Chapitre IX - L’expression et les manifestations de l’auctoritas dans les rivalités politiques à la fin de la République : le témoignage de Cicéron
p. 189-200
Résumés
L’étude dans les discours de Cicéron et dans sa correspondance des emplois d’auctoritas et des actes ou des situations auxquels ce terme renvoyait fait apparaître plusieurs données. Le terme d’auctoritas désignait une forme d’ascendant qui s’exerçait sur autrui et qui était dû soit à des qualités personnelles soit à des positions de pouvoir. Il était le plus souvent employé avec d’autres lexèmes, dessinant des sortes de nuages sémantiques dont l’association, quand ils étaient appliqués à un individu, renvoyait de façon précise à sa personnalité ou aux actions qu’il avait menées d’une part, et d’autre part, de façon plus globale, à un modèle général de l’éthique aristocratique, le même que celui qui était mis en avant dans les laudationes funebres. Par ailleurs, l’auctoritas ne pouvait faire quelque effet que si elle trouvait à s’exprimer dans l’action politique, principalement par la tenue de discours, et être reconnue comme telle par le peuple romain. C’était alors toute la personnalité, tout le caractère et toute la conformité au mos de celui qui s’y livrait qui faisaient l’objet d’un jugement par l’opinion.
The study, in Cicero’s speeches and correspondence, of the uses of auctoritas and of the acts or situations the term referred to uncovers several data.The term auctoritas designated a form of ascendancy exercised over others; it was due either to personal qualities or power positions. It was most often used with other lexemes, mapping out semantic clouds, as it were, whose association, when applied to an individual, referred precisely on the one hand to his personality or the actions he had carried out, and on the other hand, more generally, to a general model of aristocratic ethics – the same one that was put forward in the laudationes funebres. Moreover, the auctoritas could have any effect only provided it found a way to express itself in political action: mainly through speeches, and providing it be recognized as such by the Roman people. It was then the whole personality, character and conformity to mos by the person who performed it that were subjected to judgment by the general public.
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Keywords : Auctoritas, vocabulaire, Cicéron, discours, correspondance, action oratoire, gravitas, éthique aristocratique, mos maiorum
Texte intégral
1L’auctoritas était au cœur des échanges personnels et des débats politiques entre citoyens romains à la fin de la République. La notion n’est guère simple à circonscrire. Pour l’essentiel, elle désignait la capacité qu’avait un individu d’imposer son opinion, non pas parce qu’elle aurait emporté la conviction par sa pertinence ou sa justesse, mais parce que toute sa personne, son passé, sa place dans la cité imposaient qu’il fût cru, avant même d’ailleurs qu’il se fût exprimé. Dans une société aussi marquée par les hiérarchies de statut que la société aristocratique romaine, cette force personnelle jouait un rôle constant et même déterminant dans les relations entre les individus et les décisions qui étaient prises. Cette présence et cette influence permanentes n’en rendent cependant pas l’analyse facile tant l’auctoritas constituait une des dimensions de l’interaction, s’y trouvait profondément inscrite et informait toute la relation.
2Cicéron bien évidemment se faisait l’écho d’une telle puissance et l’on peut en suivre et en apprécier les diverses manifestations au travers de son œuvre. Comme l’objectif ici est de déterminer le sens, l’origine et les effets de l’auctoritas, il convient de procéder à une analyse sémantique à la fois des usages lexicaux et des comportements qui lui étaient associés. Même limitée à un seul auteur, la recherche se heurte cependant à une fréquence et à une diversité des emplois telles qu’il est indispensable de concentrer la recherche sur un corpus à peu près cohérent. Eviter en quelque sorte que l’hétérogénéité éventuelle des contextes d’énonciation ne vienne introduire des variations qui feraient perdre de la pertinence aux résultats. Je me limiterai donc principalement aux discours et à la correspondance de Cicéron, là où les allusions portent sur des personnes ou des événements contemporains et qui témoignent mieux que d’autres textes des conflits politiques auxquels ce personnage fut mêlé.
3Une première remarque conduit à souligner le grand nombre et la diversité des individus auxquels Cicéron attribuait de l’auctoritas. Une enquête rapide permet de constater qu’elle s’appliquait principalement à des sénateurs romains. Pompée1 était le premier d’entre eux, et cela s’explique aisément par la place qu’il occupait dans les relations de Cicéron et dans la vie politique de l’époque. Caton le jeune2 était fréquemment cité aussi. Derrière eux venaient d’autres personnages importants : Brutus3, Lépide4, Lucullus5, Hortensius6 ou Catulus7, pour ne citer qu’eux. Ces différences dans la fréquence des allusions ne traduisaient cependant pas quelques différences d’importance ou de prestige. Elles correspondaient en fait aux hasards d’un contexte événementiel très fluctuant et qui, selon les moments, portait tel ou tel homme politique sur le devant de la scène. Les allusions ne concernaient d’ailleurs pas que les sénateurs. Des chevaliers et des domi nobiles inscrits dans des municipes ou des colonies en bénéficiaient : Atticus8, L. Papirius Paetus9, le juriste C. Aquilius10, A. Caecina11, Roscius le père12 étaient eux aussi, porteurs d’auctoritas. Dans ces derniers cas, il s’agissait de Romains. Mais d’autres, des aristocrates pérégrins notammment, en avaient la capacité. C’était le cas de Sthenius de Thermes13, de Heius de Messine14, de Diodore de Syracuse15, ou encore de Dexo de Tyndaris16, évoqués dans le contexte des Verrines. En fait ces emplois tenaient beaucoup au hasard des situations. Même un ennemi comme Mithridate était susceptible, aux yeux de Cicéron, de disposer d’auctoritas17.
4Cette qualité en effet relevait plus du fait que du principe. Elle ne reposait généralement pas sur une dimension morale, en tout cas pas principalement ou pas exclusivement. Elle était le plus souvent l’expression d’une situation de pouvoir, de la détention notamment d’une potestas qu’un individu même complètement discrédité était susceptible d’exercer. Ainsi ne pouvait-on pas refuser à Verrès celle que lui valait sa position de magistrat au point de s’affranchir des dispositions prises par les plus hautes instances publiques :
Verres ille vetus proditor consulis, translator quaesturae, aversor pecuniae publicae, tantum sibi auctoritatis in re publica suscepit ut quibus hominibus per senatum, per populum Romanum, per omnes magistratus, in foro, in suffragiis, in re publica, in hac urbe versari liceret, his omnibus mortem acerbam crudelemque proponeret, si fortuna eos ad aliquam partem Siciliae detulisset18.
5Cela constituait une sorte de paradoxe puisque des données de contexte, des événements, la possession effective d’un pouvoir offraient à celui qui en bénéficiait une réelle auctoritas indépendamment de ces qualités personnelles qui permettaient normalement de prendre l’ascendant sur ses concitoyens. Si Verrès disposait d’auctoritas, cela signifiait qu’elle pouvait naître d’autre chose que de la vertu.
6Cicéron relevait cette opposition dans les Topiques. L’auctoritas découlait de deux sources, expliquait-il : les circonstances ou la nature.
Sed auctoritatem aut natura aut tempus adfert. Naturae auctoritas in virtute inest maxima ; in tempore autem multa sunt quae adferant auctoritatem, ingenium, opes, aetas, fortuna, forma, ars, usus, necessitas, concursio etiam nonnumquam rerum fortuitarum19.
7Cette association de deux origines faisait ainsi de l’auctoritas une qualité susceptible d’être le fait de n’importe quel individu ; à cette différence près que ceux qui bénéficiaient d’une autorité morale la conservaient en permanence comme attachée à leur personne, tandis que ceux qui la devaient aux circonstances la perdaient dès que le contexte changeait.
8Ce trait de l’auctoritas qui faisait d’elle une qualité répandue, susceptible de procéder de diverses origines, personnelles ou occasionnelles, explique que lorsque Cicéron faisait allusion à son influence dans un cas particulier, il n’en faisait pas une donnée isolée, mais l’associait à d’autres sources de pouvoir, de distinction ou de supériorité. Ainsi dans le texte des Topiques que je viens de citer, pouvait-elle être le fait du talent, de la fortune, de l’âge, de la chance, de la beauté, de la compétence, de l’expérience, de la nécessité ou même d’un concours de circonstances. Aussi, lorsque Cicéron évoquait l’auctoritas d’individus, l’associait-il à d’autres qualités qui la confortaient et en précisaient l’extension et la nature.
9Voici par exemple ce que dans le plaidoyer qu’il prononça en faveur de P. Sestius, le tribun de la plèbe de 57 qui était intervenu pour son rappel d’exil, il disait des hommes politiques qui avaient combattu les populares :
At vero qui horum impetus et conatus represserunt, qui auctoritate, qui fide, qui constantia, qui magnitudine animi consiliis audacium resisterunt, hi graves, hi principes, hi duces, hi auctores huius dignitatis atque imperii semper habiti sunt20.
10L’auctoritas n’était ainsi que l’une des qualités qui leur avait valu d’être reconnus comme des chefs de la cité. Elle ne l’était pas seule. Elle était associée à la fides, c’est à dire à la capacité de tenir des engagements, à la constantia, c’est-à-dire à la fermeté dans les décisions21 et à la magnitudo animi, c’est-à-dire à la noblesse de caractère22. L’auctoritas même conçue comme une force générale prenait une tonalité particulière par son association à d’autres qualités. Elle se définissait plus précisément comme la force de persuasion et la capacité à se faire obéir de qui s’était grandi en faisant la preuve de sa résistance et de sa fermeté dans le conflit politique.
11Cette association de qualités dont l’auctoritas n’était à la fois que l’une d’entre elles et participait à leur expression globale était le mode le plus constant de sa formulation. La référence à l’auctoritas n’était pas isolée. Elle passait presque systématiquement par son inscription dans des nuages sémantiques où elle accompagnait divers traits ou vertus personnelles, comme dans ce passage du Pro Sestio que je viens de citer. La composition de ces divers ensembles était variée. On pourrait, mais par pure commodité, les regrouper en trois catégories. L’auctoritas était ainsi rapprochée de modes de réflexion ou d’expression : consilium23, sententia24, judicium25, oratio26, ingenium27 ou hortatio28. Elle définissait dans ce cas la justesse d’une pensée ou l’efficacité d’un discours. Elle pouvait prendre place parmi d’autres ressources symboliques ou réelles : gratia29, opera30, ops31, arma32, felicitas33, honos34, aetas35, nobilitas36, praesidium37, genus38, pecunia39, existimatio40. Elle participait alors à la composition et à la puissance d’un capital de puissance personnelle ou d’autorité. Elle pouvait enfin s’inscrire au milieu d’autres formes d’expression de la supériorité et du pouvoir : imperium41, uoluntas42, uirtus43, uis44, fides45, constantia46, sapientia47 ou encore dignitas48, parce que c’était bien par la puissance qu’elle se réalisait. De toutes ces qualités cependant, c’était des premières qu’elle était le plus souvent rapprochée et particulièrement de sententia et de consilium49, car c’était sans doute par l’intelligence des situations et la justesse des avis qu’elle se manifestait avec le plus de clarté et de vigueur.
12Si l’on cherche par ailleurs à évaluer les conditions qui lui permettaient de naître, ce classement qu’opérait Cicéron entre ce que l’auctoritas devait à la nature et ce qu’elle devait aux circonstances permet une première distinction utile, mais qui reste insuffisante. Une autre dimension s’impose en effet. L’auctoritas relevait certes de vertus morales et personnelles ou de ressources sociales héritées ou acquises, mais c’était la reconnaissance par les citoyens de leur présence et de leur efficacité qui l’établissait ou l’actualisait.
13Le cas de Caton le Jeune fournit un premier exemple d’une auctoritas reposant sur des ressources sociales héritées. Cicéron soulignait la force du prestige familial dont il bénéficiait :
De cuius praestanti uirtute cum uere grauiterque diceres, domesticum te habere dixisti exemplum ad imitandum. (…) Quare, ut ad id quod institui reuertar, tolle mihi e causa nomen Catonis, remove uim, praetermitte auctoritatem quae in iudiciis aut nihil ualere aut ad salutem debet ualere, congredere mecum criminibus ipsis50.
14Cette présentation du nomen Catonis ne prenait cependant sens que parce qu’il était susceptible de jouer un rôle déterminant dans le procès. Suivant un lieu commun qui était bien établi dans la pratique judiciaire51, Cicéron insistait sur le fait qu’un accusateur trop puissant risquait d’entraîner une condamnation injuste. C’était affirmer clairement que c’était la reconnaissance par l’opinion d’une légitimité familiale et d’un prestige héréditaire qui donnait sa force et son efficacité à la personne de Caton, souligner en d’autres termes que l’auctoritas n’avait de sens et d’existence que dans la mesure où elle était reconnue par la communauté des citoyens.
15L’acceptation par le public d’une supériorité et d’une compétence n’était pas moins nécessaire dans la mise en place d’une auctoritas fondée sur la vertu personnelle. La description des talents de Pompée par Cicéron en constitue un exemple éclairant :
Et quoniam auctoritas quoque in bellis administrandis multum atque in imperio militari ualet. (…) Vehementer autem pertinere ad bella administranda quid hostes, quid socii de imperatoribus nostris existiment quis ignorat, cum sciamus homines in tantis rebus ut aut metuant aut condemnant, aut odierint aut ament opinione non minus et fama quam aliqua ratione certa commoueri ? Quod igitur nomen umquam in orbe terrarum clarius fuit ? Cuius res gestae pares ? De quo homine uos, id quod maxime facit auctoritatem, tanta et tam praeclara iudicia fecistis ? (et plus loin) : et quisquam dubitabit quid uirtute perfecturus sit, quid tantum auctoritate perfecerit ?52
16L’auctoritas de Pompée reposait sur ses qualités propres : sa compétence militaire et, d’une façon générale, sa virtus ; telles cependant qu’elles s’étaient données à voir dans les guerres qu’il avait menées et surtout telles qu’elles avaient été reconnues par ses contemporains, les Romains et leurs alliés, aussi bien que par leurs adversaires (quid hostes, quid socii de imperatoribus nostris existiment). L’auctoritas était ainsi le produit du jugement que l’opinion publique portait (fama, opinio) sur les actes d’un homme politique. Elle naissait de la reconnaissance d’une conformité aux attentes de la communauté, de son adéquation au mos, voire même de son caractère exceptionnel ou excessif dans l’incarnation et la défense de la cité53.
17L’auctoritas personnelle d’un homme politique romain reposait ainsi sur trois traits constitutifs : d’être le produit d’une action ou d’une attitude, que cette action soit un témoignage de vertu, d’intelligence ou de courage, et enfin d’être reconnue comme telle par l’opinion publique. D’un individu à l’autre cependant, ces qualités propres qui étaient source d’auctoritas, différaient et s’associaient de façon variée.
18Voici par exemple celles que Cicéron reconnaissait à Marius :
(…) sed tamen tanta auctoritas in C. Mario fuit ut non per L. Crassum adfinem suum (…), sed paucis ipse verbis causam illam grauitate sua defenderit et probarit. (…) Quodsi uultus C. Mari, si uox, si ille imperatorius ardor oculorum, si recentes triumphi, si praesens ualuit aspectus, ualeat auctoritas, ualeant res gestae, ualeat memoria, ualeat fortissimi et clarissimi viri nomen aeternum. Sit hoc discrimen inter gratiosos ciuis atque fortis, ut illi uiui fruantur opibus suis, horum etiam mortuorum, si quisquis huius imperii defensor mori potest, uiuat auctoritas immortalis54.
19L’auctoritas de Marius avait été reconnue par le peuple romain qu’il avait convaincu au cours d’un procès (paucis uerbis (…) grauitate sua defenderit et probarit). Elle reposait sur sa compétence militaire qui le mettait au-dessus des autres chefs. Elle se manifestait surtout par l’énergie physique que dégageaient son visage et son regard. Et elle demeurait encore dans la mémoire collective, alors qu’au moment où Cicéron prononçait ce discours, plus de trente années s’étaient écoulées depuis sa mort. Toutes ces caractéristiques s’associaient et s’accumulaient dans la personnalité de Marius et définissaient ensemble une auctoritas qui lui était véritablement personnelle.
20Si l’on compare en effet au cas de Marius celui de Lépide tel que le décrivait Cicéron dans les Philippiques, on constate une différence sensible :
Nullius apud me, patres conscripti, auctoritas maior est quam M. Lepidi uel propter ipsius uirtutem uel propter familiae dignitatem. Accedunt eodem multa priuata et magna eius in me merita, mea quaedam officia in illum55.
21Même si aux dires, évidemment de circonstance, de Cicéron qui faisait de Lépide le personnage de son temps le plus pourvu d’auctoritas, les qualités d’où il la tirait différaient fortement de celles dont Marius disposait. Elles étaient doubles évidemment, personnelles (propter uirtutem) et familiales (propter familiae dignitatem), mais plus vagues aussi. Et la relation avec Cicéron qui conduisait celui-ci à faire son éloge relevait de l’échange des services plus que du rayonnement dans la cité.
22Cette comparaison entre les cas de Marius et de Lépide n’est évidemment qu’un exemple. Il permet de souligner les écarts qui pouvaient séparer les figures d’aristocrates romains, pourvus certes d’auctoritas, mais pour des raisons et sous des formes différentes. On ne les multipliera pas. Mais on notera en revanche que ces traits qui la définissaient relevaient d’un modèle commun. Toutes ces différentes qualités qui étaient attendues et qui étaient susceptibles d’apporter de l’auctoritas à celui qui en bénéficiait, vertu, richesse, légitimité familiale, formaient un ensemble dont on ne peut manquer de constater la similitude avec celles qui étaient mises en avant dans la laudatio funebris par le fils d’un défunt lorsque celui-ci célébrait sa mémoire au moment des funérailles.
23L’exemple le plus connu et le plus explicite de ces discours est celui que prononça Q. Caecilius Metellus et dont Pline l’Ancien donnait le résumé :
Q. Metellus in ea oratione, quam habuit supremis laudibus patris sui L. Metelli pontificis, bis consulis, dictatoris, magistri equitum, XVuiri agris dandis, qui plurimos elephantos ex primo Punico bello duxit in triumpho, scriptum reliquit decem maximas res optimasque, in quibus quaerendis sapientes aetatem exigerent, consummasse eum : uoluisse enim primarium bellatorem esse, optimum oratorem, fortissimum imperatorem, auspicio suo maximas res geri, maximo honore uti, summa sapientia esse, summum senatorem haberi, pecuniam magnam bono modo inuenire, multos liberos relinquere et clarissimum in ciuitate esse ; haec contigisse ei nec ulli alii post Romam conditam56.
24On retrouve en effet dans ce tableau les différentes qualités à la fois morales, familiales et civiques que j’ai énumérées un peu plus haut et qui étaient susceptibles d’apporter de l’auctoritas à celui qui en faisait preuve. Il n’y a en cela rien de surprenant. Cet ensemble de vertus personnelles, de richesse, de puissance sociale, de magistratures, de sources de rayonnement et de prestige constituait le modèle qui structurait l’éthique aristocratique romaine et déterminait les ambitions et les comportements. Dès lors qu’un individu se trouvait reconnu par ses concitoyens comme conforme à ce paradigme, ou mieux encore s’il en repoussait les limites habituelles en concentrant la richesse, la puissance sociale ou le prestige politique, il était en quelque sorte accepté comme correspondant à l’idéal même de la société romaine et détenteur sur ses concitoyens de cet ascendant nommé auctoritas. Les éloges que Cicéron faisait de ses contemporains lorsqu’il insistait sur leur auctoritas s’inscrivaient ainsi dans la même démarche et adoptaient le même genre de formulation que ces laudationes funebres et même que d’autres discours du même genre, en reprenant les traits récurrents de la supériorité. On retrouve en ce domaine cette nécessité de la possession de toutes les vertus qui définissaient l’aristocrate romain : la richesse, le courage, la fécondité, la fides, l’éloquence, la connaissance du droit et l’efficacité du chef militaire, telle qu’il n’était guère envisageable de se spécialiser, sauf relativement en l’emportant dans la compétition aristocratique par quelque compétence ou vertu particulière57.
25Comme on l’a déjà noté cependant, ces assemblages de qualités ne pouvaient pas être identiques d’un individu à l’autre. On l’a déjà relevé à propos de la comparaison entre Marius et Lépide, mais c’est dans la comparaison entre membres d’un même ensemble que le phénomène est le plus perceptible. On peut prendre pour premier exemple cette description que Cicéron faisait du groupe des défenseurs de Roscius d’Amérie auquel lui-même appartenait :
Credo ego uos, iudices, mirari quid sit quod cum tot summi oratores hominesque nobilissimi sedeant, ego potissimum surrexerim, is qui neque aetate neque ingenio neque auctoritate sim cum his qui sedeant comparandus. (…) Quia si quis istorum dixisset quos uidetis adesse, in quibus summa auctoritas est atque amplitudo, si uerbum de re publica fecisset, id quod in hac causa fieri necesse est, multo plura dixisse quam dixisset putaretur58.
26Cicéron, qui était sans doute le plus jeune, insistait sur l’inégalité d’auctoritas qui le séparait des autres aduocati qui assistaient Roscius. En soulignant cette hiérarchie de fait, il faisait apparaître tout à la fois la fragilité de sa position et le courage dont il faisait preuve59.
27Dans un groupe, les différences d’auctoritas n’étaient pas seulement de force ou d’efficacité, elles étaient aussi et surtout de nature. Un passage du Pro lege Manilia prononcé en 66 permet d’y insister. Cicéron évoquait les soutiens dont bénéficiait cette proposition de loi qui visait à donner des pouvoirs exceptionnels à Pompée afin de combattre Mithridate. Il citait quatre personnages qui poussaient à l’adoption : P. Servilius Vatia Isauricus, C. Scribonius Curio, Cn. Cornelius Lentulus et C. Cassius Longinus et insistait sur leur auctoritas.
Quod si auctoritatibus hanc causam, Quirites, confirmandam putatis, est uobis auctor uir bellorum omnium maximarumque rerum peritissimus, P. Servilius, cuius tantae res gestae terra marique exstiterunt (…) ; est C. Curio, summis uestris beneficiis maximisque rebus gestis, summo ingenio et prudentia praeditus ; est Cn. Lentulus in quo omnes pro amplissimis uestris honoribus summum consilium, summam grauitatem esse cognostis ; est C. Cassius integritate, ueritate, constantia singulari60.
28Cicéron, on le voit, ne justifiait pas l’auctoritas de ces quatre hommes politiques par les mêmes qualités. Chez Servilius Vatia Isauricus, il s’agissait d’une compétence militaire qui s’était exercée dans un vaste espace (uir bellorum omnium maximarumque rerum peritissimus (…) tantae res gestae terra marique). Dans le cas de Scribonius Curio, elle reposait sur des qualités intellectuelles et de gouvernement (summo ingenio et prudentia praeditus) qui avaient été éprouvées dans les magistratures que le peuple romain lui avait confiées (summis uestris beneficiis maximisque rebus gestis). Les qualités de Cn. Lentulus étaient du même ordre (pro amplissimis uestris honoribus summum consilium), à ceci près que Cicéron insistait sur sa grauitas (summam grauitatem esse). Celles de Cassius relevaient davantage de ses vertus personnelles (integritate, ueritate, constantia singulari) que des actes qu’il avait accomplis.
29Or à examiner la position de ces personnages de plus près, on constate que Cicéron ne les citait pas dans n’importe quel ordre ni n’employait ces qualificatifs au hasard. Ils correspondaient exactement à la situation qu’ils occupaient au moment où Cicéron prononçait ce discours. Servilius Vatia était alors le plus âgé. Il avait été consul en 79, avait combattu en Asie mineure et avait triomphé en 74. Scribonius Curio avait été consul en 76, avait mené dans les Balkans des campagnes sans doute de moindre relief, mais avait triomphé lui aussi en 72. Cornelius Lentulus avait été consul en 72 et censeur en 70, alors que Cassius Longinus n’avait été que consul, en 73. C’était donc probablement en respectant les préséances qui s’appliquaient au Sénat que Cicéron citait ces anciens magistrats, dans l’ordre qu’aurait suivi un consul pour leur demander leur avis. Surtout, les qualités qui étaient la source de leur auctoritas correspondaient exactement aux fonctions qu’ils avaient exercées. Servilius Isauricus la devait à ses exploits militaires. Scribonius Curio aussi, mais l’accent était posé sur les magistratures qu’il avait exercées. La grauitas de Lentulus semble bien faire écho à sa position d’ancien censeur61. Enfin Cassius, qui n’avait pas accompli de grande action d’éclat, ne devait son auctoritas qu’à ses vertus personnelles.
30Cet exemple de reconnaissance personnelle diversifiée, hiérarchisée et adaptée à la position occupée par ces sénateurs témoigne bien du fait que l’auctoritas se construisait certes à partir d’un modèle commun, mais incarné de façon variée en fonction de la personnalité de chacun et des actes qu’il avait accomplis. L’auctoritas n’était pas une qualité vague. Elle naissait de l’accomplissement de quelque action menée en conformité avec les vertus attendues d’un aristocrate romain et de la reconnaissance de sa justesse et de son succès par l’ensemble des citoyens. Elle surgissait en quelque sorte de l’actualisation des valeurs qui définissaient le mos, de leur réalisation et de leur installation dans l’expérience politique et la mémoire des Romains. Et c’étaient eux qui le reconnaissaient par l’attribution des honneurs et des magistratures car, comme le disait Cicéron, dans ce même discours en faveur de la lex Manilia : nunc cum et auctoritatis in me tantum sit quantum uos honoribus mandandis esse voluistis62.
31La question qui se pose alors est celle de la façon dont elle pouvait intervenir dans la vie politique. C’était bien évidemment dans les débats au Sénat, devant le peuple réuni dans les contiones ou devant les tribunaux, là où la parole pouvait trouver libre cours et que les enjeux étaient élevés, que l’influence d’un sénateur et l’ascendant qu’il pouvait exercer sur autrui jouaient un rôle important. C’est-à-dire en fait dans toutes les situations rencontrées par les hommes politiques. Comme il n’est pas possible d’examiner tous les cas dans le cadre de cette communication, je relèverai quelques exemples de situations caractéristiques du poids de l’auctoritas, de son mode de fonctionnement et des limites qu’elle pouvait rencontrer.
32Une première remarque consiste à souligner qu’elle excédait largement le cadre de l’exercice d’une magistrature. On se souvient de la formule d’Auguste dans les Res gestae : Post id tempus auctoritate omnibus praestiti, potestatis autem nihilo amplius habui quam ceteri qui mihi quoque in magistratu conlegae fuerunt63. L’auctoritas d’Auguste s’étendait au-delà du pouvoir des magistratures qu’il avait gérées et lui donnait une capacité d’agir dans l’intérêt public supérieure à celle de ses collègues. Cicéron d’autre part ne disait pas autre chose à Brutus quand après l’assassinat de César, il l’invitait à revenir à Rome pour restaurer la République : tua nobis auctoritate opus est ad collocandum aliquem ciuitatis statum ; siue etiam nunc certamen reliquuum est, maxima spes est cum in auctoritate tua tum in exercitibus tui uiribus 64.
33La relation entre l’auctoritas et le pouvoir d’une magistrature tenait ainsi de l’association et de l’accompagnement et non pas seulement d’une relation de causalité. On en trouve un premier exemple dans une apostrophe de Cicéron à Vatinius, le tribun de la plèbe de 59, où l’orateur insistait sur le fait que les tribuns en quête d’appuis pour le vote d’une loi faisaient appel à l’influence d’autres hommes politiques importants : in contionem produxeris, indicem in rostris, in illo inquam, augurato templo ac loco conlocaris, quo auctoritatis exquirendae causa ceteri tribuni plebis principes ciuitatis producere consuerunt65. Les différentes personnalités conjuguaient dans ce cas leur auctoritas pour forcer la conviction. Mais elle pouvait tenir aussi de la mise en scène avec détermination d’une position acquise, comme dans cette séance au Sénat de l’année 57 où Servilius Vatia Isauricus imposa sa volonté au consul Caecilius Metellus par les arguments et l’action oratoire de la grauitas, cette qualité qui définissait profondément la légitimité de l’aristocratie la plus ancienne :
ut etiam Q. Metellus consul (…) de mea salute rettulerit ; qui excitatus cum summa auctoritate P. Servili tum illius incredibili quadam grauitate dicendi, cum ille omnis prope ab inferis evocasset Metellos et ad illius generis, quod sibi cum eo commune esset, dignitatem propinqui sui mentem a Clodianis latrociniis reflexisset, cumque eum ad domestici exempli memoriam et ad Numidici illius Metelli casum uel gloriosum uel grauem conuertisset, conlacrumavit uir egregius ac uere Metellus totumque se P. Servilo dicenti etiam tum tradidit (…)66.
34L’argumentation de Servilius Vatia consistait en effet à évoquer les figures des Metelli dont les exemples familiaux s’imposaient à leur descendant, à le ramener ainsi à la politique que l’on attendait d’un représentant de la nobilitas et donc à retrouver non sans émotion les fondements de sa légitimité et de son auctoritas.
35L’expression et l’efficacité de l’auctoritas passaient ainsi par des conduites qui traduisaient la supériorité et le pouvoir dans la gestuelle et les paroles. Elle pouvait et devait être modulée selon les circonstances et trouver son expression dans un comportement adapté. L’attitude qu’adopta Pompée au cours d’une contio quand il fut soumis aux interpellations agressives des bandes de Clodius en est un bel exemple : qui ut perorauit (nam in eo sane fortis fuit, non est deterritus, dixit omnia atque interdum etiam silentio cum auctoritate peregerat)67. L’auctoritas ici naissait d’une action oratoire qui imposait le silence et contraignait à l’écoute68. Ce qui dans la violence de l’interaction revenait, de la part de ceux qui l’interrompaient, à en reconnaître la force et la réalité.
36Le meilleur exemple cependant du fonctionnement de l’auctoritas dans la vie civique romaine est en fait un contre-exemple. Il s’agit de la description par Cicéron d’une intervention de Gabinius qui lorsqu’il était consul en 58, prit la parole dans une contio pour soutenir la volonté de Clodius d’imposer l’exil de Cicéron :
Cum uero in circo Flaminio non a tribuno plebis consul in contionem, sed a latrone archipirata productus esset, primum processit qua auctoritate uir ! uini, somni, stupri plenus, madenti coma, composito capillo, grauibus oculis, fluentibus buccis, pressa voce et temulenta, quod in civis indemnatos esset animaduersum, id sibi grauis auctor uehementissime displicere. Ubi nobis haec auctoritas tam diu tanta latuit ? Cur in lustris et helluationibus huius clamistrati saltatoris tam eximia uirtus tam diu cessauit 69?
37Ce ne sont pas les adjectifs injurieux qui doivent nous retenir ici, mais bien plutôt la description d’une scène que les auditeurs de Cicéron pouvaient avoir vécue et qu’en conséquence l’orateur n’était pas susceptible d’inventer. Le tribun de la plèbe Clodius donnait la parole au consul Gabinius dans une assemblée qu’il avait convoquée au circus Flaminius, un des lieux habituels de réunion de la plèbe. La procédure était banale. Chacun ici adoptait un comportement attendu : le tribun développait ses accusations et suscitait l’indignation du peuple. Le consul en revanche se donnait une allure grave et sententieuse porteuse d’auctoritas. Il ne prononçait pas, semble-t-il, un véritable discours, mais plutôt une sententia où il affirmait sibi uehementissime displicere, quod in ciuis indemnatos esset animaduersum, mettant dans ces quelques mots tout le poids de sa fonction et de sa personne (grauis auctor). Or c’était sur ce point que la description de Cicéron trouvait toute son efficacité. L’image qu’il donnait de Gabinius ne s’arrêtait pas sur la magistrature, mais sur les traits physiques et moraux du personnage qui le désignaient comme un individu efféminé, veule et faible. Elle entrait alors en contradiction avec celle que le peuple romain était en droit d’attendre d’un consul et ruinait la prétention de Gabinius à l’auctoritas, tant il est vrai que cette dernière se construisait dans une dialectique du comportement conforme aux valeurs du mos et de la reconnaissance par le peuple de cette conformité.
38Comme le disait Cicéron dans ce passage des Topiques que j’ai cité plus haut, l’auctoritas d’un homme politique pouvait tenir aux circonstances et à la nature. Dans le premier cas, elle reposait sur des atouts de richesse, de pouvoir ou d’influence sociale et familiale qui pouvaient s’amoindrir ou même disparaître et entraîner l’auctoritas dans leur déclin. Dans le second, elle tenait à la manifestation de ces vertus qui structuraient l’éthique aristocratique et qui, par conformité au modèle, garantissaient un comportement juste. Bien évidemment ces deux sources de l’auctoritas pouvaient converger et se renforcer l’une l’autre. Mais c’était dans l’action qu’elles se donnaient à percevoir et se réalisaient. Étant entendu que le seul moyen possible de l’apprécier était de l’éprouver dans les oppositions et les conflits et de faire du peuple romain tout à la fois le destinataire et le juge de son influence.
Notes de bas de page
1 Cf. Man. 45- 46 ; Agr. 2.23 ; Flac. 14 ; Dom. 16 ; 30 ; Har. 45 ; Sest. 67 ; 139 ; Pis. 28 ; Rab. Post. 19 ; 33 ; Balb. 2 ; Att. 1.16.12 ; 1.20.2 ; 7.8.4 ; 8.1.4 ; 8.11b.1 ; Fam. 1.9.11 ; 1.7.4 ; 3.10.10 ; 16.11.3 ; Q. fr. 2.3.2.
2 Cf. Mur. 58 ; 66-67 ; Sest. 60 ; 62 ; Mil. 58 ; Att. 7.15.2 ; Fam. 15.4.1.
3 Cf. Phil. 10.6 ; 11.27 ; Fam. 11.22.1 ; ad Brut. 1.9.2 ; 1.14.2 ; 1.15.12.
4 Cf. Phil. 5.41 ; 13.7-8 ; 13.15.
5 Cf. Mur. 33 ; Arch. 8.
6 Cf. Man. 51 ; Sull. 4.
7 Cf. Verr. 1.44 ; Verr. 2.3.210 (cf. 209, le père) ; Man. 51 ; 59 ; Phil. 2.12.
8 Cf. Att. 12.37.3 ; 13.19.2 ; 14.14-15.6 ; 15.14.3 ; 16.5.2 ; 16.6.2 ; Nicolet 1974, 990, n°283.
9 Cf. Fam. 9.25.3 ; Nicolet 1974, 972, n°261.
10 Cf. Caec. 77-78 ; Nicolet 1974, 783, n°30.
11 Cf. Caec. 102 ; Nicolet 1974, 813, n°64.
12 Cf. S. Rosc. 16 ; Nicolet 1974, 1004, n°301.
13 Cf. Verr. 2.2.106 ; 113.
14 Cf. Verr. 2.4.18-19.
15 Cf. Verr. 2.4.138.
16 Cf. Verr. 2.5.108.
17 Cf. Flac. 17.
18 Verr. 2.5.152 : “Ce Verrès qui autrefois trahit son consul, s’empara de la questure et l’apporta à l’adversaire, détourna l’argent public, s’est acquis dans la cité assez d’autorité pour pouvoir imposer une mort douloureuse et cruelle à des hommes auxquels le Sénat, le peuple romain et tous les magistrats reconnaissaient le droit de fréquenter le forum, de voter, de vivre dans cette ville, de participer à cette cité, si une mauvaise fortune les avait conduits en quelque partie de la Sicile”.
19 Top. 73 : “Il faut de l’autorité pour convaincre ; or ce sont la nature ou les circonstances qui apportent de l’autorité. L’autorité naturelle se trouve surtout dans la vertu ; mais dans les circonstances aussi, bien des qualités donnent de l’autorité : le talent, la richesse, l’âge, la chance, la beauté, la compétence, l’expérience, la nécessité et le concours parfois de coïncidences”. Cf. Hellegouarc’h [1963] 1972, 298-299.
20 Sest. 139 : “Au contraire ceux qui ont repoussé les assauts et les efforts de ces gens là, ceux qui par leur autorité, leur crédit, leur fermeté, leur noblesse de caractère ont résisté aux entreprises de ces audacieux, ce sont ceux là qui ont toujours été considérés comme des hommes de poids, ceux du premier rang, les chefs, les garants de la dignité et du pouvoir de notre cité”.
21 Hellegouarc’h [1963] 1972, 284-287
22 Hellegouarc’h [1963] 1972, 290-294.
23 Cf. e.g. Caec. 52 ; Clu. 107 ; Mur. 33 ; Sull. 4 ; 34 ; Dom. 16-17 ; 132 ; Sest. 87 ; Prov. 45 ; Phil. 4, 16 ; Att. 5, 20, 6 ; 8, 11b, 1 ; Fam. 3.9.4 ; 3.10.10 ; 4.3.2 ; 4.7.2 ; 6.1.5-6 ; 9.25.3 ; 10.4.3 ; 12.10.2 ; 13.29.7 ; Ad Brut. 1.10.4 ; 1.14.2.
24 Cf. e.g. Verr. 2.2.76 ; Flac. 15 ; Dom. 147 ; Sest. 70 ; Cael. 68 ; Phil. 12.29 ; Fam. 1.7.4 ; 1.9.11 ; 12.2.3.
25 Cf. e. g.Clu. 139.
26 Cf. e.g. Red. Sen. 25 ; Phil. 12.29.
27 Cf. e.g. Font. 24.
28 Cf. e.g. Fam. 13.29.7.
29 Cf. e.g. Verr. 2.2.106 ; Flac. 14 ; Planc. 32 ;102 ; Att. 1.16.12 ; 4.1.3 ; Fam. 4.13.2 ; 6.10.2 ; 6.12.2 ; 13.42.2 ; 15.4.6 ; Q. fr. 1.1.35 ; 1.3.6 ; Ad Brut. 1.8.1.
30 Cf. e.g. S. Rosc. 16 ; Att. 7.15.2 ; Fam. 5.8.2.
31 Cf. e.g., Flac. 14 ; Dom. 30 ; Planc. 102.
32 Cf. e.g. Fam. 3.10.10.
33 Cf. e.g. Phil. 5.41.
34 Cf. e.g, Sull. 4 ; Dom. 132.
35 Cf. e.g. Verr. 2.4.138 ; Dom. 132.
36 Cf. e.g. Phil. 11.27.
37 Cf. e.g. Red. Pop. 15.
38 Cf. e.g. Q. fr. 1.3.6.
39 Cf. e.g. ibid.
40 Cf. e.g. ibid.
41 Cf. e.g. Phil. 10.9 ; 11.20 ; Fam. 13.4.2 ; 13.42.2.
42 Cf. e.g. Phil. 9.13 ; Fam. 13.42.2.
43 Cf. e.g. Man. 45 ; Phil. 5.41 ; 13.7.
44 Cf. e.g. Verr. 2.2.164.
45 Cf. e.g. Q. Rosc. 7 ; Man. 69 ; Agr. 2.23 ; Arch. 8 ; Dom. 16.
46 Cf. e.g. Man. 69.
47 Cf. e.g. Phil. 9.8.
48 Cf. e.g. Div. Caec. 64 ; Verr. 2.2.107 ; Dom. 29 ; Phil. 13.7.
49 Hellegouarc’h [1963] 1972, 304-305.
50 Mur. 66-67 : “De cette vertu éminente (de Caton le censeur) que tu as décrite avec vérité et sérieux, tu nous as dit qu’elle était un exemple familial à imiter. (…) Aussi, pour revenir à ce que j’ai établi, ôte le nom de Caton de cette affaire, abandonne l’argument de force, laisse de côté l’autorité qui n’a pas sa place dans les procès ou ne doit en avoir que pour sauver (un citoyen menacé) et revenons en tous les deux aux chefs d’accusation”.
51 David 1992, 530-531.
52 Man. 43 ; 45 : “Et s’il est vrai que l’autorité joue un grand rôle dans la conduite des guerres et l’exercice du commandement, (…). Considérable est la place qu’occupe aussi pour la conduite des guerres, ce que les ennemis, les alliés pensent de nos chefs. Qui l’ignore ? Nous savons en effet qu’à l’égard de ces hommes qui ont de telles charges, ils ne les craignent ou ne les condamnent, ne les haïssent ou ne les aiment pas moins sur l’opinion et la réputation qu’ils en ont, que pour quelque raison fondée ? Qui donc a jamais porté un nom plus célèbre sur la terre ? Qui égala ses exploits ? Sur quel homme avez-vous porté autant de jugements et aussi éclatants, et c’est cela surtout qui fait l’autorité. (…) Et qui doutera de ce que pourra accomplir par sa valeur, celui qui a tant fait par son autorité ?”.
53 Sur la conformité au mos, cf. dans ce volume les remarques de Bur, supra, 67-71.
54 Balb. 49 : “(…) et pourtant C. Marius eut tant d’autorité que sans faire appel à L. Crassus son parent (…), il défendit et gagna sa cause, par son poids, en ne prononçant que quelques mots. (…) Si le visage de C. Marius, sa voix, l’éclat impérieux de ses yeux, ses triomphes récents, si sa présence visible produisit de l’effet, qu’en produise aussi son autorité, qu’en produisent ses exploits, qu’en produise sa mémoire, qu’en produise le renom éternel de cet homme si courageux et si célèbre. Qu’il y ait cette différence entre les citoyens influents et ceux qui se distinguent par leur courage que les premiers jouissent de leurs biens pendant leur vie quand survivra même après leur mort l’autorité immortelle des seconds, si tant est qu’un défenseur de cet empire puisse mourir”.
55 Phil. 13.7 : “Personne n’a pour moi, sénateurs, plus d’autorité que M. Lepidus que ce soit à cause de sa vertu personnelle ou de la dignité de sa famille. A ceci s’ajoutent de sa part de grands et nombreux bienfaits privés à mon égard et, quelques services de la mienne au sien”.
56 Plin., Nat., 7.139-140 : “Q. Metellus dans le discours qu’il tint pour faire le dernier éloge de son père L. Metellus qui fut pontife, deux fois consul, maître de cavalerie, quindecimvir chargé de la distribution des terres, qui fut le premier au cours de la première guerre punique à faire défiler des éléphants dans son triomphe, qu’il a laissé par écrit, dit qu’il avait passé sa vie à rechercher les dix biens les plus grands et les plus précieux auxquels les sages consacraient la leur. Il voulut en effet être un guerrier de premier rang, un excellent orateur, un chef très énergique, accomplir les plus hautes actions sous ses propres auspices, jouir des plus grands honneurs, faire preuve de la plus grande sagesse, être considéré comme un sénateur des plus importants, gagner beaucoup d’argent de façon honorable, laisser beaucoup d’enfants et être le plus brillant dans la cité, qu’il y était parvenu et que depuis la fondation de Rome, personne d’autre ne l’avait fait” (Q. Caecilius Metellus fut consul en 206. L. Caecilius Metellus, son père, le fut en 251 et 247).
57 Sur cette notion de spécialisation relative, cf. David 2011.
58 S. Rosc. 1-2 : “J’imagine votre étonnement, juges : comment se fait-il qu’en présence de tant d’orateurs du plus grand talent, des hommes de la plus grande noblesse et qui restent assis, ce soit moi plutôt qu’eux qui me soit levé. Moi qui n’ai ni l’âge, ni le talent, ni l’autorité pour me pouvoir comparer avec ceux qui siègent ici. (…) C’est la conviction que si l’un de ceux qui, vous le voyez, le soutiennent, hommes d’une autorité et d’un prestige très éminent, prenait la parole et s’il parlait de l’État ce qui dans ce procès, est inévitable, on considérerait qu’il dit beaucoup plus de choses qu’il n’en dirait” (Trad. Hinard).
59 Sur la situation de Cicéron dans cette affaire, cf. David 1992, 200 ; 233-234.
60 Man. 68 : “Si des garanties vous paraissent nécessaires, citoyens, pour soutenir la cause que je défends, vous avez celle de l’homme le plus expérimenté dans les questions les plus importantes que posent toutes les guerres, P. Servilius, dont les nombreux exploits sur terre et sur mer se sont signalés de telle sorte que lorsque vous délibérez sur la guerre, vous ne pouvez trouver aucune autorité ayant plus de poids que lui. Vous avez celle de C. Curio, qui se distingue par les plus grands honneurx que vous lui avez accordés et qui a accompli les plus grands exploits, un homme pourvu du plus grand talent et de la plus grande sagacité. Vous avez Cn. Lentulus dont vous connaissez tous par les très grandes fonctions que vous lui avez confiées, l’extrême sagesse et l’extrême pondération. Vous avez C. Cassius dont l’intégrité, la sincérité et la fermeté sont exceptionnelles”.
61 Hellegouarc’h [1963] 1972, 281. Sur la relation entre auctoritas et grauitas, cf. Hellegouarc’h [1963] 1972, 299-301.
62 Man. 2 : “moi qui n’ai à ce jour autant d’autorité que celle que vous avez voulu me donner par les honneurs que vous m’avez confiés”.
63 RGDA 34 : “Depuis ce temps, je l’emportais sur tous en autorité, mais je n’avais pas plus de pouvoir que tous ceux qui ont été mes collègues dans toutes les magistratures” (trad. Scheid) Cf. Heinze 1925, 355-357 ; Nippel 2007, 22 et dans ce volume, Hurlet infra.
64 Ad Brut. 1.15.12 : “(soit nous avons la victoire) et nous avons besoin de ton autorité pour établir un régime politique quel qu’il soit. Soit il faut encore combattre et notre plus grand espoir réside dans ton autorité comme dans la force que représente ton armée”. La formule est liée aux circonstances de la guerre civile, mais correspond à une situation où c’est l’auctoritas qui permet d’agir.
65 Vat. 24 : “Tu as produit devant l’assemblée du peuple ce mouchard, sur les rostres, tu l’as installé dans cet espace et ce lieu auguré, là où c’était pour obtenir des avis autorisés que les autres tribuns de la plèbe ont pris l’habitude de produire les premiers citoyens de la cité”.
66 Sest. 130 : “(…) que le consul Q. Metellus (…) qui faisait un rapport sur mon destin comme citoyen, interpellé par l’autorité de P. Servilius, tant par l’incroyable puissance de son discours que parce que celui-ci faisait pratiquement sortir des enfers tous les Metelli, rapprochait dans l’esprit de son parent la dignité de cette famille qui leur était commune avec les brigandages des Clodiani et lui rappelait le souvenir d’un exemple familial, celui glorieux et puissant de Metellus le Numidique, cet homme distingué fondit en larmes et comme un vrai Metellus se rangea complètement à l’avis de P. Servilius qui discourait (…)”.
67 Q. fr. 2.3.2 : “Quand il acheva (car dans ce discours, il fut vraiment courageux, il ne se laissa pas effrayer, il dit tout ce qu’il voulait dire et de temps en temps il poursuivait avec autorité son discours dans le silence)”.
68 Cf. Nippel 2007, 23.
69 Red. Sen. 13 : “Lorsqu’au cirque Flaminius, il fut produit dans l’assemblée du peuple, non pas comme un consul par un tribun de la plèbe, mais comme un chef de pirates par un voleur, l’homme s’avança mais avec quelle autorité ! engourdi de sommeil, de vin et de stupre, la chevelure humide, le cheveu bien arrangé, les yeux lourds, les joues flasques, la voix étouffée et bredouillante, il déclara avec tout le poids de son autorité qu’il lui déplaisait fort que l’on eut exécuté des citoyens sans jugement. Où donc une telle autorité nous resta-t-elle cachée si longtemps ? Pourquoi le courage si remarquable de ce danseur tout frisé au fer resta-t-il caché si longtemps dans les orgies et les ripailles ?”.
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