La linguistique étrusque en Autriche et en Allemagne : 1928-19421
p. 213-227
Texte intégral
Les travaux linguistiques en Allemagne et en Autriche : le néo-étymologisme et le néo-structuralisme
1La portée de cette communication se limite aux événements concernant les acteurs principaux de la linguistique “officielle” allemande et autrichienne, à leur vision de l’étruscologie à un moment historique très particulier, et à leur biographie. Le moment qui nous intéresse est celui des années trente, alors que la campagne idéologique d’Hitler, qui touche aussi les disciplines historiques, est en train de se former.
2L’importance de l’œuvre d’Eva Fiesel est absolument incontestable. Elle était l’une des rares femmes admises dans la carrière universitaire (au début du vingtième siècle, le pourcentage était très bas) et, dans un compte rendu écrit par Devoto en 1928, elle était déjà décrite comme la plus grande spécialiste de la langue étrusque en Allemagne. Grâce à une attitude scientifique rigoureuse, appréciée par les savants étrangers (y compris par Giacomo Devoto), cette digne élève de Gustav Herbig parvint à des résultats supérieurs à ceux de son mentor dès sa thèse de doctorat sur la marque du genre féminin 1922). (C’est à la lumière de sa réflexion scientifique et de son sort personnel qu’on peut suivre les événements de ces vingt ans de national-socialisme en Allemagne.
3Le jugement porté sur les progrès de l’étruscologie dans les trente premières années du vingtième siècle, tels que les présente Eva Fiesel (dans Etruskisch, 1931), doit évidemment être positif étant donné les résultats obtenus par la recherche, surtout dans le milieu allemand. L’importance des acquisitions du milieu germanophone concernent plusieurs aspects linguistiques, qui vont de l’épigraphie avec Hammarström, à la phonétique avec Cortsen, et à la morphologie avec Eva Fiesel elle-même2.
4Malgré la vision positive de Fiesel, le romantisme allemand, qui avait connu l’application de la méthode étymologique et surtout la naissance de la méthode combinatoire avec Deecke, s’était conclu par l’échec de ces deux méthodes. La méthode étymologique était en effet encore fondée sur la fausse conviction que l’étrusque était apparenté avec des familles linguistiques connues. La méthode combinatoire, qui expliquait les fonctions grammaticales de l’étrusque grâce à la comparaison interne, s’effondra parce qu’elle n’avait pas assez d’éléments sûrs à sa disposition pour poursuivre cet objectif3.
5Mais une limite bien plus importante était l’absence d’un corpus d’inscriptions et l’impossibilité de vérifier les fausses lectures et les fréquentes imprécisions. La critique fut d’abord exprimée au milieu du dix-neuvième siècle par Kirchhoff, qui souligna l’isolement linguistique de l’étrusque4. Son souhait, la formation d’un corpus d’inscriptions étrusques, fut exaucé par Pauli, Herbig et Danielsson à partir de 1893.
6La deuxième critique, concernant la vérification des lectures et des contextes de provenance, est exprimée seulement plus tard de la part de Buonamici pendant le premier colloque international étrusque de 19285. C’est grâce à la sortie des volumes du CIE et à la naissance de l’épigraphie moderne que la méthode combinatoire pourra connaître une seconde fortune dès les années vingt du vingtième siècle, comme le montrent plusieurs contributions de S. P. Cortsen dans Glotta6. L’interprétation des textes longs, qui avait représenté une limite des premiers temps de la méthode combinatoire, devient le terrain d’épreuve de la validité des nouvelles acquisitions linguistiques, souvent par contraste avec la troisième méthode (bilinguistique)7. Le Danois Cortsen participa au colloque italien de 1928 avec un rapport sur une interprétation de l’inscription de Lemnos comme texte étruscoïde, qui témoigne déjà de l’étoffe de ce savant8.
7Le même colloque représenta l’occasion pour Eva Fiesel d’obtenir une renommée internationale, lorsqu’elle eut le mérite de souligner l’importance de la chronologie relative dans l’étude de l’étrusque (fig. 1)9.
8Naturellement, en soutenant la méthode combinatoire, Eva Fiesel ne pouvait obtenir l’approbation d’un savant comme Emil Vetter, expert des langues italiques qui n’abandonna jamais la méthode étymologique, bien qu’elle ait été améliorée de différentes façons – c’est-à-dire appliquée a posteriori en partant du principe de l’étrangeté des langues italiques par rapport à l’étrusque (mais à ce sujet cf. la suite).
9Originaire de l’obscure ville de Voitsdorf dans les Sudètes, presque totalement détruite pendant la deuxième guerre mondiale, Vetter ne se consacra à l’étude de l’étrusque et des langues italiques qu’après sa retraite en 1936, à 58 ans10. Jusqu’alors, il enseignait le latin et le grec au lycée de Vienne VIII (Piaristengymnasium)11 et n’obtint le doctorat qu’à 77 ans, à la faculté de Philosophie. Néanmoins, il trouva de temps en temps l’occasion d’écrire des Literaturberichte pour la revue Glotta dès les années vingt, après la mort de Herbig (1925). Dans son Literaturbericht de 1926 (Glotta 15), Vetter rédigea une liste de tous les ouvrages, d’amateurs ou non, sur l’étrusque, dont la majorité était italophone ou francophone12. L’œuvre d’Eva Fiesel sur le genre féminin n’entre sûrement pas dans la catégorie des ouvrages d’amateurs, mais elle devait être néanmoins critiquée par Vetter13.
10Vetter, même s’il avait accepté la méthode combinatoire dans les années 20 et même s’il avait accepté son application à des cas limités14, resta toujours un étymologiste, comme on peut le voir dans ses Wortdeutungen de 1937. Dans cet ouvrage, il n’hésite à définir l’étrusque “als eine im Bau rein indogermanische Sprache”. Il faut aussi remarquer que son opinion changea avec le temps comme le signale sa nécrologie établie par son élève A. J. Pfiffig, qui souligne son renoncement à l’idée d’une parenté de l’étrusque avec les langues italiques peu avant sa mort15. Ici, il se réfère probablement à son œuvre sur les textes en langue italique de 1953.
11À propos de l’absence du genre grammatical en étrusque, relevée par E. Fiesel, il soutenait plutôt que cette idée était une fausse impression tirée de la ‘perte de substance’ des syllabes non-accentuées et que la marque -i du genre féminin dérivait du contact avec les langues égéennes (en accord avec la théorie de Kretschmer16.)
12La suite donnera naturellement raison à Eva Fiesel (fig. 2 et 3). Dans le compte rendu du volume Etruskisch de 1931, Devoto (1931) critiqua l’attention trop limitée portée à l’œuvre de Goldmann qui avait gagné une importance internationale. Toutefois, ses Beiträge zur Lehre vom indogermanischen Charakter der etruskischen Sprache annoncent clairement, dès le titre, l’orientation scientifique du savant qui rentrait donc dans l’étymologisme de la première manière. L’exclusion de son nom par les partisans de la théorie combinatoire mentionnés par Eva Fiesel, c’est-à-dire Torp, Herbig, Cortsen, était donc pleinement justifiée17.
13L’autre grande question dans les années 20 était celle de l’origine des Étrusques, débattue du point de vue archéologique et linguistique. Eva Fiesel apprécia personnellement la vision de Pauli, qui affirma l’idée de l’appartenance de l’étrusque-tyrsénique au groupe pré-grec grâce à la découverte de la stèle de Lemnos, à l’identification des Tyrsènes avec les Tursha des sources égyptiennes et aux nombreuses concordances entre les noms micro-asiatiques et étrusques18.
14L’inclination d’E. Fiesel pour cette théorie ne manqua pas d’être critiquée par Devoto qui releva la propension de l’auteure pour l’hypothèse orientale, c’est-à-dire celle de l’émigration des Étrusques d’Orient, qui contredisait la théorie prudente de l’isolement reconnu à la langue étrusque19. Devoto soulignait plutôt, avec Trombetti, les relations entre l’étrusque et les idiomes de l’Asie Mineure, fruit d’une unité linguistique plus ancienne interrompue par les migrations indo-européennes20.
15Si, d’un côté, E. Fiesel et S. P. Cortsen s’en tinrent à des questions plus strictement linguistiques, mais dans une perspective “historicisée”, de l’autre la discipline linguistique en Autriche et en Italie avait plus de contacts avec l’histoire et l’archéologie, comme le montre la position de Trombetti et Ribezzo, de Kretschmer et de Leifer entre autres. Cela justifia les essais répétés de comparaison entre des langues distantes afin de prouver l’existence d’une unité hispano-caucasique, égéenne, ou rhéto-tyrrhénique. C’est précisément l’état incertain du concept de proto-indo-européen comme unité linguistique non encore indoeuropéenne, ou non-indo-européenne tout court, selon les thèses ambiguës de Kretschmer21, qui déterminait les principales différences des positions herméneutiques parmi les savants.
16Un problème fondamental, souligné par E. Fiesel, était en fait que, si la séparation de l’étrusque des langues italiques était acquise, il se révélait plus difficile de le séparer du grec, en raison de l’idée, répandue depuis Niebuhr et Müller, d’une unité pré-grecque, nommée pélasgique22.
17C’est dans ce cadre que s’insère l’apport de P. Kretschmer, originaire de Berlin, mais toujours actif dans le milieu viennois comme linguiste et philologue, depuis 1899, date où il obtint une chaire à 33 ans23. Avec Franz Skutsch, il avait fondé la revue Glotta en 1907, dans l’intention d’installer un dialogue entre grammaire comparée et philologie. Ses nombreux voyages en Grèce et dans la Méditerranée lui avaient permis de formuler l’idée fondamentale de l’existence d’une culture et langue méditerranéenne24. Dans la formulation de 1921, une remarque de l’auteur est intéressante : il identifie une composante tyrrhénique soit dans la formation de la future Athènes, soit dans celle de la future Rome : l’“étrusquicité” aurait permis d’unifier les civilisations les plus florissantes de la Méditerranée25.
18Dans sa dernière formulation en 1943, sa théorie sur l’origine de la langue étrusque tint compte des résultats de la recherche archéologique, dans laquelle s’opposaient une civilisation anatolienne et une autre caractérisée par la céramique à bandes, chacune correspondant à une branche du “Protoindogermanisch”26.
19L’un des rares qui se déclarèrent insatisfaits des conclusions de Kretschmer, très vite répandues dans le monde académique, fut Goldmann, indo-européaniste bien plus radical que Vetter, qui critiqua ouvertement Kretschmer dans l’introduction de ses Beiträge de 1929 en observant l’absence de fondements pour la supposée parenté étrusque-lydienne, aussi bien que pour une affinité avec la composante pré-grecque27. Malgré la perspective indo-européaniste de Goldmann, on peut bel et bien partager une bonne partie de ses critiques.
20L’examen de la littérature étruscologique effectué par E. Fiesel en 1931 se concluait avec un bref commentaire de l’œuvre Standes- und Beamtentitel de Cortsen, parue en 1925, qui était certes appréciée par elle mais aussi prudemment confinée au rang des reconstructions difficiles à vérifier. L’importance des résultats de ce dernier est indubitable, comme le démontra sa production jusqu’à sa mort en 1943 (cf. ses analyses syntaxiques réussies et beaucoup d’interprétations lexicales du liber linteus). D’un autre côté, son sens de la certitude et son autosatisfaction quant à la maîtrise de la matière ne manqua pas d’être critiquée par des savants comme Leifer28.
La politique scientifique en Allemagne et le sort des linguistes allemands
21Au début du Reich en 1933, l’organisation des 23 universités allemandes était encore réglementée par les lois promulguées pendant la république de Weimar qui confiaient aux Länder le choix des enseignants et le contrôle de l’habilitation. Dès 1933, des réformes visent progressivement à centraliser l’éducation à tous les niveaux.
22En 1934, en effet, la loi sur la reconstruction du Reich (Gesetz über den Neuaufbau des Reichs) réduisit les Länder au statut d’institutions subordonnées qui perdirent les droits sur l’administration et l’instruction supérieure29. Les présidents d’université devinrent des subordonnés directs du Ministre pour l’éducation du Reich. Le 21 janvier 1935, fut approuvée une autre loi sur le licenciement et sur le déplacement des enseignants des écoles supérieures afin de les réformer (Gesetz über die Entpflichtung und Versetzung von Hochschullehrern aus Anlass des Neuaufbaus des Hochschulwesens)30. Cela eut comme conséquence inévitable une quantité importante de licenciements entre 1933 et 1945, dont les chiffres ne sont pas encore connus de façon certaine. Les dernières données ont permis de souligner, même avec plusieurs problèmes de calcul, que le pourcentage des déplacements a concerné surtout les enseignants universitaires (80 %), alors qu’un nombre plus limité d’enseignants des écoles techniques et commerciales a été touché (environ 10 %). Dans les universités, l’effet ne fut pas partout le même. Un haut pourcentage a touché les femmes (43,8 %)31.
23Le sort d’Eva Fiesel, dès 1933, par exemple, est connu en détail grâce aux études de Hiltrud Hänzschel sur l’antisémitisme vis-à-vis des femmes universitaires32. Après une longue polémique sur l’étude Die Sprachphilosophie der deutschen Romantik, datée de 1927-1928, Eva Fiesel n’arriva jamais à obtenir l’habilitation. Dans le compte rendu de l’ouvrage Namen des griechischen Mythos im Etruskischen, paru en 1928, Devoto concluait avec cette étrange remarque :
“chi pensa che da anni essa lotta da sola per difendere un indirizzo storico non propriamente destinato a suscitare entusiasmi fra i profani, vorrà certo farle giungere una sentita parola di riconoscimento per il nuovo poderoso strumento di ricerca che con questo libro ci offre”.
24Il est possible que cette observation se réfère aux violentes critiques contre la Sprachphilosophie, portées notamment par Walter Benjamin, qui accusa E. Fiesel d’historicisme féminin limité et d’absence d’une vraie éducation littéraire33. E. Fiesel écrivit à l’éditeur Siebeck qu’elle se doutait qu’il existait des raisons personnelles à la base de ces critiques. Le fait que Benjamin écrivit plus tard à l’éditeur de la Frankfurter Zeitung, Siegfried Kracauer, à propos de cette “mégère” et qu’il le remercia de l’avoir protégé lui-même de la croix gammée n’est d’aucune aide pour éclairer la nature de ces motivations personnelles34. Néanmoins, Eva Fiesel put travailler pendant deux semestres à l’université de Munich en 1932. En 1933, elle fut forcée de se retirer à cause d’une pétition initiée par le représentant de l’institut de linguistique35, à laquelle fit suite une contre-pétition signée par les plus grands experts en langues anciennes. Outre Albert Debrunner, de la faculté de linguistique comparée de Iéna, Guido Kaschnitz von Weinberg, professeur d’archéologie classique à Königsberg, Wilhelm Kroll de Breslau, Wilhelm Schulze, Johann Baptist Hofmann, célèbre rédacteur du Thesaurus Linguae Latinae, il y avait Reinhard Herbig, fils de Gustav, qui fut plutôt décevant, ne reconnaissant pas la valeur exceptionnelle de l’enseignement d’Eva Fiesel.
25Le dossier sur cette savante finit dans la rubrique Hilfskräfte, c’est-à-dire dans la rubrique du personnel non spécialisé, et il y sera oublié. Après un bref séjour à Florence, dès 1934, Eva sera accueillie à New York et à Philadelphie, où elle pouvait vérifier la lecture de plusieurs inscriptions sur vases36. Le frère d’Eva Fiesel, Karl Lehmann, professeur d’archéologie à Münster, avait aussi en 1933 abandonné sa place en signe de protestation pour finalement rejoindre sa sœur à New York. Malheureusement, après des années d’incertitudes financières, Eva Fiesel mourut en 1937 d’une tumeur au foie. Sa nécrologie trouva place dans les pages du New York Times37.
26Une des figures-clés de la politique éducative allemande au temps du national-socialisme fut Alfred Ernst Rosenberg, membre du parti et intellectuel du régime, qui contribua d’une façon décisive à la formation de l’idéologie raciale et de la persécution antisémite38. C’est lui qui dirigea l’Amt Rosenberg, un bureau de politique culturelle et de contrôle créé en 1934, lorsqu’il fut nommé Chargé du Führer pour la surveillance de l’éducation et de la formation du NSDP39.
27Malgré l’homonymie, c’est un Rosenberg différent, Arthur, qui s’occupait d’histoire antique au niveau scientifique40 et qui fut ensuite nommé comme historien de l’empire et de la république de Weimar. Né en 1889 (donc quatre ans plus jeune que l’autre Rosenberg), il acheva en 1914 son doctorat avec une thèse sur l’“État des anciens Italiques”41 particulièrement appréciée par Franz Leifer dans son Ämterwesen42 : c’est dans cette œuvre que sera affirmée l’équivalence entre meχl rasnal et etruskischer Bund. La critique de Leifer se concentrait sur le fait de ne pas avoir considéré les attestations épigraphiques aussi bien que les attestations historiques et archéologiques. Rosenberg représente sans aucun doute une exception par rapport aux autres linguistes allemands, concentrés seulement sur le développement de la discipline43. Rosenberg fut en réalité plutôt gênant pour le régime : les années vingt et le début des années trente représentent le moment culminant dans l’engagement du savant dans les rangs de l’extrême gauche (d’abord pour l’USPD ou Unabhängige Sozialdemokratische Partei Deutschlands, entre 1920 et 1924, ensuite pour le KPD ou Kommunistische Partei Deutschlands, dont il fut l’élu à Berlin ; enfin, après la rupture avec le parti en 1927, il se remit, comme marxiste peu orthodoxe, à sympathiser avec le SPD du point de vue universitaire)44. À partir de 1930 Arthur Rosenberg enseigna comme Privatdozent sans chaire à Berlin (Histoire Antique) mais avec l’hostilité de l’université. Mais se trouvant dans l’un des lieux névralgiques pour la politique du Reich, déjà en 1933, il fut promptement éloigné par le ministère prussien de culture (Preußisches Kultusministerium, en 1934 devenu Reichsministerium für Wissenschaft, Erziehung und Volksbildung45). Après quelque temps à Zurich et à Liverpool, il obtint la chaire d’histoire antique au Brooklin College de New York, où il mourut en 1943, au début d’une carrière prometteuse, comme par ailleurs Eva Fiesel, Emil Goldmann et Søren Peter Cortsen, qui étaient décédés entre les années 1937 et 1943.
28À en juger par la date de l’organisation des bureaux culturels de l’Amt Rosenberg à partir de 1934, le contrôle sur l’éducation, surtout supérieure, ne fut formalisé en Allemagne que tardivement par rapport à l’Italie. En dépit de l’image d’un organisme parfaitement organisé, les conflits ne manquèrent pas avec d’autres institutions de politique culturelle ayant, par leur objet, un intérêt commun pour l’histoire et la proto-histoire allemandes, comme la Société pour la recherche et l’enseignement sur l’héritage ancestral (Forschungsgemeinschaft Deutsches Ahnenerbe), fondée en 1935 par Himmler lui-même, par Richard Walter Darré et par le Hollandais Hermann Wirth, avec lequel Alfred Rosenberg aussi eut de mauvaises relations46.
29D’un autre côté, la Fédération des enseignants allemands national-socialistes (Nationalsozialistischer Deutscher Dozentenbund ou NSDDB), fondée en 1935 pour exercer un contrôle politique sur le corps des professeurs d’université, s’appuyait en 1938 sur l’adhésion d’un quart des professeurs des écoles supérieures47. La Commission Écoles Supérieures du Parti National-Socialiste (Hochschulkommission der NSDAP) exerçait son influence surtout sur les facultés de médecine, mais à compter de 1935, elle perdit de l’importance en raison des conflits internes au régime (avec par exemple le Ministère du Reich à l’Éducation) et elle cessa d’exister en 1938-193948.
30La superposition de compétences était évidente aussi parmi les institutions scientifiques. À côté de la Société pour la recherche et l’enseignement sur l’héritage ancestral de Himmler et de l’Amt Rosenberg il y avait la Société Kaiser-Wilhelm, qui existait déjà et avait survécu à la première guerre mondiale49, et la Deutsche Forschungsgemeinschaft, fondée au temps de la république de Weimar et toujours active50.
31Les objectifs de la politique culturelle étaient présentés ainsi51 :
- renonciation à la science en elle-même, mais orientation vers des applications pratiques
- centralité de l’idéologie raciale dans la science et la recherche
- développement d’une science globale
- prise de distance avec la communauté scientifique internationale.
32Les niveaux scolaires furent aussi concernés par le climat de réforme et de centralisation du régime : un autre centre décisionnel pour la politique scientifique du Reich fut le Ministère du Reich à l’Éducation (Reichsministerium für Wissenschaft, Erziehung und Volksbildung), développé à partir du Preußisches Kultusministerium en 1934 et fermé par les alliés en 1945. Ce dernier se chargeait de structurer en un sens national-socialiste l’éducation en partant de l’école primaire52. Le programme de fort conditionnement idéologique de la jeunesse allemande est énoncé clairement dans un discours de Hitler de 1938, où il souligne qu’après l’exercice dans la Wehrmacht pendant deux ou trois années, les jeunes aryens seront toute de suite introduits dans les SA, SS etc. et qu’ils n’en seront plus libérés pendant toute leur vie53.
33Bien qu’il soit évident que le national-socialisme n’a pas développé une théorie du système éducatif, il tendait à supprimer l’individualisme et à employer des mots-clés destinés à opposer la “germanicité” à la civilisation “occidentale décadente”, le concept de “communauté” à celui de “société”, l’“être membre” (Mitgliedschaft) à “l’individualisme malade”, le “sang” et la “race” à l’idée d’“humanité”, etc.54.
34Certes les études de Karl Olzscha, comme déjà d’autres représentants de l’étruscologie, montrent que le secteur de la linguistique étrusque ne ressentit pas au niveau “scientifique” (par rapport aux ouvrages des amateurs déjà dénoncés par Vetter) – et pas (encore) à cette époque – l’effet des forts conditionnements de la politique culturelle allemande.
35Les informations sur cet auteur originaire de Zwickau ne sont pas nombreuses, car il est absent de la Deutsche Biographie. Renommé pour ses multiples interventions sur les langues étrusques et italiques de 1934 à 1970, il enseigna aux lycées de Zwickau et de Leipzig, où il eut aussi une charge de cours à l’université qui se finit avec l’Interprétation de la momie de Zagreb55.
36Dans sa nécrologie signée par Carlo de Simone, il n’y a qu’une seule allusion à sa participation à la guerre, de 1939 à 1941, évidemment du côté allemand56. Cet épisode, qui démontre seulement l’opportunisme politique d’Olzscha, ne se reflète pas dans sa production scientifique. Après la guerre, il enseigna au lycée de Stade et à partir de 1956 au Johanneum de Hambourg57 jusqu’à 1964, date où il tint un émouvant discours d’adieu58. Son élève, Andreas Wittenburg, se rappelle de lui avec beaucoup d’affection pour sa gentillesse, pour sa vivacité et pour la bonne humeur avec laquelle il acceptait volontiers les plaisanteries de ses élèves sur son accent de l’est. Dans son discours d’adieu, Olzscha cite une phrase emblématique d’Horace (Carm., 4.4.65 merses profundo, pulcrior evenit) qu’il applique à la division en deux de la “splendeur du Reich”, évidemment peiné par la division entre l’est et l’ouest de l’Allemagne.
37Le fait que le philologue nazi bien connu Hans Oppermann ait été proviseur au Johanneum de 1945 jusqu’à 1962, lui qui sortait alors de la Reichsuniversität de Strasbourg59 pourra certes contribuer à mettre en lumière à quel point l’après-guerre allemand ne fut pas marqué partout par une nette césure institutionnelle. On comprend pourquoi ce n’est pas Oppermann qui devait être remercié par Olzscha pour l’avoir accueilli à l’ouest, mais plutôt le nouveau proviseur Harald Schütz60.
La situation autrichienne
38Dans des lieux les plus éloignés du centre du national-socialisme, les Autrichiens Goldmann et Leifer ont pu résister plus longuement à Vienne, le premier jusqu’au moment de l’Anschluss en 1938, le deuxième jusqu’à sa mort, en 1957, mais avec une interruption entre les années 1940 et 1945. Alors que les motivations raciales furent déterminantes pour l’éviction d’abord d’Eva Fiesel en Allemagne et ensuite d’Emil Goldmann en Autriche, ou que le furent des raisons politiques, à la base du licenciement du communiste Rosenberg, l’histoire de l’éviction de Leifer fut plus complexe et ambiguë. On ne trouve pas de traces de propension idéologique dans le travail de Leifer à propos des fonctionnaires publics (Ämterwesen), bien que le sous-titre, Zur Vorgeschichte des römischen Führeramts, soit évocateur.
39L’enseignement de droit de Leifer à l’université de Vienne ne se trouvait certainement pas parmi les disciplines favorisées par le régime. Dès les années de la république de Weimar, la polémique entre partisans du droit romain et du droit allemand, en effet, avait déjà tourné en faveur de ce dernier61. Même Goldmann avait obtenu à Vienne une place de professeur extraordinaire en 1912 – puis de professeur ordinaire seulement en 1932 – d’histoire du droit allemand et des antiquités du droit allemand (Deutsche Rechtsgeschichte und Rechtsaltertümer), auquel il se consacrait en plus de ses études sur la linguistique étrusque, sur l’archéologie et sur la symbolique du droit (Rechtsarchäologie, Rechtssymbolik)62. L’un des représentants du droit allemand les plus célèbres fut Karl Eckardt, qui devint Untersturmführer de H. Himmler et qui, avec ses études, fournit un précieux soutien idéologique, en voulant substituer le culte des ancêtres au christianisme et en luttant contre l’homosexualité qui, chez les Germains, était punie de mort. Même le concubinage de Himmler, qui dirigeait la Forschungsgemeinschaft Deutsches Ahnenerbe, trouva une justification dans le droit allemand : l’usage germanique admettait des formes d’union libre, alors que la monogamie était présentée comme une invention du christianisme. L’étude de la proto-histoire allemande subit le même traitement63.
40Leifer n’adhéra pas à cette orientation d’études. Ainsi, beaucoup de documents conservés dans les archives de l’Université de Vienne concernent soit les procédures disciplinaires64, soit le service de ce professeur de droit romain. Il y a, par exemple, une demande de nomination, en plein début de la guerre, comme professeur extraordinaire (außerplanmässiger Professor)65. Une fois ce titre reçu à la fin de 1939, une lettre du recteur de l’université de Vienne, datée du 04.04.1940, informe le Reichsministerium für Wissenschaft, Erziehung und Volksbildung, que Franz Leifer était candidat (Anwärter) au NSDAP, que ses trois fils et sa fille appartenaient au parti déjà depuis 193366, et même que l’apparence de Leifer était celle d’un aryen. Dans le même document, il est mentionné le fait qu’il devait être aussi “Mischling II. Grades” à cause de sa grand-mère et que Leifer renonçait personnellement au titre de Professeur extraordinaire et souhaitait plutôt celui de Professeur avec la mention “a.D.”, c’est-à-dire en détachement (Außer Dienst). Son intention était en fait de rejoindre le front polonais, où il avait été appelé à combattre67. Comme il le rappelle après la guerre, dans son curriculum vitae daté du 7.8.1945, il avait combattu comme officier, il était devenu chef dans une Bauabteilung sur le front français, jusqu’à ce que, gravement malade, il retourne en Autriche après la bataille des Vosges en 1940. Dès le Sommersemester de 1945, il put recommencer l’enseignement universitaire68.
41Beaucoup de déclarations de Leifer après la guerre concernent des rectifications sur sa position concernant le nazisme. Dès 1934, il était devenu membre ordinaire de l’Istituto di Studi Etruschi à Florence. Dans ses efforts pour quitter l’Autriche après l’annexion par Hitler en 1938, il fit une demande de financement à la DFG pour poursuivre ses études en Italie, qui lui fut refusé69. Une nouvelle demande à l’Institut italien n’obtint pas une réponse positive : c’est pour cette raison que Leifer aurait décidé de se proposer comme candidat au NSDAP et, en juin 1939, il put finalement obtenir une subvention pour un séjour de six mois en Italie, mais il fut empêché de partir par la déclaration de guerre et il se vit contraint de faire son service militaire70.
42L’ouvrage de Leifer (1931) présente une structure, à certains égards, très moderne, puisqu’il tient compte de considérations historiques dans l’évaluation de l’interprétation des mots71. Son travail fut évalué positivement, surtout pour la méthode appliquée, par J. B. Hofmann72. Cortsen fut moins enthousiaste, en reconnaissant dans l’œuvre l’empreinte chaotique de l’ami et collègue de Leifer, Goldmann73. Si on regarde l’introduction des Ämterwesen de Leifer, la prise de distance par rapport à son mentor est toutefois claire :.“(Goldmann) dem ich reiche Anregung und Belehrung schulde, mögen auch unsere Meinungen nicht selten auseinandergehen”74.
43Sans aucun doute l’ambiguïté de beaucoup de personnages de cette période est aujourd’hui évidente, comme peut le démontrer l’histoire d’un collègue de Leifer et Goldmann, le Pragois Heinrich Mitteis, d’orientation nationaliste plutôt que national-socialiste, qui, après avoir causé beaucoup de problèmes en Allemagne, accepta, au soulagement de ses collègues, le poste offert à Vienne pour l’enseignement d’histoire du droit allemand75. Malgré son attitude rebelle, quelques-unes parmi ses théories lui vaudront probablement d’échapper à la déportation, d’une manière incroyable, alors qu’il reçut la visite de la Gestapo en 193876.
44Comme il a été mentionné, le sort de Goldmann fut différent. Franz Leifer rappelle avec amertume n’avoir jamais compris comment une des personnes les plus sages et aimables ait pu être l’objet de courriers et de coups de téléphone menaçants lancés par des jeunes gens aux idées racistes, ou d’intrusions dans sa propre maison, au point que sa machine à écrire qui avait lui servi pendant tant d’années pour son travail scientifique, lui fut enlevée77.
“Ich habe es nie fassen können, was diesem edlen, grundgütigen Menschen, der nie jemand etwas zuleide getan hat, in jenen unglückseligen Märztagen des Jahres 1938 widerfahren ist. Pöbelhafte Anflegelungen am Telephon (Drohbriefe rassenwahnsinnig gewordener unreifer Jungen, rohe Einbrüche in seiner Wohnung – sogar die kleine Schreibmaschine, die er jahrelang zu seinen wissenschaftlichen Arbeiten benutzt hat, trug man ihm davon – der stille Gelehrte hat dies alles hingenommen in stoischer Ruhe, hat nach außen hin immer Haltung bewahrt – man frage nicht, wie es damals in seinem Innern ausgesehen hat”78.
45En 1939, il sera appelé par l’université d’Oslo pour enseigner le droit allemand et la langue étrusque ; la même année, il partit à Cambridge, qu’il devait quitter ensuite pour la Norvège, mais il en fut empêché par le début de la guerre. En 1942, il mourut à Cambridge d’une crise cardiaque alors qu’il revenait de la bibliothèque jusqu’à chez lui79.
46Ici, il est nécessaire de faire une dernière remarque à propos de Goldmann, qui échappe à la chronologie de cette communication, mais qui est utile pour compléter le cadre des attitudes personnelles par rapport aux idées du régime. Des informations en ce sens viennent de l’échange épistolaire entre Vetter et un certain Wilhelm Liedtke, récemment apparu à l’occasion d’une thèse de doctorat sur Pfiffig80. Liedtke, par ailleurs inconnu dans les études étruscologiques, était un comparatiste allemand qui, grâce à l’intervention de Vetter, obtint en juillet 1957 une bourse d’étude pour rédiger un dictionnaire de la langue étrusque81.
47Dans ses lettres à Vetter, Liedtke définit Herbig, son ami Vetter et lui-même comme les seuls “Étrusques allemands”. Cette affirmation et ses observations souvent polémiques envers la “croyance mosaïque" sont difficiles à juger : en 1939, il avait abandonné l’Allemagne avec sa femme à cause de la “folie d’Hitler” (Hitlerwahnsinn ; même Pfiffig, à 28 ans en 1938, face au national-socialisme, s’était enfui en Belgique), et enseigna à Pékin et Shanghai pendant plusieurs années. Il y fut emprisonné en tant que dernier représentant de l’église luthérienne en 1956.
48Retourné en Autriche après deux ans de prison, il correspond en 1960 avec Vetter. Sans aucun doute il est étonnant de lire ce qu’écrit Vetter à cette époque à son ami Liedtke : il soulignait qu’il était content qu’ils fussent du même avis à propos de l’importance de la race dans l’évaluation de la pensée scientifique. Selon Vetter, Goldmann aurait trahi dans son travail les signes de son mélange d’origines : son absurde traduction de ϑui cesu s’expliquerait d’une part par une monomanie ritualiste, d’autre part par sa propre origine.
“... Ich freue mich, dass sie in der Judenfrage eines Sinnes mit mir zu sein scheinen : für die Beurteilung einer wissenschaftlichen Leistung ist die Rassenfrage wichtig, so sehr man auch die Auswüchse, zu denen eine darauf gebaute falsche Ideologie unter einem ungebildeten Verrückten geführt hat, verurteilen mag. Auch Goldmanns Schildknappe verräte in seiner wissenschaftlichen Arbeit die Rassenmerkmale der Mischlinge.
Wenn der brave, aber beschränkte Goldmann schließlich sogar ϑui cesu als ‘opfere ein Cesu’ übersetzte und ausfällig wurde, wenn man den Unsinn ablehnte, so kann man wohl die monomanische ritualistische Einstellung, mindestens bei sich selber, teilweise mit seiner Abstammung zu erklären versuchen”82.
49En conclusion de ce réexamen, on remarquera qu’après le travail d’épuration de l’enseignement supérieur par le national-socialisme, le panorama allemand reste désert et finira par enrichir plutôt les rangs des adversaires. L’œuvre du CIE sera continuée en Italie, beaucoup des savants émigrent aux USA et en Angleterre83. Malgré cela, la linguistique étrusque, qui avait atteint un niveau d’excellence surtout grâce à Fiesel et Cortsen, pourra encore bénéficier des résultats d’Olzscha et de la nouvelle méthode bilinguistique, surgie des cendres de la méthode néo-combinatoire.
Notes de bas de page
1 Je désire remercier C. Chillet, E. Dupraz, M.-L. Haack et S. Corno pour leur aide à la traduction et à la relecture de cet article en français.
2 Fiesel 1931, 37 sq.
3 Cette procédure s’est révélée inefficace surtout à cause des textes longs qui comportent beaucoup d’hapax (Benelli 2013).
4 Kirchoff 1852.
5 Buonamici rappelle aussi l’importance des autres sciences utiles à l’interprétation du texte : ce n’est pas un hasard si, à partir de 1927, est publiée la Rivista di Epigrafia Etrusco par Buonamici lui-même.
6 Cf. S. P. Cortsen dans Glotta XVIII (1930) ; XXI (1932) ; XXIII (1935) ; XXVI (1938) ; XXVII (1939).
7 Malgré le pessimisme exprimé par Trombetti (1928, VIII-IX) sur la méthode combinatoire, on doit reconnaître la validité des explications de Cortsen (dans Runes & Cortsen 1935) à propos du lexique du liber linteus, par opposition aux résultats d’Olzscha 1939 obtenus avec la méthode bilinguistique, souvent peu plausibles.
8 Atti Firenze 1929, 179-180.
9 Atti Firenze 1929, 187-188.
10 Kronasser 1963.
11 Kronasser 1963, 478.
12 Mais Vetter n’oublia pas de critiquer vivement A. Grünwedel, Tusca, Leipzig, Hirsemann 1922, qui, dans son “Glossarium Tusco-Latinum”, essaya de traduire l’étrusque en séparant les mots de façon incorrecte et en leur donnant des sens religieux et mystiques totalement erronés, et même inadmissibles (Vetter 1926, 233). Sur A. Grünwedel, voir la communication de M. Miller dans ce volume.
13 Vetter 1926, 240-241.
14 Cf. l’explication de ceχa dans le cippe de Pérouse - iχ ca ceχa ziχuχe (Vetter 1924) ; cf. aussi sa critique du lexicon de Lattes dans le même Literaturbericht de 1926.
15 Pfiffig 1963.
16 Kretschmer 1925, 316 sq.
17 Malgré tout, le Literaturbericht de Cortsen (1935, 168), tout en se déclarant contraire à la vision de Goldman, jugeait positivement beaucoup de ses résultats (tel fut l’avis de Danielsson dans un courrier adressé à Cortsen du 3 juillet 1929, ibid.).
18 Fiesel 1931, 32.
19 Devoto 1934, 155-157.
20 Devoto 1934, 156.
21 Kretschmer 1921, Kretschmer 1925, 311, 317, et Kretschmer 1943.
22 Fiesel 1931, 23.
23 Il préféra rester à Vienne, bien qu’il eût reçu beaucoup d’offres dans les années dix et vingt des universités de Bonn, Göttingen et Munich (Havers 1956).
24 Havers 1956, 348. Dans deux communications sur le sujet des origines (Kretschmer 1921 ; 1925), il soutenait les mêmes résultats que Pauli, à propos de l’affinité entre étrusque et pré-grec de l’Asie mineure et de l’Europe méridionale ; selon lui, toutes les interactions supplémentaires avec des groupes linguistiques différents et pas apparentés les uns avec les autres étaient destinées à rester incertaines (Kretschmer 1921, 285).
25 Kretschmer 1921, 285.
26 Kretschmer (1943) distingua aussi deux branches évolutives “Urindogermanisch, Idg. Einzelsprachen” vs. “Raetothyrrhenisch”, comprenant “Raetisch, Etruskisch, Tyrrhenisch, Pelasgisch”.
27 Goldmann 1929, 4-5.
28 Quelques défauts furent au moins observés à propos de ses Standes- und Beamtentitel, cf. Leifer 1931, 139 sq.
29 Reichsgesetzblatt I, 1934, 75, en ligne, http://www.ns-quellen.at/gesetz_anzeigen_detail.php?gesetz_id=45110&action=B_Read
30 Le texte est à consulter en ligne : http://www.documentarchiv.de/ns/1935/beamte_hschule_ges.html.
31 Grüttner & Kinas 2007, 125 ; 147 ; ibid. 127 sq. sur les incertitudes, les nombres réduits de cas et les données incomplètes des diverses études. Même si les dernières études ont pris en compte des licenciements avec plus de critères que les précédents (cf. Grüttner & Kinas 2007, 127 sq.), ils ne considèrent pas tous les départs volontaires. De plus, comme l’a démontré le cas d’Eva Fiesel, beaucoup des dossiers ont été perdus ou laissés de côté.
32 Hänzschel 1994 ; Hänzschel 1997. On peut vérifier la diffusion des préjugés sur les femmes de confession juive, en commençant par la caricature de la “femme émancipée”, Hänzschel & Bussman 1997, 107.
33 Häntzschel 1994, 348-350.
34 Hänzschel 1994, 352-353.
35 Hänzschel 1994, 354 sq.
36 Hänzschel 1994, 359 sq.
37 Hänzschel 1997. Sa dernière étude (Fiesel 1936) concernait des nouvelles découvertes sur l’alphabet : il lui revient le mérite d’avoir identifié le signe en forme de croix comme ayant une valeur phonétique de sifflante.
38 À propos de A. Rosenberg, cf. Haack 2015 et l’intervention de M. Miller en ce même ouvrage.
39 “Beauftragter des Führers für die Überwachung der gesamten geistigen und weltanschaulichen Schulung und Erziehung der NSDAP”, abrégé en “Bureau du contrôle du Reich”. Ce bureau, avec beaucoup de sous-sections, comprenait à partir de 1934 l’Amt Schulung, l’Amt Kunstpflege, la Hauptstelle Wissenschaft (Science), qui réunissait la philosophie, la pédagogie, l’histoire et la vision aryenne du monde (Philosophie und Pädagogik, Geschichte, arische Weltanschauung). En 1937 fut formée aussi une société pour l’étude du folklore du peuple allemand (Reichsarbeitgemeinschaft für deutsche Volkskunde), avec Darré, Himmler, Hierl et von Schirach et en 1938 un office de formation de l’école supérieure (Aufbauamt Hohe Schule). Cf. Kluge & Krüger 1939,197 ; Bollmus 1970.
40 Rosenberg 1921a ; 1921b.
41 Rosenberg 1913.
42 Leifer 1932, 139 sq.
43 Wirsching 2005.
44 Wirsching 2005.
45 Nagel 2012.
46 Kater 2006, 139 sq.
47 Nagel 2008.
48 Grüttner 2013.
49 Maier 2007.
50 À propos de sa participation à la politique du national-socialisme, cf. le catalogue de l’exposition Wissenschaft Planung Vertreibung 2006.
51 Grüttner 1997.
52 Nagel 2012.
53 Gaus 2009, 111.
54 Gaus 2009, 118.
55 de Simone 1971, 507.
56 de Simone 1971.
57 de Simone 1971, 508.
58 Olzscha 1964.
59 Malitz 1998, 520-521.
60 Olzscha 1964 parle seulement de “gütigen und fürsorglichen Art des neuen Leiters dieser Schule”. Le nom du nouveau proviseur m’a été fourni par A. Wittenburg, que je désire remercier pour toutes les informations qu’il m’a fournies sur Karl Olzscha.
61 Olechowski 2012, 81.
62 Olechowski 2012, 88-89.
63 Olechowski 2012, 84.
64 Un dossier daté de 1922 concerne des mesures disciplinaires prises contre Leifer pour avoir négligé l’enseignement universitaire. Malgré des motivations personnelles graves (la maladie d’un de ses fils), le professeur fut forcé de rendre l’argent déjà obtenu pour ses deux cours “Repetitorium und Konservatorium des römischen Rechtes” et “Heutiges Privatrecht auf römischer Grundlage” (Archives de l’Université de Vienne, GZ 985, Disziplinarakt 1921/22). Un deuxième dossier de 1945/46 porte sur l’accusation insistante d’un commerçant de textiles, Brejzek, contre Leifer d’avoir toujours été du côté des fascistes et des nazis et d’avoir protégé, en tant qu’avocat, les intérêts d’un certain Franz Axt, défini comme un des “Nazibonzen” encore libres (Archives de l’Université de Vienne, Disziplinarakt 215 1945/46).
65 Archives de l’Université de Vienne, J PA 350, 1934-1957.
66 Selon ce que Leifer écrivait dans une lettre du 11 Septembre 1945 adressée au Ministère des Finances (Archives de l’Université de Vienne, J PA 350/073), un des fils, Herbert, se serait suicidé en 1938, peut-être – en tout cas c’est ce qu’aurait affirmé la Gestapo en 1942 – en raison de la révélation d’un secret de famille.
67 Lettre du 29 février 1940, Archives de l’Université de Vienne, J PA 350/026.
68 Jusqu’à la fin de la guerre il fut actif comme conseiller fiscal chez la “FA Julius Meinl AG” de Vienne, cf. le curriculum vitae, Archives de l’Université de Vienne, J PA 350/071.
69 Lettre au Ministère des Finances, Archives de l’Université de Vienne, J PA 350/073.
70 Ibid.
71 Le savant, avec une extrême rigueur, rappelle que, dans le cadre historique de la péninsule italienne du ive-iiie siècle a.C., l’Étrurie est soumise à l’influence de Rome et que tout ce qui précède est destiné à rester sans fondement sûr : aussi, par exemple, il considère comme difficile à identifier l’existence d’un pouvoir royal dans les formes purϑne ou lauχumneti, cf. Leifer 1931, 290 sq.
72 Hofmann 1934, 157-159.
73 Une des critiques concerne l’explication du mot meϑlum, qui est traité 9 fois sans qu’on comprenne où se trouve le traitement principal, Cortsen 1935, 168.
74 Leifer 1931, introduction, XX.
75 Olechowski 2012, 87-88.
76 Son ouvrage “L’État pendant le haut Moyen Âge” fut publié en 1940 et fournit de solides argumentations à l’idéologie national-socialiste (Olechowski 2012, 91).
77 Leifer 1948.
78 Olechowski 2012, 92-93.
79 Leifer 1948, 37. La réhabilitation de Goldmann en Autriche eut lieu seulement en 1948 (Olechowski 2012, 93).
80 Hurnaus 2010.
81 Pfiffig 1960, fait allusion à une collaboration avec Vetter et Liedtke pour la révision du CIE I, dont il ne reste aucune trace (Hurnaus 2010, 48).
82 Lettre de Vetter du 29.10.1960 en réponse à Liedtke, cf. Hurnaus 2010, 47. Certes une critique de l’interprétation de ϑui cesu de Goldmann se trouve aussi dans Cortsen (1935, 163) : natürlich muss auch Goldmann gestehen, dass θui in vielen Verbindungen (nämlich denen, wo das Verständnis sicher ist !) ‘hier’bedeutet’, und so sollten wir an nicht durchsichtige Stellen der Mumienbinden θui = “sacrificia” übersetzen (der Bedeutungsübergang vermittelt durch θui“positus est”) ?
83 Grüttner & Kinas 2007.
Auteur
Leopold-Franzens-Universitaet Innsbruck, Institut für Archäologien, Fachbereich Ur- und Frühgeschichte, Innsbruck ; Valentina.Belfiore@uibk.ac.at
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