129, 133, 137-138 et 141.
5 Von Premerstein 1924, 104-106 ; Heinze 1925 ; Ramsay et von Premerstein 1927, 6 et 97 ; von Premerstein 1937 ; Magdelain 1947 ; Nicolet 1967 ; Gagé 19773, 147 ; Galinsky 1996, passim ; Ridley 2003 ; Stahl 2005 ; Hurlet 2006, 90, 193, 208-222 et 310-311 ; Pani 2009, 199 ; Sommer 2011, 171-181 ; Peachin 2013 ; Clemente Fernández 2013 ; Dalla Rosa 2014, passim ; Dalla Rosa 2016, 60 ; Berthelet 2015, 304-307, 312 et 320-322 ; Licandro 2015 ; Marcone 2015a ; Marcone 2015b ; Valvo 2016 ; Mac Góráin 2019.
6 Rowe 2013.
7 Galinsky 1996.
8 Galinsky 2015.
9 Bonnefond-Coudry 1993, 130.
10 C’est ainsi que je me demande dans quelle mesure on peut tirer parti de l’omission dans la traduction grecque des Res gestae de la formule latine post id tempus pour indiquer qu’Auguste jouissait de l’auctoritas “à toutes les époques” (p. 244 : “he had auctoritas before then and at all times”). Cet argument spécifique ne me semble pas suffisant pour infirmer la thèse de Rowe dans le sens où il faut tenir compte d’abord de la version latine, la seule version originelle (sur les questions liées à la traduction grecque de la version latine des Res gestae, cf. l’utile état des lieux dans Arena 2018, 9-10).
11 À savoir la création et la diffusion de l’image impériale dans tout l’Empire et sur les monnaies, la naissance du culte impérial, la forte augmentation du nombre des inscriptions, le programme de construction d’édifices liés à Auguste…
12 Galinsky 2015, 248.
13 Cf. déjà dans ce sens Scheid 2007a, 91 qui précise que “dans la recherche moderne, ce concept [= l’auctoritas] a été surévalué”, ajoutant que “l’auctoritas n’est, en effet, jamais isolée, elle est toujours liée dans l’esprit des Romains à un réel et immense pouvoir institutionnel”. C’est cette intuition que cette étude veut développer.
14 Pour une analyse critique de la nouvelle interprétation proposée par Rowe du paragraphe 34.3 des Res gestae, cf. aussi la contribution de Jehne dans ce volume.
15 Sur la nature des Res gestae, cf. Scheid 2007a ; cf. aussi l’état des lieux dans Arena 2018, 10-11.
16 Judge 1974 ; Rich 2012, 106-111.
17 En l’occurrence dans la Laudatio dite de Turia : pacato orbe terrarum, res[titut]a re publica, quieta deinde n[obis et felicia] / tempora contigerunt (l. 25-26).
18 Cf. pour un point de vue nuancé Hurlet 2014, 117-119.
19 Sur cette thématique des relations à inventer appliquée aux relations entre le prince et le Sénat, cf. Bonnefond-Coudry 1995.
20 Sur l’expression potens omnium rerum, cf. Botteri 2003 ; Scheid 2007a, 83-86 ; Licandro 2015, 100-102.
21 Cf. Hurlet 2006, 215 et n. 58 ; cf. aussi dans ce sens Berthelet 2015, 304-307.
22 Tabula Siarensis, frg. 1, l. 23-24 : [in iis regionibus quarum]/ curam et tutelam Germanico Caesari ex auctori[tate huius ordinis ipse mandasset]. La référence au Sénat (huius ordinis) se trouvant dans la lacune, l’editio princeps a proposé de restituer le nom de Tibère dans l’idée qu’il ne pouvait être question de l’auctoritas du prince, mais plusieurs études de W.D. Lebek ont apporté des arguments pour penser qu’il s’agissait de l’auctoritas du Sénat (cf. notamment Lebek 1991). La publication dans les années 1990 du Senatus consultum de Cn. Pisone patre a confirmé cette conclusion en rappelant dans un passage dont l’établissement ne pose aucun problème que Germanicus avait été envoyé par Tibère “en vertu de l’auctoritas de cet ordre” (AE 1996, 885 : Germanico Caesari, qui a principe nostro ex auctoritate huius ordinis ad / rerum transmarinarum statum componendum missus esset).
23 RGDA 20.4 : duo et octoginta templa deum in urbe consul sex[tu]m ex [auctori]tate senatus refeci.
24 Vell. 2.129.3.
25 Sur les liens entre auctoritas et auctor, cf. Clemente Fernández 2013, 48-52.
26 Suet., Aug., 28.2 : Ita mihi saluam ac sospitem rem publicam sistere in sua sede liceat atque eius rei fructum percipere, quem peto, ut optimi status auctor dicar et moriens ut feram mecum spem, mansura in uestigio suo fundamenta rei publicae quae iecero. Sur la datation de cet édit, cf. pour un état de la question Girardet 2000a, qui propose l’année 29 a.C. ; cf. aussi plus récemment Wardle 2005, qui le fait remonter pour sa part à l’année 27.
27 RGDA 8.5 : legibus noui[s] m[e auctore l]atis m[ulta e]xempla maiorum exolescentia iam ex nostro [saecul]o red[uxi et ipse] multarum rer[um ex]empla imitanda pos[teris tradidi].
28 Cf. Scheid 2007a, 9 pour l’apparat critique.
29 Sur les liens entre auctor et auctoritas, le sens du premier terme et le caractère performatif du second, cf. Bettini 2005, 244-245 : “auctoritas ist nicht nur ein morphologisches Derivativ von auctor, sondern auch ein performatives”.
30 Sur ce document épigraphique, on consultera la monographie de Vincent 2016, 169-171 et 234-238 où l’on trouvera un état des lieux sur le collège des symphoniaci – formé par une association de tibicines et de fidicines –, sur la lex Iulia de collegiis et sur l’autorisation accordée aux symphoniaci de se constituer en collège ; cf. aussi la notice consacrée par A. Vincent à cette inscription et publiée en ligne (https://filemaker.efrome.it/fmi/webd#CMC).
31 Cf. Rowe 2013, 7 : “a college of symphionaci is permitted by the senate to assemble for the sake of ludi by the terms of a lex Iulia passed ‘ex auctoritate Aug(usti)’”.
32 D’autant que la même inscription a recours à une autre reprise à une autre parataxe avec la formule c(oire) c(onuenire) c(olligi), qui reste certes encore problématique dans le détail pour ce qui est du développement des trois lettres CCC, mais qui réunit à coup sûr au moins deux verbes sans utiliser la préposition de coordination et.
33 Sur la création en 23 de la praetura aerarii, cf. D.C. 53.32.2.
34 Cf. dans ce sens Hofmann 1949, 1122 qui lie le proconsulat de P. Paquius Scaeva au séisme mentionné par Dion Cassius dans le contexte de l’année 15 dont on sait qu’il frappa la cité de Paphos et qu’il conduisit Auguste à accorder une aide financière à cette cité (D.C. 54.23.7) ; Corbier 1974, 29 (“vers l’an 10”) ; Le Glay 1980, 226 (“vers 10 av. J.-C.”) ; PIR2 P 126 (“12-10”) ; Torelli 1982, 185 (“c.a. 10 a.C.”) ; Thomasson 1984, I, 295 ; Schumacher 1985, 214, n. 137 ; Hurlet 1997, 255 ; Syme 1995, 261 (“proconsul of Cyprus soon after 22 B.C.”) ; Cascione 1999, 215 ; Girardet 2000b, 213 ; Eck, dans Neue Pauly, 9, 2000, 304 a proposé les environs de l’année 12 (“wohl um 12 v. Chr.”), mais sans que les contraintes éditoriales de cette nouvelle encyclopédie ne lui permettent de justifier cette datation.
35 Chastagnol 1973, 596 [= Chastagnol 1992, 59 et 389-390, n. 13] ; cf. aussi Demougin 1982, I, 95 dans la mesure où elle date la questure de P. Paquius Scaeva du tout début de sa carrière des environs de 25 a.C. C’est une datation à laquelle je me suis finalement rallié dans Hurlet 2006, 84-85.
36 Hurlet 2006, 83-86.
37 CIL, III, 551 = D. 928 = IG, II2, 4126 : L(ucio) Aquilio C(aii) f(ilio) Pom(ptina) Floro / Turciano Gallo / X(decem) uir(o) stl(itibus) iud(icandis), tribuno mil(itum) leg(ionis) VIIII / Macedonicae, quaestor(i) Imp(eratoris) Caesar(is) Aug(usti), / pro quaest(ore) prouinc(iae) Cypri, tr(ibuno) pl(ebis), pr(aetori), proco(n)s(uli) Achaiae. Ἡ βουλὴ ἡ ἐξ Ἀρείου πά|γου καὶ ἡ βουλὴ ἡ τῶν Χ κα[ὶ] | ὁ δῆµος Λ Ἀκύλλιον Φλῶ|ρον Τουρκιανὸν Γάλλον ἀν|θύπατον εὐνοίας ἕνεκεν | τῆς πρὸς τὴν πόλιν | ἐπὶ ἱερίας Ἱπποσσθενίδος τῆς Νικοκλέ|[ους Πε]ιραέως θυγατρός.
38 D.C. 53.28.4.
39 On ne connaît qu’un seul autre cas parallèle, celui de P. Tullius Varro au début de l’époque flavienne, CIL, XI, 3004 = D. 1002.
40 D.C. 54.4.1.
41 Cf. Bur 2010, 155.
42 Kojève [1942] 2004, 58.
43 Kojève [1942] 2004, 58.
44 Kojève [1942] 2004, 79 et 96.
45 Cf. RGDA 7.1 et D.C. 53.1.3.
46 D.C. 53.32.5. Sur ce qu’on appelle le ius primae relationis, cf. Nicolet 1988, 840-841 et Ferrary 2001, 116.
47 Cf. par exemple Suet., Aug., 54.1.
48 Cf. par exemple la proposition d’Auguste qui consistait à faire passer le nombre des consuls de deux à trois de manière à se réserver en permanence l’un de ces trois postes de consul et qui fut rejetée par “tous” les sénateurs (Suet., Aug., 37 ; cf. sur ce passage Hurlet 2017, 289-292).
49 Sur les relations entre Auguste et le Sénat, il faut renvoyer aux études classiques de Brunt 1984 et Talbert 1984 ; cf. aussi tout récemment Coudry à paraître qui énumère les innovations successives introduites par Auguste tout au long de son principat pour ce qui est du mode de fonctionnement du Sénat et qui souligne à juste titre que “le point commun de ces mesures successives est la volonté d’Auguste de susciter une participation active des sénateurs” (je remercie M. Coudry de m’avoir donné la primeur de son texte).
50 Liv. 1.7.8.
51 Sur le recours fréquent de Tite-Live à l’analogie entre son époque et le passé de Rome, cf. Mineo 2006.
52 Cf. dans ce sens Rich 2012, 60-62 qui précise que la formule des Res gestae pourrait avoir été utilisée durant les discussions de janvier 27.
53 CIL, V, 4348 = InscrIt 10.5.138 = D. 942 = AE 1995, 604 : C(aio) Pontio C(ai) [f(ilio) Fab(ia)] / Paeligno, trib(uno) m[il(itum)] / leg(ionis) X Gem(inae), q(uaestori), cur[atori] / locorum public[or(um)] / iterum, aed(ili) cur(uli), [pr(aetori)], / legato pro pr(aetore) iter[um] / ex s(enatus) c(onsulto) et ex auctorit[ate] / Ti(beri) Caesaris d[---].
54 La référence à l’auctoritas senatus ne disparaît pas des sources d’époque impériale, en particulier dans les sources littéraires comme le montrent par exemple les fréquents emplois par Tacite des formules auctoritas senatus, auctoritas patrum ou auctore senatu quand l’historien romain fait référence au contexte politique du ier siècle p.C. (cf., e.g., Ann., 1.42.2 ; 2.34.1 ; 4.14.3 ; 12.5.2 ; 13.4.1 ; Hist., 1.19.2 ; sur ces passages, cf. Devillers à paraître qui montre à quel point une connotation restrictive ou défavorable est en général attachée à la référence à l’auctoritas dans l’œuvre de Tacite). La formule auctoritas senatus est toutefois très rarement attestée dans les sources épigraphiques à partir de la seconde moitié du ier siècle p.C. À ma connaissance, les seules attestations de ce type se trouvent dans deux décrets qui émanent d’un légat impérial envoyé à titre extraordinaire en Achaïe et qui sont datés des environs de 110 p.C. : le contenu de ceux-ci précise qu’un jugement (iudicium) avait été précédemment rendu à propos de ce conflit frontalier ex auctoritate senatus (cf. en dernier lieu Rousset 2002, n° 9 et 11).
55 Cette évolution est visible sur les bornes d’époque claudienne qui furent érigées sur les berges du Tibre par les curatores riparum et aluei Tiberis et qui rappelle que ces dignitaires avaient agi ex auctoritate Ti. Claudii Caesaris Augusti Germanici (CIL, XIV, 3607 = D. 964) ou ex auctoritate Ti. Claudii Caesaris Aug Germanici principis sui (CIL, VI, 31545 = D. 5926), alors que le contenu du même type d’inscription d’époque augustéenne et tibérienne rappelle que ces curatores avaient agi ex s(enatus) c(onsulto) (CIL, VI, 31541c-31544a passim = D. 5923a-5925) ; cf. aussi dans le même sens les bornes qui furent élevées par les curatores riparum et aluei Tiberis sous Vespasien, Trajan et Hadrien et dont le contenu est identique à celles d’époque claudienne (CIL, VI, 1238-1239a-g, 1240 a-d et 31546a-b, 31547, 31548a-c, 31549a-m, 31550c-d, 31551, 31552a-e, 31555, 37029, 40862-40866 = D. 5927-5931). Il faut déduire de ces différences dans la terminologie non pas que le Sénat n’était plus consulté à ce sujet à partir de l’époque de Claude, mais que les rédacteurs des inscriptions ne jugeaient plus utile de rappeler que l’initiative du prince en la matière avait été confirmée par un sénatus-consulte. Par la suite, la formule ex auctoritate suivi du nom du prince au génitif et sans la moindre mention du vote d’un sénatus-consulte s’impose, par exemple sur les bornes d’époque flavienne qui furent élevées en Afrique par le légat impérial Q. Iulius Cordinus Rutilius Gallicus en 74 et qui restaurait – sans doute à des fins fiscales – le tracé de l’ancienne Fossa regia séparant l’ancienne Africa Vetus de l’ancienne Africa Noua (CIL, VIII, 14882 = CIL, VIII, 25860 = ILTun 1293 ; CIL, VIII, 23084 = ILTun 787 = AE 1894, 65 = AE 1894, 128 = AE 1898, 26 ; CIL, VIII, 25967 = ILPBardo, 220 = D. 5955 (p 186) = AE 1902, 44 ; ILTun, 623 = AE 1939, 131 = AE 1941, 79 ; ILTun 624 = AE 1936, 28 = AE 1939, 31) ou qui fixait les délimitations entre les territoires des cités de Lepcis et d’Oea (AE 1979, 648-9) ; cf. aussi, exempli gratia, pour d’autres exemples de recours à la seule formule ex auctoritate suivi du nom du prince au génitif AE 1985, 730 ; AE 1996, 1660 ; AE 1999, 80 ; AE 1999, 316 ; AE 1999, 1053 ; AE 1999, 1815 ; AE 2004, 1306 ; AE 2004, 1678 ; AE 2012, 1784 ; AE 2014, 1517 ; CIL, III, 591 = D. 5954 = AE 2001, 1755 ; CIL, III, 749 = D. 5956 = IGLNovae, 73 = ILBulg, 357 et 386 ; CIL, III, 12407 = ILBulg, 429 ; CIL, III, 14406d = Philippi, 475 ; CIL, III, 14422,1 = ILBulg, 358 = AE 1902 et 106 ; CIL, VI, 814 ; CIL, VIII, 4676 et 28073a = D. 5958a = ILAlg 1.2828 = AE 1898, 39a et 2013, 1744 ; CIL, VIII, 07085 = CIL, VIII, 19432 = AE 1908, 246 = AE 1936, 137 = ILAlg 2.2.4209 ; CIL, VIII, 7088 = AE 1908, 246 = AE 1936, 137 = ILAlg 2.2.4207 ; CIL, VIII, 7090 = ILAlg 2.2.7211 = AE 1939, 159 ; CIL, VIII, 8810 ; CIL, VIII, 10296 (p 2138) = D. 5872 ; CIL, VIII, 10322 = D. 5873 ; CIL, VIII, 10327 = D. 5874 ; CIL, VIII, 10328 ; CIL, VIII, 10667 = CIL, VIII, 16692 = ILAlg 1.02939a = D. 5959 ; CIL, VIII, 19104 = D. 5978 = ILAlg 2.2..6857 ; CIL, VIII, 21663 = D. 5963 = AE 1895, 68 = AE 1997, 1745 ; CIL, VIII, 21978 ; CIL, VIII, 22370 ; CIL, VIII, 22391 = AE 1889, 179 ; CIL, VIII, 22391 = AE 1889, 179 ; CIL, VIII, 22763a ; CIL, VIIII, 22787 = ILTun, 69 = AE 1910, 20 ; CIL, VIII, 28073b = ILAlg 1.2829 = D. 5958b = AE 1898, 39b = AE 2013, 1744 ; CIL, VIII, 28074 = ILAlg 1.2080 = AE 2013, 1744 ; CIL, X, 1018 = D. 5942 ; CIL, X, 4756 ; CIL, X, 6422 = D. 4037 ; CIL, XII, 113 = D. 5957 = ILN 5.2.546 = AE 2010, 58 ; CIL, XIII, 1623 = D. 5749 = AE 1888, 31 ; AE 2000, 1629 ; AE 1984, 919 = AE 2007, 1631 = AE 2014, 35 ; AE 2008, 1682 ; AE 1957, 175 ; AE 1969/70, 696 ; D. 5969 = AE 2013, 860 ; ILAfr 30 = ILTun 6 ; ILAfr 496-7 ; ILAlg 1.2939b ; ILAlg 1.2978 = AE 1907, 21 ; ILAlg 1.2988 = AE 1907, 19 = AE 1909, 215 = AE 2013, 2144 ; ILAlg 1.2989 = AE 1907, 20 = AE 1909, 215 ; ILAlg 2.1.410 ; ILAlg 2.2.4197 = AE 1914, 231 ; ILAlg 2.2.4210b ; ILAlg 2.1.4343, 6252, 7220, 7221, 7377, 7529, 7534 ; ILBulg, 184 = AE 1912, 56 ; ILBulg 390 = AE 1985, 729 ; ILGR 212 = AE 1968, 469 = AE 1992, 1533 ; ILTun, 1653 = AE 1923, 26 = AE 1924, 59 = AE 2002, 1650 = AE 2003, 1894 ; IRT 854 = AE 1940, 70 = AE 2006, 96 ; InscCret. 1.2-3 et 29 ; AE 2001, 796.
56 Kojève [1942] 2004.
57 Sur les liens intrinsèques existant entre l’auctoritas et le mos maiorum, cf. l’étude de Cl. Bur dans ce volume.
58 De ce point de vue, les propos de H. Arendt sur l’autorité à Rome, pour éclairants qu’ils soient parce qu’ils introduisent dans le débat la notion de fondation en faisant dériver l’auctoritas des vivants de l’auctoritas des fondateurs de Rome (Arendt [1954] 1972, 158-168 ; cf. au sujet de l’analyse de H. Arendt les critiques présentées par Cl. Bur dans ce volume), négligent une autre dimension tout aussi fondamentale en ne prenant pas en compte le fait que l’auctoritas avait également une valeur prospective. Le modèle kojévien est à ce titre plus complet.
59 L’intérêt d’Auguste pour l’avenir a été bien noté par J. Scheid dans son analyse des Res gestae (Scheid 2007a, LII et LXI par exemple qui précise que “Les Res Gestae … se présentent également comme une constitution générale du principat … dans lequel Auguste essayait, en s’appuyant sur son auctoritas suprême, d’imposer à ses successeurs et aux Romains un modèle de régime politique capable de survivre à sa mort” ; cf. aussi Scheid 2016, 47-48) ; cf. dans ce sens Marcone 2015a, 105-111.
60 Suet., Aug., 31.5 : professus et edicto : commentum id se, ut ad illorum uitam uelut ad exemplar et ipse, dum uiueret, et insequentium aetatium principes exigerentur a ciuibus ; cf. sur ce passage mes remarques dans Hurlet 2012, 31-32.
61 Sur l’inscription d’Athènes, cf. CIL, III, 551 = D. 928 = IG, II2, 4126. La datation augustéenne de ce proconsulat n’a fait l’objet d’aucun doute aussi longtemps que la carrière L. Aquillius Florus Turcianus Gallus était connue par la seule inscription d’Athènes ; cf. à ce sujet et dans ce sens les commentaires de Th. Mommsen dans CIL, III, 551, de H. Dessau dans D. 928 et de Dittenberger dans IG, III, 578 ; cf. aussi Rohden, RE, 2, 327 ; Ritterling, RE, 12, 1664 ; Graindor, 1927, 62-63, n° 6 (“non ante a. 14 a.”) ; Groag 1939 vers 3 a.C.
62 Corinth, VIII, 2, 54 = AE 1919, 1.
63 RPC 1.1207-1209.
64 Cf. dans ce sens A.B. West dans Corinth, 8.2.54, 86-90 qui propose de dater le proconsulat de 52/53 ; Groag dans la notice de la PIR2 A 993 qui le situe à l’époque néronienne ; J. H. Oliver, c.r. de E. Groag, AJPh 69, 1948, 435 penche pour l’époque de Caligula.
65 Sur cette question, cf. en dernier lieu Migliorati 2006, 327-338, en particulier p. 330 pour les inscriptions de Corinthe et Athènes.
66 D.C. 53.28.4.
67 Cf. pour la démonstration Amandry 1988, 106-107. Cf. aussi pour une datation augustéenne Eck 1984, 150 (“around 3 B.C.”) ; Schmalz 2009, 182-183 ; Beltrán Lloris 2015, 92.
68 II faut prendre en compte les éléments chronologiques suivants pour calculer le délai entre la proquesture et le proconsulat d’Achaïe : tout d’abord le fait que L. Aquillius Florus Turcianus Gallus exerça entre ces deux fonctions le tribunat de la plèbe et la préture ; ensuite l’existence d’un intervalle de deux années entre la proquesture et le tribunat de la plèbe, puis entre le tribunat de la plèbe et la préture ; enfin l’obligation de respecter un délai de cinq années entre la préture et le tirage au sort d’un proconsulat de rang prétorien.
69 Cf. Amandry 1988, 107. Il rejoint le point de vue défendu par Eck et Groag.
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