Cassius Dion et l’historiographie de son temps
p. 113-124
Texte intégral
1À l’époque des Sévères, l’historiographie romaine, reflet des idées et des opinions du sénat, n’était pas en bonne santé. Après la parution sous Hadrien des Ab excessu diui Augusti libri de Tacite, un vide très gênant s’était formé : Granius Licinianus et Florus furent les deux seuls auteurs latins à écrire l’histoire après le règne d’Hadrien, et ce n’était pas des sénateurs ; à peine peut-on ajouter au début du iiie s. le Liber memorialis de L. Ampélius. Sur le fond, Licinianus s’occupa d’histoire républicaine ; Florus parvint jusqu’à Auguste et annonçait le début d’un nouvel âge d’or sous Trajan, mais sans rien dire du Haut-Empire ; Ampélius s’arrêtait quant à lui à Trajan1.
2Ce vide a été attribué à la dévaluation de l’historiographie, dans le milieu de la rhétorique, par des intellectuels d’origine sénatoriale importants et influents, comme Pline le Jeune et M. Cornelius Fronton : la production historiographique aurait été cédée à ceux qui ‘faisaient’ l’histoire, c’est-à-dire à des hommes d’action, grâce au genre des commentarii, tandis que le véritable homme de culture choisissait de se consacrer à d’autres activités ; c’est là l’origine des fréquentes recusationes à s’occuper d’historiographie formulées par le même Pline (dans l’Épître 5.8 à Titinius Capito) et par Fronton, qui aurait refusé d’écrire sur la guerre parthique de L. Verus malgré une demande précise et insistante formulée par l’empereur lui-même2.
3Tout récemment, cette explication tout à fait littéraire a été jugée peu convaincante et a été en partie renversée : Fronton, et en même temps Lucien en Orient, auraient conçu un modèle d’historiographie constitué par des monographies d’histoire contemporaine (surtout des Παρθικά), dont les auteurs ne devaient pas être impliqués dans les vicissitudes qu’ils racontaient, mais devaient bien au contraire être étrangers à leur sujet, dépourvus d’expérience politico-militaire et dotés d’une connaissance uniquement théorique de l’histoire3.
4Laissons de côté Lucien, qui appartient à une tradition culturelle différente. S’il est vrai que Fronton accepta formellement d’écrire une œuvre sur la guerre parthique, il est également vrai qu’il ne l’accomplit jamais : on peut toujours se demander si cet accomplissement manqué eut pour cause une acceptation fictive, qui impliquait en effet une recusatio, ou d’autres raisons, mais c’est un fait que Fronton se borna à composer, en raison des débuts défavorables à Rome de cette guerre parthique, un De bello Parthico qui est une épître consolatoire, en aucun cas une œuvre historique4.
5La dévaluation de l’historiographie dans la culture rhétorique, depuis Pline jusqu’à Fronton, reste une raison valable à mon sens, même si ce n’est pas la seule, pour expliquer le vide historiographique du iie s. Rappelons ici que Fronton fixe deux conditions très précises à l’éventuelle composition d’une œuvre sur la guerre parthique : que L. Verus donne son approbation à un specimen préliminaire de cette œuvre, et que Verus lui-même envoie à Fronton les suarum rerum commentarii5 ; on ne peut pas écrire l’histoire si l’on n’a pas à sa disposition les mémoires de celui qui a été l’auteur de cette histoire, mais on peut aussi conclure que ces mémoires sont suffisants, que les commentarii jouissent de leur propre autonomie. Il est difficile de nous soustraire à l’impression que les commentarii de César et la polémique du Brutus cicéronien envers eux6 ont joué un rôle dans cette relation dialectique et cette rivalité entre commentarii et historiae : comme je l’ai déjà dit, l’histoire peut alors être laissée aux généraux, tandis que les rhéteurs s’occupent d’autre chose.
6Il est toutefois vrai que aussi bien les généraux, que les rhéteurs n’avaient pas grand-chose à écrire : l’historiographie ancienne, comme Momigliano nous l’a enseigné7, est surtout une historiographie du changement, des guerres et des révolutions, des µεταβολαί ; de ce point de vue, il y avait déjà eu peu d’événements d’Auguste à Trajan, et il y en eut encore moins après Trajan, au siècle des Antonins : on jouit de la paix, on ne la raconte pas ; se tourner vers le passé n’était pas la solution : Tite-Live était là avec son imposante présence pour décourager toute entreprise dans cette direction ; même le goût archaïsant de cette époque, qui poussait Aulu-Gelle à redécouvrir Q. Claudius Quadrigarius8, ne paraissait pas suffisant pour réécrire Tite-Live en puisant aux auteurs préliviens.
7Deux éléments, l’un culturel et l’autre politique, interagissaient donc pour éloigner les Romains et surtout les sénateurs de cette activité historiographique qui leur avait été longtemps congénitale. L’Orient hellénophone présente sans doute une situation différente : ici, l’historiographie avait des racines épistémologiques plus solides et ne rencontra aucune dévaluation. Bien au contraire, le iie s. est l’âge dans lequel au silence de l’Occident correspond – et l’opposition ne pourrait pas être plus forte – l’intense activité historiographique de l’Orient grec ; peut-être Jason d’Argos et sûrement A. Claudius Charax écrivent de vastes œuvres d’histoire grecque : évidemment l’exigence de parcourir à nouveau les étapes d’un passé lointain mais glorieux restait bien vive9 ; Pausanias se consacre à l’investigation des témoignages monumentaux et des traditions locales de la Grèce ; Favorin et Céphalion composent des œuvres du genre des uariae historiae : la première était peut-être un large réceptacle d’érudition de toute sorte, comme l’œuvre postérieure d’Élien, la deuxième avait été écrite en dialecte ionien et partagée en neuf livres, qui prenaient leur nom des Muses, et l’imitation d’Hérodote y était évidente10 ; Arrien vise à être consacré comme le nouveau Xénophon, homme d’action et en même temps homme de culture, disciple d’Epictète, le nouveau Socrate, écrivain de mémoires en tant que gouverneur de province et prince des historiens d’Alexandre11 ; enfin Amyntianus continue la tradition plutarchéenne des vies parallèles (Philippe II / Auguste ; Denys (I ou II) / Domitien ; peut-être, même si ce n’était pas directement, aussi Alexandre / Marc Aurèle)12 et Polyaen renouvelle la tradition stratagèmographique, en lui donnant une dimension et des contenus bien plus riches qu’auparavant13.
8Tout cela est fort intéressant, mais jusqu’ici il n’y a pas de trace d’histoire contemporaine et, plus généralement, d’histoire romaine.
9Les 17 livres de Παρθικά écrits dans sa jeunesse par le débutant Arrien peuvent combler la première lacune14 : ils concernaient la campagne parthique de Trajan, et nous avons déjà vu que la campagne parthique suivante, celle de L. Verus, suscita également, même dans le milieu latin, l’attente d’œuvres dédiées à son déroulement ; dans le milieu grec la production semble avoir été très large, mais pas de bonne qualité, au moins selon l’opinion de Lucien. On doit souligner d’autre part qu’il n’y eut pas de monographies correspondant à des événements tels que l’insurrection juive de Bar-Kochba ou les guerres marcomanniques de Marc-Aurèle ; on dut attendre encore les campagnes parthiques de Septime Sévère : à cette occasion Aelius Antipater écrivit les ἔργα Σεουέρου, res gestae, qui devaient certainement être dédiées essentiellement aux grandes victoires contre les Arsacides15. Seul un secteur bien spécifique de la politique étrangère de l’empire, le secteur parthique, qui évoquait chez les historiens grecs l’incontournable comparaison avec Alexandre, semble donc avoir suscité un intérêt historiographique régulier et constant.
10Appien et lui seul est au contraire l’exception qui va combler la deuxième lacune. Son œuvre n’est pas une histoire universelle, ni une continuatio Polybii, mais une histoire romaine, dans laquelle les précédentes histoires des différents peuples et des différents territoires soumis à Rome vont se réunir ; ces histoires précédentes sont récupérées et insérées en tant que digressions (à ce propos le cas de l’excursus sur l’histoire des Séleucides dans la Συριακή est paradigmatique), et ici Appien suit sans doute le critère polybien de la συµπλοκὴ τῶν γεγονότων; il est plus attrayant, mais aussi plus difficile à démontrer, que la partition de l’histoire κατὰ λόγους (Hérodote) ou κατὰ γένη (Éphore) a inspiré la division d’Appien en fonction des zones géographiques qui constituaient l’ensemble de la domination romaine.
11La critique moderne a souvent rapproché Appien de Florus pour une raison très claire : tous les deux sont des provinciaux, qui écrivirent peut-être à l’occasion de l’année 148, celle du ixe centenaire de l’Vrbs, une histoire complète de Rome selon une partition chronologique très semblable (250 ans pour la période monarchique, 250 jusqu’à la conquête de l’Italie, c’est-à-dire jusqu’à l’an 264 a.C., environ 200 ans pour la période de l’hégémonie méditerranéenne – de 264 à l’an 30 a.C. –, enfin les 200 dernières années, à peu près, d’Auguste jusqu’à leur temps : le total est de 900 ans). On a observé à juste titre que Florus écrit pour les élites cultivées de l’Occident, tandis qu’Appien écrit pour les élites orientales, que Florus est romain, tandis qu’Appien est philoromain16. En outre, tous les deux vivent leur époque avec un sentiment d’optimisme dont les racines sont différentes : pour Florus, cet optimisme surgit de la conviction que Rome, sous Trajan, est en train de vivre une deuxième jeunesse et que l’aeternitas que Jupiter lui a conférée lui permet de se soustraire aux lois biologiques de l’histoire grâce à cette chaîne de renaissances toujours renouvelées ; pour Appien, cet optimisme puise à la conscience que les classes hellénophones les plus hautes se sont insérées de façon durable dans la classe dirigeante de l’empire, que les empereurs ont accepté Alexandre parmi leurs modèles et que, en un mot, l’empire romain est devenu un empire hellénistique17.
12Toutefois une différence fondamentale subsiste : Florus appartient à l’historiographie occidentale et latine et c’est un auteur isolé à l’intérieur de cette tradition, qui était en train de s’éteindre, Appien appartient bien au contraire à l’historiographie orientale et grecque et, à l’intérieur de cette tradition fort vive et prolifique, il est l’auteur d’un Neubeginn18.
13Appien révèle d’autres caractéristiques, qui nous aident à mieux comprendre l’œuvre postérieure de Cassius Dion. Premièrement, Appien accorde un rôle exceptionnel aux guerres civiles dans son histoire de Rome : 5 livres sur 24 sont dédiés aux Ἐµφύλια et seuls les 4 livres réservés à l’Égypte, la patrie de l’auteur, forment une section analogue en taille ; deuxièmement Appien, soit grâce à son origine sociale, soit grâce à l’influence de sa source principale pour les guerres civiles, le césarien C. Asinius Pollion, n’accorde pas au sénat un rôle particulier : selon lui, César fonda la monarchie à Rome et ses sentiments sont tout à fait monarchiques19 ; enfin il raconte l’histoire de Rome soigneusement jusqu’à l’an 30 a.C., consacre un seul livre, la Ἑκατοντετία, aux cent années suivantes et, au contraire, les deux derniers livres, la Δακική et l’Ἀράβιος, aux seules conquêtes de Trajan20 ; il est évident que la période julio-claudienne et flavienne ne l’intéresse pas et qu’il réserve au contraire beaucoup d’attention à la renaissance trajanienne, caractérisée par de nouvelles guerres expansionnistes victorieuses. On a observé qu’Appien n’écrivit jamais une Παρθική : je crois qu’il y a une double raison, c’est que Trajan ne conquit jamais la Parthie et que peu auparavant Arrien avait déjà exposé cette guerre.
14Arrien est sans doute l’auteur contemporain auquel Appien est redevable plus qu’à aucun autre ; il est son autorité pour l’image d’Alexandre21 et il est son modèle dans le choix d’un hérodotéisme modéré mais conscient ; en effet, même si tout récemment on a souligné aussi des influences thucydidéennes, surtout sur les Ἐµφύλια et le II prologue22, on ne peut pas nier que le couple ‘Arrien/Appien’ avec Céphalion marque la prévalence d’Hérodote sur Thucydide pendant le iie s., inutilement combattue par Lucien, lequel est par ailleurs un théoricien, pas un historien.
15À partir de ce cadre, que j’ai esquissé très rapidement, nous pouvons maintenant nous demander pourquoi Dion se mit à écrire son Histoire romaine.
16Considérons avant tout ses caractéristiques. L’auteur est un sénateur d’origine orientale, né en Bithynie, donc hellénophone, mais pas grec ; il reproduit dans l’ensemble avec une grande fidélité les positions de la majorité traditionaliste et conservatrice du sénat. Son œuvre est une histoire de Rome des origines à l’époque contemporaine ; elle fut précédée par deux essais mineurs d’histoire contemporaine dédiés aux omina imperii de Septime Sévère et aux guerres civiles des années 193/196, et presque certainement par la biographie de son grand compatriote Arrien23 ; elle est articulée en 80 livres et suit une structure annalistique jusqu’à la fin de la République, tandis qu’elle prend avec l’empire l’allure, peut-être incontournable, d’une Kaisergeschichte selon les biographies des empereurs.
17D’un point de vue lexical et idéologique, Dion a toujours été désigné comme l’imitateur par excellence de Thucydide24 ; parmi ses sources pour la période médio-républicaine, Polybe pourrait trouver sa place, et son livre 6 est en tout cas le modèle du livre 52 de Dion sur la nature du principat ; enfin Arrien joue le rôle de l’historien le plus prestigieux dans la génération antérieure ; en même temps, une autre définition qui le caractérise est celle de ‘Tite-Live des Byzantins’.
18Face à Tite-Live, le rapport est d’un livre tous les deux livres et demi de l’historien de Padoue ; la distribution des matériaux dans l’Histoire romaine est la suivante : la première décade couvre la période depuis la fondation de l’Vrbs jusqu’au déclenchement de la première guerre punique (264 a.C.), où Tite-Live parvenait avec le livre 15, et donc jusque-là les deux historiens procèdent presque à égalité; au contraire, la deuxième décade arrive jusqu’aux débuts de la troisième guerre punique (environ 150 a.C.), tandis que chez Tite-Live la même période exigeait 33 livres (16-48), et ici la proportion est d’un livre pour plus de trois ; puis elle se réduit à un livre tous les trois à peu près (troisième décade de Dion face aux livres 49-77 de Tite-Live pour les années 150-89/88 a.C., quatrième décade de Dion face aux livres 78-108 de Tite-Live pour les années 87/86-49 a.C.) et enfin à un livre face à un peu plus de deux (cinquième décade de Dion et livre 51 face aux livres 109-133 de Tite-Live pour les années 49-30/29 a.C.) ; le livre 52 contient le débat politologique entre Agrippa et Mécène concernant le choix entre République et monarchie, que j’ai déjà rappelé et qui est très célèbre ; les derniers 28 livres qui suivent sont dédiés au principat, c’est-à-dire aux deux siècles et demi entre l’an 30 a.C. et l’an 229 p.C. : cela signifie que Dion emploie les dix premiers livres pour les cinq premiers siècles de l’histoire de Rome des origines à la première guerre punique, 41 livres pour l’histoire de la République moyenne et tardive de l’an 264 à l’an 30 a.C., donc 234 ans, et enfin 28 livres pour l’histoire de l’empire de l’an 30 a.C. jusqu’à l’an 229 p.C., un arc temporel presque analogue de 259 ans25.
19La comparaison avec Tite-Live montre donc une attention au moins égale envers les temps des origines, les temps ‘mythiques’ de Rome ; puis il y a une forte réduction à l’égard des guerres puniques et de la conquête de l’hégémonie mondiale et une réduction presque aussi forte à l’égard de la période de la crise de la République et des guerres civiles jusqu’à César exclu ; il y a enfin une reprise d’intérêt pour la dernière phase des guerres civiles, celles de César et d’Octavien, qui conduisent directement au principat. Au contraire, la comparaison avec Appien montre la même attention pour la période des guerres civiles (à peu près 20 livres sur 80, soit un quart du total, pour la période allant de la mort de Marius à Actium, chez Dion, 5 livres sur 24, soit presque un quart du total, pour la période allant de la guerre des alliés à la bataille de Nauloque chez Appien)26, mais un intérêt tout à fait opposé pour l’histoire du principat : 28 livres chez Dion, seulement un chez Appien, si nous ne tenons pas compte des deux livres monographiques sur les guerres de Trajan.
20Jusqu’ici, j’ai développé des comparaisons simplement quantitatives, qui ont bien sûr leur importance. Il faut maintenant les associer à des considérations qualitatives, en parcourant à nouveau le rapport de Dion avec ses modèles historiographiques.
21Premièrement Thucydide : dans sa jeunesse, Dion avait vécu dans une atmosphère fortement hérodotéenne, à laquelle Arrien et Appien avaient adhéré ; seul Lucien avait cherché à s’opposer à cette mode, et il serait intéressant de démontrer que le Comment on doit écrire l’histoire exerça son influence sur l’historien de Nicée dans son choix d’imiter Thucydide, mais nous n’en avons aucune preuve27. Il y avait une troisième attitude possible dans la culture grecque de cette époque, la négation de toute histoire et la condamnation au même niveau d’Hérodote, de Thucydide et de Théopompe, condamnation que nous trouvons dans la διάλεξις 22 de Maxime de Tyr28. Si parmi ces trois possibilités Dion choisit de suivre Thucydide, je crois que ce choix vint non seulement d’une admiration générique pour le grand Athénien, mais encore plus de la conscience qu’il y avait entre eux une proximité, liée au fait de vivre dans des époques analogues : Thucydide était l’historien de la démocratie athénienne, mais aussi de sa crise et de sa dégénérescence après Périclès, il était le spectateur d’une évolution très rapide et sans remède, où la défaite politico-militaire d’Athènes n’était au fond que l’inévitable conclusion d’une décadence morale, culturelle, religieuse, en un mot, d’une crise des valeurs ; Dion a la chance d’être l’historien de Rome au moment de la brusque fin du saeculum aureum des Antonins et de la sanglante reprise des guerres civiles, lorsque la nouvelle dynastie des Sévères est en train de transformer le vieux principat en une monarchie absolue, militaire, d’origine afro-syriaque et lorsque de nouveaux cultes orientaux, parmi lesquels presque certainement même le christianisme, menacent l’ancien mos : à l’horizon ne surgit pas encore une catastrophe comparable à la guerre du Péloponnèse (Dion ne pouvait pas prévoir la terrifiante crise militaire de l’empire dans les années 250-260), mais on y trouve maintes prémisses. Dès lors, les instruments d’analyse politique employés par Thucydide pouvaient être très utiles pour donner un jugement lucide et détaché sur son temps et ainsi contribuer aux buts didactiques de l’historien face à ses collègues, les sénateurs, surtout ceux d’origine orientale, qui devaient accepter leurs responsabilités dans le gouvernement de l’empire à côté de l’empereur et à l’intérieur de cette monarchie modérée, mieux de cette µικτή qui devait avoir dans le sénat son pivot et qui était le vrai idéal institutionnel de Dion29.
22Après Thucydide, Polybe : je ne veux pas ici m’occuper de l’usage de Polybe en tant que source de Dion 30 ; toutefois il me semble sûr qu’il influence Dion dans deux décisions, celle d’insérer la digression du livre 52 sur la forme institutionnelle du principat, qui se rattache, comme cela a été déjà observé, à l’analyse de la πολιτεία de la République romaine dans le livre 6 de Polybe et à sa préférence pour la µικτή, et celle de comprimer la narration dédiée à la période 264-150 a.C. dans 11 livres seulement (11-21), parce que la même période avait déjà été traitée par Polybe dans 40 livres. Il ne me semble pas qu’on ait déjà observé que Dion se rattache ainsi à la tradition de cette historiographie grecque qui reconnaissait dans Polybe un modèle et un auteur de référence pour toute œuvre sur l’histoire de Rome31 : Poseidonius32 et Strabon l’avaient complété en aval, Denys d’Halicarnasse en amont, un historien universel comme Diodore l’avait choisi comme la source principale de ses livres 28-32, maintenant un historien de Rome comme Dion venait reconnaître qu’il y avait une période de l’histoire de Rome déjà traitée par un historien grec d’une façon exhaustive, et que cette période était l’arc chronologique des Histoires de Polybe ; on pouvait donc le parcourir à nouveau un peu hâtivement, on pouvait aussi chercher d’autres versions que la version polybienne et les insérer dans sa narration, mais on gardait désormais conscience que la version de Polybe était ‘la’ version établie de la conquête romaine de l’hégémonie mondiale.
23Face à Tite-Live, l’attitude de Dion est analogue à celle qu’il a envers Polybe, mais aussi plus libre et, je voudrais ajouter, plus rivale. Dion sent l’exigence d’offrir au public de culture grecque une œuvre qui, pour la structure et l’ampleur, puisse défier celle de l’historien de Padoue ; tous ses prédécesseurs avaient failli : Appien était trop bref (21 livres d’histoire républicaine face aux 142 de Tite-Live), Nicolas de Damas était aussi long (144 livres), mais il avait écrit une Καθολικὴ ἱστορία, une histoire universelle, non une histoire romaine, et en outre il n’avait pas gagné le même prestige33 ; surtout, tous deux n’étaient pas d’origine sénatoriale : c’était donc vraiment une entreprise jamais conçue de parcourir et d’écrire à nouveau l’histoire de Rome comme Tite-Live, de la prolonger jusqu’à son époque, dans une perspective sénatoriale, mais en langue grecque ; on doit y adjoindre la recherche, d’une durée de dix ans, de sources préliviennes, par lesquelles on pourrait parvenir à une reconstruction alternative à celle de Tite-Live : ainsi la nouitas de la tâche de Dion nous apparaît dans toute sa complexité et sa grandeur.
24Arrien avait été sans doute l’historien le plus prestigieux de l’époque immédiatement antérieure à celle de Dion ; le βίος que Dion lui avait dédié dans sa jeunesse témoigne qu’il l’admirait beaucoup ; cette admiration vient bien sûr de leur origine bithynienne commune, mais pas seulement : la plupart de la production historiographique d’Arrien était consacrée à Alexandre et aux diadoques ; elle était au fond une histoire du haut hellénisme du 336 à 281 en 18 livres (8 livres περὶ Ἀλέξανδρον, 10 livres µετὰ Ἀλέξανδρον), à laquelle on pouvait idéalement relier les 17 livres réservés à l’expédition parthique de Trajan ; il y avait chez Arrien un intérêt évident pour les vicissitudes lointaines et récentes du Proche-Orient, une zone géographique où la comparaison entre Alexandre et les Romains devenait incontournable, soit en tant que rivalité, soit en tant que continuité envers l’éternel ennemi iranien34. Le point d’arrivée de toute cette problématique pouvait sembler, pour les contemporains de Dion, être représenté par la dernière phase du conflit romano-parthique sous Septime Sévère et Caracalla ; ses racines étaient alors dans la conquête d’Alexandre, mais se trouvaient aussi dans l’histoire romaine, au moins depuis Pompée et Crassus : l’histoire romaine pouvait donc aussi être vue comme l’achèvement de l’histoire hellénistique d’Arrien, le revers de la même médaille.
25Enfin Appien : on a déjà observé que celui-ci était le seul prédécesseur, et un prédécesseur très proche, qui avait écrit une histoire romaine en langue grecque ; Dion est plus long qu’Appien et d’une meilleure qualité ; surtout, il connaît les usages et les mœurs, les institutions et les magistratures des Romains beaucoup mieux qu’Appien35. À mon avis, on ne doit pas se borner à une comparaison quantitative et/ou qualitative entre les deux, mais on doit souligner le choix de Dion de ne pas s’arrêter à Auguste et à la fondation du principat, mais au contraire de poursuivre jusqu’à l’époque contemporaine, en donnant à l’histoire des deux premiers siècles de l’empire la même longueur et la même dignité que l’histoire républicaine ; l’opposition avec Appien est ici évidente et vient d’une décision polémique : selon Dion, il n’y a eu aucune “fin de l’histoire” avec Auguste, mais une continuation régulière, le déroulement éternel des événements humains, où Rome et son empire trouvent leur place, une place importante, prestigieuse, mais aussi, dans une certaine mesure, “normale”36.
26La comparaison que j’ai développée jusqu’ici avec les principaux modèles historiographiques de Dion, c’est-à-dire Thucydide, Polybe, Tite-Live, Arrien, Appien, a permis selon moi d’identifier les raisons culturelles qui ont pu pousser l’historien de Nicée à concevoir un ouvrage si difficile, qui l’occupa pendant vingt-deux années au moins et qui lui donna une gloire immortelle. Il serait toutefois réducteur de contenir le projet de Dion et sa décision d’écrire une histoire romaine si vaste dans un espace exclusivement culturel ; on ne doit pas oublier que Dion ne fut pas seulement un intellectuel, mais aussi un homme public, un sénateur désireux de parcourir tous les degrés du cursus honorum, qui regretta le délai après lequel il obtint le consulat suffect, qui fut prêt à reconnaître que Septime Sévère avait accompli son devoir lorsqu’il le lui conféra en 20637, et qui fut enfin très orgueilleux du consulat ordinaire en 229.
27Dans ces conditions, je pense qu’il est nécessaire de rechercher aussi les raisons politiques ou, peut-être mieux, les causes historiques, qui persuadèrent Dion de devenir historien de Rome.
28Je crois que les années 196-197 peuvent constituer un bon point de départ. En 196, Septime Sévère défit Clodius Albinus, pour lequel une partie non négligeable du sénat nourrissait des sympathies38, à la bataille de Lyon, et il conclut ainsi une phase d’instabilité et de guerres civiles qui se prolongeait depuis la mort de Commode ; l’année suivante, il rentra à Rome et prononça au sénat un célèbre discours, qui menaçait les auditeurs dans la mesure où il louait Sylla : Dion nous dit qu’il assista à ce discours39 ; selon une récente hypothèse, Sévère lui-même aurait composé tout de suite, entre 197 et 198, son Autobiographie, un texte évidemment apologétique de sa prise de pouvoir40. À ce moment-là, un jeune sénateur comme l’était Dion dut constater qu’une nouvelle dynastie s’était instaurée, et son but primaire fut de renouer des relations initialement mauvaises avec le nouveau maître de l’empire, et ainsi de débloquer sa carrière : dès lors l’opuscule sur les omina imperii de l’empereur, puis, peut-être en 20241, l’œuvre sur les guerres civiles, dont l’Autobiographie sévérienne est la source principale, marquent la première phase de l’historien Dion, qui se consacre à l’histoire contemporaine, propédeutique à son cursus honorum. Jusqu’ici je viens de reprendre des concepts banals ; c’est peut-être moins banal de constater que Dion, au moment où il veut écrire l’histoire contemporaine pour aider sa propre carrière, est contraint à écrire sur des guerres civiles et sur cette deuxième année des quatre empereurs, qui se reliait sans doute à la première, en 69, et au passage des Julio-Claudiens aux Flaviens, un passage jalonné lui aussi par une série de guerres civiles.
29En même temps, les nouvelles guerres civiles des dix dernières années du iie s. s’entrelaçaient avec deux guerres parthiques, qui avaient mené les Romains à une victoire encore plus nette que celles de Trajan et de L. Verus, parce qu’elle semblait plus stable grâce à l’institution de la nouvelle province transtigritane de Mésopotamie.
30À la méditation historiographique de Dion se présentait alors la comparaison avec la précédente situation de l’historiographie romaine de langue grecque, et surtout avec Appien : celui-ci avait dédié un grand espace aux guerres civiles de la fin de la République, puis il avait quasiment passé sous silence le premier siècle du principat pour traiter les conquêtes de Trajan, sur lesquelles Arrien aussi avait écrit. Dès lors, une coïncidence singulière se vérifiait : la reprise des guerres civiles et la reprise des guerres expansionnistes ; en outre, il était nécessaire de trouver un nouvel équilibre entre le prince et le sénat : c’était l’aboutissement des récentes guerres civiles, comme cela s’était passé à l’époque d’Auguste et comme on l’avait oublié après la longue “lune de miel” des Antonins. L’histoire avait recommencé à se mouvoir, soit dans la politique étrangère, soit dans les rapports institutionnels à l’intérieur : la réalité même imposait à Dion de nier la “fin de l’histoire” et de reprendre le fil rouge de sa narration.
31Jusqu’ici nous sommes encore dans la perspective de l’histoire contemporaine ou, tout au plus, de l’histoire du principat postaugustéen ; au contraire, Dion choisit la tâche plus lourde de parcourir à nouveau toute l’histoire de Rome depuis ses origines. Pour clarifier les raisons de ce choix, nous sommes aidés à nouveau par un événement de l’histoire contemporaine, auquel Dion assista, c’est-à-dire la célébration solennelle des ludi saeculares en 204.
32Les centenaires – on le sait bien – suscitent un grand nombre d’œuvres, qui se donnent pour but de les célébrer : le neuvième centenaire de Rome en 148 pourrait avoir inspiré les ouvrages de Florus et d’Appien, le millénaire de 248 inspira sans doute la Χιλιετηρίς d’Asinius Quadratus, peut-être Hérodien aussi et, dans une perspective différente, le Κατὰ Κέλσον d’Origène42 ; l’année 204 n’était pas un centenaire comme on l’entendait depuis le huitième, célébré par Claude en 48, mais il correspondit à la dernière reprise du calcul plus ancien adopté pour établir les saecula de Rome, c’est-à-dire le calcul en usage sous la République et, en tout cas, gardé par Auguste en 17 a.C.43
33Auguste avait voulu célébrer ainsi la renaissance de Rome après les guerres civiles du ier s. et le nouvel âge d’or correspondant à son gouvernement ; Septime Sévère voulait être le nouvel Auguste44 : un dangereux révolutionnaire envers l’ordre sénatorial pendant la phase dramatique de la conquête du pouvoir, puis le normalisateur capable de trouver avec le sénat un modus uiuendi qui les satisfaisait tous les deux.
34Dans cette perspective, sa décision de célébrer à nouveau les ludi saeculares dans leur signification la plus traditionnelle, qui ne se vérifiait plus depuis l’an 88, sous le règne de Domitien, voulait être justement une initiative de conciliation envers les éléments les plus conservateurs à l’intérieur du sénat45. Peu après, pour l’année 206, comme je l’ai déjà rappelé46, Dion observait que Septime Sévère était finalement en train de faire son devoir, et on a remarqué une liaison entre cette déclaration et la situation personnelle de l’historien, c’est-à-dire le déblocage de sa carrière avec la concession du consulat suffect. Il est d’autre part vrai qu’on doit donner à cette déclaration une signification plus générale : les rapports de l’empereur avec le sénat s’améliorent beaucoup dans ces années, aussi bien grâce à la chute de Plautien en 20547, que peut-être grâce à des ouvertures, parmi lesquelles on pourrait compter ces ludi de 204. On sait que Dion, en écrivant le livre 52, manifeste une grande préoccupation face à la diffusion des cultes orientaux et du danger qu’ils forment pour la société romaine : c’est une tâche essentielle pour le prince de défendre la religion traditionnelle contre cette concurrence48. Bien que Septime Sévère fût d’origine africaine et eût épousé une prêtresse du culte du dieu El à Emèse, il avait aussi accompli cette tâche parce qu’il avait choisi de reprendre la vénérable tradition augustéenne des ludi saeculares ; la différence était éclatante avec son fils Caracalla, qui dans sa constitutio Antoniniana avait invoqué des dieux immortels tout à fait génériques49 et, encore plus, avec Élagabale et son projet blasphématoire de promouvoir une triade afro-syrienne à côté de la triade capitoline50.
35Ceci est le scénario dans lequel on doit insérer la récente hypothèse qui propose un nouveau schéma chronologique pour la genèse de l’Histoire romaine de Dion, à mi-chemin entre la chronologie haute de Millar et la chronologie basse de Letta et Barnes, mais plus proche de cette dernière ; à partir des dernières interventions visant une réélaboration du texte, qui se réfèrent à l’an 225, Dion aurait commencé à écrire son œuvre, dont la composition dura douze années, en 213, et la collecte des données, qui dura dix années, remonterait à l’année 204 ; on parviendrait un peu au-delà à l’année 202, si l’on calculait les dix années de préparation depuis la mort de Septime Sévère en 211, en prenant cette dernière année non comme une référence flexible, mais comme une date exacte ; en tout cas l’oscillation se situe entre 202 et 20451 : la première année est celle des decennalia de l’empereur, la deuxième est justement celle des ludi saeculares.
36Dans ce moment-là, Dion conçut le projet de consacrer sa vie à une nouvelle histoire de Rome, qui devait être parallèle à celle de Tite-Live, et de la prolonger avec une exposition détaillée des deux premiers siècles de l’empire. En effet un simple prolongement, une continuatio Liuii, n’aurait pas été satisfaisante ; la question était d’insérer le principat et l’histoire contemporaine dans une évolution historique qui puisait son sens dans son passé républicain : on ne pouvait pas comprendre Septime Sévère sans Sylla et sans les guerres civiles du ier s. a.C., on ne pouvait pas comprendre le problème parthique sans Crassus, ni le problème des barbares dans l’Europe du nord sans César ; ce n’est pas par hasard si Dion dédie à ce dernier un espace exceptionnel, en nous donnant une large narration de sa conquête des Gaules52, en liant ses expéditions en Bretagne à l’attention consacrée par Septime Sévère à la frontière septentrionale de cette île53, enfin en attribuant à César la théorie de la guerre préventive contre les barbares, qui était bien plus pressante à son époque qu’au dernier siècle de la République54.
37Derrière ce devenir perpétuel de l’histoire, où le principat s’insère sans solution de continuité et qui contraint l’historien à reprendre sa narration toujours depuis les débuts, depuis les origines, pour comprendre son temps, il y a – ça va sans dire – toute la partialité ou, mieux, l’unilatéralité de l’interprétation de l’histoire romaine dans la perspective du sénat : dès les origines de Rome il y eut le sénat, qui divinisa Romulus ou peut-être le tua55 ; si Rome est éternelle, le sénat aussi est éternel ; la seule source de légitimation à Rome est le sénat : même Auguste avait ressenti la nécessité de cette légitimation, comme Dion va le préciser dans le livre 56, qui corrige en partie le livre 5256, et tout récemment Septime Sévère a ressenti la même nécessité malgré ses débuts audacieux ; cette nécessité sera toujours ressentie.
38Ceci est la certitude de Dion, lorsqu’il conçoit son œuvre entre 202 et 204, dans sa période de pleine maturité et d’optimisme modéré, qui dérive des conditions analysées ci-dessus. Nous percevons la désillusion et l’amertume des années suivantes, sous les règnes inexcusables de Caracalla, Macrin et Élagabale, surtout dans les considérations de Dion à propos de la nouvelle guerre civile de 218 entre ces deux derniers candidats à l’empire, un eques, dont la classe sociale n’était pas digne de la pourpre impériale, et un Oriental aux mœurs débauchées57 : face à eux, le sénat ne semble plus en mesure de jouer son rôle légitimant super partes.
39L’évolution de Dion à l’intérieur de son œuvre et de sa vie rappelle alors dans une façon très singulière celle d’un prédécesseur, que je n’ai jusqu’ici pas mentionné parmi ses modèles, parce que je ne crois pas qu’il le fut, c’est-à-dire Tacite, qui passe d’une période encore caractérisée par l’optimisme timide après la chute de Domitien au début de ses Historiae au pessimisme radical des Ab excessu diui Augusti libri sous Hadrien, le “philhellène”, l’“ennemi du sénat”, le “nouveau Néron”58.
Notes de bas de page
1 Granius Licinianus : Criniti 1993 ; Florus : Hose 1994, 53-137 ; L. Ampélius : Arnaud-Lindet 1997.
2 Cova 1970, que j’ai suivi : Zecchini 1983a ; récemment cf. Fleury 2005 ; Cova 2008.
3 Kemezis 2010.
4 Fronto, Ep., p. 220-225 Van Den Hout [1988].
5 Fronto, Ep., p. 202,13-15 Van Den Hout [1988] : ubi primum frater suarum rerum commentarios miserit, nos res scribere adgrediemur, si tamen thema quod gustui mittimus non displicebit…
6 Cic., Brut., 75.262 ; cf. dernièrement Zecchini 2011b, 28-30.
7 Momigliano 1972 = Momigliano 1975, 13-31.
8 Schettino 1986 et surtout Schettino 1987.
9 Jason d’Argos : Suda Ι 53 (mais sa chronologie reste hypothétique) ; A. Claudius Charax : Andrei 1984.
10 Favorin : Barigazzi 1966, 207-242 ; Céphalion : le témoignage principal se trouve chez Phot., Bibl., 68 ; cf. Hose 1994, 463-469.
11 À l’égard d’Arrien je me borne à quelques références : Wirth 1964 ; Bosworth 1972 ; Stadter 1980 ; Zecchini 1983a, 7-15.
12 Pour Amyntianus le témoignage principal se trouve chez Phot., Bibl., 131 ; cf. Zecchini 1983a, 11-12.
13 Polyaen : cf. Schettino 1998.
14 Leur composition se situe vers 140 selon moi, vers 120 selon Wirth 1964 ; Stadter 1980 les insère entre les Βιθυνικά et les œuvres sur Alexandre et les diadoques ; seul Bosworth 1972 les attribue à la dernière phase de la vie d’Arrien : cf. Zecchini 1983a, 13 n. 45.
15 Rubin 1980, 130-131 ; Moscovich 2004 ; Sidebottom 2007, 54.
16 Hose 1994, 351-355.
17 Alexandre modèle des empereurs du iie s. : cf. Zecchini 1984.
18 Cette heureuse définition se trouve chez Hose 1994, 152-153.
19 En ce sens, Kuhn-Chen 2002, 125-129 ; selon Hose 1994, 265-273 Appien est plus monarchiste que républicain.
20 Des Δακικά avaient peut-être été écrits par Trajan lui-même (Prisc., Inst., 6.13), et des Γετικά par Dion Chrysostome (cf. Terrei 2000) et par le médecin de l’empereur, T. Statilius Criton (cf. Petolescu 2004‑2005, 251-254).
21 Surtout pour l’influence du livre 7 de l’Anabase d’Arrien sur Appien cf. Brodersen 1988.
22 Kuhn-Chen 2002, 125-129, 341-342.
23 L’existence de cette biographie, attestée par Suda Δ 1239, est niée par Millar 1964, 70, mais sans raisons suffisantes : cf. contra Bosworth 1972, 166.
24 Dès Litsch 1893 ; Kyhnitzsch 1894.
25 La distribution des matériaux historiques chez Dion a déjà été l’objet de la recherche de Hose 1994, 361-363 ; la comparaison avec Tite-Live vient de moi.
26 Auxquels on doit adjoindre au moins 2 des 4 livres sur l’Égypte pour la dernière phase des guerres civiles, soit les années 31-30 a.C..
27 En ce sens Zecchini 1983a, 31.
28 Mazzarino 1966, 166-169 ; Achilli 2012.
29 Carsana 1990, 83-94 ; Hose 1994, 390-399 ; Sordi 2001 ; Kuhn-Chen 2002, 336-337; Schettino 2008a ; Schettino 2008b ; Horst 2010.
30 Schwartz 1899, 1694-1696 (à l’égard de C.D. 13-21) est la seule analyse systématique, qui garde encore sa valeur, mais cf. aussi Klotz 1936.
31 Zecchini 2012.
32 Duquel Dion aurait puisé la triple division de l’histoire médio-républicaine, 218, 187 et 146, selon Simons 2009, 120-186.
33 Wacholder 1962 ; pour la réception de son Histoire universelle au iie-iiie s. p.C., cf. Zecchini 1989, 117-120.
34 Zecchini 2005. Bibliographie à propos d’Arrien cf. supra n. 11.
35 Cf. Urso 2005.
36 Comme l’a bien souligné Kuhn-Chen 2002, 339.
37 C.D. 77[76].7.3 : ὁ Σεουῆρος οὐδὲν τῶν ἀναγκαίων τὸ παράπαν ἐξέλιπεν, ἀλλὰ καὶ ἐδίκαζεν καὶ πάντα τὰ τῇ ἀρχῇ προσήκοντα διῴκει. Καὶ ἐπὶ <µὲν> τούτῳ καὶ ἐπῃνεῖτο. C’est bien connu qu’il n’y a pas d’accord sur le consulat suffect de Dion ; ici je suis Millar 1964, 17-18, mais Letta 1979, 117-122 préfère l’année 222.
38 Hdn. 3.5.2 (τοὺς ἐξέχοντας τῆς συγκλήτου βουλῆς) ; cf. Schettino 2000.
39 C.D. 76[75].8.1-3.
40 Chausson 1995, dont la date est acceptée par Schettino 2001, 538.
41 Schettino 2001, 537.
42 Sa perspective est, à mon avis, de dépasser les incompréhensions réciproques et de souhaiter une coexistence pacifique entre l’Église et l’empire, qui devrait caractériser le deuxième millénaire de Rome.
43 Zecchini 2001b.
44 Cooley 2007 ; Barnes 2008.
45 Zecchini 2001b, 203, 205.
46 Cf. supra n. 37.
47 Bering-Staschewski 1981, 75-77 et maintenant, spécifiquement à propos de Plautien, Daguet-Gagey 2006.
48 C.D. 52.35-36. À mon avis, parmi ces cultes orientaux, le christianisme occupait une des premières places dans les préoccupations de Dion ; cf. aussi Sordi 2002 ; Freyburger-Galland 2005.
49 Letta 1989.
50 Zecchini 1983b, 160-163.
51 C’est l’hypothèse de Schettino 2001.
52 C.D. 38.31-50 ; 39.1-5 ; 39.40-53 ; 40.1-11 ; 40.31-44.
53 C.D. 39.50, au début de la première expédition de César en 55 a.C.
54 C.D. 38.36-46, particulièrement 38.39.5-40.3.
55 Plu., Rom., 27.6-28.10, comme nous le savons, oppose les deux versions l’une à l’autre : cf. Briquel 1977.
56 C.D. 56.43.4 : τὴν µοναρχίαν τῇ δηµοκρατίᾳ µίξας, où “démocratie” signifie bien sûr la res publica sénatoriale.
57 À propos de la guerre civile de 218 dans l’interprétation de Dion cf. tout récemment encore Schettino 2001, 551-554.
58 Du point de vue de Tacite, bien sûr : Hadrien était philhellène et débuta en tant que prince avec la condamnation à mort de quatre sénateurs, qui ramenait aux exitus uirorum inlustrium sous Néron, auxquels Tacite avait dédié le livre 16 de sa dernière œuvre.
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