Chapitre I. La fin de la république et l’époque augustéenne
p. 23-49
Texte intégral
Pergame
1La prise de contrôle attalide par Rome et la transformation de la partie occidentale du territoire en nouvelle provincia Asia privèrent brutalement Pergame de son éclat royal et de la générosité du souverain. Un senatus consulte daté vraisemblablement de 129 a.C., qui obligeait les gouverneurs romains à conserver telles quelles toutes les mesures prises par les Attalides, laisse supposer que les autorités romaines n’opérèrent pas de modifications importantes pour ce qui est des privilèges et des rapports de propriété existants\n20. La ville même de Pergame bénéficiait du statut de ville fibre accordé par Attale III, c’est-à-dire qu’elle échappait à la juridiction et aux autres interventions du gouverneur ; elle jouissait même probablement de l’exemption du tribut\n21. Comme d’autres villes-résidences que les Romains élevèrent au rang de capita provinciae dans le cadre de l’organisation de leurs provinces, Pergame a également sans aucun doute servi de premier siège du gouverneur de la province d’Asie\n22. La situation économique s’est certainement modifiée lorsque, en 123, la loi de Gaius Gracchus céda le recouvrement des impôts à des compagnies d’affermage. En 101, le Sénat avait rendu une décision concernant une affaire de querelle entre la ville et les publicains\n23. Le manque de sources interdit toute présentation plus précise de l’histoire de la ville et de ses habitants ainsi que de celle du reste de la provincia pendant les premières décennies de son existence. L’essor supposé plus haut (avec toutes les précautions possibles) de l’activité de construction dans le cas d’Éphèse est difficile à attester à Pergame, dans la mesure où le nombre infime de documents touchant à cette question et leur datation douteuse n’autorisent encore aucune conclusion générale. La rampe conduisant au gymnase fut vraisemblablement dotée, à son débouché sur l’axe principal montant en direction de l’acropole, d’une “porte d’apparat” richement décorée (fig. 5, no 10)\n24.
2En dépit des nouveaux rapports de pouvoir, Pergame conserva son caractère de ville-résidence et de foyer de la tradition attalide, qui se manifestait avant tout par le fait que le culte du souverain fut entretenu jusqu’en plein ier siècle et fut directement reporté sur la personne d’autres donateurs éminents. Les événements de la première guerre de Mithridate et leurs conséquences catastrophiques pour la ville et l’ensemble de l’Asie Mineure occidentale montrent à quel point les sentiments “royalistes” étaient vivaces. En 88 a.C., les Pergaméniens ouvrirent de leur propre gré les portes de leur ville au roi du Pont (Cic., Flacc., 57) et, sur ordre du roi, portant ainsi atteinte de la manière la plus grossière au droit d’asile, massacrèrent les citoyens romains qui s’étaient réfugiés dans l’Asklépieion (App., Mithr., 23). Mithridate installa ici son quartier général et logea dans la maison de Mènodotos, un riche Pergaménien, et d’Adobogiona, fille d’un prince galate, qui nommèrent leur fils, né en 87-86, Mithridatès\n25. S’adaptant consciemment aux modèles attalides, il se conduisit en héritier et en vengeur de la dynastie\n26. Deux ans plus tard, un parti d’opposants avec à sa tête quatre-vingts conjurés tenta de renverser le pouvoir de Mithridate mais, dénoncé, il dut affronter la vengeance royale. 1 600 personnes auraient été massacrées dans toute l’Asie Mineure. Mais, à leur tour, les Pergaméniens traîtres à Rome n’échappèrent pas au châtiment du vainqueur Sylla : ils furent exécutés, se suicidèrent ou s’enfuirent vers le Pont auprès de Mithridate\n27. Derrière ces destins encore discernables à Pergame, mais certainement identiques à Éphèse et dans d’autres villes, se cachent, au sein de la classe supérieure possédante et donnant le ton en matière politique, des tensions et des oppositions extrêmes, comme nous les connaissons bien au début de l’époque hellénistique ou bien lors de la période des guerres de Macédoine, lorsque les grandes puissances essayaient de concrétiser leur soif de pouvoir à l’aide, voire aux dépens, des cités grecques.
3Dans le cas de Pergame, les sources épigraphiques livrent des informations supplémentaires sur les calamités économiques de cette époque, qu’un riche citoyen de la ville, Diodoros Pasparos, contribua à adoucir grâce à son argent et à son influence à Rome (il reçut des hommages exceptionnels de la part de sa ville natale en remerciement de ses services). Diodoros obtint du Sénat la restitution des biens confisqués par Mithridate et par Sylla à leurs opposants politiques. Après sa victoire, Sylla réclama le retour des esclaves libérés par Mithridate, ce qui provoqua des conflits violents et des troubles sociaux. Par ailleurs, le poids des dépenses de guerre imposées par Sylla, atteignant 20 000 talents pesait, de plus en plus sur la province, ce qui obligea les citoyens à prendre des crédits à des taux usuraires et à hypothéquer les terrains et édifices publics. Enfin, la ville perdit le statut de ville libre accordé par Attale III pour avoir apporté son soutien à Mithridate. La séquence des événements grossièrement ébauchée ici a laissé des traces archéologiques, en l’occurrence dans la ville résidentielle à l’intérieur de l’enceinte d’Eumène II\n28 : au milieu du ier siècle a.C. commença “une transformation profonde de la construction”, qui suppose “une destruction partielle ou tout du moins un délabrement d’une partie du bâti antérieur”\n29 et qu’expliquent sans difficultés les troubles intérieurs et les changements brutaux de propriété à la suite de la première guerre de Mithridate. La déroute financière d’une grande partie de l’aristocratie locale signifia la fin des activités publiques, ainsi qu’il est expressément attesté pour les célébrations cultuelles et les concours, qui ne reprirent que sous Diodoros Pasparos. Ce dernier s’efforça surtout de rétablir à Pergame la paix sociale, de réorganiser une vie publique réglée et de maintenir dans des limites acceptables les dommages dont Rome était responsable. Il profita en outre de sa gymnasiarchie, datée de peu après 69, pour entreprendre d’importantes rénovations et de nouvelles constructions dans le secteur du gymnase des Neoi, qui menaçait ruine (sur la terrasse supérieure, cf. fig. 2, no 11 ; fig. 4). Il fit revêtir de marbre la façade de l’ensemble de l’aile orientale (fig. 5, no 8) et redécorer quatre salles, dont une fut transformée en exèdre, en son honneur mais probablement à ses propres frais. Pour résumer, il fit ainsi entièrement rénover toute cette partie du gymnase supérieur. Diodoros Pasparos donna (ou restaura) plus tard un peripatos, un jardin, qui se situait peut-être derrière l’aile est, sur remplacement ultérieur des thermes orientaux. Ébranlés par les pertes et les humiliations effroyables infligées par les guerres de Mithridate, les Pergaméniens assimilèrent les services de Diodoros pour la renaissance de la ville à des actions quasi-divines et, comme bienfaiteur de la cité, l’honorèrent d’un culte se rattachant à celui voué aux Attalides et au fondateur de la province, Manius Aquilius\n30. Diodoros fut fêté comme un nouveau roi, avec des honneurs variés et des formes de soutien suivant à la lettre le modèle des formules de reconnaissance empruntées aux Attalides. De tels mérites et distinctions reposent bien sûr sur une tradition familiale, dans laquelle Diodoros se présentait comme διὰ προγóνων εὐεργέτης, et que l’on retrouve également dans les honneurs accordés à son père Hérôdès\n31. Sa dédicace d’une statue au roi Ptolémée XII Aulète laisse imaginer la notabilité de Diodoros et ses contacts personnels dépassaient le cadre régional. Il obtint vraisemblablement de Ptolémée une aide matérielle pour sa patrie et en outre la confirmation du fait qu’il n’agissait pas seulement en tant qu’envoyé de sa cité à Rome, mais qu’il disposait également d’une influence particulière (ἐντροπή) auprès des autorités romaines\n32
4Aux côtés de Diodoros Pasparos, il convient de citer d’autres citoyens qui contribuèrent à la restauration de la ville dans les années difficiles qui suivirent les guerres de Mithridate. Parmi eux, on doit compter le gymnasiarque Stratôn, dont le long éloge, malheureusement conservé à l’état fragmentaire, ne permet pas de saisir les réalisations dans toute leur ampleur\n33, et le prêtre Hiérôn, fils d’Asklépiadès, qui organisa à nouveau pour la première fois après la guerre la fête des Sôteria et des Hèrakleia\n34. Un Mètrodôros, fils d’Hèrakléôn, est encore attesté en tant que commanditaire dans le secteur du gymnase. Il finança un nouvel aménagement complet de deux salles de l’aile occidentale sous la forme de plusieurs bassins en marbre dotés de système d’alimentation en eau\n35. Dans le même secteur, deux exèdres ont été construites, datées en fonction d’éléments stylistiques de la même période que les donations de Diodoros, et que l’on peut visiblement considérer comme appartenant à un “programme d’embellissement” du gymnase supérieur dans les années 70 et 60 du ier siècle a.C. Un certain Pyrrhos, fils d’Athènodôros, issu d’une riche famille de prytanes dont les origines remontent à l’époque royale\n36, est le donateur de l’exèdre s’élevant dans le secteur des thermes romains occidentaux construits peu de temps après. C’est avant tout par l’intermédiaire de la personne de Mithridatès, issu de l’union du Pergaménien Mènodotos et d’Adobogiona, fille d’un prince de la lignée galate des Trocmes, que nous avons connaissance du réseau des relations d’une partie des notables de Pergame, de leur renommée dépassant les limites de la région et de leurs liens avec les Attalides\n37. Une statue d’Adobogiona offerte par les Pergaméniens entre 63 et 57 a.C. fut placée dans le sanctuaire d’Héra, un lieu où le souvenir de l’ancienne dynastie était particulièrement vivace, car c’est là qu’Attale II avait très vraisemblablement fait inhumer sa mère Apollônis, originaire de Cyzique, la première grande personnalité féminine exemplaire de la famille royale\n38. Étant donné sa magnae nobilitatis domi (Bell. Alex., 26), la dignité de prêtre de Dionysos Kathègèmôn revêtue par Mithridatès mérite une attention particulière. Dionysos (au côté d’Héraklès) était archégète des Attalides, et de nombreux indices montrent le lien étroit existant entre le culte de Dionysos et celui du souverain : le prêtre de Dionysos était choisi par le roi parmi les plus hauts dignitaires et les membres de la famille royale\n39, et nommé à vie. Seuls deux autres prêtres nous sont connus, issus (selon la tradition : pas par hasard) de familles apparentées, même d’assez loin, aux Attalides et par conséquent de sang royal : c’est le cas du Mithridatès déjà cité et, un siècle plus tard, de C. Antius A. Iulius Quadratus (voir infra p. 68). Le caractère éminemment politique de cette prêtrise apparaît dans le cas de Mithridatès lors d’un épisode relaté par Dion Cassius (41.61.3) et César (lui-même) (B.C., 3.105), qui dut se produire à Pergame à l’époque de la bataille de Pharsale. Ace momentlà, des tambours et cymbales auraient retenti à l’intérieur du temple de Dionysos à Pergame, auquel seuls les prêtres avaient accès. Cette histoire – sans aucun doute lancée par Mithridatès – fut présentée plus tard à César comme présage de victoire et fut à l’origine de son amitié avec le dictateur\n40. Jeune homme, Mithridatès s’était forgé la réputation d’un soldat d’exception à la cour du roi du Pont du même nom. Il se rangea ensuite au moment opportun du côté des Romains de telle manière que, sans doute en raison de la grande renommée qui était la sienne. César lui confia en 48 la tâche de le libérer de la situation difficile dans laquelle il se trouvait à Alexandrie grâce à une armée de secours. Le dictateur le nomma enfin tétrarque des Trocmes et surtout roi du royaume de Bosphore, par référence à la proximité entre Mithridates et le roi du Pont, ce qui garantissait une légitimité et une continuité quasi-dynastique\n41. Pergame doit à cet aristocratique concitoyen la restitution du statut de ville libre (“inviolable, autonome, sacrée”), dont elle avait été privée par Sylla, et la ville lui en fut d’autant plus reconnaissante que l’hiver précédent (49/48), le général de Pompée. Metellus Scipion, y avait passé ses quartiers d’hiver et opéré de terribles dommages\n42. César et son proconsul P. Servilius Vatia Isauricus ont instauré à Pergame ainsi que dans toute la province une série de nouveaux règlements concernant le statut de la ville et de ses sanctuaires. Mithridatès servit sans aucun doute d’intermédiaire en cette occasion. Lui et César sont honorés dans deux inscriptions de Pergame pour avoir rendu la ville et sa région aux dieux de la patrie. Après le héros fondateur, Pergamos, et Philétairos, Mithridatès fut élevé au rang de νεòς κτίστης (nouveau fondateur)\n43. Si Diodoros avait pu adoucir les conséquences matérielles de l’action punitive de Sylla. Mithridatès rétablit la réputation de la ville à l’intérieur des territoires dominés par Rome et lui redonna ainsi son identité et le respect d’elle-même.
5Outre Mithridatès, un autre citoyen de Pergame, le rhéteur Apollodôros, gagna l’amitié d’un dirigeant romain, en l’occurrence celle du princeps Auguste. Apollodôros avait été l’un des précepteurs du jeune Octavien et, à un âge avancé, vécut à la cour de l’empereur durant les premières années du nouvel ordre politique. Il serait tentant d’identifier ce célèbre ami du princeps avec le grammateus de même nom attesté à Pergame, fils d’Artémôn, qui lit le don au théâtre (fig. 2, no 3) d’une porte revêtue de marbre à côté du rideau de scène, dont le linteau était orné de masques de théâtre et de rinceaux de lierre. Il s’agit vraisemblablement du même personnage qui, en tant que l’un des trois nomophylaques, c’est-à-dire des gardiens des archives des lois, finança des portes en marbre ainsi qu’un nouvel aménagement intérieur du nomophylakeion (fig. 2, no 5) situé sur l’agora supérieure\n44. Mithridatès et Apollodôros sont présentés par Strabon comme les Pergaméniens les plus célèbres de son temps et il n’y a aucun doute sur le fait que, grâce à leurs interventions, la ville pouvait compter sur les bonnes grâces de César et sur celles de son fils adoptif\n45.
6L’ambitieuse reconstruction, pour partie luxueuse, de vastes secteurs de la ville résidentielle à partir du milieu du ier siècle a.C. peut être interprétée comme le signe d’une nouvelle vitalité\n46. Parallèlement, on constate un essor de la construction publique, dont l’ampleur et le rayonnement restent cependant difficiles à cerner. Dans l’état actuel des sources, l’édifice le plus considérable semble être le portique de marbre longeant la Voie Sacrée conduisant à l’Asklépieion (fig. 11, no 12), dont le contexte architectonique et la datation sont néanmoins encore très vagues\n47. Les thermes occidentaux (fig. 5, no 2) ont été vraisemblablement exécutés à la même époque sur la terrasse supérieure du gymnase selon des modèles romains\n48. Il faut enfin mentionner le nombre croissant des gymnases pergaméniens, dont quatre existaient à l’époque de Diodoros Pasparos, cinq jusqu’aux années 18/17 a.C. et six à la mort d’Auguste, sans que nous ayons d’information, à l’exception de la grande terrasse, sur la situation et les dimensions des édifices. Si l’on interprète comme étant un gymnase le complexe de l’hérôon auquel furent ajoutés des thermes au début de l’empire, il s’agirait alors d’une réalisation discrète, peu “spectaculaire” et s’intégrant tout à fait dans le bâti de l’époque\n49. Les boukoloi (adorateurs de Dionysos) construisirent dans la ville une nouvelle salle pour leur assemblée (“salle des, podiums”, fig. 2, no 9). Un temple existant déjà sous Eumène II sur la terrasse moyenne du gymnase (fig. 5, no 11), dédié peut-être à Hermès et Héraklès, reçut en façade une colonnade corinthienne de quatre colonnes\n50.
7Si les citoyens de Pergame avaient déjà engagé les puissants bienfaiteurs locaux dans la continuité de leur brillants prédécesseurs royaux, le nouveau gouvernement du principat fondé par Auguste prit des connotations du même ordre. Par ses thèmes et ses lieux d’exercice, le nouveau culte impérial pouvait se rattacher directement au culte rendu aux Attalides. Si un culte avait été organisé en l’honneur d’Attale Ier dans le sanctuaire de Déméter, si son épouse Apollônis avait même financé les grands portiques de l’enclos sacré et si la reine Stratonice y fut par la suite honorée d’une statue\n51, on trouvait désormais non seulement des représentations de l’impératrice Livie en tant que Déméter sur les monnaies pergaméniennes, mais également des fragments de statues grandeur nature des membres de la famille impériale qui attestent de l’existence d’un culte impérial à l’intérieur du temple–d’où les réaménagements effectués dans le sanctuaire\n52. A l’intérieur d’une exèdre dédiée aux dieux de la palestre, Hermès et Héraklès, sur la terrasse intermédiaire du gymnase, les deux membres du groupe réputé des Hymnodes du temple impérial, Apollônios, fils de Dionysodôros, et Cn. Octavius Bassus, intégrèrent un lieu de culte avec décoration de statues pour les Θεοὶ Σεβαστοί Auguste et Livie\n53. La place publique la plus imposante de la ville, la terrasse du plus ancien sanctuaire, celui de la déesse attitrée de la ville, Athéna, avait été choisie comme centre du culte impérial (fig. 2, no 4). Athéna était la divinité qui avait offert au roi Attale Ier sa grande victoire sur les Galates et qui l’avait hissé au rang de défenseur des Grecs contre les barbares. Le roi lui rendit des honneurs reconnaissants dans les années 220 en plaçant devant son sanctuaire les grandes dédicaces illustrant sa victoire sur les Gaulois et en instaurant un agôn pentétérique, les Nikèphoria. Auguste occupait ce lieu central de l’identité et de l’ostentation personnelle des Attalides : la statue d’Athéna Promachos dressée par Attale Ier sur un socle circulaire devant le temple fut remplacée par une statue d’Auguste, offerte par le peuple de Pergame et par les notables romains qui résidaient dans la ville\n54. Auguste avait érigé sur les degrés supérieurs de la crépis du socle des trophées issus du succès sur les Parthes en 20 a.C. et les avait dédiés à Athéna. De la sorte, le nouveau princeps se rattachait lui-même aux victoires glorieuses des dynastes pergaméniens, dans la mesure où il plaçait sur un même plan son propre succès en politique extérieure et les mérites historiques de la dynastie en tant que protectrice de l’hellénisme contre les Celtes. Comme lieu des manifestations honorifiques organisées par le peuple pour les membres de la maison impériale et leurs proconsules Asiae, par ordre d’importance la terrasse d’Athéna figure par conséquent bien avant le secteur du grand autel et celui de la terrasse supérieure du gymnase. C’est pourquoi l’on place avec raison dans le sanctuaire même d’Athéna le nouveau temple provincial de culte impérial (voir p. 48)\n55.
8L’instauration du principat par Auguste et la mise en scène politique et religieuse de la maison impériale qui lui fut consécutive ne se traduisirent pas, sur un plan architectural, dans le réaménagement d’espaces publics comme dans le cas de l’agora de la cité d’Ephèse ou comme dans celui de nombreuses autres villes du royaume. Au tournant de notre ère, le centre de la vie publique de Pergame se situe encore sur l’acropole et les constructions “royales” en place suffisaient, en capacité et en ornementation, aux exigences d’une ville néocore. Il semblerait que ce soit seulement à partir du début de l’époque impériale, et avec le nouveau statut de la cité, que l’on retrouva à Pergame le niveau d’activité qui avait autrefois correspondu à l’équipement architectural de la ville sous la dynastie attalide. On a réhabilité, remis en état ce qui avait souffert ou bien était tombé en ruines à la fin de la République. Si l’on considère le cercle de personnes apparaissant comme commanditaires dans les documents conservés fortuitement, on est déjà frappé, malgré la pauvreté du matériel, par un phénomène typique de Pergame : à l’inverse d’Éphèse, on a affaire dans cette ville à une classe supérieure autochtone. Beaucoup de noms déjà mentionnés comme ceux de Pyrrhos, Mènodotos, Mètrodôros, celui du philosophe Cratippos, dont la famille sera évoquée plus loin (p. 48), apparaissent comme prytanes dans le calendrier des fêtes daté des dernières années du règne des Attalides (IPergamon, 247) et n’en donnent pas moins une preuve de la position dominante des familles en question sur plusieurs générations, même si la parenté ne peut pas être attestée dans tous les cas. Diodoros Pasparos, Mithridatès et Cratippos offrent des exemples à la fois précoces et caractéristiques d’une classe supérieure fréquentant, au delà des limites de la ville, les grands de la société “internationale” de l’époque. Au contraire d’Ephèse, ils sont les seuls à apparaître en tant que donateurs, et non les Italiens résidant à Pergame, et ce fut au contraire Diodoros Pasparos qui prodigua ses bienfaits aux ‛Pωμαῖοι ἐπιδημουντες\n56.
9En dépit des personnalités importantes qui côtoyaient les potentats romains et des conditions générales qui, par conséquent, étaient favorables, l’activité de construction fut, en quantité et qualité, assez discrète et peu spectaculaire. Il faut évoquer ici comme raison les dimensions visiblement suffisantes de l’ancienne résidence royale, ainsi qu’un conservatisme qui empêchait l’aménagement d’espaces voués aux manifestations d’ostentation du nouvel ordre politique. L’impression d’une quasi-immuabilité du tableau architectural général de la ville de Pergame à l’époque des Attalides jusqu’à une époque avancée de l’Empire est confirmée par l’histoire de la construction de l’Asklépieion (fig. 11, no 13). Après une phase d’aménagement permanent sous les Attalides, le sanctuaire subit un “cataclysme” qui anéantit en particulier les constructions méridionales et orientales. D’après ce qui vient d’être dit, la “catastrophe” est vraisemblablement imputable à la première guerre de Mithridate. On aimerait voir dans la reconstruction du sous-sol du portique sud à la suite des destructions, ainsi que dans la reconstruction de ce dernier – “la dernière restauration de l’ensemble du site du sanctuaire hellénistique”\n57 – un service rendu par l’un des trois “grands” Pergaméniens de la fin de la République. Diodoros, Mithridatès ou Apollodôros. Les travaux de restauration de la fin de la République et de l’époque augustéenne, qui n’ont pas lieu d’être décrits ici dans le détail, donnent néanmoins aux chercheurs une impression générale de stagnation et d’improvisation : “Le sanctuaire hellénistique continuait à vivre de manière inchangée, même si, dans une certaine mesure, des destructions partielles et constructions malheureuses portèrent atteinte à l’image d’ensemble du sanctuaire. Le temps n’était pas encore venu d’un changement radical...”\n58.
Éphèse
10A la différence de Pergame, c’est à cette époque à Éphèse que l’activité architecturale présente les plus fortes impulsions, alors que, comme indiqué précédemment (p. 22), le tissu de l’architecture urbaine hellénistique reflète un “remarquable vide”. Dans les dernières années de la République, la ville dut ressentir la domination romaine comme une charge écrasante. Le quaestor pro praetore L. Antonius, loué en 49 comme patron du sanctuaire et de la ville, put amoindrir, pour les deux entités, les torts causés par l’avide mainmise des publicains. Un an plus tard, l’Artémision échappa de justesse à un pillage du proconsul Metellus Pius Scipio\n59. Sous César, les conditions politiques se modifièrent également avec rapidité : il n’existe certes dans le cas d’Éphèse aucun citoyen privilégié connu de la stature du Pergaménien Mithridatès, ami du dictateur et intercesseur pour sa communauté d’origine. Cependant, la ville n’en sut pas moins tirer avantage des mesures profitant à l’ensemble de l’Orient grec, grâce auxquelles César se créait une nouvelle clientèle. Après Pharsale, c’est à Éphèse qu’il foula vraisemblablement pour la première fois, en 48 a.C., le sol de la province d’Asie et y reçut les délégations qui étaient venues l’attendre en grand nombre. Après l’administration bénéfique du général césarien P. Servilius Vatia Isauricus, les meurtriers Brutus et Cassius extorquèrent d’énormes sommes d’argent. Une notice conservée chez Pline (Nat. 35.58) relatant le vol palle triumvir Marc Antoine d’une statue colossale d’Apollon réalisée par Myron (Vitr. 10.8.13) et provenant de l’Artémision (statue qu’Auguste rendra plus tard aux Éphésiens) illustre l’absence totale de scrupules des dirigeants romains\n60. Antoine installa à plusieurs reprises ses quartiers à Éphèse et. dans les années 33-31 a.C., il en fit le centre de son pouvoir politique et militaire contre Octavien. La situation géo-stratégique favorable de la ville et les circonstances historiques de la République finissante transformèrent à l’évidence peu à peu Ephèse en centre de l’administration romaine en Asie. Au plus tard depuis les années 50, et sans doute depuis les guerres de Mithridate, le gouverneur d’Asie ne résidait plus à Pergame, mais à Éphèse\n61. La ville était sans aucun doute considérée comme le centre des échanges commerciaux de l’Asie Mineure occidentale, lorsque, en 38 a.C., au regard des conditions privilégiées qui étaient les siennes (πóλις εὔκαιρος), Octavien estima nécessaire de sommer les Éphésiens de restituer le cas échéant les biens en hommes et marchandises dérobés à Aphrodisias par Labienus et les Parthes\n62.
11Si l’on considère les donateurs de cette époque et de la période suivante, il apparaît que le pouvoir romain a laissé ici une population appauvrie qui, dans le meilleur des cas et jusqu’aux premières décennies du principal, ne pouvait tout au plus générer que des dons très modestes. Le fait que, à l’inverse de Pergame, la ville vécut au début presque exclusivement des bienfaits de donateurs étrangers ou “d’Éphésiens d’adoption” doit être analysé de manière plus précise. Le premier grand évergète dont nous puissions saisir la personnalité n’est justement pas un homme du cru, mais le proconsul déjà cité Servilius Vatia Isauricus, qui administra l’Asie en 46-44 a.C. et auquel les Éphésiens rendirent des honneurs de type cultuel, ce qui constituait pour eux la plus haute marque de gratitude. C’est peut-être sous son gouvernement qu’Ephèse retrouva son statut de ville libre, ou en tout cas sous César. On instaura de nouvelles réglementations au sujet de l’asylie de l’Artémision, ayant valeur d’exemple pour les autres sanctuaires\n63. Enfin, un (au moins) et peut-être deux des programmes de construction sont liés au nom d’Isauricus : il restaura ou lit même construire entièrement la stoa le long de l’ancien voie processionnelle entre le théâtre et le stade\n64, ainsi que le bâtiment circulaire faisant saillie sur le versant sud du Panayirdağ (fig. 6, no 11). Ce dernier, daté par W. Alzinger de la période précédant Auguste, est à interpréter comme un édifice destiné à permettre à ce proconsul de recevoir des honneurs cultuels. Il représentait aussi un monument, démesuré et écrasant, de l’autorité de Rome\n65. C’est un officier romain, le préfet Q. Caecilius Atticus, et non un autochtone, qui apparaît dans les sources comme premier donateur d’huile sacrée pour le fonctionnement du gymnase (τò ἀνὼ γυμνάσιον) – situé peut-être près de l’agora civique-, sans que nous disposions d’informations complémentaires sur les relations de cet homme avec la ville d’Éphèse\n66. Le seul édifice à rattacher à cette activité de construction dans l’ensemble modeste de la fin de la République est l’Octogone (fig. 8, no 2 et fig. 9), sur la partie inférieure de la rue des Comètes, un monument funéraire élevé pour la princesse Arsinoé IV, jeune sœur de Cléopâtre assassinée sur ordre d’Antoine à Éphèse en 41 a.C., monument qui imitait la forme octogonale du Phare d’Alexandrie\n67. Un certain Timôn, fils d’Artemidôros, lui-même prêtre de Rome, agonothète des Dionysies de l’année 43/42 et stratège en 39/38, fit paver l’agora tetragonos dans le secteur de l’horloge et fonda un παραστάς (avant-cour ?)\n68. Un certain Thémistios consacra à Artémis et au peuple d’Éphèse un antigrapheion, un bureau municipal que l’on aimerait pouvoir placer au mieux sur l’agora civique, sans avoir aucune idée de l’aspect et des proportions de la construction\n69. Les deux derniers bâtiments cités ne peuvent pas être datés avec précision ; ils appartiennent peut-être au grand programme de construction instituant le pouvoir absolu d’Auguste, qui modifia durablement l’aspect des deux emplacements.
12De manière évidente, Auguste plaça Éphèse au côté de Pergame à la tête de la province, au reste riche en communautés importantes, en accordant aux deux villes l’honneur de devenir le centre du nouveau culte provincial (voir infra p. 48). Le princeps lui-même se révéla être le principal initiateur d’un essor économique de la ville, comme le prouve en tout premier lieu sa donation de deux nouveaux systèmes d’approvisionnement en eau, l’aqua Iudia, qui portait son nom, et l’aqua Throessitica. L’origine et le tracé des deux canalisations sont en grande partie inconnus. L’aqua Throessitica franchissait la vallée du Marnas (Dervendere) et la route menant à Magnésie du Méandre par un un aqueduc, financé par Sextilius Pollio. Elle était alimentée par des eaux provenant sans doute du secteur de Sirince\n70. La force économique retrouvée de l’Artémision était un élément essentiel de l’expansion insufflée par l’empereur Auguste. Ce dernier réduisit à nouveau à son ancien périmètre la zone d’asylie qui avait été considérablement élargie par Mithridate VI et Antoine. Il étendit néanmoins les limites de “l’enceinte sacrée” en restituant des propriétés rurales anciennement occupées. Surtout, il fit assainir la gestion des ressources financières du sanctuaire. Ainsi que nous l’apprend un document (IK-Ephesos, 19 B. b), Auguste restitua à la déesse l’abundantia vectigalium qui. à côté d’autres privilèges, est louée dans le décret du proconsul Paullus Fabius Persicus autour de 44 p.C.\n71 Dès la fin des années 20 a.C., les revenus provenant de ce beneficium de l’empereur (ainsi qu’il est expressément dit) affluaient en telle quantité qu’on put financer un pavement dans le secteur de l’agora civique, et il ne s’agit sûrement pas de la seule mesure prise à l’époque grâce à cette ressource financière\n72. On pense tout d’abord à des mesures de construction dans le sanctuaire lui-même, comme à ce mur clôturant le temple et le nouveau Sebasteion (IK-Ephesos, 1522, av. 6/5 a.C.), Dans toutes ces mesures touchant l’Artémision, l’expert en droit et en finances d’origine italienne qu’était P. Vedius Pollio joua un rôle essentiel qu’il n’est pas possible de décrire en détail. Il s’agit d’un personnage extravagant, mais jouissant de la confiance illimitée de l’empereur et qui, au titre d’agent de ce dernier, dut créer “les bases juridiques religieuses et effectives du culte impérial”\n73 Ses dispositions de droit privé concernant l’Artémision, confirmées par l’empereur, contenaient également des fondations et des règlements complémentaires sur lesquels le proconsul Persicus pouvait encore s’appuyer 70 ans plus tard.
13Le nouveau régime du principat offrit à Éphèse non seulement l’occasion d’un nouvel essor général de la construction, mais mit également l’accent sur certains secteurs de la ville, ce qui apparaît nettement dans le cas de l’agora supérieure, de “l’agora civique”. Le nouveau culte provincial du Divin Jules et de la déesse Rome accordé à Éphèse y trouva d’abord son foyer sous la forme d’un périptère de 15 mètres sur 22 (fìg. 7, no 1)\n74. Le lieu d’exercice du culte impérial local se situait ensuite à cet endroit, entre le prytanée reconstruit et le bouleutérion (conventionnellement désigné comme odéon). Le téménos (fig. 7, no 7), dont la disposition architectonique reste floue (autel ou deux naïskoi ?) lut consacré par Apollônios Passalas, membre d’une des grandes familles dirigeantes d’Éphèse. Un deuxième Augusteum (Σεβαστῄον) fut inauguré dans le secteur de l’Artémision et on éleva Auguste au rang de parèdre d’Artémis\n75.
14Les efforts de construction de cette période d’essor sous le premier princeps se concentrèrent pour la ville sur l’approvisionnement en eau, déjà mentionné, sur le secteur de l’agora civique, sur la partie inférieure de la rue dite “des Courètes” ainsi que sur l’agora tetragonos. Ils correspondent chronologiquement à la deuxième moitié de son règne, lorsque visiblement la ville put récolter les fruits du “financement de départ” impérial. Nous pouvons déjà noter (la situation est identique à Pergame) que le développement urbain se reflète dans l’expansion des quartiers résidentiels privés – ici en particulier ce qu’on désigne comme les “maisons en terrasses” sur les flancs du Bülbüldag dotées dans certains cas d’une technique de construction élaborée et d’un décor luxueux\n76. Les intentions d’Auguste furent reprises et poursuivies par un cercle de personnages, dont la caractéristique commune était d’avoir une origine italienne ou des liens étroits avec l’Italie. Ces derniers ne cherchèrent pas seulement à se mettre en scène par l’architecture : ils exprimaient également au plan monumental la nouvelle idéologie du principat. Au sein de ce cercle, il faut citer en premier lieu C. Sextilius C.f. Vot(uria) Pollio, qui, en 11 p.C., acheva la majestueuse basilique à trois nefs et longue de 164 m (fig. 7. no 2), sur le côté septentrional de l’agora civique. Avec son épouse Ofillia A.f. Bassa et son gendre C. Ofillius A.f. Cor. Proculus, il en lit la dédicace à Artémis, Auguste, Tibère et à la ville d’Éphèse\n77 Avec de bons arguments, Peter Scherrer a récemment identifié le bâtiment désigné comme βασιλικὴ οτοά comme une partie du Sebasteion déjà cité et situé à l’intérieur de la ville. Cet édifice aurait pu être utilisé comme une sorte de galerie impériale en complément du téménos placé en vis-à-vis, là où se trouvait le centre cultuel. La nouvelle basilique fut construite sur un édifice antérieur qui était par ailleurs moitié moins large. Elle séparait désormais par sa masse l’agora civique du prytanée construit à la même époque, où était honorée Hestia, personnification du foyer sacré de la ville\n78. La basilique rejeta ainsi – à la lettre – au deuxième rang le bâtiment central voué à la politique locale et transforma complètement la place en un forum romain ayant le culte impérial comme point de référence architectural et idéologique\n79. La délimitation de l’aire du temple par une galerie la séparant du reste du forum trouve un parallèle contemporain en Italie du nord ainsi que dans les provinces occidentales de l’empire, et constitue l’indice d’une nouvelle fonctionalité du dispositif de la principale place de la ville\n80. La basilique de Pollion représente sur le plan architectural un mélange particulier d’éléments à la fois romains, si l’on considère le plan, et grecs, si l’on se réfère aux dimensions de l’édifice. Elle ne trouve d’équivalent direct que dans la basilique d’Hérode, légèrement antérieure sur le plan chronologique et bordant l’aire du temple de Jérusalem, et n’a dans un premier temps pas été copiée dans les autres villes de l’Orient grec\n81.
15En relation étroite, pour l’idéologie et la chronologie, avec la basilique, un autre témoignage illustre la munificence de Pollion. Il s’agit de l’imposant aqueduc, élément de l’aqua Throessitica financée par Auguste, qui, au sud-est de la ville, enjambait le Marnas (Dervendere) et la route conduisant à Magnésie du Méandre\n82. Au delà de son aspect purement fonctionnel, cette performance architecturale propre à Rome constituait un monument d’autant plus impressionnant que, d’une manière encore exceptionnelle en Asie Mineure à cette époque, il symbolisait à la fois le sentiment de supériorité des Romains, maîtres de la nature, la maiestas de Rome et celle de l’empereur\n83. L’hypothèse selon laquelle le fondateur de cette imposante construction se serait érigé pour ainsi dire en continuateur et en auteur de l’achèvement des travaux de l’aqua Throessitica, un monument pour l’approvisionnement en eau d’Ephèse également situé à l’intérieur de la ville, est tout à fait vraisemblable. Hilke Thür a, il y a peu, identifié d’une façon convaincante comme un nymphée le “monument de Pollion”, un socle de 8 x 6,5 mètres en contrebas de la limite occidentale de l’agora civique et de la basilique (fig. 7, no 3). L’inscription monumentale mentionne le gendre de Pollion, Ofillius Proculus, comme fondateur et Pollion comme dédicataire, le terrain ayant été procuré par la cité\n84.
16Pollion et sa famille s’etaient mis en scène avec le nymphée – et sous Néron avec le podium occidental de la basilique (chalcidicum, fig. 7, no 3) – bien visibles à un endroit où la rue dite des Courètes s’élargit et forme un léger coude. Ils n’étaient cependant pas les seuls maîtres de la place : à l’extrémité septentrionale de la place s’élevait l’imposant monument dédié à C. Memmius (fig. 7, no 5), une tour isolée de près de 23 mètres de hauteur reposant sur un socle carré de 9 mètres de côté. Il avait été érigé aux frais d’un donateur inconnu comme tombeau ou comme monument à la mémoire de Memmius, un petit-fils du dictateur Sylla, à identifier vraisemblablement avec le consul suffectus de 34 a.C. Nous ignorons malheureusement tout des relations de ce membre de l’aristocratie romaine et des probables services qu’il rendit à la ville d’Éphèse, selon ce que suggèrent l’emplacement et la monumentalité de cet édifice délibérément conçu en vue de servir le désir d’ostentation personnelle du personnage\n85.
17Constituant une partie de la voie processionnelle, la rue dite des Courètes avait depuis l’origine la fonction d’une allée de tombeaux, et, même à une époque où elle servait d’artère principale pour la circulation à l’intérieur de la ville, la tradition se poursuivit dans ce secteur, conformément à l’urbanisme de l’époque, d’ériger de majestueux monuments funéraires aux personnalités de premier rang ayant rendu service à la ville. Il convient assurément de citer ici l’hérôon d’Androklos, le fondateur mythique de la cité, et le bâtiment qu’on désigne comme octogone, à l’extrémité occidentale inférieure de la ville, identifié avec raison comme le monument funéraire de la princesse égyptienne Arsinoé IV (assassinée en 41 a.C.), à côté des monuments dédiés à Pollion et Memmius\n86. Plus à l’est, au delà de l’Octogone, les fondations d’un hexagone (fig. 8, no 1), découvertes en 1994 seulement et datées par les fouilleurs de la lin du ier siècle a.C., ont été interprétées comme celles d’un “monument honorifique qui servait d’écrin a une statue”. Par analogie avec les deux édifices mentionnés plus haut, cette construction avait dû de même être destinée à un Italien de haut rang établi à Éphèse ou à un membre encore plus en vue de la bonne société romaine\n87. Dans les premières décennies du principat, l’artère principale de circulation de la ville servait en tout cas de lieu d’ostentation grandiose pour “l’élément romain” sur un plan local et supra-régional. La grande villa située directement au-dessus du théâtre (fig. 6, no 5), vraisemblablement construite à la fin de la période hellénistique, quoique agrandie au début de l’Empire “d’après des concepts architecturaux spécifiquement romains”, doit être interprétée de la même manière. Il s’agit sans aucun doute du “palais” d’une riche famille de la classe supérieure italienne de la ville ou bien d’un fonctionnaire romain. Même en tant qu’édifice privé, l’emplacement de cet ensemble de constructions, à l’égal de celui du bâtiment circulaire (voir supra p. 37), souligne le caractère “dominant” de l’architecture romaine à Éphèse pendant la période augustéenne\n88.
18L’agora commerciale, l’agora tetragonos du quartier du port, connut également un nouveau programme urbanistique. A Smyrne, lors de la mise en place de la ville lysimaquéenne, dans le secteur du port une partie de l’ancienne Smyrne fut remblayée et aplanie de manière à réaliser une place. A l’époque hellénistique, à Ephèse, l’agora était déjà entourée sur les quatre côtés de portiques massifs, ainsi qu’il ressort de récentes mesures géomagnétiques\n89 On engagea cependant une importante activité de construction sous Auguste dans le secteur des portiques de l’agora, activité qui jusque-là avait pu être attestée plus précisément sur le côté ouest. L’extrémité occidentale de l’agora était formée d’un cryptoportique doté à l’ouest de salles placées en avancée, sur lesquelles on commença la construction d’une nouvelle stoa. Aucun édifice “politique” ne put être érigé dans ce secteur, mais, au plan architectural, les donateurs potentiels trouvèrent une excellente occasion d’exprimer les temps nouveaux dans les portes monumentales qui, par leur hauteur et leur masse, dominaient directement les portiques environnants. La porte occidentale, regardant en direction du port et vraisemblablement plus ancienne (fig. 6, no 7), ne peut, en l’absence d’inscriptions de cette période, être plus précisément datée. Elle ne révèle pas non plus le nom du commanditaire. La porte marquait de son côté le point de départ oriental d’une rue à colonnades, large de 24 mètres et longue de 160 mètres, se dirigeant vers l’ouest en direction du port, rue ponctuée à l’ouest par une porte à triple arcade\n90. La porte sud de l’agora (fig. 6, no 8), entre-temps entièrement reconstruite, se présente comme une fondation des affranchis impériaux Mazaios et Mithridatès datant des années 4/3 a.C.\n91. La porte ne marquait pas seulement un accès à l’agora mais également le point où la “voie processionnelle”, à l’époque traversant encore l’agora, faisait un coude en direction de la rue dite des Courètes et où bifurquait le chemin allant à Ortygie, d’où son nom de triodos (trois chemins). Ortygie était le heu de naissance mythique d’Artémis et d’Apollon, dont l’anniversaire était fêté chaque printemps en ce lieu\n92. Les inscriptions sur l’attique des ailes latérales en avancée (IK-Ephesos, 3006) mentionnent nommément en latin les patrons honorés parcet édifice : dans le cas de Mazaios, Auguste lui-même et sa mère Livie, dans le cas de Mithridatès, Agrippa et son épouse, Julia l’Ancienne. Les statues des personnages honorés se dressaient sur l’attique. On rajouta peu d’années après au moins celle de Lucius Caesar (IK-Ephesos, 3007) ainsi vraisemblablement que celle de Gains Caesar. L’inscription grecque de la partie médiane ne mentionne par contre comme bénéficiaires que le donateur et les “patrons” ainsi que le peuple. Le lien avec la maison impériale et la revendication politique impériale d’une souveraineté romaine n’est visible que dans la version latine, l’inscription grecque, beaucoup plus modeste, renonce à la désignation nominale des patrons et souligne par contre plus fortement les noms des donateurs.
19Les “deux visages” de cet édifice magnifique transparaissent également dans sa décoration et sa fonctionnalité. Il avait d’une part la fonction de porte en tant qu’accès à une place entourée de portiques, et, d’autre part celle d’arc honorifique dans la lignée de l’architecture triomphale romaine. Son plan, avec les ailes en avancée, correspondait à la tradition hellénistique de la porte à parastades, son élévation correspondait au schéma de l’arc de triomphe romain\n93.
20Les deux donateurs ne sont sûrement pas des natifs d’Éphèse. Comme l’indique leur nom, ils étaient originaires d’Anatolie orientale ou de Syrie. Leur condition d’anciens esclaves au service de l’empereur leur avait apporté la prospérité et ils étaient les parfaits représentants d’une génération de nouveaux riches qui avaient fait d’Éphèse le centre de leur vie professionnelle et sans doute également de leur vie privée. C’est avant tout sous cette forme spectaculaire qu’ils s’immortalisaient, au moyen d’un monument élevé à l’endroit même où leur richesse prenait sa source : l’agora commerciale. Ils donnaient en même temps au bâtiment une tonalité politique évidente, avec l’honneur monumental fait à la maison impériale, à laquelle ils étaient redevables de leur position\n94.
21Les commanditaires du début de l’Empire étaient par conséquent des particuliers, qui se firent apparemment ériger de préférence un édifice de type tombeau ou hérôon. Au delà de la mort, le donateur restait ainsi pour sa ville éternellement vivant et, par le bienfait rendu à cette dernière, créait en même temps un culte personnel à son bénéfice exclusif. Ces personnages constituaient une couche sociale qui disposait d’une fortune qui, à l’échelle éphésienne, était extraordinaire, tandis que l’aristocratie financière traditionnelle d’origine locale avait disparu ou, si elle existait encore, était beaucoup moins riche et ne pouvait en tout cas engager que des dépenses des plus modestes. Ce type de fondateur actif à Éphèse en matière d’architecture apparaît également dans la grande liste de donateurs de l’époque tibérienne, qui présente une sorte de “Who’s who” de la société éphésienne classée selon la fortune. Des particuliers, le plus souvent avec des membres de leur famille, souscrivirent des sommes d’argent qui devaient être déposées dans la banque de l’Artémision. Avec le capital déjà existant, ces sommes devaient être prêtées afin que, grâce aux intérêts versés en retour, soit maintenu vivant le souvenir d’un événement précis, que le texte fragmentaire n’a pas conservé mais qui pourrait être identifié à l’aide organisée par Tibère après le tremblement de terre\n95. Au sommet de la liste de donateurs, avec des sommes maximales de 1 500 à 2 000 deniers, figurent six familles romaines qui, ainsi que le révèle leur gentilice, n’étaient pas des provinciaux néo-citoyens, mais qui tous sans exception étaient originaires d’Italie : une Vedia Secunda, peut-être fille du célèbre P. Vedius Pollio ; le donateur déjà cité de la basilique du marché Sextilius Pollio ; son fils avec sa famille ; enfin, un citoyen dont nous ignorons le nom mais dont l’épouse Fabricia et la belle-mère Clodia portent cependant des gentilices romains, ce qui signifie qu’il devait également lui-même avoir la citoyenneté romaine. Ce sont eux qui firent les dons les plus élevés, d’un montant de 2 500 deniers. On trouve ensuite avec un don de 2 000 deniers un membre de ce qui était vraisemblablement la plus riche famille d’origine éphésienne, en outre particulièrement bien attestée dans les sources. Il s’agit d’Hérakleidès Passalas, connu également par une entreprise de construction comparativement plus modeste : il lit ajouter à la porte de Mithridatès et de Mazaios deux collecteurs et lit élever le niveau du passage afin de canaliser les masses d’eau qui s’abattaient par forte pluie et pouvaient provisoirement rendre la porte impraticable\n96. Sous une forme aussi concentrée, en un si petit espace, il n’est pas possible de trouver de témoignage plus frappant sur l’échelle des ressources financières respectives d’un affranchi impérial et d’un membre de la classe supérieure de la société indigène éphésienne. Le père d’Hérakleidès, Apollônios Passalas, avait surveillé l’inauguration du téménos dédié à Auguste (27/25 a.C.) et fut prytane en 19/18 a.C.\n97, son frère Alexandros revêtit dans les dernières années de la période augustéenne la fonction de prytane à deux reprises. Ces derniers n’étaient pas des cives Romani. Ils appartenaient aux Ἓλληνες et apparemment eux seuls pouvaient revêtir (en tout cas sous Auguste) les magistratures urbaines encore fermées aux nouveaux venus d’origine italienne\n98. Après les guerres civiles, l’élément éphésien de souche dut s’élever lentement, par ses propres forces, et ne put financer que des constructions assez modestes ou ne réunir des sommes plus importantes que par des souscriptions dont les montants individuels étaient faibles.
22L’élément “étranger” de la population apparaît donc de façon évidente comme le moteur de l’essor de la construction urbaine à Éphèse sous Auguste, en premier lieu le princeps lui-même et vraisemblablement des patrons influents issus de l’aristocratie impériale. Sous le triumvirat encore, le consul de l’année 32 a.C. et partisan d’Antoine Cn. Domitius Ahenobarbus est attesté comme patron de la ville et de l’Artémision. Peu de temps après, c’est le tour de l’influent ami d’Auguste M. Valerius Messala Corvinus, qui est consul en 31 a.C.\n99. Ils mirent la main sur la ville, qui, comme port et emporium, profitait plus que d’autres de la paix. Par là-même, ils attirèrent avant tout des individus d’origine étrangère motivés par le gain. Il s’agissait de négociants qui avaient reconnu et su utiliser la situation favorable de la ville sur un plan économique et stratégique, tous sans exception citoyens romains, vraisemblablement encore originaires d’Italie à la première génération et qui s’installèrent à Éphèse, avec parmi eux également des affranchis impériaux. Grâce à leurs affaires, ils avaient amassé, une richesse colossale et avaient mis toute leur ambition à briller, au moyen de donations somptueuses, dans un cadre approprié. Vedius Pollio réglait l’empire financier et économique qu’était l’Artémision, Sextilius Pollio laissa la marque de son exceptionnelle munificence sur l’agora civique, et les deux affranchis impériaux sur l’agora commerciale. L’image de ce groupe social est encore complétée et confirmée par d’autres personnages, certes pas encore des commanditaires d’édifices, mais qui s’étaient cependant distingués d’une autre manière dans la ville : ainsi l’affranchi d’Octave-Auguste C. Iulius Nicephorus, qui joua un rôle prépondérant dans le conventus civium Romanorum. Il avait annoncé en grande pompe assumer à vie, par une donation sous la forme d’une épangélie, les frais de la fonction de prytane, ce qui, en matière d’autonomie de la cité, met en lumière de manière révélatrice le rôle de la classe supérieure locale, qui exerçait effectivement la prytanie comme fonction annuelle, et celui des non-Éphésiens, qui la dotaient financièrement\n100. Le premier chevalier romain “habitant en Asie”, [Corne?]]lius Menodorus, fils d’Alexis, ne venait (à mon avis) sûrement pas d’Éphèse, car, dans le contexte de cette réalisation tout à fait exceptionnelle, il se serait sans aucun doute fait reconnaître comme citoyen d’Éphèse, et pas uniquement comme un de ceux qui in Asia habitant. Il choisit sans doute plutôt cette ville prestigieuse comme lieu de résidence et y fit ériger son tombeau\n101. En fonction de la liste de donateurs déjà mentionnée, il convient de supposer que, sous Tibère, les couches supérieures et moyennes de la ville étaient constituées pour moitié au moins de cives Romani d’origine étrangère qui avaient trouvé là une nouvelle patrie, attestant ainsi un état de fait typique d’Éphèse et valant aussi pour les périodes postérieures.
Comparaison
23L’ostentation personnelle par des monuments grandioses dans le style de ceux d’anciens esclaves comme Mazaios ou Mithridatès aurait été absolument impossible à Pergame. La ville n’offrait pas un cadre propice aux manifestations ostentatoires de cette couche sociale. Les rares fondations privées sont à mettre exclusivement au compte de l’aristocratie locale autochtone. Cette dernière se distinguait comme auparavant, pour autant que nos connaissances fragmentaires permettant d’en juger, par un réseau de relations allant bien au delà des limites provinciales. Elle demeura vraisemblablement imbue d’une supposée “supériorité” par rapport à la classe dominante émergeant à Éphèse. Dès Auguste, la famille du philosophe Cratippos, qui avait reçu le droit de citoyenneté romaine, s’était alliée par mariage à la famille de l’officier de rang équestre T. Aufidius T.f. Ani. Spinter, appartenant vraisemblablement à la première génération de vétérans de la nouvelle colonie d’Alexandrie de Troade. L’héritage que le petit-fils M. Tullius Cratippos légua à la ville permet d’imaginer l’ordre de grandeur de la fortune établie à Pergame : 100 000 drachmes, un multiple de l’ensemble des montants cités dans la liste des donateurs d’Éphèse à l’époque tibérienne, le quintuple encore de la donation faite 100 ans plus tard par Vibius Salutaris, et avec lequel ne peuvent rivaliser (aux trois quarts) que les 75 000 deniers mis à la disposition pour le réaménagement du port par T. Flavius Montanus (venant du reste d’Acmonia) à peu près à la même date\n102. La différence entre la structure sociale des deux villes se reflète enfin dans les cultes provinciaux concédés par Auguste : à Pergame pour les Ἕλληνες (à l’inverse des cives Romani) en son honneur et celui de la déesse Rome, à Éphèse pour les Romains vivant en Asie en l’honneur du Divin Jules et de la déesse Rome\n103. Une telle répartition peut s’expliquer par le fait qu’Éphèse était dominée par une classe de marchands italiens immigrés et par leurs descendants, c’est-à-dire par des citoyens romains, alors que Pergame, en tant qu’ancien siège de la dernière dynastie attalide régnant en Asie, apparaissait aux ἐπὶ πῆς Ἀσίας Ἕλληνες plus appropriée comme lieu de culte. Les éléments nouveaux et traditionnels trouvèrent ainsi dans le choix respectif des lieux une expression évidente. Les Pergaméniens étaient conscients de leur particularisme, qui reposait sur la tradition attalide, et du prestige dont ils jouissaient, notamment auprès du nouveau pouvoir représenté par Rome ; pour les hommes politiques de la fin de la République, la ville était un pôle d’attraction dans les domaines de l’art, de l’architecture et de la littérature\n104.
24En ce qui concerne l’infrastructure monumentale, il devait encore exister au début de l’empire un fossé considérable entre les deux villes, si l’on en juge au nombre respectif de gymnases. Si six gymnases sont attestés à Pergame au moment de la mort d’Auguste, Éphèse n’en possédait que trois au maximum : un gymnase à proximité de l’Artémision, sans doute identique à l’ἀρχαῖον γυμνάσιον, qui fut modifié à l’époque de Trajan et ensuite appelé καινòν γυμνάσιον ; un gymnase sur l’agora civique, vraisemblablement nommé τò ἀνω γυμνάσιον et à identifier aux “thermes de l’odeon” jouxtant à l’est la basilique de l’agora (fig. 6, no 14), thermes auxquels se réfère probablement la fondation de Q. Caecilius Atticus mentionnée plus haut ; et enfin le gymnase de la Gérousia, connu depuis peu et attesté à l’époque tibérienne, correspondant sans doute au “gymnase du théâtre” (fig. 6, no 2), qui fut dans la deuxième moitié du iie siècle p.C. encore réaménagé dans un style plus imposant\n105. C’est sous Domitien que fut construit le quatrième gymnase d’Éphèse. Le cinquième et le sixième furent érigés sous Antonin le Pieux seulement.
25A l’instar de beaucoup de villes de la moitié occidentale de l’empire, Éphèse avait adapté l’agora politique, et donc l’espace public central, au nouveau régime politique : le “forum” était la skènè où l’on vénérait l’empereur, les bâtiments périphériques en étaient les coulisses. Un espace sacré apparut, dominant déjà visuellement la vie interne de la cité par son architecture en partie influencée par des exemples romains, qui attribuait une fonction identificatrice au culte impérial\n106. L’élément italo-romain ne s’était pas seulement taillé sur l’agora civique une place dominante dans l’aspect général de la ville, mais également sur l’agora commerciale sous la forme architecturale de l’arc de triomphe et par le recours à la technique de construction des aqueducs. Du point de vue architectural, Éphèse prit un aspect semblable à celui de nombreuses villes des provinces occidentales de l’imperium, qui, en raison de leur “monumentalisation” et ainsi d’une qualité accrue des édifices l’accompagnant, reflétaient un nouveau style de vie, qui personnifiait le nouvel Age d’oraugustéen\n107. Dans le cas de Pergame, par contre, l’aspect conservateur de l’activité de construction constaté sous Auguste a déjà été souligné : la ville conserva son aspect de la période hellénistique, suffisant à ses besoins et exigences de l’époque, et elle le fit délibérément. En quelque sorte, on adopta le nouveau régime en changeant les statues ou en en installant de nouvelles. Rien n’aurait été plus éloigné de l’esprit des Pergaméniens que de transposer le régime du principat en une monumentalité architecturale marquant de son empreinte l’aspect d’ensemble de leur ville. Un détail peut au mieux expliquer cette différence : les deux villes reçurent sous Auguste des systèmes d’approvisionnement en eau supplémentaires. Éphèse reprit tout de suite à son compte la technique architecturale romaine de l’aqueduc, avec ses connotations implicites d’expression spectaculaire du “pouvoir dominant” (voir p. 40), alors que Pergame se contenta d’enterrer dans le sol, “discrètement”, une troisième double canalisation, en parallèle aux deux autres qui existaient déjà depuis la période hellénistique sur le versant ouest de la vallée du Selinous. La ville ne devait entreprendre la construction d’un aqueduc qu’un siècle plus tard\n108.
Notes de bas de page
20 OGIS, 435 = IGRR, IV, 301 = Sherk, Documents, no 11. Gruen 1984, 603 sq.
21 Bernhardt 1985, 285 sq. Virgilio 1993, 67 sq.
22 Schulz 1997, 103 ; Kuttner 1995, 166. K. J. Rigsby (1988, 140) serait tenté de ne reconnaître ce rôle à Pergame que pendant les quelques années précédant la constitution définitive de la province. Aucun motif, aucune source – pour l’instant du moins – ne fonde cependant à croire que le siège du gouverneur ait été déplacé avant les guerres de Mithridate : voir p. 37.
23 Sherk. Documents. no 12. Gruen 1984, 607 : Broughton 1986. 23 sq. IK-Smyrna, 589 (commentaire de G. Petzl, 58 sq.).
24 Schazmann 1923, 94 sq. ; sur la datation par le style, 100 sq.
25 Heinen 1994, part. 68 sq.
26 Virgilio 1993, 73 sq., avec bibliographie.
27 Jones 1974, part. 196 sq. Virgilio 1993, 73 sq., avec mention des sources épigraphiques relatives au règne de Mithridate sur Pergame (n. 336-338). A. S. Chankowski (1998) a réuni et commenté les décrets rendus en l’honneur de Diodoros.
28 Jones 1974 ; Virgilio 1993, 77 sq., et 1994. Bon résumé dans Kienast 1970 (l’auteur a néanmoins tort d’adopter la chronologie haute).
29 Wulf 1994, 152.
30 Sur l’état du gymnase, voir Hepding 1907, 257 sq.,no 8a, col. 1,1.13 sq. (IGRR, IV, 293). Sur les donations, voir Schazmann 1923, 52 sq. Radt 1986, 114 sq., 118 sq. Au total, il existe deux, voire trois lieux de culte dédiés à Diodoros : deux exèdres dans le secteur du gymnase supérieur (associées chacune à des divinités différentes) et peut-être l’hérôon mis au jour dans les quartiers résidentiels de la ville (fig. 2, no 8), dont la construction est désormais datée de façon sûre de la première moitié du ier siècle a.C. grâce à la céramique, mais dont l’attribution à Diodoros ou à Mithridatès demeure cependant indécise (cf. infra). Voir Meyer-Schlichtmann 1992.
31 Pour un exposé détaillé, voir Virgilio 1993, 77 sq., et Kienast 1970, 226.
32 OGIS, 764 = IGRR, IV, 294 1. 42 ; Hepding 1907, 257, no 8, col. II, 1. 14 sq. (IGRR, IV, 293), avec les améliorations apportées par Wilhelm 1932, 36 sq.
33 Hepding 1907, 278 sq., no 11. L’éditeur identifie Stratôn – dont il étudie également la famille – à son homonyme le stratège royal de Chersonèse et de Thrace sous Attale II, qui mena campagne en 145 a.C. contre Diegylis, roi des Caeni. Voir Hansen 1971, 139.
34 Jacobsthal 1908, 406 sq., no 35, avec le commentaire de Jones 1974, 200 et n. 105.
35 Hepding 1907, 273 sq., no 10 ; Schazmann 1923, 63 sq. Le père est également mentionné, au titre de gymnasiarque, dans la liste éphébique datée de 147/146 a.C. : Schröder et al. 1904, 170 sq., no 14.
36 Schazmann 1923, 67 sq. La date de l’exèdre d’Hermès dans la pièce M est un peu antérieure à la donation de Pyrrhos : Jacobsthal 1908, 403. no 31. Pyrrhos, que le peuple honore également dans l’inscription no 39 (p. 408), était le descendant d’un prytane homonyme dont le nom apparaît dans le calendrier des fêtes, qu’il faut dater de la lin de la royauté. Son anniversaire compte au nombre des jours de fête : voir IPergamon, 247, col. II, avec le commentaire p. 161 sq.
37 Voir désormais Hübner 1986, 136 sq., avec commentaire détaillé et indication de toutes les sources ; Freber 1993, 89 sq.
38 B. Virgilio (1993, 44 sq.) considère Apollônis comme un “modèle féminin”, eu égard à d’autres personnalités féminines éminentes honorées à Pergame, comme Livie. Hansen 1971, 457.
39 Voir l’étude détaillée d’E. Ohlemutz (1940, 90 sq.). Parmi les prêtres attestés à l’époque royale figurent Sôsandros de Cyzique, fils d’un cousin d’Eumène II et d’Attale II, et son fils Athènaios. Selon Ohlemutz (p. 96), “à Pergame, Dionysos Kathègémôn n’était pas seulement la divinité tutélaire de la maison et de la famille attalides, il était aussi et peut-être surtout le dieu du théâtre et des arts du divertissement, le dieu d’une civilisation enjouée et sensible aux arts, au sein de laquelle les Attalides, en tant que mécènes et organisateurs de spectacles, rivalisaient avec les Ptolémées d’Égypte.”
40 Segre 1938 ; Bowersock 1987, 294 sq., qui allègue des documents supplémentaires ; Hepding 1909. D’après Hübner 1986, 136 sq., c’est Mithridatès plutôt que Diodoros que l’on vénérait dans l’hérôon mis au jour dans les fouilles de la ville (fig. 2, no 8).
41 Heinen 1994.
42 Si l’on songe aux critiques formulées par César (Ciu., 3.31), qui reproche a Metellus d’avoir livré Pergame et d’autres villes prospères d’Asie au pillage de ses soldats, les honneurs que la ville rend à son sôtèr et euergetès (IPergamon, 411= IGRR, IV, 409 = Syll. 3, 757) s’apparentent à une humiliation volontaire. De même, les honneurs que Pergame et d’autres villes rendent au quaestor pro praetore L. Antonius (50/49 a.C.) en le reconnaissant comme patron et évergète ne peuvent se comprendre que dans le contexte des énormes charges qui pesaient sur les communautés : l’honorandus les atténuait assurément, mais il ne pouvait les faire disparaître. Voir Hepding 1907, 317 sq., no 45 ; OGIS, 448 (IGRR, IV, 400-401) ; IK-Ephesos, 614a, avec d’autres sources. Voir en outre Eilers 1995.
43 Hepding 1909, 330 sq. (IGRR, IV, 1682) ; 336 sq. (IGRR, IV, 1677). Virgilio 1993, 95 sq. Sur les mesures relatives à Pergame prises par César, voir Freber 1993, 20 sq. ; sur les honneurs accordés a Isauricus. 112 sq.
44 IPergamon, 236 (porte de la parodos) ; 237-239. Sur la base de critères stylistiques, A. v. Gerkan (1972) a fait descendre au “début de la période romaine”, “encore avant l’époque impériale”, la date de construction de la scène – et par conséquent de la porte-, autrefois placée à la lin de la période attalide (voir part. p. 60 sq.). Sur les motifs dionysiaques du linteau, et sur le contexte cultuel, voir Ohlemutz 1940, 97. Kl. Rheidt (1992, 269 sq.) identifie la “salle ouest” de l’agora supérieure au nomophylakeion.
45 Strab., 13.4.3 (C 625) ; Suet.,Aug., 89.1. Bowersoek 1965,31 sq. ; Heinen 1994,72 sq.
46 Wulf 1994, 153.
47 O. Ziegenaus (1970. 188 sq.) date le portique de marbre du “tout début de l’empire”, et considère qu’il faisait partie d’un complexe architectural s’étendant plus au sud. La datation repose uniquement sur la forme des chapiteaux ; les parallèles allégués par Ziegenaus n’excluent pas la période de Diodoros Pasparos.
48 Datation d’après Radt 1999, 131 ; P. Schazmann (1923,84) propose-de manière très hypothétique – le1er siècle p.C. Il est certain que la date haute s’accorde mieux au développement général de l’urbanisme.
49 Sur le nombre des gymnases pergaméniens et leur date de construction, voir Habicht 1969, 83, 164 sq. Sur l’identification du complexe de l’hérôon, Radt 1999, 113 sq. ; sur les thermes situés à proximité de l’hérôon, 135 sq. La terrasse supérieure du gymnase correspond peut-être au πανηγυρικòν γυμνάσιον attesté par l’épigraphie (IPergamon, 273 C 16, non reproduite dans Oliver 1989, 150 sq., no 57-60, et IPergamon, 463 A). A titre de comparaison, sur le nombre de gymnases attestés à Éphèse, cf. infra p. 49.
50 Sur la salle des podiums, voir Radt 1999, 196 sq. Sur le temple, voir Schazmann 1923, 40 sq. (datation p. 42).
51 Attale Ier : IPergamon, 45. Sur les édifices financés par Apollônis (peu après 200), voir Schalles 1985, 146 sq. Stratonice : Müller 1991,393 sq. (date probable de la statue : 159/156).
52 Bohtz 1981, 17, 59. Parmi les édifices réaménagés, on peut citer les oikoi et la fontaine, à laquelle on donna la forme d’une exèdre. Pour les témoignages relatifs au culte impérial, voir Ohlemutz 1940, 222.
53 Schröder et al. 1904, 167 sq., no 8 (IGRR, IV, 318) ; Ohlemutz 1940, 235 sq. : Tuchelt 1979, 31 sq.
54 Bohn 1885, 84 sq. ; Felten 1985, 118 sq. Dédicace de la statue d’Auguste : IPergamon, 383 A-B (IGRR, IV, 315). Pour la datation, voir Habicht 1987, 140 n. 5. Sur les tentatives de reconstitution, voir Pochmarski 1999, 321 sq.
55 Trophées dédiés par Auguste et déposés à la base du socle : IPergamon, 301 (IGRR, IV, 310). Sur le lien idéologique avec la victoire remportée sur les Parthes en 20 a.C., voir Schneider 1986, 64 et 90 (avec bibliographie), ainsi que Virgilio 1991, 33 sq. La ville entreprit une restauration du temple d’Athéna, qui s’acheva sous Tibère ou l’un de ses successeurs : IPergamon, 383 C (IGRR. IV, 315). Pour le débat scientifique, voir la bibliographie réunie dans SEG, 36, 1129. Inscriptions honorifiques accordées à des proconsuls et à d’autres notables romains sous le règne d’Auguste : IPergamon, 416 sq. ; Tuchelt 1979, 66 sq. ; voir également Ohlemutz 1940, 54 sq. Sur la localisation du culte impérial, voir Wulf 1994, 167 n. 181.
56 OGIS, 764 = IGRR. IV. 294, 1. 19. Sur l’importance démographique des Romains et des Italiens à Pergame, cf. infra p. 131.
57 Ziegenaus & Luca 1968, 87 sq.
58 Ziegenaus & Luca 1968, 71.
59 IK-Ephesos, 614 A. Eilers 1995. Cf. supra n. 42. Caes., Ciu., 3.33.
60 Knibbe 1998a, part. 98 sq., donne un résumé de l’histoire de la ville.
61 Discussion détaillée dans Rigsby 1988, 137 sq.. et Haensch 1997. 18 sq., 312 sq. Le témoignage de Cicéron (An., 5.13.1), qui date de 51, est univoque.
62 Reynolds 1982, 101 sq., doc. 12.
63 Sur Éphèse à l’époque de César, voir Freber 1993, 19 sq.. 112. Honneurs cultuels : IK-Ephesos, 13. 702, 3066. Sur l’asylie, voir Herrmann 1989a, part. 155 ; Rigsby 1996, 385 sq.
64 IK-Ephesos, 444-445,454 B ; Knibbe 1985,75 sq.
65 D’après W. Alzinger (1974, 40), il s’agirait de la restauration d’un monument érigé en 409 a.C., qui célébrait la victoire des Éphésiens sur la Hotte athénienne (Xen., H., 1.2.6 sq.). Je tiens l’hypothèse avancée par J. Keil (1964, I 15 sq.) pour plus vraisemblable : il considère la construction comme un monument funéraire dédié au proconsul, couvert d’honneurs cultuels.
66 Büyükkolanci & Engelmann 1991. 142, no 8 (AE, 1991, 1503). Atticus devint ensuite duumvir de la nouvelle colonie augustéene de Tuder en Ombrie : voir Demougin 1992.53. Sur les gymnases éphésiens, cf. infra p. 49 et n. 105. L’atélie et l’exemption des droits de douane accordées aux médecins, sophistes et professeurs constituent une autre marque de faveur, vraisemblablement consentie par Antoine : Knibbe & Iplikçioğlu 1981-1982, 136 sq., no 147.
67 Thür 1990 ; 1995b, 92 et 1995a, part. 181 sq.
68 IK-Ephesos, 3004. Contrairement à ce que suppose W. Alzinger (1974,48), la pierre, remployée dans le pavement de la rampe sud de l’agora tetragonos à la lin de l’Antiquité, doit sans doute avoir été prise sur l’agora même, comme H. Thür et P. Scherrer me l’ont assuré de vive voix. Fr. Hueber (1997a, 71 sq.) identifie cette horloge avec une horloge hydraulique qui devait se situer sur le “bâtiment circulaire hellénistique” à l’extrémité méridionale du portique est de l’agora. Prêtre de Rome : IK-Ephesos, 9,1. 27. Stratège : IK-Ephesos, 1387.
69 IK-Ephesos, 14. Le iερον ἀντιράφειον (IK-Ephesos, 1024 ligne 12 = D. Knibbe, FiE, IX.1 [1981] B 24 de l’époque trajane) désigne sans doute les archives du prytanée. Dans la mesure où la maison impériale n’est pas encore citée en tant que bénéficiaire des dons de Thémistios, l’inscription devrait dater de l’époque pré augustéenne. R. Heberdey (1904, 44 sq.) la date de la fin du ier siècle a.C. en raison de la forme des lettres.
70 IK-Ephesos, 401-402. Alzinger 1987, 184. L’eau du Marnas n’a manifestement pas été conduite vers la ville avant le règne de Domitien (communication orale de P. Scherrer). L’approvisionnement en eau d’Éphèse mériterait une nouvelle étude de fond. Voir Ôzis & Atalay 1999,405 sq.
71 Scherrer 1990, 87 sq. Sur la puissance économique de l’Artémision, voir le résumé de Knibbe 1993, 12 n. 21.
72 IK-Ephesos, 459 = (melius) Alföldy 1991.
73 Scherrer 1990, 90. Sur P. Vedius Pollio, voir aussi Keil 1995a : Engelmann et al. 1989. 109 sq., avec bibliographie.
74 Les archéologues identifiaient autrefois ce temple a un temple dédié à Dionysos, commencé par et pour Antoine. Voir par exemple Alzinger 1972-1975, 283 sq., et 1985b. 61 sq. ; Hölbl 1978, 27 sq. Je me rallie à l’opinion défendue par H. Thür et P. Scherrer : rien n’indique que la construction soit antérieure au règne d’Auguste. Voir Scherrer 1990, 99, et Walters 1995, part. 293 sq.
75 IK-Ephesos, 902. Voir Scherrer 1990, 90 sq. ; Engelmann 1993a, 279 sq. Sur le téménos, voir Alzinger 1974, 55 sq., avec le compte rendu de H. von Hesberg (1978, 583 sq.) ; Alzinger 1985b, 62 sq. ; Scherrer 1997a, 93 sq. Sur les modèles italiques possibles, voir Tuchelt 1979, 32 sq.
76 Alzinger 1974, 59 ; Vetters 1977, 12 sq.
77 Knihbe et al. 1993, 148 sq., ont restitue l’inscription de la frise de la basilique (IK-Ephesos, 404), et pu donner la date précise d’achèvement de l’édifice (AE, 1993, 1498).
78 Sur l’interprétation de la basilique, voir Scherrer 1990, 100 sq. Sur son architecture et son ornementation, voir Alzinger 1974, 26 sq. Sur le prytanée, voir Alzinger 1974, 51 sq., et 1972-75, 229 sq. C’est pour le prytanée nouvellement aménagé que les Courètes ont quitté l’Artémision : Knibbe 1981,74 sq., 101 sq. Les études d’architecture, commencées en 1997, promettent de livrer de plus amples informations sur l’histoire de la construction du bouleutérion : vue d’ensemble dans Bier 1999.
79 Sur l’organisation générale de l’agora civique, voir Price 1984, 140 ; Gros 1998.
80 Hesberg 1991, 188, avec bibliographie.
81 H. v. Hesberg, communication faite à Cologne le 20.11.1998.
82 Sur l’aqueduc de Pollion, voir IK-Ephesos, 3092 (entre 4 et 14 p.C.) ; Alzinger 1970, 1604 sq., 1974, 21 sq., et 1987, 180 sq.
83 Sur la valeur que les Anciens attachaient aux aqueducs, voir Drerup 1966, 183 sq.
84 IK-Ephesos, 405-406. Thür 1997b, 70 sq., avec bibliographie antérieure. Pollion a-t-il été lui aussi enterré dans le nymphée, qui aurait alors fait fonction d’hérôon comme les constructions situées à l’extrémité inférieure de la rue des Courètes ? la question demeure ouverte.
85 Alzinger 1971, 86 sq. : Outschar 1990, 57 sq. ; Thür 1997b, 73 sq. A. Bammer (1972-1975) attribue au monument la fonction d’intimider les provinciaux et de symboliser, pour les Italiens, la sécurité et le pouvoir de l’État romain. C’est une interprétation douteuse.
86 Sur la tradition des monuments Itinéraires bâtis le long de la rue des Courètes, voir les travaux de H. Thür cités n. 15, et Thür 1997b, 69 sq.
87 Karwiese et al. 1996, 15 sq.
88 Keil 1932,8 sq. : Alzinger 1970, 1639 ; Outschar 1995.
89 Vetters & Alzinger 1986-1987, 11 ; Langmann & Scherrer 1993 ; Scherrer 1994 et 1997c, 5.
90 La rue et la porte viennent d’être dégagées : la plupart des vestiges visibles aujourd’hui ont été remaniés à la fin de l’Antiquité, mais ils doivent pour l’essentiel remonter au début de l’Empire. Voir Heberdey 1902, 62 ; Keil 1926, 270 sq. ; Scherrer 1995b, 148.
91 Cryptoporlique : pour la datation, Scherrer 1996, 7 sq., et 1998, 7 sq. Porte ouest : Alzinger 1974, 45 sq. ; Scherrer 1996, 10 sq. Porte sud : Alzinger 1974,9 sq. ; Karwiese 1997.
92 Knibbe et al. 1993, 123 sq., no 13, avec commentaire. C’est au plus tard sous le règne de Trajan que l’on fit passer la voie processionnelle par la rue voisine du théâtre (plateia), et que l’on attribua à la “porte d’Hadrien” la fonction de porte sud de l’agora : cf. infra p. 91-92. Sur la localisation (mal assurée) d’Ortygie dans la vallée du Kenchrios (Değirmen Dere), à environ 15 km au sud de la ville (à vol d’oiseau), voir Keil 1922-1924. Cf. Knibbe 1981, 72 n. 18.
93 A propos de l’origine du donateur, W. Alzinger (1974. 15 sq.) souligne le type oriental de l’archivolte des nielles ornant l’intérieur des passages latéraux et faisant retour à l’horizontale (architrave “syrienne’’). Sur le style, voir aussi Kader 1996, part. 259 sq., et Roehmer 1997, 71 sq. Sur les deux ailes de la porte, à interpréter vraisemblablement comme des monuments honorant la mémoire du donateur (inscription funéraire de Mithridate IK-Ephesos, 851), voir Thür 1997b, 74 sq.
94 Les parallèles, pour partie mal datés, sont appelés à se multiplier ; je renvoie à IK-Ephesos, 454 (un certain Philippos Mazaios fait don d’une architrave pour un Bakcheion) ; voir également infra p. 61.
95 IK-Ephesos, 1687. Voir Knibbe et al. 1989, 198 sq., no 37. Le commentaire de L. Migeotte (1992, 224 sq.) est en partie dépassé par la découverte de nouveaux fragments ; le montant de la somme fournie par les souscripteurs doit s’être élevé à plusieurs dizaines de milliers de deniers. P. Scherrer (1997a, 97 sq.) pense à un monument cultuel affecté au culte impérial que la ville avait récemment instauré en l’honneur de Tibère, pour le remercier de l’aide accordée après le séisme de 23.
96 Knibbe et al. 1993, 123 sq., no 13.
97 IK-Ephesos, 902, avec les améliorations apportées par H. Engelmann (1986, 34, et 1993, 284). Sur la datation, voir Scherrer 1997a. 93 sq.
98 C’est ce que montre, outre une série de sources incidentes, la liste des prytanes et des agonothètes des Dionysies (IK-Ephesos, 9), qui remonte jusqu’à l’année 18/17 a.C.
99 Messala : Knibbe et al. 1993, 126 sq.. no 18 (AE, 1993, 1476). Sur Messala, voir en outre Syme 1986, 200 sq. Ahenobarbus : IK-Ephesos, 663 ; Herrmann 1974,257 sq.
100 Sur Nicephorus, voir Engelmann 1990, 92 sq. (AE, 1990, 904) et IK-Ephesos, 859. Je ne puis comprendre différemment les mots ἐπανγειλάμενον [πρυτ]ανείαν διὰ βίου πρυ[τανεύειν], puisque des prytanes en fonction pour une année sont attestés à la même époque (n. 98). Sur le rôle significatif des affranchis impériaux à Éphèse, voir également Scherrer 1997a, 94, 96.
101 Knibbe et al. 1993, 137, no 40 (AE, 1993, 1479). L’épouse de Menodorus, Cornelia Namnè, porte un nom celte. Sur la restitution encore incertaine de l’inscription et sa datation, voir Eck 1997a, 110 sq.
102 Habicht 1969, 164 sq. Sur l’origine des Aufidii, voir Devijver 1989, 294, 312, et Demougin 1992, 69 sq. Sur la donation de Salutaris et de Montanus, cf. infra p. 88, 95.
103 Cass. Dio 51.20.6. Friesen 1993, 7 sq.
104 Kuttner 1995.
105 Sur les gymnases de Pergame, voir supra p. 31-32. Les dates de construction et les dénominations antiques demeurent controversées. En dépit d’Alzinger 1970, 1620 sq., je me rallie a la datation et a la nouvelle interprétation que vient de défendre P. Scherrer (1995d, 9, 12, 14). Ἀρχαῖον γυμνάσιον : IK-Ephesos, 1618, voir aussi infra p. 87 sq. Ἄνω γυμνάσιον (“thermes de l’Odèon”) : IK-Ephesos, 621. Engelmann 1993a, 288 sq. Sur l’édifice, voir keil 1930, 29 sq., et Alzinger 1970, 1617 sq. Gymnase de la Gérousia (gymnase du théâtre) : Knibbe et al. 1993, 116 sq., no 8-10 (AE, 1993, 1468-1470). Rapports de fouilles de Keil 1929, 1930, 1932. Cf. infra p. 104 sq.
106 Voir Zanker 1987, 294 sq.. 312 sq., et 1994, 260 sq.
107 Hesberg 1991.
108 Garbrecht 1987, 30 sq. La datation repose sur le fait que les dimensions des tuyaux et le type de la canalisation trouvent un parallèle dans la conduite du iie siècle a.C. Cependant, le monogramme CAES. apposé sur un fragment de tuyau, indique déjà la période romaine. La conduite, dont le départ se trouve au sud du Geyiklidağ, à l’ouest de la ville, date de la même époque, à moins qu’elle ne soit légèrement plus ancienne (Garbrecht 1987, 28).
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