Chapitre XIII. Le Grand Pontificat de Lépide
Années 44-12
p. 215-222
Texte intégral
1Lépide conserva jusqu’à sa mort la charge de Grand Pontife1. Le peuple voulut le dépouiller de cette dignité pour la remettre à Octavien, mais ce dernier la refusa2. En effet, le Grand Pontife était élu à vie et c’était un sacrilège de toucher à sa personne3. Auguste dut donc attendre la mort de son rival pour pouvoir s’approprier ce prestigieux sacerdoce.
2Il nous paraît indispensable de nous interroger sur la façon dont Lépide conçut son rôle de Grand Pontife, en particulier au cours du second Triumvirat, mais dans un premier temps, rappelons les conditions dans lesquelles Lépide devint Grand Pontife.
I. L’élection au Grand Pontificat
3Nous nous souvenons qu’après la mort de César, dès le 17 mars dans l’après-midi, les amis des conjurés proposèrent à Lépide le titre de Grand Pontife qu’il sembla accepter4. Les historiens allemands W. Drumann et P. Grocbe5, puis plus récemment P. Grattarola6, pensent au contraire que ce furent les Césariens qui lui offrirent la charge. En fait, ce fut Antoine qui, pour avoir les mains libres politiquement, mit tout en œuvre pour que Lépide devienne Grand Pontife. Dans les jours qui suivirent l’assassinat de César, Antoine réussit à maîtriser la situation politique, à éviter les troubles au sein de l’Vrbs et à trouver un compromis avec les conspirateurs. I1 fut aidé par Lépide qui avait sous ses ordres une légion. Mais si l’on suit le témoignage de Dion Cassius7, Lépide causait de la crainte au consul de 44. Pour ces raisons8, Antoine promit sa lille en mariage au fils de Lépide et il prit toutes les dispositions pour que Lépide soit élu Grand Pontife. Devenu responsable du collège pontifical, l’ancien magister equitum de César quitta Rome pour l’Espagne où Sextus Pompée, de nouveau, menaçait la province et il laissa Antoine seul maître à Rome.
4L’élection de Lépide au Grand Pontificat a fait l’objet de nombreuses discussions parce que le triumvir a été accusé soit d’avoir usurpé cette dignité au détriment d’Octavien, soit d’avoir utilisé une procédure irrégulière pour arriver à ses fins.
5Pour comprendre l’accusation, il faut rappeler le mode d’élection du Grand Pontife9. Au début du iiie siècle, le Grand Pontife était élu parmi les membres du collège des pontifes, par une assemblée spéciale constituée des dix-sept tribus choisies par tirage au sort parmi les trente-cinq. Il y avait donc une origine populaire au choix du Pontifex Maximus. En 104, la lex Domitia modifia l’élection des pontifes, qui à leur tour furent élus de la même façon que le Grand Pontife. Cette lex Domitia fut abrogée par Sylla. En 63, la lex Labiena fut votée et reprenait le contenu de la lex Domitia. L’élection de César au Grand Pontificat en 63 se fit donc sur une base populaire.
6Une première difficulté provient d’un passage de Dion Cassius10. Selon le sénateur sévérien, au début de l’année 44, le Sénat vota en l’honneur de César un certain nombre de décisions parmi lesquelles : “On décréta encore... que son fils (de César) s’il venait à en avoir ou même à en adopter un, serait nommé Grand Pontife”. Cette information, que seul Dion Cassius a rapportée, a suscité bon nombre de réflexions11, Pour certains auteurs dont Eduard Meyer12, l’information de l’historien de langue grecque est à mettre en parallèle avec la politique et les aspirations à la royauté de César au cours des dernières années de sa vie. D’autres historiens dont Th. Mommsen13, ont nié toute valeur au sénatus-consulte de 44. Ils remarquent entre autres, qu’Auguste ne fit jamais allusion à l’idée de cette hérédité dans sa réorganisation de l’État. Il n’est pas aisé d’avoir une opinion tranchée sur le passage de Dion Cassius. Toutefois, en admettant que le Sénat ait bien voté ce sénatus-consulte, il devait, pour entrer en vigueur, être complété par une loi votée par les Comices. Or, nous n’avons aucune trace de cette loi. C’est peut-être parce que le sénatus-consulte n’a pas été suivi par une loi, qu’Antoine a pu se permettre de faire élire Lépide Grand Pontife. On peut aussi suggérer que le Sénat ayant chargé Antoine d’examiner les acta Caesaris, le consul a pu user de son pouvoir pour faire annuler le décret sénatorial, d’autant plus que le caractère héréditaire de la charge de Grand Pontife devait paraître exorbitant aux yeux des Romains.
7Il n’est pas aisé de savoir de quelle façon Lépide devint Grand Pontife. Tite-Live14 et Auguste dans les Res Gestae15 insistent sur les troubles civils qui permirent au futur triumvir de prendre possession de cette charge. Dion Cassius16 analyse surtout la procédure employée pour l’élection de Lépide. Il rapporte qu’Antoine transféra l’élection du Grand Pontife du peuple aux pontifes comme au iiie siècle a.C. et consacra lui-même Lépide. Velleius Paterculus17 précise que Lépide prit possession de cette charge, furto, frauduleusementl18.
8Il y a de fortes présomptions pour que l’élection de Lépide ait eu lieu fin mars début avril, c’est-à-dire avant son départ pour l’Espagne. Il n’y a aucune raison de vouloir repousser cette élection19. Cicéron20 nous apprend que Lépide le 16 avril 44 était absent de Rome et déjà en province. La situation politique à Rome fin mars 44 était plutôt calme, et Lépide a dû être élu à ce moment. Reste à s’interroger sur la nature de l’acte pris par le consul. Pour L. R. Taylor21 il s’agissait d’une loi proposée par Antoine qui avait profité de la réunion des Comices pour d’autres réformes législatives. Malheureusement, ici encore une fois, le souvenir de cette loi n’a pas été conservé. Mais la principale objection à l’hypothèse de L. R. Taylor, est qu’aucune loi postérieure ne remit en vigueur l’ancienne procédure, notamment en 12 a.C. quand eut lieu l’élection d’Auguste au Grand Pontificat. En 44, le jeune Octavien accepta la décision parce qu’il n’avait pas les moyens de la contester. Cicéron, dans la IIe Philippique peu favorable à Antoine, pour des raisons politiques évidentes, ne fit pas état de cette élection dans la série d’actes illicites dressés contre Antoine. Enfin, seul Dion Cassius fait état de l’inauguration de Lépide au Grand Pontificat.
9L. R. Taylor pensait qu’Antoine qui était augure, avait inauguré Lépide. Or, comme le remarque J. Scheid22, il n’existe aucun témoignage qui atteste l’inauguration pour les pontifes et le Grand Pontife. Il s’agit donc ici d’une erreur de Dion Cassius.
10Même si la cooptation de Lépide par les pontifes était entachée d’illégalité, M. Aemilius Lepidus était l’homme politique du moment qui répondait le mieux aux conditions requises pour le Grand Pontificat. Il était patricien, déjà membre du collège pontifical23 et avait eu un ancêtre Grand Pontife24. A la fin de la République cette dignité restait prestigieuse et les prérogatives du Grand Pontife étaient loin d’être négligeables25. Il présidait le collège pontifical qui constituait la plus haute autorité religieuse de Rome. Il ne possédait ni l’imperium, ni la potestas, ni les auspices, mais il conservait et pourvoyait les antiques sacerdoces comme les flamines majeurs, les vestales et le rex sacrarum. I1 présidait à l’interprétation du droit sacré, à la dédicace des sanctuaires et à l’établissement du calendrier liturgique. Il avait aussi des fonctions judiciaires et politiques26. Enfin, à la différence du flamen dialis, sa présence à Rome n’était pas indispensable. P. Jal27 et J. Bayet28 ont avancé qu’après la mort de César, le Pontificat suprême perdit de son prestige au profit de l’Augurat. Antoine était augure depuis 50, Octavien le fut à partir de 42-41 et Sextus Pompée s’efforça de l’obtenir29. Seul, Lépide faisait figure d’exception puisqu’il n’aurait eu qu’un “sacerdoce de compensation’’30. C’est à notre avis un point de vue tout à fait discutable. L’Augurat conférait surtout à son détenteur un pouvoir immédiat, mais Dion Cassius témoigne du fait qu’Antoine regrettait de n’être pas Grand Pontife31. Il savait bien qu’il ne possédait pas les qualités requises, puisqu’il n’était même pas membre du collège des pontifes. Octavien également, sur les monnaies de 4032, représentait César Grand Pontife, ce qui tend à prouver l’importance de la dignité pour le jeune triumvir. Reste à nous interroger sur l’action de Lépide comme Grand Pontife.
2. Le Grand Pontificat de Lépide : années 44-36
11La tâche n’est pas aisée parce que les sources témoignent peu de la religion en général, et du Grand Pontificat en particulier. De plus, les historiens depuis Th. Mommsen n’ont accordé qu’une place très réduite à l’histoire religieuse de cette période puisqu’ils considéraient que la religion publique était en pleine décadence33. Pourtant les allusions de Dion Cassius et d’Appien concernant la vie religieuse laissent entrevoir un fonctionnement normal de la religion publique. Il n’est pas question ici de retracer toute la vie et la pratique religieuses à Rome entre la mort de César et l’éviction de Lépide en 36. Mais il ressort de la lecture d’Appien et de celle de Dion Cassius que les sacrifices, fêtes et jeux continuèrent à être célébrés, ce qui prouve que la religion publique n’a jamais cessé d’être pratiquée par ceux qui en avaient la charge34. Nous remarquons également qu’un nombre très élevé de prodiges et de présages est signalé35, même si la traditionnelle procuration des prodiges a disparu. Toutefois, c’est dans le domaine de la construction et de la restauration des sanctuaires qu’il y eut un essoullement36, mais il faut remarquer que ce ralentissement de la construction en matière religieuse existait avant le second Triumvirat37. Pour la période triumvirale on explique généralement cette désaffection pour la construction publique religieuse par les troubles de la guerre civile, mais il ne faut pas oublier que l’espace disponible à la construction était saturé et que les imperatores depuis le ier siècle préféraient diversifier leurs constructions38.
12Lépide fut pendant la période absent de Rome de 44 à 43, puis de 40 à 36, mais cette absence ne nuisait pas à son activité de Grand Pontife. Nous sommes très mal renseignés sur son action à Rome et dans les provinces. Nous savons qu’il ne “prit” pas de flamen de vestales ni de rex sacrorum, mais nous ne savons pas s’il eut l’occasion de participer à l’élection de pontifes39. Il n’intervint pas pour l’ajustement définitif de l’année julienne, qui se trouvait à nouveau déréglée parce que l’année bissextile avait été insérée par erreur, depuis 44, tous les trois ans, et non tous les quatre ans40. Comme l’écrit J. Scheid, cette correction était importante parce qu’elle permettait de perfectionner et d’achever l’œuvre de César. Quant à la dédicace des temples, n’importe quel pontife pouvait assister les dédicants des temples, car chaque pontife possédait individuellement ce pouvoir. Il n’y eut entre 44 et 36 que deux dédicaces qui eurent lieu la même année en 4241. Or, Lépide était présent à Rome et a pu présider la cérémonie. Deux avis pontificaux publics de 38 et de 37 ont été rendus et consignés par Dion Cassius. Le premier avis42 demandé concerne le mariage d’Octavien avec Livie qui était enceinte de six mois de Ti. Claudius Nero et le second43 les restes du corps de M. Oppius. Les avis de 38 et de 37 sont à l’origine de difficultés qui concernent directement Lépide. Quand on analyse les pouvoirs du Grand pontife, on s’aperçoit que ce dernier présidait le collège pontifical et que toute décision du collège devait être prise sous la direction du Grand Pontife. Certes Cicéron44 rappelait qu’un décret pris par trois pontifes avait pleine valeur, mais il convenait encore que l’un des trois pontifes fût le Grand Pontife45. Or, en 38 et 37 Lépide était en Afrique et il ne nous semble pas que le triumvir soit revenu à Rome entre 40 et 36. Par ailleurs, le témoignage de Dion Cassius est clair, il ne fait en aucun cas allusion au Grand Pontife, mais aux pontifes. On peut donc supposer que, comme à l’époque impériale, le Grand Pontife s’est fait représenter par un promagister. Ce dernier communiquait les décisions prises au Grand Pontife qu’il devait approuver au moins une fois par an, sinon elles n’étaient pas valides46.
13C’est en Afrique que l’action de Lépide comme Grand Pontife a laissé des souvenirs. Comme nous l’avons vu pour le chapitre consacré à cette province47, Lépide forma la province d’Afrique Proconsulaire avec Carthage comme capitale administrative. Le souvenir du triumvir à Carthage est attaché à des destructions48 qui ont été diversement interprétées par les historiens. Mais il nous semble que c’est comme Grand Pontife qu’il détruisit une partie de Carthage. Il s’agissait de l’espace sacer qui empiétait sur le sol de l’ancienne capitale punique et cette action doit se comprendre dans un sens religieux, c’est-à-dire comme une démarche positive, destinée à supprimer toute trace de malédiction de la future métropole d’Afrique49. Il semble en effet que tout ce qui concernait les restaurations, les limitations (comme les inaugurations) et les purifications de certains lieux relevait de la compétence du Grand Pontife50.
14Comme nous l’écrivons dans le chapitre consacré à l’Afrique, ce fut à partir de la nouvelle capitale, Carthage, qu’il réintroduisit le vieux culte des Cereres qui était particulièrement populaire et avait survécu à la chute de la Carthage punique51. Lépide comme Grand Pontife, réactiva ce culte agraire lié aux déesses des moissons et de l’abondance du blé et comme gouverneur, réorganisa le territoire très fertile de la pertica de Carthage. Il nous faut enfin nous interroger sur les années 36-13, date de la mort de Lépide.
3. Le Grand Pontificat après l’élimination politique de Lèpide : années 36-13/12
15L’ancien triumvir, exilé à Circei, était toujours Grand Pontife, puisqu’Octavien ne le déposséda pas de sa charge. Or, ce dernier fut à l’origine d’une restauration religieuse qui se présentait essentiellement sous la forme de mesures institutionnelles qui portaient sur les cultes, lieu de cultes et droit sacré. Dans le cadre de cette restauration se posait évidemment le rôle et la place du Grand Pontife. On a pensé qu’Octavien/Auguste avait dû, de temps à autre, faire appel à Lépide pour quelques sacra52. Mais on peut aussi soutenir, au contraire qu’après 36, Lépide n’a plus exercé de fonctions religieuses. On ne peut avoir une opinion précise sur cette question que si l’on reprend les grandes décisions prises sur le plan religieux par Octavien/Auguste après 3653.
16Il n’était pas simple pour le jeune César de respecter la tradition religieuse en laissant la dignité de Grand Pontife aux mains d’un ennemi, même assigné à résidence à Circei54. De 36 à 13/12, Octavien/Auguste se passa complètement de Lépide et dut contourner les situations et les décisions qui pouvaient comporter une consultation et un avis du collège pontifical ou les actes qui ne pouvaient que être effectués par le Grand Pontife55. En revanche, Auguste attendit la mort de Lépide pour choisir le flamen dialis, le flamen martialis et recruter des vestales56. Il détruisit en 12 a.C., tous les livres d’oracles qui circulaient à Rome, à l’exception des Livres Sibyllins qui furent transférés du temple de Jupiter capitolin au temple d’Apollon palatin57 et la même année, il autorisa la reprise des Jeux des Compitalia58. En 8 a.C., il apporta la dernière réforme du calendrier avec le changement de nom du mois Sextilis. Sur le plan de l’urbanisme, Auguste construisit l’Ara Pacis Augustae et aménagea l’Horologium Augusti dès la mort de Lépide. Il s’agissait ici de monuments liés aux victoires d’Auguste en Hispanie, en Gaule et en Égypte vingt ans plus tôt59. On remarque qu’Auguste préféra attendre la mort de son ancien collègue et donc ne pas le consulter. Le chantier du Forum d’Auguste avec la construction du temple de Mars Ultor débuta également en 13/12. Ces travaux se présentent comme un important ex-voto de la victoire de Philippes qui impliquait la transformation d’un certain nombre de pratiques attachées au temple de Jupiter capitolin60. Encore une fois Auguste désirait avoir les mains libres. Enfin, Auguste attendit 12 a.C., pour charger Sentius Saturninus de laver définitivement le site de Carthage de toute souillure rituelle. A la fin de son mandat de gouverneur, Sentius Saturninus prononça très probablement la formule rituelle, les fameux sollemnia dont Tertullien se fait l’écho61. On a longtemps cru que Sentius Saturninus avait prononçé ces paroles solennelles en 29, au moment de la deductio d’Octavien. Or, à cette époque, Octavien n’était pas en mesure d’autoriser la procédure requise puisqu’il n’était pas Grand Pontile. Ces quelques exemples démontrent clairement que tant que Lépide fut en vie, il limita les actions d’Octavien/Auguste en matière religieuse. Ce dernier dut attendre la mort de son collègue pour parachever sa réforme religieuse.
17Pour conclure sur le Grand Pontificat de Lépide, il nous semble que le triumvir accordait une grande importance à cette dignité. Dès 61, comme triumvir monétaire, il fit allusion à son arrière-grand-père qui était Grand Pontife. Lui-même rappela cet éminent sacerdoce sur ses monnaies lors de la formation du second Triumvirat dès novembre 43 avec Antoine et Octavien, et sur l’inscription de Tabarka où le Grand Pontificat vient juste après les salutations impériales. Ce rappel s’inscrit dans une double perspective : familiale puisqu’il était l’arrière-petit-fils d’un Grand Pontife, mais aussi césarienne, puisqu’il se présentait également comme l’héritier du dictateur. Il utilisa également cette dignité à partir de 42, non pas pour mettre en place, comme plus tard Octavien/Auguste, une restauration religieuse, mais pour compenser son manque de pouvoirs réels au sein du Triumvirat et pour faire ressortir la rivalité qui existait entre Octavien et lui-même.
Notes de bas de page
1 Bouché-Leclercq 1907 : DS. 4, s.v. Pontifices, 567-578 ; Bleicken 1957, 345-366.
2 App., BC., 5.131.
3 Bouché-Leclercq 1907 : DS, 4, s.v. Pontifices, 568.
4 App., BC., 2.132.
5 Drumann & Groebe 1899-1929, 67.
6 Grattarola 1990, 37 et 80, n. 281.
7 D.C. 44.53.6.
8 D.C. 44.53.6.
9 Scheid 2001b, 87-90.
10 D.C. 44.5.3.
11 Nous renvoyons pour la discussion à l’ouvrage de Fraschetti 1994, 345-352.
12 Meyer 1922, 524-525.
13 Mommsen 1896, 416-417, n. 6.
14 Liv. Per. I 17 : “Au milieu de la confusion et de la tumulte, Lépide mit la main sur le Grand Pontificat”.
15 Aug., Res Gestae. 10.2 : “Je refusai d’être Grand Pontife à la place de mon collègue qui était encore vivant, quand le peuple m’offrit la dignité de Grand Pontife, que mon père avait occupée. Quelques années après, après la mort de l’homme qui s’était servi de troubles civils pour se l’approprier, je reçus le Grand Pontificat”. Suet. Aug., 31 : “lorsqu’il devint Grand Pontife après la mort de Lépide, car il n’avait jamais voulu de son vivant lui retirer cette charge”.
16 D.C. 44. 53.5-6.
17 Vell. 2.63 : “Lépide qui avait été nommé frauduleusement Grand Pontife à la place de César”.
18 Voir Sauron 1997, 261-296. Pour décorer sa villa de Sperlonga, Tibère aurait utilisé des groupes homériques commandés entre 44 a.C., et le début du Principal. Parmi ces statues se trouvait le rapt du Palladion, et G. Sauron propose d’y voir une commande de Lépide, puisqu’il était devenu Grand Pontife, furto, selon Velleius Paterculus. Le “rapt” du Pontificat suprême était ainsi glorifié par la noble figure de Diomède s’emparant du Palladion pour permettre la victoire des Grecs. Lépide, lors de son exil à Circei aurait apporté les statues qui furent plus tard transférées par Tibère dans sa villa de Sperlonga voisine d’ailleurs de celle de Lépide à Circei.
19 Nous sommes tout à fait d’accord avec l’analyse de Weigel 1992, 49, pour lequel il fallait élire très rapidement le Grand Pontife. En revanche, Hayne 1971, 1 14. n. 33, soutient que l’élection eut lieu en novembre 44 en se fondant sur les feriae lepidianae, (Cic., Att.. 16.11.8). Cette fête n’a aucune relation avec l’élection de Lépide.
20 Cic., Att., 14.8. Logis de Sinuessa.
21 Taylor 1942b, 423-424.
22 Scheid 1999,3-4.
23 Pour la liste de 44, se référer à Hoffman-Lewis 1935, 28 ; Szemler 1972, 133-137 ; Taylor 1942a, 411-412, remarque que le pontife le plus ancien du collège était P. Seruilius Isauricus qui mourut au début de l’été 44.
24 Voir la liste dressée par Münzer 1920, 414 et lire la discussion sur l’importance d’avoir eu un ancêtre Grand Pontife, 359-360.
25 Scheid 2001b, 61-62.
26 Scheid 2001 b, 65-66 ; Magdelain 1978,82-85. Le collège des pontifes convoquait et présidait, à travers son porte-parole, le Grand Pontife, les Comitia calata, mais il s’agissait d’assemblées tout à fait particulières où les curies ne prêtaient que leur assistance et ne prenaient aucune décision. De même, pour l’adoption d’un sui iuris, les Comices curiates étaient toujours sous la présidence du Grand Pontife.
27 Jal 1961, 404-405.
28 Bayet 1971, 275-336.
29 D.C, 48.36.4-5.
30 Bayet 1971, 314.
31 D.C, 44.53.6-7.
32 Bayet 1971, 315, n. 3. Les aurei de 40 en Gaule joignent à l’avers, la tête d’Octavien barbu, C. CAESAR COS. PONT(ifex) AUG(ur), au revers, celle, laurée de C. CAESAR DICT(ator) PERP(eruus) PONT(ifex) MAX(imus).
33 Scheid 1997, 127-142.
34 Scheid 2000, 50.
35 Vigourt2001.
36 Bustany 1992, 290-292. Ce furent les triumvirs qui décrétèrent la construction du temple à Isis (D.C. 47.15.4) et celle au Diuus Iulius (D.C. 48.18.3 : App., BC., 2.148). Octavien prononça le uotum pour la construction du temple de Mars Ultor lors de la bataille de Philippes en 42 (Suet., Aug.. 29) et Cn. Domitius Caluinus prononça le sien pour la construction du temple de Neptune in circo flaminio lors de la bataille navale près de Brindes contre Cn. Domitius Ahenobarbus (Plin., Nat.. 36.26 ; CIL. VI, 8424). Il n’y eut pour la période que deux dédicaces, celles de 42 : pour le temple de Saturne, dédié par L. Munatius Plancus triumphator en 43 et consul en 42 (Vell. 2.67.4) et pour la restauration du temple de Inno Lucina par le questeur Q. Pedius (locauit... murum Iunoni Lucinae... eidemqueprobauit, CIL, VI. 358.).
37 Bustany & Géroudet 2001. 145. Les magistrats à imperium s’étaient substitués aux censeurs absents de la scène politique en investissant avec leurs manubiae dans la restauration plutôt que dans la construction de nouveaux édifices.
38 Bustany & Géroudet 2001. 145-146. L’activité édilitaire depuis le ier siècle a.C s’était diversifiée. D’autres types de constructions avaient vu le jour, théâtre, forum, qui laissèrent moins de place aux temples.
39 Voir Hoffman Lewis 1955, 29. P. Ventidius Bassus devint pontife en 43 (Gel. 15.4) et Cn. Domitius Caluinus peut-être en 44, mais avec certitude en 39-37 (V. Max. 8.1 1.2).
40 Scheid 1999, 15.
41 II s’agissait des temples de Saturne et de luno Lucina.
42 D.C. 48.44. 2 : “Comme assurément César ne savait que faire, il s’informa auprès des pontifes pour savoir s’il était permis de l’épouser alors qu’elle attendait un enfant. Ceux-ci répondirent que, si la conception était douteuse, il fallait différer le mariage, mais que, celle-ci reconnue, rien n’empêchait désormais qu’il eut lieu. Ils avaient peut-être trouvé cela dans les ordonnances ancestrales, mais ils I auraient dit de toute façon, même s’ils ne l’avaient pas trouvé”.
43 D.C, 48.53.6 : “Le Sénat s’irrita de tout le zèle déployé par la plèbe à l’égard d’Oppius et, sur l’avis des pontifes, fit enlever ses os sous prétexte qu’ils étaient placés dans un endroit sacré de manière impie, alors qu’il y lit ensevelir beaucoup d’autres personnes avant et après cela”.
44 Cic., Har., 12.
45 Scheid 1999, 5. Selon l’auteur, un seul témoignage, celui de Tite-Live (31.9.7-8 en 200 a.C), paraît prouver que les pontifes pouvaient décider seuls, mais dans ce cas, le Sénat impose en lait au Grand Pontife, qui avait contesté une décision du Sénat, de consulter le collège tout entier, qui ensuite décide contre le Grand Pontife.
46 Force est de constater que nous ignorons tout pour l’époque républicaine des réunions et du fonctionnement interne du collège pontifical, mais en se fondant sur l’exemple d’autres collèges, on peut supposer que c’était en principe le Grand Pontife qui convoquait les réunions, fixait l’ordre du jour, conduisait les débats et servait d’interlocuteur au Sénat et aux magistrats. Cf. Scheid 1999, 6.
47 Pour la bibliographie, nous renvoyons le lecteur au chapitre consacré à Lépide en Afrique.
48 Voir Dion Cassius. 52.43.1 et Tertullien, De pallio, 1.2 déjà cités.
49 Fishwick 1995, 235-253.
50 Bouché-Leclercq 1907 : DS. 4, s.v. Pontifices. 573-574.
51 Fishwick 1996, 13-36.
52 Le Gall 1975, 158.
53 Scheid 1999, 7-13.
54 Id., ibid., 5. Après la victoire d’Actium, Auguste a uniquement dédié les nouveaux temples voués avant la chute de Lépide et qui ne pouvaient être contestés : le temple du Dinas Iulius et celui d’Apollon palatin. D’après les Res Gestae, les 82 temples réparés en 28 a.C., le furent en vertu d’un sénatus-consulte et la construction du temple de Jupiter Tonans est considérée comme un ex-voto personnel.
55 Id., ibid., 7.
56 Id ibid., 13-15. L’exemple du flamen dialis est révélateur. Cette dignité était vacante depuis 87 a.C. Un tel retard pour pourvoir à ce sacerdoce de la part tic quelqu’un qui se présente comme le restaurateur de la tradition religieuse peut paraître étonnant. Or, le flamine de Jupiter était choisi entre trois candidats présentés par les pontifes et "pris" par le Grand Pontife. Personne d’autre ne pouvait faire ce choix. Faire procéder à une captio de la part de Lépide était lui reconnaître un rôle officiel, ce qui était inacceptable pour Octavien/Auguste, d’où cette attente. La même démonstration vaut pour la captio du flamen martialis en 12 a.C., et pour les vestales recrutées la même année.
57 Id., ibid., 17-18. Ce transfert d’un élément important du patrimoine religieux de Rome signifiait qu’on enlevait à Jupiter une part de ses pouvoirs divinatoires. Une telle démarche nécessitait 1 approbation des pontifes et du Grand Pontife.
58 Id ibid., 18-19. Les Jeux Compitalia avaient été interdits dans les années 50 pour des raisons politiques, parce qu’ils étaient dans le cadre des guerres civiles à l’origine de troubles dans la ville. A partir des années 30, avec la fin des guerres civiles, on pouvait donc supposer qu’ils seraient à nouveau célébrés. Auguste a attendu la mort de Lépide pour les réintroduire, soit parce que leur rétablissement nécessitait l’accord des pontifes, soit plus vraisemblableemnt, parce qu’il entendait transformer à cette occasion le culte des carrefours, et qu’ici encore une fois, l’intervention des pontifes et du Grand Pontife était obligatoire.
59 Scheid 2000, 61 ; Bowersock 1990,384-385.
60 Scheid 2000,61-62 ; Scheid 2001a, 92. Le Forum d’Auguste avec le temple de Mars Ultor reçurent une partie des attributions de Jupiter, en particulier pour tout ce qui concerne les débats du Sénat sur les affaires extérieures, la guerre, pour les triomphes et pour certaines activités des magistrats romains.
61 Fishwick 1995. Tertullien, dans le De pallio, 1.2 fait état de sollemnia Sentitis Saturninus enarrauit. Le terme sollemnia est utilisé habituellement pour un rituel verbal et les sollemnia prononcés par Sentius Saturninus doivent correspondre à la formule par laquelle le site de Carthage avait été consacré ou maudit, mais prononcée dans un sens opposé, avec pour effet de renverser son application. L’annulation de la malédiction du sol de Carthage a dû se faire en 12 a.C., lors de son proconsulat en Afrique. Auguste l’avait certainement choisi pour cette tâche délicate parce qu’il avait aussi une expérience religieuse puisqu’il était membre du collège des quindecemuiri sacris faciundis.
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