I - Des réorganisations de cultes civiques conformes à la tradition
p. 197-215
Texte intégral
1À Athènes, l’“été indien” est d’abord caractérisé par un retour aux cultes anciens, comme le montre notamment la restauration de la Pythaïde ou du concours des Théseia. Les témoignages épigraphiques donnent une grande place à des expressions désignant les rites traditionnels (κατὰ τὰ πάτρια, αἱ θυσίαι αἱ καθηκοῦσαι, αἱ θυσίαι αἱ πάτριοι)1. Cet état d’esprit n’est pas exclusif d’Athènes, mais se rencontre dans d’autres lieux du monde égéen.
2Deux autres cités, situées chacune sur l’une des rives de la mer Égée, partagent notamment ce projet de réorganiser les cultes dans le cadre d’un retour à la tradition. D’une part, Magnésie du Méandre qui avait voulu à la fin du iiie s. faire reconnaître à un grand nombre de cités grecques l’asylie de son principal sanctuaire, celui d’Artémis Leucophryènè, tente de donner plus d’ampleur au culte de la déesse après 129 en organisant une fête solennelle appelée Eisitèria. D’autre part, dans les années c. 100 a.C., une cité thessalienne, Démétrias émet deux règlements concernant le bon ordre dans son sanctuaire d’Apollon Coropaios, où le dieu qui rend des oracles attire des étrangers venus le consulter en grand nombre.
3Contrairement à ce que l’on pourrait croire au premier abord, à Magnésie comme à Démétrias, les cultes anciens ne doivent pas être amplifiés ou restaurés parce qu’ils auraient connu une désaffection. Cette explication procède de l’idée que la conquête romaine, ayant produit l’absorption des cités dans les provinces, les avait aussi réduites à néant avec leurs cultes civiques. Il est certain que les guerres contre les Romains ont mobilisé les énergies et les moyens financiers (tandis que l’alliance précoce avec Rome permettait à Athènes de refaire sa puissance économique et de renouer avec son prestige passé). Une fois la paix revenue, fût-ce au dépens des cités grecques et même dans un contexte peu favorable du point de vue financier, des circonstances nouvelles, en particulier une plus grande stabilité politique avec la sécurité qui en découle, ont favorisé une réorganisation ou une amplification de fêtes déjà existantes.
Amplification et “solennisation” d’un culte civique
4N° 16. Magnésie du Méandre
5LSA 33 B.
6Réforme des Eisitèria en l’honneur d’Artémis Leucophryènè.
7Date : après 129 a.C.
8Fr. Sokolowski a réuni sous le numéro 33 de ses Lois sacrées d’Asie mineure deux textes concernant le culte d’Artémis Leucophryènè à Magnésie que sépare un demi siècle. Le second s’inscrit dans le contexte de “l’été indien”. Cependant, il est difficile de le comprendre sans faire continuellement référence au premier ; aussi nous reproduisons et traduisons également le texte LSA 33 A. Entre les textes A et B, inscrits sur deux pierres distinctes, manque une troisième pierre qui a disparu et portait la fin de A et le début de B.
9Publication
10LSA 33 A : O. Kern, I.Magnesia, 100 ; W. Dittenberger, Syll.2, 552 ; Fr. Hiller von Gaertringen, Syll.3, 695 ; Fr. Sokolowski, LSA 33 A.
11Cf. Ad. Wilhelm, Jahreshefte 6(1903), 11 et Beiträge, 282.
12LSA 33 B : Fr. Hiller von Gaertringen, Syll.3, 695 ; Fr. Sokolowski, LSA 33 B.
13Bibliographie
14O. Kern, “Magnetische Studien”, Hermes 36 (1901), 491-515.
15Nilsson 1906, 248-251.
16Kern 1938, 167-168.
17F. Dunand, DHA 4 (1978), 201-215 (avec une traduction française).
18Ebert 1992.
19Sur les épiphanies : Fr. Pfister, RE Suppl. 4, s.v. Epiphanie, 298-299.
20Sur les congés judiciaires pendant les fêtes religieuses : L. Robert, ÉA, 177-179.
21Sur les fêtes marquant le début de l’année : Davidson 2007.
22Sur Artémis Leucophryènè : Laumonier 1958, 526-534.
23Date
24D’après O. Kern : LSA 33 A date de la fin du iiie s. et l’écriture de LSA 33 B est de la seconde moitié du iie s. a.C. (I.Magnesia, 100).
25D’après Fr. Hiller von Gaërtringen suivi par Fr. Sokolowski, LSA 33 A serait de la première moitié du iie s. a.C. et LSA 33 B peu après 129 a.C., la fin de la Guerre d’Aristonicos et la provincialisation de l’Asie (nous adoptons cette dernière date).
26D’après Fr. Dunand, LSA 33 A daterait des dernières années du iiie s. (parce que la construction du nouveau temple d’Artémis était achevée à ce moment - et nous adoptons cette date) et LSA 33 B d’après 196 a.C.
27Texte
28A Στεφανηφοροῦντος Πολυκλείδου τοῦ
Πυθοδήλου, μηνὸς ῾Αγνεῶνος,
ὑπὲρ τῆς καθιδρύσεως τοῦ ξοάνου τῆς ᾿Αρτέμιδος
τῆς Λευκοφρυηνῆς εἰς τὸν κατεσκεuασμένον αὐ-
l. 5 τῆι νῦν Παρθενῶνα καὶ περὶ τοῦ ἐπιτελεῖσθαι αὐτῆι
καθ᾿ἕκαστον ἐνιαυτὸν ἐν μηνὶ ᾿Αρτεμισιῶνι τῆι
ἔκτηι ἱσταμένου σπονδὰς καὶ θυσίας, συντε-
λεῖσθαι δὲ καὶ ὑφ᾿ἑκάστου τῶν κατοικούντων
θυσίας πρὸ τῶν θυρῶν κατ᾿οἴκου δύναμιν ἐπὶ
l. 10 τῶν κατασκευασθησομένων ὑπ᾿αὐτῶν βωμῶν.
ἔδοξεν τῆι βουλῆι καὶ καὶ τῶι δήμωι, Διαγόρας ᾿Ισαγόρου εἶπεν. ἐπειδὴ
θείας ἐπιπνοίας καὶ παραστάσεως γενομένης τῶι σύμπαντι πλήθει
τοῦ πολιτεύματος ἐς τὴν ἀποκατάστασιν τοῦ ναοῦ, συντέλειαν εἴλη-
φεν ὁ [Π]αρθενὼν τῆι [κ]ατὰ μέρος ἐπαυξήσει τῶν ἔργων καὶ μεγαλοπρε-
l. 15 πείαι πλεῖστον διαφέρων τοῦ ἀπολειφθέντος ἡμῖν τὸ παλαιὸν ὑπὸ τῶν
προγόνων, πάτριον δ῾ἐστὶν τῶι δήμωι πρὸς τὸ θεῖον εὐσεβῶς διακει-
μένωι πᾶσιν μὲν τοῖς θεοῖς ἀεί ποτε τὰς καταξίας θυσίας τε καὶ τιμὰς
ἀπονέμειν, μάλιστα δὲ τῆι Ἀρχηγέτιδι τῆς πόλεως Ἀρτέμιδι Λευκο-
φρυηνῆι, Τύχηι ἀγαθῆι καὶ ἐπὶ σωτηρίαι τοῦ τε δήμου καί τῶν εὐνοούντων
l. 20 τῶι πλήθει τῶι Μαγνήτων σὺν γυναιξὶ καὶ τέκνοις τοῖς τούτων,
δεδόχθαι τῆι βουλῆι καὶ τῶι δήμωι. τὸν μὲν νεωκόρον καὶ τὴν ἱέρειαν τῆς
᾿Αρτέμιδος τοῦ μηνὸς τοῦ ᾿Αρτεμισιῶνος τῆι ἔκτηι ἱσταμένου συντε-
λέσαι τὴν ἀποκατάστασιν τῆς θεοῦ εἰς τὸν Παρθενῶνα μετὰ θυσίας
τῆς ἐπιφανεστάτης, τὴν δὲ ἡμέραν ἀναδεδεῖχθαι εἰς τὸν ἀε[ὶ]
l. 25 χρόνον ἱερὰν προσαγορευομένην ᾿Ισιτήρια, καὶ ἔστωσαν ἐν αὐτῆι ἐκε-
χειρίαι πᾶσι πρὸς πάντων, γινέσθω δὲ καὶ γυναικῶν ἔξοδος εἰς τὸ
ἱερὸν καὶ παρεδρευέτωσαν ἐν τῶι ἱερῶι τὴν ἐπιβάλλουσαν τιμὴν καὶ
παρεδρείαν ποιούμεναι τῆς θεοῦ. συντελείτω δὲ ὁ νεωκόρος καὶ χο-
ροὺς παρθένων ἀιδουσῶν ὕμνους εἰς ῎Αρτεμιν Λευκοφρυηνὴν, ἀνιἐ[σ-]
l. 30 θωσαν δὲ οἱ παῖδες ἐκ τῶν μαθημάθων καὶ ἀπὸ τῶν ἔργῶν δοῦλοί τε
καὶ δοῦλαι ἐν ἧι ταῦτα ἡμέραι συντελεσθήσεται. τὰς δὲ γινομένας
ἱερείας τῆς ᾿Αρτέμιδος μετὰ στεφανοφόρον Πολυκλεὶδην καὶ τούς
στεφανοφόρους ἐν τῶι καθ᾿ἑαυτοὺς ἐνιαυτῶι θυσίαν καὶ πομπὴν συν-
τελεῖν. ὑπἀρχειν δὲ ἐν αὐτῆι ταύτηι τῆι ἡμέραι καὶ περὶ τῶν
l. 35 ὠνίων οἰκονομίαν μετὰ στεφανηφόρον Πολυκλεὶδην, ἥτις γίνε-
ται καὶ ἐν τῆι πρώτηι ἡμέραι τοῦ ἐνιαυτοῦ. τὸν δὲ ἱεροκήρυκα [τὸν]
νῦν καὶ κατ῾ἐνιαυτὸν ἀεί τοῦδε τοῦ μηνὸς ἐν τῆι ἀποδεδειγ[μἐ-]
νηι ἱερᾶι ἡμέραι πληθυούσης ἀγορᾶς συνπαρόντων ἐν ἐσθῆσι[ν]
ἐπισήμοις καὶ δάφνης στεφάνοις πολεμάρχων, οἰκονόμω[ν, γραμ-
l. 40 ματέως βουλῆς, στρατηγοῦ, ἱππάρχων, στεφανηφόρου, ἀντ[ιγρα-]
φέως εὐφημίαν κατανγείλαντα πρὸ τοῦ βουλευτηρίου μετὰ [τῶν παί-]
δων κατευχὴν καὶ παράκλησιν παντὸς τοῦ πλήθους ποιεῖσ[θαι τήν
δε. παρακαλῶ πάντας τοὺς κατοικοῦντας πόλιν καὶ χώ[ραν τὴν Μα-]
γνήτων ἐπὶ καλοῖς ᾿Ισιτηρίοις κατὰ δύναμιν οἴκου κεχ[αρισμένην θυ-]
l. 45 σίαν συντελεῖν ᾿Αρτέμιδι Λευκοφρυηνῆι τῆιδε τῇ ἡμέ[ρᾳ. εὔχεσθαι δὲ]
καὶ Μάγνησιν αὐτοῖς τε διδόναι καὶ γυναιξὶν ὑγ[ί]ει[αν καὶ πλοῦτον ῎Αρ-]
τεμιν Λευκοφρυηνὴν καὶ γενεὰν τήν τε ὑπά[ρχουσαν σώιζεσθαι]
καὶ εὐτυχεῖν καὶ τὴν ἐπιγονὴν μακαρίαν [γίνεσθαι-------------------]
--- ον δε. χεθ…………….ειο
29Notes
30 l. 42 ποιεῖσ[θαι τήν]-δε suppl. W. Dittenberger ; [λέγειν] δέ, O. Kern.
31 l. 45 ἡμέ[ραι. εὔχεσθαι δὲ] rest. W. Dittenberger.
32 l. 46 ὑγ[ί]ει[αν καὶ πλοῦτον ῎Αρ-] rest. W. Dittenberger.
33 l. 47 ὑπά[ρχουσαν σώιζεσθαι] rest. W. Dittenberger.
34Traduction
35 Alors que Polycleidès, fils de Pythodèlos était stéphanéphore, au mois d’Hagnéôn, au sujet de la consécration de la statue cultuelle d’Artémis Leucophryènè dans le Parthénon2 maintenant restauré pour elle et au sujet de l’accomplissement en son honneur chaque année le 6 du mois d’Artémisiôn des libations et des sacrifices et de l’accomplissement par chacun des habitants, selon ses moyens, de sacrifices devant les portes, sur les autels érigés par leurs soins, le Conseil et le Peuple ont décidé. Diagoras, fils d’Isagoras a fait la proposition. Attendu que, d’une part, l’inspiration et la présence divines s’étant manifestées à la population au grand complet pour obtenir la reconstruction du temple, le Parthénon a été achevé, (temple) qui différe très grandement de l’ancien que nous avaient légué nos ancêtres par l’amplification des ouvrages dans leurs parties et la magnificence (de l’ensemble), et (attendu que), d’autre part, c’est une coutume ancestrale pour le Peuple de se comporter avec piété à l’égard de la divinité en offrant toujours à tous les dieux les sacrifices et les honneurs qui leur sont dûs, et, en particulier, à Artémis Leucophryènè, Archégète de la cité, à la bonne Fortune et en vue du salut du Peuple et de ceux qui sont bienveillants à l’égard de la population des Magnètes, de leurs femmes et de leurs enfants, plaise au Conseil et au Peuple que le néocore et la prêtresse d’Artémis accomplissent le 6 du mois d’Artémisiôn la réinstallation de la déesse dans le Parthénon en l’accompagnant du sacrifice le plus brillant, que le jour (de la réinstallation) soit reçu pour toujours comme sacré sous le nom d’Isitèria et qu’il y ait ce jour là une trêve3 pour tous sur tous les points.
l. 26 Qu’il y ait une procession des femmes jusqu’au sanctuaire et qu’elles fassent la parédrie à l’intérieur, en rendant à la déesse l’honneur qui (lui) est dû et en faisant pour elle fonction de parèdres. Que le néocore organise aussi des chœurs de jeunes filles qui chanteront des hymnes en l’honneur d’Artémis Leucophryènè, que, ce jour-là, les enfants soient dispensés de leurs études et les esclaves, hommes ou femmes, de leur travail. Que les prêtresses d’Artémis qui auront été désignées après le stéphanéphore Polycleidès et les stéphanéphores successifs en fonction organisent la procession et le sacrifice. Que, après le stéphanéphore Polycleidès, il y ait ce même jour aussi une atélie, celle qui est en vigueur le premier jour de l’année. Que le héraut pour les affaires sacrées d’aujourd’hui et de toutes les années suivantes, le jour qui a été déclaré comme sacré, à l’heure où l’agora est pleine, en présence des polémarques, des économes, du secrétaire du Conseil, du stratège, des hipparques, du stéphanéphore, de l’antigraphe4 vêtus de blancs et couronnés de laurier, après avoir solennellement demandé le silence, fasse une prière devant la salle du Conseil au milieu des enfants et une invitation à toute la population en ces termes : “J’invite tous les habitants de la ville et du territoire des Magnètes à accomplir aujourd’hui, selon leurs moyens, un sacrifice en l’honneur d’Artémis Leucophryènè afin de favoriser de belles Isitèria. Que les Magnètes fassent une prière pour qu’Artémis Leucophryènè leur donne ainsi qu’à leurs épouses la santé et la richesse et qu’elle assure [la réussite] de la génération présente et le bonheur de la génération suivante…”
cetera desunt.
36B Le texte commence par trois lignes illisibles dans l’édition princeps ; mais nous gardons la numérotation des lignes de Fr. Sokolowski (qui n’en compte que deux) car son édition est la plus accessible.
37 ------ετα
-------π-οτος τὴν θε[ὰν ?----------------------------------------καθι]-
δρύεσθαι προστάξαν[τος…ὅπως…………..]ντ.. οἱ πάντ[ες οἱ κατοι]-
l. 5 κοῦντες τήν τε πόλιν καὶ [τὴν χώραν κα]τὰ δύναμιν τὴν ἰδίαν [τὰς πρε]-
πούσας ἀπονέμωσιν τῆι θεῶι τιμὰς κατ᾿ἐνιαυτὸν τῆι ἔκτηι ἱ[σταμέ]-
νου τοῦ ᾿Αρτεμισιῶνος μηνὸς ἐν τοῖς προσαγορευομένοις [Εἰσιτηρί]-
οις καταξίως τῶν ὑπ᾿αὐτῆς γεγενημένων τε καὶ γινο[μένων διὰ]
παντὸς εἰς τὸ πλῆθος ἡμῶν εὐεργεσιῶν, οἰομένου σ(υ)ν[οίσειν ἀνί]-
l. 10 εσθαι μὲν τοὺς παῖδας ἐκ τῶν μαθημάθων κατὰ τὸ πά[τριον ἔθος]
[κ]αὶ τὴν οἰκετείαν ἀπὸ παντὸς ἔργου, συνκεχωρηκότος δὲ [ἀτέλει]-
αν τῶν διαπωλουμένων ἐν ἐκείνῃ τῆι ἡμέραι χάριν τοῦ [καὶ ἐπὶ μᾶλ-]
[λ]ον ἔκδηλον ὑπάρχειν τὴν τοῦ δήμου σπουδήν, τά τε ἄ[λλα κατα]-
χωρίσαντος ἐν τῶι ψηφίσματι τὰ διατείνοντα πρὸ[ς] τὴν τ[ῆς θεοῦ εὐσέ]-
l. 15 [β]ειαν, ἐπιτάξαντος δὲ καὶ σπονδὰς καὶ κατευχὰς ὑπὸ τῆς συν[αρχίας, ἔτι]
δὲ καὶ θυσίας συντελεῖσθαι, καθῆκόν ἐστιν τῶι δήμωι [ἔτι ἐκτε]-
νέστερον περὶ τῶν προγεγραμμένων φροντίσαι καὶ ἀ[ναγράψαι]
μὲν τὸ κεκυρωμένον ἐπὶ στεφανηφόρου Πολυκλείδου [μηνὸς ῾Αγ]-
νεῶνος ψήφισμα, περιέχον δὲ τὰς προγεγραμμένας τιμ[ὰς]
l. 20 εἰς τὴν παραστάδα τὴν ἀπὸ δυσμῆς τῆς στοᾶς τῆς βορεί[ας, ἐφ᾿ἧς ἔ]-
πεστιν τὸ βουκεφαλίον, χειροτονηθέντος ἐπὶ τῆς ἀνα[γραφῆς ἀν]-
δρός, ὃς ἐγδώσει μετὰ τοῦ ἀρχιτέκτονος, χορηγησά[ντ]ω[ν τὸ γινό]-
μενον δαπάνημα χάριν τῆς ἀναγραφῆς τῶν [πάν]τω[ν] ἐ(κ τ)ῶν π[ροσό]-
δων, τῶν ἐν τῶι ἐνεστῶτι ἐνιαυτῶι. ἵνα δὲ πάντες γινώσκωσιν ὡ[ς]
l. 25 καθῆκόν ἐστιν ἐν τοῖς Εἰσιτηρίοις τὰς τῆς ᾿Αρτέμιδος συνεπαύξε[ιν]
τίμας, τὸν γραμματέα τῆς βουλῆς τὸν ἀεὶ κατασταθησόμενον
καὶ τὸν ἀντιγραφέα καθ᾿ἕκαστον ἔτος τοῦ μηνὸς τοῦ ᾿Αρτεμισιῶ-
νος τῆι δευτέραι μετὰ τὸ τὴν αἵρεσιν γενέσθαι τῆς τε ἱερείας
καὶ τοῦ στεφανηφόρου παραγινώσκειν ἐπάναγ[κ]ες τὸ [ψ]ήφισ-
l. 30 μα τὸ εἰσενεχθὲν ὑπὸ Διαγόρου τοῦ Ἰσαγόρου τὸ περὶ τῆ[ς τῶν Εἰ]-
σιτηρίων διοικήσεως. ἐὰν δὲ μὴ ποιήσωνται τὴν ἀνάγωσιν [αὐ]-
τοῦ καθότι προστέτακται, ὀφείλεν αὐτῶν ἑκάτερον ἱερὰς
δραχ(μάς). Τ καὶ εἶναι φάσιν τῶι βου[λ]ομένωι τῶν πολιτῶν οἷς [ἔ]-
ξεστιν ἐπὶ τῶι ἡμίσει πρὸς τοὺς εὐθύνους. θέσθω δὲ ὁ αἱρε[θ]ησ[ό]-
l. 35 μενος ἀνὴρ ἐπὶ τῆς ἀναγραφῆς περὶ ὧν ἂν χειρίσῃ λόγον πρός τε
τὸν γραμματέα τῆς βουλῆς καὶ τὸν ἀντιγραφέα. ἄμεινον δὲ εἶ-
ναι καὶ τοῖς κεκτημένοις οἰκίας ἢ ἐργαστήρια κατασκευάσασιν [κα]-
τὰ δύναμιν βωμοὺς πρὸ τῶν θυρῶν καὶ κoνιάσασιν, ποιήσασιν δὲ [ἐ]-
πιγραφὴν ᾿Αρτέμιδος Λευκοφρυηνῆς Νικηφόρου. ἐὰν δέ τις μὴ ἐπι[τε]-
l. 40 λέσῃ, μὴ ἄμεινον αὐτῶι εἶναι. ἀναγραφῆναι δὲ εἰς τὴν αὐτὴν παρασ[τά]-
δα καὶ τόδε τὸ ψήφισμα. ᾑρέθη ἐπὶ τῆς ἀναγραφῆς
τῶν ψηφισμάτων Μαιάνδριος Ἀρτεμιδώρου.
38Notes
39l. 11-12 [ἀτέλει]αν rest. Wilhelm ; [oἰκονομί]αν Kern.
40l. 23 Le texte est corrompu ; Ad. Wilhelm (Beiträge 282, n. 10) l’a restitué tel que nous le reproduisons, alors que O. Kern éditait : χορῃγῆσαι.
41Traduction
42 Manquent les premières lignes.
[--------]
l. 4 que tous les habitants de la ville et du territoire accordent à la déesse, selon leurs moyens, les honneurs qui conviennent chaque année le 6 du mois d’Artémisiôn, à l’occasion de la fête appelée “Eisitèria”, d’une manière digne des bienfaits advenus et advenant toujours grâce à elle à notre population, [le Peuple]5 pensant que, selon la coutume ancestrale, les enfants doivent être dispensés de leurs études et les esclaves de tout travail, concédant l’atélie aux marchands au jour dit afin de rendre encore plus manifeste le zèle du Peuple, mettant en pratique toutes les dispositions du décret concernant la piété à l’égard de la déesse, prescrivant, en outre, que des libations et des prières soient accomplies par les magistrats en corps6 ainsi que des sacrifices.
l. 16 Il convient que le Peuple se soucie avec encore plus d’ardeur des (décisions) déjà prises et qu’il (fasse) transcrire, sur le montant ouest du portique nord7, là où se trouve le bucrane, le décret validé alors que Polycleidès était stéphanéphore au mois d’Hagnéôn, lequel concernait les honneurs décidés auparavant8, après désignation à main levée d’un homme pour (procéder à) la transcription (du décret) qu’il accomplira avec l’aide de l’architecte, les frais engagés pour la transcription étant prélevés sur les premiers revenus du sanctuaire pour l’année en cours.
l. 24 Afin que tous sachent qu’il convient d’amplifier les honneurs dûs à Artémis aux Eisitèria d’Artémis, que le secrétaire du Conseil, ses successeurs et l’antigraphe de chaque année, le deuxième jour après la désignation de la prêtresse et du stéphanéphore, aient l’obligation de faire prendre connaissance du décret proposé par Diagoras, fils d’Isagoras au sujet de la gestion des Eisitèria. S’ils n’en font pas la lecture conformément à ce qui est prescrit, que chacun d’entre eux soit redevable de 1000 drachmes9 et qu’il soit possible à qui le veut parmi les citoyens qui en ont le droit d’intenter une accusation devant les auditeurs des comptes pour (recevoir) la moitié de la somme. Que l’homme qui aura été désigné pour (procéder à) la transcription des (sommes) concernées dépose le décompte auprès du secrétaire du Conseil et de l’antigraphe. Il y aurait avantage à ce que les propriétaires de maisons ou d’ateliers édifient des autels par leurs propres moyens devant leur porte, les couvrent d’enduit et y inscrivent (le nom) d’Artémis Leucophryènè Nicéphore. Si quelqu’un ne s’exécute pas, qu’il n’en aille pas pour le mieux pour lui. Que soit gravé aussi le présent décret sur le même montant10. Maiandrios, fils d’Artémidôros11 a été désigné pour la gravure des décrets.
43Commentaire
44Magnésie du Méandre a été fondée à l’époque archaïque par des Grecs qui prétendaient venir de Thessalie et avoir fait escale en Crète12 avant de s’installer en Ionie. Elle est la seule cité ionienne à ne pas avoir d’accès à la mer, étant située dans la basse vallée du Méandre. Originellement installée sur la rive même du fleuve, elle fut déplacée à cause de l’ampleur de l’alluvionnement et refondée au début du ive s. a.C. par le Spartiate Thibron sur un site distinct, au pied du mont Thorax qui appartient au même massif que le Cap Mycale et où se trouvait le sanctuaire d’Artémis, jusqu’alors hors les murs, près du Léthé, affluent du Méandre13.
45La cité de Magnésie est installée sur la rive droite du Méandre, au voisinage de deux cités beaucoup plus puissantes et possédant des sanctuaires anciens et prestigieux : d’une part, Milet, située au sud, de l’autre côté du golfe du Latmos (aujourd’hui comblé par les alluvions du fleuve), avec le sanctuaire du Didymeion et son oracle, et, d’autre part, Éphèse, au nord de Magnésie, avec son sanctuaire d’Artémis fameux entre tous. À la fin du iiie et au début du iie s. a.C., la région est la proie de conflits frontaliers causés notamment par les visées expansionnistes de Milet à la recherche de terroirs plus vastes et plus riches que les siens, exigus et montagneux.
46Ainsi le territoire de Myonte, également convoité par les cités limitrophes d’Héraclée du Latmos, de Priène et de Magnésie, est annexé par Milet avant d’être donné à Magnésie en 201 par Philippe V de Macédoine devenu maître de l’Ionie et … rendu à Milet, en 188, par Manlius Vulso, qui le déclara sacré à cause de son sanctuaire d’Apollon. Peu après la paix d’Apamée, Myonte est, à nouveau, l’enjeu de deux guerres, l’une entre Milet et Héraclée, l’autre, entre Milet et Magnésie, alliées respectivement à Héraclée et à Priène : Magnésie remporta la victoire. L’hydrographie instable de la région de la basse vallée du Méandre favorise les contestations au sujet des frontières de cités aux territoires imbriqués14.
47Sous domination lagide (sous Ptolémée III), Magnésie semble avoir joui d’une certaine indépendance à la fin du iiie s. au moment où, à l’instar d’autres cités de la région, comme Cos avec les Asclépieia, Téos avec les Dionysia et Milet elle-même avec les Didymeia, elle lança à l’adresse de tous les Grecs une vaste entreprise visant à faire reconnaître l’une de ses fêtes civiques comme panhellénique15 ; en 1891-1892, les fouilles allemandes ont livré le plus important dossier connu à ce jour concernant une demande d’asylie pour un sanctuaire, une soixantaine de décrets et de lettres gravés sur le mur d’enceinte de l’agora16. Au demeurant, le sanctuaire d’Artémis Leucophryènè jouissait d’une notoriété certaine en Asie mineure puisqu’y étaient exposées des copies d’inscriptions importantes intéressant d’autres cités que Magnésie17.
48Par ailleurs, le site a livré un grand nombre d’inscriptions, parmi lesquelles un extraordinaire récit de la fondation de la cité18 et plusieurs règlements cultuels concernant notamment Zeus Sôsipolis19 et Artémis Leucophryènè (également appelée Leucophrys et Leucophrynè)20. Les fouilles ont également permis d’identifier le sanctuaire de la déesse situé au sud-est du Lethé et à l’est de l’agora. Le temple hellénistique, œuvre d’Hermogénès d’Alabanda est remarquable par une frise ionienne aujourd’hui conservée à Istanbul, Berlin et au Louvre qui figure une Amazonomachie21.
49Comme à Éphèse, les Grecs avaient reconnu dans la principale divinité féminine locale leur propre Artémis et l’avaient vénérée en adjoignant au nom de la déesse l’épiclèse de Leucophryènè, inconnue par ailleurs. Les représentations de ces deux divinités civiques étaient originellement assez semblables, mais l’Artémis de Magnésie s’était, par la suite, davantage rapprochée de l’Artémis commune, peut-être pour se différencier de l’Artémis éphèsienne qui conserva, en revanche, ses traits exotiques22. En effet, en Grèce continentale, il est peu de sanctuaires d’Artémis dont le renom dépasse le cadre civique (Artémis Ortheia à Sparte et Artémis Amarynthia en Eubée constituent des exceptions)23 ; en revanche, en Asie mineure, la déesse, identifiée à des divinités féminines asiatiques anciennes, a connu une grande fortune à l’époque hellénistique dans des sanctuaires où tous les Grecs se rendaient comme celui d’Éphèse, mais aussi comme divinité poliade dans des cités moins importantes, comme Bargylia24.
50L’épiclèse de Leucophryènè s’explique par un procédé bien connu dans d’autres sanctuaires : il s’agirait du nom d’une héroïne dont le tombeau se trouve dans le téménos, comme celui d’Iphigénie à Braurôn25 et à laquelle on offrait peut-être un sacrifice avant la thusia en l’honneur de la déesse. Elle est présentée comme la fille du roi carien Mandrolytos qui aurait permis de prendre la ville à Leukippos, héros fondateur qualifié de kathègèmôn26, qui était originaire de Carie ou de Lycie et qui aurait conduit les Magnètes de Crète en Ionie27. Les Grecs ont décomposé le mot en une fausse étymologie et l’ont compris comme signifiant “aux sourcils blancs”. En fait, l’épiclèse résulte de l’hellénisation d’un toponyme “Leucophrys” qui désignait soit l’ancien établissement auprès duquel les Magnètes fondèrent la cité soit le mont qui prit, par la suite, le nom de Thorax et où se trouvait le sanctuaire de la déesse28. Ce dernier était ancien et possédait un temple auquel le décret LSA 33 A fait allusion en le qualifiant de palaios (l. 15). Était-il en ruines à la fin du iiie s. ? ou les Magnètes voulaient-ils un temple neuf, plus grand et plus conforme à leur goût ? En tout cas, ils se firent construire un édifice entièrement nouveau par Hermogénès qui édifia aussi le temple de Zeus Sôsipolis dans leur cité et celui de Dionysos à Téos29. Le nouveau Parthénon se caractérise par sa magnificence (mégaloprépeia, A l. 14-15) et par l’“amplification” des ouvrages (épauxésis, A l. 14), le terme s’appliquant dans le second décret à la fête elle-même (τὰς τίμας συνεπαύξειν, B l. 24).
51Le culte d’Artémis a été réorganisé à trois reprises : d’abord au tournant des iiie et iie s., à la suite d’une épiphanie de la déesse datée de 221/220 a.C.30, les Magnètes consultent Apollon à Delphes (cité à laquelle ils avaient envoyé du secours lors de l’invasion galate en 279 a.C.) et, sur son instance, demandent l’asylie et organisent un concours en l’honneur de la déesse destiné aux Grecs d’Asie31. Cependant, cette initiative ne rencontre pas grand succès et quatorze ans plus tard, au moment où les Coens transforment leurs Asclépieia en concours panhellénique, les Magnètes, de leur côté, demandent aux Grecs de reconnaître l’asylie de leur principal sanctuaire et les invitent à participer à un concours stéphanite, isopythique32. L’analogie entre les deux sanctuaires est corroborée par leur monumentalité, destinée à recevoir des foules nombreuses et à impressionner les fidèles ou les visiteurs et par l’épais dossier des réponses envoyées dans les deux cas par les cités et les rois33. Dans les dernières années du iiie s., la construction du temple ayant suffisamment avancé, la statue cultuelle put être mise en place et consacrée (καθίδρυσις)34.
52Cependant, une fois encore, il ne semble pas que l’initiative des Magnètes ait connu le succès escompté : en effet, les Leucophryéna et la déesse ne sont guère attestées en dehors de Magnésie35. Enfin, après la Guerre d’Aristonicos, dans un contexte favorable aux restaurations ou aux réorganisations cultuelles (comme l’attestent par ailleurs les règlements de Bargylia36), les Magnètes décidèrent de restaurer le sanctuaire et de donner un nouvel éclat à la fête d’Artémis37. Cette fois, il ne s’agissait plus de promouvoir une fête comme panhellénique, mais d’organiser une fête purement civique marquant le début de l’année.
53Notre texte se compose de deux décrets de dates différentes : le premier est relatif à la fête accompagnant l’installation de la statue d’Artémis Leucophryénè ; le second est postérieur à la restauration du temple de la déesse. Fr. Dunand a placé d’une manière convaincante le premier dans les dernières années du iiie s.38 Dans le second, qui la désigne aussi comme Archégète (“fondatrice”)39, la déesse apparaît avec une épiclèse qui ne lui est pas associée dans le premier et qui ne figure pas davantage dans le dossier des réponses civiques et royales40 : Nicéphore. Certains savants l’ont mise en rapport avec des victoires des Magnètes dans les guerres qui les ont opposées à des cités voisines : ainsi la paix conclue avec Milet à l’automne 196 a été l’occasion de fonder la fête de Zeus Sôsipolis en réglementant notamment la procession et le sacrifice, auquel Artémis Leucophryènè et Apollon Pythios sont également associés41. Sans sousestimer l’importance que pouvaient revêtir ces conflits locaux dont l’enjeu résidait dans la possession de maigres cantons (en l’occurrence, Milet était toujours à l’affût de terroirs agricoles à contrôler), on peut, comme Fr. Hiller von Gaërtringen l’a suggéré, rapporter l’instauration des Eisitèria à un événement plus significatif : la fin de la Guerre d’Aristonicos42. Artémis intervient, en effet, à la guerre lorsque se joue le destin d’une cité et dans des situations confuses où les combattants font l’expérience d’un retour au chaos. Ces caractères semblent particulièrement appropriés à la Guerre d’Aristonicos qui avait jeté l’Asie mineure dans une totale confusion. Nous disposerions ainsi d’un diptyque unique : d’une part, une réforme de culte appartenant au grand mouvement qui caractérise la fin du iiie s. et, d’autre part, un règlement appartenant à “l’été indien”.
54Le début du décret LSA 33B manque ; il devait comporter dans les premières lignes, non pas (contrairement au premier) un résumé comparable à la scriptura exterior des papyrus43, mais l’intitulé juridique, comme le décret réglant le culte de Zeus Sôsipolis44. Comme c’est généralement l’usage, la fête est désignée par l’énumération de ses principales phases : une procession, des libations et un sacrifice (σπονδαὶ καὶ θυσίαι [A l. 7], θυσία καὶ πομπή [A l. 33]). Elle porte le nom d’Eisitèria qui se rencontre aussi à Athènes et à Milet et s’applique, alors, aux fêtes d’inauguration, notamment à l’entrée des éphèbes dans leur année de service45.
55Le second décret fait explicitement référence au premier, en précisant qu’il faut mettre en pratique le contenu du premier décret et, de surcroît, celui du nouveau (B l. 13-15). Il dispose, entre autres, que le premier décret doit être gravé “sur le montant ouest du portique nord” (B. l. 20), alors qu’il avait, jusqu’alors, simplement dû être conservé dans les archives (ce qui pourait expliquer la forme de son intitulé [A. l. 1-10]). La fête est dénommée “Eisitèria” (B l. 7), mais l’orthographe de son nom varie, soit ᾿Ισιτήρια (A l. 44), soit Εἰσιτήρια (B l. 25). Avant sa célébration qui a lieu le 2 du mois Artémisiôn, quatre jours avant la fête, le secrétaire du Conseil lit publiquement le texte du premier décret (B l. 26-31) afin de rappeler comment elle doit se dérouler, une fois qu’on a procédé à l’élection de la prêtresse et du stéphanéphore. C’est à cette condition que, rendue ainsi encore plus solennelle, les Eisitèria peuvent commencer.
56Le 6 du mois Artémisiôn (qui correspond soit au Mounychiôn soit à l’Élaphèboliôn attique46), est le jour anniversaire de la déesse : la nouvelle prêtresse d’Artémis et le nouveau stéphanéphore qui est éponyme, à Magnésie comme à Milet, entrent en fonction. La prêtrise est annuelle (A l. 31-34), ce qui suggère que la prêtresse n’est pas désignée par le Peuple kata génous, mais à l’intérieur d’un groupe plus large, peut-être parmi toutes les épouses de citoyen. Le stéphanéphore n’a pas de fonction politique, mais seulement cultuelle, probablement en rapport avec le culte d’Apollon comme dans la cité voisine de Milet que Magnésie a pu vouloir imiter ; l’instauration de sa fonction doit remonter à 221/22047. De fait, les Eisitèria d’Artémis à Magnésie peuvent se comparer à la fête d’Apollon Delphinios à Milet, dont le règlement est inclus dans la stèle des Molpes, parce qu’elle marque aussi le début de l’année48. Il ne s’agit pas, d’ailleurs, du début de l’année au sens strict car il paraît peu vraisemblable qu’il ait lieu le 6 du mois, mais, en fait, de la première fête importante.
57Les sources littéraires permettent de comprendre la singularité de ces fêtes de début de l’année, parmi lesquelles se rangent notamment les Panathénées athéniennes. Elles apparaissent comme le climax d’une série d’autres fêtes qui les précèdent et qui marquent la fin de l’année civile et la sortie de charge des magistrats49.
58À Magnésie, l’importance exceptionnelle des Eisitèria se marque par une trêve (ekécheiria) générale qui se décline en congé pour les enfants des écoles, pour les esclaves et en vacances pour les tribunaux (comme aux Asclépieia de Lampsaque)50. La trêve ne signifie pas l’absence de guerre au-delà de Magnésie, mais a un sens plus restreint d’immunité pour les personnes qui viennent participer ou assister à la fête. Une atélie est, en outre, accordée aux commerçants (B l. 11-12) puisque la fête est l’occasion d’une foire. L’exemption de taxes vise à faciliter et multiplier les transactions51. En effet, comme la fête religieuse marque une rupture dans le cours du temps, les lois habituelles ne sont plus en vigueur.
59Les Eisitèria comprennent des prières, des libations, une procession, des sacrifices. La prière prend un caractère fortement officiel puisqu’elle est prononcée par le héraut spécialisé dans les affaires sacrées (hiérokèrux) devant la population assemblée et l’ensemble des magistrats et des prêtres. Le hiérokèrux est connu dans d’autres cités où sa fonction consiste à dire les prières publiques et à faire prêter serment aux magistrats ou aux agents cultuels, comme, encore une fois, à Milet52. À Magnésie, il accomplit le même service pour la fête de Zeus Sôsipolis53.
60Tous les participants sont vêtus de blanc (qui symbolise le dénuement des mortels en face de la divinité) et couronnés de feuillage en l’honneur de la déesse (A l. 38-39) pour marquer l’imminence d’un contact avec le divin. Puis, comme souvent dans les cultes d’Artémis, des chœurs de jeunes filles chantent des hymnes pour la déesse (A l. 28-29), peut-être après la prière officielle sur l’agora ou durant la procession qui conduit de l’agora (cadre de la prière) au sanctuaire (cadre du sacrifice) ou même dans le sanctuaire (puisque le néocore, particulièrement attaché à ce lieu, se charge de les organiser). Les libations (qui, par une sorte de gradation dans les offrandes, précèdent le sacrifice sanglant) peuvent se placer soit sur l’agora après la prière, soit dans le sanctuaire (B l. 15). Une fois arrivés au sanctuaire, les participants assistent au sacrifice officiel (thusia A l. 33) qui est offert par la prêtresse d’Artémis et le stéphanéphore. La nature des victimes n’est pas mentionnée dans les parties des décrets qui nous sont conservées. D’autres sources indiquent qu’était sacrifié un zébu sur l’autel monumental d’Artémis que les historiens de l’art ont souvent comparé avec le Grand autel de Pergame : un relief et des monnaies du Bas-empire semblent illustrer ce sacrifice54.
61La formule ἄμεινον ἐστί ou ἄμεινον εἶναι55 employée à deux reprises à la fin du texte (B l. 36-37, 40) indique le recours à un oracle dont le texte (ou, à défaut, la substance) sont ici retranscrites, comme dans le règlement du culte de Zeus Sôsipolis. Apollon Pythien est notamment vénéré à Magnésie par le sacrifice d’un bouc sur l’autel d’Artémis Leucophryénè le jour de la fête de Zeus Sôsipolis56. En effet, les Magnètes, dans leur volonté constante de se distinguer des Ioniens, ne consultent Apollon ni à Didymes, sous le contrôle de Milet, ni à Claros, malgré la proximité de ces deux sanctuaires. Puisqu’ils affirment être originaires de Thessalie, ils se piquent de le consulter à Delphes et font de cet oracle l’un des principaux acteurs du récit de fondation de Magnésie : il intervient pour inciter les Magnètes au départ, puis leur enjoint de quitter la Crète, où ils s’étaient déjà établis, pour l’Asie mineure57. Il a, en outre, été consulté au sujet de l’amplification des Leucophryéna en 221/220 a.C. Sa réponse est transcrite dans le récit de fondation et dans les décrets civiques ou lettres royales d’acceptation : λώιον εἶμεν καὶ ἄμεινον τοῖς σεβομένοις Ἀπόλλωνα Πύθιον καὶ Ἄρτεμιν Λευκοφρυηνὴν καὶ τὰμ πόλιν καὶ τὰγ χώραν τὰμ Μαγνήτων τῶν ἐπὶ Μαιάνδρου ἱερὰν καὶ ἄσυλον νομιζόντοις58.
62La consultation de l’oracle explique probablement aussi le fait que les règlements pour Zeus Sôsipolis comme pour Artémis Leucophryènè affirment se conformer à la tradition (la piété en particulier à l’égard d’Artémis Leucophryènè est une tradition à Magnésie du Méandre rappelle le texte A [l. 19]) alors même que l’un et l’autre apportent des innovations dans l’organisation de la fête.
63Cela implique que la particularité la plus notable des Eisitèria réside dans la tendance à inclure les non-citoyens. Les destinataires des bienfaits de la déesse sont le peuple entier de Magnésie (plèthos [A l. 20, B l. 9], la population et non les seuls citoyens). Les femmes et les enfants sont associés aux prières adressées à la déesse (A l. 46) et les étrangers résidents participent à la prière officielle (A l. 43).
64D’abord, les femmes forment une procession qui n’est pas appelée πομπή (A l. 33), mais ἔξοδος (A l. 26). Cette dernière dénomination s’explique par le besoin de la distinguer de la procession solennelle qui doit essentiellement comporter les citoyens qui participeraient, ensuite, au sacrifice et au banquet officiels. Les femmes, de leur côté, doivent apporter des offrandes afin de procéder à un sacrifice, vraisemblablement non sanglant et, surtout, elles se rendent dans le sanctuaire pour y jouer leur rôle dans le rituel, qui consiste à être “parèdres” de la divinité. Le mot s’applique en Asie mineure soit à des dieux soit à des fidèles. Ici toutes les femmes participant à la procession exercent la fonction de parèdres et le mot doit signifier, comme l’a suggéré Fr. Dunand, “assistantes de la déesse” ou plutôt de la prêtresse. Cette fonction s’expliquerait par le rôle important des femmes dans le culte de la déesse59, comme dans les Mystères d’Andania60. La personnalité d’Artémis Leucophryènè est, en effet, susceptible d’entraîner une participation féminine à son culte : les chœurs de jeunes filles sont fréquents dans les fêtes de la déesse, par exemple celles d’Ortheia à Sparte61. La participation des femmes adultes pourrait être motivée par le rôle d’Artémis dans la délivrance des femmes enceintes62. Les femmes pouvaient, d’ailleurs, avoir tenu le premier rôle dans le culte de la déesse féminine indigène à laquelle la Leucophryènè avait succédé63.
65Dans le règlement le plus ancien, les étrangers résidents (katoikountes) assistent à la prière officielle au cours de laquelle le héraut les sollicite pour faire, parallélement au sacrifice officiel offert par les magistrats, des sacrifices chez eux, devant leur porte64 ; cette invite est formulée d’une manière plus vague dans le second règlement où le statut juridique de ceux qui sont encouragés à faire des sacrifices privés semble plutôt être la citoyenneté puisque ce sont les propriétaires de maisons et d’ateliers qui sont sollicités65. Ils doivent aussi enduire les autels qu’ils auront construits afin d’y écrire le nom de la déesse66. Cette sollicitation s’explique probablement par l’interdiction pour les étrangers d’assister au sacrifice officiel et de prendre part au banquet civique. Ils peuvent, en revanche, tenir des sacrifices et des banquets privés, partageant ainsi sinon le lieu, du moins le temps de la fête avec les citoyens, comme dans le culte royal pour Antiochos III et Laodicè à Téos67.
66On voit qu’il ne s’agit pas de contester l’exclusivité des citoyens dans la participation aux cultes civiques, mais plutôt de fixer exactement dans un texte juridique la place accordée aux femmes (qui pourrait être l’héritage d’une tradition anatolienne préhellénique) et aux étrangers.
Conclusion
67L’Artémis Leucophryènè présente plusieurs caractères d’une divinité poliade à Magnésie du Méandre : l’explication de son épiclèse est liée à la légende de fondation de la cité, elle figure sur les monnaies à partir des années 300 a.C., son apparition est efficace pour sauver la cité, sa principale fête qui inaugure l’année a fait l’objet d’une tentative d’“internationalisation” dans les dernières années du iiie s. a.C.68
68Les Eisitèria d’Artémis sont réformées à deux reprises. D’abord, au début du iie s., lorsqu’un nouveau temple est construit par Hermogénès d’Alabanda : il s’agit d’“amplifier” à la fois la beauté du temple et les manifestations de piétè. Deux générations plus tard, la paix revenue, après la Guerre d’Aristonicos dans laquelle ils étaient alliés aux Romains, les Magnètes choisissent de rendre plus solennel le culte de leur déesse poliade en réformant sa principale fête, celle des Eisitèria qui marque le début de l’année. L’initiative consiste à remettre en vigueur les rituels accomplis par le passé (c’est-à-dire depuis la fin du iiie s.) et à les “amplifier” (B. l 24). La différence entre les deux règlements réside essentiellement dans la lecture officielle du règlement le plus ancien avant la célébration des Eisitèria restaurées. L’objectif des Magnètes est donc de restaurer la tradition.
69La fête civique des Eisitèria n’est pas strictement réservée aux citoyens : les femmes (probablement les épouses des citoyens) participent aux rites qui ont lieu dans le sanctuaire de la déesse ; par ailleurs, les étrangers sont invités à offrir chez eux des sacrifices privés à la divinité poliade durant cette fête qui marque aussi le début de l’année civile. En revanche, il semble clair que seuls les citoyens prennent part au banquet qui succède au sacrifice officiel.
Une cité réorganise le fonctionnement d’un oracle prestigieux
70N° 17. Démétrias (Coropè)
71LSG 83 et 84.
72Règlements au sujet de l’oracle d’Apollon Coropaios et de la protection de son bois sacré.
73LSG 83.
74Publication
75H. G. Lolling, AM 7 (1882), 69-76 (Ch. Michel, 842 ; W. Dittenberger, Syll.2, 790.I ; L. Ziehen, LGS II, 80 ; Fr. Hiller von Gärtringen, Syll.3, 1157) ; O. Kern, IG IX.2, 1109 I (Fr. Sokolowski, LSG 83).
76Cf. Ad. Wilhelm, AM 15 (1890), 287, n. 3 ; Hermes 44 (1909), 40-59, sur les deux décrets de Démétrias : 40-53 ; W.St. 34 (1912), 411-414 ; M. Holleaux, RPh 21 (1897), 181-188 ; M. Holleaux, ÉtÉpHist 1.247 (Démétrias siège des pouvoirs fédéraux) et 364-366 (sur ce dossier) ; O. Kern, Festschrift Otto Hirschfeld, 1903, 322-326.
77Bibliographie
78L. Robert, Hellenica 5.16-28.
79Amandry 1939, 196-198.
80Amandry 1950, 150, n. 4.
81Daux 1959.
82Habicht 1987.
83A. G. Woodhead, SEG 17.302.
84Sur le site de Coropè.
85Lolling 1882, 69-71.
86F. Stählin, RE (1922) s.v. Korope.
87Stählin 1924, 53-54.
88Date
89Fin du iie s. a.C., peut-être vers 100 (Fr. Sokolowski).
90Peu après 116 (reconstitution du koinon thessalien) d’après Ad. Wilhelm.
91Texte
92l. 1 Ἱερέως Κρίνωνος τοῦ Παρμενίωνος, μηνὸς Ἀρείου δεκάτηι,
Κρίνων Παρμενίωνος Ὁμολιεὺς ὁ ἱερεὺς τοῦ Διὸς τοῦ Ἀκραί-
ου καὶ Διονυσόδωρος Εὐφραίου Αἱολεὺς ὁ στρατηγὸς τῶν Μα-
γνήτων καὶ οἱ στρατηγοὶ Αἰτωλίων Δημητρίου Παγασίτης, Κλεο-
l. 5 γένης Ἀμύντου Ἁλεύς, Μένης Ἱππίου Αἱολεύς, καὶ οἱ νομοφυλά-
κες Μενέλαος Φιλίππου Ἰώλκιος, Αἰνίας Νικασιβούλου, Ἀλέξαν-
δρος Μενίσκου Σπαλαυθρεῖς καὶ Μένανδρος Νικίου Κοροπαῖος
εἶπαν. ἐπεὶ τῆς πόλεως ἡμῶν καὶ πρὸς τοὺς ἄλλους μὲν θεοὺς
εὐσεβῶς διακειμένης, οὐχ ἥκιστα δὲ καὶ πρὸς τὸν Ἀπόλλωνα
l. 10 τὸν Κοροπαῖον, καὶ τιμώσης ταῖς ἐπιφανεστάταις τιμαῖς διὰ τὰς
εὐεργεσίας τὰς ὑπὸ τοῦ θεοῦ, προδηλοῦντος διὰ τοῦ μαν-
τείου καὶ κατὰ κοινὸν καὶ κατ᾿ ἰδίαν ἑκάστω(ι) περὶ τῶν πρὸς ὑγίεια[ν]
καὶ σωτηρίαν ἀνηκόντω(ν), δίκαιον δὲ ἐστιν καὶ καλῶς ἔχον, ὄν-
τος ἀρχαίου τοῦ μαντείου καὶ προτετιμημένου διὰ προγό-
l. 15 νων, παραγινομένων δὲ καὶ ξένων πλειόνων ἐπὶ τὸ χρηστη-
ρίον, ποιήσασθαί τινα πρόνοιαν ἐπιμελεστέραν τὴν πόλιν
περὶ τῆς κατὰ τὸ μαντῆον εὐκοσμίας. δεδόχθαι τῆι βουλῆι καὶ
τῶι δήμωι. ὅταν συντελῆται τὸ μαντῆον, πορεύεσθαι τόν
τε ἱερέα τοῦ Ἀπόλλωνος τὸν εἱρημένον ὑπὸ τῆς πόλεως,
l. 20 καὶ τῶν στρατηγῶν καὶ νομοφυλάκων ἀφ᾿ ἑκατέρας ἀρχῆς
ἕνα, καὶ πρύτανιν ἕνα καὶ ταμίαν, καὶ τὸν γραμματέα τοῦ
θεοῦ καὶ τὸν προφήτην. ἐὰν δέ τις τῶν προγεγραμμένων ἀρρωσ-
τῇ ἢι ἐγδημῇ, ἕτερον πεμψάτω. καταγραψάτωσαν δὲ οἱ στρα-
τηγοὶ καὶ οἱ νομοφυλάκες καὶ ῥαβδούχους ἐκ τῶν πολιτῶν ἄν-
l. 25 δρας τρεῖς, (μὴ) νεωτέρους ἑτῶν τριάκοντα, οἱ καὶ ἐχέτωσαν ἐξου-
σίαν κωλύειν τὸν ἀκοσμοῦντα. διδόσθω δὲ τῶ(ι) ῥαβδούχωι ἐκ τῶν
λογευθησομένων χρημάτων ὀψωνίον ἠμερῶν δύο τῆς ἡμέρας
ἑκάστης δραχμὴ μ(ί)α. ἐὰν δέ τις τῶν παραγραφέντων εἰδὼς μὴ
παραγένηται, ἀποτεισάτω τῆι πόλει δραχμὰς æ, παραγραψάν-
l. 30 των αὐτὸν τῶν στρατηγῶν καὶ νομοφυλάκων. ὅταν δὲ παρα-
γένωνται οἱ προειρημένοι ἐπὶ τὸ μαντεῖον καὶ τὴν θυσίαν ἐπι-
τελέσωσι κατὰ τὰ πάτρια καὶ καλλιερήσωσιν, ὁ γραμματεὺς
τοῦ θεοῦ ἀποδεξάσθω ἐξ αὐτῆς τὰς ἀπογραφὰς τῶν βουλομένων
χρηστηριασθῆναι καὶ πάντας ἀναγράψας τὰ ὀνόματα εἰς λεύκωμα
l. 35 παραχρῆμα προθέτω τὸ λεύκωμα πρὸ τοῦ ναοῦ καὶ εἰσαφεῖτω κατὰ
τὸ ἑξῆς ἑκάστης ἀναγραφῆς ἀνακαλούμενος, εἰ μὴ τισιν συγ-
κεχώρεται πρώτοις εἰσιέναι. ἐὰν δὲ ὁ ἀνακληθεὶς μὴ παρῇ, τὸν
ἐχόμενον εἰσαγέτω, ἕως ἂν παραγένηται ὁ ἀνακληθείς. καθήσθω-
σαν δὲ οἱ προγεγραμμένοι ἐν τῶι ἱερῶι κοσμίως ἐν ἐσθῆσιν λαμ-
l. 40 πραῖς, ἐστεφανωμένοι στεφάνοις δαφνίνοις, ἁγνεύοντες
καὶ νήφοντες καὶ ἀποδεχόμενοι τὰ πινάκια παρὰ τῶν μαν-
τευομένων. ὅταν δὲ συντελεσθῇ τὸ μαντεῖον, ἐμβαλόν-
τες εἰς ἀγγεῖον κατασφραγισάσθωσαν τῇ τε τῶν στρα-
τηγῶν καὶ νομοφυλάκων σφραγῖδι, ὁμοίως δὲ καὶ τῆι
l. 45 τοῦ ἱερέως καὶ ἐάτωσαν μένειν ἐν τῶι ἱερῶι. ἄμα δὲ τῆι ἡ
μέραι ὁ γραμματεὺς τοῦ θεοῦ προσενέγκας τὸ ἀγγεῖον καὶ ἐ-
πιδείξας τοῖς προειρημένοις τὰς σφραγῖδας ἀνοιξάτω καὶ ἐ-
κ τ[ῆς ἀναγ]ραφῆς ἀν[α]καλῶν ἑκάστοις ἀποδιδότω τὰ πινάκ-
[κια----------------------------τοὺ]ς χρησμοὺς [---]
l. 50 -----------------------------------------------
---------------------------ασε[--------οἱ δὲ ῥαβδού]-
χοι προνοείσθωσαν τῆς εὐκοσμίας. ὅταν δὲ ἡ ἔν[ν]ομ[ος ἐκκλη-]
σία ἐν τῶι Ἀφροδισιῶνι μηνί, πάντων πρῶτον οἱ ἐξετασταὶ ὁρκιζ[έτω]-
σαν ἐναντίον τοῦ δήμου τοὺς προειρημένους ἄνδρας τ[ὸν ὑπο-]
l. 55 γεγραμμένον ὅρκον. ὀμνύω Δία Ἀκραῖον καὶ τὸν Ἀπόλλω[να]
τὸν Κοροπαῖον καὶ τὴν Ἄρτεμιν τὴν Ἰωλκίαν καὶ τοὺς ἄλλους θε-
οὺς πάντας καὶ πάσας, ἐπιτετελεκέναι ἕκαστα, καθά [περ] ἐν
τῶι ψηφίσματι διασαφεῖται τῶι κεκυρωμένωι περὶ τοῦ [μα]ντεί-
ου ἐφ᾿ ἱερέως Κρίνωνος τοῦ Παρμενίωνος. καὶ ἐὰν ὀμόσ[ω]σιν, ἔστω-
l. 60 σαν ἀθῶιοι. ἐὰν δέ τις μὴ ὀμόσηι, ὑπόδικος ἔσ[τ]ω τοῖς ἐξε[τασ]
ταῖς καὶ ἄλλωι τῶι βουλομένωι τῶν πολιτῶν [τοῦ π]ερὶ τούτου ἀ-
δικήματος, καὶ ἐὰν οἱ ἐξεστασταὶ δὲ μὴ ποιή[σωσί]ν τι τῶν προγε-
γραμμένων, ὑπεύθυνοι ἔστωσαν τοῖς μετ[ὰ τ]αῦτα ἐξεστασ-
ταῖς καὶ ἄλλωι τῶι βουλομένωι. ἵνα δὲ ἐπιτελῆται διὰ παντὸς
τὰ δεδογμένα, διαπαραδιδόναι τόδε τὸ ψήφισμα τοὺς δὲ κα-
l. 65 τ᾿ἐνιαυτὸν αἰρουμένους στρατηγοὺς καὶ νομοφύλακας τοῖς
μετὰ ταῦτα κατασταθησομένοις ἄρχ[ο]υσιν. ἀναγραφῆναι δὲ
καὶ τοῦ ψηφίσματος τὸ ἀντίγραφον εἰς [κί]ονα λιθίνην γενομέ-
νης τῆς ἐγδόσεως διὰ τῶν τειχοπ[οιῶ]ν, ἣν καὶ ἀνατεθῆναι
ἐν τῶι ἱερῶι τοῦ Ἀπόλλωνος τοῦ [Κ]οροπαίου.
93Notes
94l. 25 (μὴ) νεωτέρους Daux ; μὴ νεωτέρους cet.
95l. 26 δραχμὴ μ(ί)α corr. Robert ; δραχμὴν Α Sokolowski.
96Traduction
97l. 1 Sous la prêtrise de Crinôn, fils de Parméniôn, le 10 du mois d’Areios, le prêtre de Zeus Acraios69, Crinôn, fils de Parméniôn, d’Homolion70, le stratège des Magnètes, Dionysodôros, fils d’Euphraios, d’Aiolè, et les stratèges Aitôliôn, fils de Démétrios, de Pagasai, Cléogénès, fils d’Amyntas, d’Halos, Ménès, fils d’Hipppias, d’Aiolè et les nomophylaques Ménélas, fils de Philippe, d’Iolchos, Ainias, fils de Nicasiboulos et Alexandros, fils de Méniscos, (tous deux) de Spalauthra et Ménandros, fils de Nikias, de Coropè ont fait la proposition.
l. 8 Attendu que, notre cité étant pleine de piété à l’égard de tous les dieux, mais tout particulièrement à l’égard d’Apollon Coropaios et lui témoignant les honneurs les plus éclatants à cause des bienfaits concernant la santé et le salut accordés par le dieu qui se manifeste au moyen de l’oracle, aussi bien à la communauté qu’à chacun en particulier, il est conforme aux lois divines et humaines71, du fait que l’oracle est ancien et honoré spécialement72 par nos ancêtres et que beaucoup d’étrangers sont venus aussi pour le consulter, que la cité prenne une mesure plus stricte73 au sujet du bon ordre concernant l’oracle.
l. 17 Plaise au Conseil et au Peuple. Lorsque l’oracle fonctionne, que l’on fasse venir le prêtre d’Apollon désigné par la cité ainsi que, parmi les stratèges et les nomophylaques, un magistrat par fonction, un prytane et un trésorier, le secrétaire du dieu et le prophète. Si l’un de ceux dont le nom est inscrit à l’avance est malade ou en voyage, qu’il envoie quelqu’un d’autre (à sa place). Que les stratèges et les nomophylaques désignent d’office74 aussi trois rhabdouques parmi les citoyens ayant moins de trente ans75 et que ces derniers aient le pouvoir de contraindre celui qui cause du désordre. Que l’on remette au rhabdouque sur les sommes recueillies par quête une indemnité pour deux jours, (à raison) d’une drachme76 par jour. Si quelqu’un parmi ceux qui ont été inscrits, bien que le sachant, ne se présente pas, qu’il paie à la cité une amende de cinquante drachmes et que les stratèges et les nomophylaques notent son nom77. Lorsque ceux qui sont inscrits se seront présentés (pour consulter) l’oracle et qu’ils auront accompli le sacrifice conformément à la tradition78 et obtenu les présages favorables, que le secrétaire du dieu montre immédiatement les listes de ceux qui veulent consulter l’oracle et après avoir transcrit tous les noms sur une affiche, qu’il place immédiatement le tableau à l’entrée du temple et qu’il fasse entrer (les consultants) en les appelant à haute voix selon l’ordre de chaque liste, sauf s’il a été accordé à certains d’entrer les premiers ; si celui qui a été appelé n’est pas là, qu’il fasse entrer celui qui se présente, jusqu’à ce que celui qui a été appelé soit là. Que ceux dont le nom aura été inscrit à l’avance entrent dans le sanctuaire en bon ordre, en habits blancs, portant des couronnes de laurier, en état de pureté rituelle, sans avoir bu de vin et avec leur tablette remise par ceux qui rendent les oracles. Lorsque l’oracle aura été rendu, après avoir jeté (les tablettes) dans un vase, qu’ils scellent ce dernier du sceau des stratèges et des nomophylaques ainsi que de celui du prêtre et qu’ils le laissent dans le sanctuaire. Au point du jour, après avoir apporté le vase et montré les sceaux à ceux qui ont été désignés plus haut, que le secrétaire du dieu les rompent et, en énumérant les noms d’après la liste, remette à chacun sa tablette. --------les oracles--------
l. 51 que les rhabdouques prennent soin du bon ordre79. Lorsque se tiendra l’assemblée régulière au mois d’Aphrodisiôn, avant tout, que les vérificateurs80 fassent prêter devant le Peuple aux hommes désignés plus haut le serment gravé ci-après : “Je jure par Zeus Acraios, Apollon Coropaios, Artémis Iolkia et tous les autres dieux et déesses, d’accomplir toutes les prescriptions, comme cela est signifié dans le décret au sujet de l’oracle qui a été validé sous le prêtre Crinôn, fils de Parméniôn. S’ils prêtent serment, qu’ils soient exempts de poursuites. Si quelqu’un refuse de prêter serment, qu’il soit passible de poursuites81 pour ce délit devant les vérificateurs82 et celui des citoyens qui le souhaite. Et si les vérificateurs se dérobent à l’une des choses prescriptions ci-dessus mentionnées, qu’ils soient passibles de poursuites devant les vérificateurs qui leur succèdent et devant celui des (citoyens) qui le souhaite.
l. 63 Afin que les décisions prises soient toujours exécutées, que ceux qui seront désignés chaque année comme stratèges et comme nomophylaques transmettent ce décret aux magistrats qui leur succéderont. Que soit gravée la copie du décret sur une colonne de pierre, les frais engagés étant couverts par les contrôleurs de murailles83 et que celle-ci soit érigée dans le sanctuaire d’Apollon Coropaios.
98LSG 84.
99Règlement pour la protection du bois sacré d’Apollon Coropaios.
100Publication
101H. G. Lolling, AM, 7 (1882), 73-76 (Ch. Michel 842 ; W. Dittenberger, Syll.2, 790.II ; L. Ziehen, LGS II, 81) ; O. Kern, IG, IX.2, 1109 II ; Fr. Hiller von Gärtringen, Syll.3, 1157.II ; Chandezon 2003, n° 19.
102Date La même date que le texte précédent.
103Texte utilisé : Syll.3, 1157.II.
104Texte
105l. 1 Ἱερέως Κρίνωνος τοῦ Παρμενίωνος, μηνὸς Ἀρτεμισιῶνος δεκάτηι,
Κρίνων Παρμενίωνος Ὁμολιεὺς ὁ ἱερεὺς τοῦ Διὸς τοῦ Ἀκραίου καὶ
Διονυσόδωρος Εὐφραίου Αἰολεὺς ὁ κοινὸς στρατηγὸς καὶ οἱ στρατη-
γοὶ καὶ οἱ νομοφυλάκες εἶπαν. ἐπεὶ τὰ ὑπάρχοντα δένδρα ἐν τῶι ἱε-
l. 5 ρῶι τοῦ Ἀπόλλωνος τοῦ Κορ(ο)παίου εἰσὶν κατεφθαρμένα, ὑπολαμ-
βάνομεν δὲ ἀναγκαῖον εἶναι καὶ συμφέρον γενέσθαι τινὰ πε-
ρὶ τούτων ἐπιστροφήν, ὥ[στε] συναυξηθέντος τοῦ τεμένου(ς) ἐ-
πιφανεστέραν γίν[εσθαι τὴν τοῦ] τ[ό]που μεγαλομερείαν. διὸ καὶ δε-
δόχθαι τῆι βουλῆι κα[ὶ τῶι δήμωι, τὸν] καθεσταμένον νεωκορεῖν
l. 10 ποεῖν συμφανὲς [πᾶσιν τοῖς ἀεὶ π[αραγινομένοις εἰς τὸ ἱερὸν τὸ μηθενὶ
ἐξεῖναι τῶν πολ[ιτῶν μηδὲ τῶν ἐνοικούντων μηδὲ τῶν ἐνδη-
μούντων ξένων [δένδρα κόπτειν ἐν τ]ῶι διασαφουμένωι τόπωι μηδὲ κο-
λούειν. ὁμοίω[ς δὲ καὶ μὴ εἰσβάλλειν θρέμματα νομῶς ἕνεκεν μηδὲ
στάσεως εἰ δὲ μὴ ἀποτίνειν τῆι πόλει δραχμὰς æ τῷ δὲ προ-
l. 15 σαγγείλα[ντι διδόσθαι τοῦ εἰσπραχθέντος τὸ ἥμισυ παραχρῆμα παρὰ
τῶν ταμιῶν. ἐὰν δὲ δοῦλος ἦι, μαστ]ιγοῦσθαι ὑπὸ τῶν στρατηγῶν καὶ νο-
μοφυλάκ[ων ἐπὶ τῆς ἀγορᾶς πληγὰς ἑκατόν, τοῦ δὲ θρέμματος ἀποτί-
νειν ἑκάστου ὀβολόν. ποιεῖσθαι δὲ τὰς προσαγγελίας τούτων πρὸς τοὺς
διασαφουμένους ἄρχοντας. ἀναγραφῆναι δὲ καὶ τοῦ ψηφίσματος τὸ ἀν-
l. 20 τίγραφ[ον-------Ἀπό]λλωνος, ὃ καὶ προτεθῆναι πρὸ τῆς εἰσόδου
τοῦ νεωκορίου, γενομένης ἐγδόσεως ὑπὸ τῶν τειχοποιῶν, ὅπως πα-
ρακολουθῶσι οἱ παραγινόμενοι πάντες τὰ δεδογμένα. διαπαραδιδόσ-
θω δὲ τὸ ψήφισμα τόδε καὶ τοῖς αἱρετησομένοις μετὰ ταῦτα στρατηγοῖς
[<στρατηγοῖς> καὶ νομοφυ]λάξιν νομοθεσίας τάξιν ἔχον. ἔδοξεν
l. 25 τῆι βουλῆι καὶ τῆι ἐκκλησίαι.
106Traduction
107 Sous la prêtrise de Crinôn, fils de Parméniôn, le 10 du mois d’Artémisiôn, Crinôn, fils de Parméniôn, d’Homolion, le prêtre de Zeus Acraios, Dionysodôros, fils d’Euphraios, d’Aiolè, le stratège fédéral, les stratèges et les nomophylaques ont fait la proposition.
Attendu que les arbres qui se trouvent dans le sanctuaire d’Apollon Coropaios sont très endommagés, nous sommes d’avis qu’il est nécessaire et utile qu’on leur porte quelque attention, afin que la majesté du lieu soit évidente, puisque le sanctuaire a pris de l’ampleur.
l. 8 Pour cette raison, plaise au Conseil et au Peuple que le néocore en fonction fasse savoir à tous ceux qui viennent dans le sanctuaire qu’il n’est permis à personne parmi les citoyens, les enoikoi et les étrangers de passage [d’abattre des arbres] à l’intérieur de l’espace mis en évidence ni de faire du bois. De la même façon, il n’est pas (permis) d’introduire du bétail pour qu’il paisse ou reste sur place. Dans le cas contraire, que (le contrevenant) paie à la cité (une amende de) cinquante drachmes et que les trésoriers reversent immédiatement la moitié de l’amende aux dénonciateurs.
l. 16 S’il s’agit d’un esclave, qu’il reçoive cent coups de fouet sur l’agora sur ordre des stratèges et des nomophylaques, que le (contrevenant) paie une obole pour chaque tête de bétail. Que l’on fasse les dénonciations aux magistrats désignés plus haut. Que l’on fasse graver la copie de ce décret [dans le sanctuaire] d’Apollon qui sera placée devant le local du néocore, les frais engagés étant couverts par les contrôleurs des murailles, afin que tous ceux qui viennent (au sanctuaire) respectent les décisions prises. Que ce décret soit transmis aux stratèges et aux nomophylaques qui seront désignés par la suite, comme ayant force de loi. Il a plu au Conseil et à l’Assemblée.
108Commentaire
109Les deux décrets sont transcrits sur la même stèle de marbre blanc brisée en deux morceaux : le premier porte les lignes 1 à 49 du premier décret, le second les vingt dernières lignes du premier décret et l’intégralité du second, mais les deux morceaux de la stèle ne se raccordent pas84. M. Holleaux a écarté définitivement la possibilité d’un raccord avec un troisième fragment pour suppléer le milieu du premier décret85. Leur déchiffrement était difficile, mais les textes ont été finalement établis, avec, pour le premier, le texte des IG IX.2, 1109 ou celui de la Syll.3 et, pour le second, le texte de Syll.3 1157 qui tient compte des corrections d’Ad. Wilhelm et rend obsolète le texte des IG86.
110La date fut d’abord placée par H. G. Lolling au ier s. p.C., puis par O. Kern (1903) au ier s. a.C. En fait, la mention d’Aitôliôn, fils de Démétrios permet de préciser la date : ce personnage appartenait au même collège (synarchia) que Théodotos, fils de Diogénès qui était hiéromnémon des Magnètes (dans l’amphictionie delphique) en 13087. La grande ressemblance des règlements de Démétrias avec celui des Mystères d’Andania (aussi bien dans sa forme, avec beaucoup de parallèles précis, mais aussi sur le fond car, dans les deux cas, la cité réaffirme son contrôle sur un sanctuaire prestigieux de la lointaine chôra) porte à adopter une date proche de 100 a.C.
111Coropè, ancienne cité magnète, située sur la côte du golfe de Pagasai, à l’est de l’actuelle Volos, est devenue une komè de Démétrias lorsque cette dernière a été fondée au début du iiie siècle88. Le sanctuaire d’Apollon Coropaios a continué à exister comme sanctuaire de la chôra, à 35 kilomètres environ de Démétrias : deux jours sont nécessaires à la consultation de l’oracle et deux jours supplémentaires pour le trajet. On comprend donc que certains magistrats puissent se faire tirer l’oreille s’ils pensent avoir mieux à faire que de remplir l’obligation qui leur est faite de se rendre au sanctuaire et de consacrer quatre jours à cette opération89.
112La découverte des inscriptions IG IX.2, 1109 et 1202 à 1207 par H. G. Lolling (dont plusieurs sont en rapport avec Apollon ou des sacrifices) a permis de fixer le site du sanctuaire, alors que celui de Korakai, kômè dont il dépend demeure inconnu90. Même si les habitats antiques ne se trouvent dans la région de Démétrias que sur le littoral, il est probable que les abords du sanctuaire d’Apollon (à quelque distance de la côte) étaient cependant relativement peuplés vers 100 a.C.91
113C’est Démétrias qui a émis les deux décrets (δεδόχθαι τῆι βουλῆι καὶ /τῶι δήμωι [premier décret, l. 17-18], δε-δόχθαι τῆι βουλῆι κα[ὶ τῶι δήμωι [second décret, l. 8-9]) et non le koinon des Magnètes92. On voit cependant que des magistrats civiques et des magistrats fédéraux sont également impliqués dans le processus législatif et on peut donc en conclure que la cité et le koinon ont collaboré à l’élaboration des textes93. La proposition émane d’un groupe (l. 2 à 8) comprenant à la fois le stratège fédéral, les stratèges civiques (Aitôliôn, fils de Démétrios de Pagasai, Cléogénès, fils d’Amyntas, d’Halos, Ménès, fils d’Hippias d’Aiolè) et les nomophylaques de Démétrias (Ménélas, fils de Philippe, d’Iolchos, Énias, fils de Nicasiboulos et Alexandros, fils de Méniscos, [tous deux] de Spalauthra et Ménandros, fils de Nikias, de Coropè). Les magistrats portent les ethniques correspondant aux cités dont ils proviennent. Pagasai, Halos, Aiolè, Iolchos, Spalauthra, Coropè sont les dèmes de Démétrias, dont plusieurs sont cités par Strabon94. Cependant, le formulaire est celui de la cité (comme le répètent les lignes 8, 16, 19, 29, 83) et non du koinon. Pour le koinon, l’expression attendue est δεδόχθαι τοῖς συνέδροις (IG IX.2, 412,1104, 1106), alors que pour la cité nous trouvons soit δεδόχθαι τῆι βουλῆι καὶ τῶι δήμωι soit ἔδοξε τῆι βουλῆι καὶ τῶι δήμωι ou τῆι ἐκκλησίαι (IG IX.2, 1005, 1108).
114La date est indiquée par le nom du prêtre de Zeus Acraios qui est éponyme à Démétrias. En outre, la procédure présente quelques singularités : d’une part, les décrets du koinon comme ceux de Démétrias peuvent présenter une formule de résolution à la fin du texte, comme dans le second décret95. D’autre part, les deux décrets font référence à la boulè comme instance législatrice : c’est l’habitude à Démétrias, alors que la mention d’un conseil est rare dans les autres cités de Thessalie96. L’assemblée régulière est appelée ennomos, comme c’est souvent le cas en Thessalie97 (“lorsque se tiendra l’assemblée régulière au mois d’Aphrodisiôn”, l. 52-53). La mention des magistrats fédéraux de Thessalie à côté des magistrats civiques de Démétrias prouve que le sanctuaire avait une importance qui dépassait le cadre civique et qu’il intéressait l’ensemble du koinon.
115Ces deux décrets ne concernent pas la restauration d’un culte abandonné98. Bien au contraire ; le sanctuaire a beaucoup de succès : “c’est précisément l’empressement des consultants qui apporte le trouble”99. Comme le note péremptoirement L. Robert, il n’y a pas à y voir “le refroidissement de la piété populaire et le caractère factice de telles restaurations”100 : de telles affirmations sont gratuites et relèvent des préjugés attachés à la religion civique à l’époque hellénistique. Ce n’est pas la désaffection pour un culte qui nécessite qu’on légifère sur son organisation, mais au contraire le fait qu’il concerne tous les citoyens, ou plutôt toute la population (comme l’indiquent nettement les décrets : il y a afflux d’étrangers pour consulter l’oracle [l. 15-16] et toutes les catégories de la population sont amenées à fréquenter le sanctuaire – en l’occurrence, en risquant de laisser paître indûment les troupeaux).
116Le premier décret ne fournit de précisions ni sur le sacrifice, ni sur l’organisation financière, ni sur le procédé mantique utilisé. La seule prescription financière qui y soit rappelée concerne les sommes recueillies par la quête parce qu’elles servent à payer les rhabdouques qui sont institués par le décret101. Nous ignorons la périodicité des consultations : “lorsque l’oracle fonctionne” (l. 18) n’est pas précisé car tout le monde connaît la ou les dates, compte tenu de son succès”. Seul le néocore devait se trouver dans le sanctuaire durant toute l’année102.
117Le but du texte n’est pas de restaurer l’oracle, mais simplement d’assurer son bon fonctionnement, de maintenir le bon ordre (eucosmia) durant les consultations ; le bon ordre a une signification religieuse car le désordre est une perturbation du cosmos établi par Zeus conformément à Dikè. Pour réaliser l’eucosmia dans le sanctuaire, deux mesures s’imposent : il faut assurer la présence des magistrats et organiser la file d’attente. Pour éviter l’absentéisme des magistrats (qui risquait d’empêcher la consultation de l’oracle, si le néocore et le prophète n’étaient pas en mesure de maintenir l’ordre), le premier décret prévoie en cas de voyage ou de maladie que le magistrat défaillant trouve personnellement un remplaçant qu’il devra lui-même convaincre de la validité de son excuse – sûre garantie pour la cité. Ainsi il y aura forcément sept magistrats : le prêtre, le prophète (dont la fonction est de transmettre la réponse du dieu aux consultants), le secrétaire du dieu et un représentant par collège pour les stratèges, les nomophylaques, les prytanes et les trésoriers (l. 18-22).
118Pour organiser la file d’attente, il faut prévoir le cas où l’un des consultants déjà inscrits sur la liste ne se présente pas au moment voulu, lorsqu’on fait l’appel ; dans ce cas, lorsqu’il arrive, il est pris immédiatement en considération. Pour assurer l’ordre, on nomme des rhabdouques (l. 25). Les nomophylaques sont invités à désigner d’office (καταγράφω) trois rhabdouques, des “porteurs de baguette” : ἄνδρας νεωτέρους ἑτῶν τριάκοντα. L. Ziehen avait introduit une négation (μή), conformément au principe général d’ancienneté qui fait qu’un âge mûr est requis pour exercer des charges nécessitant de l’autorité (par exemple, celle de sophroniste à Athènes requiert quarante ans103). G. Daux a montré que les “porteurs de baguettes” devaient, au contraire, être des jeunes gens capables de s’opposer physiquement à ceux qui voudraient troubler le bon ordre du sanctuaire. En effet, ce que la cité attend de ces porteurs de baguette n’est pas l’autorité de l’âge mûr (comme c’est le cas pour des citoyens qui sont susceptibles d’infliger une sanction104 : Ad. Wilhelm allègue le cas de fraude sur les prix au marché “le premier citoyen présent, d’au moins trente ans [μὴ ἔλαττον ἢ τριάκοντα γεγονὼς ἔτη], châtiera le jureur et pourra le frapper impunément), mais la force physique qui permet de chasser un perturbateur”105.
119Bien que l’objet du décret puisse être résumé d’un mot, l’eucosmia du sanctuaire, et ne porte pas sur la consultation de l’oracle, nous apprenons des détails sur la procédure suivie. D’abord, pour éviter tout favoritisme, les consultants s’inscrivent dans leur ordre d’arrivée et, lorsqu’il n’y a plus de nouveaux consultants, la liste est transcrite sur une affiche qui est immédiatement placardée (afin qu’elle ne puisse pas être retouchée). Sont exceptés de ce processus ceux qui ont un privilège de promanteia (inconnu à Démétrias, mais bien connu à Delphes où P. Amandry en a expliqué le fonctionnement106). Ensuite, les magistrats (c’est-à-dire “ceux qui ont été désignés à l’avance”) recueillent des mains des consultants les tablettes (pinakia) sur lesquelles sont inscrites les questions à poser au dieu.
120Le texte ne dit rien du mode de consultation de l’oracle, mais enjoint aux magistrats désignés de conserver durant toute la nuit les tablettes dans un vase, afin que, le lendemain, les consultants puissent recevoir leurs réponses dans l’ordre où ils ont été inscrits sur la liste. On peut en déduire que, la veille, les questions ont été posées au dieu, les réponses divines transcrites sur une tablette et que les consultants doivent passer la nuit dans le sanctuaire, tandis que la réponse à leur question gît dans le vase scellé, et attendre le lendemain pour en prendre connaissance “au point du jour”. Ainsi, tous pourront repartir chez eux dès le matin et retourner à leurs occupations habituelles. Comme l’a souligné L. Robert, le fait de passer la nuit dans le sanctuaire n’est pas un rituel d’incubation : la réponse du dieu ne viendra pas d’un rêve, mais est déjà inscrite sur la tablette qui repose dans l’urne scellée. Cependant, c’était là, à n’en pas douter, une expérience religieuse forte que de dormir à la belle étoile ou sous une tente dans un lieu inconnu et empli de la présence divine en se demandant qu’elle était la réponse du dieu à la question posée la veille et qui comportait un enjeu existentiel (maladie, voyage, mariage, etc.). Il s’agit, en effet, d’hygieia (santé) et de sôtéria (bonheur), deux mots qui apparaissent lorsque l’on fait appel à des divinités thérapeutiques, de celles qu’on qualifie de “secourables” (hupècoos) ou de “sauveurs” (sôtêr), comme Asclépios et les divinités auxquelles il est possible de s’adresser pour des questions privées.
121La procédure présente une lointaine similitude avec celle des urnes scellées utilisée par les Athéniens pour consulter le dieu de Delphes au sujet de la mise en culture de la terre sacrée (orgas) d’Éleusis107. Une querelle de frontières les opposait aux Mégariens, au moins depuis les années précédant la Guerre du Péloponnèse ; elle portait sur une terre qui était sous le contrôle du sanctuaire des Deux Déesses et dont le hiérophante recevait une part des revenus. Afin de trancher la querelle d’une manière incontestable, les Athéniens avaient décidé de consulter Apollon et, pour cela, ils ont au préalable rédigé deux lamelles d’étain portant les deux réponses possibles à leur question ; ils ont roulé les lamelles pour en dissimuler le contenu, les ont encore cachées dans un flocon de laine, puis les ont glissé, l’une, dans une hydrie d’or et l’autre, dans une hydrie d’argent. Le dieu est invité à désigner l’un des deux vases comme contenant l’expression de sa volonté : soit “il est avantageux et profitable pour le Peuple athénien que l’archonte-roi afferme les terres maintenant cultivées dans les limites de l’orgas sacrée, pour employer le revenu à construire le portique et à entretenir le temple des Deux Déesses”, soit “il est avantageux et profitable pour le Peuple athénien qu’on laisse non cultivées en l’honneur des Deux Déesses les terres maintenant cultivées dans les limites de l’orgas sacrée”. Apollon répond que l’orgas doit rester en friche. Dans ce dernier cas, tous ignorent – sauf Apollon – quel est le contenu des vases scellés, puisqu’il a été tiré au sort. À Démétrias, au contraire, les tablettes n’entrent pas dans une procédure de tirage au sort : elles ont seulement un intérêt pratique, faciliter la consultation de la réponse du dieu.
122Le second décret vise aussi à sauvegarder l’eucosmia du sanctuaire, non pas spécifiquement lors des consultations de l’oracle (comme le premier décret), mais d’une manière générale. Le sanctuaire est, comme souvent dans la chôra, un bois sacré (alsos), même si le mot est absent de notre texte, comme de toute la documentation épigraphique. Le dieu possède le bois qui lui rapporte des revenus : protéger les arbres permet donc de sauvegarder les intérêts financiers d’Apollon108.
123Comme le suggère Chr. Chandezon, les enoikoi ne sont probablement pas des étrangers résidents, mais des comètes de Démétrias109 car les inscriptions de l’époque énumèrent volontiers trois catégories : des citoyens, des paroikoi ou enoikoi et des étrangers résidents. De fait, ce sont là les catégories de personnes qui peuvent être amenées à utiliser le sanctuaire pour leurs troupeaux. En dehors de la période de consultation de l’oracle (c’est-à-dire la plupart du temps), le sanctuaire se trouve assez isolé et placé seulement sous la garde du néocore ; dès lors les habitants de la région ont pu prendre l’habitude de considérer les terres du domaine sacré d’Apollon, comme vacantes : ils ont donc pu y construire des abris destinés au bétail ou l’utiliser comme lieu de στάσις, c’est-à-dire d’aire de repos pour les animaux qui restent sur place sans paître, sous les arbres et à l’abri de la chaleur110. D’où le mauvais état du bois sacré et les décisions présentées dans le second décret pour empêcher que le sanctuaire ne subisse de nouveau des dégradations111.
Conclusion
124Les deux décrets de Démétrias sont une excellente illustration de la vigueur de la religion civique au tournant des iie et ier siècles. Ils attestent que, même dans un sanctuaire rural éloigné où il est incommode de se rendre pour les magistrats qui encadrent la fête, comme pour les fidèles venus consulter le dieu, un culte ancien reste bien vivant. Ce n’est pas parce que le sanctuaire est négligé que Démétrias doit légiférer à son sujet ; au contraire une affluence excessive nécessite des dispositions appropriées à une fréquentation intense. En particulier, il est impératif de fixer l’ordre dans la file d’attente et de rationaliser à la fois la manière dont les questions sont posées et la façon dont les oracles sont remis aux consultants. Dans cette optique, les raisons invoquées pour assurer un bon déroulement de la consultation de l’oracle sont de deux ordres : c’est un oracle ancien (archaios), qui a joué un rôle exceptionnel dans le passé (“vénéré tout particulièrement” par les ancêtres) et les étrangers y affluent (il ne faut pas que Démétrias acquiert la réputation de négliger ses cultes traditionnels)112.
125Cependant, tout en mettant en avant le caractère traditionnel du culte, les règlements laissent transparaître une évolution des relations entre les dieux et les fidèles : l’action du dieu par l’entremise de l’oracle concerne la santé (ὑγίεια) et le salut (σωτηρία)113 (comme dans les décrets athéniens de la même période). En somme, à l’époque hellénistique tardive, l’inflexion plus personnelle des demandes qui s’adressent volontiers aux divinités thérapeutiques touche aussi les divinités traditionnelles, comme Apollon Coropaios ; il est vrai que les oracles ont toujours rempli, depuis l’époque archaïque, cette fonction de réponse à une question ne concernant que le consultant.
Notes de bas de page
1 Cf. infra, p. 97.
2 Le mot Parthénon désigne le temple d’Artémis comme à Bargylia (cf. infra, p. 265).
3 ékécheiria.
4 L’antigraphe est un archiviste, chargé de conserver les antigraphai, c’est-à-dire les copies des textes officiels (décrets, règlements cultuels, comptes etc.), comme on le voit à la fin du texte B (l. 35-36).
5 Nous restituons pour le sens le substantif auquel se rattachent ensuite plusieurs participes : οἰομένου (l. 9), συνκεχωρηκότος (l. 11), [κατα-]χωρίσαντος (l. 13-14).
6 La synarchia est la réunion en corps des magistrats.
7 O. Kern s’étonne de cette dénomination car les décrets ont été gravés sur le portique sud de l’agora ; elle pourrait s’expliquer si elle signifie “regardant vers le nord” et “non situé au nord”, à moins que l’ancien nom du portique ait subsisté alors qu’il était inclus dans un nouvel ensemble orienté différemment (Kern 1901, 499 et n. 1).
8 Les timai pour la déesse (cf. A l. 17 et B l. 24).
9 Wilhelm, Beiträge, 1909, 282 : Le T doit signifier 1000 (car c’est plutôt le sampi qui sert à noter 900).
10 Cf. Wilhelm, Jahreshefte 6(1903), 11= Abhandlungen I, 173.
11 Le nom de ce personnage ainsi que son patronyme le prédisposait à cette tâche ! L’anthroponyme Maiandrios est construit sur le nom du fleuve Maiandros, lui même peut-être identique à la divinité Mandros qui pourrait avoir été un dieu carien (Laumonier 1958, 524-525).
12 Kern, I.Magnesia 17. La revendication d’une origine thessalienne dans ce texte contemporain de l’alliance de Magnésie avec Philippe V semble s’expliquer par le désir des Magnètes de se distinguer des Ioniens et en particulier des Milésiens avec lesquels la rivalité et les conflits armés sont constants ; cf. Dusanic 1983, 29-41.
13 Kern 1894, 12-14 ; Laumonier 1958, 527.
14 Magie 1950, I.103-104.
21 Vitr. 3.2.6 (le temple est le type du pseudodiptère à propos duquel Hermogénès avait écrit un traité théorique) et 7. Praef.12 ; Str. 14.140 (647). Sur les vestiges du temple : Humann 1904 et sur la frise : Yaylali 1976.
15 Dunand 1978, 202-203.
16 Rigsby 1996, n° 66-131.
17 Notamment le traité entre Smyrne et les soldats du Mont Sipyle (c. 240) dont l’une des copies est conservée à Smyrne et l’autre dans le sanctuaire d’Artémis à Magnésie (Staatsverträge n° 492, l. 84).
18 Kern, I.Magnesia 17 ; Kern 1894 ; Ebert 1982.
19 LSA 32 (197/196 a.C.).
20 Seule la forme Leucophryènè est attestée dans les inscriptions.
21 Vitr. 3.2.6 (le temple est le type du pseudodiptère à propos duquel Hermogénès avait écrit un traité théorique) et 7. Praef.12 ; Str. 14.140 (647). Sur les vestiges du temple : Humann 1904 et sur la frise : Yaylali 1976.
22 Kern 1901, 507 ; Nilsson 1906, 248-249. Les représentations figurées sur les monnaies montrent d’abord (au début du iie s. a.C.) une Artémis assez semblable à celle d’Éphèse (BMC Ionia Pl. XIX 4-6), puis, au milieu du iie s. a.C., une Artémis de type panhellénique (BMC Ionia Pl. XVIII, 9-11).
23 Kern 1938,161.
24 Cf. infra, p. 261-275.
25 Cf. Laumonier 1958, 528 pour d’autres exemples du même phénomène.
26 Kern, I.Magnesia 17, l. 36-37.
27 Kern 1894, 17-19 ; Laumonier 1958, 528-529.
28 Kern 1838, 167-168 ; Laumonier 1958, 528.
29 Kern 1938, 162.
30 Kern, I.Magnesia 16, l. 5. Pour la date : ibid., p. 13, n. 1.
31 Kern, I.Magnesia 16, l. 7-10 (l’oracle) ; l. 16-18 (institution du concours) ; cf. Kern 1901 ; Ebert 1982.
32 Kern, I.Magnesia 16, l. 23-24 (stéphanite), l. 28-29 (isopythique).
33 Magnésie du Méandre : Rigsby 1996, n° 66-131 ; Cos : Rigsby 1996, n° 8-52.
34 LSA 33 A.
35 Kern 1901, 506-507 ; eiusdem 1938, 167.
36 Cf. infra, p. 261-275.
37 LSA 33 B.
38 Dunand 1978, 210, n. 6 (cependant le dossier concernant Antiochos III et Téos [Hermann 1965] ne fait pas allusion à l’achèvement des travaux du Parthénôn d’Artémis à Magnésie).
39 A l. 18. Le texte relatant la création du concours en l’honneur d’Artémis à la fin du iiie s. lui donne également cette épiclèse (I.Magnesia 16, l. 21).
40 Kern 1938, 167, n. 1.
41 LSA 32, l. 10-21 et 32-46 (la procession), l. 21-31 (la prière du héraut), l. 46-64 (le sacrifice).
42 Ad Syll.3, 695, l. 89 (n. 17, p. 297-298).
43 Wilhelm, Beiträge, 282, n. 10 et 318.
44 LSA 32 l. 1-6.
45 Pélékidis 1962, 217-219. À Athènes, cette inauguration s’appelle aussi ἐγγραφαί (qui signifie “inscriptions” et non “inauguration”) dans les décrets éphébiques athéniens, cf. supra, p. 159 n. 12. Sur les fêtes appelées Eisitèria cf. Deubner 1932, 175, 236. À Milet, le règlement pour le culte du Peuple romain et de la déesse Rome précise que les gymnasiarques à leur entrée en fonction et les nouveaux éphèbes (de même que les gymnasiarques sortant et les anciens éphèbes) doivent offrir un sacrifice le 11 de Tauréôn, le premier mois de l’année (Südmarkt, 203).
46 Trümpy 1997, § 94, p. 110-111. Le mois Ἁγνηιών, orthographié ici Ἁγνεῶν (A l. 2), qui est la date du décret A, correspond à l’attique Pyanépsiôn (octobre-novembre).
47 Nilsson 1906, 250 ; Kern 1938, 164.
48 Herda 2006, 172-173.
49 Davidson 2007, 209-210.
50 Lampsaque : LSA 8 (iie s. a.C.).
51 Chandezon 2000.
52 Georgoudi 2005, 47 et 49 (témoignages 218 à 227). Il dit les prières publiques : par exemple à Milet (Delphinion 150, l. 23-25 [traité avec Héraclée c. 180 a.C.], Delphinion, 145, l. 36 [fondation d’Eudème pour une école]) ; il fait prêter serment : Milet (Delphinion, 150, l. 105-109 ; Delphinion, 145, l. 43 ; Delphinion, 149, l. 51) ; il proclame les fêtes : Lampsaque LSA 8, l. 22-25 (iie s. a.C. pour les Asclépieia) ; il proclame des récompenses : Cos, Syll.3, 943 (à l’occasion des Dionysies).
53 LSA 32, l. 21-22.
54 Laumonier 1958, 532 (cf. aussi Kern 1892, 277 : toutefois, le relief ne représente pas un autel monumental, mais un petit autel cylindrique).
55 Ad. Wilhelm, Neue Beiträge III, 23-24 sur lôion kai ameinon.
56 LSA 32, l. 49 (sacrifice), l. 52-53 (autel).
57 Kern 1894, 10 (I.Magnesia 16, l. 5 [premier oracle]) ; 11 (ibid., l. 20 [deuxième oracle]) ; 11-12 (ibid., l. 26-51 [trois nouveaux oracles consécutifs]).
58 Kern 1901, 492 : “Il est profitable et préférable que ceux qui vénèrent Apollon Pythien et Artémis Leucophryènè considèrent la ville et le territoire de Magnésie du Méandre comme sacrés et inviolables”.
59 Dunand 1978, 204 et n. 20.
60 Cf. infra, p. 229-231.
61 Calame 1977.
62 Ainsi elle porte l’épiclèse d’Eileithyia à Thasos (décret pour Épiè : BCH 83 [1959], p. 363 =SEG 18.343, l. 17-18).
63 Laumonier 1958, 527.
64 A l. 8-9 et 43-45.
65 B l. 36-39 ; cf Herrmann 1965, 60, n. 20.
66 B l. 38-39 ; cf. aussi IvOl 662 et I.Magnesia 98, l. 51.
67 Décret des Téiens pour Antiochos III et Laodice III (probablement 203), SEG 41.1003, II, l. 24-25 : θύειν δὲ καὶ ἑορτάζειν καὶ τοὺς ἄλλους πάντας τοὺς ο[ἰκοῦντας] τὴμ πόλιν ἡμῶν ἐν τοῖς ἰδίοις οἴκοις ἑκάστους κατὰ δύν[αμιν] “que tous les autres habitants de notre cité offrent un sacrifice et observent la fête, dans leur propre maison, chacun selon ses moyens” (trad. J. Ma 2004, n° 18, p. 359).
68 Les critères utilisés sont ceux qu’a déterminés U. Brackertz (1976) pour définir une “divinité poliade” ; cf. supra, p. 19 n. 6. Naturellement, il n’y a pas une seule divinité poliade par cité : en l’occurrence, à Magnésie, Zeus Sôsipolis (comme l’indique notamment son épiclèse) est aussi poliade.
69 Zeus Acraios avait un sanctuaire dans une grotte au sommet du Pélion, appelée Chirônion où des jeunes gens désignés par le prêtre se rendaient (Héraclide, FHG, 2. 262.fr. 60).
70 Le personnage est aussi connu par IG IX.2, 1105, l. 7.
71 L’expression dikaiôs kai kalôs est une variante de ὁσίως καὶ δικαίως et signifie donc un peu plus que son sens littéral (cf. Deshours 2006, 59-60).
72 προτιμᾶν ou τιμᾶσθαι, cf. Robert 1945, 42-43.
73 L. Robert, Hellenica 5.19.
74 καταγράφω : “désigner d’office” ; cf. Syll.3, 731, 13 (Tomis).
75 G. Daux (1959, p. 287) a mis en évidence qu’il ne fallait pas introduire de négation, contrairement à ce que L. Ziehen avait proposé.
76 Chr. Habicht (1987, 270, n. 7) a lu : ΔΡΑΧΜΗΝ Α sur la pierre.
77 παραγράφω : noter le nom, en particulier “notifier par écrit une amende” ; Wilhelm 1909, 51 et Syll.3, 736, l. 47 ; Gauthier-Hatzopoulos 1993, 89-90 (loi gymnasiarchique de Béroia, l. 33) ; Fröhlich 2004, 88.
78 kata ta patria.
79 eucosmia.
80 exétastai.
81 ὑπεύθυνος, malgré l’étymologie, n’a pas toujours le sens technique de “soumis à reddition de compte”, mais simplement celui de “responsable” ou plutôt “passible de poursuites judiciaires” ; dans ce cas, le sens du mot n’est guère différent de ὑπόδικος cf. Fröhlich, 2004, 59-63.
82 Ces magistrats (exétastai) sont des contrôleurs des comptes, ils peuvent engager des poursuites judiciaires et sont également souvent chargés de l’affichage, du maniement et de l’enregistrement des documents publics cf. Fröhlich 2004, 117-167, et en particulier p. 129.
83 À Athènes, les teichopoioi sont des magistrats chargés de réparer les fortifications de la cité (L. S. J. cite IG II2, 244, l. 31 du ive s. a.C.).
84 Lolling 1882, 69-70.
85 Holleaux 1897, 186-188. Le troisième fragment concerne le culte de Zeus Acraios.
86 L. Robert, Hellenica 5.16.
87 Lolling 1882, 74 ; Kern 1903, 326 ; Wilhelm 1890, 289.
88 Stählin 1922, RE, s.v. Korope.
89 L. Robert, Hellenica 5.22. Sur le site : Lolling 1882, 69-71 ; Stählin 1929, 219-220.
90 Stählin 1924, 53-54.
91 Chandezon 2003, 95.
92 Fr. Hiller von Gaertringen, Syll.3, 1157, p. 301, p. 302-303 n. 9.
93 Chandezon 2003, 92, n. 218 qui renvoie à Wilhelm 1890, 286, n. 2.
94 Str. 9.515 (436), cf. Fr. Hiller von Gaertringen, Syll.3, 1157, p. 301 ; sur Démétrias et ses dèmes, cf. Stählin 1924, 65-78.
95 Rhodes-Lewis 1997, 179.
96 Rhodes-Lewis 1997, 180.
97 Rhodes-Lewis 1997, 180.
98 L. Robert, Hellenica 5.19.
99 L. Robert, Hellenica 5.21.
100 L. Robert, Hellenica 5.20 ; contra Guillon 1943, II, 157-158.
101 L. Robert, Hellenica 5.19.
102 L. Robert, Hellenica 5.21-22 ; Chandezon 2003, 94.
103 Arist., AP, 42.2 ; cf. Roussel 1942, 12.
104 Pl., Lois, 11.917 c ; Wilhelm 1909, 51.
105 Daux 1959, 287.
106 Amandry 1950, 112-113 n. 3 de la p. 112.
107 IG II2, 204 (352/351 a.C.) = GHI 58. Le passage cité se trouve aux l. 24-30. Sur ce texte, cf. Scafuro 2003.
108 Deshours 2006, 106-107.
109 Chandezon 2003, 94, n. 219.
110 L. Robert, Hellenica 5.27-28 ; cf. Chandezon 2003, 94 n. 22.
111 Chandezon 2003, 95-96.
112 l. 13-17.
113 l. 12-13.
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