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À l’origine de l’autonomie communale : les attributs matériels du gouvernement des villes de Provence occidentale (xiie-xiiie siècle)

At the origins of communal autonomy: the material attributes of town government in western Provence, xiith-xiiith centuries

p. 201-213

Résumés

Dans cette intervention, il sera question de réfléchir sur les premières manifestations matérielles élaborées par les pouvoirs communaux à travers quelques exemples de villes de Provence occidentale. En observant les choix symboliques et les transformations des outils et des biens utilisés pour s’affirmer en tant qu’institutions indépendantes, nous mettrons en valeur l’évolution des gouvernements communaux vers une autonomie de plus en plus aboutie, de la période consulaire jusqu’à l’affirmation des podestats. Nous nous interrogerons, tout particulièrement, sur l’appropriation de la part des gouvernements urbains des attributs propres du pouvoir de matrice publique : sceaux, bulles et livres, fortifications et constructions monumentales, maisons et palais communaux.

In this paper we will be considering the first material manifestations drawn up by the powers in a commune by examining a few examples of towns in western Provence. By studying the symbolic choices and the changes made in the instruments and the goods used to affirm themselves as independent institutions, we shall be highlighting the evolution of communal governments towards an increasingly assured autonomy, from the consular period up until the affirmation of the podestats, or chief magistrates. In particular we shall be questioning the appropriation by urban governments of the attributes proper to the power of the public matrice: seals, bulls and books, fortifications and monumental constructions, communal houses and palaces.


Texte intégral

1L’étude des traces matérielles ou monumentales laissées par les premières expériences communales dans les cités de Provence occidentale se heurte à la quasi disparition des outils de représentation et de communication que les institutions ont élaborés tout au long de leur action gouvernementale. Cette situation est attribuable, avant tout, à l’histoire particulière et complexe que les communes de cette aire géographique ont vécu dans les années 1229-1231 et jusqu’en 1251-1265 selon les régions. La soumission forcée aux princes capétiens et la longue tradition étatique ou pontificale qui a progressivement réutilisé, transformé ou effacé les aboutissements spécifiques de chaque communauté, ont laissé aujourd’hui un panorama assez pauvre de leur émergence et des objets qui restent ailleurs, pendant longtemps, les symboles de la communauté tout entière. De plus, les gouvernements municipaux des xive-xve siècles modifient ou oblitèrent les bases idéologiques qui avaient porté les citoyens à aspirer à l’autonomie : le conseil de ville devient, à partir de ce moment, l’organe central dans le processus de participation politique1.

2Les communes provençales, dans leur parcours d’affirmation en tant qu’institutions indépendantes, ont cependant contribué largement à modifier l’espace urbain et ont fait appel à un grand nombre d’attributs matériels capables de représenter, avec leur matérialité visible, la communauté des citoyens de créer des instruments de gouvernement en opposition ou en continuité avec les pouvoirs concurrents. Ces instruments deviennent de véritables outils du pouvoir, que les communes revendiquent et qui leur servent à unifier l’ensemble de la communauté, culturellement et politiquement2. En particulier, durant les violents conflits des années 1230-1250, les communes affrontent les institutions ecclésiastiques pour l’obtention d’un pouvoir absolu dans les cités et leurs territoires. Ces conflits ont donné lieu à une conception du pouvoir très précise, élaborée au sein de communautés citadines. La diffusion massive du droit savant encourage les institutions urbaines à se créer des espaces juridiques autonomes et incontestables et à prendre leurs distances avec les pouvoirs traditionnels. L’appropriation de la part des gouvernements urbains des attributs propres d’un pouvoir d’origine publique, jusque-là représenté par les évêques, les comtes ou les empereurs, passe par des choix précis et par des objets matériels3.

3Sans vouloir prétendre à l’exhaustivité, il sera question ici de réfléchir sur les premières manifestations matérielles élaborées par les pouvoirs communaux à travers quelques exemples de villes de Provence occidentale. En observant les choix symboliques et les transformations des outils et des biens publics utilisés pour s’affirmer en tant qu’institutions indépendantes – et en particulier les attributs propres des prérogatives publiques, comme sceaux, bulles, livres, fortifications et constructions monumentales (maisons et palais communaux) – il est possible de proposer une lecture du pouvoir municipal qui, en prenant en compte ses manifestations matérielles ou spatiales, suit l’évolution des gouvernements communaux vers une autonomie de plus en plus aboutie, de la période consulaire jusqu’à l’affirmation des podestats.

Signes de validation et d’appartenance

4La reconnaissance juridique des communes passe par la production, la validation et la conservation des actes écrits. Les instruments de validation des documents écrits par les institutions communales (mais aussi tous les documents privés nécessitant une authentification, acceptée et reconnue par le système juridique en vigueur) sont probablement les premiers objets matériels utilisés pour exprimer un pouvoir d’origine publique. Cette fonction des sceaux et des bulles a été largement étudiée et a donné lieu à des synthèses générales qui permettent de mettre en valeur aussi bien les étapes de l’utilisation des sceaux en tant que moyen de validation des actes écrits4, que les choix iconographiques des communautés se dotant désormais d’un emblème propre5. Pour les cités de Provence occidentale, un grand nombre de travaux ont souligné, depuis longtemps, l’importance de cet attribut d’un point de vue diplomatique.

5Robert-Henri Bautier a montré, à plusieurs reprises, le rôle central de la bulle en tant que moyen habituel de sigillation des juridictions méridionales6. Depuis ces recherches fondamentales, on s’est aperçu combien l’enjeu de la possession d’un moyen de validation des documents dans les villes des pays de droit écrit s’inscrit dans un registre strictement technique : le document ne reçoit pas le pouvoir d’instrumentation de la norme par le biais de l’autorité notariale (auctoritas) avant la fin du xiiie s., sinon par des éléments extrinsèques, dont les sceaux ou les bulles. De plus, l’étude des rapports qui se tissent entre magistrats communaux et notaires signale que la présence physique des consuls au moment de la rédaction des actes reste un élément de validation des documents tout aussi fondamental. La connexion entre le rédacteur des documents et l’autorité par laquelle il opère est formalisée, fixée, grâce à la pratique de la iussio qui éclaire le rapport subalterne entre les magistrats de la commune et les notaires employés par elle7.

6Mais nous savons aussi que la pratique de la validation par le biais d’un sceau ou d’une bulle – et donc l’utilisation d’un tel attribut – dévoile le fondement même du pouvoir qui l’utilise : un pouvoir qui se traduit concrètement dans une pratique du gouvernement spécifique, car l’usage de la bulle ou du sceau et les choix iconographiques de celui-ci nous informent sur les prétentions à l’autonomie manifestées par les magistrats urbains ou par les communautés8. Sans revenir sur ces considérations qui sont à la base de l’étude des documents écrits méridionaux, il n’est pas inutile, me semble-t-il, de rappeler les spécificités politiques des territoires provençaux situés aux marges de l’Empire durant le moment de pleine croissance des communes.

7Les bulles des grandes villes consulaires, Avignon, Arles ou Marseille, participent, depuis la fin du xiie s., de l’ostentation d’un pouvoir romain “matriciel” qui trouve dans l’Empire son principal fondement idéologique9. L’utilisation même de la bulle en plomb est un choix évident de s’insérer dans la tradition bien connue des privilèges impériaux, relancée durant les dynasties des Hohenstaufen et des Souabes10. En milieu urbain, cette pratique se développe dans les pays d’Empire après la paix de Constance et est adoptée, quasi unanimement, par les communautés émancipées de ce même pouvoir. Dans les régions impériales, de l’Italie à la Provence rhodanienne, le choix de la bulle en plomb répond, en effet, aux volontés d’autonomie des communes face aux prétentions impériales depuis les premières luttes d’autonomie contre Frédéric Barberousse11. En même temps qu’un phénomène très clair d’imitation du pouvoir souverain romain – il suffit de remarquer le grand nombre de bulles d’or envoyées par Conrad III, Frédéric Barberousse ou encore Frédéric II dans les régions provençales aux marges de l’Empire, à Lyon, à Vienne, dans la Tarentaise, à Viviers, à Avignon, à Arles et dans les terres du Venaissin – l’adoption d’un sigillum public correspond à l’évolution des communautés vers la construction d’une institution dotée de personnalité politique et juridique et d’un haut degré d’indépendance. La cité devient une institution publique autonome et, pour cela, doit trouver des symboles qui marquent son originalité vis-à-vis des pouvoirs locaux traditionnels.

8Les bulles consulaires d’Avignon, conservées depuis 1186, mais annoncées dans les documents quelques années auparavant, sont extrêmement connues12. Elles représentent, depuis les premières attestations, quatre consuls, disposés sur deux files13. Les travaux les plus récents ont inséré ce choix dans un parcours d’unification de la communauté par la figuration de son instance représentative14. Je ne crois pas, toutefois, que cette représentation, qui est visible également dans un certain nombre de bulles du même espace, comme à L’Isle-sur-la-Sorgue ou, en dehors des territoires impériaux, à Nîmes, soit déjà une matérialisation du corps urbain obtenue avec la représentation de ses magistrats. Les consuls de la fin du xiie s. ne sont pas encore, dans les villes de Provence occidentale, le symbole de l’unité majoritaire de la communauté, mais l’expression d’un gouvernement assuré par les grandes familles aristocratiques ou bourgeoises de la cité. Par exemple, dans le consulat de l’Isle-sur-la-Sorgue, les consuls sont avant tout, mais pas uniquement, les représentants des familles aristocratiques détenteurs, en régime de coseigneurie, des biens ou des droits de la ville15. Les légendes choisies (“sigillum consulum” pour Avignon, “sigillum consulum et dominorum” pour L’Isle-sur-la-Sorgue, “sigillum consulum” pour Tarascon, “sigillum dominorum Menerbe” pour Menerbes16) ne semblent pas être, avant le début du xiiie s., l’expression du pouvoir et de l’identité de l’universitas tout entière, mais plutôt d’une manifestation hiérarchique interne du gouvernement urbain représenté par son élite. Cela est encore plus évident dans le cas d’Arles, où, jusqu’à la fin du xiie s., le consulat partage ses représentants entre les deux espaces urbains distincts, la Cité et le Vieux-Bourg, et tout en gardant les mêmes représentations symboliques (le lion et les remparts) chaque légende indique un collège consulaire différent17.

9Les consuls de la bulle avignonnaise sont parés avec une sorte de toge, un paludamentum, visiblement d’inspiration romaine, et représentés dans une pose classique, recherchant ainsi une référence claire à la romanité. La solennité des figures, en position frontale, de même que les manteaux d’apparat agrafés sur l’épaule sont peut-être moins un costume de fonction qu’une marque de cette référence à la culture romaine toujours présente dans les villes de l’ancien royaume d’Arles et de Vienne. Il suffit de penser aux modèles architecturaux locaux où les références romaines, sont très claires au début du xiie s., tels la façade de la cathédrale Notre-Dame-des-Doms d’Avignon, dont le chantier se termine durant l’époque consulaire, ou le cloître des chanoines, aujourd’hui disparu, qui exprimait, avant sa destruction, le goût antiquisant des ateliers d’Avignon en utilisant encore des chapiteaux corinthiens dans la pure tradition romaine18.

10Cette référence est un choix inédit, car si nous comparons les choix iconographiques des bulles des communautés, nous notons qu’il n’y a pas les habituelles superpositions de symboles communaux et épiscopaux, comme c’est le cas, par exemple, dans beaucoup de villes italiennes à la même époque19. L’historiographie a insisté, en effet, peut-être trop rapidement, sur l’influence des cités italiennes sur les usages propres des communes, notamment celles du sillon rhodanien. Les choix symboliques ne révèlent pas, au contraire, de point commun. Les principales villes marchandes en rapport avec la basse Provence, Pise et Gênes, fusionnent systématiquement, dans leurs bulles, éléments ecclésiastiques et laïques en soulignant les liens très étroits entre l’Église citadine et la nouvelle institution communale. À Arles ou à Avignon, les bulles utilisées par les magistrats urbains et les institutions ecclésiastiques ne partagent pas d’éléments communs, comme le saint patron ou l’église cathédrale. La seule référence qui unit à Avignon les deux institutions est l’Empire. L’Église avignonnaise utilise au début du xiiie s. deux sceaux : le sceau de cire (qui est propre à chaque évêque) et la bulle en plomb, employée à partir de 1209. La bulle représente, sur une face, le buste de trois quarts de l’empereur et sur l’autre l’évêque, de face et à mi-corps, coiffé de la mitre à deux cornes, en train de bénir et tenant dans la main gauche la crosse20. Les légendes indiquent clairement que le “sigillum romani imperatori” et le “sigillum episcopi Avinionensis” ne font qu’un. C’est un choix assez commun qu’on rencontre souvent dans les villes épiscopales situées aux marges de l’Empire (c’est le cas par exemple de la bulle de l’évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux qui utilise l’aigle impériale comme symbole) et qui concorde avec les concessions impériales commencées avec Conrad III et poursuivies à l’époque frédéricienne21.

11L’appui sur des références impériales ne doit pas être interprété comme une prise de position claire des communes en faveur des choix politiques des empereurs. Il fait plutôt émerger un sentiment d’appartenance à une aire culturelle qui se sent menacée, au tout début du xiiie s., par les actions violentes de la papauté et des rois de France dans le contexte de la croisade des Albigeois22. Ce rôle de l’Empire dans les luttes politiques de la vallée du Rhône est capital et il faut beaucoup mieux en évaluer l’importance, en renonçant à ne voir dans le royaume d’Arles et de Vienne qu’une relique ancienne, un simple nom, sans aucune consistance.

L’avènement du podestat et les nouveaux symboles collectifs

12Le gouvernement des podestats, à partir des années 1221, offre une contribution indispensable aux organismes communaux, fournissant les instruments nécessaires à l’élaboration de nouvelles formes d’expression politique, fondées sur une base idéologique plus robuste et sur une plus large participation de la communauté aux instances de gouvernement23. La transformation du gouvernement urbain avec l’avènement d’un magistrat unique est bien marquée dans les choix iconographiques des bulles des communes24. À Avignon, le “sigillum consulum” se transforme en “sigillum communis”. Il ne figure plus les consuls, mais la ville tout entière, fixée iconographiquement par ses symboles communs : les murailles et le pont sur le Rhône. De telles évolutions graphiques indiquent que désormais le sigillum ne représente plus l’instrument de la magistrature contrôlée par les élites urbaines, mais celui du nouveau système de gouvernement, qui entraîne un élargissement sensible de la représentativité politique25.

Fig. 1. AD Vaucluse, IG 590 (4 mars 1233) (cl. X. Vergereau).

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13Les nouveaux choix iconographiques représentent donc la cité, par le biais des remparts fortifiés ou de monuments emblématiques. Le thème de la ville fortifiée est extrêmement commun. Le “type monumental”, adopté par la plupart des gouvernements urbains, connaît aussi une large diffusion dans la région et associe les remparts (déjà à Arles depuis les premières bulles consulaires, à Vaison où un château maçonné à trois tours est choisi par la magistrature consulaire ou encore à Marseille) aux édifices symboliques (l’église citadine pour Tarascon)26.

14À Avignon cette représentation, loin d’être une figuration idéale, comme cela l’a toujours probablement été pour les bulles impériales, vise ici à graver l’attribut fondateur du pouvoir communal : les remparts fortifiés, la “clausura civitatis27. Pour situer ce choix, il est nécessaire de suivre l’évolution politique reflétée par la commune dans son parcours d’appropriation de l’espace urbain et de l’extra-muros. Préoccupée de la création d’espaces de pouvoir exclusifs, l’action des consuls est dirigée, dès les années 1130-1140, vers l’occupation de l’espace physique de la cité. Comme le décrète la charte du consulat octroyée par l’évêque Geoffroy entre 1152 et 1160, le pouvoir des consuls s’étend au départ “infra ambitum Avinionensis civitatis” et le serment prononcé annuellement par les nouveaux recteurs associe la notion de “communi utilitate” à la protection de la clausura28. En faisant ainsi, les chevaliers et les probi homines, qui exigent de l’évêque cette confirmation et qui sont à l’origine de la nouvelle institution, intègrent la cité – évoquée ici avec le symbole classique de l’enceinte, la clausura – et le consulat à l’intérieur d’une tradition publique d’organisation politique, à ambition territoriale29. La mention des groupes sociaux sur lesquels la nouvelle institution se fonde – les milites et les probi homines – et le rapprochement des concepts de cité et de commune avec les nouvelles prérogatives des consuls témoignent d’une conscience politique précise de la part des citoyens, capables de penser la cité en termes d’organisme politique différent et territorialement dissocié du pouvoir épiscopal.

15Les murs de la ville d’Avignon, tels qu’ils sont représentés dans la bulle de 1225, évoquent fidèlement leur état à la même date : ils sont constitués, au moins jusqu’aux années 1330, d’une double courtine de murs séparés d’un fossé30. Sur la bulle, figurent, en effet, deux registres de remparts au second plan. Les remparts d’Avignon ont été reconstruits sur un barrium antiquum et sont déjà attestés au milieu du xiie s. Cette fortification, qui est doublée d’une seconde courtine au début du siècle suivant, est au centre de l’attention des magistrats et représente pour Avignon un symbole important, aussi bien idéologique que militaire. Les travaux de construction des remparts impliquent de grands ouvrages d’aménagement de l’espace urbain, si bien que, dans les années 1215-1220, les consuls de la cité achètent et exproprient les bientenants d’un grand nombre de terres pour relever la double fortification entre les portes Aurose et Brianson31. À cette occasion, des magistrats délégués aux problèmes de défense, des “consules clausure”, dirigent les travaux et lèvent des ouvrages de retranchement supplémentaires sur le périmètre nord-est des murs. Les remparts deviennent ainsi au xiiie s. le symbole même de la ville, l’emblème du système politique du podestat, en place à partir de l’année 1225.

16Sur la bulle avignonnaise, on retrouve un autre élément qui est fondamental et qui renvoie, de nouveau, à la manifestation d’un pouvoir de dimension publique : le pont sur le Rhône et le fleuve lui-même. Avec la construction d’un pont sur le Rhône, qui commence parallèlement aux tentatives d’expansion des consuls dans le territoire environnant, à la fin du xiie s., et à l’appropriation des droits sur les eaux, la commune avignonnaise aspire à contrôler les eaux courantes et navigables, dans le but évident de détenir les regalia et de s’imposer comme pouvoir souverain. L’une des premières versions des Libri feudorum, où est reprise la constitution de Roncaglia, fait justement du contrôle des eaux courantes l’un des droits régaliens fondamentaux. Le choix des consuls de L’Isle-sur-la-Sorgue de représenter un poisson au revers de la bulle des consuls renvoie probablement aux mêmes droits sur les eaux, sur les péages, mais aussi sur les droits de pêche, qui restent essentiels aux xiie et xiiie s. dans la structuration des pouvoirs territoriaux.

Fig. 2. AD Vaucluse, 9H 3, n. 323 (1227) (cl. S. Balossino).

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Édifices du pouvoir

17La volonté des communes d’aspirer à la souveraineté passe par l’appropriation de toute une gamme de symboles matériels, mais aussi par celle de l’espace urbain et l’aménagement des lieux de réunion du groupe dirigeant et des conseils. Jusqu’au début du xiiie s., les consuls se réunissent habituellement dans des locaux loués aux évêques, aux membres de l’élite dirigeante ou à des particuliers32. La structure assez simple du gouvernement consulaire des origines ne demande pas une articulation complexe des édifices et des lieux du pouvoir. Les églises citadines ou les places proches de la cathédrale restent les lieux de réunion prioritaires, signe de la continuité avec le pouvoir qui gouvernait la ville précédemment33. Jusqu’aux années 1215, les actes importants des consuls d’Arles et d’Avignon sont signés, en effet, dans les maisons des membres du cercle dirigeant et les réunions des conseils ont lieu, en suivant la tradition, devant les églises ou à l’intérieur des principaux lieux de culte urbains. L’église citadine reste encore, à cette époque, le lieu identitaire de la communauté. À Tarascon, les réunions du conseil général (concio) ont toujours lieu dans l’église Sainte-Marthe ou dans le cloître du même édifice34. Les concessions de Raimon Bérenger V à la communauté tarasconnaise sont toujours conclues dans l’église citadine et jamais dans le palais comtal. Cela concorde avec les choix iconographiques du consulat dans les bulles qui représentent à l’avers sainte Marthe et, au revers, le symbole de la Tarasque35.

18Mais la reconfiguration politique mise en place avec l’arrivée du podestat implique une nouvelle organisation de l’espace et un besoin de séparation entre les nouveaux offices des communes et les lieux de gouvernement traditionnels36. À Arles, à partir de l’année 1227, des documents sont signés “in palacio communi Arelatensis37. Ce nouveau palais est bâti dans le quartier central de l’ancien forum, proche de la cathédrale, dans un quartier qui connaît à la fin du xiie et au début du xiiie s. un remaniement important, avec la reconstruction de la cathédrale de Saint-Trophime et la construction de l’église paroissiale Notre-Dame-la-Principale. La mention du palais de la commune – “palacium communis” ou “stare communis” – a lieu pour la signature de contrats dans lesquels la commune a un intérêt direct ou pour lesquels elle peut être un intermédiaire indépendant38. Mais le palais communal est le lieu de rédaction privilégié des actes où les nouvelles institutions (juges, clavaires, syndics) certifient les contrats par leur présence39. Les moments les plus solennels de la vie communale continuent, cependant, à avoir lieu dans les emplacements traditionnels. C’est le palais épiscopal qui reste le lieu privilégié de réunion du “parlamentum” de la cité : le serment du podestat Albert de Lavagna a lieu, en 1247, “in palacio domini arciepiscopi ubi est consuetum parlamentum congregari40. En effet, après l’édification du palais communal, le palais épiscopal est resté le “loco ubi tenetur parlamentum41. Il s’agit là d’une utilisation habituelle, stimulée par le besoin d’espace pour les réunions des conseils – le conseil général à Arles compte environ 150 membres – et les assemblées générales des citoyens. Les conseils restreints se font au contraire dans la “domus consilii” qui doit être accolée au palais communal. Après 1251 et à la suite de la récupération des biens et des édifices communaux par Charles d’Anjou, le palais communal devient le “palatium Curie”, le siège du tribunal du comte42. Nous n’avons pas d’informations à propos du mobilier ou des objets entreposés dans le palais de la commune, mais on suppose que les archives de l’institution devaient y être conservées. La commune d’Arles se dote en effet, dans les mêmes années, de “unum librum de pergameno”, dans lequel tout document qui concerne la vie de la commune doit être transcrit. Ce livre est gardé “cum cathena in archa communis43 et se trouve sous la “custodia” du trésorier44. Malheureusement, aucune autre mention n’est faite dans la documentation statutaire ou dans les sources administratives contemporaines  de cette “archa communis” qui renferme habituellement les documents fondateurs de la commune et les matrices des bulles utilisées par l’institution45.

19À Avignon une “domus consulum” est mentionnée pour la première fois en 121646. Sa structure est précisée quelques années après, lorsqu’on mentionne un “scalarium” et un “bescalmum”, un portique utilisé souvent comme lieu de rédaction des documents par les notaires de la commune47. En 1244, en effet, un accord est signé entre des hospitaliers et deux frères Serziers, propriétaires de quelques îles dans le Rhône près des pâturages de la commune “in solario palacii comunis et in scalario communis” : ce qui indique l’existence d’un palais à étage, dont l’entrée se fait par le biais d’un escalier principal48. Ce “scalarium” devient, dans les années 1240, le lieu privilégié de la signature des documents les plus importants de la commune : les statuts de la confrérie des fustiers sont approuvés par le podestat, les syndics, le clavaire et les juges “in scalarium palacii communis49. En suivant les changements institutionnels du début du xiiie s. qui aboutissent à la mise en place du système podestarile, le palais des consuls est défini comme communal à partir des années 1229. À cette date, les magistrats municipaux concèdent à un groupe de citoyens des terres pour la réalisation et l’exploitation d’un canal artificiel. Ce contrat est signé “in aula staris communis50. Situé dans la partie sud de l’actuelle place du Palais des papes, ce palais est proche de la cathédrale de Notre-Dame-des-Doms et de l’église Saint-Pierre. La structure des édifices communaux se précise quelques années après la première mention, lors de la rédaction, en 1233, d’un inventaire des biens et des droits fiscaux de l’institution, dans le but évident de lutter contre les possibles aliénations51. Cet inventaire, rédigé grâce à une série d’enquêtes sur les propriétés communales et voulu par le podestat génois Perceval Doria, se présente sous la forme d’une longue liste d’acquisitions et de biens collectifs. Il paraît n’être qu’une première étape s’inscrivant dans un processus de confection documentaire plus long, caractérisé par la préparation d’un ouvrage renfermant tous les actes attestant des prérogatives communales52. Dans les propriétés communales ainsi listées, on précise l’existence “in civitate ista hos redditus et has proprietates et res antiquas, scilicet palatium ipsius communis et domum sextarii” : un palais communal et la maison des poids et des mesures (la maison où l’on prélevait le droit de setier, avec ses divers poids)53. Toujours dans cette enquête voulue par le podestat Perceval Doria, est citée une autre “domus communis ubi ponuntur machina seu ingenia” et une “bisturris”, toujours de propriété communale, près de la porte Mathéron54. La commune possède également une structure fortifiée : une “bisturris”, élément défensif complexe (assez rare dans la région) accolé aux murailles et qui participe, avec les portes, à la sécurité de la cité. Enfin, l’ancien castrum situé sur le rocher des Doms – d’origine romaine, mais qui depuis le xie s. était la résidence des vicomtes – est intégré aux propriétés communales en 133355.

20Parmi les problèmes qui se posent aujourd’hui pour avoir une compréhension du rôle historique des palais en tant qu’attribut du gouvernement urbain, figure celui des modifications subies dans le temps et qui ont couvert, transformé et parfois “réinterprété” les édifices primitifs. En 1251, après l’occupation de Charles d’Anjou et d’Alphonse de Poitiers, le “palacium communis” d’Avignon devient le palais du comte et, à partir des dernières années du xiiie s., il est indiqué en tant que “palatium regium. En 1297, lors d’une campagne d’enquête sur les droits du roi de Sicile, les enquêteurs décrivent l’ancien palais, qui a subi très peu de modifications par rapport à son étant d’origine : il est muni d’une partie inférieure, un “subtulum”, d’un étage supérieur auquel on accède par des marches et d’un “scalarium”, lieu de réunion déjà attesté au milieu du siècle. Bien évidemment des travaux ont eu lieu avec l’arrivée des papes et la destruction progressive des locaux épiscopaux à partir des années 1325. Dans la grande enquête ordonnée par Robert de Naples en 1333, en effet, cette prison est mentionnée comme intégrée au palais. Il comprend alors une grande salle pour les réunions, deux cours de justice, une chambre pour le clavaire, des cellules pour les prisonniers et une série de salles (“tabularia”) pour la conservation des archives56. À côté, se trouvent un édifice de dimensions plus modestes avec une salle pour entreposer les biens saisis et, au premier étage, l’habitation du geôlier et la salle de torture57.

21Ce bref état de la question met en valeur le glissement des significations des attributs matériels de certaines villes de la Provence rhodanienne lors du passage du gouvernement des consuls au régime des podestats. Les signes personnels, propres à une élite dirigeante fermée, parviennent, par le biais de références précises, à désigner la communauté dans son entier et à créer un sentiment d’appartenance concret. L’élaboration progressive des outils et des espaces, en suivant les progrès de l’institution communale, garde, dans ces terres, un fort attachement à une idéologie marquée par les références à la romanité, au droit romain et à l’Empire. Cela ne signifie pas une complète soumission aux empereurs ou à ses représentants, mais plutôt une référence, partagée et utile dans le cas d’affrontements politiques ou de conflits avec les pouvoirs traditionnels. Cela montre également la force des revendications manifestées par les institutions urbaines, capables de récupérer les espaces traditionnels de pouvoir pour se présenter aux yeux des citoyens comme un organisme de plus en plus reconnu.

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Notes de bas de page

1 La conquête angevine de la région ne signifie pas la suppression des organisations municipales. L’étude de cette phase délicate dans la vie des communautés bénéficie d’un regain d’intérêt par l’historiographie contemporaine. L’étude de Otchakovsky-Laurens 2015, sur l’activité du conseil municipal de Marseille illustre bien ce changement.

2 Cet aspect est bien étudié dans les études de Jean-Claude Maire Vigueur, et notamment Maire Vigueur 2008, à propos des constructions monumentales des communes. Voir aussi Boucheron & Genet, dir. 2013. Une synthèse récente sur le sujet est proposée par Diacciati-Tanzini 2014, et concerne essentiellement l’espace italien.

3 Pour l’histoire générale des communes du bas Rhône, je me permets de renvoyer à Balossino 2015.

4 Voir l’étude classique de Bautier 1984-1989, et les travaux de Chassel 1993 ; 1997.

5 La bibliographie sur le thème est extrêmement vaste. Je me limiterai à rappeler les études de Brigitte Myriam Bedos-Rezak (Bedos 1980, 161-178 ; Bedos-Rezak 2000, 23-44). Voir aussi l’article de J.‑L. Chassel, dans ce volume.

6 Bautier 1989 ; 1984-1989, 41-84.

7 En 1192, par exemple, pendant la rédaction d’une quittance de la part des Hospitaliers de Trinquetaille d’Arles en faveur d’un certain Bertrand Baile, le notaire indique avoir rapporté les noms des témoins présents, “sub presencia consulum”, représenté en la circonstance par Guillaume Aldebert. Le consul présent ordonne au notaire d’apposer la “bulla consulum” avec la formule “sigillari iussit”. Voir Balossino 2015, 149.

8 Voir pour la France, le premier volume du Corpus des sceaux français du Moyen Âge, consacré aux sceaux des villes, Bedos, éd. 1980.

9 Les rapports entre villes provençales et Empire, et l’attachement de celles-ci à une idéologie marquée par le pouvoir impérial, ont été étudiés par Chiffoleau 1994. Voir aussi Balossino 2015, 269-300.

10 Comme l’avait déjà remarqué Bascapé 1969 dans une étude désormais classique. Pour les fondements politiques et idéologiques des bulles impériales, voir Keller 1998 ; 2001b.

11 Grillo 2010.

12 Voir la description de la bulle avignonnaise dans Blancard 1860, 78-79. Voir aussi Labande 1908, 280-290.

13 Nous disposons d’un seul exemplaire de sceau en cire, datant de 1192, qui fait appel au même apparat iconographique (AD Vaucluse, 21H 157)

14 Huyghe 2011.

15 Le consulat de l’Isle-sur-la-Sorgue ne peut pas être considéré comme une institution instaurée dans le but de gérer le système de coseigneurie de la ville, comme le montre Butaud 2010, car dans les collèges consulaires sont présents des individus qui ne sont pas coseigneurs et la structuration des offices répond à des besoins plus amples qui touchent la communauté toute entière. Voir l’analyse des familles consulaires de l’Isle proposée par Ferrand 2016.

16 Blancard 1860, 81.

17 Id., pl. 29, voir par exemple le “sigillum consulum burgi” d’Arles.

18 Le gout classique des ateliers avignonnais est décrit dans l’étude du cloître de la cathédrale d’Avignon réalisée par Thirion 1977.

19 Gamberoni 2004.

20 Blancard 1860, 125.

21 Le cas d’Arles est plus complexe. L’utilisation du lion comme symbole de la ville (présence constante dans les armes de la ville) pourrait avoir un lien avec l’utilisation iconographique de cet animal dans l’architecture religieuse locale ; il est notamment très présent dans le cycle décoratif de Saint-Trophime. Mais le lion est un symbole très diffus, symbole de la force et de l’autonomie communale. Voir Bascapé 1969, 232-233.

22 Voir Balossino 2015, 269-291.

23 Id., 201-236.

24 Le nouveau sceau utilisé par la commune d’Avignon, décrit par Blancard 1860, 79-80, est conservé sur un acte de mai 1226 conservé aux Archives Nationales, J 309, n. 4.

25 Maire Vigueur, dir. 2000.

26 Pour Marseille, voir le description de Blancard 1869, 71-73. Pour Tarascon, id., 75-76.

27 Pour Montpellier : voir l’article de V. Chalet, dans ce volume.

28Statuens in primis quod de clausura et de omni communi utilitate civitas consulibus Avinionensibus per omnia obediens existet”, Albanès & Chevalier, éd. 1920, n. 245.

29 Gouron 1997,195, évoque un processus de “personnalisation de la cité” visible dans la charte avignonnaise, imité ensuite dans d’autres rédactions coutumières, comme celle de Montpellier.

30 La distance entre les deux murs était d’environ 38 m et, entre les remparts et l’ouvrage de retranchement, se trouvait le futur canal de Vaucluse. Pour les détails architecturaux des remparts, voir Rolland, 1989.

31 Bibl. mun. Avignon, ms 2833, fol. 11v-12.

32 Diacciati-Tanzini 2014, 59-60.

33 Voir l’article de L. Verdon, dans ce volume.

34 Par exemple en 1221, AC Tarascon, AA 1; Benoit 1925, 145-149 ; en 1227 “in generali parlamento coram universa multitudine tam militum, quam proborum virorum Tharasconis”, AD Bouches-du-Rhône, B 317 et Benoît 1925, II, 218. En 1239, AC Tarascon AA 2 et Benoît 1925 II, 315, 402.

35 Blancard 1869, 76.

36 Une réflexion plus vaste sur le thème des palais communaux est en train d’être développée. Voir la rencontre Ai margini del mondo comunale. Sedi del potere collettivo e palazzi pubblici dalle Alpi al Mediterraneo, Bergame 30 septembre - 1 octobre 2016, à paraître en 2018.

37 En 1227, a lieu la reconnaissance, à l’hôpital de Saint-Jean, de la seigneurie sur des terres en Camargue où se trouvaient de nombreuses propriétés communales (AD Bouches-du-Rhône, 56H 5028). On retrouve l’expression “palacium communis” lors de la signature de quatre actes entre 1231 et 1245. Voir Benoit 1925, n. 151, 168, 301, 386.

38 C’est le cas de l’hommage prêté en 1238 par Barral de Baux à l’archevêque pour le château de Trinquetaille, les ports de la cité et du bourg signé “in palacio communis” (Benoit 1925, II, 467).

39 AC Arles, DD 92.

40 Albanès & Chevalier, éd. 1900, n. 1117.

41 Albanès & Chevalier, éd. 1900, n. 1013.

42 AC Arles CC 221, fol. 43 (1480) et AC Arles, CC 222, fol. 16 (1481).

43Et ille liber [de pergameno in quo transcribitur sive traslarentur omnia instrumenta ad commune pertinentia] teneatur cum cathena in archa communis, Giraud 1846, art. 95, p. 222.

44 AC Arles, BB 18, fol. 10. Nous ne disposons plus de ce liber qui a dû être détourné à la fin du xvie s. Dans une séance du conseil communal de 1591, il est indiqué qu’un Liber Catenae daté du xiiie s., avec la liste des biens et des droits de la commune, a été volé dans les archives municipales.

45 Voir les articles de L. Germain et J. Petrowiste, et ceux de L. Macé et J. Picot, dans ce volume.

46 Hollard 2001, 58

47 Bibl. mun. Avignon, ms. 2833, fol. 11-11v

48 Hollard 2001, 48.

49 AD Vaucluse, H dépôt Avignon Aumône Fusterie, E art. 4

50 Bibl. mun. Avignon, ms. 2833, fol. 6v-8v.

51 Id., fol. 18v-19.

52 Ce processus a été bien décrit pour les villes d’Italie par Rovere 1989.

53 Une “domus sextarii” est attestée au xiiie s., située probablement près du palais communal, dans un local annexe où étaient conservés les poids et mesures de la cité (Bibl. mun. Avignon, ms. 2833, fol. 20).

54 Baratier 1969, 390.

55 Il s’agit du château appelé Fort Saint-Martin à partir de 1618 et qui a explosé le 29 aout 1650. Voir Gagnière-Granier 1970, 123.

56 Voir l’article d’É. Jean-Courret, dans ce volume, pour une composition similaire à Bordeaux.

57 Baratier 1969, 389. Voir aussi AD Bouches-du-Rhône, B 1020, fol. 46 et B 1044, fol. 33.

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