Des murs, des signes et des mots : identité urbaine et consulaire du Montpellier médiéval
Of walls, signs and words: urban and consular identity in medieval Montpellier
p. 185-200
Résumés
Les murs ne nous aveuglent-ils pas ? C’est par cette interrogation, volontairement polémique dans une rencontre consacrée aux attributs matériels des gouvernements urbains, que je voudrais débuter ces quelques réflexions centrées sur le cas du consulat montpelliérain alors que, de prime abord, la ville semble avoir largement fondé son identité sur l’édification de la Commune Clôture qui, à compter des années 1180, enserre et unifie l’espace urbain. Mais cette interrogation est aussi une manière de dire qu’en fin de compte, ces éléments matériels ne sont qu’en partie matériels : plus que leur matérialité, c’est l’usage que font de ces attributs les gouvernements urbains (ou, ne serait-ce que pour les contester, les populaires) qui importe au sein d’un système global de communication dont il est délicat d’exclure tant les signes sonores que visuels qui parsèment la ville médiévale, depuis les grandes bannières du consulat flottant ostensiblement dans les rues jusqu’aux sonneries du gros bourdon de la maison consulaire qui rythment le temps urbain. D’autant que dans le cas de Montpellier, la clef de voûte du gouvernement urbain paraît bien être cet empilement mémoriel de mots, que constitue la série toujours renouvelée des thalami, registres fondateur de l’identité de la ville, tant dans leur matérialité que dans leur immatérialité. Et c’est ainsi que murs, signes et mots se conjuguent à Montpellier pour faire la ville.
Do walls not make us blind? It is with this deliberately provocative question posed on the occasion of an encounter devoted to the material attributes of urban governments that I wish to examine a few ideas based on the case of the Montpellier consulate despite the fact that, at first glance, the town seems to have largely founded its identity on the construction of the Common Enclosure (Commune Clôture) which, from around 1180 onwards, enclosed and unified the urban space. But this question is also a way of saying that at the end of the day these material elements are only partly material. Beyond their materiality it is the use made of these attributes by urban governments (or by the people, to protest against them) which counts within a global communication system wherein it is rather delicate to exclude either the auditory or the visual signs scattered about the mediaeval town: from the great consular banners that flew ostentatiously in the streets to the boom of the great bell of the consular house that rang out urban time. This is all the more so in the case of Montpellier since the keystone of urban government seems in fact to be the memory bearing accumulation of words that is the constantly renewed series of thalami, the founding registers of the town’s identity, in both their materiality as in their immateriality. Thus it is that walls, signs and words are conjugated in Montpellier to make the town.
Texte intégral
1Les murs, dans leur évidente et apparente monumentalité, ne nous aveuglent‑ils pas ? Ne nous barrent‑ils pas la vue lorsque nous réfléchissons aux attributs matériels des gouvernements urbains, qu’ils soient méridionaux ou non ? C’est par le biais de cette interrogation, volontairement polémique au regard des orientations d’une histoire urbaine qui s’est longtemps focalisée sur les manifestations architecturales des pouvoirs urbains ou seigneuriaux et sur les grands chantiers qui remodelaient la ville au gré d’impératifs politiques1, que je voudrais introduire mes propos centrés sur le seul exemple montpelliérain. L’ambition en est surtout de détourner en partie notre regard des savantes fresques ornant les murs des palais communaux italiens – et dont le Palazzo Publico de Sienne offre l’exemple, sinon le plus abouti, du moins le plus commenté2 – ou des larges places publiques se développant à leur pied, pour le diriger vers les rues des boutiques obscures, les étals des poissonneries ou les registres des cours de justice. Le cas montpelliérain se prête d’autant mieux à une telle analyse qu’aucune trace tangible des deux hôtels consulaires successifs ne s’est conservée jusqu’à aujourd’hui, que de la Commune Clôture qui ceignait au Moyen Âge l’espace urbain ne subsistent désormais que deux bases de tours et que les “plans” languedociens ne sauraient se mesurer, par leurs dimensions, aux si vastes places publiques de Sienne ou de Florence. Il s’y prête d’autant plus que la destruction quasi‑totale des édifices publics et religieux de l’époque médiévale3, si elle complique précisément l’enquête, incite d’une part à se départir d’une grille d’analyse proprement italienne que l’on appliquerait un peu mécaniquement sur les villes méridionales, d’autre part à se pencher sur des marques moins massives et moins monumentales du consulat dont les traces sont plus souvent à rechercher au sein des registres de comptes que dans les murs des palais. À l’instar de Marseille, le Montpellier médiéval est “une ville de papier”4 qu’il convient de faire resurgir à partir de fonds documentaires dont la préservation archivistique est inversement proportionnelle à la destruction des édifices consulaires5. Toutefois, dans cette seule absence de murs encore en élévation, dans cette disparition d’une monumentalité jadis présente, est‑il vraiment possible de voir “le signe d’une identité collective faible et inachevée”6 ? Sans doute pas, d’autant que Montpellier paraît avoir en partie fondé son identité sur l’édification, à compter des années 1180, de cette Commune Clôture, tout à la fois édifice matériel et institution dotée de ses propres “ouvriers”7, qui enserre l’espace urbain et en assure l’unité, au‑delà de sa séparation entre ces deux entités juridiques que constituent jusqu’à la fin du Moyen Âge la pars antiqua et la pars nova. Mais l’interrogation sur l’aveuglement induit par la conservation des enceintes ou des murs palatiaux est aussi, en fin de compte, une manière de signifier que de tels attributs matériels ne sont qu’en partie matériels. Plus encore que leur matérialité, c’est l’usage que font de tels attributs les gouvernements urbains – ou, ne serait‑ce que pour les contester et les détourner, les “populaires” – qui importe au sein d’un système global de communication dont il est délicat d’exclure tant les signes sonores que visuels qui parsèment la ville médiévale, depuis les grandes bannières du consulat flottant ostensiblement sur les portes jusqu’aux sonneries du gros bourdon de Notre-Dame-des-Tables qui rythment le temps urbain. De ce point de vue, le cas montpelliérain, du fait de la disparition des éléments les plus tangibles et les plus visibles de la domination consulaire, incite à se souvenir qu’au‑delà d’une histoire des grands chantiers publics, existe une autre histoire urbaine, “l’histoire d’une autre fabrique de la ville et d’un autre système de signes, ceux que les hommes et les femmes, par leur pas, leurs gestes, impriment dans le territoire urbain”8. Enfin, se focaliser sur ces murs qui masquent plus qu’ils ne révèlent risquerait de faire oublier qu’à Montpellier, la clef de voûte du gouvernement urbain paraît bien être cet empilement mémoriel de mots, que constitue la série toujours renouvelée des thalami, registres fondateurs de l’identité de la ville, tant dans leur matérialité que dans leur immatérialité9. Et c’est ainsi que murs, signes et mots se conjuguent pour faire du Montpellier médiéval une ville qu’il faut appréhender dans la globalité de ses signes et à l’instar d’un système de communication dont la matérialité n’est que l’aspect le plus visible et le plus apparent.
Un geste de réassurance consulaire : bannières et murailles
2Évoquons, en guise de préambule, ce geste spectaculaire orchestré par les magistrats urbains le 27 septembre 1363 et consigné soigneusement au sein des annales occitanes du Petit Thalamus.
“Item, a XXVII de setembre, los senhors cossols et obriers de voluntat de totas las III corts temporals e del pobol, comenseron a far derrocar los XII palms dels ostals que si tocon defra am los murs de Monpeslier et i continueron cascun jorn entro que fo complit, anant per los murs am los curials et portant prumieyras doas bandieyras o estandartz estendudas, la prumieyra dels senhors cossols, et apres dels senhors obriers (…) e tot jorn tant cant la dicha obra se ponhet a far, la gran bandieira del cossolat estava estenduda sus la porta del cossolat”10.
3Ce jour-là, les consuls lancèrent, officiellement et en grand apparat, une vaste et complexe opération destinée à rétablir l’espace des douze pans autour de l’ancienne muraille de la ville en procédant à la destruction systématique des maisons qui s’appuyaient sur le rempart et nuisaient à sa défense. Une telle opération, qui s’inscrit dans le cadre de la mise en défense de la ville au tout début de la guerre de Cent ans et fait suite à la prise de Brioude par les troupes de Seguin de Badefol, ne constitue, somme toute que l’une des mesures préventives qui se multiplient dans l’ensemble des villes méridionales à la même époque11. Toutefois, par le seul fait de la présence physique des magistrats urbains et par le spectaculaire déploiement des bannières du consulat et des seigneurs ouvriers de la Commune Clôture, le gouvernement urbain parvient à transformer une telle décision, nécessairement contestée puisque s’accompagnant du démantèlement d’édifices privés, en un geste refondateur de sa puissance et d’une identité urbaine reposant sur un principe d’utilitas publica ; geste, pourtant, dont nous ne saurions rien si le notaire du consulat, en charge de la rédaction des annales urbaines, n’avait pris soin d’en consigner soigneusement le récit et de le mettre en mots. Des murs, des signes et des mots – mais pas n’importe quels mots puisque ce sont les mots de l’occitan, Montpellier étant l’une des villes à adopter le plus précocement le vernaculaire comme langue véritable de l’administration dans un mouvement qui précisément est identitaire et s’oppose à la reprise en main voulue par le roi d’Aragon Jacques II en 125812 – voilà qui met en pleine lumière l’existence d’un système communicationnel complexe bâti pierre après pierre, image après image, son après son, par les consuls depuis le début du xiiie siècle et dont la réactivation permanente permet, notamment en temps de crise, de réaffirmer une domination urbaine qui se pense comme une identité.
Le consulat montpelliérain : une identité tronquée ?
4L’un des écueils que propose la notion d’identité urbaine est que nous avons souvent tendance à l’identifier à une domination de type oligarchique et à voir dans des attributs matériels de domination urbaine des signes forts d’identité, ce qui conduit immanquablement à négliger, d’une part, les contestations de ces éléments matériels comme signes identitaires et, d’autre part, l’existence d’une identité collective alternative à celle que prétendent imposer les gouvernements urbains. Il y a dans cette attitude d’historiens obnubilés par les marques du pouvoir sur la ville, par cette “rhétorique de la puissance à partir du marquage de la ville par les pouvoirs urbains”13, allant jusqu’à disséquer le moindre chantier urbain – depuis les plus spectaculaires à l’instar de la mise en place du palazzo publico et de la place qui l’environne jusqu’aux plus diffus comme la lutte contre les empiétements viaires ou l’édification de fontaines publiques – une sorte de reflet du “mirage italien” comme si nous étions contraints de mesurer la matérialité de toute ville occidentale à l’aune de ce que les communes italiennes construisirent, comme si, seul, ce “laboratoire politique” que constituerait l’Italie médiévale nous permettait d’interroger la ville14. Or, il faut dire et redire avec force que partir d’un tel présupposé nous interdit de comprendre la profonde originalité des systèmes urbains qui sont les nôtres, ceux des consulats méridionaux, et Montpellier en offre un exemple saisissant, elle qui invente quarante ans avant les cités italiennes le modèle de la traduction en langue vernaculaire des statuts urbains et l’écriture d’une histoire urbaine dans une langue qui n’est plus le latin15. En d’autres termes, il convient en tout premier lieu de se départir de l’idée profondément ancrée que parce que les villes de Languedoc ne sont ni Florence, ni Sienne, elles ne témoigneraient que d’une identité tronquée. Que Montpellier ne bénéficie que d’un très modeste “plan del cossolat” aux abords de sa maison consulaire ne signifie pas pour autant que les consuls n’ont pas prêté attention aux aménagements urbains mais, qu’à leurs yeux, d’autres marques revêtaient une importance primordiale. De même que, dans cette ville marchande appuyée sur un consulat par échelles – et non par quartiers – et peu marquée par la présence de grandes familles d’ascendance nobiliaire, le fait que nous ne possédions aucune figuration individualisée des consuls avant les magnifiques portraits en pied réalisés par le peintre bruxellois Jan de Wesel en 161916, alors que les capitouls toulousains se font représenter depuis au moins 1352 dans le Livre des Histoires17, ne constitue en rien le signe d’une prééminence toulousaine mais bien plutôt un choix politique significatif qu’il convient d’interroger à sa juste valeur, celui, côté montpelliérain, d’une dissolution individuelle de la figure du magistrat au sein du corps constitué et collectif qu’est le consulat. En somme, les attributs matériels des gouvernements urbains des villes méridionales doivent, avant tout, être mis en regard avec la situation politique de la ville au sein de laquelle ce gouvernement s’exerce et être questionnés en fonction de l’existence d’un système urbain intrinsèque sans qu’il soit nécessairement besoin, dans un premier temps, de les comparer à d’autres systèmes plus ou moins proches18. Pour le dire autrement, le Montpellier médiéval ne cherche à dupliquer ni Pise, ni Gênes avec qui les relations sont anciennes et son identité n’est ni moindre, ni tronquée : elle est autre, tout simplement et c’est cette altérité fondamentale que l’historien se doit de mettre au jour.
Le matériel et le sensible : sons et signes du Montpellier médiéval
5De telles considérations une fois posées, il devient possible de s’interroger sur les attributs matériels du consulat en gardant à l’esprit cette idée que plus que leur matérialité propre, ce qui importe demeure l’usage que l’on en fait au sein d’un système symbolique de communication, dans lequel les sons et les signes répondent, sans s’en faire l’exact écho, aux tours des enceintes et aux salles de la maison consulaire et contribuent à façonner une certaine identité jusque dans les formes de contestation qui leur sont opposées, contestations qu’il ne faut en aucun cas éluder, au risque de sombrer dans “une histoire aussi univoque que lisse, celle un peu téléologique d’une autorité publique, étêtant les tours des lignages nobles et normalisant les comportements, régulant les gestes et transformant les lieux, une autorité qui serait parvenue à domestiquer la ville entière”19. Sans doute s’agit-il là d’une histoire plus complexe à écrire et plus difficile à appréhender, moins perceptible immédiatement dans le paysage urbain comme au fil de nos registres, une histoire plus interstitielle et plus indiciaire20 mais qui, seule, peut nous donner accès à l’appréhension par les populations urbaines de ces attributs de gouvernement : dans l’espace de la ville médiévale, moins maîtrisé qu’on ne l’imagine parfois, aux proclamations des crieurs publics répondent les voix des populaires21.
6Or, un tel détour permet d’éclairer sous un jour nouveau ces éléments matériels qui fondent la dignité consulaire. C’est le cas lors du conflit des “populaires” de Montpellier qui, entre juin et octobre 1326, contestent la gestion financière des autorités municipales et obtiennent un examen de tous les registres de comptes pour la période s’étendant de 1303 à 1326, débusquant, d’une part, des dépenses considérées comme injustifiables – à l’instar des cadeaux faits à des proches des consuls ou de la prise en charge des funérailles de personnalités n’exerçant pas de charges publiques – pointant, d’autre part, le coût exorbitant de certains rituels mis en œuvre aux dépens de la communauté, tels le coût du repas annuel des consuls le 25 mars, celui de la visite des magistrats au château de Montferrier pour la Saint‑Étienne, les divers frais de mission ou encore la charge que représentait la robe consulaire faite de ce drap vermeil qui était à la fois la spécialité de la draperie montpelliéraine et son produit le plus onéreux22. Un tel processus laisse ainsi transparaître une divergence d’opinion et de représentation à propos de cet attribut que constituent les livrées consulaires : signe visible et apparent d’une dignité éminente pour les magistrats qui les arborent, dépense superfétatoire pour les populaires qui en supportent les frais.
7Un autre problème tout aussi fondamental réside dans la très inégale conservation des éléments matériels dont notre jugement d’historien a du mal à se déprendre. Le cas montpelliérain n’échappe pas à une telle difficulté puisque l’exceptionnelle conservation des manuscrits connus sous le nom générique de Thalami a incité à privilégier l’axe de la construction archivistique de l’identité urbaine là où elle ne contribue peut‑être qu’à construire une unité qui est seulement scripturaire et consulaire et s’avère loin de recouvrir l’ensemble des pans d’une identité en perpétuelle reconstruction. A contrario, la disparition physique de la grande bannière du consulat, de celle des seigneurs ouvriers de la Commune Clôture et des bannières des métiers nuit à une pleine appréhension de leur rôle et de leur impact visuel et symbolique sur la société urbaine. Elles sont pourtant évoquées abondamment dans les sources narratives, qu’il s’agisse de ces entrées dans la ville23 où elles jouent un rôle fondamental – ainsi l’étendard du consulat accueille‑t‑il l’entrée de Charles VI en 1389 – ou d’actes de guerre, comme à l’occasion de la prise de Peyriac‑Minervois en 1364, la bannière de la ville flottant sur les murs au‑dessus de celle du maréchal de France, Arnoul d’Audrehem, ce dont le rédacteur du Petit Thalamus ne peut s’empêcher d’éprouver une légitime fierté24. Outre ces différentes bannières, le consulat montpelliérain possédait également, au moins au milieu du xive siècle, un pennon de la guerre dont nous ne possédons malheureusement pas de description précise25. En l’absence de documents aussi détaillés que ceux qui ont permis à Jacqueline Caille de reconstituer le fonctionnement des vexilla et penones signata narbonnais26, il faut se borner à présumer que la grande bannière du consulat portait les armes pleines de la ville – le tourteau de gueules sur fond d’argent, tel qu’il figure sur l’enluminure réalisée pour orner en 1443 le Mémorial des Nobles27 – tandis que celle des seigneurs ouvriers arborait leur blason qui figurait une muraille surmontée des armes de Montpellier et renvoyait à leur fonction de conservation de cette Commune Clôture sur laquelle reposait la sécurité des habitants28.
8De tels symboles visuels ne font cependant sens et signe qu’au sein d’un paysage sonore dont il convient d’entendre les échos29, depuis les proclamations des crieurs publics jusqu’aux sonneries de ce sen gros qui constitue un seing sonore du consulat venant apposer son empreinte sur ces moments particuliers que sont entrées princières, processions et deuils, réjouissances publiques ou toute autre cérémonie que les magistrats orchestrent comme une manifestation de leur propre pouvoir. Ce sen gros dont le timbre doit être reconnaissable et identifiable par toute oreille montpelliéraine vient ainsi scander un temps qui peut être régulier comme singulier, répétitif comme exceptionnel, mais qui n’en reste pas moins structuré par l’organisation consulaire. Que la sonnerie de ce bourdon signale la distribution du pain lors de la fête des Caritats qui, au moment de l’Ascension, permet aux métiers montpelliérains de mettre en scène leur propre charité30 ou qu’elle souligne, en août 1357, la pose de la première pierre de la porte Saint‑Firmin31, elle résonne comme une signature consulaire que tout citadin sait entendre, c’est‑à‑dire identifier comme un marqueur de domination urbaine en temps de paix, comme un appel à prendre les armes en temps de trouble, puisque ce même sen peut signifier tout autant la paix que la guerre. En 1252, déjà, c’est au son des cloches que les habitants prirent les armes afin de s’opposer à la tentative du roi d’Aragon, Jacques Ier, de mettre la main sur les oboles de Lattes, ouvrant avec le souverain un conflit qui ne devait trouver son issue que six ans plus tard32. Et, le 25 octobre 1379 encore, c’est ce même bourdon qui sonne le tocsin pour ameuter les citadins contre les officiers du duc d’Anjou, lequel, en représailles ne devait pas manquer d’en confisquer le battant lors de son entrée dans la ville33. L’importance de ce bourdon, qui était celui de Notre‑Dame-des-Tables34, véritable ecclesia matrix où se déroulaient les principaux rituels civiques, se mesure à la rapidité avec laquelle les consuls obtinrent sa restitution et, plus encore, à la quasi impatience avec laquelle ils le firent de nouveau retentir dès qu’ils en eurent récupéré l’usage35. Autant d’indices qui en disent long sur l’importance qu’il y avait pour le consulat à imposer sur la ville sa marque sonore.
9À côté pourtant de ce gros sen, les consuls disposent également de leur propre cloche dont ils usent pour un usage plus quotidien. La première maison consulaire fut dotée dès 1310 d’un campanile abritant une esquilla servant à sonner le couvre‑feu et à convoquer les assemblées générales des habitants, même si, dans ce dernier cas, le son ne devait guère s’étendre à toute la ville puisqu’il est précisé que l’on se contentait d’agiter le battant en ne frappant qu’un seul côté de la cloche36. Cette esquilla doit encore être distinguée d’une troisième cloche à la disposition des consuls, celle qui, à partir de 1339 et suite à l’autorisation délivrée par l’évêque de Maguelone Arnaud Verdale, équipait la chapelle du consulat mais qui ne devait être utilisée qu’au moment de l’élévation durant l’office. En 1361, le déplacement de la maison consulaire s’accompagna du transfert de l’esquilla, installée quelque temps plus tard sur un provisoire clocher de bois37 puis, en 1375, dans un véritable campanile de pierre38. Et cette cloche continua à être en usage tout au long de la période médiévale, conjointement avec les préconisations des crieurs publics annoncées à son de trompette, pour les convocations des assemblées politiques sur le plan du consulat. La signification politique et symbolique du sen gros et de l’esquilla – laissons de côté la cloche de la chapelle dotée d’un usage purement liturgique – n’est donc que partiellement matérielle : plus que leur forme ou leur poids, c’est leur pulsation, quotidienne ou solennelle, qui dessine dans la ville une aire de domination sonore différenciée, à laquelle les hommes du temps sont particulièrement sensibles.
La ville où l’ostal n’est pas un palais
10Ceci ne doit pas conduire pour autant à écarter de l’analyse les signes les plus évidents et les plus concrets de l’inscription consulaire. Si les premiers éléments matériels d’une identité montpelliéraine qui ne soit pas purement seigneuriale restent difficiles à mettre en évidence tant la première expérience consulaire entre 1141 et 1143 reste brève et fragile, incapable peut‑être de mettre en place des indices tangibles du changement de domination, telle n’est pas le cas en revanche de l’instauration définitive du consulat à partir de 1206, le nouveau gouvernement prenant désormais soin d’imprimer sa marque sur l’espace urbain. À Montpellier, l’apparition du consulat a été précédée par l’édification d’une première enceinte commune, entamée dès les années 1180 et qui permit de définir et de matérialiser un premier espace urbain tout en enserrant derrière les mêmes remparts la part seigneuriale de Montpellier et la part épiscopale de Montpelliéret, qui en dépit du regroupement ultérieur entre les mains du roi de France, devaient conserver leurs caractères juridiques propres. À l’instar de ce qui se produisit dans d’autres villes de l’Occident médiéval39 et peut‑être plus encore dans une ville qui ne possédait nul passé romain et donc nul vestige d’une muraille antique, l’érection d’une enceinte collective fut à l’origine d’une première organisation de la population. C’est en effet de ce moment que date la répartition des chefs de feux mâles en âge de porter les armes en sept échelles comme autant de jours de la semaine, échelles qui étaient constituées d’un regroupement de corps de métiers et devaient par la suite jouer un rôle essentiel dans la structure même du consulat et le processus de désignation des douze magistrats.
11Mais c’est l’aménagement d’une première maison commune qui va matérialiser le changement de régime, cet ostal dont l’apparition est quasi simultanée au consulat alors que, dans la plupart des cas, les consulats méridionaux comme d’ailleurs les villes italiennes ou flamandes, observèrent un temps de latence entre leur surgissement et la mise en place d’une demeure destinée à accueillir magistrats et conseillers, se contentant pendant longtemps de réunir leurs assemblées dans des maisons privées, en plein air, dans des églises ou sur leurs parvis40. Or, à Montpellier, les annales de la ville précisent que, dès 1204, “fon barrejatz l’alberc d’en B. Lambert, e (de) maistre Gui et d’en Uc de Tornamira”41, Bérenger Lambert, Gui Francesc et Uc de Tornamira, trois des membres les plus éminents de l’entourage seigneurial, ayant été bannis en juin 120442. Selon un phénomène assez classique de damnatio memoriae, leurs demeures furent donc confisquées et destinées à être abattues mais cette destruction ne fut que symbolique43 puisque le pouvoir consulaire s’installa dans l’ancienne demeure des Lambert, agrandie dès l’année suivante d’une maison à étage achetée à Johan de Latas en juin 120544. L’hôtel des Lambert, situé sur la place de l’Herberie, en face de la poissonnerie, constitua donc le noyau de la maison consulaire45, devenant le symbole matériel du triomphe du consulat sur les familles bannies et sur le pouvoir seigneurial des Guilhems, tandis que celui des Tournemire fut transformé en résidence royale au profit de la dynastie d’Aragon. Cette récupération symbolique d’un ostal associé à une domination antérieure fut complétée par la destruction de la tour des Guilhems que Marie de Montpellier autorisa les consuls à démolir en 120746. Cette tour était d’autant plus tenue pour le paradigme architectural de la restriction des libertés urbaines qu’elle avait été édifiée en 1143 par le comte de Barcelone, Raymond Béranger IV, après le long siège qui lui avait permis de réinstaller Guilhem VI au pouvoir et de mettre un terme à la première expérience consulaire47. La mise en place de ce premier ostal manifestait donc matériellement, par le biais d’un programme savamment orchestré de récupération et de détournement des spolia des vaincus, l’émergence du consulat. Son emplacement, toutefois, s’il correspondait parfaitement à la volonté initiale de rendre lisible la victoire de nouveaux groupes sociaux sur les anciennes familles liées aux Guilhems de Montpellier, perdit de sa pertinence politique quelque cent cinquante ans plus tard, ce qui nécessita son transfert et son rapprochement du centre civique de la ville que représentait l’église de Notre‑Dame-des-Tables.
12Plutôt que de s’appuyer sur des considérations de nature politique, les consuls justifièrent en 1361 le déplacement de l’ostal commun par le fait que la demeure qu’ils occupaient jusqu’alors était basse, ancienne, mal enclose, qu’elle était sujette à de multiples servitudes de la part des maisons voisines – il s’agit ici d’un droit de passage par le porche de l’édifice – et qu’enfin, elle se situait sur une place vile et fétide, tout particulièrement en été48. Le souvenir, pourtant, de ce qui avait été le siège des premiers magistrats, ne se perdit jamais au Moyen Âge et l’île où il se trouvait est encore qualifiée, dans tous les compoix médiévaux et modernes, d’île du “Vieux Consulat”49, alors que la maison elle‑même avait été vendue à un changeur dès 1365. Faut‑il cependant réellement incriminer la fétidité d’une place dont les consuls du xiiie et de la première moitié du xive s. semblaient s’accommoder, allant jusqu’à doter, en 1339, leur demeure d’une chapelle consacrée à la Vierge et où il leur était possible de faire célébrer la messe ? Ne doit‑on pas faire plutôt appel à l’émergence d’une nouvelle conscience, d’une nouvelle dignité du politique qui rendrait incompatibles l’exercice du pouvoir urbain et, pour le dire trivialement, la vente de légumes ? En changeant de lieu, la maison consulaire s’éloignait de la place de l’Herberie, de la poissonnerie, de l’orgerie et des boucheries, autrement dit d’un pôle de quotidienneté urbaine, et contribuait à faire émerger un pôle d’autorité puisque l’ostal nou se situait désormais au chevet de l’église Notre‑Dame-des-Tables et qu’il se rapprochait à la fois des tables des changeurs et des maisons des drapiers, autant de métiers qui dominaient le consulat.
13Mais, en ce sens, ce déplacement du centre de pouvoir matérialise aussi une certaine fermeture du consulat sur ses propres bases, une neutralisation du politique dans un renfermement vers l’entre soi des consuls et des conseillers. D’autant que la configuration des maisons consulaires successives paraît significative d’une modification dans l’appréhension du politique : la première était dotée d’un porche qui constituait certes un espace de circulation – c’est ce qu’évoquent les servitudes des demeures voisines – mais permettait également de faire de l’ostal commun un espace de délibérations politiques à ciel ouvert. Par ce porche en effet, il était possible d’accéder à une cour dotée d’un passage‑terrasse qui servait à l’assesseur des consuls pour s’adresser au peuple de Montpellier, convoqué à cette occasion, et dont l’assentiment était requis. Lorsqu’il y avait division d’opinion, les hommes présents à l’occasion de cette assemblée étaient invités, selon l’avis de chaque individu, à s’écouler soit par la porte qui donnait sur le porche, soit par la porte qui donnait accès à la salle du Conseil où le notaire inscrivait au fur et à mesure le nom de chaque homme appelé à se prononcer. C’est notamment la procédure qui fut observée en 1327 lorsque l’assemblée fut réunie pour délibérer sur la mise en place du souquet du vin, dans un contexte politique encore tendu puisque correspondant à l’affaire des “populaires”50. Or, un tel espace de délibération – celui d’une cour intégrée à l’édifice et faisant office de lieu du politique – disparaît dans la nouvelle configuration de la maison consulaire qui, désormais, surplombe la place du consulat, où se réunissent les chefs de métiers et les caps d’ostal, mais ne s’ouvre plus sur elle. Il faut voir dans cette transformation la matérialisation d’une nouvelle forme de domination politique du consulat sur le peuple montpelliérain, même si la convocation d’assemblées générales n’est jamais totalement abandonnée comme en atteste en 1381 cette proclamation publique invitant consuls des métiers et caps d’ostal à se rassembler sur le plan du consulat pour y constituer leurs syndics51. Désormais toutefois, le siège du pouvoir paraît structurellement moins en phase avec les pulsations quotidiennes du populus montpelliérain, plus à l’écart de cette agitation permanente que représentent les transactions journalières des marchés de l’alimentation. Surtout, le consulat, en tant qu’institution, n’accueille plus en son sein le populus et ne l’intègre plus dans ses murs : il le surplombe et le plan du consulat demeure extérieur à ses murs. Ceci ne signifie certes pas que les portes du conseil de délibérations restent closes à toute influence extérieure52 mais le nouvel aménagement de la maison consulaire n’en demeure pas moins un signe architectural signifiant d’une autre conception du politique.
14Notons enfin que, à proprement parler, le consulat n’édifia jamais de maison consulaire et semble ne pas avoir considéré comme primordial l’invention d’une architecture qui lui aurait été propre, préférant au contraire réinscrire sa demeure dans un modèle d’édifice partagé par ce milieu de changeurs, de drapiers et de bourgeois dont il est, de fait, largement l’émanation. En 1205, le gouvernement urbain s’installa dans une demeure confisquée aux Lambert et y adjoignit la maison adjacente acquise de Johan de Latas ; en 1361, il acquit des héritiers du drapier Johan Bonamic pour le prix de 4 400 florins d’or “lo bel hostal” qu’il occupait53. Autant de maisons de marchands que le consulat acheta et auxquelles il fit subir les aménagements nécessaires pour qu’elles s’adaptent à leurs nouvelles fonctions, chargeant par exemple le maître peyrier Jacme Sathier de détruire les murs de séparation des deux pièces du rez-de-chaussée de l’ancienne demeure de Johan Bonamic pour transformer l’espace en une vaste salle de conseil dotée, sur les côtés, de bancs de pierre54. Or, le fait que le gouvernement urbain n’ait pas, à Montpellier, édifié a novo de maison consulaire a généralement été interprété en termes de contrainte plus que de choix et vu comme une forme d’inachèvement qui soulignerait tant son impécuniosité que son incapacité politique à mettre en œuvre de grands chantiers urbanistiques. Et c’est précisément ce type d’interprétation, découlant d’une comparaison avec les grands palais publics de l’Italie communale, dont il conviendrait de se déprendre, d’autant que force est de constater que le transfert de l’ostal commun s’opère en un moment de grandes difficultés financières et qu’il s’avère coûteux, le consulat dépensant 4 400 florins d’or pour acquérir sa nouvelle demeure – sans même compter les sommes allouées au réaménagement de l’édifice – mais ne retirant, en 1364, que 500 livres de la vente du premier hôtel au changeur Armand Ruffi55. On peinerait donc à expliquer une telle décision par l’insuffisance des ressources financières du gouvernement urbain. Au contraire, son implantation dans des demeures ayant appartenu à des familles de drapiers et de changeurs doit se lire comme un choix délibéré, celui de ne pas imposer de rupture radicale avec le milieu social dont le consulat est l’émanation : la maison consulaire doit être à l’image des demeures édifiées par ces drapiers, changeurs et épiciers qui font la fortune de la ville et dominent son consulat56. Elle se doit donc d’être un ostal commun qui fonctionne selon une logique d’identification urbaine et non d’exclusion ou de démarcation ; elle affirme, architecturalement, cette appartenance du consulat montpelliérain au monde des métiers : le consulat n’est pas au‑dessus d’eux, il n’est pas en‑dehors, il est à leur image jusque dans sa demeure ; non pas de tous les métiers certes mais de ces seuls métiers et statuts qui s’accaparent les quatre premiers chaperons du consulat, à savoir les changeurs, poivriers, drapiers et bourgeois 57, et dont le consulat, à travers sa demeure, entend afficher la proximité. L’ostal commun montpelliérain n’a donc rien d’un geste de rupture architecturale qui n’aurait pas de sens compte tenu de l’histoire et de la structuration du consulat : il est une maison qui se refuse à être un palais.
Un consulat particulier ? La rapide mise en place des attributs de gouvernement
15Reste aussi que, dans ce large éventail des attributs matériels du gouvernement urbain, tout s’est mis en place très vite à Montpellier : une enceinte commune édifiée dès les années 1180 avant l’apparition formelle du consulat ; une maison consulaire aménagée dès 1205 ; un grand sceau des douze consuls de Montpellier dont le premier exemplaire conservé date de 1218 et qui, au revers, présente l’espace urbain, juché sur une colline, enserré dans ses murailles et synthétisé par la figuration de l’abside de Notre‑Dame-des-Tables flanquée d’un clocher muni de trois cloches, tandis que le bâtiment à quatre ouvertures qui se situe immédiatement à gauche du clocher pourrait représenter la maison consulaire ; un premier registre en latin qui consigne les listes des consuls en exercice dès 122158, registre qui devait par la suite se démultiplier et se décliner en une série de livres dont la recomposition et la rédaction ne s’interrompent qu’en 1426. Registres au sein desquels se confondent d’ailleurs matérialité et immatérialité puisque certains thalami montpelliérains fonctionnent également comme des livres juratoires, comme le montre la première page à demi‑effacée par l’imposition successive et répétée des paumes des officiers de l’un des thalami, page qui porte en rubrique : “Ayso son las costumas de Montpellier”59. Les mots s’incarnaient ainsi matériellement dans ce registre que, sur la même page, les consuls, en une remarquable mise en abyme, s’en venaient confier à l’Enfant Jésus assis sur les genoux d’une Vierge qui était aussi la patronne de la ville. C’est dire qu’en une quinzaine d’années à peine le consulat sut se doter des principaux attributs fondamentaux de tout gouvernement urbain, célérité qu’il convient peut‑être paradoxalement de mettre en rapport avec le retard de l’émergence du consulat. Tout se passe, en effet, comme s’il fallait en réalité reporter l’acte de naissance de l’institution aux années 1141‑1143, en dépit de l’échec de cette première expérience. Dissous dès la reprise de la ville par Guilhem VI, le consulat ne ressurgit qu’en 1206 mais, fort d’une longue gestation contrariée, sa réapparition se signale par une volonté immédiate de se doter de ces attributs matériels qui concrétisent l’émergence de l’universitas, comme s’il s’agissait de rattraper en quelques années le retard que l’opposition seigneuriale avait fait prendre au gouvernement urbain. Certes, tout au long des trois derniers siècles du Moyen Âge, les choses devaient aller encore en se diversifiant et en se complexifiant mais l’impression n’en demeure pas moins que les éléments essentiels étaient fixés et constitués dès les années 1220.
16N’y manque encore que l’arca dont Pierre Chastang n’a retrouvé la trace qu’à l’occasion de la partition des archives de la ville en février 1259. À cette date, les consuls décident en effet de conserver une partie de la documentation dans la demeure consulaire tandis que “las costumas de Montpeylier e las autras cartas al cossolat et a la universitat pertenens” sont placées dans un coffre (arca) confié à la garde des Hospitaliers qui avaient leur maison dans le quartier du Petit Saint‑Jean. Ce coffre est fermé à clef et quatre clefs sont alors réalisées pour être confiées à quatre consuls différents, deux d’entre eux étant les consuls clavaires60. Y manquent aussi les clefs de la ville, non pas ces clefs matérielles qui ferment les portes de l’enceinte urbaine et existent nécessairement, mais ces clefs symboliques remises au seigneur ou au souverain en guise de soumission et qui paraissent absentes de la documentation montpelliéraine, même lorsqu’il s’agit de relater la réception d’un roi de France61. En 1389, à l’occasion du voyage de Charles VI en Languedoc, les consuls, accompagnés d’un docteur et d’autres boni homines de la ville, se déplacèrent jusqu’à Roquemaure pour y accueillir le roi, lui faire la révérence et lui offrir la ville. Cette marque de soumission ne s’accompagne pourtant pas d’une remise des clefs de la ville ou, plus précisément, si un tel geste a été accompli, les annales consulaires le passent sous silence62 alors qu’elles sont généralement enclines à consigner par le menu les multiples détails des différentes entrées princières et qu’elles ne manquent jamais de préciser au contraire la place et l’ordonnancement des bannières63. Il y a là un étonnant silence scripturaire dont des recherches complémentaires permettront peut-être de trouver… la clef !
Des bancs et des palmes : le registre du périssable
17Pour conclure et en revenir à cette affirmation paradoxale de l’aveuglement induit par une certaine monumentalité, je voudrais terminer en attirant l’attention sur quelques‑uns de ces attributs matériels qui échappent le plus souvent à l’analyse parce qu’ils se révèlent si ténus, si impalpables parfois que nous peinons souvent à les appréhender alors qu’ils sont omniprésents dans nos sources et devaient être, pour la population urbaine, bien plus visibles que ne le furent jamais le grand sceau du consulat ou l’arca conservée dans la maison des Hospitaliers de Saint‑Jean de Jérusalem ; des attributs qui sont ceux d’une quasi‑quotidienneté de la pratique consulaire ou d’une ritualité ancrant le consulat dans un temps liturgique, à savoir les bancs et les palmes révélés par le biais des registres de clavaire :
“Item donem mais comptans a VI abril per portar los rams acostumats de venir casqun an de Valena per donar als senhors a Pascas (…).
Item per portar los banx la nueg a Nostra Dona per ausir matinas et lo jorn de Nadal als fraires menors”64.
18Des rameaux venus de ce bois de Valène65 qui est une possession collective du consulat et d’où, chaque année, au moment de Pâques, des messagers ramènent les palmes que les consuls vont faire bénir et des bancs de bois à usage spécifique du gouvernement urbain où s’asseyent les consuls pour écouter les longues prédications ou, comme ici, les matines à Notre‑Dame-des-Tables le jour de Noël. Autant d’éléments – auxquels il faudrait ajouter les mesures frappées des armes du consulat – dérisoires à l’aune des grandes tours des palais publics de l’Italie communale mais qui rendent compte des usages sociaux des attributs de gouvernement et des marques, moins monumentales mais néanmoins visibles pour qui veut bien observer au raz‑du‑sol le paysage urbain médiéval, de la domination consulaire.
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Notes de bas de page
1 Pour une illustration de cette thématique voir Crouzet-Pavan 2003. Une telle orientation est plus nette encore dans Boucheron 1998.
2 Sur la fascination exercée sur les historiens par les fresques dites du Bon et du Mauvais Gouvernement d’Ambrogio Lorenzetti, voir en dernière analyse Boucheron 2005, 1137‑1199.
3 Ce qui ne signifie pas pour autant que toute trace de construction médiévale ait été effacée, mais seulement que ne subsistent guère que des éléments architecturaux ayant appartenu à des demeures privées ; voir Sournia & Vayssettes 1991. Pour une vision d’ensemble du Montpellier médiéval, voir Fabre & Lochard 1992.
4 Pécout, dir. 2009.
5 Voir la dernière synthèse en date : Amalvi & Pech 2015. On y lira notamment, pour la partie médiévale, les contributions de Vincent Challet, de Pierre Chastang et de Géraldine Mallet sur l’art médiéval à Montpellier.
6 Gilli & Salvatori, dir. 2014, 3.
7 Sur la Commune Clôture, voir Reyerson 2000, 88-116.
8 Crouzet-Pavan 2013, 239.
9 Chastang 2013. La série des thalami montpelliérains vient de faire l’objet d’un vaste projet collectif de recherches financé par l’Agence Nationale de la Recherche et dirigé par Vincent Challet. Il a notamment permis la réalisation d’une édition électronique en ligne dotée de copieuses introductions historiques auxquelles je me permets de renvoyer : http://thalamus.huma-num.fr. Sur la reconstruction mémorielle opérée par le récit consulaire, voir Challet 2015, 277-291. Pour un premier bilan de ce projet scientifique, voir Challet, dir. à paraître.
10 http://thalamus.huma-num.fr/annales-occitanes/annee-1363.html.
11 Pour une analyse plus détaillée de cette décision, voir Challet 2014b, 161-180.
12 C’est en effet dès 1260 que les petits thalami adoptent l’occitan comme langue d’écriture ; ce corpus des petits thalami est présenté par Pierre Chastang sur le lien suivant : http://thalamus.huma-num.fr/les-manuscrits/genese-tradition-codicologie-partie-3_2.html.
13 Boucheron 2013, 11.
14 Voir, de ce point de vue, l’entreprise d’histoire comparée entre villes italiennes et villes flamandes dans Crouzet-Pavan & Lecuppre-Desjardin, dir. 2008. Au fil de la comparaison, les deux directrices de cet ouvrage collectif ne manquent pas de signaler que “la pertinence du rapprochement entre ces deux espaces ne cesse de s’effriter” (p. 7).
15 Soit 1259 pour Montpellier et seulement 1309‑1310 pour les statuts siennois qui furent les premiers à être traduits en toscan. Sur l’adoption précoce du vernaculaire comme langue administrative et mémorielle à Montpellier, voir Challet à paraître.
16 AM Montpellier, Joffre 14, fol. 36-42. Sur ces portraits, voir Challet, dir. 2014. La seule représentation médiévale des consuls montpelliérains que nous possédions est une miniature insérée dans l’un des thalami qui reproduit le schéma d’une scène de dédicace à la Vierge et constitue une figuration collective et non individualisée ; sur cette image, voir Beys à paraître.
17 Bordes 2006.
18 Sur la ville comme système, voir Barel 1977.
19 Crouzet-Pavan 2013, 240.
20 Ginzburg 1980, 3-44.
21 Challet et al., éd. 2014.
22 Sur ce conflit, voir en dernière analyse, Chastang 2013, 364-389.
23 Challet 2014a, 267-293.
24 http://thalamus.huma-num.fr/annales-occitanes/annee-1364.html.
25 AM Montpellier, Joffre 845 (registre de la claverie 1357), fol. LXIIIv : “Item que dem comptans a V de may a maistre Paulo per adobar lo peno de la guerra”.
26 Caille 2014, 147-168.
27 AM Montpellier, AA 1, fol. 10v. L’enluminure réalisée par Guilhem Blatnou figure deux anges présentant l’écu de la ville de Montpellier.
28 C’est du moins ainsi que ce blason est représenté en marge du statut des seigneurs ouvriers figurant dans la partie d’époque moderne du Petit Thalamus ; Jean Baumel signale leurs armoiries comme suit mais sans citer sa source : “une tour crénelée au milieu de laquelle s’ouvrait une haute porte à plein cintre munie d’une herse et couronnée par deux fenêtres carrées et une meurtrière” (Baumel 1971, 263).
29 Sur nos difficultés à percevoir un Moyen Âge autre que silencieux voir Lett & Offenstadt, dir. 2003.
30 AM Montpellier, Joffre 845, fol. LXIIIv : “Item que donem comptans a XXII de may a Frances Emeric per una sonada que fes lo sen gros lo Jorn de Caritats quant lo pan fonc senhat”.
31 Id., fol. LXV : “Item que donem comptans a XXVIII aostz fonc per una sonada que fes lo sen gros lo dig jorn quant la primieira peira fonc mesa al portal San Fermi”.
32 Bibl. Roy. de Belgique, ms. 20807-809 (Petit Thalamus), fol. 17v : “En l’an de M e CC LII demanda lo rei Jacme rei d’Aragon las mezallas de Latas e lendeman de l’Apareccion apres cobreron lus li home de Monpeslier la cloca dels armatz”.
33 Sur cet épisode, voir Challet 2014c, 377-397.
34 Comme l’attestent les lettres du 4 août 1381 par lesquelles Charles VI rend à la ville l’usage de cette cloche : “Cum occasione commotionis ultimo factae in villa nostra Montispessulani ad sonum campanae ecclesiae Beate Marie dicti loci…” (AM Montpellier, Fonds Louvet, B IV, n° 6).
35 Les lettres de restitution du gros sen, délivrées à Paris le 4 août 1381, ne furent apportées à Montpellier que le 29 août. Dès le 31 août, on faisait sonner ce gros bourdon à l’occasion de la célébration de la fête des Miracles de Notre-Dame-des-Tables ; http://thalamus.huma-num.fr/annales-occitanes/annee-1381.html.
36 Louise Guiraud cite (Guiraud 1899, 150) un acte des nones de mars 1309 portant appel de la part des consuls de l’opposition faite par Guillaume de Villagut, lieutenant du roi de Majorque (AM Montpellier, Louvet, B, X, n° 1) : “quod cum nos dicti consules edificari seu construi faceremus… infra domum dicti consulatus quamdam parietem pro ponendo ibidem quamdam squillam, quam fieri fecimus pro magnis utilitatibus, commoditatibus et necessitabus dicte ville et universitatis hominum ejusdem, et specialiter pro pulsando squillam vulgariter appellatam de cobre fuoc…”. Sur le fait que l’on se contentait d’agiter le battant, Louise Guiraud cite un cahier datant de 1365 : AM Montpellier, Louvet, F, VII, pièce n° 57. Les actes montpelliérains confirment que les assemblées générales étaient généralement convoquées ad clocam.
37 http://thalamus.huma-num.fr/annales-occitanes/annee-1364.html : “Item a V genoyer fo montada sus lo cloquier de lo fusta en l’ostal nou del cossolat la campana et adonxc comenset a sonar en ayssi quant era costumat”.
38 Renouvier & Ricard 1850, 257 ; publication du contrat passé avec le maître peyrier Johan de Casanova pour l’édification du campanile.
39 Heers 1990, 336-340.
40 Racine 1980, 133-153.
41 Bibl. Roy. de Belgique, ms. 20807-809 (Petit Thalamus), fol. 14-14v.
42 Ces trois hommes sont cités dans un acte délivré par Pierre II d’Aragon le 15 juin 1204 par lequel il jure de ne pas aller à l’encontre de leur bannissement. Bérenger Lambert ne fut pas le seul membre de cette famille à être banni puisque cet acte mentionne Bernat Lambert et son fils, Raimon Lambert, fils de feu Pons Lambert, et Guilhem Lambert, frère de Bérenger. Cet acte est publié par Germain, éd. 1851, t. I, 317-319. Sur ces événements, voir Vidal 1987, 43-60.
43 Voir le cas de Bologne étudié par Heers 1984 et pour une approche plus générale, Heers 1989, 279-322.
44 Cet acte d’achat a été recopié au sein du grand Thalamus de la ville ; AM Montpellier, AA 4, fol. 5v.
45 Fabre & Lochard 1992, 126-127.
46 AM Montpellier, AA7, fol. 22-22v.
47 Montpellier, Bibl. interuniversitaire, section médecine, H 119 (Petit Thalamus), fol. LXXXII : “En l’an de M e C XLI giteron los homes de Montpelier en G. de Montpelier de la vila et s’en anet a Latas, e duret la batalha ii ans. E.l coms de Barsalona rendet li la vila, per assetge. Et adonc valian X favas I denier. E.l coms de Barsalona basti la torre de Montpelier”.
48 Le transfert est justifié par les consuls “quia presens domus consulatus est multum bassa et antiqua et male clausa, et multis servitutibus hospitiorum circum vicinorum subjecta, et in vili platea et fetida presertim in estate situata” ; AM Montpellier, Louvet, F, VII, n° 35 ; cité par Guiraud 1899, 138. Sur ce déplacement, voir aussi Fabre & Lochard 1992, 212-213.
49 Guiraud 1899, 140.
50 Pour la description complète de cette procédure, voir Guiraud 1899, 150. L’acte sur lequel elle s’appuie est publié dans Germain, éd. 1890, t. I, 258-265. Suite à la division d’opinion, l’assesseur du consulat dresse la liste nominative de ceux “qui per portam secundam dicte domus dicti consulatus, qui intratur ad consistorium, in quo dicti domini consules communiter tenent suum consilium (exiverunt)”.
51 AM Montpellier, Louvet, F, IV, n° 2770 : “Avias que fa hom a saber de part los senhors cossols de Montpellier a touz cossols de mestiers et autres caps dostals de Montpellier que cascun sia deman al plan de consolat per far et vezer far sindics per alcunas causas que leur seran dichas de boca et aisso sot lo sagrament que cascun a fach al cossolat”.
52 Sur les délibérations consulaires montpelliéraines voir Challet 2012, 143-161.
53 http://thalamus.huma-num.fr/annales-occitanes/annee-1361.html : “Item, aquel an meteys, a XXVII jorns d’aost, los senhors cossols compreron lo bel hostal nou del cossolat, que es en lo plan detras Nostra Dona de Taulas, d’en P. Bonamic, filh que fon del sen Johan Bonamic, drapier, per pres de IIIImIIc floris d’aur”.
54 Renouvier & Picard 1850, 258-259 : “parietes inter cameram et retrocameram totaliter diruantur” ; “Item far bancs de peyra tot entorn”.
55 Les délibérations sur l’aliénation de cet hôtel et sa vente à Armand Ruffi sont publiées dans Guiraud 1899, 311.
56 Pour un aperçu des grandes demeures montpelliéraines, voir Sournia & Vayssettes 1991 ; pour un exemple précis, celui de l’ostal des Carcassonne situé à proximité de la deuxième maison consulaire, voir Sournia & Vayssettes 2014.
57 Sur la répartition des chaperons consulaires entre les différents métiers, voir le tableau dressé par Chastang 2013, 177. Précisons que l’état présenté dans ce tableau correspond à la situation de 1252 et que le système est réaménagé par la suite pour réserver le 3e chaperon aux bourgeois, tandis que les drapiers n’occupent désormais plus qu’un seul chaperon au lieu des deux qui leur étaient initialement réservés. Il faut enfin corriger le terme de “courtiers”, traduction ici de l’occitan coiratier, en tanneurs.
58 AN, J 339, n° 23, année 1221 [fol. 1v] : “Qui consules supradicti proxime fecerunt incoari et scribi hoc registrum”.
59 BNF, ms. fr. 11795, fol. 1r, manuscrit réalisé après 1270. Voir la reproduction partielle de cette image dans Challet, dir. 2014, 22.
60 Chastang 2013, 230-231.
61 Voir l’article de S. Lavaud, dans ce volume.
62 http://thalamus.huma-num.fr/annales-occitanes/annee-1389.html : “Item, I dissapte que era XXX jorns d’octobre, los senhors cossols et I senhor doctor et alcus bos homes de villa, auzit que nostress’ lo rey venia en aquest paÿs et se eron tiratz devers lui per far li la reverencia et offrir li la vila, foro a Roquamaura et aqui li feron las dichas reverencia et offerta”. Contrairement à ce que laisse supposer la traduction qui parle d’une remise des clefs, le texte occitan se contente d’évoquer une offerta.
63 Challet 2014a.
64 AM Montpellier, Joffre 845, Registre de la claverie (1357-1358), fol. LXIIIv et LXVI.
65 Britton et al. 2007, 65-80.
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Le bazar de l’hôtel de ville
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