Antoine de Chabannes, capitaine d’Écorcheurs et officier royal : fidélités politiques et pratiques militaires au xve siècle
p. 165-177
Texte intégral
1La conclusion du traité d’Arras entre Charles VII et Philippe le Bon, le 21 septembre 1435, n’arrêta pas d’un coup les attaques et les pillages contre les terres bourguignonnes. Parallèlement à la guerre contre l’Angleterre, on observe en effet la poursuite de ces opérations dans le nord et l’est du royaume de France, majoritairement dans les états du duc de Bourgogne. Il faut attendre le milieu des années 1440, marqué par la réforme militaire de Charles VII puis par les débuts de la campagne de Normandie, pour que ces divagations de troupes se résorbent.
2Ce phénomène est connu dans l’historiographie sous le nom d’écorcherie, d’après le nom donné par les sources du xve siècle aux capitaines et gens de guerre pillards, liés pour la plupart à l’armée de Charles VII. Antoine de Chabannes, jeune capitaine royal dans les années 1430, était l’un de leurs chefs. Des chroniqueurs comme Jean Chartier, Enguerrand de Monstrelet, ou Olivier de La Marche, nous rapportent l’existence de ces “Écorcheurs”, et narrent les actions d’Antoine de Chabannes parmi eux1. Chartier, mais aussi Monstrelet et Thomas Basin indiquent que le terme “d’Écorcheur” est d’origine populaire2. Monstrelet nous dit qu’ils avaient ce nom car ils pillaient et dépouillaient les gens “tout au net, jusques à la chemise”. Il précise aussi que le terme a pris la place de celui “d’Armagnacs”, qui dominait pendant la guerre civile pour désigner le parti de Charles VII3. Sauf exception dans les sources extérieures au royaume de France, la qualification d’Armagnac tend assez logiquement à tomber en désuétude après la paix d’Arras4. À un terme désignant un parti politique, militaire et nobiliaire se substitue donc le langage commun pour désigner ces faits de violence et de pillage dans des territoires généralement concernés par la paix.
3On remarquera cependant que l’appellation “d’Écorcheur” n’a pas le même succès dans les archives officielles royales ou bourguignonnes. La chancellerie royale française rejette l’appellation. D’ailleurs, les chroniqueurs proches de Charles VII et de ses gens d’armes parlent peu des Écorcheurs. Chartier y consacre quelques lignes, mais le Héraut Berry et Guillaume Gruel éludent complètement le phénomène5. En revanche, les documents officiels bourguignons en font une très ample utilisation, à l’échelle locale des bailliages comme à celle des institutions centrales6. Indubitablement, alors que la répression des pillages forme une préoccupation centrale dans la production législative du roi concernant la guerre, “l’Écorcherie” est pour les Bourguignons une cause récurrente de plaintes et de réclamations auprès de la royauté7.
4Mon propos ici n’est pas d’envisager le phénomène de l’Écorcherie dans sa globalité, mais seulement au travers de l’un de ses célèbres capitaines, Antoine de Chabannes. La plupart des chroniques le présentent comme l’un des grands chefs d’Écorcheurs8. À partir du témoignage des chroniques et des archives bourguignonnes, comment se caractérise l’action militaire d’Antoine de Chabannes pendant l’Écorcherie ? Quelles sont ses cibles et les espaces concernés ? Comment s’organise-t-elle parallèlement à son service dans l’armée de Charles VII ? Je tenterai de répondre à ces questions en exposant les liens et réseaux personnels auxquels Chabannes appartient dans le cadre de son activité de capitaine royal et d’Écorcheur. Puis j’analyserai son itinéraire, ses motivations, et les réactions du roi et du duc de Bourgogne face à ses actions.
5Antoine de Chabannes naît en 1408 et meurt en 1488. Il a 27 ans au moment du traité d’Arras. Mais il dispose déjà d’une très solide expérience militaire, qu’il a développée grâce à ses liens avec la maison de Bourbon, puis en rentrant directement au service du roi. Originaire d’une famille noble du Limousin, Antoine est dès 1425 page du duc de Bourbon, tandis que son frère, Jacques de Chabannes, est fait quelques années plus tard sénéchal du Bourbonnais. Après avoir participé à la bataille de Patay, Antoine est nommé bailli de Troyes par Charles VII. Ses liens avec Bourbon ont peut-être joué : le comte de Clermont et futur duc de Bourbon, Charles de Bourbon, obtient pour une courte durée la capitainerie générale et le gouvernement de Champagne. La fonction de bailli est importante. La ville de Troyes vient d’être acquise aux Armagnacs, et elle n’a pas de capitaine, ce qui renforce le rôle militaire du jeune Chabannes. Dès lors, sa carrière au service du roi est lancée. En 1433, il est capitaine de Creil et mène avec La Hire, Guy de Blanchefort et Charles de Flavy, autres capitaines pourvus d’offices royaux dans la région, des chevauchées contre les Anglo-Bourguignons en Artois et en Cambrésis. En 1435, Antoine de Chabannes participe aux combats en Île-de-France visant à la prise de Saint-Denis9.
6Les campagnes militaires favorisent le développement de liens avec les autres capitaines royaux10. Ces solidarités militaires et régionales se perpétuent après 1435 parmi les Écorcheurs. Elles sont fondées sur des liens de sociabilité qui se nouent dans le contexte de la guerre du roi, mais ne s’y limitent pas. La majorité des opérations de Chabannes entre 1435 et 1445 est ainsi effectuée en coordination avec d’autres capitaines expérimentés. Les relations nouées par Chabannes proviennent de fréquentations communes pendant les campagnes royales. C’est le cas avec des capitaines comme le bâtard Chapelle, que l’on retrouve plusieurs fois aux côtés d’Antoine de Chabannes pendant cette période. Chapelle est proche des capitaines bretons et du connétable de Richemont11. À la différence de Chabannes, il n’est pas originaire du centre du royaume, mais a acquis avec Antoine une expérience de guerre commune qui se perpétue pendant l’Écorcherie, sans pour autant rompre totalement avec les exigences du service militaire du roi de France12.
7Néanmoins, il apparaît que les liens les plus solides se fondent sur des racines géographiques communes. Avec Chapelle, Jean et Guy de Blanchefort appartiennent aux capitaines qui accompagnent le plus régulièrement Antoine de Chabannes pendant les années 1430 et 1440. En 1433, l’un des Blanchefort est aux côtés de Chabannes dans ses chevauchées en Artois et Cambrésis. Il l’accompagne régulièrement de 1435 jusqu’en 1445, que ce soit pendant l’Écorcherie ou lors des campagnes royales13. En 1440, peu après avoir participé avec l’armée royale au siège de Meaux et d’Avranches, les Blanchefort se révoltent avec les Chabannes contre Charles VII pendant la Praguerie14. En 1443-1444, Antoine et Jean de Blanchefort figurent parmi les capitaines royaux retenus dans le premier tri effectué par le roi. Mais ces anciens Écorcheurs n’obtinrent finalement pas de compagnie de grande ordonnance en 144515. Avec d’autres capitaines d’Écorcheurs, ils participent ensemble à la campagne du dauphin contre les Suisses, où on leur attribue la garde des mêmes villes de garnison en Alsace16.
8Pourquoi ce compagnonnage d’armes ? Outre leur expérience dans les armées du roi depuis l’épopée de Jeanne d’Arc, les deux capitaines ont des origines proches. Cela les pousse à s’intégrer aux mêmes réseaux militaires, nobiliaires et politiques. Ils gravitent dans l’orbite de la maison de Bourbon. Tous deux se mettent également au service militaire d’Antoine de Vaudémont, puis de René d’Anjou17. Jean de Blanchefort serait d’origine berrichonne18. Toutefois, selon le Père Anselme sa famille tenait son nom du château de Blanchefort, près d’Uzerche, en Limousin. Les Blanchefort possédaient des seigneuries en Limousin, Berry, Rouergue et Auvergne. À la fin du xve siècle, on voit Jean de Chabannes, petit-neveu d’Antoine de Chabannes, épouser une descendante directe de Guy de Blanchefort, et Jean de Blanchefort, autre descendant homonyme, servir en 1460 dans la compagnie d’Antoine de Chabannes19.
9La société militaire qui se forme au sein des campagnes royales tend donc à se perpétuer dans le cadre des pillages de l’Écorcherie. Elle se maintient assez solidement pendant les divagations des capitaines royaux, puis se reforme lors de la mobilisation royale sur le front, contre les Anglais. Elle est renforcée par les réseaux nobiliaires et leurs éventuelles ramifications familiales ou régionales.
10À partir de 1435 et de la reconquête de Paris, le connétable de France, Arthur de Richemont, joua un rôle primordial dans ces processus de mobilisation des compagnies. À l’automne 1435, après avoir été démobilisé par le connétable, Chabannes répond de nouveau à l’appel de Richemont pour se rendre en pays de Caux et à la prise de Dieppe. Il est alors avec d’autres capitaines bretons, comme Chapelle et Olivier de Coëtivy20. Chabannes reste régulièrement mobilisé pendant les années 1436 et 1437. Il apparaît d’ailleurs dans cette période comme écuyer, puis “capitaine de gens d’armes” dans les comptes de la Trésorerie des guerres et des receveurs généraux des finances21. Dans les derniers mois de l’année 1438, c’est encore Richemont qui intervient dans la guerre de succession de Lorraine pour appuyer René d’Anjou, et faire front aux opérations des mercenaires d’Antoine de Vaudémont, dont Chabannes fait partie. À la fin de l’été 1439, Antoine de Chabannes est présent, malgré du retard, au siège de Meaux, commandé par le connétable. Il le suit avec Blanchefort à la prise manquée d’Avranches en décembre 1439, avant d’être affecté par Richemont et Charles VII en garnison à Dreux, contre les Anglais. Lors de la Praguerie en 1440, Chabannes aurait également insisté pour que les révoltés laissent libre le connétable. Puis, après la révolte, Chabannes était de retour dans les armées du roi et participait, sous supervision du connétable, à l’occupation de Louviers en Normandie. En 1441-1442, Chabannes était présent pendant la pacification de la Champagne par Richemont, ainsi qu’au siège de Pontoise et au voyage de Tartas22. La même année, c’était encore Richemont qui se trouvait envoyé par le roi sur les marges de la Bourgogne pour mobiliser les gens de guerres du roi y faisant des chevauchées – se trouvaient même parmi les pillards le pennon et l’étendard du connétable23. Enfin, en 1444-1445, Chabannes est avec plusieurs Bretons du connétable dans l’armée du dauphin contre les Suisses24.
11Au total, le connétable de France a donc une fonction essentielle dans la mobilisation des capitaines royaux et le contrôle de leurs divagations. Cette fonction s’appuie sur ses prérogatives militaires, administratives et judiciaires25. Elle est entretenue grâce au rôle particulier que le roi confère à Richemont après 1436 dans la pacification des provinces reconquises et le maintien de la discipline militaire26. Elle s’appuie aussi sur les relations nouées, entre capitaines, autour du connétable et de ses gens d’armes. Pour se livrer à leurs chevauchées et aux pillages, les Écorcheurs tendent à se réunir autour de quelques figures de capitaines majeurs et généralement intégrés à l’armée royale, tels qu’Antoine de Chabannes. Ils forment alors une série de troupes fragmentées, solidaires de ces capitaines27.
12Ainsi, malgré la rupture provoquée par la fin de la guerre civile, la participation récurrente d’Antoine de Chabannes aux opérations de guerre contre les Anglais entre 1429 et 1445 montre la relative résistance des structures hiérarchiques de l’armée royale, en dépit de l’irrégularité du paiement des soldes. Elle illustre le jeu des réseaux personnels entre les gens de guerre, parallèlement aux réseaux princiers et nobiliaires. Pendant cette période, Chabannes ne perdit jamais de vue ses attaches bourbonnaises et ses liens avec la maison de Bourbon. Mais cela ne l’empêcha pas de fonder les bases d’une carrière militaire au service de Charles VII. Cela lui permit de rester durablement intégré à l’Hôtel royal et de se positionner finalement comme l’un des officiers majeurs du règne, malgré une relative défaveur en 1445-1446.
13L’analyse des déplacements d’Antoine de Chabannes entre 1434 et 1445 vient appuyer ces différentes remarques. Pendant cette décennie, Chabannes reste extrêmement mobile. Il alterne entre des mouvements sur le front, contre les Anglais en Île-de-France, Normandie, Guyenne, et une présence comme Écorcheur ou mercenaire sur les marges orientales du royaume et en Bourgogne. Entre 1434 et 1439, on suit l’itinéraire du capitaine de Creil jusqu’à la région parisienne puis à Dieppe, du Vermandois et de la Champagne à la Lorraine et à la Bourgogne, avant le retour à Meaux et en Normandie pour combattre avec le connétable de Richemont. De 1440 à 1445, Antoine de Chabannes se retire en Poitou pour participer à la révolte princière de la Praguerie contre Charles VII, mais retrouve peu après l’armée royale sur le front normand et à Tartas, avant de regagner l’Alsace, la Bourgogne, et enfin le Bourbonnais.
14Une telle mobilité n’a rien d’exceptionnel. Elle est d’abord facilitée par le soin donné à l’entretien des chevaux qui suivent les troupes. Il est hélas difficile de se faire une idée précise des effectifs des hommes et des bêtes. Les sources bourguignonnes exagèrent probablement l’importance des compagnies d’Écorcheurs pour requérir l’assistance des institutions centrales du duché. En 1443, la ville de Mâcon s’inquiète par exemple de l’approche de Chabannes, depuis l’Auvergne. Selon les échevins, il serait à la tête d’une armée de 8000 Écorcheurs à cheval28. Mais les archives de la Chambre des comptes de Bourgogne ne mentionnent au même moment que 2000 à 4000 chevaux29. Les chiffres sont donc assez incertains. Une lettre de la ville de Strasbourg datant de mars 1439 évalue quant à elle l’ensemble des Écorcheurs à 5000 chevaux au maximum, dont seulement 3000 bonnes montures. Les Alsaciens ajoutent que ces Armagnacs veillent à bien nourrir leurs chevaux, ce qui garantit leur mobilité30.
15En réalité, il est fort possible que les compagnies d’Écorcheurs attachées à un capitaine particulier ne représentent pas d’effectifs extrêmement importants. Une enquête bourguignonne rapporte qu’en mai 1439, Antoine de Chabannes assaillit la forteresse de Sauturne, dans le bailliage de Montcennis, “avec quarante compagnons et gens d’armes et de trait des gens du roy”. Il rencontra peu de résistance de la part de cette maison forte, qui aurait abrité 80 hommes et 120 femmes31.
16Par ailleurs, la mobilité des capitaines d’Écorcheurs était accentuée par le fait qu’ils ne restaient jamais plusieurs mois sur un même site. Les cas de longs hivernages dans une garnison en ville sont rares pour Antoine de Chabannes. Pendant l’hiver 1444-1445, Chabannes resta avec Blanchefort pendant environ cinq mois en garnison en Alsace, à Wangen puis à Ensisheim32. Les deux capitaines commandaient 6000 gens de guerre. Cependant, il s’agissait de circonstances particulières propres à la guerre royale contre les cantons suisses et les Messins.
17Pour les chevauchées de l’Écorcherie, Chabannes se maintient rarement pendant une période très prolongée dans une région particulière. Une enquête bourguignonne indique qu’il attaque en 1439 la terre de Luxeuil, où ses gens “brisent” une église contenant des grains et des biens meubles. Mais ils ne passent dans la seigneurie que quelques semaines33. En automne 1444, sa compagnie attaque Baigneux, dans le nord du duché de Bourgogne. Chabannes et ses hommes ne restent dans la région qu’une dizaine de jours, avant de tirer à l’est, vers Montbéliard, puis l’Alsace34.
18Les pratiques militaires d’Antoine de Chabannes, capitaine royal et capitaine d’Écorcheurs, se caractérisent donc par leur grande mobilité, qui s’exerce à une double échelle.
19On observe tout d’abord des déplacements à l’échelle locale, avec des opérations de guerre qui reposent très classiquement sur un système de chevauchées et de razzias, et plus rarement, sur des prises de places fortes. On sait l’importance de cette stratégie fondée sur le rançonnement, les déplacements et le harcèlement. Dans la première moitié du xve siècle, elle est fréquemment utilisée dans le cadre des guerres seigneuriales35 ou face aux Anglo-Bourguignons, comme le démontre la chevauchée menée en 1433 par Chabannes et d’autres Armagnacs dans le nord de la région parisienne, “avec bien quinze cens combatans ou environ36”. Elle a de lourds impacts matériels et économiques sur les non-combattants et le plat-pays. À l’inverse, elle est un moyen de subsistance pour les combattants et leurs bêtes, et d’enrichissement pour les capitaines – moyen que l’État royal tend à contrôler en se fondant sur un cadre disciplinaire et normatif en développement37.
20À ces déplacements très localisés se superposent de grands mouvements menés par Chabannes et ses gens de guerre à l’échelle du royaume. Ils se caractérisent par des oscillations entre les marges orientales et le centre-ouest ou le sud du royaume, au gré des contraintes de mobilisation sur le front, face aux Anglais et pour le roi, ainsi qu’en fonction des préoccupations personnelles d’Antoine de Chabannes. Celles-ci le mènent en Poitou et en Berry pour la Praguerie, ou encore en Lorraine et en Bourgogne. Ces mouvements d’aller-retour ne conduisent cependant pas Antoine de Chabannes à sacrifier les devoirs relatifs au service militaire royal. Qu’il y soit contraint ou qu’il le veuille bien, Chabannes est assez régulièrement présent sur le front, pour la guerre du roi, entre 1434 et 1445. De 1434 à 1437, il est presque exclusivement mobilisé sur les frontières du pays de Caux et en Île-de-France. Il retrouve ces régions en 1439, 1440, 1441, avant de gagner la Guyenne en 1442 et l’Alsace-Lorraine en 1444-1445. Quant à sa présence comme Écorcheur ou mercenaire entre la Bourgogne et la Lorraine, elle ne s’effectue que par courtes périodes. Il s’engage auprès d’Antoine de Vaudémont dans la guerre de succession de Lorraine entre la fin de l’année 1437 et le début de 1439. Outre une campagne de pillages en Champagne en 1435 et 1437, il fait comme Écorcheur plusieurs incursions dans le duché et le comté de Bourgogne en 1438, 1439, 1443, 1444.
21De tels mouvements de balancier, partageant la vie militaire du capitaine entre la guerre du roi et des opérations annexes, ne sont pas propres au cas d’Antoine de Chabannes. Les déplacements de Jean de Blanchefort entre 1437 et 1440, étudiés par le Professeur Contamine, montrent une même versatilité, d’autant que Blanchefort accompagne assez volontiers Chabannes38. L’itinéraire du célèbre routier Rodrigue de Villandrado illustre un partage semblable des opérations militaires entre campagnes royales en Île-de-France ou en Guyenne, et une somme d’actions armées vouées à la vie autonome de la compagnie et aux réseaux nobiliaires du capitaine39.
22Ainsi, pour Antoine de Chabannes, l’Écorcherie n’a rien d’une activité permanente. Le capitaine s’y livre ponctuellement, de façon isolée, ou soutenu par d’autres capitaines qu’il connaît. Cette activité temporaire ne l’empêche pas, même après la révolte de la Praguerie, de conserver une proximité certaine avec l’Hôtel du roi. En 1439, Antoine est écuyer d’écurie de Charles VII, et se marie à Marguerite de Nanteuil, qui lui donne le beau comté de Dammartin40. En mai 1444, il est “conseiller et chambellan du roi”, avant d’être nommé entre 1445 et 1447 grand panetier de France, malgré sa mise à l’écart temporaire des compagnies de l’ordonnance. Il continue à dormir auprès du roi en 1446, et siège régulièrement au Conseil royal à partir de 144741. Enfin, Chabannes poursuit sa carrière politique et militaire en retrouvant le bailliage de Troyes en 1450, en étant nommé sénéchal de Béziers et de Carcassonne puis capitaine de Leucate en 1452, et en obtenant la charge de capitaine de la grande ordonnance de son frère Jacques, après le mort de ce dernier en 145342.
23Pour Chabannes, l’épisode de l’Écorcherie ne forme pas une rupture complète dans la vie militaire et politique du capitaine. Elle ne constitue qu’une série de moments particuliers pendant lesquels Antoine veille à ne jamais rompre complètement les réseaux militaires, royaux et nobiliaires qui ont jusque-là assuré son succès.
24L’analyse de l’activité d’Écorcheur d’Antoine de Chabannes permet de montrer qu’elle n’était jamais véritablement dépourvue de motivations financières, militaires ou politiques. Elle répondait à certains objectifs assez précis. La localisation des opérations militaires comme Écorcheur peut en effet s’expliquer par différents facteurs.
25Il est en premier lieu possible de distinguer les zones de passage. Elles sont l’occasion de se livrer à un pillage, pour des raisons d’enrichissement et de subsistance. C’est le cas surtout pour la Champagne, qui est, au final, assez largement délaissée par Antoine de Chabannes. Il est difficile de dire avec certitude que Chabannes est présent lorsque se forment les premières compagnies d’Écorcheurs en Champagne, à la fin de l’année 1435. En revanche, il commet différents dommages dans la province lorsqu’il la traverse en 1437 pour se rendre en Lorraine, où il va se mettre au service d’Antoine de Vaudémont43. Cette traversée est en fait l’aboutissement d’une large chevauchée passant par les terres bourguignonnes au nord du royaume. Chevauchée qui le fait aller, selon Monstrelet, de la Normandie, où Chabannes était mobilisé depuis 1436 avec d’autres capitaines armagnacs, jusqu’en Vimeu, en Ponthieu, en Cambraisis, en Hainaut, puis en Champagne. On peut se demander ici si les raisons politiques et militaires ne rejoignent pas parfois les motifs pécuniaires. Les Écorcheurs logent dans des villages appartenant au comte de Saint-Pol, le jeune Louis de Luxembourg, puis traversent les terres de Jean de Luxembourg, comte de Ligny44. Ce dernier était alors bien mal vu de Charles VII, car il n’avait pas juré le traité d’Arras, comme le précise Monstrelet45. Louis de Luxembourg était lui-même très proche de son oncle Jean, ce qui n’arrangeait pas sa faveur auprès du roi.
26Quoi qu’il en soit, Chabannes se concentre finalement peu sur la partie nord du royaume. L’essentiel de son activité d’Écorcheur, en 1438-1439, se rapporte aux États méridionaux du duc de Bourgogne. On peut ici identifier certaines zones privilégiées par Chabannes : la Bourgogne se situe en effet entre la Lorraine, touchée alors par la guerre de succession ; et le Bourbonnais, où les Chabannes renforcent leur emprise.
27À partir de la fin de l’année 1437, Antoine de Chabannes s’engage avec Chapelle et Blanchefort comme mercenaire auprès du comte Antoine de Vaudémont, qui leur donne Vézelise et d’autres places en garnison46. L’année suivante, il octroie à Chabannes 150 écus d’or et 800 florins pour son service et amitié47. Chabannes et ses troupes réalisent alors des chevauchées et des razzias sur les terres de René d’Anjou, en ciblant les marches de la Lorraine et du duché de Bar. L’Alsace et les environs de Bâle font accessoirement les frais de pillages et chevauchées. Cependant, Chabannes se désengage dès les premiers mois de l’année 1439 du service de Vaudémont, sur les demandes personnelles du roi de France et du duc de Bourbon48. L’activité de mercenaire de Chabannes est donc assez réduite.
28En revanche, entre 1438 et 1439, la présence de Chabannes en Lorraine rend le duché et le comté de Bourgogne aisément accessibles. Elle le rapproche aussi des nouvelles terres familiales en Bourbonnais. Les châteaux de La Palice et de Montaigu-le-Blin appartenaient à Jacques de Chabannes, frère aîné d’Antoine. La Palice avait été acquis en 1430 par Jacques au duc de Bourbon, contre 6000 écus d’or49. La maison forte de Montaigu-le-Blin avait été quant à elle achetée en 1439 à Guichard de Montaigu50. À proximité se trouve le château de Chavroches. En 1438, le duc de Bourbon en avait donné la capitainerie et ses revenus à Antoine de Chabannes51. Les Chabannes se constituaient donc une zone d’influence à quelques dizaines de kilomètres des limites du Charolais et du Nivernais. Cela peut contribuer à expliquer les multiples incursions d’Antoine de Chabannes dans ces régions bourguignonnes en 1438 et au début de l’année 1439.
29Ces chevauchées de capitaines armagnacs avaient-elles des fondements politiques liés, après le traité d’Arras, à l’expansion territoriale des ducs de Bourgogne au nord et à l’est du royaume de France52 ?
30Certaines zones ne sont probablement choisies au hasard. En 1439 et 1444, la compagnie d’Antoine de Chabannes s’attaque aux possessions de Nicolas Rolin, chancelier de Bourgogne ayant joué un rôle essentiel lors des négociations du traité d’Arras. Ainsi, contre la maison forte de Sauturne et la terre de Baigneux, qui appartenaient à Rolin53. Ces cibles restaient relativement peu protégées et se présentèrent à la compagnie d’Écorcheurs alors que le capitaine et ses hommes se déplaçaient à proximité.
31Les attaques importantes contre la seigneurie de Luxeuil montrent que Chabannes et d’autres capitaines armagnacs ne se privèrent pas de marquer leur empreinte sur cette terre stratégique. Située sur les bordures septentrionales du comté de Bourgogne, Luxeuil avait fait l’objet d’un article spécifique dans le traité d’Arras, en septembre 143554. Par celui-ci, Charles VII, en dépit des revendications répétées des rois de France sur Luxeuil, transmettait à Philippe le Bon la garde de l’abbaye et tous les droits afférents. Or Luxeuil constituait une place essentielle pour les ducs de Bourgogne sur la route reliant le duché et le comté aux Pays-Bas. Peu après, la Bourgogne renforçait d’ailleurs cette route en acquérant le Luxembourg, ce qui lui permettait de contourner complètement les terres champenoises du royaume de France55.
32Au total, on peut considérer que l’Écorcherie, loin d’apparaître pour un capitaine tel qu’Antoine de Chabannes comme une décennie continue de pillages, consistait en actions relativement circonstanciées. Elle résultait d’un faisceau de facteurs susceptibles de motiver ou de justifier les opérations de guerre.
33Comment réagirent le pouvoir royal et le duc de Bourgogne contre les déprédations des Écorcheurs ? Dans les terres bourguignonnes, elles touchaient un territoire en situation de paix depuis 1435. Les destructions furent répertoriées et comptabilisées par le pouvoir ducal bourguignon, lors d’enquêtes judiciaires qui soulignent l’importance des atteintes aux non-combattants, susceptibles de violer les ordonnances royales sur la discipline militaire dans le royaume56.
34Quelle fut la réaction de Charles VII face à cela ? Il se soucia assez peu de réprimer fermement les opérations de ses capitaines sur les terres du duc de Bourgogne, mais il promulgua en 1431 une ordonnance sur la discipline militaire en Poitou. Il s’attacha entre 1436 et 1441 à pacifier la région parisienne et la Champagne, et à y assurer la discipline de ses gens de guerre. En 1442, il mena la même opération en Poitou et en Saintonge, où avait sévi la Praguerie57. En mars 1441, lors du règlement de la guerre de succession de Lorraine, il édicta une ordonnance permettant de contrôler les relations entre ses gens de guerre et ceux des duchés de Lorraine et de Bar. Charles VII s’attachait ici à répondre aux plaintes de René d’Anjou sur les violences commises par les capitaines royaux en Lorraine et en Barrois depuis le traité d’Arras58. Enfin, le roi promulgua le 2 novembre 1439 la “pragmatique sanction”, qui concernait les gens de guerre et les usages illicites de la force armée dans le royaume59.
35Il apparaît ainsi que l’Écorcherie en Bourgogne ne constitua pas un objet législatif et judiciaire spécifique pour le roi de France. La faible diffusion du terme “d’Écorcheur” parmi les actes de la chancellerie royale est éloquente. Charles VII se garda de mettre en œuvre une répression massive de l’Écorcherie. En été 1436, un mémoire sur les premiers abus des Écorcheurs porté par le conseil de Dijon au roi de France ne semble pas avoir été suivi de mesures significatives60. Les seules lettres que le roi publia pour défendre à ses capitaines – dont Antoine de Chabannes – de faire tout dommage sur les terres bourguignonnes furent celles de 1438, renouvelées en 144161. Ces lettres royaux devaient répondre aux plaintes insistantes de Philippe le Bon, qui s’empressa de les diffuser dans ses états afin d’en garantir l’application62. Elles ne furent pas suivies de mesures drastiques contre les Écorcheurs.
36Au total, le phénomène de l’Écorcherie a très certainement poussé Charles VII à promouvoir un contrôle accru du comportement des capitaines et de leurs gens de guerre. En ce sens, il a favorisé la réforme de l’armée et joué un rôle dans les sélections opérées parmi les capitaines royaux en 1445. Mais il ne s’est pas accompagné d’une répression judiciaire significative. Le roi s’est concentré sur d’autres zones plus stratégiques du royaume, et a traité le cas bourguignon de façon très ponctuelle.
37Qu’en était-il pour les autorités bourguignonnes ? Entre 1436 et 1445, les différentes institutions civiles et militaires du duché de Bourgogne se mobilisèrent régulièrement contre les Écorcheurs et les gens d’armes du roi. Les informations judiciaires ordonnées par le duc contre les capitaines royaux pillards contribuèrent à appuyer la position du duc de Bourgogne face au roi de France. Les lettres royaux de 1438 furent suivies d’ordres de Philippe le Bon aux baillis du duché et du comté pour mener toute information nécessaire contre les pillards63. En 1442, le duc de Bourgogne joua un rôle important lors de la conférence de Nevers, qui réunissait les princes mécontents du gouvernement du royaume. Celle-ci prônait le retour à la paix et l’arrêt des pillages64. Puis, en 1444-1445, Philippe le Bon commandita de nouvelles enquêtes contre les pillages des compagnies du roi et du dauphin en Bourgogne65. Au début de l’année 1445, le duc de Bourgogne négociait en effet avec Charles VII pour obtenir l’évacuation des garnisons royales près du comté de Bourgogne, régler le problème des appatis et celui de la rançon due par René d’Anjou. Ces enquêtes pouvaient appuyer les réclamations bourguignonnes. Les conventions de Châlons-en-Champagne avec la duchesse de Bourgogne réglèrent définitivement ces questions, en juin 1445. Dès lors, les réclamations du duché de Bourgogne contre les “Écorcheurs” s’arrêtèrent définitivement66.
38En conclusion, l’Écorcherie ne représentait pas seulement un ensemble de pillages et d’opérations militaires, dont il faut souligner le caractère discontinu et variable de 1435 à 1445. Elle fut également un phénomène aux résonances politiques et diplomatiques. Celui-ci s’inscrivit à la suite du règlement de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, aux lendemains des négociations du traité d’Arras. À ce titre, il joua un rôle indéniable dans les relations du duc de Bourgogne avec le roi de France. Or Philippe le Bon, s’il ne participa pas à la Praguerie, continuait à figurer, parmi les princes du sang, au premier plan de l’activité politique.
39Pour les capitaines d’Écorcheurs comme Antoine de Chabannes, elle constitua une occasion de s’enrichir et de nourrir ses troupes entre les campagnes royales, le tout dans une relative impunité. En 1440, la petite fortune qu’il avait amassée pendant ses expéditions militaires permettait par exemple à Chabannes de prêter 10 000 écus au duc de Bourbon67. Ce fut aussi pour Chabannes le moyen d’éprouver une influence locale, dans des terres proches du Bourbonnais, ou de construire des solidarités militaires sans pour autant renier le principe du service militaire du roi.
40L’Écorcherie démontre en effet l’attractivité de la carrière royale pour un capitaine. Antoine de Chabannes ne dériva jamais dans une carrière de mercenaire ou d’entrepreneur de guerre. Ses activités d’Écorcheur restèrent ponctuelles, voire interstitielles, même au moment de sa participation à la Praguerie. Face à cela, la contrainte ou l’attrait exercé par le service militaire du roi ne se démentit pas entre 1435 et 1445. En ce sens, à la veille des réformes de 1445, les structures militaires, politiques et hiérarchiques qui fondaient l’intégration à l’armée royale apparaissaient bien implantées au sein de la noblesse moyenne à laquelle appartenait Antoine de Chabannes.
Notes de bas de page
1 Jean Chartier, éd. Vallet de Viriville 1858, t. 1, 215-216 ; Enguerrand de Monstrelet, éd. Douët d’Arcq 1861, t. 5, 316-318 ; Olivier de la Marche, éd. Loones, t. 1, 243-246.
2 Chartier 1858, t. 1, 216 ; Thomas Basin, éd. Quicherat 1855-1859, t. 1, 125.
3 Monstrelet, t. 5, 318-319, 349-350.
4 Tuetey 1874, t. 1, 6-8, 104.
5 Chartier 1858, t. 1, 216 ; Héraut Berry, éd. Courteault & Celier 1979 ; Guillaume Gruel, éd. Le Vavasseur 1890.
6 Tuetey 1874, t. 1, 6-8.
7 Sur la répression des pillages et de la discipline des gens de guerre dans la réglementation royale, je me permets de renvoyer à Cazaux 2010b, 93-104. Voir également Toureille 2006.
8 La chronique martiniane, qui se concentre sur les actions de la maison de Chabannes, rapporte un dialogue ayant eu lieu vers 1440 entre Charles VII et Antoine de Chabannes. On y voit Chabannes, qualifié de “capitaine des Écorcheurs” par Charles VII, se justifier auprès du roi de n’avoir “écorché que ses ennemilz (…)”. “Et me semble que leurs peaulx vous seront plus de prouffit que à moy”, aurait ajouté le capitaine, Jean Le Clerc 1907, 41.
9 Voir Chabannes 1892-1923, notamment Histoire, t. 2, 3 sq., Preuves, t. 2, suppléments 2 et 3, Planches, III-2 ; Isnard 1887, 59-72 ; Héraut Berry 1979, 170 ; Monstrelet, t. 5, 79-81, 103 ; Gruel 1890, 87, 108, 129, 140, 150, 252, 254 ; GR 5 (sénéchaussée de Senlis, capitaines de Creil), et GR 6, 122-123.
10 Voir tout particulièrement Contamine 1972.
11 Gruel 1890, 67, 80. En 1435, Chapelle participe aux opérations des Armagnacs en Normandie sous le commandement du connétable de Richemont, avec Antoine de Chabannes. Le bâtard Chapelle fait alors partie des Bretons du maréchal Pierre de Rieux, avec Olivier de Coëtivy, ibid., 108.
12 En 1437, Chapelle appartient aux premières compagnies “d’Écorcheurs” avec, entre autres, Chabannes et Blanchefort, selon Monstrelet 1861, t. 5, 316-318, 337. En 1438-1439, le bâtard mène avec Antoine de Chabannes différentes déprédations comme Écorcheur contre la Bourgogne, en Lorraine au profit d’Antoine de Vaudémont, ou encore en Alsace, Tuetey 1874, t. 1, 52-53, 67, 69-70, 101-102, 115-117 ; Le Clerc 1907, 30-31. Voir aussi Fréminville 1888, 79, 90-91, 100. Il est ensuite présent avec Chabannes au siège de Meaux en 1439, Contamine 1972, 268 et n. 159.
13 Tuetey 1874, t. 1, 13-14, 39-41, 52-53, 67, 69-70, 101-102, 115-117 ; Monstrelet 1861, t. 5, 201, 216-318, 337, 349, et t. 6, 52 ; Canat de Cizy 1861, 124 ; Petit 1864, 107, 112 ; Fréminville 1888, 79, 82-83, 87-88, 90-91, 95, 100, 103, 112-114, 120, 234.
14 Gruel 1890, 150, 156 ; Mathieu d’Escouchy 1863-1864, t. 3, 9-11 ; Cosneau 1886, 300 sq.
15 Contamine 1972, 596-597.
16 Tuetey 1874, t. 1, 294, 318, et t. 2, 342, 358, 361, 363, 369, 374 ; Le Clerc 1907, 27-28, 38.
17 Voir notes précédentes, ainsi que Contamine 1972, 265-267, 269-270, avec la carte restituant les déplacements de Jean de Blanchefort dans le royaume de France entre 1437 et 1440.
18 Héraut Berry 1979, 255-256, 332 a ; Chartier 1858 t. 2, 213 ; Escouchy 1863-1864, t. 2, 468-469.
19 Anselme 1728, t. 6, 288-290.
20 Gruel 1890, 108.
21 Ibid., 129, 252, 254-255.
22 Voir supra, notes 11 à 15 ; Héraut Berry 1979, 170 ; Gruel 1890, 87, 108, 129, 150 et n. 2, 156-157, 168 ; Tuetey 1874, t. 1, 125-126 ; Escouchy 1863-1864, t. 3, 9-11 ; Monstrelet 1861, t. 5, 201, 337, et t. 6, 9, 52 ; Chartier 1858, t. 2, 7 ; Cosneau 1886, 263, 285, 293, 300, 320, 334-335 ; Tuetey 1874, t. 1, 46-50. Selon la Chronique martiniane, sa garnison d’affectation à la fin de l’année 1439 était Creil et non Dreux, Le Clerc 1907, 40. A. Isnard évoque alors le don d’une pension royale de 1200 francs à Antoine de Chabannes, Isnard 1887, 62.
23 Monstrelet 1861, t. 6, 46.
24 Fréminville 1888, 189 ; Cosneau 1886, 349.
25 Cazaux 2011, 53-62.
26 Cosneau 1886, 258 sq. Voir plus spécifiquement l’expédition de Champagne en 1441, Gruel 1890, 161 ; Monstrelet 1861, t. 5, 458.
27 Sur l’importance des capitaines royaux dans la structuration des compagnies d’Écorcheurs, voir Contamine 1975, notamment p. 388-389.
28 Canat de Chizy 1861, 128.
29 Canat de Chizy, éd. 1863, 159.
30 Tuetey 1874, t. 1, 104.
31 Canat de Chizy, éd. 1863, 455-456 (enquête de décembre 1444). Sauturne ou Sautrone, près de Saint-Gervais-sur-Couches (Saône-et-Loire, con d’Autun, c. Épinac).
32 Tuetey 1874, t. 1, 294 ; Héraut Berry 1979, 269. Wangen : Bas-Rhin, con de Wasselonne ; Ensisheim Haut-Rhin, ch.-l. de con.
33 Tuetey 1874, t. 2, 301, 361, 363, 369. Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône, ch.-l. de con).
34 Ibid., t. 1, 294 ; Fréminville 1888, 189. Baigneux : Côte-d’Or, ch.-l. de con.
35 Voir plus généralement Firnhaber-Baker 2010, 90-103.
36 Monstrelet 1861, t. 5, 79-81.
37 Contamine 1998, 199-236. Voir aussi Cazaux 2014.
38 Contamine 1972, 266.
39 Quicherat 1879.
40 Le Clerc, éd. Champion 1907, p. xxi ; Isnard 1887, 60-62 ; Chabannes 1892-1923, Preuves, t. 2, n° 8 (8/09/1439 : contrat de mariage, sur lequel Antoine de Chabannes porte le titre d’écuyer de l’écurie du roi).
41 Fresne de Beaucourt 1881-1891, t. 4, 191 ; Isnard 1887, 62-63 ; Jean de Bueil, éd. Lecestre 1887-1889, t. 2, P. J. n° XVII, 326 ; BnF, ms. fr. 32 849, fol. 37 ; AN, P 13571, cote 311 ; Gaussin 1982, 111.
42 Ibid., 111 ; Contamine 1972, 413 ; Le Clerc 1907, 57, 69-70 ; Isnard 1887, 63 ; GR 6, 66-67 ; BnF, ms. fr. 9463, fol. 121.
43 Monstrelet 1861, t. 5, 316-318, 337, 349.
44 Ibid., t. 5, 316-318 ; Tuetey 1874, t. 1, 13-14.
45 “Qui encore n’avait point fait serment au roi Charles”, Monstrelet 1861, t. 5, 317.
46 Ibid., t. 5, 337, 349 ; Le Clerc 1907, 28-33.
47 Ibid., 35, 37-38 (3/08/1438, 10/09/1438). Le don de 800 florins concernait aussi Jean de Blanchefort.
48 Ibid, 28-33. Antoine de Chabannes était alors l’écuyer d’écurie du duc de Bourbon, ibid., 30.
49 Lapalisse : Allier, con de Chabannes de La Palice 1864, 7 (18/03/1430).
50 Montaigu-le-Blin : Allier, con de Varennes-sur-Allier. En 1449, Jacques de Chabannes n’avait pas encore réglé la totalité du montant de l’achat, Leguai 1985, 205. Voir aussi Mesqui 1998, 241-242 ; Anselme 1728, t. 8, 365-366.
51 Chavroches : Allier, con de Jaligny-sur-Besbre ; Le Clerc 1907, 36.
52 Schnerb 1999a, 223-225.
53 Voir références supra. Sur la maison forte de Sauturne ou Sautrone au sein du patrimoine castral du chancelier de Bourgogne, voir Mouillebouche 2012, 68-73. Sur l’importance politique de Nicolas Rolin, voir Berthier & Sweeney 1998.
54 Article 19 du traité du 21/09/1435, Cosneau, éd. 1889, 136.
55 Schnerb 1999a, 223-225. Acquisition du duché de Luxembourg en 1443.
56 Cazaux 2010b, 93-104.
57 Chartier 1858, t. 2, 12-13 ; Monstrelet 1861, t. 5, 458 ; Héraut Berry 1979, 244-247.
58 BnF, Moreau 250, fol. 213v ; BnF, Dupuy 575, fol. 196 ; Calmet 1745-1757, t. 5, col. 72-74.
59 Bessey, éd. 2006, 88-101.
60 Canat de Chizy, éd. 1863, 375 (août 1436).
61 Tuetey 1874, t. 1, 39, n. 1 (15/09/1438, Saint-Aignan) et 54 (26/01/1441, Troyes).
62 Ainsi en 1441 : Canat de Chizy, éd. 1863, 408 (26/01/1441).
63 Ibid., 387-388 (septembre 1438). Elles sont suivies d’une réunion des états du duché à Dijon, ibid., 388-389.
64 Cazaux 2010a. Pernot & Toureille 2011, 365-374.
65 Canat de Chizy, éd. 1863, 455-456 ; Tuetey 1874, t. 2, 301-308, 309-380 (novembre-décembre 1444) ; Rigault 1981, 153-160.
66 Tuetey 1874, t. 2, 181-190, 192-197, 354-366 ; Du Fresne de Beaucourt 1881-1891, t. 4, 112-141 ; Fréminville 1888, 198-199 ; Escouchy, éd. Fresne de Beaucourt 1863-1864, t. 1, 40-51.
67 AN 13571, cote 311.
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