Chapitre XII - L’auctoritas de Cicéron et la dignitas de ses correspondants, entre pratique privée et pratique publique
p. 237-248
Résumés
Dans la Correspondance de Cicéron, le soin de soutenir la dignitas de ses amis quand ils ont quitté Rome est considéré comme une grande marque de confiance. L’auctoritas de Cicéron présent à Rome est importante pour conserver leur influence politique et une bonne image publique particulièrement au Sénat après la mort de César quand ses amis commandent des armées loin de Rome.
In Cicero’s Correspondence, the charge of supporting the dignitas of his friends when they have left Rome is considered a great sign of confidence. Cicero’s auctoritas in Rome is important to preserve their political influence and their positive public image, particularly in the Senate after Caesar’s death, when these friends have military commands far from Rome.
Entrées d’index
Mots-clés : Correspondance, auctoritas, dignitas, absence, amis, Sénat, guerre civile
Keywords : Correspondence, auctoritas, dignitas, absence, friends, Senate, civil war
Texte intégral
1L’étude de l’auctoritas et des relations personnelles est un très vaste sujet qui échappe généralement au droit et privilégie l’étude des comportements. L’étude de l’auctoritas de Cicéron a été ici privilégiée à cause de l’abondance de sa correspondance privée, mais aussi parce que les lettres qu’il échangea avec certains de ses amis éloignés de Rome, mais au cœur du conflit de l’année 44-43, permettent d’évoquer un moment unique, celui où son autorité morale fut incontestée.
2La lettre relie ceux que l’absence éloigne de Rome, en particulier lorsque l’exercice d’un gouvernement de province envoie un homme politique aux extrémités du monde romain. Au cœur de l’échange de services entre amis, au centre des pratiques politiques et sociales romaines, la lettre de recommandation occupe une place de choix. Le départ d’un gouverneur pour sa province lui impose un éloignement dommageable au soin de sa dignitas et l’incite à recommander celle-ci. La pratique de la recommandation est alors utilisée, car le souci de conserver et d’entretenir leur dignitas est une préoccupation constante de tous ceux qui se sont engagés dans une carrière politique1. Les lettres de Cicéron témoignent de la mention fréquente de la recommandation de la dignitas de ses correspondants. L’auctoritas de Cicéron, la forme de supériorité que lui donnent le prestige de sa carrière antérieure et sa présence à Rome2, est mise à contribution pour protéger à Rome la dignitas des amis absents. Mais il est possible de faire une autre lecture, liée elle aussi au poids de l’auctoritas de Cicéron vis à vis de ses correspondants lorsqu’il leur adresse lui-même des recommandations. La forme la plus classique de la lettre de recommandation cicéronienne est celle d’une intervention écrite en faveur d’un tiers que Cicéron protège. Ce personnage est, pour des raisons diverses, recommandé à un gouverneur de province. L’intervention écrite permet de favoriser ostensiblement une relation de Cicéron ayant des activités dans la province d’un gouverneur. Ce gouverneur, le correspondant de Cicéron qui reçoit la recommandation, est un ami, souvent obligé de Cicéron lui-même. C’est pourquoi Cicéron se donne le droit d’exiger beaucoup de lui. Cependant certaines lettres émettent des réserves. Cicéron mentionne alors qu’il ne veut pas heurter la dignitas de son correspondant quand il recommande tel ou tel de ses protégés.
L’auctoritas de Cicéron et le respect de la dignitas de ses correspondants : l’expression d’une réserve
3Les lettres de recommandation de Cicéron laissent supposer une très grande autonomie dans la sphère de compétence du gouverneur de province. Le gouverneur romain est rarement averti concrètement de ce qu’il aura à faire pour servir les intérêts de ceux qui sont recommandés par Cicéron, mais il subit des pressions constantes par le biais des commendationes. L’auctoritas de Cicéron renforce la légitimité de la demande. Dans les lettres de recommandation, une série de nuances exprime le caractère plus ou moins prégnant de la recommandation, avec, par exemple, l’usage de l’adverbe uehementer ou d’expressions comme : “considère cette recommandation comme mienne”3, subtiles expressions qui expriment une gradation dans la contrainte liée à l’auctoritas de Cicéron. La recommandation s’accompagne aussi de réserves liées au respect de la dignitas, au souci de la respectabilité de son correspondant. L’expression “sans heurter ta dignité” est ainsi parfois ajoutée. Le poids moral de l’auctoritas de Cicéron peut-il aller jusqu’à contraindre un promagistrat à mettre en cause son autonomie de décision et son devoir de fides ? Les lettres qui contiennent cette réserve sont destinées à quatre correspondants de Cicéron, sur lesquels l’auctoritas de Cicéron est considérable. Deux gouvernent des provinces au moment où Cicéron lui-même gouverne la Cilicie en 51-50 ; deux sont plus tardives et datent de l’époque de la dictature de César (46-45). Il s’agit de Q. Minucius Thermus4, P. Silius5, Ser. Sulpicius Rufus6 et M. Acilius Caninus7. Trois exemples de personnages dont les recommandations sont accompagnées de réserves seront évoqués8 : C. Flavius, Hippias de Cale Acte, L. Mescinius Rufus. Dans la lettre qui recommande C. Flavius, Cicéron utilise l’expression rare : honoris mei causa9. L’introduction du personnage est assortie d’une demande de protection générale du personnage : quam honorificentissime et quam liberalissime C. Flauium tractes, mais assortie d’une importante réserve : quibus rebus honeste et pro tua dignitate poteris. C. Flavius, lié par une familiaritas et une necessitudo à Cicéron, est un très grand personnage. Cicéron parle de son splendor et de sa gratia inter suos et demande à son correspondant de le traiter honoris mei causa. Il s’agit d’une demande de protection générale pour un très grand personnage, à la fortune considérable. Familiaris de Brutus et princeps equestris ordinis, C. Flavius prit l’initiative d’une souscription parmi les chevaliers en faveur de Brutus et de Cassius10. Il fut sans doute le praefectus fabrum de Brutus et mourut à Philippes11.
4Hippias de Cale Acte est un hospes de Cicéron. La recommandation est très forte : tibi commendo in maiorem modum12. Cicéron met en cause la considération que M. Acilius lui doit : honoris mei causa. La recommandation s’accompagne d’une demande d’aide pour un procès, car les biens d’Hippias ont été saisis pour régler une dette, d’une manière contraire aux usages locaux, mais Cicéron accompagne sa recommandation de réserves : tantum quantum tua fides dignitasque patietur13.
5L. Mescinius Rufus est recommandé à Ser. Sulpicius Rufus, qui gouverna l’Achaïe en 46-45 après avoir été consul en 51, dans deux lettres14. Ces lettres montrent une grande insistance : id ut honoris mei causa suscipias, uehementer te etiam atque etiam rogo. Cicéron s’engage personnellement pour son ancien questeur en demandant à Ser. Sulpicius Rufus de considérer ses affaires comme siennes : sic enim uelim existimes, non minus me de illius re laborare quam ipsum de sua15 : “car dis-toi bien que je ne me fais pas moins de tourment pour les intérêts de Mescinius qu’il ne s’en fait lui-même”. L’autre lettre est aussi très insistante : te uehementer etiam atque etiam rogo16. L. Mescinius Rufus a été le questeur de Cicéron en Cilicie en 51. Son cousin, M. Mindius, l’avait aidé lors de la reddition de ses comptes à ce moment-là17. Il avait des negotia à Elis18. À sa mort, son héritage est contesté. Cicéron demande l’arbitrage du gouverneur pour qu’il soit attribué à Mescinius et demande que, s’il se trouve des gens qui veulent réellement plaider, l’affaire soit renvoyée à Rome. Cette demande est assortie d’une réserve concernant la dignitas du gouverneur : si non alienum tua dignitate putabis esse… neque enim id tuae dignitatis esse arbitramur19. La seconde lettre est plus explicite. Cicéron formule deux demandes : il demande que, si dans ce procès on exige des cautions, qu’on donne la sienne, et il suggère à son ami de faire venir à Rome Oppia, la femme de Mindius qui a détourné l’héritage.
6Les obligations qui lient le correspondant à Cicéron sont telles que Cicéron se donne le droit d’exiger beaucoup de lui. Mais la réserve émise dans certaines lettres peut marquer la limite que s’impose celui dont l’auctoritas est supérieure à celle de son correspondant. Cicéron ne veut pas heurter la dignitas de son correspondant quand il recommande tel ou tel de ses amis car la dignitas du gouverneur est engagée par ses actes dans sa province20.
L’auctoritas de Cicéron, la recommandation de la dignitas de ses correspondants éloignés de Rome : un devoir d’amicitia
7La Correspondance de Cicéron permet de s’intéresser à une autre pratique, la recommandation de la dignitas d’un ami absent, ainsi qu’à ses effets politiques, l’autorité de Cicéron présent à Rome constituant un précieux soutien pour les amis qui le sollicitent. Dans cette Correspondance, la mention fréquente de la recommandation de la dignitas permet d’inscrire la protection de celle-ci dans la série des manifestations des bons offices que se doivent les amis. Le départ d’un gouverneur pour sa province lui impose un éloignement dommageable au soin de sa dignitas et le contraint à recommander celle-ci. Le souci de sa dignitas préoccupe celui qui est engagé dans une carrière politique et qui est obligé de s’éloigner. La volonté de maintenir sa propre dignité est associée à celle de conserver l’estime dont il jouit parmi les sénateurs. La demande de protection de la dignitas d’un absent est adressée à un ami jouissant d’une auctoritas morale et d’un rang élevé. C’est ainsi que la prise de parole de Cicéron au Sénat, son action en temps de paix et plus encore en période de crise, protègent ceux de ses amis qui ont été contraints de quitter Rome et les aident à conserver une bonne image publique en son absence.
8Il est intéressant de constater que, quand Cicéron lui-même s’absente de Rome pour aller gouverner la Cilicie, il est attentif au soin de sa propre dignitas. Il n’utilise pas le mot commendo, mais il demande à ses correspondants de le défendre en son absence. Il souhaite surtout qu’on intervienne fortement pour qu’il ne soit pas prorogé (en septembre 51). Des quatre correspondants ainsi sollicités, trois appartiennent à la famille des Claudii Marcelli, un est consul et deux sont consuls désignés. Ils détiennent, par leurs fonctions présentes et futures, par leur appartenance familiale, une auctoritas et un poids moral qui doivent leur permettre d’assurer à Rome le soutien de la cause de Cicéron. Nous pouvons considérer ainsi les lettres destinées à C. Claudius Marcellus, consul désigné pour 5021, à C. Claudius Marcellus, son collègue à l’augurat, père du consul22, ainsi qu’à M. Claudius Marcellus consul en 5123. À la même époque, il s’adresse ainsi à L. Aemilius Paullus, consul désigné pour 50 : a te peto ut operam des, efficias ne quid mihi fiat iniuriae neue quid temporis ad meum annum munus accedat. Quod si feceris, magnus ad tua pristina erga me studia cumulus accedet24.
9La Correspondance de Cicéron montre que la recommandation de la dignitas d’un absent est un usage répandu chez les hommes politiques ; elle nous fait connaître aussi quelques propositions de protection venues spontanément de Cicéron lui-même. En effet, il est possible de mettre en évidence une double démarche : Cicéron peut proposer de défendre lui-même la dignité de quelqu’un ou bien il peut accepter la sollicitation faite par un ami de défendre sa dignitas quand il a quitté Rome. La proposition de soutenir la dignitas d’un ami faite par Cicéron lui-même est une manifestation de la reconnaissance de Cicéron à l’égard d’un individu dont l’auctoritas et l’action au Sénat lui ont été favorables antérieurement. Ainsi, Cicéron, qui était lié par des obligations de pietas à l’égard de P. Cornelius Lentulus parce qu’il avait favorisé son retour d’exil, gérait ses affaires domestiques à Rome et s’était chargé du maintien de sa dignitas pendant son gouvernement de Cilicie, en 5425. Plus tard (fin septembre ou octobre 46), pendant le temps que P. Servilius Isauricus gouverna la province d’Asie, Cicéron s’engagea solennellement à veiller sur sa dignitas à Rome : “pour ma part, je m’occuperai avec une ardeur et un soin extrême de ce qui me semblera importer à ta position, et, en premier lieu, je veillerai avec toutes sortes d’attentions sur ton père, cet homme illustre, car je le dois à l’ancienneté de nos relations, à vos bienfaits et à sa haute position”26 .
10La lettre de recommandation qui concerne la dignitas de Crassus est extraordinairement riche et solennelle. Elle est liée à des circonstances particulières. C’est en janvier 54 que Cicéron écrivait à M. Licinius Crassus, qui partait gouverner la Syrie et mener une expédition militaire, une lettre très longue dans laquelle il faisait part de son zèle à défendre ses intérêts et sa dignitas : quantum ad meum studium exstiterit dignitatis tuae uel tuendae uel augendae, non dubito quin ad te omnes tui scripserint27. Cicéron avait déjà montré son soutien, les proches de Crassus pouvaient l’attester ; il le manifesterait encore à l’avenir ; il affirmait que le Sénat et le peuple romain comprendraient que Crassus ne pouvait compter, en son absence, sur un concours plus empressé que celui que lui apportaient, en tout ce qui le touchait, ses soins, son zèle, son activité, son crédit : et senatus populusque Romanus intelligit tibi absenti nihil esse tam promptum aut tam paratum quam in omnibus rebus quae ad te pertineant operam, curam, diligentiam, auctoritatem meam28. À la fin de la lettre, il affirmait aussi qu’il s’agissait d’un engagement très fort, de l’ordre du contrat, foedus : “ce que je viens de dire, je te prie de le croire, aura la valeur d’un traité et non pas d’une simple lettre ; mes promesses et mes engagements, je suis décidé à les observer religieusement et à les remplir avec la plus scrupuleuse exactitude. Je me suis fait en ton absence le défenseur de ta gloire ; je demeurerai fidèle à ce rôle, non seulement en considération de notre amitié, mais pour être conséquent avec moi-même”29. Suit encore la promesse que les proches de Crassus pourront utiliser les services, les conseils, l’auctoritas et la gratia de Cicéron en toute circonstance : et tuis praecipias ut opera, consilio, auctoritate, gratia mea sic utantur in omnibus publicis, privatis, forensibus, domesticis tuis, amicorum, hospitum, clientium tuorum negotiis, ut quod eis fieri possit, praesentiae tuas desiderim meo labore minuatur30. Ainsi apparaît l’ampleur de la protection proposée par Cicéron non seulement à Crassus et à sa famille, mais aussi aux amis, aux hôtes et aux clients de celui qui partait loin de Rome.
11La recommandation de la dignitas d’un homme obligé de quitter Rome pour exercer un gouvernement de province apparaît à plusieurs reprises dans la Correspondance de Cicéron. En s’adressant à Q. Cornificius, gouverneur en Syrie en 46, Cicéron admet qu’il s’agit d’une pratique commune : quod mihi existimationem tuam dignitatemque commendas, facis tu quidem omnium more31. Q. Cornificius avait recommandé sa dignité à Cicéron en 4632, et Cicéron affirmait que l’affection qu’il avait pour Cornificius ajoutait en quelque sorte à ses obligations : mutuum esse intelligam plurimum tribuam, tum de summo ingenio et de studiis tuis optimis et de spe amplissimae dignitatis ita iudicare et neminem tibi anteponam, comparem paucos. L’obligation de veiller sur la dignitas d’un absent devait s’accompagner de manifestations publiques qui sont rarement décrites. Pourtant, la lettre destinée à P. Sulpicius Rufus, gouverneur d’Illyrie en 46, apporte un fait concret. Cicéron écrit à P. Sulpicius Rufus qu’il est allé au Sénat pour participer au vote de sa supplication, malgré les dangers encourus, pour lui montrer l’intérêt qu’il porte à sa dignitas : “Je suis loin de fréquenter assidûment le Sénat par les temps qui courent ; pourtant, à la lecture de ta lettre, j’ai pensé que je pouvais, sans trahir notre vieille amitié et les nombreux services que nous avons échangés, me dispenser de prendre part à l’hommage qui t’était rendu ; aussi ai-je assisté à la séance et voté avec plaisir la supplication en ton honneur et, à l’avenir, je ne manquerai en aucune circonstance de servir tes intérêts, ta réputation et ton rang”33.
12La lettre envoyée par P. Vatinius à Cicéron, en juillet 45, qui lui demande de soutenir sa dignitas, est intéressante dans cette perspective. Ce personnage avait d’abord été un ennemi de Cicéron, mais il s’était réconcilié avec lui et Cicéron l’avait même défendu victorieusement dans un procès de brigue (juillet 54). Vatinius avait été consul en 47. En 45, alors qu’il gouvernait l’Illyrie, P. Vatinius écrivit à Cicéron pour lui demander, sur un ton un peu grandiloquent, de continuer à exercer son patronage sur lui : si tuam consuetudinem in patroniciis tuendis seruas, P. Vatinius cliens adueni, qui pro se causam dicere uult : “si tu restes fidèle à ton habitude de défendre tes protégés, P. Vatinius se présente en client désireux que tu plaides sa cause”. Un succès militaire remporté au printemps 45 lui avait valu le titre d’imperator, mais il désirait recevoir du Sénat les honneurs d’une action de grâces solennelle et s’adressa à Cicéron pour solliciter son appui. Sa demande de protection s’exprime ainsi : si me sicut soles, amas, suscipe meme totum atque hoc, quidquid est, oneris ac muneris, pro mea dignitate tibi tuendum ac sustinendum puta. : “si tu me portes ton amitié coutumière, prends-moi totalement en charge et considère que tu dois, pour assurer ma dignité, assumer et soutenir intégralement ce fardeau et cette tâche”. P. Vatinius continue en demandant que “s’il se trouve quelqu’un pour vouloir faire pièce à ma dignité, je te demande de me marquer ta générosité habituelle et de prendre ma défense en mon absence”34. Vatinius lui transcrit d’ailleurs le texte intégral de la lettre qu’il envoya au Sénat pour rendre compte des opérations qu’il avait menées35. Ainsi, la demande de protection de la dignitas dans la formulation abstraite et convenue d’une lettre privée peut s’accompagner d’une sollicitation concrète. L’intervention directe de Cicéron, alors souhaitée, met en jeu son auctoritas et se traduit par des actes. D’ailleurs, les documents officiels destinés au Sénat sont envoyés par celui qui recommande sa dignitas à son protecteur en même temps qu’au Sénat, comme le montre l’exemple de Vatinius.
L’auctoritas de Cicéron, la recommandation de la dignitas de ses correspondants (fin 44-43 a.C.) : quand l’auctoritas de Cicéron inspire les décisions du Sénat
13Ces formes de protection traditionnelle, évoquées dans la Correspondance, eurent un poids considérable au Sénat après les ides de mars 44. C’est du moins ce qu’évoquent les lettres de Cicéron. En examinant la recommandation de la dignitas de ses correspondants après la mort de César, il est possible de réfléchir sur la manière avec laquelle l’auctoritas de Cicéron inspira les décisions du Sénat. En effet, les lettres se font l’écho de l’action concrète de Cicéron qui retrouva alors un pouvoir extraordinaire au Sénat de Rome à la fin de l’année 44 et au début de l’année 43. Après le meurtre de César, Cicéron apparaît comme le protecteur de magistrats et de promagistrats qui se confient à lui pour qu’il prenne en charge leur dignitas à Rome. Mais c’est seulement à la fin de l’année 44 et dans l’année 43, en particulier au moment de la bataille de Modène, qu’il agit directement. Sa correspondance confirme ses prises de position au Sénat en faveur de tel ou tel de ses protégés. La recommandation de la dignitas de ceux-ci est cependant conforme à l’usage habituel. Elle apparaît formulée d’une manière traditionnelle dans les lettres privées. Mais l’action de Cicéron en faveur de ceux qu’il protège et sur lesquels il pense pouvoir agir est lourde de conséquences politiques que nous ne pourrons pas toutes évoquer ici, car cette année-là est l’année de la plus grande puissance de Cicéron qui agit en espérant sauver la République. Des sources nombreuses font allusion à cette période critique et à la toute puissante auctoritas cicéronienne. Les données des lettres de recommandation peuvent être comparées à d’autres sources, en particulier les discours des Philippiques, dans cette année cruciale pendant laquelle l’auctoritas de Cicéron s’imposa au Sénat.
14La Correspondance de Cicéron ne montre alors pas de rupture dans l’usage du vocabulaire traditionnel de la recommandation de la dignitas de ses correspondants. Elle semble être un élément moteur de l’action de Cicéron. En lui recommandant leur dignitas dans des lettres privées, en lui rendant compte de leur action, ses correspondants se confient à son auctoritas, espérant obtenir des actes concrets de soutien ainsi que des décisions du Sénat qui leur soient favorables. Au nombre de ceux-ci, on notera particulièrement L. Munatius Plancus, D. Iunius Brutus, Q. Cornificius et même Lépide. Nous n’avons noté cependant qu’une seule lettre dans laquelle le correspondant (Lépide) demande à Cicéron de se faire un devoir de le soutenir de son auctoritas : et proinde tua auctoritate me tuendum existimes quo tibi plura tuo merito debeo, alors que l’auctoritas de Cicéron est le soutien des autres sollicitations de cette nature36.
15Les formulations de la recommandation de la dignitas de ses correspondants sont traditionnelles ; la formule la plus courante, meam dignitatem commendatam habeas rogo37, est utilisée par L. Munatius Plancus ; la formule utilisée par D. Iunius Brutus est proche : multis a te uerbis peterem ut dignitatem meam tuerere38. Une phrase écrite par L. Munatius Plancus fait même référence au vocabulaire électoral : a te peto ut dignitati meae suffrageris39. La réponse de Cicéron met en général l’accent sur le fait que la dignitas de son correspondant lui est très chère, comme dans la lettre de Cicéron à D. Iunius Brutus en septembre 44 (quod mihi tuam dignitatem commendas, eodem tempore existimo te mihi meam dignitatem commendare quam mehercule non habeo tua cariorem40), ainsi que celle de Cicéron à Q. Cornificius en juin 43 (de reliquo, velim tibi persuadeas non esse mihi meam dignitatem tua cariorem41). Les verbes qui correspondent à l’action de Cicéron sont amplificari et augere et les expressions les plus fréquentes sont dignitatis fautor et amplificator42. Une lettre destinée à L. Munatius Plancus fait allusion au pouvoir que détient Cicéron d’accroître sa dignitas : mihi potestas data est augendae dignitatis tuae43.
16L’exemple de l’attitude de Cicéron à l’égard du proconsul de Gaule chevelue, L. Munatius Plancus, est un des plus intéressants. C’est celui que nous avons développé ici. L’amitié entre Plancus et Cicéron est très ancienne44 et Cicéron espère beaucoup de lui. Leur correspondance est très abondante. Cicéron fut le conseiller de Plancus et assura à Rome le soutien de sa dignitas. Plancus lui envoyait le compte rendu de ses activités, lui transmettait le texte d’une lettre publique adressée au Sénat, aux magistrats, au peuple, et le sollicitait souvent. Dans un premier temps, en septembre 44, Cicéron lui proposa seulement ses bons offices in priuatis rebus : quapropter in priuatis rebus nullum neque officium neque studium meum desiderabis, car sa propre sécurité et même sa propre dignité auraient été menacés s’il se rendait à ce moment-là au Sénat45. Les soldats d’Antoine contrôlaient en effet les délibérations de celui-ci. Cicéron dit qu’il est limité par le souci de sa propre sécurité et de sa propre dignité : peto a te ut me rationem habere uelis et salutis et dignitatis meae. Mais lorsqu’au début 43, Cicéron n’a plus rien à redouter d’Antoine, il se dit non seulement fautor, mais aussi amplificator de la dignitas de Plancus dont il espère une attitude favorable. Ce soutien doit être accompagné d’avantages matériels. Plancus en réclame aussi davantage : “Je pourrais t’écrire plus longuement… pour te confirmer dans l’opinion que je me suis acquitté envers la République de toutes les obligations que tes recommandations m’avaient prescrites et que mes promesses à ton égard avaient souscrites… Je te demande de faire campagne en faveur de ma dignité et d’attiser mon ardeur pour l’avenir en me procurant les avantages que tu m’as fait espérer pour m’engager sur la voie de l’honneur”46. Plancus envoie alors à Cicéron la copie d’une lettre publique47 dans laquelle il s’adresse au Sénat, aux magistrats, au peuple vers le 20 mars 43.
17La victoire de Modène apporta à Cicéron une gloire nouvelle et un pouvoir accru. Cicéron manifesta de toutes les manières son soutien à Plancus au Sénat, en particulier en faisant voter au mois de mai 43 un sénatus-consulte en son honneur. Le vocabulaire utilisé est toujours lié à la dignitas de Plancus et à son accroissement : “dès que la possibilité s’est offerte d’ajouter à ta dignité, je n’ai négligé aucun moyen de t’honorer, qu’il s’agit d’une récompense décernée au mérite ou d’un hommage verbal”48. Cicéron a proposé au Sénat un sénatus-consulte en sa faveur, qu’il a apporté entièrement rédigé et ce sénatus-consulte a été très largement accepté par des sénateurs très nombreux, à une large majorité : quam senatus frequens secutus est summo studio magnoque consensu49. Autour du 15 mai 43, Plancus recommandait encore sa dignitas à Cicéron : meam dignitatem commendatam habeas rogo50. Au moment où Plancus annonçait à Cicéron la perfidie de Lépide et le fait que celui-ci avait rejoint Antoine, il ajoutait une demande liée à l’envoi de troupes supplémentaires. Plancus restait alors un des grands espoirs de soutien à la cause sénatoriale.
18Les interventions de Cicéron en faveur de D. Iunius Brutus pourraient être étudiées d’une manière semblable avec la demande de protection de sa dignitas, l’échange de lettres et l’action concrète de Cicéron en sa faveur. Cicéron sollicita pour lui le prolongement de son gouvernement dans la province de Gaule cisalpine, alors que celle-ci avait été confiée à Antoine ; il lui fit envoyer de l’argent en 4351. La correspondance entre Cicéron et Q. Cornificius est très intéressante aussi dans la perspective de la protection de la dignitas de celui-ci. Le soutien par Cicéron de la dignitas de Cornificius au Sénat lui permit de conserver son gouvernement en Africa vetus. Une décision du Sénat, le 20 décembre, avait statué, sur l’avis de Cicéron : “que les provinces devaient être conservées par ceux qui les tiennent sous leur autorité et remises uniquement à un successeur désigné par décret du Sénat”. “J’ai recommandé cette mesure”, ajoute Cicéron, “dans l’intérêt de la République, mais, je te le jure, pour la sauvegarde de ta dignité… Je te demande, au nom de notre amitié, je t’y exhorte au nom de la république, n’abandonne à personne aucune parcelle d’autorité dans la province et rapporte-t-en toujours à ta dignité, sur laquelle rien ne saurait prévaloir”52. Cette décision du Sénat avait annulé le remplacement de Q. Cornificius par C. Calvisius Sabinus, à la tête de la province de l’Africa Vetus.
19Il est plus surprenant de voir Lépide, gouverneur de la province de Narbonnaise, confier sa dignitas à Cicéron en protestant de sa loyauté républicaine en mai 43, alors qu’Antoine se rapproche de lui. Lépide affirme ne pas avoir oublié les initiatives antérieures de Cicéron pour accroître et embellir sa dignité : memini enim et illa superiora quae abs tua voluntate profecta sunt ad meam dignitatem augendam et ornandam53. Il lui demande de se faire un devoir de le soutenir de son autorité : et proinde tua auctoritate me tuendum existimes quo tibi plura tuo merito debeo54.
20Dans la Correspondance de Cicéron, la présence fréquente de la recommandation de la dignitas permet d’inscrire celle-ci dans la série des manifestations des bons offices que se doivent les amis. Le souci de la dignitas d’un ami inspire des conduites particulières, et d’abord des réserves imposées aux demandes de recommandation portées par des correspondants dont l’auctoritas risque de peser à l’excès sur la décision de ceux qui ont la charge de gouverner une province. Mais nous avons surtout voulu mettre l’accent sur la question de la protection des absents par l’auctoritas des hommes politiques qui sont à Rome, où les questions importantes se règlent par la présence et la prise de parole au Sénat. Le départ d’un gouverneur pour sa province lui impose un éloignement dommageable au soin de sa dignitas. L’auctoritas d’amis puissants est recherchée. Certaines actions et prises de position du Sénat portent la marque de l’auctoritas de Cicéron intervenant en faveur de ses correspondants qui se sont recommandés à lui55. Dans une période exceptionnelle, située entre la fin de l’année 44 et l’année 43, nous pouvons faire le lien entre la formulation de la recommandation de la dignitas des amis de Cicéron et le succès des actions entreprises en leur faveur grâce au poids de l’auctoritas de Cicéron au Sénat. Alors que l’auctoritas de Cicéron sur le Sénat est extraordinairement forte, il est intéressant de constater l’usage fréquent dans la Correspondance des formules traditionnelles et convenues de la recommandation de la dignitas par ceux qui cherchent son appui à Rome. Ainsi, la protection de la dignitas de ses amis est l’un des éléments de la légitimation des actes de Cicéron au Sénat quand il oriente la politique dans l’espoir de sauver la liberté et la République. Pendant quelques mois, son expérience et son auctoritas lui ont donné une supériorité évidente devant le Sénat et devant le peuple. Cicéron avait pris la charge entière de l’État à Rome : me principem senatui populoque Romano professus sum, nec postea quam suscepi causam libertatis minimum tempus amisi tuendae salutis libertatisque communis56.
Notes de bas de page
1 Sur la dignitas, cf. Hellegouarc’h [1963] 1972, 391.
2 Sur l’auctoritas de l’homme d’État, ses caractères liés aux honneurs, aux faits accomplis, à l’âge, à la virtus, cf. Hellegouarc’h [1963] 1972, 299-303.
3 Cf. Deniaux 1993, 50. Cf. par ex. Fam.13.23 pour L. Cossinius Anchialus : mihi uehementer gratum erit ; Fam.13.31 pour L. Flavius : honoris mei causa ; Fam. 12.29.3 pour L. Aelius Lamia : te etiam atque etiam rogo ut omnia Lamiae negotia mea putes esse.
4 Q. Minucius Thermus, RE n° 67, propréteur en 51-50, MRR 592 (Asie).
5 P. Silius, RE n°8, propréteur en 51-50, MRR 621 et supplt. 199 (Pont-Bithynie).
6 Ser. Sulpicius Rufus, RE n° 95, proconsul en 46-45, MRR 624 (Achaïe).
7 M. Acilius Caninus, RE n° 95, proconsul en 46-45, MRR 624 (Achaïe).
8 Les commendati recommandés avec cette réserve sont : T. Pinnius (Fam. 13.61) à P. Silius, Bithynie, 51-50 (cf. Deniaux 1993, commendatus n° 79) ; L. Genucilius Curvus (Fam. 13.53) à Thermus, Asie, 51-50 (cf. Deniaux 1993, commendatus n° 53) ; T. Manlius (Fam. 13.22) à Ser. Sulpicius Rufus, Achaïe, 46-45 (cf. Deniaux 1993, commendatus n° 66) ; L. Mescinius Rufus ancien questeur (Fam. 13.26 et Fam. 13.28) à Ser. Sulpicius Rufus, Achaïe, 46-45 (cf. Deniaux 1993, commendatus n° 69) ; C. Flavius, chevalier romain (Fam. 13.31) à M. Acilius, 46-45, Sicile (cf. Deniaux 1993, commendatus n° 49) ; M. Clodius Archagatus (Fam. 13.32) à M. Acilius, 46-45, Sicile (cf. Deniaux 1993, commendatus n° 33) ; C. Clodius Philo (Fam.13.32) à M. Acilius, 46-45, Sicile (cf. Deniaux 1993, commendatus n° 34) ; Hippias de Cale Acte (Fam.13.37) à M. Acilius, 46-45, Sicile (cf. Deniaux 1993, commendatus n° 56).
9 Fam. 13.31 : “je voudrais que, pour me marquer ta considération et par les moyens honorables que ton rang te permettra, tu traites C. Flavius de la manière la plus honorifique et la plus bienfaisante. Il n’est rien dont je te saurai plus de gré”.
10 Cf. Deniaux 1993, commendatus n° 49. Il était aussi l’ami du gendre de Cicéron, C. Calpurnius Piso Frugi. Sur la souscription, cf. Corn. Nepos, Atticus, 8, 3.
11 Cf. Plut., Brut., 51.1. Sa fortune était sans doute en partie liée à des negotia en Sicile car il était peut-être apparenté au L. Flavius cité dans les Verrines : eques Romanus, uir primarius (Verr. 2.5.14). Il eut peut-être une controverse avec les habitants de Dyrrachium à propos d’une créance dont il avait hérité ; Cicéron avait alors été pris comme arbitre, cf. ad Brut. 1.6.4 : Flauius noster de controuersia quam habet cum Dyrrachinis hereditariam sumpsit te iudicem.
12 Fam. 13.37.
13 Cf. Deniaux 1993, commendatus n° 56.
14 Fam. 13.26 et Fam. 13.28. Cf. Deniaux 1993, commendatus n° 69.
15 Cf. Deniaux 1993, commendatus n° 69.
16 Fam. 13.28.
17 Fam. 5.20.2.
18 Et sans doute aussi dans d’autres parties de l’Orient romain, particulièrement à Délos. Sur les Mindii de Délos, cf. Ferrary et alii 2002, 203.
19 Fam. 13.26.3 : “à condition que cela ne te paraisse pas incompatible avec ta dignitas” ; Fam. 13.26.4 : “car cela ne me semblerait pas digne de ta dignitas”. Sur cette affaire, cf. Fournier 2010, 181-194 ; cf. p. 189 : en dehors des affaires capitales où le renvoi à Rome est certainement obligatoire, il est très difficile pour un citoyen romain d’esquiver la juridiction du gouverneur de province.
20 Sur la dignitas d’un gouverneur de province, cf. Morell 2017, 252.
21 Fam. 15.7 : quapropter a te peto in maiorem modum ut me absentem diligas et defendas ; RE 216.
22 Fam. 15.8 : a te, id quod consuesti, peto me absentem diligas atque defendas ; RE 214.
23 Fam. 15.9.2, qui est une lettre dans laquelle Cicéron souhaite qu’il agisse pour qu’on ne le proroge pas : unum uero si addis ad praeclarissimas res consulatus tui, ut aut mihi succedat quam primum aliquis aut ne quid accedat temporis ad id quod tu mihi et senatus c. et lege finisti, omnia me per te consecutum putabo. Cura ut valeas et me absentem diligas atque defendas ; RE 229.
24 Fam. 15.12 : “je t’en supplie, obtiens qu’on ne me fasse pas de tort, qu’on n’ajoute rien à mon année de gouvernement. Si tu obtiens cela, tu ajouteras beaucoup à la somme de tes dévouements passés”. Cf RE 81.
25 Fam. 1.1.1; 1.8.2; 1.9.1 ; RE 238 et 204. Sur la pietas à l’égard de Lentulus, qui, consul en 57, avait favorisé son retour d’exil, cf. Fam. 1.2.3 : ad tuam dignitatem tuendam ; 1.7.2 : defensio dignitatis tuae.
26 Fam. 13.68.3. RE 67. Cicéron lui proposait aussi de veiller sur son père qui avait été censeur en 55 : ego quae ad tuam dignitatem pertinere arbitrabor summo studio diligentiaque curabo in primisque tuebor omni obseruantia clarissimum uirum patrem tuum, quod et pro uetustate necessitudinis et pro beneficiis uestris et pro dignitate ipsius facere debeo. Toutes les traductions des lettres citées dans cet article sont empruntées à la C.U.F.
27 Fam. 5.8.1.
28 Fam. 5.8.2.
29 Fam. 5.8.5 : has litteras uelim existimes foederis habituras esse uim, non epistulae, meque ea quae tibi promitto ac recipio sanctissime esse obseruaturum diligentissimeque esse facturum. Quae a me suscepta defensio est te absente dignitatis tuae, in ea iam ego non solum amicitiae nostrae sed etiam constantiae meae causa permanebo, trad. L.A. Constans, C.U.F.
30 Fam. 5.8.5 : “je voudrais … que tu recommandes aux tiens d’user mes services, de mes conseils, de mon autorité et de mon crédit dans toutes les affaires qui te concernent, publiques ou privées, judiciaires ou de famille, dans celles de tes amis, de tes hôtes, de tes clients ; et de le faire assez complètement pour que, dans la mesure du possible, la peine que je prendrai adoucisse le regret de ton absence”. Sur Crassus et Cicéron, cf. Marshall 1976, 143, note 20 ; Ward 1977, 279-280. Sur la rencontre entre Cicéron et Crassus dans la maison du gendre de Cicéron, Crassipes, cf. Plut., Cic., 26. Cicéron écrivit à Lentulus qu’il s’était réconcilié avec Crassus qui partait pour sa province (Fam. 1.9.20). Il évoqua dans cette lettre le dîner organisé dans les jardins de Crassipes et le soutien que lui-même manifesta à l’égard de Crassus au Sénat : cenauit apud me in mei generi Crassipedi hortis. Quamobrem eius causam, quod te scribis audisse, magna illius commendatione susceptam defendi in senatu, sicut mea fides postulabat.
31 Fam. 12.17.3 : “en me recommandant ta réputation et ta dignitas, tu te conformes assurément à l’usage général”. RE 8.
32 Fam. 12.17.3, cité supra.
33 Fam. 13.77.1 : Cum his temporibus non sane in senatum uentitarem, tamen, ut tuas litteras legi, non existimavi me saluo iure nostrae ueteris amicitiae multorumque inter nos officiorum facere posse ut honori tuo deessem. itaque adfui supplicationemque tibi libenter decreui nec reliquo tempore ullo aut rei aut existimationi aut dignitati tuae deero ; RE 93.
34 Fam. 5.9.1 : si qui forte fuerit qui nostrae dignitati obesse uelit, peto a te ut tuam consuetudinem et liberalitatem in me absente defendendo mihi praestes. : “s’il se trouve quelqu’un pour vouloir faire pièce à ma dignité, je te demande de me marquer ta générosité habituelle et de prendre ma défense en ton absence”.
35 Fam. 5.9.1 : litteras ad senatum de rebus nostris gestis, quo exemplo miseram, infra tibi perscripsi. Nous n’avons pas conservé cette lettre.
36 Lettre de Lépide à Cicéron, Fam., 10.34a (lettre datée du 22 mai 43).
37 Fam. 10.21a.
38 Fam. 11.4.
39 Fam. 10.7.2.
40 Fam. 11.6 : “en me recommandant ta dignité, tu me recommandes en même temps, selon moi, ma propre dignité, qui, je te le certifie, m’est plus chère que la tienne”.
41 Fam. 12.30.7 : “pour le reste, dis-toi bien, s’il te plaît, que ta dignité m’est aussi chère que la tienne”.
42 Fam. 11.5.3 à D. Iunius Brutus : tuam dignitatem amplificari uelim ; Fam. 11.6a.2 à D. Iunius Brutus.
43 Fam. 10.13.1.
44 Fam. 10.3.4 (décembre 44). Plancus appartenait à une famille de domi nobiles originaire de Tibur. Sur les liens de Cicéron et de sa famille, cf. Fam. 10.5 : paterna necessitudo ; cf aussi Fam. 10.3 ; cf. Deniaux 1993, n° 30, 421-422. Sur L. Munatius Plancus, et sa carrière postérieure, cf. Ferriès 2007, 438-444, (n° 100).
45 Fam. 10.2.2.
46 Cf. la lettre de Plancus à Cicéron, Fam., 10.7, écrite vers le 20 mars 43 : a te peto ut dignitati meae suffrageris et, quarum rerum spe ad laudem me vocasti, harum fructu in reliquum facias alacriorem.
47 Fam. 10.8.
48 Fam. 10.13.1. : ut primum potestas data est augendae dignitati tuae, nihil praetermisi in te ornando quod positum esset aut in praemio virtutis aut in honore uerborum ; cf. supra.
49 Cicéron met l’accent sur la très large participation des sénateurs. Sur le déroulement des séances du Sénat, cf. Bonnefond-Coudry 1989, 357-435.
50 Fam. 10.21a.
51 Fam. 11.6 ; 11.5.3 ; 11.6 a et le sujet de la 3e et 4e Philippique.
52 Fam. 12.22a.3-4 : Senatus frequens mihi est assensus cum de ceteris rebus magnis et necessariis, tum de prouinciis ab eis, qui obtinerent, retinendis neque cuiquam tradendis, nisi qui ex senatus consulto successisset. Hoc ego cum rei publicae causa censui tum mehercule in primis retinendae dignitatis tuae. Quam ob rem te amoris nostri causa rogo, rei publicae causa hortor ut ne cui quicquam iuris in tua prouincia esse patiare atque ut in omnia referas ad dignitatem, qua nihil esse potest praestantius; cf. aussi Fam. 12.30.7 (en 43) : de reliquo uelim tibi persuadeas non esse mihi meam dignitatem tuam cariorem
53 Fam. 10.34a (lettre datée du 22 mai) : “de fait, je n’ai pas oublié, en particulier, ces initiatives antérieures qui sont nées de ta volonté, pour accroître et embellir ma dignité”. Cicéron avait favorisé le vote de son triomphe et l’attribution d’une statue équestre après qu’il eut négocié un accord avec Sextus Pompée, et l’obtention du triomphe (Cic., Phil., 13.9 ; cf. Allély 2004, 89-104).
54 Fam. 10.34a (lettre datée du 22 mai) : “et fais-toi d’autant plus un devoir de me soutenir de ton autorité que je te suis davantage redevable pour les services que tu me rends”. Sur la correspondance entre Lépide et Cicéron, cf. Allély 2004, 106-107. Nous savons qu’au mois de mars, Lépide avait, dans une lettre, préconisé la paix avec Antoine. Cicéron lui avait répondu, le 20 mars, oralement dans un discours au Sénat, dans la 13e Philippique et dans une lettre, Fam. 10.27.
55 Cf. par ex. Fam. 1.7.2 dans une lettre destinée à Lentulus l’expression propugnatio : propugnatio ac defensio dignitatis tuae.
56 Fam. 12.24.2., écrite à Q. Cornificius à la fin du mois de janvier 43. Sur Cicéron princeps, cf. Lepore 1954.
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