Chapitre XIV. Les amis de Lépide
p. 223-237
Texte intégral
1Nous avons jusqu’ici étudié la carrière de Lépide comme s’il avait agi seul, sans tenir compte de ses amis et de son entourage. Or, nous savons qu’à Rome, un homme seul ne dispose d’aucun pouvoir réel à Rome1. En effet, un des instruments de la domination politique de la Rome républicaine, pour les futurs candidats aux magistratures, à côté de la fortune et du charisme personnel, était l’utilisation de réseaux clientélaires2. Les larges clientèles manifestaient la puissance et le rayonnement d’un personnage, confortaient son prestige et lui permettaient de gagner les élections par le vote de leurs membres3. Au ier siècle, la fortune et les réseaux clientélaires constituaient toujours les instruments de l’autorité, mais le niveau qu’ils avaient atteint en ces deux domaines étaient supérieurs à celui des hommes politiques des générations précédentes4. Ce changement d’échelle aboutit à la mise en place d’une hiérarchie des relations telle que les plus puissants contrôlaient de moins puissants, qui à leur tour dominaient des réseaux secondaires5. Un processus de sujétion des membres de l’aristocratie se mit en place dès le ier siècle qui toucha même les familles les plus éminentes6.
2La carrière de Lépide est tout à fait révélatrice de ce phénomène. Le jeune Lépide a commencé son cursus honorum au moment où se mettait en place le premier Triumvirat, et pour accéder aux magistratures républicaines, il a dû à la fois être soutenu par son propre réseau clientélaire proche des populares et choisir le camp césarien. Jusqu’à l’assassinat de César, il n’était comme Antoine, qu’un chef de faction au sein du parti césarien. C’est après la mort du dictateur qu’il a constitué à l’instar d’Antoine et d’Octavien son propre parti ce qui lui permit d’accéder aux plus hautes charges de l’État.
3Par amis et partisans de Lépide, nous entendons, les ministri, les socii et adiutores, c’est-à-dire tous ceux qui le servirent, lui obéirent, le défendirent et le représentèrent à un moment donné7. Or pour connaître les partisans et amis du futur triumvir nous nous heurtons à plusieurs difficultés. La première d’entre elles est la pauvreté de la documentation. En effet, les sources littéraires primaires et secondaires donnent peu d’informations sur l’entourage immédiat de Lépide. Cicéron, en 44-43, fait état dans sa correspondance de quelques partisans de Lépide et Dion Cassius mentionne aussi quelques soutiens et appuis envers Lépide mais sans les individualiser8. Ce fait s’explique dans la mesure où les historiens antiques ont privilégié pour la période du second Triumvirat, l’histoire militaire, plutôt que l’activité administrative, législative et sénatoriale. L’action de Lépide, resté à Rome et en Italie entre 42 et 40, a donc peu intéressé et retenu l’attention des historiens de langue grecque du iie siècle de notre ère. Il faut rappeler également que très tôt dans l’histoire du second Triumvirat, Lépide est présenté comme le collega minor, d’où le peu de renseignements le concernant. Itti et son entourage. Devant une documentation lacunaire nous devons donc utiliser les sources épigraphiques et numismatiques, et les catalogues prosopographiques anciens et récents. Une seconde difficulté concerne les partisans de Lépide. Comme pour Antoine et Octavien. il faut être prudent sur la valeur des appuis et sur la fidélité des partisans. A la fin de la République, en ces périodes troublées des guerres civiles, tous les retournements étaient possibles parce que la plupart des hommes politiques étaient davantage liés à leurs chefs par des intérêts matériels que par une idéologie.
4Pour connaître l’entourage de Lépide, il nous semble nécessaire de suivre la chronologie9. Dans un premier temps nous étudierons l’entourage initial et immédiat, c’est-à-dire la famille, les familiers, la clientèle et l’appartenance de Lépide au parti césarien. L’assassinat de César et les années 44-43 constituent un deuxième temps fort de la carrière de Lépide puisqu’il est obligé de s’appuyer au moment de la création du second Triumvirat sur son propre parti. Enfin, il paraît opportun de s’interroger sur les appuis qu’il reçut au cours du second Triumvirat10.
1. L’entourage initial
5Pour pouvoir accéder aux magistratures, Lépide, comme tout nobilis, a dû utiliser les réseaux clientélaires familiaux ainsi que les relations et la fortune familiales.
1. 1. L’héritage familial
6Appartenant à une ancienne gens patricienne et philhellène, celle des Aemilii Lepidi, le jeune Lépide pouvait compter, pour gravir les échelons du cursus honorum, sur des réseaux clientélaires familiaux anciens.
7Il pouvait faire état d’appuis en Italie du Nord, plus précisément en Cisalpine et sur la côte ligure, où son arrière-grand-père, le consul de 187, avait fondé des établissements comme Regium Lepidum, et avait présidé à la création des colonies de Modène, Parme et Luni11 mais aussi dans le Latium et en Campanie où la famille possédait des biens immobiliers, et enfin en Italie centrale, plus précisément dans la région d’Alba Fucens où son père avait combattu en 7712.
8Il possédait également une fortune suffisante pour pouvoir briguer les différentes magistratures. Son arrière-grand-père était propriétaire d’une villa à Terracine13, et son père était considéré comme très riche puisqu’il avait la plus belle maison de Rome, la première avec des seuils en marbre numidique14. Selon les auteurs anciens, cette fortune provenait essentiellement d’exactions commises lors de son gouvernement en Sicile en 8015 et de l’achat de biens appartenant à des proscrits16. Lépide possédait quant à lui, une propriété à Lanuvium achetée à L. Cornelius Balbus17 et une autre à Antium achetée à Cicéron18. Il en avait une également à Rome19, à Circei20 et peut-être encore une dernière à Tibur21.
9Il faut aussi nous intéresser à la parenté et aux alliances matrimoniales, parce que les ramifications d’une famille noble à Rome assuraient au politicien en cours d’ascension un appui important22. Le père de Lépide avait épousé Appuleia, la fille du tribun de 103, L. Appuleius Saturninus23, ce qui renforçait les liens avec les populares. Le consul de 78 était le cousin germain de Mam. Aemilius Liuianus, le consul de 7724. Ce dernier avait été adopté par M. Liuius Drusus, le tribun de la plèbe de 12225 et était frère de M. Liuius Drusus, le tribun de la plèbe de 9126. Leur sœur Liuia27 épousa M. Porcio Cato, le préteur de 94 et Q. Seruilius Caepio, le préteur de 91. De la première union naquit Caton d’Utique et de la seconde Seruilia, la future belle-mère de Lépide. Or, parmi les cognati et adfines cités par Suétone qui intercédèrent auprès de Sylla en faveur du jeune César, on trouve Mam. Aemilius Lepidus qui devait être lié par une adfinitas éloignée, puisque ce dernier était lié aux Iulii par les Rutilii et les Aurelii28.
10A la génération suivante, Lépide épousa avant 50, lunia, une des trois filles de Seruilia29. Cette femme avait épousé en premières noces, M. Iunius Brutus, le compagnon du consul de 78 et de cette union naquit M. Iunius Brutus, le futur tyrannicide. En secondes noces, elle épousa D. Iunius Silanus et eut un fils, M. Iunius Silanus et trois filles qui épousèrent Lépide, P. Seruilius Isauricus et C. Cassius Longinus. Grâce à cette union avec Lépide, les liens anciens entre les Semilii et les Aemilii étaient réanimés puisque ces deux antiques gentes avaient autrefois formé une alliance pour exercer le pouvoir avec les plébéiens30. Mais pour l’heure Seruilia cherchait à restaurer le pouvoir et la dignité de sa famille. La fille de César avait été fiancée au fils de Seruilia31 et elle-même fut l’amie et la maîtresse du futur dictateur32. Le rôle de Seruilia dans la relation établie entre César avec Lépide n’est donc pas à négliger. Cette femme, comme plus tard Fuluia, fut de celles qui jouèrent un rôle important dans la vie politique de la fin de la République33. Enfin des liens d’adfinitas étaient établis entre Brutus, Cassius, P. Seruilius Isauricus et M. Iunius Silanus34.
11Lépide était donc lié à d’illustres et anciennes familles républicaines, mais toutes ces connections n’avaient rien d’exceptionnel. H. Bruhns a bien montré que presque toutes les familles aristocratiques étaient liées entre elles, ce qui laissait quelque place au libre arbitre. Les alliances matrimoniales n’étaient qu’un élément parmi d’autres pour expliquer les groupements et les choix politiques35.
1.2. La mouvance popularis
12Lépide commença son cursus à la fin des années 60 à un moment où se mettait en place le premier Triumvirat, mais également quand les débats du Sénat avaient permis de révéler l’importance de deux personnalités nouvelles dont le poids dans la vie politique n’allait cesser de croître : César et Caton d’Utique36. Ils étaient représentatifs des deux tendances qui au cours des années suivantes allaient s’affronter. Or Lépide fut élu au collège des pontifes pendant l’été 62. Le nouveau système d’élection mis en place en 63 restaurait les droits du peuple pour l’élection, et surtout permit aux influences politiques de s’exercer plus facilement. Lépide fut aidé dans cette élection par César, et ce fut certainement à la fin des années 60 que des liens politiques s’établirent entre les deux hommes. Ils appartenaient tous les deux à la fois à une famille patricienne sacerdotale et à la mouvance popularis. En cela, Lépide continuait la tradition gentilice. Il n’est pas inutile de rappeler que son père en 77, était entouré d’anciens chefs marianistes qui avaient été proscrits. Quelques-uns nous sont connus, parce qu’ils avaient figuré sur les listes de la proscription. Il y eut d’abord L. Cornelius Cinna37, le fils de Cinna et dont la sœur épousa César, puis L. Cornelius Scipio Asiagenus, le consul de 8338, ainsi que son fils naturel L. Cornelius Scipio Aemilanius39. Ajoutons deux autres chefs de guerre M. Perpenna Veiento40 et M. Iunius Brutus41. Toutefois, il faut rappeler que le consul de 78 avait proposé au jeune César, de retour à Rome à l’annonce de la mort de Sylla et alors âgé de vingt-deux ans, de participer à l’insurrection. Ce dernier soupesa les offres du “consul révolutionnaire”, les chances de réussite et repoussa les propositions qui lui furent faites42.
13Le jeune Lépide débuta sa carrière peu de temps après celle de son frère aîné, L. Aemilius Paullus. Or, il est frappant de remarquer que très tôt les deux jeunes hommes optèrent pour des voies politiques différentes. Dès 63, L. Aemilius Paullus apparaît dans les sources comme proche des optimates, puisqu’il lit accuser L. Sergius Catilina et le sénateur C. Cornelius Cethegus de ui43. En 62, lorsqu’il fut triumuir monetalis, L. Aemilius Paullus choisit de rappeler sur ses monnaies le triple triomphe de son homonyme, Paul-Émile, à la suite de la bataille de Pydna44, tout en faisant état sur l’avers de Concordia, thème qui était défendu par Cicéron. En 57, il fit d’ailleurs partie de ceux qui aidèrent le consul de 63 à revenir à Rome45. La seule chose dont nous soyons certains est que les deux frères ne furent jamais Pompéiens46.
14Les deux Lepidi ont donc commencé leur cursus presque en même temps, mais nous nous ne savons pas de quelle manière ils se sont partagé la clientèle et les biens familiaux47.
1.3. Le parti césarien
15Les années 50 sont mal connues. Mais il ne semble pas que Lépide ait été proche des optimates comme le suggère K. E. Welch48. Certes en 57, il vota en faveur du retour d’exil de Cicéron comme tous ses collègues du collège des pontifes. Ce vote fut unanime probablement parce que la procédure pour rendre le sol sacré de la maison de Cicéron n’avait pas été respectée. En revanche, il ne fait aucun doute qu’à partir de 49, Lépide appartint au parti de César49. De 49 à 44, il servit sans faillir le dictateur. L’étude du parti de César montre combien il était hétérogène. Il se composait de descendants de marianistes, de populares proches de Catilina et de Clodius, de partisans du premier Triumvirat, sans oublier les négociants et centurions qui avaient reçu des récompenses de la part du dictateur50. Lépide à l’instar d’Antoine faisait partie du cercle de partisans sincères sur lequel le dictateur pouvait compter. Les récompenses que reçut Lépide de César étaient significatives de l’attention que lui portait César : gouvernement de l’Espagne en 48-47, consulat en 46 et surtout maîtrise de la cavalerie à partir de 46 lorsqu’Antoine connut une disgrâce passagère. Cette dernière charge faisait de Lépide le second du dictateur. Toutefois, comme Antoine, Lépide était dépendant de César qui lui laissait des pouvoirs, mais pas le Pouvoir. Pour mener ses diverses tâches dans l’Vrbs, Lépide s’entoura de collaborateurs dont la majorité des noms n’a pas été conservée par les sources.
16C’est en tant que maître de la cavalerie que Lépide eut sous son commandement les préfets de la ville. Or il est extrêmement difficile de connaître indivuellement ces hommes. Seul un praefectus urbanus ne pose pas de problèmes d’identification : il s’agit de L. Munatius Plancus51, mais cet homme ne faisait pas partie du cercle de Lépide52.
17Le cas de Livineius Regulus53 est plus délicat à traiter. Une série de monnaies émises en 42 par le quattuoruir monetalis L. Liuineius Regulus présente sur l’avers le portrait d’un homme avec la légende REGVLVS PR ou L. REGVLVS PR tandis que sur le revers apparaît le nom du monetalis avec une chaise curule et trois faisceaux54. Toutefois, il existe une exception dans cette série parce qu’une monnaie fait état sur l’avers du même portrait avec l’inscription L. REGVLVS PR et sur le revers de la légende suivante : REGVLVS F(ilius), PRAEF(ectus) VR(bi)55. Il est évident que le jeune Regulus ne pouvait être préfet urbain. En revanche. Il semble que la préfecture urbaine soit en relation avec le père du jeune quattuoruir monetalis. Ce personnage semble être identifié avec l’ami de Cicéron56. Mais il était également césarien, puisque César le laissa à Hadrumète avec une légion après la bataille de Thapsus57. Il reçut probablement la charge de préfet urbain en 45. Son fils fut membre du collège des quattoruiri monetales en 42 et en conséquence était partisan d’un des triumvirs.
18Il ressort donc de cette brève présentation des préfets urbains que s’ils étaient bien les adjoints de Lépide, leur nomination a dû être faite en accord avec César.
19Le domaine de la construction publique et des clientèles techniques méritent également notre attention, avec en particulier la construction des Saepta. On peut supposer que pour leur édification, Lépide ait eu aussi la responsabilité de l’approvisionnement des matériaux de construction, en particulier du marbre pour revêtir le monument. Il a pu utiliser les liens clientélaires que les Aemilii avaient établi depuis le iie siècle avec la cité de Luni58. Peut-être, fut-il également en relation avec Mamurra59, le praefectus fabrum60 de César qui le premier, aux dires de Pline l’Ancien mit du marbre de Luni dans sa maison61, et qui a pu participer à la conception du monument62. En effet, il n’est pas inutile de rappeler les liens qui existaient entre les praefecti fabri et les responsables de la construction publique dans l’Vrbs à la lin de la République63.
20L’assassinat de César marqua une grande rupture dans la carrière politique de Lépide. Sa situation était tout à fait particulière, il n’était plus le second de l’État, puisque le dictateur mort, la maîtrise de la cavalerie n’existait plus, mais il avait toujours sous son commandement une légion qu’il devait emmener en province. La personne qui a su le mieux tirer profit de la situation dans les jours qui suivirent la mort de César fut inconstablement Antoine. Il devenait légalement le premier personnage de l’Etat comme consul prior, et il essaya avec habileté de récupérer le parti césarien64. On présente généralement Lépide comme le maillon de l’alliance entre les Césariens et les Libérateurs65 à cause de ses liens d’adfinitas avec Brutus et Cassius. S’il est vrai que Lépide et Antoine trouvèrent un compromis et dînèrent avec les deux tyrannicides le 17 mars au soir, le premier mouvement de Lépide fut de venger César66. Dès le 16 au matin chez Antoine, Lépide et L. Cornelius Balbus désiraient punir les conjurés. Mais pour l’heure, leur avis ne fut pas partagé. Lépide et Antoine réussirent toutefois à s’entendre, Lépide partait dans ses provinces et laissait Antoine seul à Rome. Il recevait le Grand Pontificat et les deux hommes scellèrent leur accord par les fiançailles de leurs enfants. Le fils de Lépide était fiancé à la fille d’Antoine et d’Antonia. Les fiançailles comme le mariage créaient à Rome des obligations entre les deux parties67. Lépide, à la différence d’Antoine ne semble pas, après la mort de César, avoir tenté de récupérer les Césariens. Mais les événements politiques, dans les mois qui suivirent l’assassinat du dictateur, l’obligèrent à prendre parti, à choisir un camp et à utiliser tous les moyens qu’un gouverneur de province avait à sa disposition.
2. Vers la mise en place du second Triumvirat
21Dans un chapitre précédent nous avons analysé le rôle qu’avait eu Lépide dans le cadre de la guerre de Modène puis dans la formation du second Triumvirat. Il convient de voir maintenant avec quels hommes il a pu agir et avec lesquels il a pu ou non compter.
22Lors des essais de négociation avortés avant la guerre de Modène, entre janvier et mars 43, trois lettres de Lépide témoignent de son engagement en faveur de la paix68 Lépide était un homme bien informé à Rome où il avait ses agents et bien que nous n’en ayons pas la preuve formelle, il a pu entrer en relations, lors de la mise en place de la première délégation avec Calpurnius Pison69. Cet homme, beau-père de César, voulait éviter à tout prix, au début de l’année 43, la guerre entre le Sénat et Antoine. Parmi les émissaires de la seconde délégation mise en place début mars, se trouvait un des beaux-frères de Lépide, P. Seruilius Isauricus70. Il avait épousé également une des filles de Seruilia. Il fut consul en 48 avec César et tribun de la plèbe en 44. Ces missions furent des échecs et la guerre ne put être évitée.
23Pour ce qui concerne la suite des événements, les sources primaires et secondaires pour la période qui se situe entre l’arrivée dans les provinces occidentales et la mise en place du second Triumvirat font état de six personnages dans l’entourage immédiat du futur triumvir, mais également d’agents à Rome et dans les provinces qui lui fournissent de nombreux renseignements71.
24La première personne connue de l’entourage de Lépide est M. luuentius Laterensis qui est défini par Dion Cassius72 comme un légat (υπoσράτηγoς). Il est généralement présenté comme un champion de la cause républicaine73. Il avait aidé Cicéron dans ses conflits avec Clodius, avait protégé la famille du consul de 63 qui en disait d’ailleurs le plus grand bien. Pendant le printemps 43, il essaya par tous les moyens de convaincre Lépide de rester fidèle au Sénat74. Il se suicida après le 6 juin 43, à la nouvelle de l’alliance conclue entre Lépide et Antoine75. Cette personne qui avait été préteur en 51 était de la même génération que Lépide. La présence d’un élément républicain dans l’entourage de Lépide peut surprendre, mais ce dernier avait peut-être gardé des liens avec les libérateurs par le biais de son épouse lunia76.
25La deuxième personne qui gravite autour de Lépide est M. lunius Silanus77 qui servit sous son autorité comme officier78 (στρατίαρχoς). En 43, il fut envoyé en Italie à la tête d’une cohorte sans ordres précis79 et rallia Antoine. A l’issue de la défaite, il rejoignit Lépide qui lui "pardonna” cette action. P. Grattarola a proposé de voir dans ce personnage le frère de lunia, l’épouse de Lépide80. Cette hypothèse séduisante expliquerait le fait que lunius était une personne dans laquelle Lépide plaçait toute sa confiance. Il y a donc de fortes présomptions pour que M. lunius Silanus ait été légat de César en Gaule en 5381. Après avoir servi le dictateur, il choisit ensuite de suivre son beau-frère82.
26Le troisième personnage subordonné à Lépide est Q. Terentius Culleo83. Il facilita le passage les troupes d’Antoine dans les Alpes84. Nous sommes mal renseignés sur cet homme. Il peut être identifié au fils de Q. Terentius Culleo, tribun de la plèbe en 5 885 ou être le tribun lui-même86. Si nous suivons la seconde hypothèse, Culleo, lors de son tribunat de la plèbe mit tout en œuvre pour faire revenir Cicéron de son exil et détacher Pompée du premier Triumvirat. Son action politique le place donc dans le camp des optimates. Nous ne savons rien de sa carrière entre 58 et 43. Toutefois, son exemple prouve qu’on pouvait changer de factio au cours d’une carrière politique. Il existe donc des similitudes dans les carrières de M. lunius Silanus et Q. Terentius Culleo. Tous les deux appartenaient à l’état major de Lépide, et à un moment donné ils ont aidé Antoine probablement avec l’accord de leur proconsul pour revenir dans le camp de Lépide. La fin de leur carrière nous est inconnue.
27Les deux personnages suivants ont un parcours différent parce qu’ils choisirent délibérément de quitter Lépide pour aller dans le camp antonien. Le premier de ces deux hommes P. Canidius Crassus87, homo nouus, commença sa carrière comme lieutenant de Lépide. Il intrigua pour que l’armée de ce dernier passe dans le camp d’Antoine88. Il devint légat d’Antoine à partir de 41 et lui fut fidèle au moins jusqu’à Actium. Le second, Rufrenus89 officier de Lépide, suscita également dans l’armée de son chef une agitation en faveur d’Antoine. Ce personnage est mal connu. D’origine étrusque, probablement d’Arrezzo90, nous ne savons pas de quelle manière il parvint dans l’entourage de Lépide.
28Reste un dernier homme inconnu par ailleurs : Apella. Il fut envoyé comme garant par Lépide auprès de L. Munatius Plancus91. Lépide à l’instar des autres chefs d’armée utilisait comme émissaire des affranchis ou des esclaves puisque la condition de cet homme nous est inconnue.
3. Le “parti” de Lépide
29La mise en place du second Triumvirat eut pour conséquence le renforcement du parti de chaque triumvir et naturellement celui de Lépide. Les triumvirs se présentaient comme les héritiers de César et avaient l’intention de le venger, mais ils tenaient également à conserver chacun leur parti. Leur entrée à Rome fut à cet égard symbolique. Chacun des trois hommes pénétra dans la ville à tour de rôle, Octavien le premier parce qu’il était consul, Antoine le deuxième et Lépide le troisième ce qui prouve leur volonté de garder leur autonomie. L’émission de monnaies par les quattuoruiri monetales va aussi dans ce sens. Si un certain nombre de thèmes furent communs aux trois hommes. Antoine, Lépide et Octavien n’hésitèrent pas à revendiquer des thèmes personnels traduisant leurs différents points de vue. Ces quattuoruiri monetales étaient certainement des proches des triumvirs et l’on peut se demander si L. Livineus Regulus, dont le père avait été préfet urbain en 45, n’avait été choisi par Lépide92.
30A la fin de l’année 43, les triumvirs avaient reçu par la lex Titia93 le droit de désigner les magistrats pour les cinq années à venir et en 42 une lectio eut lieu pour remplir le Sénat qui avait été décimé à la suite de la proscription. C’est au sein des magistratures, des sacerdoces, du Sénat et de l’ordre équestre que l’on trouve les partisans des triumvirs. Ces derniers offrirent généralement ces hautes fonctions à leurs amis en remerciement de services rendus. Malheureusement ici encore les sources sont de qualité inégale.
3.1. Les magistratures et les sacerdoces
31La magistrature la mieux connue pour les années 43-40 reste le consulat qui fut partagé entre les partisans des triumvirs. En 42. Lépide fut consul avec L. Munatius Plancus, un partisan d’Antoine94. En 41, L. Antonius, le frère du triumvir partagea la magistrature avec P. Seruilius Isauricus95. Ce dernier, fut certainement protégé par son beau-frère Lépide ou peut-être par Octavien96 parce qu’il avait voté le bannisssement d’Antoine97. Les deux consuls ordinaires de 40, C. Asinius Pollio98 et Cn. Domitius Caluinus99 sont respectivement considérés comme des partisans d’Antoine et d’Octavien. Pour ce qui concerne les consuls suffects de la même année, si P. Canidius Crassus100 est considéré comme "le plus fidèle des grands maréchaux d’Antoine”101, il semble que son collègue L. Cornelius Balbus102, dont le consulat marque l’apogée de la carrière, ait reçu cette dignité de la part d’Octavien. Tous ces hommes avaient servi fidèlement César et certains d’entre eux comme L. Munatius Plancus, C. Asinius Pollio, P. Canidius Crassus et L. Cornelius Balbus étaient des homines noni, issus des élites italiennes ou espagnoles. Ils reçurent ces magistratures grâce à leurs services rendus aux triumvirs.
32Les autres magistratures sont malheureusement moins bien connues que le consulat. A titre d’exemple, pour ce qui concerne la préture, Dion Cassius103 rapporte qu’à la lin de l’année 43, cinq jours avant le terme de leur charge, les préteurs furent tous envoyés en province comme gouverneurs et d’autres furent nommés à leur place pendant les cinq jours restants. Pour 43 onze préteurs furent identifiés104 trois furent proscrits105, un fut tué à Modène106, un condamné à mort pour avoir comploté contre Octavien107 et le dernier devint consul suffectl108. Les remplaçants des magistrats proscrits ou morts sont inconnus. Parmi les quatre préteurs connus109, seul L. Marcius Censorinus obtint un gouvernement, celui de l’Achaïe et de la Macédoine après Philippes110. Aucun préteur n’est connu pour l’année 41.
33En 40, L. Caninius Gallus111 et T. Statilius Taurus112 qui furent des partisans d’Antoine et M. Vipsanius Agrippa113 au service d’Octavien, terminèrent leurs fonctions après le pacte de Brindisium et furent remplacés par des préteurs suffects114.
34Pour l’année 42, il faut noter l’action de Rufrenus qui fit voter la lex Rufrena qui prévoyait que l’on installe des statues du diuus Iulius dans les municipes115 Or, c’était ce personnage qui avait suscité de l’agitation dans l’armée de Lépide en faveur d’Antoine. Il semble être devenu à partir de 42 un partisan d’Antoine116.
35Reste à nous interroger sur la composition des quatre grands collèges sacerdotaux117. Il ne fait aucun doute que pour la période triumvirale, les membres de ces collèges étaient des partisans des triumvirs118. Les plus anciens membres durent leur cooptation à César, puis à Antoine119 et à Octavien. Pour ce qui concerne Lépide, qui était également Grand Pontife, nous ne savons pas s’il eut l’occasion de participer à l’élection de pontifes120. Parmi les membres des collèges, il nous semble que seul P. Seruilius Vatia Isauricus121, augure depuis 47 était proche de Lépide.
3.2. Les sénateurs et les chevaliers
36Les triumvirs dans le cadre de leurs pouvoirs triumviraux ne jouissaient pas des pouvoirs censoriaux et durent désigner deux censeurs. C’est ainsi qu’en 42, C. Antonius122 et P. Sulpicius Rufus123 qui étaient parents avec Antoine devinrent censeurs124. La restauration de la censure répondait à la fois à la nécessité d’épurer le Sénat des opposants des triumvirs tout en ouvrant les portes à leurs partisans125. L’action de ces hommes est mal connue et ils n’achevèrent pas leur mission puisqu’ils n’accomplirent pas le lustrimi. Toutefois, à la suite d’A. Chastagnol126 on peut présumer qu’ils ont nommé quelques sénateurs à cause de la proscription. Si la composition du Sénat entre 49 et 44 est bien connue127, il n’en est pas de même pour les années suivantes128. P. Willems a démontré qu’il était impossible de dénombrer les familles sénatoriales de cette période. En revanche, il a relevé les noms des familles patriciennes129 et plébéiennes130 qui avaient encore des représentants au Sénat en 55 et qui ne survécurent pas à la chute de la République. Il a également fait état des nouvelles familles qui apparaissent pour la première fois dans l’histoire du Sénat. Certaines se sont éteintes à la première génération, tandis que d’autres continuèrent à donner des sénateurs à l’époque augustéenne131 et julio-claudienne132. Pour ce qui concerne les noui senatores, entre 46 et 30, T. P. Wiseman a relevé seulement dix noms. Parmi ces hommes on retrouve L. Cornelius Balbus133 et son neveu du même nom134. Le notable de Gadès dut entrer au Sénat après son consulat en 40 et son neveu après sa questure en 44. Il faut citer également P. Canidius Crassus, l’ancien légat de Lépide en Gaule Transalpine135, Decidius Saxa136 et son frère L. Decidius Saxa137 qui étaient Antoniens et les deux frères Volques Arécomiques P. Carisius138 et T. Carisius139 qui étaient des partisans d’Octavien.
37Reste l’ordre équestre dont l’étude a été menée par S. Demougin140. Sous la République, les censeurs inscrivaient les nouveaux chevaliers dans l’ordre équestre et en assuraient aussi l’épuration. Or, comme nous l’avons vu pour le Sénat, les triumvirs qui ne jouissaient pas des pouvoirs censoriaux141, durent recourir à d’autres moyens pour recruter de nouveaux chevaliers dont le nombre au début du second Triumvirat devait s’élever à plusieurs milliers de membres142. Leur principal moyen de recrutement se fit par le biais des fonctions militaires. Grâce à leur imperium, les trois hommes pouvaient nommer autant d’officiers qu’ils le désiraient qui intégraient ensuite 1’ordo. A ce premier mode de recrutement, il faut ajouter les aristocraties locales, véritables pépinières de chevaliers. Pendant la période des guerres civiles, il ne fait aucun doute qu’un certain nombre de chevaliers dut soutenir une faction, et certains n’hésitèrent pas à choisir le camp des conjurés143, ou celui des triumvirs144. Or S. Demougin n’a dénombré que des partisans d’Antoine ou d’Octavien. Pour ce qui concerne Lépide qui devait avoir quand même le soutien de membres de l’ordre équestre, on peut peut-être supposer que L. Aemilius145, décurion de Pérouse et juge dans le tribunal exceptionnel créé en 43 par la lex Pedia pour juger les meurtriers de César ait été proche de Lépide, sans appartenir au parti d’Octavien146. Nous savons que depuis les événements de 78-77, la famille de Lépide avait eu des intérêts en Italie centrale. C’était un fervent Césarien qui vota en faveur de la condamnation des tyrannicides, puis qui se retrouva aux côtés de L. Antonius dans la guerre de Pérouse. Il dut justement la vie sauve à son vote hostile aux conjurés147. Comme le remarque très justement M.-C. Ferriès148, cet homme était “l’archétype de ces notables italiens déchirés dans les guerres civiles entre leurs intérêts, leur patrimoine municipal et le jeu complexe et mouvant des forces antagonistes issues du cadavre du parti césarien”.
38Le bilan qui concerne à la fois les magistratures, les sacerdoces et les deux ordres semble donc bien mince, mais il s’explique en grande partie par la nature des sources qui privilégie l’histoire militaire à la vie politique proprement dite et aussi par la place mineure réservée à Lépide par les auteurs de langue grecque du second siècle p.C. II faut également ajouter qu’il est difficile de distinguer ceux qui pendant une période furent partisans de Lépide, et ensuite le trahirent. Mais comme nous l’avons vu dans les chapitres consacrés aux gouvernements de province, Lépide possédait de solides réseaux clientélaires en Espagne, en Gaule du Sud ou en Afrique. Quelques noms de fidèles partisans de Lépide ne sont pas tombés dans l’oubli comme les monétaires de Celsa, C. Otacilius et Sex. Niger ou encore l’affranchi M. Caelius Phileros en Afrique. Malheureusement ces clientèles ne lui furent pas d’une grande utilité face au redoutable Octavien.
Conclusion
39Si nous comparons cette brève étude avec celle menée dernièrement par M.-C. Ferriès sur les partisans d’Antoine, la conclusion peut paraître bien décevante. Pourtant, compte tenu du peu d’éléments mis à notre disposition nous pouvons formuler quelques conclusions.
40A la différence d’Antoine qui devait avant tout sa position dans l’État romain à son héritage paternel et maternel149, Lépide pouvait compter sur une clientèle ancienne qui remontait à plusieurs générations, et se prévaloir d’ancêtres prestigieux. Mais ces clientèles étaient souvent dispersées et créaient plus d’obligations qu’elles n’apportaient d’aide150. Tout jeune. Lépide s’inscrit par tradition familiale dans la mouvance popularis et au cours des années 40, il fut l’un des fidèles partisans de César. Jusqu’à la mort du dictateur. Lépide comme Antoine n’était qu’un chef de faction au sein de l’oligarchie au pouvoir. En revanche, à la mort de César, Antoine sut avec beaucoup d’habileté réunir pendant quelques mois la coalition césarienne151, tandis que Lépide, qui avait reçu le Grand Pontificat, partit vers ses provinces. Mais il restait toujours au cœur de l’action politique comme en témoigne notre principale source du moment : Cicéron. Grâce à ses relations, il fut à l’origine de la réconciliation entre Antoine et Octavien.
41La constitution du second Triumvirat constitua un nouveau temps fort dans la carrière de Lépide. A la suite de la proscription, le Sénat devait être rempli en 42 d’un nombre important de ses partisans qui ne sont malheureusement pas identifiés. Toutefois, la suite des événements prouve qu’il n’a certainement pas su utiliser ce réservoir d’hommes pour contrer son jeune collègue Octavien.
42Enfin, dans les provinces occidentales, l’épigraphie, l’archéologie et la numismatique nous révèlent un nombre important d’hommes qui appartinrent au cercle des partisans de Lépide. Dans la lutte qui s’engagea avec Octavien, il ne semble pas que ces clientèles provinciales aidèrent beaucoup Lépide, mais en revanche elle eurent un rôle actif dans la poursuite de la romanisation de l’Empire.
Notes de bas de page
1 Syme 1967, 24-38.
2 Id., ibid., 32-33.
3 Id., ibid., 33.
4 David 2000, 213.
5 Id., ibid., 215.
6 Id., ibid., 216. L’auteur prend comme exemple les légats de Pompée qui en 67 combattirent les pirates. On y trouvait les membres des familles les plus éminentes : un Caecilius Metellus, un Claudius Nero, un Cornelius Sisenna etc...
7 C’est-à-dire ses agents, ses subordonnés, ses compagnons et amis. Il s’agit d’une définition formulée par Cicéron et reprise par Ferriès 1997,4. Lorsqu’il propose un sénatus-consulte condamnant Dolabella et les siens, après la mort de Trébonius, Cicéron présente de la manière suivante le parti de son ancien gendre : Cum P. Dolabella, quique eius crudelissimi et taeterrimi facinoris ministri, socii adiutores fuerunt hostes Populi romani a senatu iudicati sunt. On peut également consulter Hellegouarc’h 1963.
8 En 41, au moment de la guerre de Pérouse, Dion Cassius (48.3.6) fait état de soutiens au Sénat en faveur de Lépide. En 36, après la bataille de Nauloque, Dion Cassius (50.20.2) rapporte qu’Octavien lit mettre à mort beaucoup de familiers de Lépide.
9 Pour la méthode nous nous référons au travail de Ferriès 1997.
10 Nous ne traitons pas ici les réseaux clientélaires provinciaux largement évoqués au cours des chapitres consacrés aux gouvernements de province.
11 Badian 1958, 163 et 276.
12 Coarelli 1998,472-473.
13 Shatzman 1975, 242. Selon Liv. 40.51.2, il aurait fait construire avec des fonds publics une jetée à Terracine. Il y produisait du vin Cécube et la jetée lui servait pour exporter sa production.
14 Plin., Nat., 36.109. Voir Shatzman 1975,262.
15 Cic„ Verr., 2.3.212.
16 Sall. Hist., 1.77.22 ; V.Max. 2.8.7 ; Hinard 1990, 565, remarque que Lépide avait probablement récupéré une grande partie du patrimoine des Cornelii Scipiones avec lesquels sa famille était traditionnellement attachée.
17 Cic., Att., 13.46.2. Cf. Shatzman 1975, 289.
18 Cic., Att., 13.47a.
19 Cic., Mil., 13 ; Asconius. 33-43 ; D.C. 45.17.7. S’agit il de la belle maison de son père dont les seuils étaient en marbre numidique ? Nous ne le savons pas.
20 Suet., Aug., 16.4.
21 Cic., Att., 8.14.3.
22 Syme 1967, 26 ; Bruhns 1990, 571-594 ; Moreau 1990,3-26.
23 Plin., Nat.. 7.122. Ce personnage était proche de Marius et il l’avait aidé pour ces différentes élections au consulat. En 100, il lit sans doute adopter une nouvelle loi frumentaire et institua surtout une nouvelle quaestio perpetua contre quiconque qui porterait atteinte à la majesté du peuple romain, c’est-à-dire à son pouvoir et à son autorité. Cf. David 2000, 158-159.
24 Münzer 1920, 31 1-312 ; MRR, II, p. 88.
25 MRR, I, p. 517.
26 MRR, II. p. 21.
27 Münzer 1920,296.
28 Münzer 1920,313 ; Moreau 1900, 15.
29 Münzer 1920,352-353.
30 Syme 1967,74.
31 Syme 1967, 44, n. 43. D’après Suet., Caes., 21 ; Plut., Caes., 14 ; Pomp. 47, Julie fut fiancée à un certain Seruilius Caepio, c’est-à-dire à Brutus qui avait été adopté par son oncle maternel Q. Seruilius Caepio.
32 Plut., Brut., 5.
33 Dettenhoffer 1994.
34 Moreau 1990,8-9.
35 Bruhns 1990,591-592.
36 David 2000, 197.
37 Hinard 1985a, 343-344. Il ne fait aucun doute que ce fils de Cinna figurait sur les listes de proscription, puis d’après Suet., Caes., 5.2, il suivit Lépide puis Sertorius. Il était le beau-frère de César qui avait épousé Cornelia. Il fut restitutus en 49 et exerça la préture en 44.
38 Hinard 1985a, 344-345. Il était le dernier descendant d’une branche illustre des Scipiones et appartenait sans doute au parti marianiste puisqu’il fut préteur en 86. Sans héritier mâle, il adopta le fils aîné de Lépide.
39 Hinard 1985a, 346. Ce lut au cours du siège d’Alba Fueens et non d’Alba Pompeia, qu’il fut capturé puis mis à mort par Pompée. Cf. Orose 5.24.16.
40 Hinard 1985a, 392-393. Ce personnage appartenait à la nobilitas puisqu’il avait parmi ses ancêtres un grand-père consul en 130 et un père consul en 90 et censeur en 86. Les Perpernae s’étaient engagés aux côtés de Cinna. On n’a pas de renseignements précis sur ses activités contre Sylla, et on le retrouve ensuite avec Lépide puis avec Sertorius.
41 Hinard 1985a, 361-362. Il fut tribun de la plèbe en 8.3, ce qui lui valut les foudres de Syllaniens. Il fut un des chefs marianistes dont Lépide réussit à s’attirer le concours.
42 Sud., Caes., 3. D’après l’auteur. César refusa de se ranger aux côtés de Lépide pour deux raisons : l’homme ne lui faisait pas confiance et en étudiant la situation, il s’était rendu compte que l’initiative ne pouvait aboutir.
43 Cic., Cal., 31.4.6.
44 RRC, p. 441, no 415. Sur l’avers la monnaie représente la tête d’une femme assimilée à Concordia, avec la légende CONCORDIA. Ce choix fait penser au thème politique de la Concordia ordinum développé par Cicéron.
45 Cic., Fam., 15.12.13.
46 Sur L. Aemilius Paullus : Hayne 1972b, 148-155 ; Weigel 1979b, 6.37-646.
47 Paullus était propriétaire d’une maison à Caieta et à Sinuessa. Cf. Shatzman 1975,289-290. Il reçut une aide financière de César en 50 en contrepartie de sa neutralité.
48 Welch 1995,443-454.
49 Nous utilisons le terme de parti par commodité. Il n’existait pas à Rome de parti politique au sens moderne du terme avec une constitution, des statuts, une idéologie. Comme l’explique Meier 1984,49 : “les seules associations partisanes étaient celles des factions nobles, c’est-à-dire des groupes de politiciens qui s’unissaient pour accéder au pouvoir de la cité”. Toutefois pour qu’il y ait parti, il fallait qu’il y ait d’autres partis équivalents, comme le parti de Pompée. La factio devait avoir un petit nombre de dirigeants et un effectif de partisans hiérarchisés entre eux. Enfin, la finalité du parti était la conquête du pouvoir. Voir également Taylor 1977 ; Ferries 1997, 78-80.
50 Ferries 1997, 214.
51 Welch 1990, 53-69.
52 Hanslik 1931 : RE. 15, 1. s.v. Munatius, col. 545-551 ; Ferriès 1997,638-647.
53 Münzer 1926 : RE, 13, 1, s.v. Livineius. col. 809.
54 RRC. 506-507, no 494/26a à 31.
55 RRC. p. 507, no 494/31. Revers avec chaise curule et faisceaux. REGVLS F PRAEF.VRB ; Wiseman 1971, 237 ; MRR. III, 125-126.
56 Voir Cic., Att., 3.17.1 ; Fam., 13.60.1.
57 Caes., Civ., 89.3 ; MRR. II. p. 303.
58 En 177, M. Aemilius Lepidus participa à la création de Luni. L’importance des assignations et l’inscription dans une tribu, encore peu nombreuse, la Galeria, semble indiquer le traitement particulièrement favorable réservé aux habitants de Luni et la mise en place de forts liens clientélaires entre Lépide et les nouveaux citoyens. Voir Rossignani 1995.62-63.
59 L’identification du personnage pose toujours problème parce qu’on l’a identifié semble-t-il de manière vraisemblable avec Vitruve. On peut se référer à Thielscher 1961 : RE. 9. A1, s.v. Mamurra et Vitruve, col. 427-489 ; Palmer 1983, 343-361 ; Verzàr-Bass 2000, 197-224 ; Contra : Nicolet 1974, II, 940-941.
60 Sur les praefecti fabri : Cerva 2000, 177-196.
61 Plin., Nat., 36.7 : “A Rome ce fut, selon Cornelius Nepos, Mamurra, chevalier romain né à Formies, préfet des ouvriers de Caius César en Gaule, qui le premier recouvrit de plaques de marbres toutes les parois de sa maison sur le mont Caelius... Il fut le premier à n’avoir, dans sa maison tout entière, aucune colonne qui ne fût de marbre, toutes étant d’un seul bloc et faites de marbre de Carystos ou de Luni”.
62 Voir Palmer 1983, 347 qui rapporte ce passage extrait des épigrammmes de Martial. 9.59.1-3 : in Saeptis Mamurra diu multumque uopotus, hic ubi Roma suas aurea uexat opes, inspexit molles pueros oculosque comedit.
63 Les premières praefecturae fabri sont à mettre en relation avec le groupe politique le plus en vue de la noblesse romaine après le première guerre civile : les Aemilii Scauri, les Lutatii Catulli et les Caecilii Metelli. Voir Verzàr-Bass 2000, 201-202.
64 Grattatola 1990, 18-20 ; Ferriès 1997,84-100.
65 Syme 1967. I 10.
66 Nic. Dam. 27.106.
67 Moreau 1990, 16. L’auteur fait bien ressortir le fait que 1’adfinitas existait et créait une solidarité dès les sponsalia, comme le prouve ce témoignage de Cicéron. Ora., 1.56.239 : “... alors que P. Crassus était candidat à l’édilité et que Ser. Galba, plus âgé que lui et déjà ancien consul, lui faisait cortège, parce qu’il avait fiancé son fils Caius à la fille de Crassus”.
68 Cic„ Phil., 13.43 ; Fam., 10.31,Phil„ 13.14.
69 Münzer 1897 : RE, 3. I, s.v. Calpurnius, col. 1387-1390. L. Calpurnius Piso Caesoninus était un personnage important de la vie politique romaine de cette période. Il apparaît comme un représentant des populares, aux côtés tour à tour de César et de Clodius. Il joua un rôle essentiel après les Ides de mars, puisqu’il permit à Antoine d’avoir les papiers de César. Il n’hésita pas néanmoins à s’en prendre publiquement à Antoine lors de la séance du Ier août pour rappeler certains abus de pouvoir. En janvier 43, il intervint cette fois contre les excès de Cicéron. Il apparaît donc comme quelqu’un ayant une certaine indépendance d’esprit et en tout cas voulant éviter la guerre civile.
70 On y retrouve deux Antoniens L. Calpurnius Piso, Q. Fufius Calenus, deux optimates, L. Caesar et Cicéron et un césarien, P. Seruilius Isauricus. Peu de choses sont connues sur ce personnage pour cette seconde mission qui échoua à cause de la dérobade de Cicéron qui eut peur que sa sécurité ne fût pas assurée s’il se rendait en Cisalpine.
71 Le renseignement a été récemment étudié. On distingue le renseignement passif, c’est-à-dire quand les informations sont apportées sans avoir été sollicitées, du renseignement actif, c’est-à-dire quand elles sont recherchées. Cf. Austin & Rankov 1995 ; Le Bohec 2001,89.
72 D.C. 46.51.3.
73 Münzer 1919 : RE. 10, 2, s.v. Iuventius, col. 1365-1367 ; MRR. Il, p. 175 et p. 353 ; Willems 1878,512-5 13 ; David 1992,864-865. Il lut questeur en 62, candidat au tribunat de la plèbe pour 58, mais il renonça plutôt que d’accepter la loi agraire de César.
74 Cic., Fam., 10.18.2 ; App., BC., 3.84.
75 Cic., Fam.. 10.23.4 ; Vell. 2.63.2.
76 Ferries 1997, 165.
77 Münzer 1917 : RE. 10, I, s.v. Iunius, col. 1095-1096 ; Glauning 1936, 14 et 28-29 ; MRR. II, p. 353 ; Ferries 1997,61 1-613.
78 D.C. 46.51.3.
79 D.C. 46.38.6-7.
80 Grattarola 1990, 138. Dans le même sens Ferriès 1997, 613, n. II.
81 MRR, II, p. 231 ; Caes., BG., 6.1.1.
82 Il ne doit pas être confondu avec son homonyme qui rallia Sextus Pompée et qui fut proscrit. Cf. Hinard 1985a, 479-480.
83 Münzer 1934 : RE. 5, A1, s.v. Terentius, col. 653-654 ; MRR, II, p. 356 ; Ferriès 1997, 706.
84 Cic., Fam.. 10.34.2 ; App„ BC.. 3.83.
85 Torrens 2000, 250.
86 Ferries 1997, 706 : MRR. II. p. 197.
87 Münzer 1899 : RE, 3, 2, s.v. Canidius, col. 1475-1476 ; MRR, II, p. 352 ; Ferriès 1997,508-511.
88 Cic., Fam., 10.21.4.
89 Münzer 1914 : RE, 1, A1, s.v. Rufrenus, col. 1200-1201 ; MRR, II, p. 354 ; Ferriès 1997,675-676.
90 C’est ce que suggère Wiseman 1964, 129 qui apparente Rufrenus avec une certaine Rufrena Polla, fille de Titus Rufrenus. Or, le seul Rufrenus que l’on connaisse était arrétin fabricant de vases. Voir Wiseman 1963, 275-283.
91 Cic., Fam., 17.3.
92 Sur ces quattuoruiri, RRC, 509-510. Ces quatre monétaires sont mal connus. L. Liuineus Regulus était probablement le fils de l’ami de Cicéron, L. Liuineus Regulus, tandis que L. Mussidius Longus était peut-être le père d’un sénateur augustéen. Voir à ce sujet Wiseman 1971,243.
93 D.C. 46.55.3 ; 47.19.4 ; App., BC., 4.7. Ce droit s’étendait à tous les magistrats qu’ils désignaient et révoquaient à leur guise.
94 Ferries 1997,638-647.
95 MRR. II, 370-371.
96 Sa fille avait été fiancée à Octavien en 43. Voir Suét. Aug., 62.1.
97 Ferriès 1997, 187, n. 465.
98 Ferriès 1997, 474-481.
99 MRR, II, p. 178. Ce personnage appartenait à la noblesse plébéienne. Lieutenant de César, il fut l’un des premiers nobiles à rejoindre Octavien.
100 MRR, II.178-179 : Ferriès 1997, 508-511.
101 Ferriès 1997,508.
102 MRR, II, 378-379.
103 D.C. 47.15. Cf, le commentaire de Bertrand-Ecanvil 1996,514-515.
104 MRR. II, 318-119. Il s’agit de L. Aelius Lamia. M’. Aquilius Crassus, M. Caecilius Cornutus, ? L. Cestius. Q. Gallius. L. Marcius Censorinus, Minucius, C. Norbanus Flaccus, L. Plotius Plancus, ? P. Rupilius Rex et P. Ventidius Bassus.
105 M’Aquilius Crassus, Minucius et L. Plotius Plancus.
106 M’Caecilius Cornutus.
107 Q. Gallius, voir Suet., Aug., 27.2 ; App., BC., 3.95.
108 P. Ventidius Bassus, consul suffect en 43.
109 L. Aelius Lamia, L. Cestius, L. Marcius Censorinus et C. Norbanus Flaccus. Voir Bertrand-Ecanvil 1996,515.
110 Ferriès 1997, 610-632. Cet ancien césarien avait suivi Antoine à Modène, en Gaule pour revenir en Italie après la conclusion des accords de Modène.
111 Münzer 1899 : RE, 3, 1, s.v. Canidius, col. 1477 ; MRR, III, p. 14 ; Ferriès 1997, 512. Il était fils du tribun de la plèbe de 56, et cousin germain d’Antoine par sa mère. Il se rattacha à la faction d’Antoine par obligation.
112 Stein 1929 : RE, 3, A2, s.v. Statilius, col. 2199-2203 ; MRR, II, p. 380 ; Ferriès 1997, 700. Il fut au début de sa carrière un officier au service d’Antoine, puis au moment de la guerre de Sicile, il passa dans le camp d’Octavien.
113 MRR, II, p. 380.
114 Vingt-deux selon MRR, II, 380-383, qui étaient partisans d’Antoine et d’Octavien ou encore de Sextus Pompée comme L. Staius Murcus.
115 CIL, I2, 797 ; CIL, VI, 25575 = ILS, 73 et 75a. Si l’on suit MRR, II, p. 360, il fit voter cette loi en tant que tribun de la plèbe. En revanche, Alföldi 1973, 99-128, est d’un avis contraire et daterait celle mesure de 44, ce qui nous semble discutable.
116 Ferriès 1997,675.
117 Pour l’étude des collèges nous nous référons à Bouché-Leclercq 1871 ; Hoffmann-Lewis 1955 ; Szemler 1972.
118 Wiseman 1971, 171.
119 M. C. Ferriès a dressé le tableau des membres des quatre collèges religieux favorables à Antoine. Voir Tome II, tableau XII : Les Antoniens dans les grands collèges sacerdotaux. De la guerre civile à la mort de César on trouve dans le collège des pontifes : P. Ventidius Bassus, Q. Terentius Culleo et C. Antonius, dans le collège des augures : M. Antonius et P. Vatinius et dans le collège des septemuiri epulones : L. Munatius Plancus. De la mort de César aux accords de Blindes dans le collège des pontifes : P. Ventidius Bassus, C. Antonius et Ti. Claudius Nero, dans le collège des augures : M. Antoine, P. Vatinius, Utiedus Afer et P. Sempronius Atratinus et dans le collège des septemuiri epulones : L. Munatius Plancus. Des accords de Misène à la mort de Pompée, dans le collège des pontifes : P. Ventidius Bassus et probablement C. Fonteius Capito, dans le collège des augures : M. Antonius, P. Sempronius Atratinus, M. Iunius Silanus, M. Licinius Crassus, T. Statilius Taurus et M. Valerius Messala Cominus dans le collège des quindecemuiri : C. Sosius, L. Marcius Censorinus, M. Valerius Potitus Messala et dans le collège des épulons : L. Munatius Plancus.
120 Nous renvoyons le lecteur au chapitre consacré au Grand Pontificat.
121 Hoffman-Lewis 1955, no 10. Il devint augure en 47. Voir Cic., Fam., 13.68.2.
122 Seeck 1894 : RE, 1, 2, s.v. Antonius, col. 2577-2582 ; MRR, II, p. 358 ; Ferriès 1997, 463-464. Il était un neveu d’Antoine qui favorisa sa candidature à la censure en 42.
123 Münzer 1931 : RE, 4. A1, s.v. Sulpicius, col. 849-850 ; MRR. II. p. 358 ; Ferriès 1997,703-705. Il était l’oncle d’Antoine et avait semble-t-il épousé une Iulia qui le lit entrer dans la famille de César. On ne connaît pas sa carrière dans les années 44-43.
124 MRR. 11, 358-359.
125 Suohlati 1963,492-494.
126 Chastagnol 1992b, 20. L’auteur suggère même que c’est à cette occasion que l’assemblée fut portée à mille membres.
127 Bruhns 1978 ; Cristofoli 2000, 109-120.
128 Willems 1878.617.
129 Willems 1878, 618. Il s’agit des Manlii Torquati, des Postumii Albini, des Seruilii Caepiones, des Sulpicii Gali et Rufi et des Valerii Flacci. Voir également Settipani 2000, 53-60, plus particulièrement, p. 58.
130 Willems 1878. 619-620. Parmi les familles plébéiennes disparurent les lunii Bruti, les Domitii Calumi, les Aurelii Cottae, les Mardi Philippi, les Minucii Rufi, les Acilii Glabriones, les Mardi Figuli, les Octauii, les Plautii Hypsaei, les Scribonii Curiones et les Volcatii Tulli.
131 Id., ibid., 623-624.
132 Id., ibid., 625.
133 Wiseman 1971.226.
134 Id., ibid., 226.
135 Id., ibid., 221.
136 Id., ibid., 228.
137 Id., ibid.. 228.
138 Id., ibid., 221.
139 Id., ibid., 221.
140 Demougin 1988.
141 Id.. ibid., 23.
142 Id., ibid., 33.
143 Id„ ibid., 64-65.
144 Id., ibid., 65-69.
145 Absent de la RE ; Nicolet 1974, II, 766-767 ; Ferriès 1997,781-782.
146 Ferries 1997, 781-782. L’auteur considère qu’il “devait être proche de la mouvance antonienne laquelle le jeune Octavien faisait une cour ambiguë”.
147 App., BC., 5.48.
148 Ferriès 1997, 782.
149 Id., ibid., 423.
150 Id., ibid., 423.
151 Id., ibid., 425.
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