Des guerres à prix d’or : multiplication et cérémonialisation des distributions exceptionnelles à la fin de la République
p. 199-227
Texte intégral
1Les revenus des soldats augmentent considérablement à la fin de la République, sans doute parce que les récompenses matérielles constituent l’un des principaux moyens utilisés par les hommes politiques pour fidéliser leurs troupes et les engager dans les guerres civiles. La solde ordinaire annuelle est ainsi augmentée par César, vraisemblablement dès 49 et les débuts du conflit qui l’oppose à Pompée : le montant a même peut-être été doublé jusqu’à atteindre 225 deniers1. Les distributions de terres en faveur des soldats se multiplient également, conformément à une habitude prise depuis les débuts du ier siècle, mais dans des proportions inouïes jusque là2. Enfin, les soldats bénéficient de plus en plus aussi de dons d’argent exceptionnels, qui s’ajoutent à la solde. Particulièrement fréquents dans la période 44-29, ces dons deviennent même une source essentielle d’enrichissement des soldats.
2Ces dons supplémentaires sont souvent désignés par le terme donatiua dans l’historiographie contemporaine, mais il est en fait quelque peu impropre d’utiliser ce substantif pour qualifier les distributions exceptionnelles de la République. L’emploi de donatiuum en ce sens n’apparaît et ne se développe en effet qu’à partir du ier siècle p.C.3. Les distributions d’argent complémentaires, extérieures à la solde, existaient bel et bien avant les début du Principat, mais elles étaient désignées par d’autres termes : les auteurs de la fin de la République utilisent ainsi congiarium4, condonatum5, ou des périphrases comportant les verbes dare ou diuidere6. Si la terminologie ne semble pas fixée, l’existence de ces dons est en tous les cas attestée dès le milieu de la République, mais ils sont alors relativement minimes (entre une dizaine et une cinquantaine de deniers) et rares, concentrés au moment de certains triomphes d’après les exemples donnés par Tite-Live7. Le développement de ces gratifications triomphales, surtout à partir de la fin de la deuxième guerre punique, doit sans doute être relié à l’augmentation des butins obtenus par Rome8, le général semblant par ailleurs assez libre de décider des montants exacts distribués à ses soldats9.
3À partir de Sylla, le recours aux distributions exceptionnelles devient beaucoup plus fréquent et les volumes attribués à chaque soldat augmentent10. Dans le cas de Sylla, on ne connaît pas les sommes accordées, mais les sources attestent de l’existence de distributions en dehors du triomphe11. Pompée également récompense ses soldats par des dons s’ajoutant à leur solde et ce, de manière particulièrement généreuse : avant même (Strabon, Plutarque, Appien) ou pendant (Pline) le triomphe de 61, chacun de ses soldats aurait ainsi reçu 1500 deniers12. Les sources font référence à un usage des distributions exceptionnelles encore plus important par César : de 50 à 44, de nombreuses promesses de dons sont connues, et huit distributions auraient effectivement été réalisées, s’échelonnant de 250 à 5000 ou 6000 deniers pour un légionnaire, en dehors et au moment des triomphes13. On assiste donc à une sorte de “banalisation” des distributions exceptionnelles durant la première moitié du ier siècle, d’autant que, si les trois hommes évoqués ici sont ceux qui ont le plus fréquemment et le plus généreusement recours à cette pratique, ils ne sont pas les seuls à l’utiliser14.
4Après la mort de César, les tendances ayant émergé depuis le début du siècle sont accentuées, notamment la fréquence des distributions se déroulant en dehors des processions triomphales. Une analyse détaillée des sources littéraires permet en effet de mettre en évidence vingt-deux occurrences de distributions d’argent exceptionnelles aux soldats entre 44 et 29, dont seulement une distribution triomphale15. Certes, nombre de ces attributions ne sont attestées que par des auteurs ultérieurs, mais ces passages semblent fiables vu qu’ils sont dans la continuité de notations faites par Cicéron pour le début de la période. L’ensemble des récits, qu’ils soient contemporains ou postérieurs, indiquent que les gratifications qui suivent la mort de César ont été l’oeuvre de plusieurs des principaux prétendants au pouvoir de la période, parmi lesquels Octavien paraît être celui qui a le plus utilisé cette pratique. Il est présenté comme le “commanditaire” de douze des vingt-deux distributions connues (dont trois en tant que priuatus durant l’automne et l’hiver 44 à un moment où il n’exerce encore aucune magistrature). Brutus et Cassius en auraient organisé cinq (deux ensemble, deux Brutus seul et une Cassius seul), Marc Antoine quatre, et son frère L. Antonius, consul en 41, une.
5Ces constats liminaires permettent, d’une part, de mettre en évidence qu’il y a encore eu accroissement du phénomène après la période césarienne. Certaines distributions ne sont en outre sans doute pas référencées dans les sources disponibles, notamment pour le début de la période quand de nombreux rivaux s’opposent (l’absence de distributions au nom de Sextus Pompée ou de Lépide peut par exemple paraître étonnante). Cette multiplication des dons d’argent bénéficiant à des dizaines de milliers de militaires16 s’explique vraisemblablement par le prolongement de pratiques précédentes, notamment césariennes, mais aussi par un contexte de concurrence politique intense, dans lequel différents prétendants au pouvoir veillent à fidéliser leurs soldats tout en essayant de débaucher ceux de leurs rivaux. Cassius, dans une lettre à Cicéron du 7 mai 43, demande ainsi clairement un soutien financier afin que ses soldats ne regrettent pas d’avoir choisi la res publica, laissant clairement entendre que, selon lui, l’attachement militaire repose avant tout sur des considérations matérielles17. D’autre part, au delà de la question du nombre ou des motivations de ces gratifications, ce relevé des occurrences pourrait conduire à interroger la place qu’ont pu avoir les distributions exceptionnelles dans la victoire définitive d’Octavien. Mais la réponse à cette question reste un problème insoluble, notamment du fait que la primauté d’Octavien dans ce corpus de distributions peut aussi être le résultat de biais introduits par des sources postérieures. On peut tout au plus indiquer que les distributions ont pu être un des facteurs ayant contribué à la victoire octavienne, sans pouvoir en évaluer la portée exacte.
6Au lieu donc de se concentrer sur l’ampleur, les motivations ou l’impact de ces gratifi-cations exceptionnelles, il semble intéressant de les (ré)interroger selon un angle différent et de les analyser plutôt en elles-mêmes, dans toute leur “matérialité”, pour voir quelle en était l’économie générale, et ce que cela peut nous apprendre sur les rapports militaires ou les processus politiques de l’époque. Certains moments, certains lieux étaient-ils privilégiés ? Qui en étaient les acteurs ? Quels montants y étaient attribués ? Y distribuait-on seulement de l’argent ? Ces éléments concrets, qui n’ont pas véritablement mobilisé les chercheurs jusqu’à présent18, peuvent être précisés à partir d’indices donnés par des sources littéraires, des monnaies ou d’autres sources matérielles. Cette enquête permet alors de mettre en évidence qu’on assiste durant la période, et quel que soit le “commanditaire”, à une “cérémonialisation” croissante des distributions d’argent aux soldats. L’“achat” des hommes s’accompagne de la diffusion de discours de légitimation et devient le coeur d’une “cérémonie” de plus en plus préparée, sans doute car elle constitue un des rares moments de face-à-face entre un “chef” et ses troupes. L’étude des distributions exceptionnelles qui ont profité aux soldats entre la fin de la République et le début du Principat conduit ainsi à mieux comprendre le développement de cérémonies qui perdureront durant la période impériale, mais à un rythme toutefois moins soutenu que pendant les guerres civiles19.
Les distributions des années 44-29 : cérémonial et mise en scène du don
7La multiplication des distributions d’argent aux soldats en dehors des cérémonies triomphales pose tout d’abord la question du cadre dans lequel ce complément de solde était attribué. Les dons triomphaux obéissaient à des règles qui s’étaient construites et consolidées progressivement : ces gratifications supplémentaires étaient probablement réparties sur le Champ de Mars juste avant le défilé triomphal20. Une seule distribution triomphale ayant eu lieu entre 44 et 29, en outre hors de Rome, dans des colonies, toutes les distributions de cette période se sont donc déroulées dans un cadre (ré)inventé. Certes, les précédents syllaniens, pompéiens ou césariens ont dû inspirer les “commanditaires” et, en ce sens, la spécificité des distributions des années 40-30 n’est pas à chercher dans le caractère totalement novateur des circonstances ou des procédures, mais plutôt dans la fixation d’un “modèle” de distribution.
8On constate en effet que, en dépit de la multiplicité des dons ou des divergences politiques des “commanditaires”, un certain nombre d’éléments communs se retrouvent dans la plupart des distributions exceptionnelles de la période. L’analyse des gratifications, pour lesquelles des auteurs anciens donnent des informations concernant le moment, le lieu, ou les acteurs présents, met en évidence le développement d’une cérémonie aux caractéristiques similaires, transcendant l’éloignement géographique ou les oppositions politiques. Tout se passe comme si la concurrence avait entraîné la multiplication de distributions qui, en raison de leur nombre, ne correspondent plus à un événement ponctuel, singulier, inouï, mais en viennent par répétition et imitation à créer un modèle de cérémonie.
Les distributions ou des “rassemblements monstres” : moments, lieux, acteurs
9Lorsque l’on s’intéresse au moment des distributions exceptionnelles, on constate qu’elles sont la plupart du temps proches d’une bataille. À l’exception des dons triomphaux d’Octavien en 2921, toutes les autres distributions se déroulent “autour” de la bataille, soit avant (en prévision d’un conflit imminent ou juste avant la bataille elle-même), soit très peu de temps après. De manière à première vue étonnante, c’est seulement une minorité des dons (8 cas sur 21) qui prend place après la bataille pour remercier les soldats de leurs services22. On peut citer ici le premier et le dernier exemple de ce type : Cassius entreprend une distribution en Syrie après avoir obtenu plusieurs victoires en Orient en 4323, tandis qu’Octavien récompense ses soldats après la campagne d’Égypte en 3024. La majorité des dons (13 cas sur 21) sont en fait effectués avant la bataille25, comme le montrent les gratifications distribuées par les républicains et les césariens avant les batailles de Philippes d’octobre 4226. La finalité des distributions de cette époque de guerres civiles semble donc plus de s’assurer des troupes que de les récompenser pour leurs services. D’ailleurs, six distributions se déroulent après un début de mutinerie et visent explicitement à récupérer des soldats en train de se soulever27. Globalement, les moments choisis pour les distributions des années 44-29 confirment la déconnection, entamée dès Sylla, entre les distributions exceptionnelles et les triomphes, voire même l’obtention effective de victoires militaires.
10Vu que la plupart des distributions se déroulent “autour” des batailles, les lieux de ces attributions reflètent la géographie des conflits en cours : la cartographie des dons exceptionnels, dispersés en différents endroits de l’empire, correspond à celle des opérations militaires28. En dehors de trois distributions menées par Octavien directement dans des colonies de vétérans ou sur le Champ de Mars29, ce sont les camps militaires qui deviennent les lieux privilégiés des gratifications supplémentaires. L’analyse des lieux des distributions montre donc un élargissement considérable des endroits choisis : Rome, des colonies, et, surtout, des camps à travers tout l’empire. Les conflits civils de la période ont ainsi poursuivi la “décentralisation” d’une pratique qui était concentrée à Rome avant le ier siècle.
11En majorité situées chronologiquement et spatialement “autour de la bataille”, les distributions exceptionnelles des années 44-29 constituent par ailleurs une des rares occasions de face-à-face entre un prétendant au pouvoir et ses soldats. Les sources soulignent en effet que le “commanditaire” prend soin d’être présent lors de la répartition de la très grande majorité des dons supplémentaires, pour lesquels c’est bien souvent l’ensemble de ses troupes, même très nombreuses, qui sont spécialement convoquées et rassemblées.
12La présence du “commanditaire” est explicitement mentionnée dans les récits des sources pour 18 des 22 distributions30. C’est un élément noté par Cicéron à propos de distributions effectuées par Octavien ou Marc Antoine au début de la période31. On peut donc suivre les récits postérieurs d’Appien, Plutarque ou Dion Cassius, qui évoquent également la présence du “commanditaire”32. Quelques réflexions d’une lettre rédigée par Asinius Pollion en 43 soulignent clairement que les dons étaient indissociables de la présence de leur “commanditaire”, en l’occurrence Antoine :
“tris legiones firmas habeo, quarum unam, XXVIII, cum ad se initio belli arcessisset Antonius hac pollicitatione, quo die in castra venisset denarios quingenos singulis militibus daturum, in victoria vero eadem praemia quae suis legionibus33...”
13La liaison personnelle entre dons financiers et généraux donateurs que ces derniers souhaitent mettre visuellement en évidence, n’est évidemment pas nouvelle. Tite-Live explique par exemple que Scipion l’Africain prenait soin d’être présent lors des remises de décorations ou du payement de la solde, allant même jusqu’à retarder celui-ci lors d’une maladie en 20634. Il est néanmoins intéressant de constater que le nombre exponentiel de distributions de la fin de la République n’a pas mis fin à cette stratégie de communication et que les différents prétendants au pouvoir de la période jugent important d’être présents tant qu’ils le peuvent lors de l’attribution concrète des gratifications.
14Les soldats, qui se trouvent donc de manière attestée face au “commanditaire” pour dix-huit distributions entre 44 et 29, sont particulièrement nombreux35. Il est certes difficile de donner des chiffres exacts, les auteurs anciens n’étant pas toujours précis, que ce soit à propos du nombre de légions concernées ou des effectifs réels de chacune de ces légions36, mais, en dépit de leurs lacunes, ces sources permettent tout de même de donner des ordres de grandeur. On peut à ce titre différencier les distributions qui réunissent moins de cinq légions, des distributions “massives” qui concernent au moins dix légions. Appartiennent au premier groupe six des distributions étudiées. Celles qui se déroulent en 44 et 43, avant ou pendant la guerre de Modène, ont ainsi réuni entre une et quatre légions37, ce qui représente seulement une minorité des soldats engagés dans ce conflit38. Conséquence sans doute de la générosité des triumvirs après Philippes, les dons qui sont effectués pendant le conflit civil suivant, la guerre de Pérouse, concernent également relativement peu de soldats : sur la trentaine de légions alors présentes en Italie39, seules deux reçoivent des dons, de la part de L. Antonius40. Enfin, avant sa victoire définitive sur Sextus Pompée, Octavien récompense uniquement les trois légions de l’“anabase” de Cornificius41.
15Le groupe des distributions “massives” est beaucoup plus important, correspondant aux douze autres distributions en “face-à-face” de la période. Les gratifications effectuées par Octavien après sa marche sur Rome en août 43 touchent ainsi quelques dix légions42. Les dons mis en œuvre par Cassius en 43 en Syrie concernent toutes les légions alors sous ses ordres, s’élevant sans doute au nombre de douze43. Au moment des batailles de Philippes, les distributions exceptionnelles concernent vraisemblablement dix-sept légions côté républicain44, dix-neuf côté césarien45. Après Philippes, Octavien en vient même, selon Appien, à récompenser l’ensemble des légions des triumvirs se trouvant en Italie, chiffre peut-être à ramener aux quelques 40 000 ou 50 000 soldats alors démobilisés46. Après ses succès contre Sextus Pompée, Octavien attribue des dons supplémentaires, au minimum à ses soldats non démobilisés après 36 (80 000 hommes ?), au maximum aux vingt et une légions ayant combattu à ses côtés, voire également aux quatorze légions ramenées d’Afrique par Lépide (plus de 100 000 hommes ?)47. Au même moment, Marc Antoine récompense la dizaine de légions ayant servi dans sa campagne contre les Parthes48. Les distributions supplémentaires effectuées par Octavien après Actium sont aussi particulièrement impressionnantes : début 30 à Brindes, quelques 75 000 ou 80 000 soldats quittent vraisemblablement le service avec des dons complémentaires49 ; durant l’été de la même année, les légions présentes en Égypte avec Octavien en reçoivent à leur tour50.
16Les dix-huit distributions en “face-à-face” ont donc toujours rassemblé simultanément plusieurs milliers, voire plusieurs dizaines de milliers d’hommes, regroupant à la fois des légionnaires et des officiers51, des soldats à peine engagés et/ou des hommes en passe d’être démobilisés52. Le rassemblement en un même endroit de ces masses de soldats explique d’ailleurs sans doute la présence récurrente du “commanditaire”, mais pose aussi très concrètement le problème des conditions et procédures de rassemblement de foules aussi nombreuses.
Des cérémonies codifiées : les distributions comme revendication de légitimité
17Les récits des sources littéraires font imaginer une distribution qui n’est pas seulement l’occasion de transmettre des rétributions matérielles aux soldats. Les distributions des années 44-29 constituent de véritables cérémonies, organisées et préparées pour mettre avant tout en valeur un “héros”, le “commanditaire”, que ce soit parce qu’il prononce un discours, qu’il préside des rituels religieux ou qu’il participe directement à l’attribution des dons.
18Dans dix des gratifications analysées, le “commanditaire” profite en effet des distributions pour parler à ses troupes53. On peut sans doute déduire de ces cas que les distributions exceptionnelles donnaient lieu généralement aussi à des contiones militaires54, vraisemblablement avant la répartition même de l’argent55. Les contiones connues montrent que, dans sa harangue, le donateur n’abordait pas uniquement la gratification, mais n’hésitait pas à évoquer aussi d’autres thèmes – une mutinerie en cours, un conflit passé ou à venir par exemple56. On peut citer plus précisément ici deux cas. Le premier est intéressant car il est décrit par plusieurs sources postérieures, mais aussi par Cicéron : il s’agit de la contio donnée par Antoine à Brindes en octobre 44 à l’issue d’une mutinerie, causée entre autres par un don considéré comme trop peu important. Selon Appien, Antoine aurait mentionné dans son discours la mutinerie, mais aussi le montant distribué, qu’il aurait requalifié comme une avance sur une récompense future plus importante57. Une autre contio emblématique est celle donnée par Cassius peu de temps avant Philippes et longuement décrite par Appien également, qui prend soin de réélaborer le discours adressé par le républicain à ses troupes. Les arguments détaillés laissent une place importante, à côté de la revendication de la défense des institutions et traditions républicaines, à la description des richesses du camp républicain, garanties de dons futurs58.
19Transformant les distributions en contiones, les discours ne sont pas les seuls éléments participant de la “cérémonialisation” des dons, des rituels religieux pouvant s’y ajouter comme l’indiquent les trois distributions dont Plutarque et Appien précisent qu’elles s’accompagnent aussi d’une lustration59. Cela peut tenir au moment spécifique de ces attributions (toutes trois proches d’une bataille), mais rien n’interdit de penser que d’autres types de rituels religieux, peut-être moins solennels, étaient également accomplis lors de toute distribution afin d’accroître la majesté de ces moments. Discours et rituels religieux contribuent donc à la solennité des distributions matérielles et à la glorification de leur “commanditaire”. Certaines sources présentent d’ailleurs le bienfaiteur comme procédant lui-même à l’attribution des gratifications. C’est par exemple le cas d’Appien qui décrit Brutus et Cassius comme participant aux distributions précédant Philippes60. Il est difficile de savoir s’il s’agit là d’un élément véridique ou si cela correspond à une mise en récit stéréotypée, assimilant le “commanditaire” au donateur concret pour le mettre en valeur ou simplement pour simplifier ou faciliter une description. On peut évidemment penser que l’argent n’était pas distribué seulement par le “commanditaire” et qu’il était nécessaire de faire intervenir de nombreux autres intermédiaires, afin de mener à bien la distribution elle-même mais aussi sans doute de maintenir l’ordre au sein des foules de soldats. De tels agents sont attestés pour les distributions à la plèbe de la même époque. Appien mentionne en effet le rôle des curateurs de tribus (φυλάρχοι61), pour la répartition du congiaire testamentaire de César distribué par Octavien en 44-4362. Ces répartiteurs devaient sans doute utiliser, comme lors des congiaires impériaux ultérieurs, des gabarits permettant de compter rapidement l’argent à donner63. La distribution à des milliers d’hommes devait cependant parfois s’étendre sur plusieurs jours.
20Si les sources ont tendance à insister de manière exagérée sur la place du “commanditaire” dans la cérémonie solennelle à laquelle donnent désormais lieu les distributions, elles sont en revanche très peu prolixes sur l’attitude des soldats lors de ces rassemblements. Cela correspond en partie à un désintérêt global des auteurs anciens pour la description des foules64, mais cela traduit sans doute aussi l’évidence du comportement des soldats : dans le cadre de cérémonies, qui sont soigneusement organisées autour de différents discours et rituels, où les soldats sont convoqués et placés précisément, vraisemblablement par légion65, et, enfin, qui aboutissent à les enrichir, on peut supposer que les hommes devaient recourir aux manifestations habituelles de joie et reconnaissance (applaudissements, cris ...). Comme Nicolas Mariot l’a démontré, notamment à partir de l’exemple des voyages des présidents français aux xixe et xxe s., l’effervescence et la liesse sont presque toujours au rendez-vous lorsqu’elles sont préparées par divers mécanismes et dispositions visant à les provoquer et ayant déjà fait leurs preuves66. Pour l’une des distributions étudiées, celle entreprise par Octavien en 41, le récit d’Appien laisse au moins deviner, par une mention très brève (“εὐφήµουν”), la liesse que les distributions devaient entraîner chez les soldats67. Néanmoins, tout en étant prévisibles, probables, et attendues, des attestations de reconnaissance de ce type ne peuvent, d’une part, en aucun cas être utilisées pour déduire des convictions intimes des participants68, et ne sont, d’autre part, absolument pas automatiques. Le face-à-face provoqué par les distributions constitue tout de même une prise de risque pour le “commanditaire” : il espère les réactions de reconnaissance, mais l’interaction directe peut aussi tourner en sa défaveur. C’est ainsi le cas pour l’une des distributions étudiée : lorsque Marc Antoine se rend auprès des légions de Macédoine en 44 pour leur distribuer 100 deniers, celles-ci commencent par le huer et seule une décimation partielle permet finalement au consul de faire accepter son don69.
21Ces quelques remarques permettent de comprendre que le détachement survenu à la fin de la République entre les distributions exceptionnelles et les processions triomphales a provoqué la création d’un type nouveau de rassemblement militaire. L’ensemble de la nouvelle cérémonie est notamment centré sur la mise en avant du général et participe donc des nombreux mécanismes et processus de légitimation développés par les prétendants au pouvoir de la période70. À ce titre, on doit souligner que l’on n’observe pas de différence notable dans les cérémonies organisées par ces différents rivaux : par imitation et répétition, tous concourent à la création d’un modèle dont la configuration générale est inédite, mais dont les différents éléments reprennent en fait des pratiques anciennes (répartition de gratifications matérielles, contiones militaires, purification traditionnelle de l’armée).
22Les années 44-29 constituent ainsi le moment de consolidation d’un modèle cérémonial de distribution, qui sera repris durant le Principat. Les chercheurs analysant les donatiua impériaux soulignent en effet que ces gratifications peuvent être données en différents endroits de l’empire et à différentes occasions, mais en tout cas pas exclusivement au moment de triomphes. Quelles que soient les circonstances exactes des distributions, elles donnaient lieu, comme à la fin de la République, à des cérémonies codifiées, en présence de l’empereur ou d’un membre de la famille impériale71.
Les objets distribués : achat et persuasion des soldats
23Si la symbolique générale de la cérémonie fait partie de la stratégie de communication du “commanditaire” et cherche à le légitimer, la nature des objets effectivement donnés vise au moins tout autant à susciter l’attachement des soldats. D’un côté, les pièces de monnaies qu’ils reçoivent permettent en effet d’“acheter” concrètement leur fidélité. D’un autre côté, les types et légendes monétaires, en tout cas ceux qui sont nouvellement frappés, constituent des vecteurs de discours de légitimation, que les prétendants au pouvoir soulignaient sans doute encore par la distribution d’autres objets, de moindre valeur matérielle mais chargés en significations symboliques.
L’argent : des monnaies en abondance, nouvelles et anciennes
24La distribution d’espèces est évidemment essentielle, c’est la raison d’être de la cérémonie. Néanmoins, en dépit du nombre et de la fréquence des gratifications exceptionnelles durant les années 40-30, aucune stabilisation n’apparaît dans les montants distribués. Les sommes accordées à chaque soldat, qui sont mentionnées par les sources littéraires relativement fréquemment (dans 14 cas sur les 22 étudiés72), varient même énormément, de 5 à 5000 deniers pour un légionnaire, jusqu’à cinq fois plus pour les centurions et bien plus encore pour les cadres supérieurs73. Deux ou trois distributions mettent ainsi en oeuvre des dons dérisoires en comparaison des pratiques pompéiennes ou césariennes (entre 5 et 50 deniers74). Sept autres sont l’occasion de récompenses un peu plus importantes de 10075, 25076 et 50077 deniers. Enfin, quatre distributions attribuent des sommes équivalentes ou supérieures à 1000 deniers : on compte une gratification de 1000 (Appien) ou 2000 (Plutarque) deniers78, ainsi que trois occurrences pour des dons respectivement de 150079, 250080 et 500081 deniers.
25Cette absence de régularité renvoie probablement à l’état des finances du “commanditaire” au moment de la distribution. On peut en tous les cas relever qu’il n’y a pas surenchère par rapport à l’époque césarienne (qui avait vu la distribution de 5000 ou 6000 deniers par soldat pendant les triomphes de 4682) et qu’il y aurait même un certain recul puisque 10 distributions sur les 14 pour lesquelles les montants accordés sont connus, sont inférieures à 1000 deniers et que toutes les distributions réalisées après Philippes sont égales ou inférieures à 500 deniers. Cette tendance à la diminution des montants attribués aux soldats sera d’ailleurs continuée par Auguste83.
26Cependant, le nombre de soldats concernés implique que, même pour des dons “minimes”, les ressources financières investies dans ces pratiques étaient considérables. Toutes les distributions de la période ont été l’occasion de transferts financiers impressionnants, qui, pour les dons supérieurs à 225 deniers par soldat, étaient même plus importants que ceux nécessaires au payement de la solde ordinaire annuelle.
27Au delà du montant donné à chaque soldat, on peut s’interroger sur la nature des monnaies concrètement distribuées : quel numéraire les soldats recevaient-ils ? Les gratifications de Brutus et Cassius sont particulièrement intéressantes à analyser sur ce point car plusieurs auteurs donnent des précisions sur l’origine des ressources financières ayant permis aux républicains de rétribuer généreusement leurs soldats. Celles-ci provenaient avant tout d’impôts ou de taxes perçues auprès des populations de Méditerranée orientale, que ces sommes aient été transmises à Brutus et Cassius par des magistrats romains ou par certaines populations locales. Brutus aurait ainsi reçu 16 000 talents de M. Appuleius, proquesteur d’Asie en 44, 500 000 drachmes de C. Antistius Vetus, questeur de Syrie la même année, ainsi que des contributions récupérées par P. Cornelius Lentulus Spinther, proquesteur d’Asie en 43. Ce dernier et C. Trebonius, proconsul d’Asie en 44, auraient également donné d’importantes sommes à Cassius84. Celui-ci aurait par ailleurs directement exigé des versements financiers de Laodicée, 1500 talents de Tarse – qu’il ne recouvrera pas totalement –, 8500 talents des Rhodiens. Il aurait même ordonné aux peuples d’Asie de payer dix ans de tribut, ce qu’ils auraient apparemment fait rapidement. De son côté, Brutus, qui serait passé en Asie afin de faire entretenir ses troupes aux frais des populations locales selon Dion Cassius, aurait collecté 150 talents chez les Lyciens85. Ces contributions étaient vraisemblablement perçues en partie en monnaies locales86 et parfois fondues et refrappées afin d’être distribuées aux soldats. Appien décrit en effet comment Polemocratia, épouse d’un prince thrace, apporte une importante quantité d’or et d’argent à Brutus qu’il fait immédiatement frapper : “Καὶ τοῦτο µὲν ἔκοπτε καὶ νόµισµα ἐποίει”87. Ces éléments peuvent être rapprochés du fameux passage de Dion Cassius, qui ne dit rien de Polémocratia, mais souligne que Brutus a fait battre des monnaies figurant son propre portrait, le bonnet phrygien et des poignards pour représenter l’assassinat de César88. Cependant, des monnaies locales ont peut-être aussi été données aux soldats, comme cela avait déjà été le cas, selon F. de Callataÿ, pour les armées romaines ayant stationné dans les mêmes régions au cours des décennies précédentes89.
28D’autres textes permettent d’établir que, tout comme Brutus et Cassius, leurs concurrents ont mobilisé pour payer leurs soldats différents types de fonds publics, provenant d’Italie ou des provinces90. Certains auraient même en plus utilisé leur patrimoine personnel91. Globalement, on peut conclure de ce bref passage en revue des sources littéraires que les prétendants au pouvoir des années 40-30 ont fait preuve d’un certain pragmatisme, distribuant à leurs soldats différentes sortes d’“objets monétaires” : ils ont utilisé, sans les transformer, des monnaies anciennes récupérées par divers procédés, qu’elles soient romaines ou peut-être aussi locales, notamment en Orient ; ils ont également jugé nécessaire de fondre une partie des métaux récupérés pour pouvoir frapper et diffuser de nouvelles monnaies présentant leurs propres types et légendes monétaires.
29Les monnaies conservées montrent que ces nouvelles émissions ont été particulièrement nombreuses entre 44 et 2992, correspondant en majorité à des monnaies que l’on peut qualifier d’“impératoriales” (c’est-à-dire frappées hors de Rome par un homme politique romain, avec ou sans l’autorisation du Sénat ou du peuple), situation notamment provoquée par le fait que la plupart des prétendants se trouvent alors loin de Rome et que l’atelier romain ferme en 41 ou 4093. On compte ainsi “seulement” 99 types frappés à Rome entre 44 et 4094. On dénombre en revanche 135 type impératoriaux émis par Antoine, ou par certains de ses partisans en son nom, en Gaule, en Cyrénaïque, peut-être en Italie et, surtout, dans différentes régions orientales (Macédoine, Grèce, île de Zacynthe, Asie, Syrie, Phénicie)95. Octavien et d’autres personnages en son nom, ont frappé sans doute pas moins de 72 types impératoriaux, en Afrique, en Cyrénaïque, en Orient et, principalement, en Gaule et en Italie96. Brutus et Cassius ont émis 29 types monétaires dans différentes régions de l’Orient romain, de l’Illyrie à l’Asie97. On peut penser que la majorité de ces nouveaux types étaient frappés pour payer la solde et les distributions exceptionnelles en faveur des soldats. Les nombreuses études consacrées aux fonctions de la monnaie à Rome ont en effet montré que les dépenses de l’État (et non des considérations économiques) représentaient la cause majeure de frappe monétaire98. Même si l’on peut sans doute nuancer cette affirmation99, il est certain qu’il existait un fort lien entre les dépenses militaires (qui sont parmi les plus importantes de l’État romain) et le volume des émissions100, ce qui est très vraisemblablement le cas durant la période étudiée ici, même s’il est impossible de donner des estimations chiffrées des conséquences de la multiplication des dons aux soldats sur les quantités de monnaies frappées101. Il est tout aussi ardu de faire correspondre une émission précise et une distribution extraordinaire. Tout en soulignant que l’on ne peut prouver que telle émission a été utilisée ou spécialement frappée pour telle distribution, B. Woytek propose quelques hypothèses102. D’autres chercheurs ont souvent lié les “frappes légionnaires” d’Antoine à des gratifications qu’il aurait accordées juste avant Actium, mais il est en fait difficile de savoir si ces monnaies aux types clairement militaires étaient destinées à payer la solde ou des sommes complémentaires103.
30Une question supplémentaire à laquelle il est délicat de répondre reste celle du métal utilisé pour payer les soldats. Les nouvelles émissions impératoriales sont majoritairement constituées de types en argent (60 % des types impératoriaux antoniens104, 68 % pour Octavien105, 63 % pour Brutus106, 50 % pour Cassius107), mais comptent aussi des monnaies en or (18,5 % des types impératoriaux antoniens108, 24 % pour Octavien109, 37 % pour Brutus110, 50 % pour Cassius111) et en bronze (21,5 % des types impératoriaux antoniens112, 8 % pour Octavien113). La grande proportion de types en argent pourrait s’expliquer par la finalité avant tout militaire de ces émissions puisque, selon la plupart des chercheurs, l’argent est le métal privilégié pour payer les soldats114. Cependant, les nombreux types en or conduisent à penser que ce métal pouvait être employé simultanément, que ce soit pour des raisons de prestige ou des motifs plus pragmatiques, l’or étant plus facile à transporter et à distribuer (d’autant que la majorité des gratifications exceptionnelles correspondent à des sommes multiples de 25 deniers115). Les quelques émissions de bronze pourraient même aussi avoir servi les besoins militaires. Certains travaux récents ont en effet argumenté qu’il ne fallait pas exclure l’utilisation de ce métal pour payer les soldats, notamment en raison des nombreuses monnaies de bronze retrouvées dans les camps militaires, ou encore du besoin des soldats en petite monnaie116. Cependant, payer les soldats uniquement en bronze implique une augmentation considérable des volumes et des poids de monnaies à transporter, pour l’administration ou pour chaque soldat. Ce métal n’était donc probablement pas le principal employé pour payer les soldats et servait au mieux simplement d’appoint117. Peut-être peut-on penser que les monnaies d’or étaient plutôt réservées aux distributions exceptionnelles qu’à la solde ordinaire, de préférence donnée en argent.
31Ces différents éléments montrent que les soldats étaient les récipendiaires, lors des distributions, de pièces anciennes (romaines, voire locales) et de nouvelles monnaies. Durant cette période de guerre civile intense où les armées deviennent un instrument d’installation et de consolidation d’un pouvoir, les soldats étaient même vraisemblablement les destinataires privilégiés des nouvelles émissions qui permettaient de payer leur solde ou les gratifications supplémentaires. Les types étaient donc sans doute avant tout conçus pour plaire aux soldats, ce qui explique peut-être la simplicité des discours monétaires de la période et leur ressemblance d’un prétendant à l’autre (principalement représentation du portrait à l’exception de Cassius, thèmes politiques larges que l’on pourrait même qualifier de populaires, celui de la victoire et de la guerre, ou encore de l’abondance118).
Des cadeaux supplémentaires : l’hypothèse des intailles
32L’importance des distributions comme moment de légitimation, non seulement “matérielle”, mais aussi “symbolique” était sans doute accentuée par le don d’objets non monétaires. Lors des cérémonies de gratification, les soldats devaient recevoir non seulement de l’argent, mais aussi d’autres cadeaux, moins précieux financièrement, équivalant même peut-être parfois à de simples babioles – à l’image des pins ou autres autocollants distribués aujourd’hui lors de certains meetings politiques. Les sources sont malheureusement peu précises sur ces dons non monétaires et on en est réduit à formuler avant tout des hypothèses.
33Les sources littéraires notamment ne sont, on doit le reconnaître, pas très concluantes à ce titre. Pour onze des distributions étudiées, ce sont seulement des dons d’argent qui sont attestés, que les auteurs précisent exclusivement le montant distribué, et/ou qu’ils utilisent des termes comme χρήµα(τα) d’ordre financier119. Néanmoins, dans d’autres cas, le vocabulaire employé est ambigu et peut laisser penser que ces distributions ne mettaient pas en oeuvre seulement des dons financiers. Le terme congiarium, utilisé par Cicéron à propos des distributions antoniennes d’octobre 44, ou encore par Auguste à propos des dons de 29, est ainsi un mot polysémique qui pourrait renvoyer à des dons en nature aussi bien qu’en argent120. Pollion, dans le passage déjà cité plus haut d’une lettre adressée à Cicéron, se sert du terme tout aussi polysémique de praemium pour qualifier les récompenses promises par Marc Antoine au printemps 43121. Les auteurs grecs ont également parfois recours à un lexique générique, qui pourrait pareillement renvoyer à des dons de différentes sortes. Plusieurs distributions sont ainsi décrites comme l’occasion de δωρεά ou δόσις122. Certains auteurs utilisent aussi des mots évoquant l’idée de récompenses honorifiques (νικητήριον, τιµή)123. Enfin, deux distributions sont explicitement décrites comme donnant lieu à des cadeaux en argent, mais aussi à des dons de type différent. Plutarque évoque l’attribution de blé en plus de monnaies par Octavien avant Philippes124. Dion Cassius mentionne qu’en 36, Octavien accorde 500 deniers, auxquels s’ajoutent des couronnes d’olivier pour certains légionnaires et d’autres cadeaux (“ἄλλα”) pour les lieutenants d’Octavien125. La nature vague des termes utilisés par des auteurs latins contemporains, et la mention plus précise par différents auteurs de dons d’objets non monétaires, des décorations militaires mais pas uniquement, laissent penser que les distributions ont pu donner lieu, en plus de dons d’argent, à l’attribution d’insignes honorifiques mais aussi d’autres cadeaux.
34Ces quelques indices peuvent être mis en rapport avec le nombre important d’“intailles politiques” datables des années 40-30. Aucune source littéraire ne permet d’étayer cette hypothèse, qui reste donc fragile, mais peut tout de même être appuyée par plusieurs éléments provenant de l’étude des intailles mêmes126. En effet, si l’utilisation de pierres gravées, enchâssées dans des bagues et souvent employées comme sceaux, est bien antérieure à cette période127, on constate en revanche durant ces années une augmentation de la diffusion de pierres représentant de manière reconnaissable un homme politique. On ne peut malheureusement évaluer exactement cet accroissement en raison d’incertitudes de datation128, d’identification129, ou encore de l’éparpillement des corpus de gemmes et des découvertes continuelles dont il n’est pas possible de tenir compte130. Ces précautions en tête, on avancera ici le chiffre de 6 intailles pour Brutus131, 17 pour Marc Antoine132 et 209 pour Octavien133. Ce dernier serait donc celui qui a le plus diffusé et utilisé les “intailles politiques”, mais même le nombre peu élevé de pierres figurant Antoine et Brutus est révélateur de l’importance qu’a acquise ce type d’objet durant la période, notamment si l’on compare par exemple aux dix gemmes reconnues comme représentant Pompée134.
35Or précisément, cette augmentation des “intailles politiques” attestées, donc sans doute de la fabrication de ce type de pierres à la fin de la République, correspond peut-être à une augmentation de leur utilisation comme “dons politiques”, entre autres aux soldats. Plusieurs arguments peuvent être avancés en ce sens. Premièrement, les intailles retrouvées peuvent être classées en séries de types similaires, regroupant chacune des intailles très semblables à quelques infimes variations près. Ces séries renvoient donc à une diffusion préparée de motifs spécifiques : le prétendant devait sans doute fournir un type à différents fabricants, qui, à la demande du prétendant ou même éventuellement d’autres commanditaires, le reproduisaient ensuite en y ajoutant simplement un signe distinctif pour identifier à leur atelier ou produire des sceaux personnels. Dans le cas d’Antoine et Brutus, quelques intailles présentent des motifs similaires, mais il est sans doute abusif de parler de série. On trouve par exemple deux intailles de Brutus comportant un portrait très proche135, ainsi que deux gemmes aux portraits différents, mais associant toutes deux un poignard au visage de Brutus (auquel s’ajoute dans un cas un pileus et un serpent), ce qui rappelle évidemment le type monétaire EID MAR136.
36Des séries apparaissent nettement en revanche pour les intailles représentant Octavien137. Certaines ont déjà été mises en évidence, notamment par M.-L. Vollenweider138, mais on peut en proposer une typologie affinée. Tout d’abord, on peut rassembler 37 intailles au sein du type du portrait du “jeune homme” sans autre attribut, sans doute à dater des années 43-38 par comparaison avec les effigies monétaires de ces années139. Plusieurs séries présentent à côté du portrait du “jeune homme” des combinaisons de symboles : le type de l’“anneau de l’adoption” (qui présente une association de différents symboles autour d’un anneau et d’une tête de jeune homme) se retrouve sur 37 intailles140 ; la sella de César est, quant à elle, représentée sur une série de 5 intailles141 ; une série autour de symboles d’approvisionnement ou d’abondance (modius, épis de blé, corne d’abondance, balance) présente 41 intailles142, à laquelle on peut ajouter le type de la poignée de mains (7 intailles), également symbole de paix et d’abondance143. D’autres séries sont probablement un peu plus tardives, car le portrait du “jeune homme” y est plus affirmé : il s’agit d’une série autour de symboles guerriers (bouclier, lance, proue, ou encore jeune homme revêtu d’une chlamyde) qui comporte 41 intailles144, ainsi qu’une série autour des symboles de Mercure (8 intailles145), à laquelle on peut associer une intaille représentant Octavien et Apollon146. La mise en évidence de ces différentes séries conduit donc à penser qu’Octavien a dû organiser lui-même la diffusion d’intailles le figurant, dans un véritable “programme de représentation” politique147.
37Le deuxième argument permettant de considérer les intailles comme objets destinés à être des “dons politiques” s’appuie sur l’analyse des matériaux utilisés pour les fabriquer, qui permet de distinguer des processus de fabrication et des catégories de porteurs ou destinataires. On peut en effet penser que les pierres semi-précieuses, qui étaient des pièces uniques portées par des membres de l’élite, étaient des cadeaux offerts par un prétendant (ou éventuellement des objets gravés à l’initiative personnelle d’un aristocrate voulant signifier par là son allégeance). En revanche, les pâtes de verres reflètent au contraire une production en série plus commune et ordinaire (Pline évoque d’ailleurs les pâtes de verre comme bagues de la masse148) et on peut alors clairement affirmer la thèse de la distribution massive par les prétendants représentés. Or il est intéressant de constater que les années 40-30 sont justement marquées par la fabrication intense de “pâtes de verre politiques”, fabrication en proportion beaucoup plus importante que celle des pierres semi-précieuses et dans des quantités jamais atteintes précédemment. On recense ainsi 8 pâtes de verre sur 17 intailles pour Marc Antoine149, 2 sur 6 pour Brutus150 et 154 sur 209 pour Octavien151. Cette production massive par Octavien est inouïe152 et ne sera même jamais égalée. Comme le souligne G. Sena Chiesa : “Si deve pensare ad una produzione massiccia di officine vetrarie che in tempi brevi dovettero fornire, su matrici realizzate forse dagli stessi incisori monetali di cui conosciamo l’attività in quel periodo, une gran quantità di prodotti153”.
38Ces analyses sur une possible fabrication et diffusion “centralisées” des intailles, notamment des pâtes de verre, poussent à émettre l’hypothèse de la distribution de ces intailles lors des distributions exceptionnelles aux soldats ou des congiaires au peuple romain (mais, plus rarement, puisque ces congiaires ne sont attestés qu’en 43 et en 29). Un argument supplémentaire confortant cette hypothèse pourrait être le corpus des intailles d’Octavien figurant des enseignes : vu la représentation explicite de symboles militaires et le matériau (pâte de verre), on peut imaginer, en effet, qu’elles étaient distribuées aux soldats en même temps que des gratifications154. Ce cadeau de faible valeur devait permettre d’accentuer la liaison entre le don d’argent et la personne du “commanditaire ”. Il devait également avoir pour effet d’amplifier et de démultiplier les stratégies de communication des prétendants car ces intailles, une fois portées, participaient doublement aux processus de légitimation : elles pouvaient manifester l’adhésion du possesseur à tel prétendant ; et elles pouvaient également contribuer à la diffusion des discours de légitimation de ce prétendant par l’affichage public de son portrait.
39L’étude des gratifications exceptionnelles destinées aux soldats durant les années 44-29 met en évidence l’importance inédite que prennent ces distributions d’argent dans le dispositif militaire et la stratégie de communication politique des prétendants au pouvoir de la période. En organisant ces attributions d’argent supplémentaires, souvent avant même les batailles, leurs “commanditaires” semblent chercher à fidéliser leurs soldats à la fois par des dons matériels importants, mais aussi par la création d’une cérémonie solennelle, saturée en discours de légitimation. Ces revendications symboliques sont en effet diffusées simultanément sur différents supports : des harangues, des rituels religieux, des monnaies, ainsi que peut-être des intailles selon l’hypothèse que j’ai émise. On a dès lors l’impression qu’aux yeux des “commanditaires”, les rétributions financières, pourtant souvent très élevées, ne semblent pas suffisantes pour obtenir durablement l’adhésion des soldats et qu’ils décident de les appuyer par d’autres moyens, en diffusant également en abondance des discours revendiquant leur légitimité. La répétition incessante de messages basiques (promesses de prospérité, de victoire, mise en valeur du prétendant) d’un type à l’autre de ces discours devait sans doute être conçue comme une source d’efficacité.
40Si l’on ne peut en réalité juger de la portée exacte de ces dons exceptionnels et de leur cérémonialisation sur leurs destinataires, on peut en revanche affirmer une grande homogénéité de conception du côté des “commanditaires” : d’un bout à l’autre de la Méditerranée, des milliers de soldats reçoivent des dons supplémentaires dans le cadre de distributions imposantes et majestueuses. Cette homogénéité et la multiplication même des distributions durant la période s’explique par la concurrence et les luttes intenses que les “commanditaires” se livrent : la compétition les pousse à multiplier les tentatives destinées à obtenir l’attention des soldats, tout en les conduisant à s’imiter les uns les autres. C’est donc finalement des pratiques initiées au début du ier s. mais développées surtout par ses concurrents et par lui-même qu’Octavien-Auguste perpétue durant son Principat. Ce travail sur les distributions à la fin de la République permet donc de mettre en évidence que les caractéristiques symboliques des donativa impériaux sont nées dans les troubles des guerres civiles de la fin de la République.
Date et lieu | Commanditaires et bénéficiaires | Sources | |
1 | Octobre 44 Campanie | Octavien attribue 500 deniers aux vétérans césariens des colonies de Campanie qui se joignent à lui | Cic., Att., 16.8.1 ; Nic. Dam. 31.132-138 ; Plut., Ant., 16.8 ; Suet., Aug., 10 ; App., BC, 3.40 ; D.C. 45.12.2 |
2 | Octobre 44 Brindes | Marc Antoine offre 100 deniers aux soldats des quatre légions venant de Macédoine et campant à Brindes | Cic., Att., 16.8.2 ; Plut., Ant., 16.8 ; App., BC, 3.43-44 ; D.C. 45.13.1-2 |
3 | Novembre 44 Environs de Rome | Octavien procède à des distributions en faveur des soldats engagés à ses côtés | App., BC, 3.42 |
4 | Fin novembre 44 Sur la route entre Brindes et Ariminum | Marc Antoine fait distribuer 500 deniers aux deux légions venant de Macédoine restées de son côté | Plut., Ant., 16.8 ; App., BC, 3.45 |
5 | Fin 44 Albe | Octavien distribue 500 deniers à ses soldats | Plut., Ant., 16.8 ; Suet., Aug., 10 ; App., BC, 3. 48 ; D.C. 45.13.3-4 |
6 | Début 43 Syrie | Cassius procède à des dons en faveur des légions engagées sous ses ordres | Cic., Fam., 12.12.2 |
7 | Été 43 Environs de Rome | Octavien distribue 2500 deniers à ses soldats | App., BC, 3.94 (cf. aussi 74, 86, 90) ; D.C. 46.46.5 |
8 | Milieu 42 Golfe de Mélas | Brutus et Cassius effectuent des dons en faveur de leurs soldats | App., BC, 4.89 |
9 | Milieu 42 Golfe de Mélas | Brutus et Cassius procèdent à de nouveaux dons : 1500 deniers par soldat, 7500 par centurion et proportionnellement à chaque tribun | App., BC, 4.89-101 |
10 | Octobre 42 Philippes | Brutus distribue 50 deniers à ses soldats | Plut., Brut., 39.2 |
11 | Octobre 42 Philippes | Octavien accorde 5 deniers aux soldats des triumvirs | Plut., Brut., 39.1 |
12 | Octobre 42 (après la 1ère bataille) Philippes | Brutus donne 1000 (Appien) ou 2000 (Plutarque) deniers à ses soldats | Plut., Brut., 44.3 ; 46.1 ; App., BC, 4.118 ; cf. aussi D.C. 47.47.2 |
13 | Été 41 Champ de Mars | Octavien effectue différents dons (sans doute résultats des promesses faites au moment des batailles de Philippes, 5000 deniers par soldat, 25 000 par centurion, 50 000 par tribun) | App., BC, 4.120 ; 5.16.22 ; D.C. 47.42.5 |
14 | 41 Albe | L. Antonius procède à des distributions d’argent au profit de deux légions installées à Albe | App., BC, 5.30 |
15 | Été 36 Sicile | Octavien effectue des distributions pour les soldats de Cornificius | D.C. 49.7.6 |
16 | Automne 36 Sicile | Octavien distribue 500 deniers à ses soldats (ceux restant engagés selon Appien, tous selon Dion Cassius) | App., BC, 5.129 ; D.C. 49.14 |
17 | Hiver 36-35 Syrie ? | Marc Antoine distribue de l’argent aux soldats de sa campagne contre les Parthes (peut-être 35 deniers155) | D.C. 49.31.4 |
18 | Milieu 32 Italie | Octavien procède à des distributions d’argent en faveur de ses soldats | D.C. 50.7.3 |
19 | Milieu 32 Orient | Marc Antoine a sans doute offert de l’argent à ses soldats en prévision de l’affrontement avec Octavien156 | |
20 | Début 30 Brindes | Octavien distribue de l’argent aux soldats quittant le service | D.C. 51.4.5 |
21 | Été 30 Égypte | Octavien donne 250 deniers aux soldats de la campagne d’Égypte | D.C. 51.17.7 |
22 | Août 29 Colonies | Octavien fait distribuer 1000 sesterces à 120 000 vétérans dans leurs colonies | RG 15.3 ; D.C. 51.21.3 |
Bibliographie
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Annexe
Liste des distributions exceptionnelles aux soldats durant les années 44-29
Notes de bas de page
1 La plupart des auteurs estiment à 225 deniers la solde césarienne (Watson 1958, 119 ; Keppie 1983, 39 ; Speidel 1992, 106 ; Alston 1994, 114), mais Woytek 2003, 537-545, affirme que la solde serait en fait passée sous César de 90 à 180 deniers.
2 Entre 49 et 30, ce sont quelques 170 000 soldats qui ont bénéficié de dons de terres, cf. Keppie 1983, 50, 60, 70, 75. Sur l’origine et les modalités d’appropriation des millions de jugères nécessaires à ces distributions, voir aussi mon article “Politique de la terre et guerre de l’ager à la fin de la République. Ou comment César et les triumvirs ont inventé des terres pour leurs vétérans”, à paraître.
3 Fiebiger, RE, V-2 (1905), col. 1542-1545 ; Rubenbauer, TLL, V-1 (1930), col. 1990-1991.
4 Si le terme congiarium désignait originellement des distribution d’aliments (huile, vin), il en vient à la fin de la République à renvoyer également à des dons monétaires, destinés à des civils ou à des militaires (Rostovtzeff, RE, IV-1 (1900), col. 875-880 ; van Berchem 1939, 119-122). Cicéron utilise ainsi ce terme pour qualifier des distributions bénéficiant aux soldats : voir par exemple Phil., 2.116 (mention de congiaria organisés par César) ; Att., 16.8.2 (lettre du 2 novembre 44 évoquant un congiarium de Marc Antoine). Sur ce terme, voir également ci-dessous.
5 Caes., BG, 8.4.1 : “praedae nomine condonata pollicetur”.
6 Voir par exemple Liv. 39.7 à propos des dons effectués lors du triomphe de Cn. Manlius en 187, s’élevant à 42 deniers par légionnaire (“Militibus quadragenos binos denarios diuisit, duplex centurioni, triplex in equites”) ; ou encore Liv. 40.43 à propos des distributions triomphales de Q. Fulvius Flaccus en 180, équivalant à 50 deniers pour chaque soldat (“Militibus de praeda quinquagenos denarios dedit, duplex centurionibus, triplex equiti, tantundem sociis Latini nominis”).
7 Voir les exemples cités en note ci-dessus, ainsi que les tableaux de synthèse des occurrences de telles distributions présentés dans Brunt 1971, 394 (années 201-167), Bastien 2007, 282-284 (années 200-177), Coudry 2009, 71-77 (tableau plus global sur la gestion du butin à Rome entre 509 et 46).
8 Bastien 2007, 281.
9 L’historiographie est toujours divisée sur les distinctions précises existant entre la praeda (part de butin que les soldats s’approprient directement ou ensemble du butin ?), les manubiae (part de butin uniquement liée au général ?) ou les spolia (avant tout des armes ?), mais la plupart des chercheurs s’accordent pour penser que les distributions d’argent exceptionnelles aux soldats étaient prises sur la portion du butin sous l’autorité du général (cf. Mommsen 1892, 274-275 ; Shatzman 1972 ; Aberson 1994, 89-101 ; Tarpin 2000, 366-371, et 2009 ; Bastien 2007, 324-330 ; Coudry 2009).
10 Cette augmentation des sommes attribuées conduit d’ailleurs Nicolet 1977, 450, à évoquer l’apparition d’une armée “d’un type nouveau” à partir de Sylla, plus exigeante financièrement et avant tout fidèle au général qui arrive à combler ses demandes matérielles.
11 Les allusions des sources aux distributions syllaniennes sont souvent assez vagues (Plut., Sull., 12.14 souligne simplement que Sylla est le premier à prodiguer autant de largesses à ses soldats, App., BC, 1.104 mentionne de nombreux dons d’argent sans plus de précision), mais quelques passages permettent d’affirmer que Sylla n’a pas hésité à attribuer des gratifications en dehors du triomphe, pendant sa campagne contre Mithridate (Sall., Cat., 11.5), ou pendant la guerre civile qui suit (Plut., Sull., 28.2-3 évoque des dons aux soldats de Scipion).
12 Str. 11.14.10 (don de 50 drachmes par soldat, 1000 par centurion, un talent par chef de cavalerie et par tribun militaire dès la réception du tribut de Tigrane) ; Plin., Nat., 37.6 (16) (don de 25 millions de deniers aux légats et questeurs, de 1500 deniers à chaque soldat pendant le triomphe) ; Plut., Pomp., 45.4 (don de 1500 drachmes, sans doute avant même le triomphe) ; App., Mith., 116 (565) (durant l’hiver 62, don de 1500 drachmes à chaque soldat et proportionnellement aux officiers, le tout s’élevant à 16 000 talents). Pour Nicolet 1977, 451, ce sont globalement 96 millions de deniers qui ont été distribués par Pompée à ses soldats, dont environ 25 millions à ses dix-huit légats et ses deux questeurs (Frank 1933, 324-325, mentionne la somme de 800 000 deniers pour chaque officier).
13 En 50, César distribue 250 deniers aux hommes d’une légion que Pompée lui avait “prêtée” (App., BC, 2.29). En 49, il donne 500 deniers à chacun de ses légionnaires (Suet., Iul., 38 ; sur les dons du début de la guerre civile, voir aussi Caes., B Civ., 1.39 ; 1.87). En 48, il distribue différentes gratifications aux membres d’une cohorte ayant combattu à Dyrrachium (il donne 50 000 deniers au centurion Scéva et double la solde de la cohorte selon Caes., B Civ., 3.53). En 47, après sa victoire sur le royaume du Pont, il distribue des récompenses aux troupes à ses côtés (Caes., B Alex., 77). Au moment de la mutinerie de 47, il promet (App., BC, 2.92 ; D.C. 42.54.2) ou donne directement (Plut., Caes., 51.2) 1000 deniers à chaque soldat. En 46, il procède à de nouveaux dons aux soldats se trouvant avec lui en Afrique (Caes., B Afr., 86.3). Lors des triomphes de 46, il distribue 6000 (Suet., Iul., 38) ou 5000 deniers aux légionnaires, 10 000 aux centurions, 20 000 aux tribuns et préfets (App., BC, 2.102 ; cf. aussi D.C. 43.21.3). En 45, en Espagne, César attribue 3000 deniers à la turma Cassiana, 2000 aux fantassins (Caes., B Hisp., 26.1). Sur ces distributions césariennes, voir aussi Keppie 1983, 41-42 ; Woytek 2003, 550-551.
14 Voir par exemple pour les années 49-44, la liste proposée par Woytek 2003, 550-551, et mentionnant, outre les gratifications césariennes, des dons de Metellus Pius Scipio durant l’hiver 49-48, de Q. Cassius Longinus en 48, de Caton en 46, de Cn. Pompeius en 46, de Sextus Pompée en 45.
15 Pour la liste de toutes ces occurrences et les sources qui les mentionnent, voir le tableau en annexe.
16 Voir infra pour les effectifs des armées de la période. Sur ces armées, consulter notamment Schmitthenner 1958, 1960 ; Botermann 1968 ; Hahn 1969 ; Gabba 1973 ; Bengtson 1974 ; Keppie 1983, 1984, 2000b ; Keaveney 2007.
17 Cic., Fam., 12.12.3.
18 On ne trouve aucun développement spécifique dans la plupart des ouvrages généraux sur l’armée romaine républicaine (cf. Smith 1958 ; Gabba 1973 ; Keppie 1984). Les travaux spécialisés sur la fin de la République consacrent parfois quelques pages aux distributions exceptionnelles de la période, mais ils y présentent souvent uniquement une liste (incomplète) de ces gratifications, comme Keppie 1983, 42-43, ou Woytek 2003, 550-552.
19 Le rapprochement entre les distributions exceptionnelles de la fin de la République et celles de la période impériale est d’ailleurs déjà développé dans l’Antiquité : D.C. 46.46.6-7 souligne par exemple que, lors de l’arrivée au pouvoir de Septime Sévère, ses soldats ont explicitement fait référence à une distribution effectuée par Octavien en août 43 et ont réclamé que la même somme leur soit payée. Voir aussi les réflexions de Campbell 1984, 161-166, sur l’institutionnalisation par Auguste après 27 de trois sources de revenus pour les soldats : la solde (900 sesterces par an pour un légionnaire), la récompense au moment de la fin du service (12 000 sesterces ou l’équivalent sous forme de terrains) et les dons exceptionnels célébrant des événements spécifiques (en l’occurrence pour Auguste, l’introduction de Caius César à l’armée, et sa propre mort, commémorée par un don posthume testamentaire). Voir également Le Bohec 1998, 229-232, qui présente un tableau des donatiua impériaux d’Auguste au milieu du iiie s., tendant à montrer que la plupart des empereurs a effectué entre une et trois distribution(s) de ce type.
20 Coudry 2009, 33 n. 51.
21 Annexe - distributions n° 22.
22 Annexe - distributions n° 6 (Cassius début 43 après avoir obtenu différentes victoires en Orient) ; n° 7 (Octavien en août 43 après sa marche sur Rome) ; n° 13 (Octavien durant l’été 41 pour payer les promesses faites à Philippes) ; n° 15 (Octavien durant l’été 36 après l’“anabase” sicilienne des soldats de Cornificius) ; n° 16 (Octavien durant l’automne 36 après ses victoires face à Sextus Pompée) ; n° 17 (Marc Antoine durant l’hiver 36-35 à la fin de sa campagne malheureuse contre les Parthes) ; n° 20 (Octavien début 30 après la bataille d’Actium) ; n° 21 (Octavien durant l’été 30 après la prise d’Alexandrie).
23 Annexe - distributions n° 6 : Cic., Fam., 12.12.2.
24 Annexe - distributions n° 21 : D.C. 51.17.7.
25 Annexe - distributions n° 1, 3 et 5 (Octavien durant l’automne et l’hiver 44 en prévision de l’affrontement avec Marc Antoine) ; n° 2 et 4 (Marc Antoine en octobre et novembre 44 dans la perspective du conflit contre Octavien) ; n° 8, 9, 10 (Brutus et Cassius durant l’été et l’automne 42 avant les batailles contre les césariens) ; n° 11 (Octavien juste avant la première bataille de Philippes) ; n° 12 (Brutus après la première bataille de Philippes en vue de la prochaine bataille) ; n° 14 (L. Antonius en 41 en prévision de la guerre contre Octavien) ; n° 18 (Octavien durant l’été ou l’automne 32 avant le début de la campagne contre Marc Antoine) ; n° 19 (Marc Antoine en 32 dans la perspective du conflit contre Octavien).
26 Six distributions sont mentionnées par divers auteurs. Quatre distributions sont ainsi attestées pour les républicains, trois avant la première bataille de Philippes (annexe - distributions n° 8, 9 et 10 : App., BC, 4.89 ; 89 et 100-101 ; Plut., Brut., 39.2), une avant la deuxième bataille (annexe - distributions n° 12 : Plut., Brut., 44.3 ; 46.1 ; App., BC, 4.118 ; cf. aussi D.C. 47.47.2). Les césariens font des promesses de dons, mais une seule distribution effective, menée par Octavien, est connue avant la première bataille de Philippes (annexe - distributions n° 11 : Plut., Brut., 39.1).
27 Annexe - distributions n° 2, 4, 13, 14, 16 et 20.
28 Cf. tableau en annexe.
29 Il s’agit des distributions effectuées en octobre 44 dans des colonies de vétérans césariens en Campanie (notamment à Calatia et Casilinum cf. annexe - distributions n° 1 : Cic., Att., 16.8.1 ; Nic. Dam. 31.132-138 ; Plut., Ant., 16.8 ; Suet., Aug., 10 ; App., BC, 3.40 ; D.C. 45.12. 2), durant l’été 41 sur le Champ de Mars (annexe - distributions n° 13 : App., BC, 5.16 ; 22) et, au moment des triomphes de 29, dans des colonies (annexe - distributions n° 22, cf. RG 15.3 “acceperunt id triumphale congiarium in colonis hominum circiter centum et uiginti millia” ; voir aussi D.C. 51.21.3).
30 Une distribution s’est déroulée en l’absence de son “commanditaire” : les dons triomphaux de 29 ont été effectués dans des colonies en l’absence d’Octavien (cf. annexe - distributions n° 22 ; voir aussi la note ci-dessus). Les sources empêchent toute certitude pour trois autres distributions (annexe - distributions n° 4, 18 et 19). Le texte de Plutarque (Ant., 16.8) sur les gratifications antoniennes de la fin 44 est vague et, si l’on suit Appien (BC, 3.45), Antoine se contente d’envoyer (“προσέπεµπεν”) l’argent aux deux légions venant de Macédoine restées de son côté. De même, les sources sur les dons d’Octavien et Antoine avant Actium sont trop imprécises pour en déterminer les circonstances exactes.
31 Dans une lettre de l’automne 44 (Att., 16.8), Cicéron souligne la volonté d’Octavien de se rendre dans les colonies césariennes (“cogitat reliquas colonias obire”) afin de donner lui-même les 500 deniers qu’il destine à chaque vétéran s’engageant à ses côtés (cf. aussi Nic. Dam. 31.132-138 ; annexe - distributions n° 1). Un passage ultérieur de la même lettre évoque la révolte de soldats lors de distributions effectuées en présence de Marc Antoine (annexe - distributions n° 2).
32 Parmi de nombreux cas, on peut citer ici deux distributions pour lesquelles ces auteurs soulignent la présence du “commanditaire”. Appien (BC, 4.89-101) insiste par exemple sur le fait que Brutus et Cassius assistent aux distributions ayant lieu en 42 aux environs du golfe de Mélas (annexe - distributions n° 8, 9). Le même auteur (BC, 4.118), Plutarque (Brut., 46.1) et Dion Cassius (47.47.2) mettent également en avant la présence de Brutus lors des distributions qui précèdent la deuxième bataille de Philippes (annexe - distributions n° 12).
33 Cic., Fam., 10.32.4 (lettre du 8 juin 43 écrite par Pollion depuis Cordoue à Cicéron), traduction par J. Beaujeu dans la CUF (1996) : “j’ai trois légions solides, dont l’une, la 28e, était fort excitée et que j’ai eu peine à contenir, ma parole ! Antoine l’avait attirée à lui au début de la guerre, en promettant de donner 500 deniers à chaque soldat, le jour où il viendrait au camp, et, à l’heure de la victoire, les mêmes primes qu’à ses propres légions (...)”.
34 Liv. 28.29 ; cf. Campbell 1984, 181.
35 À titre informatif, voici les données concernant les quatre distributions pour lesquelles le face-à-face n’est pas attesté. Fin 44, ce sont les vétérans de la cohorte prétorienne V Alaudae et les légions II et XXXV qui reçoivent des dons antoniens (annexe - distributions n° 4 : Plut., Ant., 16.8 ; App., BC, 3.45 ; voir aussi Keppie 1983, 42). En 32, avant Actium, ce sont respectivement 16 et 19 légions qui sont récompensées par Octavien et Antoine (annexe - distributions n° 19 ; voir Tarn 1931 ; Leroux 1968 ; Carter 1970 ; Brunt 1971, 501-505 ; Keppie 1983, 43). Enfin, au moment des triomphes de 29, ce sont 120 000 vétérans qui ont bénéficié de gratifications supplémentaires (annexe - distributions n° 22 : RG 15.3 ; D.C. 51.21.3 ; voir aussi Keppie 1983, 74-75 ; Campbell 1984, 166).
36 L’effectif des légions de la période n’est pas toujours complet et excède à peine 2500-3000 hommes dans certains cas selon Brunt 1971, 497 et 499.
37 Lorsqu’Octavien distribue de l’argent aux vétérans de son père durant l’automne 44, il touche sans doute à peine ou un peu plus d’une légion à la fois : les premières distributions qu’il entreprend sont faites en Campanie, colonie par colonie (les légions VII et VIII de Casilinum et Calatia sont explicitement mentionnées dans les sources, cf. annexe - distributions n° 1 : Cic., Att., 16.8.1 ; Nic. Dam. 31. 132-138 ; App., BC, 3.40 ; D.C. 45.12.2 ; voir aussi Keppie 1983, 42) ; celle effectuée aux portes de Rome un peu plus tard concerne quelques milliers d’hommes, de 3000 à 10 000 selon les sources (annexe - distributions n° 3 : App., BC, 3.42 ; cf. aussi Cic., Att., 16.8 2). Les gratifications mises en œuvre par Marc Antoine à la même période à Brindes bénéficient aux quatre légions de Macédoine qui y étaient stationnées, à savoir les légions II, IIII, Martia et XXXV (annexe - distributions n° 2 : App., BC, 3.43-44 ; D.C. 45.13. 1-2 ; voir aussi Keppie 1983, 42, qui ajoute la cohorte prétorienne V Alaudae). Par la suite, deux de ces légions, IIII et Martia, désertent Antoine et bénéficient de dons supplémentaires de la part d’Octavien, qui en fait également profiter les vétérans réengagés à ses côtés (annexe - distributions n° 5 : App., BC, 3.48 ; D.C. 45.13.3-4 ; voir aussi Keppie 1983, 42).
38 Les différentes armées concernées par le siège de Modène représentent une vingtaine de légions au printemps 43 : les consuls Hirtius et Pansa se trouvent à la tête de 4 légions, D. Brutus de 4 légions, Octavien de 5 légions, tandis que Marc Antoine contrôle 6 légions et Ventidius Bassus 3 légions. A ces légions, s’ajoutent les armées de Lépide (7 légions), Asinius Pollio (3 légions) et Munatius Plancus (5 légions) qui restent d’abord en attente et finissent par rejoindre Antoine lors de l’été 43. A propos de ces différentes armées, voir notamment Botermann 1968, 181-204 ; Brunt 1971, 480-484.
39 L. Antonius contrôle 6 légions, Octavien 15 à 17, en comptant ses légions ainsi que celles sous les ordres d’Agrippa et de Salvidienus. Sont également présentes en Italie les 13 légions des généraux antoniens (Pollio, Plancus, Ventidius, Crassus, Ateius), qui choisissent finalement de ne pas intervenir dans le conflit (cf. Gabba 1969 ; Hahn 1969, 212 ; Brunt 1971, 494-496 ; Wallmann 1975, notamment 87).
40 Annexe - distributions n° 14 : App., BC, 5.30 ; voir aussi Keppie 1983, 43.
41 Annexe - distributions n° 15 : D.C. 49.7.6 ; voir aussi Aiello 1896.
42 Annexe - distributions n° 7 : App., BC, 3.94 ; D.C. 46.46.5 ; voir aussi Keppie 1983, 42 (10 légions et la cohorte prétorienne), et Woytek 2003, 551 (11 légions).
43 Annexe - distributions n° 6 : Cic., Fam., 12.12.2 ; voir aussi Botermann 1968, 207-211.
44 Les quatre distributions qui ont lieu avant ou entre les deux batailles de Philippes étaient destinées à l’ensemble des soldats que les républicains avaient amenés avec eux en Europe, cf. annexe - distributions n° 8 (App., BC, 4.88-89), n° 9 (App., BC, 4.88-89 et 100-101), n° 10 (Plut., Brut., 39.2) et n° 12 (Plut., Brut., 44.3 et 46.1 ; App., BC, 4.118 ; cf. aussi D.C. 47.47.2, mais qui présente les dons entre les deux batailles comme profitant uniquement aux soldats de Cassius, ce qui semble peu probable). En tout, ce seraient 17 légions qui auraient bénéficié de ces dons, ce qui correspondrait à 80 000 hommes puisque ces légions n’étaient pas complètes, même avant la première bataille (cf. Brunt 1971, 485-487).
45 La distribution à laquelle Octavien procède avant les batailles (annexe - distributions n° 11 : Plut., Brut., 39. 1) concerne sans doute tous les soldats césariens présents à Philippes, ce qui représenterait environ 19 légions, réunissant quelques 110 000 hommes selon Brunt 1971, 485-487.
46 Annexe - distributions n° 13 : App., BC, 5.16 et 22. Sur le nombre de vétérans recevant alors des terres (et sans doute aussi des gratifications exceptionnelles), voir Brunt 1971, 489-493 ; Keppie 1983, 59-60.
47 Annexe - distributions n° 16 : la version d’Appien (BC, 5.129, ceux restant engagés à ses côtés) est plus restrictive que celle de Dion Cassius (49.14.2-4, gratifications supplémentaires pour tous les soldats et dons spécifiques pour les lieutenants). Sur les légions d’Octavien et Lépide, voir notamment Brunt 1971, 498-500 ; Keppie 1983, 69-70.
48 Annexe - distributions n° 17 : D.C. 49.31.4. Les légionnaires antoniens ayant survécu à cette campagne orientale représentaient sans doute les deux tiers du contingent initial (environ 60 000 hommes, répartis en 16 légions), cf. Bengtson 1974, 18, 42.
49 Annexe - distributions n° 20 : DC, 51.4. 5 ; voir aussi Keppie 1983 (74-82) et 2000b, considérant que les vétérans antoniens (au nombre de 30 000 ou 35 000) reçoivent dans l’immédiat seulement de l’argent et les vétérans d’Octavien (40 000 ou 50 000 hommes) de l’argent et des terres.
50 Annexe - distributions n° 21 : D.C. 51.17.7-8.
51 L’attribution de dons à des officiers est clairement mentionnée dans les cas suivants : annexe - distributions n° 9, 12, 13, 16, 21 (et éventuellement la distribution n° 17, pour laquelle D.C. 49.31.4 mentionne des dons aux légionnaires et aussi “τοῖς ἄλλοις”, ce qui pourrait renvoyer aux officiers, ou éventuellement aux troupes auxiliaires). À propos des montants supérieurs distribués aux cadres des armées, voir aussi ci-dessous.
52 Des vétérans réengagés sont parmi les principaux bénéficiaires des distributions organisées par Octavien en 44-43 (annexe - distributions n° 1, 3, 5, 7). Des gratifications au moment de la démobilisation ou quelque temps après sont mentionnées également dans plusieurs cas (annexe - distributions n° 13, 16, 20, 22).
53 Annexe - distributions n° 1 (cf. Nic. Dam. 31.136-138 ; D.C. 45. 12. 2) ; n° 2 (cf. Cic., Att., 16.8.2 ; App., BC, 3.43-44 ; D.C. 45.13.1-2) ; n° 5 (cf. App., BC, 3.48) ; n° 7 (cf. App., BC, 3.94 ; D.C. 46.46.5) ; n° 9 (cf. App., BC, 4.89-101, le discours de Cassius est placé par Appien entre deux distributions, n° 8 et 9 de la liste constituée ici, mais est plus proche temporellement de la deuxième) ; n° 12 (cf. Plut., Brut., 46.1 ; App., BC, 4.117-118 ; D.C. 47.47.2) ; n° 13 (cf. App., BC, 5.16) ; n° 14 (cf. App., BC, 5.30) ; n° 15 (cf. D.C. 49.7.6) ; n° 16 (cf. App., BC, 5.129 ; D.C. 49.14). Les sources sur la distribution effectuée par les césariens au moment de Philippes (annexe - distributions n° 13) divergent et ne permettent donc pas l’inclusion de ce cas dans cet ensemble (Plut., Brut., 39.1, évoque un don mais pas de discours, App., BC, 4 120 et D.C. 47.42. 5, mentionnent des discours mais pas de gratification supplémentaire).
54 Sur les contiones militaires en général, voir Pina Polo 1989, qui ne référence cependant pas dans sa liste des contiones de ce type (322-345) certaines des contiones ayant eu lieu lors des distributions des années 44-29 et mentionnées ici : annexe - distributions n° 1, 2 (Pina Polo recense uniquement une contio alors que cette mutinerie a provoqué deux discours de Marc Antoine), 5, 13, 14, 15. Voir également Laignoux 2010.
55 Quelques récits vont en ce sens, présentant la distribution comme succédant au discours : annexe - distributions n° 1 (Nic. Dam. 31.136-138 ; D.C. 45.12.2) ; n° 9 (App., BC, 4.100-101) ; n° 12 (App., BC, 4.118 ; cf. aussi Plut., Brut., 46.1 ; D.C. 47.47.2) ; n° 13 (App., BC, 5.16) ; n° 16 (App., BC, 5.129 ; cf. aussi D.C. 49.14). Cependant, d’autres récits ne détaillent pas précisément la succession des événements, peut-être parce qu’il s’agissait d’une évidence pour les lecteurs antiques : annexe - distributions n° 2 (Cic., Att., 16. 8. 2 ; App., BC, 3.44 ; D.C. 45.13.1-2) ; n° 5 (App., BC, 3.48) ; n° 7 (App., BC, 3.94 ; D.C. 46.46.5) ; n° 14 (App., BC, 5.30) ; n° 15 (D.C. 49.7.6).
56 Mutineries : annexe - distributions n° 2, 13, 14, 16. Conflits passés ou à venir : annexe - distributions n° 1, 9, 12, 15. Aucun sujet précisé par les sources : annexe - distributions n° 5, 7.
57 Annexe - distributions n° 2 : Cic., Att., 16.8.2 ; App., BC, 3.43-44 ; cf. aussi D.C. 45.13.1-2.
58 Annexe - distributions n° 9 : App., BC, 4.89-101.
59 Il s’agit de deux distributions mises en œuvre par Brutus et Cassius peu avant Philippes (annexe - distributions n° 8 et 10, cf. App., BC, 4.89 et Plut., Brut., 39.2), ainsi que d’une distribution d’Octavien entreprise au même moment (annexe - distributions n° 11, cf. Plut., Brut., 39.1).
60 Annexe - distributions n° 9 : App., BC, 4.101. Pour d’autres récits de ce type, voir par exemple annexe - distributions n° 12 (App., BC, 4.118 ; Plut., Brut., 46.1).
61 Il s’agit de personnages proches de l’ordre équestre connus pour leur rôle au sein des tribus, cf. Deniaux 1987, notamment 289-291.
62 App., BC, 3.23 ; sur ce congiaire de 75 deniers, voir aussi Nic. Dam. 28.109 ; RG 15.1 ; Plut., Ant., 16.2 ; App., BC, 2.143 ; 3.17 ; D.C. 44.35 et 46.48.1.
63 Cf. van Berchem 1939, 167-168. On peut remarquer que les congiaires impériaux à la plèbe se déroulent aussi en présence de l’empereur, ce qui est également souligné par les mises en récits ou les représentations figurées de ces cérémonies, cf. van Berchem 1939, 164-169 ; Campbell 1984, 182.
64 Cf. Laignoux 2010, 54-57.
65 Cf. App., BC, 4.118 (annexe - distributions n° 12).
66 Mariot 2006, 2008, 2010.
67 Annexe - distributions n° 13 : App., BC, 5.16. Voir aussi annexe - distributions n° 1 : Nic. Dam. 31.136 décrit des cris et réactions favorables des soldats lors du discours d’Octavien à Calatia.
68 Voir également à ce propos les analyses de Nicolas Mariot déjà évoquées supra.
69 Annexe - distributions n° 2 : Cic., Att., 16.8.2 ; App., BC, 3.43-44 ; D.C. 45.13.1-2.
70 Sur la “saturation” de l’espace public en pratiques et discours de légitimation durant cette période, voir ma thèse en cours de publication : La construction du pouvoir personnel durant les années 44-29, processus de légitimation.
71 Sur les donatiua à l’époque impériale, voir notamment Campbell 1984, 165-171, 181-185.
72 Les distributions pour lesquelles aucun montant n’est mentionné dans les sources à disposition sont les suivantes : annexe - distributions n° 3, 6, 8, 14, 15, 18, 19, 20.
73 Cinq cas attestent clairement de dons spécifiques pour les officiers : annexe - distributions n° 9 (App., BC, 4.100, précise que, avant Philippes, Brutus et Cassius attribuent aux centurions 7500 deniers, l’équivalent de cinq fois le montant donné aux soldats ordinaires) ; n° 12 (App., BC, 4.118, évoque la distribution par Brutus de gratifications supérieures pour les officiers après la première bataille de Philippes) ; n° 13 (App., BC, 4.120, indique que Marc Antoine et Octavien accordent, en récompense de Philippes, 25 000 deniers aux centurions et 50 000 aux tribuns, ce qui correspond à cinq et dix fois la somme donnée aux légionnaires) ; n° 16 (D.C. 49.14.3, évoque des dons pour les lieutenants d’Octavien en 36, mais sans plus de détail) ; n° 21 (D.C. 51.17.8, mentionne l’attribution d’importantes sommes d’argent aux sénateurs et chevaliers ayant participé à la campagne d’Égypte d’Octavien). Ces rapports entre les dons aux légionnaires et ceux aux officiers correspondent aux proportions pratiquées lors de distributions antérieures (cf. B Gall., 8.4.1, promesse par César de 200 sesterces pour les légionnaires et 1000 pour les centurions).
74 Annexe - distributions n° 11 (distribution de 5 deniers par Octavien en 42, cf. Plut., Brut., 39.1) ; n° 10 (distribution de 50 deniers par Brutus en 42, cf. Plut., Brut., 39.2). S’y ajoute peut-être la distribution n° 17 (effectuée par Marc Antoine durant l’hiver 36-35), qui pourrait avoir mis en oeuvre un don de 35 deniers, mais une lacune du passage de Dion Cassius (49.31.4) mentionnant cette distribution empêche toute certitude à ce sujet comme le souligne le commentaire de l’édition de la CUF (181, n. 261).
75 Annexe - distributions n° 2 (distribution par Marc Antoine en 44, cf. App., BC, 3.43-44 ; D.C. 45.13.2).
76 Annexe - distributions n° 21 (distribution d’Octavien en 30, cf. D.C. 51.17.7) ; n° 22 (distributions triomphales de 29, cf. RG 15.3).
77 Annexe - distributions n° 1 (distribution par Octavien en 44, cf. Cic., Att., 16.8.1; Nic. Dam. 31.136 ; App., BC, 3.40 ; D.C. 45.12.2) ; n° 4 (distribution par Antoine en 44, cf. App., BC, 3.45) ; n° 5 (distribution par Octavien durant l’hiver 44-43, cf. App., BC, 3.48) ; n° 16 (distribution par Octavien en 36, cf. App., BC, 5.129 ; D.C. 49.14.2).
78 Annexe - distributions n° 12 (distribution par Brutus en 42) : Plut., Brut., 44.3 et 46.1 ; App., BC, 4.118.
79 Annexe - distributions n° 9 (distribution de Brutus et Cassius en 42) : App., BC, 4.100.
80 Annexe - distributions n° 7 (distribution par Octavien en 43) : D.C. 46.46.5-6.
81 Annexe - distributions n° 13 (dons des triumvirs après Philippes) : App., BC, 4.120 ; 5.16 et 22 ; cf. aussi D.C. 47.42.5.
82 Sur les distributions césariennes, voir l’introduction.
83 On peut penser par exemple au legs testamentaire, correspondant à 300 sesterces par légionnaire. Campbell 1984, 165-166, souligne que c’est seulement au iie s. que les donatiua impériaux atteignent des montants aussi extravagants que les distributions exceptionnelles de la fin de la République.
84 Cic., Brut., 1.11.1 ; 2.3.5 ; Fam., 12.14 ; 12.15 ; Phil., 10.24 ; 10.26 ; 13.32 ; Vell. 2.62 ; Plut., Brut., 24.4-5 ; 25.1 ; App., BC, 3.63 ; 4.75 ; 4.81-82 ; D.C. 47.21.3 ; 47.26.1.
85 Plut., Brut., 32.4 ; App., BC, 4.62-64 ; 4.73-74 ; D.C. 47.24 ; 47.30-34. Pour une synthèse critique des sources sur les sommes perçues par les républicains en Orient, voir Kirbihler 2013, 352-359.
86 Cf. Lintott 1993, 48-49.
87 App., BC, 4.75.
88 D.C. 47.25.
89 Callataÿ 2011. Voir aussi les brèves réflexions de Lintott 1993, 48-49, soulignant que les magistrats romains des provinces avaient tendance à utiliser les monnayages locaux pour leurs dépenses sur place.
90 On peut citer ici l’exemple d’Octavien, qui, en 43 et 41, utilise d’importantes ressources publiques afin de payer les distributions supplémentaires promises à ses soldats. En 43, il obtient ainsi du Sénat que les 5000 deniers promis aux légionnaires s’engageant à ses côtés contre Antoine, ou au moins la moitié de cette somme selon les sources, soient payés sur fonds publics (cf. Cic., Phil., 5.53 ; 14.38 ; App., BC, 3.74, 86, 90, 94 ; D.C. 46.46.5). En 41, les récompenses promises à Philippes sont également acquittées grâce à des fonds publics, voire même avec de l’argent pris dans les temples (cf. App., BC, 5.22). En 29, les dons triomphaux sont notamment payés grâce au butin égyptien (cf. RG 15.3 : “ex manibiis”).
91 C’est évidemment le cas d’Octavien pour les distributions qu’il effectue en 44 alors qu’il n’est que priuatus. Mais il aurait également agi de même en d’autres occasions par la suite, même s’il est difficile de démêler le vrai des discours de légitimation (cf. D.C. 46.46.5 ; 51.4.7-8). De même, Antoine aurait financé ses dons de l’hiver 36-35 grâce à Cléopâtre mais aussi sur sa propre fortune (cf. D.C. 49.31.4).
92 Pour une analyse globale des frappes des années 40-30, voir mon article “Frapper monnaie entre 49 et 31 av. J.-C. : les guerres civiles romaines comme laboratoire d’unification monétaire”, à paraître.
93 Avant les années 40, ces monnayages hors de Rome ont été frappés de manière circonscrite, pendant la deuxième guerre punique, puis lors de la guerre de Sertorius et de la première guerre mithridatique, cf. Grueber 1910, 340-343 ; RRC, p. 602-604. L’utilisation du néologisme “impératorial” permet de ne pas préjuger de la valeur légale (contrairement à des qualificatifs comme “proconsulaire” ou “illégal”) ou des destinataires (contrairement au terme “militaire”) de ces frappes.
94 Ce chiffre se fonde sur les localisations proposées par M. H. Crawford : RRC 480, 1-28 ; 481 ; 485, 1-2 ; 486 ; 487, 1-2 ; 491, 1-2 ; 494, 1-46 ; 512, 1-2 ; 513, 1-3 ; 514, 1-2 ; 515, 1-2 ; 525, 1-4 ; 526, 1-4.
95 10 peut-être en Italie (RRC 517, 4-6, pour la localisation, voir Ferriès 2007, 373-5 ; 520 ; 521, 1-2 ; 529, 1-4) ; 11 en Gaule (RRC 488, 1-2 ; 489, 1-6 ; 492, 1-2 ; 493, 1) ; 5 en Cyrénaïque (RRC 546, 1-3 ; RPC I, 924-5) ; 109 en Orient (RRC 496, 1-3 ; 516, 1-5 (frappes en Orient selon RRC, p. 100, mais en Gaule Cisalpine selon Bernareggi 1973, 82-83) ; 517, 1-3 et 7-8 ; 522, 1-4 ; 527, 1 ; 528, 1-3 ; 530, 1 (= RPC I, 2226) ; 531, 1 ; 533, 1-3 ; 536, 1-4 ; 539, 1 ; 541, 1-2 ; 542, 1-2 ; 543, 1 ; 544, 1-39 ; 545, 1-2 ; RPC I, 1290-1 ; 2201-2 ; 1453-70 ; 4088-93 ; 4094-6 ; 4135). Ont été incluses ici les monnaies dont les dénominations ne sont pas romaines, comme les cistophores sans doute frappés en 39 à Ephèse (RPC I, 2201-2 ), les tétradrachmes frappés entre 36 et 34 en Phénicie (RPC I, 4094-6) et les drachmes frappées en 37-36 à Antioche (RPC I, 4135), mais pour lesquelles la représentation d’Antoine, le matériau (argent) et le prestige régalien (anciennes monnaies des rois attalides et séleucides) amènent à penser qu’elles n’ont pu être frappées hors du contrôle du triumvir.
96 55 en Gaule Cisalpine et en Italie (RRC 490, 1-4 ; 492, 1 ; 493, 1 ; 495, 1-2 ; 497, 1-3 ; 518, 1-2 ; 523, 1 ; 528, 1-3 ; 529, 1-4 ; 534, 1-3 ; 535, 1-2 (= RPC I, 620-1) ; 537, 1-2 ; 538, 1-2 ; 540, 1-2 ; RIC I2, 250, 251, 252, 253, 254 = 255, 256, 257, 258 = 259, 260 = 261, 262, 263, 264, 265, 266, 267, 268, 269, 270, 271, 272, 273, 274, 276, 543 ; Giard 1976, p. 65 n° 5) ; 1 à Narbonne (RPC I, 518) ; 3 ou 4 en Afrique (RPC I, 877-9 ; CRR 1339 peut-être frappée en Afrique) ; 5 en Cyrénaïque (RRC 546, 4-8 = RIC I2, 531-5) ; 5 en Orient (RRC 517, 1-2, 6-8). Parmi ces monnaies, sont comprises les monnaies en bronze sans indication d’ethnique et frappées à Narbonne, en Italie et en Afrique (RPC I, 518 ; 620-1 ; 877-9), ainsi que la série des aurei et deniers portant en légende CAESAR DIVI F ou IMP CAESAR qu’il est difficile de dater et de localiser précisément, si ce n’est qu’ils ont été frappés en Occident entre 36 et 28 (RIC I2, 250, 251, 252, 253, 254 = 255, 256, 257, 258 = 259, 260 = 261, 262, 263, 264, 265, 266, 267, 268, 269, 270, 271, 272, 273, 274, 276, 543 ; Giard 1976, 65 n° 5). Selon Kraft 1969, 6-25, ces deniers et aurei ont été frappés après Actium. Selon Giard 1976, 66-73, ces émissions ont été frappées à Rome en 29. Pour Sutherland 1976, 156-157, ces monnaies ont été frappées entre 32 et 29 en Occident, peut-être à Rome avant Actium, sans doute à Brindes ou près de Brindes par la suite. Rich & Williams 1999, 171-172, suggèrent que ces frappes ont eu lieu entre 34 et 28 en Italie. Enfin, Assenmaker 2007, 159-177, propose des datations entre 36 et 28 selon les types monétaires. Cet arc chronologique plus large que ceux qui ont été souvent proposés semble l’hypothèse la plus convaincante, à la fois par les types représentés et parce que l’on s’expliquerait mal un arrêt du monnayage d’Octavien entre 36 et 31.
97 RRC 498 ; 499, 1 ; 500, 1-7 ; 501, 1 ; 502, 1-4 ; 503, 1 ; 504, 1 ; 505, 1-5 ; 506, 1-2 ; 507, 1-2 ; 508, 1-3 et l’aureus correspondant, cf. Cahn 1989.
98 Crawford 1970. Voir aussi Hopkins 1980 ; Lo Cascio 1981 ; Callataÿ 2000.
99 Howgego 1990.
100 Lo Cascio 1982 ; Campbell 1984, 161-164 ; Corbier 1987 ; Duncan-Jones 1994 ; Callataÿ 2000.
101 La quantité importante de types impératoriaux et les estimations du nombre de coins existant pour certaines émissions de la période (Buttrey 1960, Sutherland 1976, notamment 146-147, Cahn 1989, Amandry 1990, Evans 1987, Martini 1995) permettent néanmoins de penser qu’on assiste alors à une augmentation du volume de monnaies romaines frappées, même si, encore une fois, il est impossible de donner des chiffres exacts.
102 Woytek 2003, 550-552.
103 Voir par exemple Sear 1998, 230 (fabrication à partir de fin 32 “for military pay”, sans plus de précision) ; Keppie 2000b, 78-80 (don exceptionnel ou solde). Chitescu 1974, 150, pense en revanche que cette frappe abondante a dû s’étaler sur plusieurs années, de 39 à 31.
104 81 types sur 135 (des deniers, mais aussi des cistophores et des (tétra)drachmes) : 488, 1-2 ; 489, 1-6 ; 496, 1-3 ; 516, 2-3, 5 ; 517, 2-3, 5, 6, 8 ; 520 ; 521, 2 ; 522, 2, 4 ; 528, 2, 3 ; 529, 2-4 ; 531, 1 ; 533, 2 ; 536, 1-4 ; 539, 1 ; 542, 1-2 ; 543, 1 ; 544, 8-39 ; 545, 1-2 ; 546, 1-3 ; RPC I, 2201-2 ; 4094-6 ; 4135.
105 49 types sur 72 : RRC 490, 1, 3, 4 ; 495, 2 ; 517, 2, 6, 8 ; 497, 2-3 ; 518, 1-2 ; 523, 1 ; 528, 2-3 ; 529, 2-4 ; 534, 2-3 ; 537, 1-2 ; 538, 1-2 ; 540, 2 ; 546, 4, 6-8 ; CRR 1339 ; RIC I2, 250, 251, 252, 253, 254 = 255, 256, 257, 263, 264, 265, 266, 267, 269, 270, 271, 272, 274, 276, 543 ; Giard 1976, 65 n° 5.
106 12 types sur 19 : RRC 500, 7 ; 501, 1 ; 502, 2-4 ; 503, 1 ; 504, 1 ; 505, 5 ; 506, 2 ; 507, 2 ; 508, 2-3.
107 5 types sur 10 : RRC 500, 1, 3, 5 ; 505, 2-3.
108 25 types sur 135 : RRC 492, 1-2 ; 493, 1 ; 516, 1, 4 ; 517, 1, 4, 7 ; 521, 1 ; 522, 1, 3 ; 527, 1 ; 528, 1 ; 529, 1 ; 533, 1, 3 ; 541, 1, 2 ; 544, 1-7.
109 17 types sur 72 : RRC 490, 2 ; 492, 1 ; 493, 1 ; 495, 1 ; 497, 1 ; 517, 1, 7 ; 528, 1 ; 529, 1 ; 534, 1 ; 540, 1 ; 546, 5 ; RIC I2, 258 = 259, 260 = 261, 262, 268, 273.
110 7 types sur 19 : RRC 500, 6 ; 502, 1 ; 506, 1 ; 507, 1, 4 ; 508, 1 ; aureus EID MAR, cf. Cahn 1989.
111 5 types sur 10 : RRC 498 ; 499, 1 ; 500 2, 4 ; 501, 1.
112 29 types sur 135 : RRC 530, 1 (= RPC I, 2226) ; RPC I, 924-5 ; 1290-1 ; 1453-70 ; 4088-93.
113 6 types sur 72 : RPC I, 518 ; 620-21 (= RRC 535, 1-2) ; 877-9.
114 Selon Le Bohec 1998, 225 ; Bost 2000, 403.
115 Lo Cascio 2008, 166, 168.
116 Sur l’utilisation de monnaies de bronze pour payer les soldats, voir aussi les articles de D. Wigg-Wolf et J. van Heesch dans cet ouvrage.
117 Wolters 2000-2001.
118 À propos des types monétaires de l’époque, voir aussi Laignoux 2011, 2012.
119 Annexe - distributions n° 1 (Cic., Att., 16.8.1 ; App., BC, 3.40 ; D.C. 45.12.2 ; cf. aussi Nic. Dam. 31.136-138 et Plut., Ant., 16.8, utilisant µισθός) ; n° 4 (App., BC, 3.45 ; cf. aussi Plut., Ant., 16.8) ; n° 5 (App., BC, 3.48 ; D.C. 45.13.4, utilisant aussi ἀργύριον ; cf. aussi Plut., Ant., 16.8) ; n° 6 (Cic., Fam., 12.12.2, “promissa militibus persoluo”) ; n° 7 (App., BC, 3.94 ; D.C. 46.46.5) ; n° 10 (Plut., Brut., 39.2) ; n° 14 (App., BC, 5.30) ; n° 17 (D.C. 49.31.4) ; n° 18 (D.C. 50.7.3) ; n° 20 (D.C. 51.4.5) ; n° 21 (D.C. 51.17.7-8). Suétone (Aug., 10) emploie à propos des distributions n° 1 et 5 le terme vague de largitio, mais il est le seul auteur à choisir un mot aussi flou, dans un passage très allusif à propos de distributions par ailleurs bien détaillées par d’autres auteurs.
120 Annexe - distributions n° 2 (Cic., Att., 16.8.2 : “Eae congiarium ab Antonio accipere noluerunt”) ; n° 22 (RG 15.3 : “id triumphale congiarium”). Sur ce terme et sa signification, voir note 4 ci-dessus.
121 Cic., Fam., 10.32.4. Sur le terme praemium, voir par exemple Massaro, TLL, X-1 (1980-1995), col. 712-720.
122 Annexe - distributions n° 3 (App., BC, 3.42, utilisant δωρεά, tout comme les flous κέρδος, χάρις) ; n° 8 (App., BC, 4.89, δωρεά et δόσις, permis par l’approvisionnement en χρήµατα) ; n° 9 (App., BC, 4.101, δωρεά et mention de sommes d’argent précises) ; n° 15 (D.C. 49.7.6, utilisant δωρεά). Sur la signification vague de δωρεά et δόσις, voir les articles correspondants dans le Thesaurus Graecae Linguae, II (1833), col. 1648-1649 et 1821-1822.
123 Annexe - distributions n° 12 (App., BC, 4.118, νικητήριον et δωρεά ; cf. aussi Plut., Brut., 46.1, δωρεά ; D.C. 47.47.2, χρήµατα) ; n° 13 (App., BC, 5.16, τιµή et δωρεά ; cf. aussi 5.22, χρήµατα). Sur la signification de νικητήριον et τιµή, voir les articles correspondants dans le Thesaurus Graecae Linguae, V (1842-46), col. 1517, et VII (1848-54), col. 2192-2197.
124 Annexe - distributions n° 11, Plut., Brut., 39.1.
125 Annexe - distributions n° 16, D.C. 49.14. Sur les décorations militaires en général, voir Maxfield 1981.
126 Hélène Cuvigny a attiré mon attention sur un ostracon du milieu du iie s. p.C. (O. Dios inv. 568), dont elle publiera prochainement un commentaire et qui pourrait conforter l’hypothèse de l’attribution d’intailles en contexte militaire : ce texte évoque en effet le don par le préfet d’Égypte à des soldats d’une σφραγις, terme polysémique qui pourrait renvoyer à une empreinte faite par un cachet ou, justement, à une bague avec une intaille-sceau. Ce don, quel qu’il soit, aurait été distribué pour sa fonction prophylactique.
127 Depuis la première moitié du ier s., certains aristocrates romains, Scaurus, Pompée ou encore César par exemple, constituent aussi des dactyliothèques, cf. Guiraud 1996, 7-10 ; Sena Chiesa 2002, 398 ; Sena Chiesa 2003, 388. Pour la période, certains auteurs mentionnent la bague personnelle d’Octavien : Plin., Nat., 37.4.10 ; Suet., Aug., 50 ; D.C. 51.3.6 ; cf. Instinsky 1962.
128 Même si le style des intailles de la fin de la République se différencie de celui des années précédentes ou du style augustéen par une synthèse entre courants italique et aulique, la datation uniquement sur critères stylistiques est délicate et ne permet pas l’établissement d’une chronologie aussi fine que pour les monnaies. Concernant les pâtes de verre, le classement stylistique est rendu encore plus compliqué par la fabrication par moulage qui provoque des défauts et complexifie d’autant l’interprétation stylistique. Il est en outre parfois difficile de différencier intailles antiques et faux modernes. En matière de datation des intailles, aucune certitude absolue n’est donc possible et on ne peut qu’émettre des hypothèses fondées sur l’analyse stylistique et la comparaison avec les types monétaires.
129 L’identification des représentations figurées sur les intailles est problématique car, contrairement aux monnaies, elles ne portent pas de légende complémentaire. On ne peut donc procéder que par comparaison avec des effigies monétaires.
130 J’ai donc pris le parti de travailler avant tout à partir des corpus déjà élaborés dans une perspective d’étude politique, notamment développés par M.-L. Vollenweider, G. Sena Chiesa, C. Maderna-Lauter et E. Gagetti.
131 En voici les références, par ordre chronologique probable et par type, telles que je les ai reclassées dans ma thèse : Vollenweider 1972-1974, pl. 94, 3-4 ; 1-2 ; 98, 3-4 et 6 ; 1-2 et 9 ; Vollenweider 1976-1979, n° 145 ; Vollenweider 1972-1974, pl. 93, 1-3 [ci-après B 1-6].
132 Vollenweider 1972-1974, pl. 133, 10 ; 1 ; 7 ; 134, 2 ; Vollenweider & Avisseau-Broustet 2003, n° 29 ; Vollenweider 1972-1974, pl. 135, 2 ; 136, 1-2 et 6 ; 137, 1-3-5 ; 136, 4 ; 154, 14 ; 150, 1 ; 2 ; 3 et 6 ; 4 ; 5 ; 7 ; 8 [ci-après A 1-17].
133 Vollenweider 1972-1974, pl. 140, 1-2 ; 5 ; 141, 1-2 et 4 ; 11 ; 12 ; 142, 1-2 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9 ; 10 ; 11 ; 12-13 ; 143, 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9 ; 13 ; 14 ; 15 ; 16 ; 17 ; 144, 5 ; 150, 17 ; 18 ; 19 ; 151, 7 ; 152, 6 ; 153, 5 ; 6 ; 7 ; Sena Chiesa 1978, n° 105 ; Vollenweider 1976-1979, n° 197 ; Vollenweider 1972-1974, pl. 143, 1 ; 150, 13 ; 156, 3 ; 8 ; Gagetti 2001, n° 1-5, 8-21, 25, 28-31, 61 (62), 65, 68, 60 ; Vollenweider 1972-1974, pl. 146, 7 ; Gagetti 2001, n° 24, 23, 7, 26, 27, 66, 67 ; Sena Chiesa 2002, n° 7 ; Vollenweider 1972-1974, pl. 145, 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 146, 13 ; 15 ; 16 ; 17 ; 18 et 21 ; 20 ; 22 ; 152, 1 ; 4 ; 146, 8 ; 9 ; 11 ; 12 ; 10 ; 151, 5 ; 146, 14 ; 147, 1 et 5 ; 4 ; 2 ; 18 ; 151, 10 ; 16 ; 146, 19 ; Sena Chiesa 2002, n° 1 ; Vollenweider 1972-1974, pl. 147, 13 ; 14 ; 16 ; 17 ; 148, 1 ; 2 ; 3 ; Vollenweider 1976-1979, n° 195 ; Vollenweider 1972-1974, pl. 148, 4 ; 147, 11 ; Maderna-Lauter 1988, n° 245 ; Vollenweider 1972-1974, pl. 147, 12 ; 148, 5 ; 147, 6 ; 7 ; 8 ; 9 ; 10 ; 15 ; 148, 6 ; 8 ; 9 ; 10 ; 11 ; Sena Chiesa 2002, n° 4 ; Vollenweider 1976-1979, n° 178 ; Vollenweider 1972-1974, pl. 149, 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9 ; 10 ; 12 ; 13 ; 17 ; Sena Chiesa 1978, n° 104 ; Vollenweider 1972-1974, pl. 149, 11 ; 152, 5 ; 149, 19 ; 20 ; 21 ; 23 ; 151, 1 ; 149, 15 ; 151, 12 ; 147, 3 ; 149, 16 ; 151, 3 ; 149, 18 ; 156, 1 ; 150, 9 ; 11 ; 12 ; 14 ; 15 ; 16 ; 151, 22 ; 149, 22 ; Vollenweider 1976-1979, n° 198 ; 199 ; Vollenweider 1972-1974, pl. 151, 24 ; 152, 16 ; 10 ; 13 ; 14 ; 151, 9 ; 6 ; 19 ; ; 152, 12 et 18 ; 151, 13 ; 152, 2 ; 8 ; 3 ; 9 ; 11 ; 151, 14 ; 23 ; 15 ; 17 ; 11 ; 18 ; 148, 14 ; Sena Chiesa 2002, n° 3 ; Vollenweider 1972-1974, pl. 148, 12 ; Sena Chiesa 2002, n° 2 ; Vollenweider 1972-1974, pl. 148, 15 ; 16 ; 18 ; Vollenweider 1976-1979, n° 172 ; Vollenweider 1972-1974, pl. 154, 17 ; 150, 1 ; 2 ; 3 et 6 ; 4 ; 5 ; 7 ; 8 [ci-après O 1-209].
134 Trunk 2008, 144-145.
135 B 1 et B 2.
136 B 4 et B 5. Pour Antoine, on ne dispose pas vraiment de séries, si ce n’est peut-être les portraits doubles avec Octavien (A 11-17 = O 203-209). L’identification de deux têtes présentes sur ces intailles est difficile, mais l’absence d’attributs divins, ainsi que le style proche de celui des gemmes représentant Octavien en “jeune homme” (cf. O 1 à 37 notamment), peuvent amener à penser qu’il s’agit d’une représentation d’Octavien et d’Antoine comme l’affirme Vollenweider 1972-1974, 93 et 206. Le portrait de Marc Antoine s’écarte de la plupart des représentations traditionnelles, mais peut être rapproché d’une effigie monétaire de la fin 43 (RRC 492, 1). Dans tous les cas, le graveur ne semble pas avoir insisté sur la ressemblance physique et cette interprétation ne peut donc rester qu’une hypothèse.
137 Seules quelques intailles ne peuvent véritablement être regroupées dans des séries : celles présentant Octavien accompagné de symboles politiques divers (O 175-187) ou de différents animaux (O 188-193), celles comportant des portraits d’Octavien le représentant un peu plus âgé (O 38-41).
138 Vollenweider 1972-1974, 191-211 ; voir aussi Sena Chiesa 2002.
139 O 1-37. Le portrait représenté est proche notamment des types monétaires suivants : RRC 490, 1-2 (datés de 43) ; RRC 517, 1 a-b et 2 (41) ; RRC 518, 1-2 (41-40) ; RRC 534, 2-3 (38).
140 O 42-78. Ce résultat est différent du recensement de ce type par E. Gagetti (2001), référençant 35 pâtes de verre et 30 pierres semi-précieuses, car sont écartées ici les intailles présentant l’anneau entouré de symboles sans la représentation du jeune homme.
141 O 79-83.
142 O 93-98 (modius) ; 99-107 (épis) ; 108-126 (corne d’abondance) ; 127-133 (balance). Ces symboles figurent sans doute la garantie de l’approvisionnement promis par Octavien. Ces types peuvent dès lors être datés entre la création du Triumvirat et sa confirmation lors des accords de Brindes, voire son renouvellement en 37.
143 O 84-90. On peut rapprocher de cette série deux pâtes de verre présentant aussi le motif des mains, mais dans un style assez différent (O 91-92). Le symbole des mains peut évoquer le Triumvirat, puisque c’est un motif que l’on retrouve en effet à la fois sur les monnaies commémorant la création de la magistrature (RRC 494, 12) et sur celles célébrant les accords de Brindes (RRC 529, 4 a-b). De la même période date peut-être la série des portraits doubles (O 203-209 = A 11-17), incertaine comme déjà évoqué dans la note supra à propos de Marc Antoine.
144 O 134-149 (bouclier et lance) ; 150-157 (lance) ; 158-161 (bouclier) ; 162-167 (proue) ; 169-174 (jeune homme revêtu d’une cuirasse ou d’une chlamyde). Une pierre représentant une colonne rostrale est unique, mais peut être rapprochée de cette série guerrière (O 168).
145 O 194-201.
146 O 202.
147 En ce sens, voir Vollenweider 1970 ; Maderna-Lauter 1988, 441 ; Guiraud 1996, 16, 60 ; Gagetti 2001, 139 ; Sena Chiesa 2002, 406-408.
148 Plin., Nat., 35.48.
149 A 4, 10-12, 14-17.
150 B 1, 5.
151 O 1-4, 8-9, 11-12, 14-16, 19, 22-25, 28-30, 32-35, 37, 42-45, 47-60, 62-65, 66, 68-71, 74-75, 77-87, 89-96, 99, 101, 103, 106-107, 109-110, 112-115, 117-120, 122-145, 148-152, 155-157, 160, 163-165, 167-178, 180-183, 185-187, 189, 191-193, 195-196, 202-204, 206-209.
152 Vollenweider 1972-1974, 191-211 ; Maderna-Lauter 1988, 441 ; Gagetti 2001, 139 ; Sena Chiesa 2002, 406-408.
153 Sena Chiesa 2002, 406.
154 O 69, 70, 98, 100, 164, 177-178. On peut aussi faire l’hypothèse que, lors du congiaire testamentaire de César mis en oeuvre par Octavien en 44-43, ce dernier a fait distribuer les 75 deniers promis, ainsi qu’une intaille le représentant entouré de symboles césariens.
155 Montant très incertain, cf. note supra.
156 Pas d’attestation précise à ce sujet, mais on peut supposer que Marc Antoine, comme Octavien, a voulu s’assurer de la fidélité de ses légions en leur accordant des dons supplémentaires (cf. Keppie 1983, 43).
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