Une petite guerre dans un pays lointain : les carrières mercenaires des soldats bretons au service de Robert, duc de Bar, 1372-1373
p. 189-205
Texte intégral
1Cet exemple est pris dans une excellente étude sur John Hawkwood1. En fait, il s’agit d’un problème très banal : sous quelles conditions les soldats étaient-ils engagés à la fin du Moyen Âge, comment étaient-ils payés et que se passait-il lorsque la solde n’arrivait pas ? J’illustrerai principalement cette question par un bref récit des aventures d’une petite bande de soldats bretons qui avaient été engagés par Robert Ier duc de Bar en 13722. Sous plusieurs aspects cela confirme simplement les conclusions générales auxquelles j’avais abouti dans un article précédent sur les aventures d’un célèbre groupe de soldats bretons du xive siècle, ceux qui avaient combattu du côté franco-breton lors de la fameuse rencontre de chevalerie, le combat des Trente, le 26 mars 13513. Nous considérerons le milieu social, la nature, la durée et la diversité du service militaire de ces hommes engagés en 1372 et la façon dont leur carrière s’est déroulée, ce qui permettra une appréciation plus complète de la part qu’ils prirent dans la guerre en France et ailleurs pendant la partie de la guerre de Cent ans se déroulant au xive siècle, période au cours de laquelle on trouve des Bretons en grand nombre un peu partout sur le théâtre de nombreux champs de bataille4. Il y a aussi une dimension politique qui mérite notre attention : jusqu’à quel point les choix faits pendant la guerre de Succession de Bretagne pour soutenir tel ou tel camp pouvaient-ils être encore déterminants dans les décennies suivantes pour certains hommes qui cherchaient des emplois de mercenaires hors de Bretagne. Cette question a été soulevée dans de récentes recherches5. Le cas particulier que nous allons évoquer pour commencer en apportera peut-être des preuves convaincantes.
2Le 30 novembre 1372, Jean de Malestroit, chevalier, son frère Hervé de Malestroit, écuyer, Patry de Châteaugiron, chevalier, et Jean d’Acigné, chevalier, confirment leur accord de servir le duc de Bar pendant cinq semaines à partir du 6 décembre 1372 avec un nombre non spécifié de troupes. Les hommes devaient être payés sur la base de 25 florins par mois quand ils servaient comme hommes d’armes ou archers avec trois chevaux et 20 florins s’ils avaient seulement deux chevaux6. Cet accord a été répertorié à la fin du xviie siècle dans les archives des ducs de Lorraine7 où heureusement il se trouve toujours, à Nancy8. Les historiens modernes l’ont bien exploité depuis que Victor Servais l’a complètement paraphrasé en 18659. Personne ne sera surpris que Philippe Contamine ait utilisé les détails que cet accord donne sur la solde dans son Guerre, État et société10. Ce document n’est en aucune façon unique : on trouve encore dans les archives de la ville de Metz une brassée impressionnante de ce genre de contrat à court terme entre la ville et ses capitaines au début des années 1370, dont au moins un autre Breton, Juhel Rollant ; on y trouve aussi les quittances des paiements effectués11. Néanmoins l’accord entre Robert Ier, Malestroit et ses compagnons est l’un des plus instructifs, particulièrement en ce qui concerne les relations avec la population indigène autour des places assignées aux forces bretonnes durant leur court séjour dans le Barrois. Une transcription complète en est donnée en pièce justificative ; un court résumé des principaux points pourra donc suffire.
3Des règles strictes étaient imposées sur les exactions qui pouvaient être faites pour entretenir les troupes, en particulier en ce qui concernait la nourriture et le fourrage lorsque les hommes étaient en garnison, tandis que lorsqu’ils étaient en chevauchées, il leur était permis de prendre des quantités raisonnables sur le plat pays en allant et en revenant du service du duc. Il fallait payer pour la plupart du reste du ravitaillement. La propriété des habitants du duché devait être respectée et aucun dommage ne devait leur être infligé. La répartition du butin entre le duc, ses alliés, les bourgeois de Metz et les Bretons était précisée clairement, particulièrement à propos des rançons, tandis que d’autres éventualités, comme des réductions dans le nombre des hommes servant et ce qui était dû comme gages en cas de maladie, de mort ou de démission étaient aussi abordées, ainsi que la procédure à suivre en cas de résiliation du contrat. Celle-ci comprenait la restitution des principales lettres reçues par les Bretons12, la délivrance d’une quittance générale, ainsi que la restitution du château de Souilly, près de Verdun, qui leur avait été assigné. Là, une garnison de douze hommes était entretenue aux frais des capitaines bretons, à l’exception de ce qu’ils pouvaient prendre à la chasse ou acquérir comme foin et avoine ou plat pays. À part cela, rien ne pouvait être pris pour le château, mais si les capitaines eux-mêmes souhaitaient aler esbattre ou demourer ou dit chastel, a plus grosse route faire, le pourriens, mais nous seriens tenus de paier toutes choses excepté chascions13, volaille, foins et avoines qu’ils pouvaient aussi prendre sur les campagnes environnantes pendant cinq jours. S’ils restaient plus longtemps, ils devaient payer tout ce qu’ils prenaient. Le prévôt du duc demeurait au château de Souilly avec sa famille afin de rendre la justice et d’administrer la prévôté comme il le faisait auparavant14.
4Ce document n’était pas le seul rédigé entre les deux parties pour ces cinq semaines de service, puisqu’il est fait référence à certaine fourme et maniere plus a plain contenés es lettres de nostre dit seigneur que nous en avons de ly. C’était sans doute dans ces lettres disparues qu’était stipulé le nombre d’hommes que Malestroit et ses compagnons devaient fournir. Nous pouvons aussi noter qu’il était aussi fait référence aux obligations préexistantes que les capitaines bretons avaient envers leurs seigneurs féodaux, le roi de France et ses frères et le duc de Bretagne. Cela peut laisser supposer que Jean IV était au courant de leurs activités, alors qu’ils étaient absents de Bretagne à un moment critique dans la destinée du duc, puisque celui-ci allait, dans les six mois suivants, être envoyé une fois encore en exil en Angleterre15. En particulier, il était stipulé dans cet accord qu’ils ne seraient autorisés à rompre leur contrat que sur ordre de Charles V. Ils devaient alors donner une semaine de préavis et ne contracter aucun autre engagement qui les opposerait au duc de Bar avant une semaine à partir de 10 janvier 1373.
5Nous reviendrons sur ce qui arriva après la résiliation du contrat. Mais quelques informations générales sur les personnalités et les événements sont nécessaires pour comprendre le contexte. D’abord, il faut souligner que les quatre capitaines qui sont nommés venaient de familles de la vieille noblesse bretonne et non d’obscurs lignages ; il s’agissait peut-être d’opportunistes, mais non d’arrivistes. L’histoire des branches aînées des familles d’Acigné et de Châteaugiron, toutes deux de la comté de Rennes (Ille-et-Vilaine), remontent au-delà de 1050, tandis que Jean et Hervé de Malestroit descendent de Galéran de Châteaugiron qui, au milieu du xiiie siècle, avait épousé l’héritière de la seigneurie d’Oudon (Loire-Atlantique)16. Alain, leur plus jeune fils, avait hérité d’Oudon, stratégiquement situé sur les rives de la Loire, d’où il pouvait exiger des péages17, et son fils Hervé (†1345) épousa à son tour une autre héritière bien dotée, Jeanne de Malestroit, dont l’ancêtre Paganus, dominus Malestrict est mentionné lors de la donation de la chapelle de Missiriac (Morbihan) à l’abbaye de Marmoutier vers 112918. Leur fils aîné, Jean Ier (†1374), hérita de la seigneurie de Malestroit (Morbihan) et donna naissance à notre Jean (Jean II), à Hervé et à deux autres fils, Thébaut et Alain.
6Jean II était probablement né entre 1330 et 1340, puisqu’il était marié peut-être dès 1355 et certainement en 1364 à sa première femme, Louise de Chemillé, héritière de Guy, sire de Chemillé, et d’Isabeau de Machecoul qui avait apporté à son mari des terres à Brissac (Maine-et-Loire) et à Mortagne (Vendée). Le 14 mars 1364, il était présent avec son père à la fondation d’une chapelle dédiée à saint Yves Hélori, récemment canonisé, qui dépendait de l’église de Saint-Gilles de Malestroit et qu’ils dotèrent d’une rente de 20 livres19. Six mois plus tard, il est probable qu’avec son frère Hervé et son père il combattit pour Charles de Blois, duc de Bretagne, à Auray (29 septembre 1364). Froissart rapporte avec beaucoup d’assurance la mort du banneret li sires de Malatrait, mais d’autres documents montrent que Jean Ier et ses deux fils survécurent, mais qu’ils furent tous les trois faits prisonniers20. On ne sait cependant rien des rançons qu’ils purent avoir à payer21.
7Libre, le 31 janvier 1366, Jean II, avec une seconde épouse d’une famille très en vue, Marguerite de Lohéac (Ille-et-Vilaine), acceptait devant une cour à Nantes, de renoncer à toutes les terres de ses parents qui auraient pu revenir au couple, contre une rente annuelle de 700 livres, à moins que la sœur de Marguerite qui avait épousé un autre noble breton bien connu, Raoul, sire de Montfort, ne mourût sans héritier direct22. Finalement, à la mort de son père Jean Ier en 1374, c’est Jean II qui lui succéda comme héritier principal, puisque à l’automne 1375 il donnait leur part à ses deux frères encore vivants, Thébaut et Alain23. L’absence d’Hervé de ce partage et le manque de références postérieures à sa personne ajoutent du poids à la supposition qu’il était mort quelque temps auparavant24, même s’il laissait au moins trois fils pour lui succéder25. Après avoir réglé ces affaires familiales en Bretagne, Jean II quitta le duché pour poursuivre sa carrière militaire qui prit alors un tournant décisif. Le 1er mai 1376, il fut engagé par le pape Grégoire XI pour conduire des troupes en Italie. Ses hommes se rassemblèrent à Carpentras le 18 mai. Deux jours plus tard, il quittait le Comtat Venaissin et atteignait le duché de Milan au début de juin26. Autant que l’on puisse dire, il ne revint jamais en Bretagne avant sa mort près de Naples le 21 octobre 138227. En 1383, sa veuve Marguerite de Lohéac se remaria avec Guillaume de Montauban, seigneur de Landal (Ille-et-Vilaine), avec une dot de 700 livres de rente28. Jean et Marguerite n’avaient eu qu’une fille, Jeanne (qui mourut en 1429) et c’est elle qui apporta la seigneurie de Malestroit à ses deux maris successifs, d’abord Jean de Malestroit, sire de Beaumont (†1416), un parent proche déjà âgé, puis un Normand exilé en Bretagne, Philippe de Vierville, seigneur de Creully29.
8Malgré ces preuves du solide statut de la famille de Malestroit au sein de la meilleure noblesse bretonne et angevine aux temps de Jean Ier, Jean II et Jeanne, il est clair qu’à partir de la reprise de la guerre franco-anglaise en 1369, Jean II se consacra presque exclusivement aux affaires militaires, suivi en cela par son frère Hervé. En janvier 1371, par exemple, il commandait avec Sylvestre Budes, qui l’accompagna plus tard en Italie30, des troupes au château de Sainte-Bazeille (Lot-et-Garonne), sous le commandement général de Louis, duc d’Anjou, lorsque les Anglais assiégèrent Montpont (Dordogne), alors aux mains d’une garnison bretonne31. En août et septembre 1371, il était toujours avec Anjou et Olivier V, sire de Clisson, au siège de Montcontour (Vienne), l’une des premières actions dans la campagne de reconquête du Poitou. Une quittance du 15 septembre 1371 révèle qu’il était alors à la tête d’une compagnie de neuf chevaliers et 51 écuyers32. Ensuite, on n’entend plus parler de lui pendant un an, jusqu’à ce que le 16 novembre 1372, il donne un autre quittance, à la ville de Metz cette fois, pour le paiement de sa compagnie pour avoir servi contre Pierre de Bar, seigneur de Pierrefort33. Quinze jours plus tard, il accepte le contrat par lequel nous avons commencé avec Robert, duc de Bar, qui était allié à la ville de Metz dans la guerre contre le seigneur de Pierrefort, son proche parent. Une quittance de Patry de Châteaugiron et Jean d’Acigné donnée aussi aux Messins le 5 décembre 1372 montre qu’eux aussi servaient déjà avec les Malestroit34.
9Comme je l’ai noté précédemment, Châteaugiron et Acigné avaient tous les deux le même statut social que les Malestroit, sur les franges de la plus haute noblesse bretonne. Patry de Châteaugiron avait certainement succédé à son père Armel Ier, seigneur de Châteaugiron, en 1358, bien qu’il fût peut-être encore mineur35. Selon le généalogiste breton du xviie siècle, le Père du Paz, il fut fait prisonnier à Auray, mais reprit les armes en 1369 et servit en Anjou avec une petite compagnie de 12 écuyers sous Amaury de Craon36. Le dossier est vide pour les trois années suivantes jusqu’à ce que Patry apparaisse dans le Barrois avec les Malestroit. Ce service mercenaire semble avoir été un événement isolé dans sa carrière (avec une brève exception en 1385, comme on verra plus bas), puisqu’il retourna au service du roi plus tard, et donna une quittance alors qu’il servait dans le Périgord et le Limousin le 9 avril 137637. En octobre 1377, il fut nommé sénéchal de Quercy par Louis, duc d’Anjou, charge qu’il occupait encore en novembre 137838. Cependant au retour de Jean IV, duc de Bretagne, de son exil en Angleterre, Patry lui prêta hommage le 9 décembre 137939 et passa le reste de sa longue vie (il était encore vivant en 1414 et peut-être jusqu’en 141640) largement au service du duc.
10Sous Jean IV, il fut garde de Dinan (Côtes-d’Armor) entre 1382 et 1385 alors qu’on construisait un nouveau château ducal, et, au moins à partir de mars 1388, chambellan et conseiller, recevant une pension et plusieurs autres gages de la faveur ducale41. Son autre brève période de mercenariat se produisit apparemment en 1385, quand il eut la permission de servir en armes en Castille, en promettant de revenir si le duc le requerrait42. Juste un an plus tard, le 15 octobre 1386, il était payé 200 francs pour une mission en Navarre accomplie quelques mois auparavant pour aller chercher la duchesse, la princesse Jeanne de Navarre, qui était arrivée finalement en Bretagne pour épouser Jean IV, comme sa troisième épouse, en septembre 138643. Sous Jean V (1399-1442), Patry, alors un des personnages les plus importants à la cour, fut nommé premier grand chambellan en 1406. Il était aussi, probablement depuis 1404, maréchal de Bretagne, charge qu’il occupa plusieurs années avant que ne lui succède son fils aîné Armel44, même si il y a quelques confusions sur leur rôle respectif, car Armel est aussi appelé seigneur de Châteaugiron dans quelques documents. Ainsi, il est possible que Patry ait été l’un des garants de la trêve de 1411 entre les Bretons et les Anglais, mais c’est son fils qui fut envoyé pour préparer le traité avec Henri IV d’Angleterre en 141245. Patry apparaît pour la dernière fois au conseil ducal en 1414, sans qu’aucune charge à la cour ne lui soit accolée46. Sa femme, Valence de Bain47, avait été garde des joyaux de Jeanne de Valois, duchesse de Bretagne, entre au moins 1408 et 141148. Ils avaient eu deux autres fils outre Armel (qui mourut avant son père en novembre 1414), Thébaut et Alain qui eurent tous deux une carrière au service du duc49.
11Jean d’Acigné était probablement le plus jeune des quatre capitaines bretons en 1372. Le 15 mars 1358, Guy XII, seigneur de Laval et de Vitré, accepta de reconstruire le château d’Acigné (Ille-et-Vilaine) pour Jean qui était en sa garde et pour sa mère, Jeanne de Lanvaux50. La présence d’une motte, domus et herbergamentum tenus par les ancêtres de Jean, qui pour la plupart avaient le titre de miles, est bien attestée depuis le début du xiiie siècle51. Il est probable que, quelles qu’aient été les constructions qui étaient sur le site au milieu du xive siècle, elles aient été endommagées pendant la guerre civile bretonne. La mote d’Acigné fut encore ravagée pendant les guerres d’Indépendance à la fin du xve siècle, mais il en subsiste encore des vestiges52. Au commencement de 1371, Jean servait comme chevalier sous le commandement de son compatriote, le tout nouveau connétable de France, Bertrand du Guesclin, comme l’atteste une montre à Blois53, seule référence à son expérience militaire trouvée jusqu’à présent avant la quittance qu’il donna lui aussi aux Messins et avant qu’il acceptât de servir Robert de Bar en novembre 1372. Comme pour Patry de Châteaugiron, cet intermède mercenaire semble avoir été bref. Quand la trêve de Bruges expira en 1377, Jean d’Acigné servit à nouveau sous le connétable, cette fois en Normandie54, avant de faire lui aussi la paix avec Jean IV, duc de Bretagne. Comme la plupart de la grande et petite noblesses bretonnes, il jura de respecter le second traité de Guérande signé le 10 avril 1381 et qui établissait la paix entre le duc et le roi de France Charles VI55. Il prêta hommage et devint un conseiller de confiance, ambassadeur, otage et même exécuteur testamentaire de Jean IV. À sa mort, vers 140056, Jean II, le fils qu’il avait eu avec Jeanne de La Lande lui succéda ; c’est probablement lui le chevalier d’Acigné qui échappa à la mort à la bataille de Nicopolis (25 septembre 1396), un des trois survivants d’une troupe de Bretons comportant au moins 120 hommes ; ainsi, il assura la continuation de la famille pour de nombreuses générations57.
12Quand ces quatre Bretons, étroitement liés, étaient-ils arrivés dans le Barrois qui se trouve aux frontières est du royaume de France, à plus de 600 km du duché de Bretagne ? Ce n’étaient pas les premiers Bretons à avoir combattu dans cette région dans une période récente. Dans le sillage des forces anglaises qui avaient tyrannisé le duché de Bar en 1359-1360 (certains comme brigands, d’autres pendant la “campagne du couronnement” d’Édouard III), certains étaient venus quand la menace des Grandes Compagnies avait grandi au début des années 1360 et avaient combattu soit avec, soit contre l’Archiprêtre, Arnaud de Cervole58. Celui-ci remonta de Bourgogne en 1363 avec une force comprenant de nombreux Bretons afin de porter secours à Henri, seigneur de Joinville, comte de Vaudémont, et au comte de Grancey contre les ducs de Lorraine et de Bar59, puis il combattit contre Vaudémont et le duc de Lorraine en 1364-1365 avant d’être recruté par Henri, seigneur de Pierrefort et son fils Pierre pour leur guerre contre Metz. Celle-ci fut provoquée par la vente en 1361 d’une terre par leur parent Robert Ier duc de Bar, vente qui devint le sujet d’une querelle de famille quand le duc fut incapable de racheter l’hypothèque et qu’un autre membre du lignage, Ferry de Bar, chanoine de Liège, membre de la branche de Pierrefort, mais alors aussi héritier présomptif de Robert de Bar, voulut exercer le retrait lignager avant de céder ses droits à Henri seigneur de Pierrefort, son autre cousin. La ville de Metz fut impliquée, parce que les Messins contestèrent la légalité de ces transactions familiales, invoquant le non-respect de leurs propres droits60. Les comptes qui nous sont conservés des prévôts ducaux dans le Barrois, ainsi que ceux de Fou, Gondrecourt, La Mothe et Sancy pour les années 1361-1364, et ceux d’Étain, Souilly et La Chaussée pour 1364-1366, relatent les dommages causés par les “Bretons”, les rançons extorquées (i. e. patis) et les dépenses engagées pour combattre leurs incursions61. Parmi les places où furent installées les garnisons hostiles, on trouve Longeville-en-Barrois (Meuse), Longwy (Meurthe-et-Moselle) et La Tour (Meuse)62. Les noms des chefs des bandes bretonnes restent largement inconnus, mais ils ont pu inclure Juhel Rollant, recruté plus tard par Metz comme capitaine en 137163. Un peu de répit fut gagné d’abord, quand, à l’automne 1365, Bertrand du Guesclin recruta un grand nombre de ces bandits dans l’est de la France, choisissant en priorité ses compatriotes pour les porter au secours d’Henri de Trastamare, prétendant au trône de Castille64, puis quand l’Archiprêtre fut assassiné le 25 mai 136665. Mais après quelques années d’une paix difficile, les princes, évêques et bourgeois des villes commencèrent à nouveau à recruter.
13Ce n’est pas le lieu ici d’explorer la série kaléidoscopique d’événements qui suivirent la reprise de la guerre entre Pierre de Bar et Metz en 1368 : l’embuscade et la capture de Robert, duc de Bar par les Messins à Ligny-en-Barrois le 4 avril 1368, ses deux années d’emprisonnement, sa rançon et sa courte période de liberté avant une autre période de captivité aux mains de sa propre mère Yolande de Flandre, duchesse douairière de Bar, qui fut ensuite emprisonnée par Charles V, s’échappa et fut à nouveau faite prisonnière, ou la guerre des Pierrefort contre Metz. Celle-ci fut suspendue en 1370 pour reprendre en septembre 1371, époque à laquelle Robert Ier avait changé de côté et était alors allié aux Messins tandis que Jean Ier, duc de Lorraine (1346-1390) alliait sa destinée aux Pierrefort66. C’est à ce moment que tous les camps commencèrent à sérieusement recruter des troupes parmi les nobles locaux et sur le marché émergeant des compagnies “étrangères”, malgré la reprise générale de la guerre franco-anglaise.
14Metz montra le chemin. Le 8 juillet 1371, elle engagea pour un mois l’un des chefs des mercenaires le plus haut en couleurs de l’époque, Owen de Galles, le dernier prince de Gwynedd, et sa compagnie de 120 hommes d’armes67. Le 4 septembre, un accord fut conclu avec Juhel Rollant de Bretagne à la tête d’une Rote ou Compaignie de trois cens Combatans, ou plus, de Brettons pour 3000 florins par mois68. Ceux-ci furent payés le 7 novembre, date à laquelle Juhel délivra une quittance générale de tout ce qui lui était dû à lui et à ses hommes pour leur service pendant la guerre contre le duc de Lorraine et Pierre de Bar, avec qui ils avaient signé une trêve, ainsi qu’avec ses alliés, Philippe et Richard d’Armoises et Jean de Bouexières69. À en juger par les sommes mentionnées dans les autres contrats et quittances, les forces des lanciers et archers que Juhel Rollant fournit étaient les plus importantes employées par les Messins entre 1371 et 1373, mis à part celles d’Owen de Galles70. Bien que Jean de Malestroit eût finalement mené en Italie une armée qui compta jusqu’à 1843 lances, il est probable que lui et ses capitaines en 1372 conduisaient une force beaucoup plus modeste que celle qui était sous le commandement de Rollant l’année précédente, chacun à la tête de quelques dizaines d’hommes d’armes au plus.
15Ils furent engagés principalement pour le siège par le duc de Sampigny (Meuse), une petite ville dans la vallée de la Meuse, au sud-est de Verdun et à l’ouest de Toul. Le siège avait déjà commencé quelques semaines auparavant puisque le duc avait accordé son pardon “Escript au siege de Sampigni” le 31 octobre à un charretier qui était rentré chez lui, quittant le siège sans autorisation71. Il y avait eu des morts et quelques hommes avaient été faits prisonniers72, mais c’est clairement l’arrivée des Bretons qui avait apporté une conclusion définitive au siège. Après que la ville eut été prise à la suite d’une courte campagne d’hiver, les relations avec le duc de Bar se détériorèrent et, dès janvier 1373, les Bretons étaient passés au service de son ennemi, Pierre de Bar73. Les raisons pour lesquelles ils changèrent de côté ne sont pas claires. Il se peut tout simplement qu’ils aient accepté une nouvelle offre d’emploi, leur contrat ayant expiré le 10 janvier. Mais, d’après un accord postérieur d’octobre 1373 concernant Jean de Malestroit, il est évident que le duc Robert n’avait pas payé tous les salaires que les frères Malestroit escomptaient, et il est bien possible que cela ait été le facteur déterminant74. Ce qui est certain, c’est que, quittes de leur emploi auprès du duc et libérés des termes de leur contrat concernant le respect des vies et des biens de la population locale, ils s’accordèrent une orgie de rapines. Des endroits aussi éloignés que la région du Bassigny au nord-est de Langres (Haute-Marne) furent pillés par des Bretons. Jean de Malestroit lui-même prit Gondrecourt (Meuse) dans la vallée de l’Ornain, au sud de Saint-Mihiel et au sud-ouest de Toul ; il occupa la ville pendant quinze jours avant de l’incendier75. Il prit aussi la petite ville de Saint-Thiébault (Haute-Marne), plus au sud76. Mais la capture de son frère Hervé mit un frein à ces exactions, les négociations pour sa rançon menant finalement à la paix. En contrepartie de la libération d’Hervé et de Guillaume Canete77 qui avait été fait prisonnier avec lui, les frères Malestroit renonçaient à de nouveaux actes de violence contre le duc de Bar et ses sujets. Cet accord fut rédigé devant notaire à Bar-le-Duc le 30 mars 137378. On ne sait pas la somme qui fut payée pour obtenir la libération des prisonniers, mais le 1er octobre à Reims, en présence de Jean de Craon, archevêque de Reims et oncle des Malestroit, Robert, duc de Bar, reconnaissait qu’il leur devait encore de l’argent pour leurs services et offrait 1000 francs en échange des lettres encore en leur possession79. Au moins 100 francs sur ce qui n’avait pas été réglé fut remis au duc par le prévôt de Saint-Mihiel en novembre pour payer et convertir a Mess. Jehan de Malestreyt a qui Mons. lez debvoit80. Dans l’intervalle, les Bretons avaient quitté le Barrois, quittes aussi de leur service auprès de Pierre de Bar après qu’il eut été contraint de signer le 23 mars 1373 un traité à Pont-à-Mousson avec ses nombreux ennemis qui comprenaient alors les ducs de Lorraine et de Bar et les évêques de Metz, Toul et Verdun : il payait une compensation de 18 000 francs et acceptait de renvoyer les Malestroit81. Selon Philippe de Vigneulles, chroniqueur de Metz au xvie siècle, [E]t alors c’en retournait en son païs le seigneur Baicarat (sic pour Malestroit) et toute sa compaignie, lesquelles avoient estés à l’ayde de Pierre de Bar encontre la cité de Metz82 ; il se dirigeait apparemment vers le Languedoc, même si on ne retrouve pas sa trace dans les documents avant juin 1374, quand sa compagnie de 120 hommes se trouve à Montpellier83.
16Le reste de sa carrière militaire mouvementée peut être résumée succinctement puisqu’elle a déjà considérablement attiré l’attention des chercheurs. En août 1374, il était recruté par le roi Jacques de Majorque pour une campagne dans le Roussillon, où il prit un certain nombre de villes avant d’envahir la Cerdagne et d’occuper Urgel. Mais après la mort de Jacques à Val-de-Sorias à la mi-février 1375, son armée se dispersa et Jean de Malestroit fut chargé par la marquise de Montferrat, sœur du défunt roi, de ramener les troupes en France84. À cette occasion, il traversa les terres de Gaston Fébus, comte de Foix, et dut accepter le 7 mai 1375 au château d’Orthez, avec onze de ses capitaines pour la plupart originaires du Midi, de rester sur les routes qui leur seraient indiquées par les guides de Gaston Fébus et de payer des indemnités pour tous dommages causés85. Il fut ensuite recruté avec quelques-uns de ses anciens compagnons par Enguerrand de Coucy pour poursuivre les revendications territoriales de celui-ci à l’encontre de son parent Léopold II de Habsbourg en Alsace et en Suisse, campagne liée à l’un des essais périodiques de Charles V de débarrasser son royaume des routiers en les encourageant à s’engager sur des territoires étrangers86. Leur itinéraire les conduisit une fois de plus à traverser les duchés de Bar et de Lorraine. À la fois à l’aller et au retour, des dépenses furent engagées localement pour combattre les pires excès des Bretons87. C’est à son retour des cantons suisses que Malestroit fit le partage de l’héritage de son père avec ses deux frères survivants, dont l’un, Thébaut, se lançait alors dans une carrière ecclésiastique qui culminerait par son élection comme évêque de Tréguier, d’abord (1378), puis de Quimper en 138388.
17C’est au service de l’Église que nous retrouvons Jean lui-même, quand il fut engagé par Grégoire XI, comme je l’ai dit plus haut, pour mener les forces de la papauté contre divers ennemis dans l’Italie du nord et du centre89. Interrogé par le pape qui lui demandait s’il pensait pouvoir prendre Florence, il fit cette réponse restée célèbre : “Le soleil y rentre-t-il ? Si le soleil y peut entrer, je le peux aussi”90. Dès juillet 1376, l’armée avait atteint Modène, puis Bologne, et dès octobre elle était près de Césène avant que certaines troupes ne soient détournées vers Rimini91. En novembre, quinze cents Bretons attaquèrent Fano, mais trois cents d’entre eux restés à Césène y furent massacrés en novembre, et en janvier le légat Robert de Genève, agissant comme général de Grégoire XI, rappela le reste des Bretons et les hommes de John Hawkwood à Césène. Une révolte éclata et, le 3 février, pour venger le meurtre de leurs compagnons, les Bretons avec Sylvestre Budes à leur tête perpétrèrent l’un des massacres de population civile les plus célèbres de la fin du Moyen Âge. Après le massacre, Malestroit resta quelque temps à Césène avant de partir à la fin du mois d’août envahir le duché de Spolète sur ordre du pape avec 4000 hommes, mais sans Budes. Quand Grégoire XI mourut en mars 1378, il passa brièvement au service de l’antipape Clément VII au début de 1379, probablement en compagnie encore de Budes. Il était ainsi présent quand Alberigo da Barbiano infligea aux Bretons une écrasante défaite restée célèbre à Marino, à 25 kilomètres de Rome, le 28 avril. Budes fut fait prisonnier en même temps que Bernard de La Salle, ce qui mit fin effectivement à la menace la plus importante des compagnies de mercenaires étrangers dans la péninsule, mais annonçait aussi la montée de leur successeurs italiens92. Malestroit, quant à lui, semble avoir échappé à l’arrestation. Dès juin 1380, avec une troupe très réduite, il était entré au service de la reine Jeanne de Naples, rejoignant ainsi l’expédition de son ancien commandant Louis, duc d’Anjou, en juillet 1382, qui arrivait pour réclamer l’héritage que lui avait laissé la reine93. C’est dans une escarmouche près de Naples le 21 octobre 1382 que Malestroit, alors âgé d’environ quarante-cinq ans, trouva la mort94.
18Quelques points d’ordre général pour conclure cette étude très partielle des expériences mercenaires d’un petit groupe de nobles bretons : il ne fait aucun doute que Jean de Malestroit fut un grand chef militaire, qui vécut essentiellement pendant plus d’une décennie en s’engageant, lui et ses hommes, auprès d’une large variété d’employeurs dans l’Europe de l’Ouest, laissant à sa femme l’administration de son considérable patrimoine, ne jouant aucun rôle dans la politique de son duché natal dans une période troublée et ne laissant qu’une fille pour héritière. Son frère Hervé qui avait une perspective d’héritage bien moindre (le mieux qu’il pouvait espérer pour sa part était une partie du tiers traditionnellement alloué par la coutume bretonne aux cadets) entama une carrière similaire, interrompue, semble-t-il, par la mort trois ou quatre ans plus tard : il laissait des fils pour lui succéder. Nous ne pouvons que nous demander, puisque les sources conservées sont muettes sur ce point, si Jean et Hervé avaient quitté leur patrie, parce que, comme partisans irréductibles de Charles de Blois, ils refusaient d’accepter l’autorité de Jean IV, ou s’ils étaient simplement en quête d’emploi et d’aventure. En ce qui concerne les deux autres capitaines bretons, Jean d’Acigné et Patry de Châteaugiron, qui avaient rejoint les Malestroit au service de Metz, puis du duc de Bar en 1372, leur service mercenaire semble avoir été d’une durée très limitée, moins d’un an, peut-être quelques mois, avant qu’ils ne reviennent à un schéma d’emploi plus normal pour des hommes de leur statut en se mettant au service de la couronne de France. Puis, après que l’absence inhabituelle de leur propre supérieur féodal immédiat, le duc de Bretagne, qui avait été contraint à l’exil à cause de la désertion de ses nobles, fut terminée, ils reprirent du service auprès de Jean IV, non seulement en s’acquittant des devoirs militaires obligatoires, mais en jouant tous les deux un rôle actif dans l’élaboration et l’exécution de la politique ducale. Le seul accroc à ce cursus honorum fut pour Châteaugiron sa brève période de mercenariat en Castille en 1385. Ils laissèrent tous les deux des héritiers qui à leur tour servirent leurs ducs à travers la guerre et la paix et leurs familles se maintinrent au premier plan de la société bretonne tout au long du xve siècle et, dans le cas d’Acigné, jusque bien en avant dans la période moderne, époque à laquelle la famille avait aussi hérité de la seigneurie de Malestroit95.
Annexe
I. Quittance donnée par Juhel Rollant de Bretagne aux maîtres échevins, autres conseillers et communauté de la ville de Metz pour la totalité des paiements qui lui ont été faits ainsi qu’à ses compagnons pour leur service dans la guerre contre le duc de Lorraine, Pierre de Bar et leurs alliés, avec lesquels une trêve a été conclue, 7 novembre 1371.
A. Arch. mun. Metz, EE 8.21.5, 347 x 158 mm., autrefois scellé sur double queue sur repli (30 mm)96
Je, Juhels Rollant de Bretaingne, fais savoir et cognissant a tous ceauls qui ces presentes lettres vairont et oront que li Maistres Eschevins, li Trezes jureis et toute li Communaul/teit de la Citeit de Mes m’ont bien solt paiet et delivreit por moi et pour mes compaignons et pour tous ceauls de ma Rote et de ma compagnee, gens d’armes et archiers, qui/ avec moi ont esteit ou servixe les diz de Mes, tous les sols et gaiges et tout ceu enthierement que li dis de Mes nous devoient et poient devoir et poient estre a nous tenus pour/ tous les servixes que Je et tous mes diz compagnons, gens d’armes et archiers, lour avons fait de tout le temps passeit et en jusques au jour de la date de ces presentes ez guerres/ qu’il ont heue encontre monseigneur le duc de Loher’ et March’, encontre Pierre de Bar et encontre tous lour aidins dont il ont truez a present. Et encor es guerres qu’il ont heut et ont encor a/ present encontre Monseignur Philippe et Richart des Hermoises, freires, Jehan de Bouxieres, lour cousin, et encontre tous autres. Et encor tout ceu enthierement dont li diz de Mes estoient et/ poient estre tenus a moi et a mes diz compagnons pour le fait et cause des servixes et des guerres dessusdites et de tout ceu qui s’en despent et enxime s’en puet et de toutes aultres choses/ queilconques. Et n’en puix et n’en doi Je ni autres pour moi ne pour mes diz compagnons des choses dessusdites ne d’aucune d’elles as dessusdis de Mes, a lour hommes et soubgis a lour aidans,/ servans, confortans et receptans a alcun d’eauls ni a autrui pour eauls a nuls jours maix de riens prenre ni alcune chose demander. Ains les en clain quites des maintenant pour tous jours/ maix pour moi et pour tous mes dis compagnons. Et de tout ceu promes Je et doi faire taixans tous mes dis compagnons et tous altres qui alcune chose en vorroient ou porroient deman/der as dis de Mes ou a altres comment ne par queilconque maniere. En tesmoignaige de veriteit, et pour ceu que ferme chose soit et estauble, ai Je, Juhels Rollant dessus nommeis, mis mon/ seel en ces presentes lettres que furent faites l’an de graice nostre seignour mil trois cens sexante et onze le septime jour dou moix de novembre.
II. Jean de Malestroit, chevalier, Hervé de Malestroit, écuyer, Patry de Châteaugiron, chevalier, et Jean d’Acigné, chevalier, acceptent de servir Robert Ier, duc de Bar, pour cinq semaines à partir du 6 décembre 1372, 30 novembre 1372.
A. Arch. dép. Meurthe-et-Moselle, B 524 no 105, 350/365 x 310 mm., scellée sur trois doubles queues sur repli (25 mm)97
B. Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 791, fin xixe-début xxe siècle d’après l’original alors Trésor des Chartes de Lorraine, Nancy, layette Bar, Mélanges II n° 10598
Nous Jehan de Malestreyt, chevalier, et Hervi, son frere, escuier, Patris de Chastiaugiron et Jehan d’Assigni, chevaliers, faisons savoir a tous que comme nostre tres cher seigneur monseigneur le duc/99 de Bar, marchis dou Pont, nous ait retenu pour li servir l’espasse de cinq sepmaines commencans le sisieme jour de decembre prouchain venant et finissans au disieme jour de janvier apres/ ensuivant, parmi ce qu’il nous est tenus paier et rendre pour chascune paie vint et cinq florins le mois, pour homme d’armes ou archier a trois chevaulx, et vint florins le mois pour homme/ d’armes ou archier a deux chevaulx, selon ce qu’il apperra par la moustre que faire en devons ensemble noz estas pour les dictes cinq sepmaines et a certains termes et paiement et par/ certaine fourme et maniere plus a plain contenés es lettres de nostre dit seigneur que nous en avons de ly.
Assavoir100 est que parmi la dicte retenue nous, Jehan de Malestret et Hervi, son frere,/ Patris de Chastiaugiron et Jehan d’Assigni dessus diz, devons et sommes tenus servir en noz personnes bien et lealment a route des paies dessus dictes selon la dicte moustre nostre dit seigneur/ envers tout homme excepte le Roy de France, noz seigneurs, ses freres, et nostre cher seigneur monseigneur le duc de Bretaingne, par l’espasse des dictes cinq sepmaines commencans et finans au/ jours dessus dit sans prenre aucune chose ou paie de nostre dit seigneur le duc de Bar se ce n’est parmi noz deniers paians se ce n’estoit en chevauchant par le plat pais pour la/ guerre de nostre dit seigneur le duc de Bar en quel cas nous pourriens prenre vivres raisonnablement ou plat pais en passant oultre ou en retournant. Et nous estans en forteresses/ ou en bonnes villes de nostre dit seigneur le duc de Bar ne povons ne devons en ycelles ne ou plat pais prenre fors que par noz deniers paians excepte foins et estrains/ tant seulement, que nous pourions prenre ou plat pais. Et avec ce tant et si longuement comme son chastel de Soulliers101 sera en noz mains nous le devons garder a route de/ douze personnes d’estat de noz gens ou a noun, selon nostre bon plaisir, qui seront a noz frais et despens de toutes choses, excepte de chascions, de vollaille, de foins et d’avoines, que noz/ dictes gens pourroient prenre ou plat pais, pour eulx vivre, sans prenre aucune chose ou dit chastel, et se il plaisoit a nous ou a noz commis ou lieutenans, aler esbatre ou/ demourer ou dit chastel a plus grosse route faire, le pourriens, mais nous seriens tenus de paier toutes choses excepte chascions, vollaille, foins et avoines, qui nous pourriens/ prenre ou plat pais, et non ou chastel, comme dit est, puis que nous n’y demouriens que cinq jours et se plus de cinq jours y demouriens, nous seriens tenus de tout paier a deniers.
C’est assavoir vins, pain, toutes chars, vollaille, foins, avoinnes et toutes autres choses que nous prenriens les dis cinq jours passés, et pourra demourer ou dit chastel le prevost qui a present y/ est, ensemble sa famille, pour exercer juridiction et gouvernement de la prevosté d’illec, comme par avant.
Et avec ce, nous parpaies en tant comme a un chascun de nous touche et/ puet toucher, sommes tenus de faire partir du dit chastel noz dictes gent et de rendre a nostre dit seigneur le duc de Bar ou a son certain commandement, son dit chastel en/ tel estat comme il est a present de murs, d’edifices et de couvertures sans empirement aucun se ce n’estoit par viessure, pourreture par vent ou par autre villain accident de fortune,/ qui ne seroit par nostre coulpe, et sans faire guerre ne autre chose par le dit chastel, ne aultrement a personne quelconques, par quoy nostre dit seigneur de Bar ne son pais en puisse avoir/ dommaige, se ce n’est a ses ennemis, ou par son commandement.
Et avec ce, nous estans ou service de nostre dit seigneur le duc de Bar, devons avoir tous prisonniers pris hors forteresse./ Et de tous prisonniers qui seroient pris en forteresse par force d’assault ou de mine combatue il[s] serioent a ceulx qui les prenroient et s’il[s] estoient pris par ce qu’il[s] se rendeissent/ a nostre dit seigneur le duc de Bar, ou a ceulx de Mes102, ou a nous, ou a noz compaignons en faisant l’assault ou en combatant la mine, il[s] seroient a nostre dit seigneur le duc de/ Bar et a ceulx de Mes la moittié, et a nous l’autre, selon ce que nous y avons et averons de gens, et les biens de la forteresse samblablement par moittié. Et, se il se rendoient sans assaut/ ou sans combatement de mine, pour le temps qu’il se renderoient li prisonniers seroient a ceulx a qui il[s] se renderoient et les biens de la forteresse seroient par moittié, comme dit est./ Et les forteresses prises ou rendues seroient a l’ordenance de nostre dit seigneur le duc de Bar. Et toutes autres gaignes que nous et nos compaignons prenrons et ferons, pourrons/ prenre et faire sur ses ennemis seroient nostres, excepte la chevetainne de ses ennemis prise par nous qui li deveroit demourer et estre rendue, en nous paiant dix mille frans, ou le nous/ lessier, en cas qu’il ne li plairoit a le retenir pour ycelli pris.
Et se par aucun aventure aucuns de noz compaignons se partoient de noz routes, par occasion de mort, que/ Dieux ne vueille, ou par autre maniere, nostre dit seigneur ne seroit tenus a nous paier fors que de tant de temps comme il[s] le serviroient dont nous serions creus par noz sermens.
Et avec/ ce, ne nous povons partir du service de nostre dit seigneur le duc de Bar, se dont n’estoit a la requeste du Roy de France en cas qu’il nous plaira, en quel cas, se partir nous deviens par/ le mandement que dessus, nous ne pourrions partir du service de nostre dit seigneur le duc de Bar jusques a huit jours apres ce que dit et avisé l’en averiens, se donc ne plaisoit a nostre/ dit seigneur qui plustost en partissiens, et ne seroit tenus a nous paier fors que de tant de temps comme nous l’averiens servi, et se plus aviens receu de ly, nous li seriens tenus de ly/ rendre et restituer, et aussi ne povons estre contre li, ne son pais jusques au dit disieme jour de jenvier ne huit jours apres.
Et nous parpaier des dictes sommes et estas/ nous devons et sommes tenus a rendre a nostre dit seigneur le duc de Bar les dictes lettres principalz que nous aviens de ly, ensemble son dit chastel et bonne quittance de tout/ et ne povons a nul journiaix, nous ne noz compaignons demander a nostre dit seigneur de Bar aucunes perdes ne dommaiges que nous puissiens avoir ne encourie, nous estant/103 ou service de nostre dit seigneur sauf tant que se aucuns des hommes subgets a nostre dit seigneur nous faisoient aucun dommaige il seroit tenus de nous en faire faire/ raison tant qu’il devroit souffrir. Et devons et povons en noz personnes comme dit est, servir nostre dit seigneur bien et lealment les dictes cinq sepmaines durant, en la maniere/ que dit est, excepte moy Hervi me pourray partir se il me plait. Aussi devons et sommes tenus, nous et tous noz compaignons, tenir tous les saufconduis et esseuremens données/ par nostre dit seigneur le duc de Bar ou son lieutenant, sans les enfraindre en aucune maniere, le dit temps durant, et baillier saufconduis par le gré ou ordenance de nostre dit seigneur/ et non autrement, et aussi toutes ranssons de ville et de pais seront et deveront estre a nostre dit seigneur le duc de Bar ou a son ordenance. Proumettons par ces presentes lealment et par/ nos fois pour nous et pour tous noz compaignons faire bien et lealment servise a nostre dit seigneur de Bar, ou a son certain commandement, les dictes cinq sepmaines durant, et tenir et/ accomplir toutes les choses dessus dictes et chascune d’icelles.
En tesmoingnaige de verité, nous, Jehan de Malestreyt, Patris de Chastiaugiron et Jehan d’Assigné, chevaliers dessus dis, avons mis nos/ seels en ces presentes lettres et en deffault du seel du dit Hervi, pour le quel je, Jehan de Malestreyt, me faiz fort en tout ce fait, et y ay mis mon seel pour et en nom de moy et de ly,/ lesquelles lettres furent faictes et données le derrain jour de novembre l’an mil CCC sexante et douze.
Au dos :
Lettres de Mons. Jehan de Mallestrait pour servir en guerre104
1372105
No 105
Bar Meslanges 2106
B 524 no 105107
Notes de bas de page
1 Caferro 2006, 79-80. Roskell et al. 1993, t. 4, 591-593 pour une brève esquisse de la vie de Thornbury.
2 Robert I (1344-1411) était mineur quand il hérita en 1352. Marié à Marie, fille de Jean II de France et de Bonne de Luxembourg, il passa quelques années sous la garde de sa mère Yolande de Flandre, duchesse douairière de Bar, dame de Cassel, dont la politique maladroite entraîna de nombreuses disputes familiales, en particulier avec la branche Pierrefort de la famille de Bar ; Robert fut déclaré majeur par les états de Bar en 1354. Par la suite les relations entre Robert et Yolande restèrent souvent tendues (Bubenicek 2002, passim).
3 Jones 2011.
4 Grand 1924, étude très documentée qui traite presque exclusivement de la phase de la guerre qui se déroule au xive siècle. Morvan 2014 apporte une masse énorme de nouveaux documents sur les compagnies bretonnes dans le service du roi, des princes, des ducs et des villes et je lui suis très reconnaissant de me les avoir montrés avant sa parution.
5 Cassard 1992, 104-105 ; Morvan 2014, passim.
6 Quand Owen of Wales (Yvain de Galles) s’engagea à servir la ville de Metz le 8 juillet 1371 avec 120 hommes d’armes et archers, ceux qui servaient avec trois chevaux devaient recevoir 30 florins par mois et ceux avec deux chevaux 25 florins (Metz, Arch. mun., EE 3.6.8, publié dans [François & Tabouillot], t. 4, 270-275). Je suis très reconnaissant au professeur Frédérique Lachaud pour avoir photographié les documents aux Archives municipales de Metz et pour ses conseils lors de la rédaction de cet article.
7 Servais 1865, t. 1, 460-461, citant Honoré de Caille, sieur du Fourny, Inventaire de Lorraine, t. 2, fol. 824 sq. Compilé en 7 volumes en 1697-1698, maintenant BnF, ms. fr. 4880-4886, cet inventaire fournit des détails sur les archives qui furent gravement endommagées par les guerres et autres désastres des xviie et xviiie siècles. Cependant il est paginé et non folioté, et j’ai été incapable de vérifier certaines références données par Servais. La plupart des documents conservés pour ces archives se trouvent maintenant aux Arch. dép. Meurthe-et-Moselle, B 1 – B 965.
8 Arch. dép. Meurthe-et-Moselle, B 524, n° 105, publié en Annexe II.
9 Cf. Grill 2006, 17, 41, 96-97.
10 Contamine 1972, 629.
11 Metz, Arch. mun., EE 3, 8 et 18 ; beaucoup de ceux concernant la période du 10 mars 1371 au 12 novembre 1373 sont résumés dans [François & Tabouillot], t. 4, 270, note a. Grill 2006, 156-182, Annexe II, donne les détails de 233 contrats et quittances connus concernant les hommes employés par Metz entre 1360 et 1380. Pour la quittance donnée par Rollant, voir Annexe I.
12 Ce qui explique probablement pourquoi l’accord se trouve encore aujourd’hui à Nancy.
13 Gibier ou venaison, s.v. chassoi, Godefroy, dictionnaire de l’ancienne langue française, http://micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/chassoi, d’après le Devisement du monde de Marco Polo ; une édition récente du même texte donne la forme chascion, Marco Polo, éd. Ménard et al. 2003, t. 2, 9.
14 Malheureusement les comptes du prévôt de Souilly pour 1372-1373 ne sont pas conservés, seulement ceux pour 1364-1366 et 1374-1376 (Arch. dép. Meuse, B 1228, B 1230).
15 Jones 1970, 66-76 ; Jones 1998, 89-97.
16 Bougraud 1991 est la meilleure étude publiée sur une généalogie extrêmement compliquée. M. Bougraud m’a aussi très aimablement fourni des notes manuscrites complémentaires (citées comme Bougraud, ‘Notes’).
17 Comme fit Hervé II, sire d’Oudon en 1357-1360 quand il accorda plusieurs quittances pour des sommes reçues (Arch. dép. Loire-Atlantique, E 233 n° 14-18).
18 Bougraud 1991, 40 citant une charte dans Rosenzweig, éd. 1895, n° 213.
19 Bougraud, ‘Notes’, 22 citant Arch. dép. Morbihan, 45 G 5, p. 393. Ce document cite aussi Louise de Chemillé comme femme du jeune Jean.
20 Froissart, éd. Luce et al. 1869-1975, t. 6, 168, 340.
21 Moal 2012 est une très vaste étude. Le seigneur de Malestroit que l’on dit tué à la bataille d’Auray (selon Froissart) est identifié par erreur dans l’Index comme Henri, prénom qui n’apparaît que très rarement dans aucune branche de la famille ; il s’agit probablement d’Hervé. Mais les recherches de M. Bougraud ne montrent aucun Hervé vivant en 1364 et qui soit “sire de Malestroit”.
22 Bougraud, ‘Notes’, 23 citant BnF, ms. fr. 22 319, p. 152 et 22 325, p. 362 (avec le dessin des sceaux de Malestroit et de Guillaume de La Lande).
23 Bougraud 1991, 46 citant Du Paz 1620, 184.
24 Comme Bougraud 1991, 50 le note, cet Hervé est parfois cité comme ayant été actif dans la défense de Saint-Malo en 1378 (comme Henri), mais on ne le trouve dans aucun document entre 1378 et 1415. Acceptant qu’il soit mort prématurément, Bougraud suggère que ce se soit passé pendant l’expédition italienne de Louis, duc d’Anjou en 1382-1384, mais dans Bougraud, ‘Notes’ 14, il remarque que l’absence d’Hervé lors du partage de 1375 implique qu’il était déjà mort, peut-être avant mai 1375 puisqu’il n’est pas mentionné avec Jean II quand celui-ci passe par le Béarn (infra p. 199).
25 Hervé semble avoir épousé une dame de La Bellière (Ille-et-Vilaine). Il laissait derrière lui Hervé, Jean et Guillaume. Jean fut élu évêque de Saint-Brieuc en 1404 (ce pour quoi l’âge canonique était de 30 ans, ce qui le ferait naître avant 1374) et fut chancelier de Bretagne de 1408 à 1443 (Bougraud 1991, 51).
26 Pocquet du Haut-Jussé 1926 ; Schäfer, éd. 1937, 641 pour son contrat avec le pape.
27 Bougraud 1991, 46 citant Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 1999.
28 Bougraud 1991, 46 citant BnF, ms. fr. 22 319, p. 152.
29 À sa mort le 13 août 1429, Jeanne laissait, de son premier mari, une fille unique Jeanne qui, à son tour, apporta Malestroit à son mari Jean Raguenel vicomte de la Bellière (Bougraud 1991, 47).
30 Mirot 1898 reste la référence classique.
31 Froissart, éd. Luce et al. 1869-1975, t. 8, XI, 10-15 et 263-265. Froissart affirme de manière erronée que Malestroit et Budes tenaient Saint-Macaire (Gironde), cf. Grand 1926, 42 et la longue note 31.
32 BnF, PO 1813, dossier 41 909, Malestroit en Bretagne, n° 2, à Angers = Morice, éd. 1742, 1666. Il est frustrant que la liste des noms des hommes de la compagnie ne soit pas donnée.
33 [François & Tabouillot], t. 4, 270 note a (p. 271), cf. Grill 2006, 179 n° 207. Outre Servais 1865-1867 et Grill 2006 ; Lefebvre 1902, 325 sq., pour les guerres dans lesquelles Pierre de Bar était engagé.
34 [François & Tabouillot], t. 4, 270 note a (p. 271); Grill 2006, 179 n° 208.
35 Bougraud, ‘Notes’ p. 20 bis.
36 Morice, éd. 1742, 1635.
37 Demay 1885, 241 n° 2285 d’après BnF, Clairambault 29, p. 2169. Pour cette campagne, voir Jones 2009.
38 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 1557 (octobre 1377) ; GR 5, n° 18636, où son service est documenté à partir de janvier 1378.
39 Arch. dép. Loire-Atlantique, E 142, n° 33.
40 Selon Du Paz 1620, Ib, 254, Patry mourut en 1380, mais c’est une erreur comme le montre M. Bougraud.
41 Le 3 novembre 1382, il fut chargé de prendre des terrains pour la construction du château de Dinan (Jones, éd. 1980, n° 426) dont il devint le garde (BnF, ms. fr. 11 531, p. 319). Pour sa pension et autres faveurs, voir Jones, éd. 1983, n° 452, 708, 1147 et BnF, ms. fr. 11 531, p. 327. Chambellan dès le 17 mars 1388 (BnF, Clairambault 48, p. 3637 n° 206 = Jones, éd. 1983, n° 661), il assista dès lors souvent au conseil, sa dernière apparition se situant le 11 juillet 1414 (Blanchard, éd. 1889-1895, n° 1175-1176).
42 Arch. dép. Loire-Atlantique, E 143, n° 11 (10 juin 1385).
43 Arch. dép. Loire-Atlantique, E 206/4, fol. 15 (cf. Jones, éd. 1983, n° 602 et Jones 1984, réimprimé dans Jones 1988).
44 Blanchard, éd. 1889-1895, n° 310 et 404 ; Morice, éd. 1744, 871 et 881 (Armel).
45 Blanchard, éd. 1889-1895, n° 1125 et 1132.
46 Ibid., n° 1175 et 1176.
47 I.e. Bains-sur-Oust (Ille-et-Vilaine).
48 BnF, ms. fr. 22 332, fol. 17 (= Morice, éd. 1744, 810) ; Fabre 1993, n° 227-228 pour des empreintes de son sceau.
49 Armel était déjà écuyer de la duchesse Jeanne de Navarre le 7 janvier 1390 (TNA, C 81/511/5849), et dès 13 avril 1397 chevalier et conseiller ducal (Jones, éd. 1983, n° 1085). Quand il fut nommé curateur de Robert de Dinan, seigneur de Châteaubriant, qui était épileptique, le 23 février 1411, son père fut cité comme garant (Blanchard, éd. 1889-1895, n° 1111). Il mourut le 11 novembre 1414 (Du Paz 1620, 1b, 256).
50 Bertrand de Broussillon 1895-1903, t. 1, n° 607 d’après BnF, ms. fr. 22 331, p. 447.
51 Brand’honneur 2001, 174-176, 265.
52 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 13, fol. 11r, 14 octobre 1490.
53 Morice, éd. 1742, 1647.
54 Ibid., 1744, 189-190, 13 mai 1378.
55 AN, J 242 n° 5710, 1er avril 1381.
56 Morice, éd. 1744, 446-448, 555, 574, 586-588, 681, 699 ; Arch. dép. Côtes-d’Armor, E 1, 23 avril 1395 (conseiller) ; Fabre (1993), n° 147 et 152 pour des empreintes de son sceau.
57 Morice, éd. 1742, 77 ; Jones 2011, 165, n. 48 et 169, n. 69 (Nicopolis). En janvier 1404, comme Jean d’Acigné l’aîné, en même temps que Patry de Châteaugiron et deux autres, il fut chargé de prendre possession des terres du comte de Penthièvre décédé afin que Jean V puise exiger son droit de rachat.
58 Grand 1926, 39-40, et spécialement 61-62, n. 24, surtout d’après Chérest 1879 ; Grill 2006, passim.
59 François 1935, 141-58 pour la carrière de Vaudémont.
60 Lefebvre 1902, 313 sq.
61 Arch. dép. Meuse, B 1130, B 1228, B 1419, B 1420, B 1630, B 1736, B 2205, B 2322, bien exploitées dans Grill 2006.
62 Arch. dép. Meuse, B 799 (Longeville), B 1630 (occupation de La Tour et menace sur La Chaussée).
63 Il a peut-être servi dans les Grandes Compagnies en Bourgogne en 1365, certainement en Languedoc en 1369 (Morvan 2014). Il se rassemble avec d’autres Bretons à Montpellier en mai 1374 sous le commandement de Bertrand du Guesclin, et avec Sylvestre Budes et Hervé de Keralouët commande 400 hommes d’armes en juin (Delachenal 1909-1930, t. 4, 508 n. 7), dévastant ensuite le Comtat Venaissin avec Olivier du Guesclin et Budes (Mirot 1898, 12). Toujours stationné près d’Avignon en juillet 1375 (Morice, éd. 1744, 87), c’est presque certainement lui le Johinnus Rolland dont les manœuvres alarment Carpentras (Vaucluse) en décembre 1377 (André-Michel 1913, 349 citant Carpentras, Arch. mun., CC 158, fol. 8). Il est l’un des exécuteurs testamentaires du connétable en juillet 1380 (Morice, éd. 1744, 288; Jones, éd. 2004, n° 913). Plus tard il servit Clément VII et la reine Jeanne de Naples en Italie, puis Marie de Bretagne, duchesse douairière d’Anjou en Provence où il épousa finalement une héritière et s’installa définitivement (cf. supra Armand Jamme et infra Germain Butaud).
64 Fowler 2001, 163 sq.
65 Chérest 1879, 350 ; Fowler 2001, 143 ; Grill 2006, 71, 96-99.
66 Lefebvre 1902, 325 sq.
67 Voir note 6 supra ; son service est brièvement signalé dans Carr 1991, 27. Philippe de Vigneulles, éd. Bruneau, t. 2, 70 déclare qu’en plus des 140 hommes d’armes, Owen amena aussi 80 archers au service de la ville, mais le contrat qui est conservé ne mentionne que 120 hommes d’armes.
68 Philippe de Vigneulles, éd. Bruneau, t. 2, 70 sub anno 1371.
69 Metz, Arch. mun., EE 8.21.5, 7 novembre 1371, cf. [François & Tabouillot], t. 4, 270 note a, et Annexe I.
70 Cf. Grill 2006, 177-178, n° 193 et 196.
71 Servais 1865, 461 d’après “Archives de Bar”, et cf. Arch. dép. Meuse, B 1131 fol. 60v, B 1631 fol. 45v et B 1738 fol. 73r pour les autres dépenses engagées pendant le siège.
72 Servais 1865, 461, résumé des lettres d’Huguenin Bayart, écuyer (maintenant Arch. dép. Meurthe-et-Moselle, B 522, n° 185, 16 janvier 1373).
73 Arch. dép. Meuse, B 974 et B 1631, pour les dépenses ducales engagées dans la guerre contre Pierre de Bar.
74 Servais 1865, 267.
75 Gondrecourt-le-Château, Meuse, où le petit château de la fin du Moyen Âge domine toujours la ville qui s’étend au sud le long de l’Ornain.
76 Servais 1865, 266. Saint-Thiébault, au sud de Gondrecourt et au sud-ouest de Neufchâteau.
77 Grill 2006, 59 montre que Guillaume Kanète, probablement un Anglais, vécut assez longtemps pour être à nouveau pris contre rançon en 1384 alors qu’il traversait l’Alsace.
78 Servais 1865, 466 citant Du Fourny, Inventaire de Lorraine, t. 6, fol. 266, layette Flandre (en fait BnF, ms. fr. 4882 p. 5346).
79 Ibid., 267 citant Du Fourny, Inventaire de Lorraine, t. 6, fol. 476.
80 Ibid., citant Compte de Collet Henrion, pour Saint-Mihiel, 1373-1377.
81 Arch. dép. Meurthe-et-Moselle, B 582 n° 84, édité dans Germain 1879, 119-120 ; Lefebvre 1902, 358-360 ; François 1935, 166.
82 Philippe de Vigneulles, éd. Bruneau, t. 2, 73-74.
83 BnF, PO 1813, dossier 41 909, Malestroit en Bretagne, n° 3.
84 Mirot 1898, 9 d’après Lecoy de la Marche 1892, t. 2, 196-202.
85 Tucoo-Chala 1960-1, 355, n° IX, transcription partielle de l’original maintenant Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, E 410. Aucun d’entre eux ne semble être breton, excepté d’Ivesquet qui peut être identifié comme Guillaume Le Dinasquet, chevalier du diocèse de Vannes qui servait avec 40 lances dans les forces papales sous Raymond de Turenne en août 1372 et avec 46 lances pendant trois mois à partir du 9 septembre 1372 (Schäfer, éd. 1937, 400, 402).
86 Delachenal 1909-1930, t. 4, 580-584.
87 Arch. dép. Meuse, B 1040, fol. 82r, B 1424 et B 1738, fol. 73v ; cf. aussi Servais 1865, 302-305 ; Grill 2006, 23-26 et passim pour l’expédition de Coucy.
88 Pocquet du Haut-Jussé 1928, t. 1, 368, note sa nomination à Tréguier par Grégoire IX quelques jours avant sa mort “par complaisance pour le sire de Malestroit”.
89 Sumption 2009, 247-249 et 346-348 pour la politique du pape en Italie.
90 Cité par de nombreux auteurs modernes dont Caferro 2006, 188 qui cite Marchionne de Coppo Stefani, éd. Ridolico, 300-301.
91 Mirot 1898, 16 sq. ; Pocquet du Haut-Jussé 1926 ; Caferro 2006, 188-190 pour une vue d’ensemble récente.
92 Mallett 1974, 42 pour un verdict nuancé sur la bataille de Marino comme tournant décisif.
93 Elle avait fait de Louis son héritier en 1381.
94 Bougraud 1991, 46 citant Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 1999.
95 Encore une fois, je suis trés reconnaissant à Mme Catherine Laurent, ancienne directrice des Archives municipales de Rennes, pour sa traduction efficace de mon texte anglais.
96 Résumé dans [François & Tabouillot], t. 4, 270 note a. La fin des lignes est indiquée par un slash (/).
97 Fragments de trois sceaux armoriés de cire rouge conservés (de gauche à droite) : 1) Jean d’Acigné, hermines à la fasce chargée de 3 fleur-de-lys ; 2) Patry de Châteaugiron (dont il ne reste pratiquement rien) ; 3) Jean de Malestroit, écartelé 1 & 4 chargés de 5 besants en sautoir une barre brochée sur le tout : Des Robert 1982-1991, n° 3002 et 4786 pour ceux d’Acigné et Malestroit ; Fabre 1993, n° 152 (Acigné), n° 568 (Malestroit) et n° 569 (Châteaugiron) pour d’autres empreintes conservées de leurs sceaux.
98 B note que ce document est relatif à la guerre de Robert, duc de Bar, et des bourgeois de Metz contre son cousin, Pierre de Bar, damoiseau de Pierrefort.
99 Les slashes (/) indiquent la fin des lignes.
100 L’original est écrit sans interruption, en un seul paragraphe, mais le texte a été divisé ici pour en faciliter la lecture.
101 Souilly, Meuse, ch.-l. de con.
102 Metz, Moselle, ch.-l. de dép.
103 estant est répété dans A à la fin de la ligne suivante.
104 xive siècle.
105 xviiie siècle ?
106 xviie-xviiie siècle.
107 xixe siècle, à l’encre bleue.
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