Chapitre XII. Le gouvernement d’Afrique
Années 40-36
p. 193-213
Texte intégral
1Dans l’Histoire Ancienne de l’Afrique du Nord, St. Gsell écrivait que le séjour de Lépide en Afrique n’avait laissé aucune trace1. Pourtant, l’étude des sources littéraires et épigraphiques associées aux recherches récentes, prouvent au contraire que le triumvir n’est pas resté inactif dans cette partie de l’Empire.
2Il ne fait certes aucun doute qu’en 40, Lépide était le collega minor du Triumvirat, mais il pouvait espérer de son séjour africain pouvoir rééquilibrer ses forces grâce à deux atouts : la richesse économique de la province et l’utilisation de ses liens de clientèle. L’Afrique n’était donc pas un pis-aller. Cette province sur le plan géographique était d’un accès facile puisqu’elle se situait entre l’Orient et l’Occident. Elle était en relations commerciales avec le monde hellénistique, l’Égypte, la Sicile, l’Espagne et l’Italie. La fertilité des sols africains était légendaire et l’Africa était depuis le ier siècle, l’un des greniers à blé de Rome2. Enfin, Lépide y avait des relations établies par son père. En effet, le consul de 78, avait été le premier à introduire à Rome du marbre numidique pour son usage personnel et non pour une construction publique3. Quelque vingt ans plus tard, un membre d’une autre branche, M. Aemilius Scaurus, fit venir pour les fêtes de son édilité des animaux exotiques dont cent cinquante panthères africaines4. Comme il s’agissait pour ces deux exemples de produits nouveaux, les acheteurs ne pouvaient pas disposer d’un marché établi. Ils avaient dû avoir recours à des membres de la gens Aemilia, établis en Afrique et spécialisés dans ces marchés5. Or, il est prouvé qu’il existait dès l’époque de Marius des colons d’origine italienne ou ombrienne installés en Afrique et qui portaient le gentilice Aemilius6. Il y a donc de fortes présomptions pour qu’il y ait eu dès le ier siècle avant Jésus-Christ, des liens de clientèle entre les Aemilii et l’Afrique. Mais pour l’heure. Lépide arrivait dans une province qui avait connu des troubles politiques7. L’année 42 vit la lin des gouvernements distincts en Africa Velus et en Africa Noua. Q. Cornificius, proconsul d’Africa uetus nommé par César, mais rallié à Antoine fut éliminé. Ce fut T. Sextius, légat de César, confirmé par le Sénat en Africa noua, qui parvint à réunir sous son autorité les deux provinces. En 41 a.C., C. Fuficius Fango, un homme d’Octavien arriva en Afrique prendre possession du territoire au nom de son maître et se heurta à T. Sextius. Pendant la seconde partie de l’année 41. les deux hommes s’affrontèrent. A la fin de l’année 41 ou au début de l’année 40, T. Sextius fut vainqueur de C. Fango. Devenu le maître des deux provinces, T. Sextius remit à Lépide l’Africa ainsi que quatre légions. De ce long séjour africain, Lépide réorganisa très probablement les structures administratives de l’Africa ainsi que Carthage et son territoire. Il continua la politique de municipalisation amorcée par César et octroya largement la ciuitas.
1. Lépide a Carthage
1.1. La création de la province d’Africa Proconsularis
3On a longtemps supposé à la suite de deux témoignages, le premier de Strabon8 et le second de Dion Cassius9, que la province de l’Africa proconsulaire avait été créée en 27 a.C., au moment de la division des provinces de l’Empire entre le Sénat et Auguste10. Or, une étude plus attentive de ces textes, d’un extrait des Res Gestae11 et des Fasti Triumphales Barberiniani12 tend à prouver que l’Africa était déjà unifiée en 35 a.C. Il paraît tout à fait raisonnable de penser à la suite des travaux de M. le Glay13 et de D. Fishwick14 que l’Afrique Proconsulaire fut créée sous le gouvernement de Lépide. En effet, comme nous l’avons rappelé, l’Africa Noua et l’Africa Vetus furent pratiquement toujours en guerre pendant quatre ans. I1 paraît donc difficile dans ces conditions d’envisager une réforme administrative15. En revanche, la période 40-36 fut moins troublée et l’on peut penser que Lépide en profita pour mettre en place, dès son arrivée une administration plus centralisée, donc plus efficace. Il ne faut pas oublier que la menace de Sextus Pompée était toujours présente puisqu’il dominait le bassin occidental de la Méditerranée, la Sicile et le détroit de Messine et surtout qu’Octavien connaissait encore de graves difficultés à Rome où la situation était explosive. Il y eut à Rome en 40 des émeutes fiscales et des mouvements populaires dus à la pénurie de vivres16. Dans un tel contexte la création d’une seule province pouvait mieux se comprendre, puisque l’on pouvait sans doute espérer une meilleure organisation des importations de blé.
4Nous ne savons évidemment pas de quelle manière les choses se sont déroulées. Il ne peut s’agir d’une décision unilatérale de Lépide17. La décision a pu être prise lors des accords de Br indes, en automne 40, lorsque Lépide fut confirmé dans son gouvernement africain. Puis à partir d’une seule province il put prendre un certain nombre de mesures : la “recapitalisation” de Carthage au détriment d’Utique, la création de la pertica de Carthage qui couvrait à la fois l’Africa Vetus et l’Africa Noua, la réactivation du culte des Cereres et la construction d’un temple à Tellus.
1.2. Carthage : capitale de l’Africa
5La formation de la province d’Africa Proconsularis eut pour première conséquence la “recapitalisation” de Carthage, au détriment d’Utique18. La vieille cité punique reçut en dédommagement le statut de municipe en 3619. Elle avait pris le parti de Rome lors de la troisième guerre punique, ce qui lui valut le statut de ville libre20. Elle fut donc le siège du propréteur de la province d’Africa Vetus aux iie et ier siècles et connut une romanisation précoce. Un important conuentus ciuium romanorum s’installa à Utique, composé essentiellement de negotiatores21. Mais au moment des guerres civiles, elle choisit le camp des Pompéiens et des Républicains plutôt que celui de César, et elle perdit ainsi son rôle de capitale.
6Pour ce qui concerne Carthage, si nous suivons les témoignages de Dion Cassius et de Tertullien, le souvenir laissé par Lépide à Carthage est négatif parce qu’il est lié à des destructions. Dion Cassius22, en se référant à la deductio d’Auguste de 29 rapporte les faits suivants : “Lépide rendit déserte une partie de Carthage, en quoi il portait atteinte aux droits de la colonie”. Deux siècles plus tard Tertullien23, dans le De pallio, fait état de Lepidi uiolenta ludibria, de violents outrages de Lépide sans s’expliquer davantage. Pour essayer de comprendre la signification de ces deux textes, il nous semble opportun de rappeler brièvement l’histoire de Carthage après la troisième guerre punique.
7En 146, Scipion Émilien rendit le territoire de Carthage sacer à la suite d’une cérémonie religieuse : la deuotio24. La formule était prononcée par un magistrat cum imperio, et la clause finale était un vœu : la préservation des Romains et l’exécration des ennemis25. En 122, la tentative de C. Gracchus de créer une colonia limonia Karthago auprès de l’ancienne capitale punique échoua puisque ses ennemis politiques prirent comme prétexte la deuotio de Scipion Émilien. En réalité, le Sénat s’inquiétait de la fondation de cette colonie, appelée à jouer le double rôle de capitale de province et de bastion du parti populaire26. Cette fondation, qui était la première colonie créée en dehors du territoire italien, devait permettre de résoudre partiellement le manque de terres pour les citoyens. Bien que l’interdit religieux fût évoqué, six mille familles romaines, selon Appien27 émigrèrent en Afrique, sous la direction de C. Gracchus et reçurent des lots de terre sur le sol africain, rachetés ou confisqués à des indigènes. Ce chiffre est à prendre avec précaution, parce qu’il n’est pas certain que toutes les familles obtinrent du Sénat la permission de partir après l’assassinat de C. Gracchus en 121. Les lots attribués étaient importants : deux cents jugères et les terres distribuées représentaient trois cent mille hectares, soit trois mille km2. Il semble que les colons aient été dispersés sur tout le territoire, d’autant plus que la colonie de Carthage fut immédiatement dissoute après la mort de C. Gracchus. Toutefois, une petite bourgade semble avoir survécu, puisque des ambassadeurs carthaginois furent envoyés en 88 au roi Mithridate, et de nouvelles vagues d’immigrés s’y installèrent librement28. César décida à son tour de repeupler Carthage et fonda la colonia Iulia Karthago. Comme pour l’Espagne, il voulait donner des terres à ses vétérans et aux citoyens pauvres de l’Vrhs, et en reprenant le projet de C. Gracchus, il s’inscrivait dans la mouvance popularis. On a beaucoup discuté pour savoir à quelle date les nouveaux colons arrivèrent29, mais il semble aujourd’hui établi que ceux-ci vinrent en Afrique après les Ides de mars, le titre Concordia étant en vigueur deux ans plus tard en 4230. Sur le plan géographique, la colonie de César était orientée selon un cadastre rural préexistant qui était situé dans la région de la Malga, près du cimetière le plus anciennement connu de la Carthage romaine, Bir ez Zitoun. Elle était donc placée au nord-ouest du site punique et en tout cas, elle évitait la colline de Byrsa31. Reste à s’interroger sur les destructions de Lépide. Plusieurs hypothèses ont été avancées avec des arguments parfois discutables32. Il nous semble que l’hypothèse la plus vraisemblable est celle qui fut développée par D. Fishwick33. Les destructions de Lépide devaient correspondre à des bâtiments construits par des colons sur le sol de la vieille Carthage punique dont le sol était toujours sacer. C’est très probablement comme Grand Pontife, plutôt que dans le cadre de son imperium, qu’il effectua ses démolitions. Il semble en effet que tout ce qui concernait les restaurations, les limitations (comme les inaugurations) et les purifications de certains lieux relevait de la compétence du Grand Pontife34. La vieille malédiction de 146 constituait toujours un obstacle sérieux et tant qu’elle n’était pas levée, il était interdit de construire sur le sol de la Carthage punique. César lui-même avait respecté la prescription, puisque la nouvelle Karthago était déduite hors de la colline de Byrsa. Cette action doit se comprendre dans un sens religieux, c’est-à-dire comme une démarche positive, destinée à supprimer toute trace de malédiction de la future métropole d’Afrique35. On a également considéré que la naissance de la nouvelle Carthage avait donné lieu à quelques frappes monétaires de la part de Lépide.
1.3. La monnaie dite aux suffetes
8Une série de monnaies a fait l’objet de nombreux commentaires. Il s’agit de la monnaie dite aux suffètes36 et R. Martini37 a essayé de démontrer qu’elle avait été émise par Lépide au moment des destructions de Carthage.
Avers :
ARIST MVTVMBAL RICOCE SVF
Deux têtes masculines imberbes accolées à droite.
Revers :
KAR VENERIS
Temple tétrastyle.
9A la fin du xixe siècle quelques historiens interprétèrent la monnaie ARIST, MVTVMBAL RICOCE suffètes et KAR(THAGO) VENERIS. L’équation suffètes-Carthage s’était établie pour dire que César ou bien Octavien reconstituèrent Carthage sous la forme d’une cité phénicienne qui retrouva ses anciens suffètes38. Puis, dans un deuxième temps on a abandonné cette interprétation et on a lu KARALIS en Sardaigne à la place de KARTHAGO39. Enfin, dernièrement, R. Martini a repris le dossier pour proposer l’interprétation suivante : la monnaie a bien été émise à Carthage pour commémorer la purification de la colonie. Les deux portraits représentent Lépide et Octavien et les deux suffètes qui sont comme leur nom l’indique, d’origine punique, étaient là pour aider le triumvir à remettre de l’ordre au sein de la colonie césarienne. Pour R. Martini cette monnaie représente un “compromis entre la forte administration romaine et l’autorité personnelle de Lépide avec le pouvoir autonome que la cité de Carthage avait réussi à regagner”40. Enfin, la représentation du temple de Vénus sur le revers est à mettre en relation avec la charge de Grand Pontife de Lépide et Vénus peut être assimilée à Tanit et à la personne d’Octavien en l’honneur de la gens lidia. Malheureusement cette démonstration ne peut être retenue pour plusieurs raisons. Sur un plan strictement technique, ce type de monnaie a été retrouvé en Sardaigne en plusieurs spécimens, en revanche il n’en existe aucun exemplaire en Afrique41. On ne voit pas pourquoi l’avers représenterait Lépide et Octavien. Lépide était seul à gouverner la province et son éventuel lien de subordination n’est pas accceptable. Ensuite l’administration de Carthage par des suffètes pose une réelle difficulté, et n’est pas compatible avec le statut de colonia ciuium Romanorum. D’ailleurs le monnayage de Carthage, qui nous est connu à partir d’Auguste, fait état de IIVIRI42. Il s’agit bien comme l’avait suggéré M. Albizzatti d’une monnaie émise par la cité de Caralis qui devint un municipium sous Octavien43.
10Il nous semble en revanche, que c’est à partir de la nouvelle capitale, Carthage, qu’il réorganisa la pertica, et réintroduisit le vieux culte des Cereres.
1.4. La pertica de Carthage
11La pertica de Carthage était une partie du territoire dépendant de la colonie de Carthage qui se caractérisait par la juxtaposition de pagi romains et de cités pérégrines44. Cette organisation originale est attestée à Thugga, Agbia, Numluli, Auensa, sans doute à Uchi Maius, Thubursicum Bure, Thibaris, Thignica, et probablement à Chiniaua, Belalis Maior et Thuburbo Maius, c’est-à-dire aussi bien en Africa Noua qu’en Africa Vetus, et souvent sur des territoires relativement éloignés de Carthage45.
12Les historiens ne sont pas d’accord sur la date de la création de la pertica. A. Piganiol la plaçait sous César46, tandis que C. Poinssot tentait de démontrer qu’Octavien en aurait été le promoteur, sans qu’on puisse exclure l’éventualité d’une création entre la mort de César et le moment où l’Afrique entra durablement dans le domaine d’Octavien en 3647. Enfin, J.Gascou à la suite de C. Poinssot, pense que ce fut Octavien/Auguste le responsable de l’organisation d’une grande partie du territoire carthaginois et exclut formellement une intervention de Lépide48. En effet, pour parfaire sa démonstration, il a fait l’étude de deux inscriptions d’un même personnage, M. Caelius Phileros. La première a été découverte à Formies dans le Latium, la seconde à Udii Maius, en Africa noua.
CIL, X, 6104 = ILS, 194549 :
M(arcus) Caelius, M(arci) L(ibertus), Phileros. accen(sus) / T(tii) Sexti imp(eratoris) in Africa. Carthag(ine) aed(ilis), praefectus) /i(ure) d(icundo) uectig(alihus) quinq(uennalibus) locandi is) in castell(is) LXXXIII, / aedem Tell(uris) s(ua) p(ecunia) fec(it) : IIuir Clupiae bis ; Formis / August(alis), aedem Nept(uni) lapidi ibus) uari(i)s s(ua) p(ecunia) ornau(it), / Fresidiae, N(umerri) l(ibertae), Florae, uxori uiro opseq(uentissimae), / Q(uinto) Octavio, (mulieris) l(iberto), Antimacho, Karo amico50.
AE, 1908, no 269 = CIL, VIII, 26274, cf. AE, 1930, no 3= ILS, 137051 :
... M(arcus) C(ae(lius) Ph)ileros castellum diuisit inter colonos et Uchitanos termin(os) que constituit52.
13M. Caelius Phileros53 fut d’abord accensus, c’est-à-dire ordonnance de T. Sextius, le gouverneur de l’Africa Noua de 44, jusqu’à l’arrivée de Lépide en 40. C’est ensuite que se posent les problèmes de chronologie. T. R. S. Broughton54 avait émis une hypothèse selon laquelle Phileros serait devenu édile à Carthage dès 39, et aurait été nommé la même année pour 38 praefectus iure dicundo uectigalibus quinquennalibus locandis in castellis LXXXIII, comme représentant de Lépide. Ce dernier, honoré par la colonie du titre de duouir quinquennalis, aurait en retour délégué ses fonctions à Phileros. Cette charge est à mettre en relation avec la seconde inscription : castellum diuisit inter colonos et Uchitanos. Il entrait certainement dans les fonctions de Phileros de pouvoir procéder à l’affermage des impôts dans les castella dépendant de Carthage, et celles appartenant aux indigènes, les Uchitani, soumis aux nedigalia55. J. Gascou, dans deux articles56, fait trois objections. La première concerne les Lepidi uiolentia ludibria. Comme Carthage n’a eu qu’à se plaindre des mauvais procédés du triumvir, il paraît exclu à J. Gascou que Lépide ait pu agrandir la pertica57. La deuxième observation touche aux relations entre T. Sextius et Lépide. D’après Dion Cassius58, c’est à contrecœur, et après un délai de réflexion que T. Sextius céda l’Afrique à Lépide. J. Gascou conçoit mal que l’accensus d’un homme mal vu par Lépide puisse exercer quelque influence dans la métropole africaine59. Enfin, la dernière remarque concerne les dispositions juridiques qui interdisaient à un magistrat municipal de passer directement d’un honneur à un autre sans intervalle. Après l’achèvement de sa charge annuelle, il devait redevenir priuatus pour qu’on puisse le cas échéant l’obliger à rendre des comptes de sa gestion. Une loi de l’époque de Gordien III semble prouver que ce délai obligatoire était de cinq ans lorsqu’il s’agissait de gérer deux fois la même magistrature, et de trois ans pour passer d’une magistrature à une autre60. Si ce principe s’appliquait à Carthage. M. Caelius Phileros aurait, au plus tôt, exercé l’édilité durant l’année 39, puis, seulement après un délai légal de trois ans (38-36), aurait assumé la charge de praefectus iure dicundo à partir de 35, c’est-à-dire après le départ de Lépide.
14Nous ne pensons pas que les destructions de Lépide sur le site de Carthage aient pu être un obstacle à la création de la pertica61. Nous avons vu, au contraire, qu’elles devaient être comprises comme une action positive dont le but était de faire oublier les constructions élevées sur un sol sacer. De même, l’argument selon lequel Lépide se serait passé des services de Phileros, simplement parce qu’il était l’accensus de T. Sextius est discutable. Au contraire, il nous semble que Lépide avait tout intérêt à récupérer Phileros qui était compétent et qui connaissait bien l’administration africaine et l’Africa Noua. Reste la question de la réglementation du cursus municipal. Ici encore, il n’est pas du tout certain que les règles édictées et précisées à l’époque impériale aient été appliquées à la fin de la République à Carthage. Ces règles étaient fluctuantes, le juriste Papinien le rappelle lui-même dans le Digeste62 et il existe une inscription, découverte à Ostie, où un magistrat municipal passe de la questure au duumvirat sans qu’il y ait de délai63. Il ne semble donc pas déraisonnable d’avancer que Phileros fut praefectus iure dicundo sous le gouvernement africain de Lépide, lorsque l’Africa Noua et l’Africa Vetus formaient une seule province. Reste à s’interroger sur la finalité d’une telle création. S’il ne fait aucun doute qu’un des buts de la création de la pertica fut de donner des terres à des citoyens romains et à des vétérans64, une arrière-pensée économique de la part du triumvir n’est pas à exclure. En effet, une partie des terres de la pertica (comme par exemple Uchi Maius. Thibaris. Thuburnica) se situait dans la vallée du Bagradas et de l’oued Miliane, région particulièrement fertile, qui dépendait, avant son annexion, du royaume numide de Juba Ier. Le développement de l’agriculture dans ce royaume était ancien et avait débuté aux iiie-iie- siècles a.C.65 Les rois numides disposaient d’importants surplus en grains destinés à I exportation vers 1’Orient hellénistique et vers Rome66. La concentration de population et la densité de l’exploitation du sol devait atteindre des chiffres exceptionnels et c’est dans cette région que s’implantèrent plus tard, les grands domaines impériaux67. Cette donnée économique doit être prise en compte et mise en relation avec la réactivation d’un vieux culte agraire, celui des Cereres.
1.5. Le culte des Cereres
15Le culte des Cereres68 était très populaire en Afrique : c’était un culte agraire ancien, datant de 396 a.C., où les déesses thesmophores (Cérès et Proserpine) avaient été introduites de Syracuse dans la Carthage punique, mais aussi en Numidie, en particulier dans les zones de riches moissons. I1 avait survécu à la chute de Carthage et avait été réactivé entre 44 et 38. En effet, ce culte est connu grâce à vingt inscriptions69 toutes découvertes à Carthage et dans sa région (sauf pour la dernière inscription) qui présentent dix-sept personnages qui, d’une année LXVIII jusqu’à une année CCLXXVI, portent le nom de sacerdotes cererum, sacerdos cererum Karthagini, sacerdos cererum coloniae Iuliae Carthaginis, magister cererum et magister sacrorum cerialium. Ces dix-sept personnes sont mentionnées sur des inscriptions qui, dans leur quasi-totalité, se situent d’une part, dans le Nord-Est de l’Afrique Proconsulaire, et plus précisément dans la pertica de Carthage ou à proche distance de celle-ci70, et on sait d’autre part que la très grande majorité des prêtres était originaire de Carthage71. Or, le problème principal est de savoir à quelle date est fixée l’annus I du culte. Plusieurs hypothèses ont été émises et l’on est parvenu à trouver une “fourchette” qui se situe entre 44 et 3872. Il semble difficile, en prenant en compte toutes les hypothèses, c’est-à-dire tous les intervalles possibles entre chaque charge, l’âge minimal et maximal des intéressés, d’avoir une “fourchette” plus resserrée. Toutefois, M. Le Glay avait développé un certain nombre de remarques intéressantes73. Il partait de la constatation suivante : pour qu’il y ait organisation d’un culte, il fallait un temple, donc une ville. Or, il n’est pas certain que l’institution du sacerdoce des Cereres coïncide exactement avec l’implantation ou la réimplantation du culte de la nouvelle Carthage. Elle coïncide plutôt avec l’organisation du culte, sans doute contemporaine de la dédicace du temple, donc postérieure à la décision d’implantation. Il faut donc envisager un décalage chronologique. Rien ne prouve non plus que la ré-introduction de ce culte soit strictement contemporaine de la “recapitalisation” de Carthage. Ici aussi il faut compter avec un autre décalage chronologique. M. Le Glay, en conclusion, proposait les dates suivantes que nous reprenons : en 46 a.C., César, après sa victoire de Thapsus, décida de créer une colonie à Carthage74. L’exécution de la mesure césarienne eut lieu entre mars et décembre 44 a.C., et c’est au début du second Triumvirat que Carthage reçut le nom de col. Iulia Concordia Karthago75. Nous pensons que les années 42-41, voire le début de l’année 40, sont à exclure pour une réorganisation administrative, économique et religieuse de Carthage et de l’Africa, à cause des conflits engendrés par les différents gouverneurs. Ceux-ci n’obtinrent que pour une trop brève durée le gouvernement simultané des deux provinces. En 40 a.C., Lépide forma la province d’Africa Proconsularis, avec Carthage comme capitale administrative et religieuse, et ce fut probablement à partir de cette date (40-39 a.C.), qu’il fit construire le temple des Cereres et que commença l’annus primus du culte. Comme Grand Pontife, Lépide réactiva le vieux culte agraire des déesses des moissons et de l’abondance du blé, et comme gouverneur réorganisa le territoire très fertile de la pertica de Carthage avec l’aide de M. Caelius Phileros. Lépide permettait ainsi, comme le dictateur, à un affranchi de faire une belle carrière municipale76. C’est également avec ce personnage que le triumvir envisagea la construction d’un temple à Tellus.
1.6. La construction du temple de Tellus
16Une des conséquences de la réactivation du culte des Cereres fut la construction contemporaine d’un temple dédié à la déesse chthonienne Tellus. Les deux événements s’accordent dans la mesure où ils célèbrent les mesures prises par Lépide pour rendre le sol qui avait été déclaré sacer à Tellus d’une part et pour rétablir la vaste pertica de Carthage d’autre part77. Tellus78 était une divinité de la Terre. Elle pouvait avoir une signification funèbre, lorsque dans le vieux formulaire de la deuotio, elle représentait le monde des morts en compagnie des Mânes. Mais elle pouvait aussi être invoquée avec Cérès avant de procéder à la moisson, parce que Tellus, pour les Romains, était comme Gaia chez les Grecs, la personnification du sol fécond où étaient déposées les semences qui se développaient, tout en abritant également tout ce qui retournait dans la terre. Elle personnifiait la germination, la naissance, la croissance, la décomposition, la mort et la résurrection, tandis que le rôle de Cérès était de présider au processus de croissance des plantes. Leurs fêtes principales, les Fordicidia de Tellus (15 avril) et les Cerialia (19 avril) étaient séparées par l’intervalle de quatre jours ce qui était habituel entre deux cérémonies apparentées79. Les feriae sementiuae80 étaient communes aux deux déesses, où une truie pleine (sus plena) était offerte à Tellus, puis sept jours après, une seconde truie pleine était sacrifiée à Cérès81. A la fin de la République, les deux déesses étaient nommées ensemble en tête du groupe des divinités féminines, parmi les di selecti de Varron82. En ce qui concerne l’Afrique, T. Gesztelyi83 dans ses travaux consacrés à Tellus a bien montré que les deux divinités étaient honorées ensemble. Les sanctuaires, sous l’Empire furent construits en Africa Proconsularis, en Numidie et en Maurétanie. Ils se situaient essentiellement le long de l’axe commercial qui partait de Carthage vers Sitilis, et tout particulièrement dans la vallée de la Medjerda, qui était la grande zone fertile de l’Africa. Les inscriptions rendent compte de temples et de statues mais il ne reste aujourd’hui qu’un seul témoignage à Thugga84. Il ressort de l’étude de T. Gesztelyi que c’est en Afrique du Nord que le culte de Tellus fut le mieux organisé sur le plan officiel, et ce dès la fin de la République jusqu’à le fin du Principat. Ce culte avait certainement des racines locales et était lié aux déesses thesmophoroi, qui avant même la conquête romaine étaient officielles. C’est pour cette raison que le culte des Cereres s’apparentait à celui de Tellus85. Il n’est donc pas déraisonnable de penser qu’entre 40-39 et 36, Phileros aedem Telluri sua pecunia fecit. La réorganisation de la pertica, du culte des Cereres et la construction d’un temple à Tellus répondaient à une même préoccupation : fournir du blé à Rome, à un moment où l’Vrbs en manquait. Lépide mit en place sur le sol africain la réforme de l’annone vraisemblablement envisagée par le dictateur86. Il se peut d’ailleurs, qu’en souvenir de César, les premiers prêtres du culte se soient appelés sacerdotes Cereris87. Se présenter comme l’héritier du dictateur n’excluait pas pour autant le souvenir de ses ancêtres, à savoir le rôle joué par son arrière-grand-père et par son père dans le ravitaillement du blé à Rome88. En effet, la carrière du triumvir est jalonnée de preuves qui démontrent le profond attachement qu’il a toujours eu à l’égard de sa famille. La réforme de l’annone en Afrique s’inscrivait dans cette perspective : se présenter comme l’héritier du dictateur et aussi comme l’héritier d’une tradition gentilice.
2. La politique municipale de Lépide
17Pour ce qui concerne la municipalisation de l’Afrique, force est de constater qu’il s’agit d’un sujet complexe et controversé89. Avant l’arrivée des Romains, l’urbanisation était rare à cause du nomadisme. Toutefois, il faut noter une exception de taille : Carthage, qui avait favorisé l’explosion de centres urbains dans le Nord-Est de la Tunisie actuelle90. Sur le plan de la politique municipale, en 111 a.C., sept villes de l’Africa Vetus reçurent l’immunité par le biais de la lex agraria91. Puis Marius, après sa victoire contre Jugurtha (103 a.C.). distribua des terres a des vétérans et à des Gétules dans la région qui se situait près de la Fossia Regia, entre Acholla et Thenae92. Parallèlement à ces créations, des negotiatores et des hommes d’affaire italiens et romains vinrent s’installer en Afrique. Jusqu’à l’époque de César, il n’y eut pas d’innovation dans le domaine municipal, sauf si l’on met à part la création sans lendemain de la colonie de C. Gracchus, aucune cité de droit latin ou de droit romain n’était attestée de façon certaine en Afrique du Nord. Ce fut avec César que commença réellement la municipalisation. I1 désirait donner des terres aux légionnaires qui s’étaient engagés à son service pendant les guerres civiles, sans oublier pour autant les prolétaires romains, les soldats d’origine gauloise, les affranchis et d’une manière significative les Africains pourvus de la citoyenneté romaine93. Il fut à l’origine de la colonie de Carthage qui ne fut réalisée que quelque temps après sa mort. Il a certainement fondé comme colonie Curubis94 (Kourba) sur la côte orientale du Cap Bon a cinquante-cinq Kilomètres de Carthage, et a aussi installé des colons à Néapolis95 (Nabeul), Carpis96 (Mraïssa) et Hippo Diarrhytus97 (Bizerte). Il s’agissait de ports de commerce en relation avec l’Italie. Les quatre années qui suivirent la mort de César ne furent guère propices à une municipalisation active à cause des luttes politiques entre les gouverneurs. En revanche, Lépide pendant son long gouvernement en Afrique, poursuivit la municipalisation ce qui nuance l’idée d’un coup d’arrêt à la politique municipale de César.
2.1. Thabraca ou Simitthus ?
18Nous ne possédons du triumvir qu’un seul témoignage épigraphique, celui de l’inscription découverte à Thabraca98 (fig. 1), où il est fait état d’un ordre des décurions qui honore son patron Lépide : Patrono ex decreto decurionum. Cette dédicace peut laisser supposer qu’il a accordé à la cité un statut municipal99. Cette petite ville, qui était d’origine punique, était un port de commerce actif avec l’Italie et les autres ports du Cap Bon, déjà colonies romaines. Lépide y fit peut-être construire sa flotte en utilisant le bois de la forêt de Kroumirie qui se trouvait à proximité. Le triumvir a pu vouloir donner ainsi une promotion à la petite cité maritime. Le nom complet de la ville est connu par une borne du iie siècle p.C., découverte à Hippo Regius100 : Colonia V. P. Iul. Thabracenorum. Seul le surnom Iulia est clair. Le développement des deux lettres V. P. reste énigmatique. Plusieurs explications furent avancées. J. Guey et A. Pernette101 ont proposé de développer V P. en Victrix Pontificalis. Ces deux lettres seraient à mettre en relation avec la dignité de Grand Pontife de Lépide. Mais cette explication pose problème parce que l’abréviation courante dans l’épigraphie de Pontificiensis est Pontif102. Les lettres V. P. peuvent être développées en Vixtrix Pia ou Victrix Pictas103, Victrix104, Pia et Pietas évoquent peut-être la victoire césarienne sans nécessairement impliquer une implantation militaire. Ces qualificatifs n’excluent en rien une initiative du triumvir qui se présentait comme l’héritier du dictateur. L’existence de décurions c’est-à-dire d’un Sénat municipal, fait penser à un municipe ou à une colonie105. Or, le fait que Pline, dans sa description du littoral range Thabraca parmi les quinze oppida ciuium Romanorum et non parmi les colonies permet de conclure que Lépide créa un municipe, transformé ensuite par Octavien/Auguste en colonie106.
19Mais une autre explication a été proposée par M. Gaggiotti qui croit au contraire que Lépide fut le patron de Simitthus. Il appuie sa démonstration en insistant sur les liens qui existaient au ier siècle a.C., entre la gens Aemilia et l’officina regia de Simitthus, mais également sur le fait que l’on ait retrouvé trois inscriptions portant le gentilice Aemilius, dont un M. Aemilius M(arci) f(ilius) Primus du ier siècle p.C., et qu’enfin l’inscription a pu être facilement transportée de Simitthus vers Thabraca107. Dans un tel contexte, la tablette de marbre avait peut-être été prévue pour être encastrée dans un monument commémoratif en l’honneur de Lépide et des membres de sa famille à Simitthus. Il faut en effet se souvenir que Simitthus, l’actuelle Chemtou se trouvait à une dizaine de kilomètres de Bulla Regia, sur la route qui allait de Carthage à Thagaste et au départ de la route qui, à travers les monts de la Kroumirie, rejoignait la mer à Thabraca108. On rapporte qu’une colonie augustéenne de vétérans y fut installée par Auguste dès 27 (Colonia Iulia Augusta Numidica Simitthus) qui succéda à un centre numide109. Depuis le iie siècle a.C., des carrières de marbre dit “numidique” étaient exploitées dans la montagne voisine, et jusqu’au iie siècle p.C., l’exportation du marbre se faisait par voie d’eau jusqu’à Utique110. Il faut reconnaître que l’argumentation de M. Gaggiotti ne manque pas d’intérêt, mais pour l’instant faute de renseignements complémentaires, nous considérons que Lépide offrit une promotion juridique, certainement le statut de municipe, à une petite cité du littoral : Thabraca.
20Nous n’avons pas d’autres témoignages épigraphiques contemporains sur la municipalisation datant du gouvernement de Lépide. Toutefois, il faut soulever le cas particulier de la colonie de Rusguniae.
2.2. La colonie de Rusguniae
21La petite cité de Rusguniae se situait à cap Matifou à l’est de la baie d’Alger et dépendait du royaume du roi Bocchus mort en 33111. Pline mentionnait cette cité parmi les colonies de vétérans fondées par Octavien/Auguste à l’issue d’un interrègne maurétanien entre 33 à la mort de Bocchus et 27112. Un certain nombre de milliaires ont été trouvés in situ et trois d’entre eux méritent un développement particulier puisqu’ils transcrivent la titulature complète de la ville : COL(onia) IVL(ia) PONTIF( ?) CL( ?) RVSG(uniae) IIIIV LEG(ionis). Deux de ces bornes datent du règne d’Élagabal (218-222 p.C. martelé) et évoquent en même temps le titre d’ANTONINIANA (également martelé). La troisième inscription fait état du qualificatif GEMELLA. La seule certitude, c’est que la colonie a été fondée entre 33 et 27. mais il reste deux interrogations. D’où venait cette IIIIVe légion ? Et que signifiait PONTIF CE ?
22P. Salama a proposé avec beaucoup de prudence l’explication suivante. L’expression PONTIF. CL. RVSG. IIIIV. LEG. GEMELL, doit être envisagée comme un tout homogène. Pour cet auteur, il y a de fortes chances que la VIIIIe légion ait appartenu à Lépide pendant son gouvernement en Afrique et que la colonie ait été fondée par ses vétérans113 Les lettres PONTIF, et CL. peuvent être développées en PONTIF(icalis)114 et CL(ementia)115. Pour P. Salama, une colonie fondée par les troupes de Lépide ne pouvait prétendre qu’au titre de nature religieuse qu’avait conservé Lépide116 Le terme PONTICIALIS pourrait être rapproché du qualificatif PONTIFICENCE de la titulature d’Obulco (Porcuna) en Bétique117. Le mot Clementia serait l’aveu de la diplomatie adroite d’Octavien pour illustrer sa clémence118. L’indulgence à l’égard de Lépide viendrait du fait qu’il avait toujours été un fidèle lieutenant de César. Enfin, P. Salama mentionne l’inscription d’un légat du proconsul d’Asie, M Aemilius Lepidus, présenté comme petit-fils du triumvir et choisi comme patron de la cité119 Cette inscription tendrait à conforter le point de vue de l’auteur pour lequel l’ancienne armée de Lépide, la Neuvième légion Gemella, aurait été la fondatrice de la cité.
23Toutefois, P. Salama a bien conscience de la fragilité de l’argumentation et comme il l’écrit lui-même, le monde scientifique n’a guère accepté son hypothèse120, même si ces dernières années, certains auteurs sont moins défavorables à cette thèse121. J.-M. Roddaz a tout récemment repris le dossier dans un article consacré à Octavien/Auguste et aux soldats de Lépide122. Il rappelle d’abord que la IXe légion mentionnée sur les milliaires est une formation militaire inconnue. On connaît une neuvième légion césarienne qui a combattu à Dyrrachium et à Pharsale, puis à Thapsus en 46, mais on ignore ce qu’elle est devenue par la suite, et une autre légion IXe Hispana sous l’Empire, constituée après 27123.Comme on n’en trouve nulle trace, ni dans l’armée d’Antoine, ni dans celle d’Octavien, il est donc tentant d’en faire une légion de Lépide, reconstituée par lui avec des vétérans césariens ; renvoyée en Afrique, avec Taurus, elle aurait ainsi conservé sa dénomination. L’appellation Gemella peut laisser entendre que cette formation a été complétée, ce qui se comprend aisément puisqu’il s’agit de l’une des légions semi plenae conduites par Lépide en Sicile en 36124. Le qualificatif Classica, développement de l’abréviation CL des inscriptions des milliaires pourrait bien expliquer l’adjonction aux troupes d’origine d’éléments de la flotte125. Reste à expliquer le PONTIFICIALIS, développement de l’abréviation PONTIF, et qui fait sans aucun doute référence au Grand Pontificat. Le lien avec Auguste est à exclure parce qu’il faudrait supposer que la colonie a été déduite après 12 a.C., ce que rendent impossible la mention IVLIA de la titulature et surtout la création du royaume de Juba en 25126. De même, on ne voit pas pour quelle raison César aurait donné ce qualificatif à sa Neuvième légion. Comme P. Salama, J.-M. Roddaz fait un rapprochement avec la titulature d’Obulco127. En effet, on pensait que la mention du Grand Pontificat de la titulature renvoyait à César d’autant que le dictateur avait rendu la cité célèbre en y rejoignant après une marche de vingt-sept jours ses légions, avant celle vers Munda128. Mais cette région du Sud de l’Espagne, fut aussi, au cours de l’année 44, le théâtre d’opérations conduites par Lépide pour mettre fin au conflit avec Sextus Pompée. Pour J.-M. Roddaz, c’est peut-être à cette occasion que la cité reçut ce qualificatif, ce qui permettait à Lépide de se situer dans la continuité césarienne, et à partir de 43, une manière de se distinguer de ses collègues, tout en revendiquant, lui aussi l’héritage. Or, si la mémoire de Lépide devait pâtir de la damnatio memoriae consécutive à sa déchéance en 36, il en était autrement de la dignité de Grand Pontife qu’il conserva. Toute la partie de l’argumentation de P. Salama et de J.-M. Roddaz sur la présence d’anciens soldats de Lépide dans la fondation de la colonie de Rusguniae nous paraît convaincante. Nous sommes en revanche plus réticents pour ce qui concerne Obulco. En effet, en 44, bien que défait par Sextus Pompée, Asinius Pollion était le gouverneur de l’Hispania Vlterior, et on ne voit pas à quel titre Lépide aurait pu donner le qualificatif de Pontificence à Obulco. On peut, soit rapprocher le cognomen de cette cité des cognomina d’autres cités qui reçurent elles aussi des qualificatifs à caractère religieux en relation avec la politique religieuse de César : Lucurgentum Iuli Genius, Siarum Fortunales, Suedi Martialium et Segida Augurina129, soit le mettre en relation avec la politique municipale d’Auguste qui octroya le statut de municipe à Obulco130. Toutefois, pour revenir à l’Afrique, l’étude de la IIIIVe légion Gemilla permet d’ouvrir d’autres perspectives sur d’autres fondations d’Octavien/Auguste131.
24Enfin, il faut tenir compte de l’important dossier qui concerne l’octroi de la citoyenneté.
3. L’octroi de la civitas
25L’onomastique, comme nous l’avons vu pour l’Espagne et la Transalpine, est un des rares moyens qui permet de discerner les étapes du peuplement d’une ville ou d’une province, et de voir les modalités de contact entre les Romains et les indigènes132. Un certain nombre d’études générales133 et particulières134 laissent penser que Lépide fut particulièrement généreux dans ce domaine.
26Le gentilice Aemilius était fréquent en Afrique du Nord puisque environ sept cents Aemilii ont été recensés. Mais en Afrique, comme en Espagne ou en Transalpine, il convient de savoir quelle part Lépide a eu dans l’octroi de la ciuitas. Pour l’Afrique, le gentilice Aemilius pouvait être aussi porté par des Romano-Italiens commerçants et négociants arrivés au iie siècle a.C., par des Italiens venus avec Marius au ier siècle a.C., sans oublier M. Aemilius Scaurus, le consul en 115 a.C., qui joua un rôle important dans la guerre contre Jugurtha, et de son fils qui en 58 introduisit le premier des panthères africaines à Rome. Ces hommes avaient certainement noué sur place des contacts par l’intermédiaire de leurs affranchis135.
27Les Aemilii étaient d’abord nombreux en Tripolitaine puisque vingt-cinq Aemilii sont mentionnés à Oea, Sabratha et à Lepcis Magna136. Mais un certain nombre d’entre eux était certainement lié à des Aemilii d’origine italienne, venus avant Lépide et qui exerçaient une activité commerciale137. II est difficile de croire à une action de Lépide dans ces cités côtières éloignées de ses préoccupations politiques centrées sur l’Italie et la Sicile138.
28Pour ce qui concerne les établissements mariens, les inscriptions retrouvées à Thuburnica, Ucchi Maius et de Mustis appartiennent à des épitaphes datées au plus tôt de la fin du ier siècle de notre ère139. Les porteurs de ce gentilice étaient les descendants de citoyens établis par Marius en avant de la fossa regia. Ainsi à Thuburnica on a retrouvé l’inscription d’un certain Q. Aemilius, M.f. Pudens qui appartenait à la tribu Aemilia, tribu dans laquelle étaient rangées les villes de Formies, Fundi, Suessa Arunca, pour la Regio I, de Copia, de Vibo Valentia pour la Regio III et de Mevania pour la Regio VI. Il devait s’agir d’un Aemilius venu probablement d’Ombrie140.
29Un troisième pôle rassemble plusieurs Aemilii autour des trois grandes villes côtières de l’Afrique Proconsulaire que sont Utique, Carthage et Hadrumète. Pour la vieille cité d’Utique, force est de constater que le dossier est mince puisqu’un seul Aemilius est attesté141. La cité punique avait reçu beaucoup d’immigrants italiens et romains et la romanisation selon J.-M. Lassère était achevée avant la fin de la République142. Dix Aemilii sont comptabilisés à Carthage143, datés du 1er au IVe comme à Hadrumète144 où sont recensés dix Aemilii entre le ier et le iiie siècle. Dans cette dernière cité indigène il existait un conuentus de citoyens romains depuis César. Les inscriptions portant les tria nomina, C. Aemilius Verus et C. Aemilius Exeperans145 et Aemilia Bonifacia, Aemilia Aquilania, Aemilianus et Aemilia Flora146 n’apportent guère de renseignements. Peut-être s’agit-il de descendants d’immigrants romano-italiens et d’affranchis à l’origine liés aux Aemilii de Délos. Mais on ne peut pas non plus exclure l’octroi de la ciuitas par Lépide147.
30La situation est tout à fait différente pour l’ancienne Africa Noua et pour Cirta et sa région. Pour l’Africa Noua en excluant le territoire cirtéen on relève : cinquante-trois Aemilii dont cinq Marci pour Sicca Veneria et ses environs. Peu d’inscriptions remontent au ier siècle puisqu’elles sont toutes datables du iie-iiie siècles. Or. il s’avère que parmi ces Aemilii, certains étaient descendants d’Italiens, hommes d’affaires et affranchis de la première moitié du ier siècle a.C.,148 mais les autres devaient certainement leur gentilice à Lépide. Le triumvir a octroyé le droit de cité à des autochtones pour renforcer le pôle de romanisation que représentait Sicca Veneria à l’Est de l’Africa Noua, tandis que Cirta en était un autre à l’Ouestl149. On n’a relevé que trois Aemilii à Simitthus et huit personnes portaient le gentilice Aemilius dont une avec le prénom Marcus. Y. Thébert, qui avait étudié la cité, était prudent pour ce qui concerne les gentilices donnés par des gouverneurs à des pérégrins. Il remarquait que les cas les plus révélateurs, ceux où l’homonymie englobait le nom et le prénom étaient extrêmement rares150. Il en concluait que les nouveaux citoyens avaient cherché un nom parmi les gentilices romains traditionnels, plutôt que de reprendre la nomenclature traditionnelle. Pourtant, c’est dans cette région (Simitthus, Thabraca, Bulla-Regia), que les Aemilii Lepidi avaient des liens avec la population indigène et il nous semble que Lépide a dû octroyer la ciuitas pour asseoir ses desseins politiques151. A Thubursicu Numiciarum dixhuit inscriptions mentionnent le gentilice Aemilius152 dont sept sont datables du ier siècle p.C. Parmi les trois Aemilii qui sont prénommés Marcus, un seul est du ier siècle, et on notera un Aemilius Baricis f(ilius) qui est d’origine indigène153. Il semble que les Aemilii de cette cité soient redevables de leur nom au triumvir154. On a recensé vingt-cinq Aemilii à Madaure datables des iie-iiie siècles p.C., et rien ne laisse apparaître une éventuelle action de Lépide dans l’octroi de la citoyenneté pour ces indigènes155. On connaît un certain M. Aemilius Setinus de souche romaine ancienne puisque ce cognomen était très rare en Afrique du Nord et il était attesté sous la République, dans le Latium, dans la cité de Setia dont les habitants sont dits Setini156. Pour ce cas précis, dont on a pu d’ailleurs reconstituer le stemma157, on peut envisager la possibilité d’un peuplement d’Italiens venus du Latium au ier siècle p.C. Enfin, pour conclure sur l’Africa Noua, il faut évoquer trois Aemilii à Thagaste, trois également à Thagura, deux à Ciuitas (...) (Guelaa Bou Atfan) et à Henchir el Hammam, six à Calama et trois à Hippo Regius. Mais ces inscriptions ne donnent aucun renseignement pour notre étude158.
31Reste le territoire de Cirta159. L’ancien territoire de P. Sittius, devenu sous l’Empire, à partir de l’extrême fin du ier siècle ou au tout début du iie siècle, une contributio, a connu une romanisation particulièrement précoce160. Le recensement des Aemilii y est fructueux puisque F. Bertrandy a dénombré au moins deux cents Aemilii161. On est frappé dans ce décompte par le nombre élevé des Aemilii à Thibilis, site montagneux et petite bourgade à l’Est de Cirta162. Une telle proportion n’apparaît nulle part en Afrique du Nord, si ce n’est pour les C. Iulii et pour les P. Sittii. Il ressort ici que Lépide a octroyé la ciuitas à bon nombre d’habitants de ce centre dont on a les descendants et les affranchis. F. Bertrandy remarque aussi que le triumvir a pu être lié à M. Vitruvius Mamurra, le constructeur d’un arc à Thibilis163. Bien que le nom de ce personnage ne soit pas directement en relation avec Lépide, il faut se souvenir que M. Vitruvius Mamurra (s’il s’agit du même) fut praefectus fabrum de César à Rome et qu’il connaissait Lépide dans les années 46-44164. On petit donc se demander si cet architecte n’était pas en Afrique entre 40 et 36, ce qui aurait favorisé la romanisation de la cité. Dans cette région, il semble bien que Lépide ait entrepris une politique d’octroi de la citoyenneté romaine aux Numides et aux habitants de l’ancien territoire de P. Sittius qui désiraient collaborer avec lui. Auparavant, seuls les compagnons de P Sittius porteurs du gentilice de leur chef avaient reçu la ciuitas. Poursuivant l’œuvre assimilatrice de César, Lépide a voulu élargir le nombre de citoyens romains dans cette partie de l’Afrique. La raison qui a motivé une telle politique était certainement la volonté de se constituer une clientèle fidèle et des soldats. Ce fut certainement dans ce vivier indigène prêt à s’intégrer que Lépide a pu former une partie de ses légions.
32Comme en Espagne et en Transalpine, nous retrouvons en Afrique les mêmes difficultés pour savoir avec précision qui a reçu la ciuitas de la part du triumvir ou si nous sommes en présence d’Italiens déjà citoyens romains. La datation des inscriptions qui mentionnent les Aemilii sont également source de problèmes. Beaucoup de ces inscriptions sont datées du iie et du iiie siècles p.C., et dans ces cas il est toujours difficile de retrouver d’éventuels ascendants d’époque républicaine. Le prénom Marcus n’est pas significatif puisque nous savons que ce praenomen faisait partie avec Caius, Lucius, Publius, Quintus et Titus des six praenomina les plus utilisés dans le monde romain. Il est même l’un des trois praenomina qui reviennent le plus souvent avec Lucius et Caius165. En outre, il n’est pas aisé d’établir à l’intérieur d’une famille, lequel de ces prénoms est héréditaire et lequel sert à distinguer un frère d’un autre. Ceci étant, grâce à l’étude de F. Bertrandy, on peut dégager quelques idées maîtresses. Ce furent vers les territoires nouvellement acquis que Lépide fit porter ses efforts de romanisation et d’octroi de la ciuitas : en Africa Noua, par exemple on se trouve en présence d’un fort noyau d’Aemilii entre la région de Thugga et de l’Ampsaga (oued el Kebir). Il est permis de penser que Lépide octroya la citoyenneté à Simitthus où la gens Aemilia avait ou avait eu des intérêts, puis de Sicca qui était peu éloigné de Simitthus. Puis on observe entre Sicca Veneria et Cirta, une assez forte concentration d’Aemilii qui occupent une bande de terre d’environ soixante kilomètres de largeur. Cette zone a été romanisée par Auguste166 mais cette politique de romanisation avait commencé dès César et fut poursuivie par Lépide.
33Pendant ce long gouvernement de quatre années passé en Afrique, Lépide continua l’œuvre de romanisation amorcée par César. Il mit en place la province d’Africa Proconsularis, poursuivit la politique d’intégration par le biais de la municipalisation et l’octroi de la ciuitas. Mais il ne fut pas uniquement l’héritier du dictateur, il tenait à se servir de toutes les richesses africaines, en biens comme en hommes, pour combattre officiellement Sextus Pompée, mais pour retrouver aussi sa place au sein du Triumvirat.
Notes de bas de page
1 Gsell 1928, 194. Dans le même sens : Romanelli 1959.
2 Sal., Jug., 17 ; Plin., Nat., 15.8 ; Caes., B. Afr.. 97 ; Plut., Caes., 55.
3 Plin.. Nat., 36.8.49. Il s’agissait de marbre numidique pour paver les seuils de sa maison à Rome.
4 Deniaux 1998, 1304-1305 ; Plin., Nat., 8.24.64.
5 Gaggiotti 1987,201-213.
6 Lassère 1977, 122.
7 Gsell 1928, 191-199.
8 Str. 17.3.24-25 : “Telle fut au début la répartition des provinces. Il y eut deux provinces consulaires : la Libye (du moins la partie soumise aux Romains, laissant en dehors celle qui fut d’abord gouvernée par Juba et l’est maintenant par son fils Ptolémée)”.
9 D.C. 5.3.12 : “... Pour ces motifs, il fut résolu que l’Afrique et la Numidie... appartiendraient au peuple et au Sénat”.
10 Gsell 1928, 196.
11 Res Gestae, 25, 2 : ... iurauerunt in eadem nerba prouinciae Galliae. Hispaniae. Africa. Sicilia, Sardinia. Il s’agit des provinces qui en 32 adhérèrent à sa cause, après que la coniuratio totius Italiae lui eut assuré la fidélité des villes d’Italie et le titre de dux pour conduire la guerre contre Cléopâtre. L’emploi du singulier indique qu’en 32, l’Africa formait une seule province.
12 34. T. Statilius T. f. Taurus pro co(n)sule ex Africa pridie K. Iul. ann. DCCXIX Fasti Barb. : T. Statilius Taurus ex Africa prid. K. Iul. triump(hauit), palmam dedit. Voir : Degrassi 1947,343 ; Szramkiewicz 1976, 1, 135-136.
13 Le Glay 1985b, 235-248.
14 Fishwick & Shaw 1977, 369-380 ; id. 1993, 53-62.
15 Le Glay 1985b. 241. Nous trouvons en 46-45 un propréteur en Africa Vetus et un proconsul en Africa Noua (il s’agit de Salluste). En 44-42, ce fut un proconsul qui commanda l’Africa Vetus (Q. Cornificius) tandis qu’un légat de César dirigea l’Africa Noua (T. Sextius). De 42 à 40, comme le remarque M. Le Glay, la guerre civile entre les deux gouverneurs brouille les cartes.
16 App., BC., 5.67.
17 Roddaz 1996b, 87-88. Il ne semble pas que la nature des mesures prises par les triumvirs ait été différente de celles d’un gouverneur de l’époque républicaine. Toutefois, dans ce cas précis, la question du rôle du Sénat dans la mise en place d’une seule province se pose.
18 Utique se situait à trente-trois kilomètres au nord-ouest de Carthage au bord de la mer. Sur Utique : Lézine 1970.
19 Le Glay 1985b, 247. D.C. 49.16.1 : “De son côté, il (Octavien) donna le droit de cité aux habitants d’Utique”. Utique devint municipium Iulium Uticum. Voir Plin., Nat., 5.24 ; Lepelley 1981,242. Saumagne 1965, 107, y voyait un municipe de droit latin. On peut aussi supposer que la cité en 36 avait rendu quelque service à Octavien pendant la guerre contre Sextus Pompée ou lors de la reprise en main de l’Afrique par Statilius Taurus. Voir à ce sujet Freyburger & Roddaz 1994, 126, n. 145.
20 Lepelley 1981,242.
21 Id., ibid. Ce conuentus dut payer une forte amende à César pour avoir pris le parti des Pompéiens lorsque Caton dirigeait d’Utique la résistance à César.
22 D.C. 52.43.1.
23 Tertullien, De pallio, 1.2 : “Quant à vous, c’est après le traitement qui, pour votre bien, vous a été infligé, et comme à des gens dont on a aboli le passé, mais non pas le haut rang, c’est après les funestes présages de Gracchus et les violents outrages de Lépide, après les trois autels de Pompée et les longs retards de César, lorsque Statilius Taurus eut élevé les murs et que Sentius Saturninus eut prononcé les formules solennelles, c’est après tout cela que, grâce à la concorde, la toge vous a été offerte”. Trad. M. Le Glay. Voir Le Glay 1985b, 236, qui a bien montré que Tertullien était plus emporté par un élan rhétorique que par un souci d’exactitude historique. La chronologie n’est pas respectée, puisque les “violents outrages de Lépide” sont placés après “les funestes présages de C. Gracchus” mais avant “les trois autels de Pompée”.
24 Il y eut en 146, à Carthage, deux cérémonies religieuses qui étaient distinctes dans le temps : l’euocatio et la deuotio. L’euocatio était l’appel fait aux divinités tutélaires de Carthage pour qu’elles abandonnent la ville condamnée en la privant de leur protection et pour qu’elles acceptent Rome comme nouvelle patrie pour s’établir. Puis lorsque les dieux avaient accepté l’euocatio, on pouvait procéder à la deuotio dont la formule pour Carthage a été conservée par Macr. 3.10-12. Il faut distinguer la deuotio hostium dont Macrobe a fourni la formule de la deuotio ducis qui a été rapportée par Tite-Live. Sur la deuotio : Versnel 1976, 365-410.
25 Macr. 3.10 : “Vénérable Dis, Vediovis, dieux Mânes, quel que soit le nom qu’il est permis de vous donner, répandez la fuite, la panique et la terreur sur tous vos ennemis, cette ville de Carthage et l’armée dont je veux parler, et ceux qui, contre nos légions et notre armée, porteront armes et traits, cette armée, ces ennemis et ces hommes, leurs villes et leurs champs, ainsi que ceux qui habitent dans ces lieux, ces régions, ces champs, ces villes, emportez-les et privez-les de la lumière du ciel ; l’armée des ennemis, les villes et les champs de ceux dont je veux parler, prenez-en possession comme étant dévoués et consacrés à vous conformément aux règles selon lesquelles précisément un jour les ennemis de Rome ont été dévoués”. Trad. Ch. Guittard, La Roue à Livres, Les Belles Lettres, Paris, 1997. Voir le commentaire de l’auteur, 338-340.
26 Hugoniot 2000, 18.
27 App., BC., 1.24.
28 Hugoniot 2000, 19.
29 Audollent 1901,42 et Debbasch 1953, 38, ont considéré que César envoya lui-même les colons avant sa mort. Gsell 1928, 173, suggérait que les colons furent envoyés juste après l’assassinat du dictateur. Carcopino 1929, 93, supposait quant à lui, que les colons arrivèrent au début du Triumvirat.
30 Gascou 1984, 108, n. 17 ; Le Glay 1985b, 238 ; Fishwiek 1995, 238, n. 10. En dernier lieu sur la concordia en Afrique du Nord : Hurlet 2002, 173-178.
31 Fishwick, 1995,239-240.
32 Audollent 1901,44, n. 2, a émis l’idée selon laquelle. Lépide ayant besoin de soldats pour faire la guerre contre Sextus Pompée, détruisit une partie de Carthage et enrôla de force les colons pour les envoyer en Sicile. Teutsch 1962. 128, supposait que le triumvir détruisit une partie de Carthage parce que se trouvaient des partisans d’Octavien.
33 Fishwick 1994, 58-64. Dans le même sens : Gsell 1901,195 ; Debbasch 1953,38-39 ; Romanelli 1959, 147.
34 Bouché-Leclercq 1907 : DS, 4, s.v. pontifices, 567-578, plus particulièrement 573-574.
35 Fishwick 1995, 235-253.
36 RPC, p. 163.
37 Martini 1982, 141-176.
38 Id., ibid., 141, n. 2 et 3 avec la bibliographie complète sur la monnaie.
39 Albizzati 1928, 1 et 3-6.
40 Martini 1982, 161.
41 RPC, p. 163.
42 Ibid., p. 193.
43 Ibid., p. 163.
44 Teutsch 1962, 152-155 ; Poinssot 1962, 55-72 ; Pflaum 1970, 75-76 et 80-82 ; Charles-Picard 1969, 3-12 ; Le Glay 1985b, 235-248 ; Gascou 1984, 105 ; Aounallah 2001, 169-183.
45 Gascou 1984, 105-120. Voir p. 105. n. 2, la bibliographie sur la question.
46 Piganiol 1962, 76. L’auteur s’appuie sur les travaux de Kornemann 1901,402-426. Pour A. Piganiol, la création de la pertica de Carthage date de César, lui-même auteur de la grande Cirta. Nous avançons une objection à cette hypothèse. Il nous paraît difficile de croire que César ait créé la pertica dans deux provinces différentes avec deux gouverneurs différents.
47 Poinssot 1962,55-75.
48 Gascou 1982. 139-175 ; Gascou 1984.
49 Bloc de travertin, trouvé à trois milles à l’Est de Formies, à Marmorano, sur une propriété privée. Voir également, Jacques 1991,600-691.
50 Marcus Caelius Phileros, affranchi de Marcus, ordonnance de Titus Sextius imperator en Afrique, édile a Carthage, préfet pour dire le droit, chargé d’affermer les impôts quinquennaux (pour une durée de cinq ans) dans les 83 castella, a fait construire à ses frais un temple de Tellus (à Carthage) ; (il a été) deux fois duumvir à Clipea, augustal a Formiae (où il) a orné à ses frais le temple de Neptune de mosaïques variées. A Fresidia Flora, affranchie de Numerius, épouse très obéissante à son mari ; a Quintus Qctauius Antimachus, affranchi de sa femme, ami cher.
51 Colonne debout, trouvée à 150 m au nord-est de la Koubba...au milieu des ruines de la ville antique d’Uchi Mains.
52 Beschaouch 1997. 102 a proposé une relecture nouvelle de cette borne : ex aequitate Imp. Caes. Aug. M(arcus) Cae(lius) PH)ileros castellum diuisit inter colonos et Uchitanos termin(os) que constituit. Cette borne célèbrerait, de par l’équité d’Auguste, le partage des terres du castellum d’Uchi Maius par les soins de Phileros entre les coloni (romains) et les Uchitani (pérégrius). Certes, l’inscription CIL, VIII, 26274 situe la charge de praefectus iure dicundo de Phileros sous Auguste, mais comme le remarque justement J.-M. Roddaz 2003, 191. note 31, il est difficile de croire qu’entre 42 et 27 a.C., Phileros n’ait rien fait.
53 II y a de fortes présomptions pour que M. Caelius Phileros fût l’affranchi de M. Caelius Rufus, mentionné dans le Pro Caelio de Cicéron. Le père avait des “intérêts et des propriétés en Afrique” et M. Caelius Rufus, se rendit lui-même en Afrique comme attaché du proconsul Q. Pompeius Rufus, entre 62 et 59 a.C. Voir Gascou 1984, 107 ; Kolendo 1991,8.
54 Broughton 1929a, 61 et 1929b, 282-284, établit sa chronologie sur le raisonnement suivant : la colonie césarienne fut fondée dans le courant de l’année 44. Les premiers duovirs quinquennaux durent être nommés cette année-là pour 43. Cinq ans après l’année de fondation, en 39 une deuxième nomination de duouiri quinquennales eut lieu pour 38, et l’un de ces duovirs aurait été Lépide, qui se serait déchargé de cette fonction honorifique sur un préfet. Cette chronologie paraît confirmée à l’auteur par le fait que Phileros avait offert, sua pecunia, un temple à Tellus qu’il assimilait à Cérès.
55 Voir Corbier 1991.629-665.
56 Gascou 1982 ; id. 1984.
57 Gascou 1982, 143.
58 D.C. 48.23.4-5.
59 Gascou 1984, 110-11 1.
60 Id., ibid., 111 et n. 33 et 34 ; Voir également : Langhammer 1973, 51-53 ; Jacques 1984,463-466.
61 Voir également Fishwick 1994,64-66.
62 D. 50.1.17.3 : “Les délais de règle qui ont été fixés quand il s’agit de briguer les mêmes magistratures ou d’assumer des magistratures différentes s’appliquent dans certaines municipalités et pas dans d’autres”.
63 CIL, XIV, 409 = ILS, 6146, Ostie :... Hic primus omnium, quo anno dec(urio) adl(ectus) est, et/q(uaesto) a(erarii) fact(us) est et in prosimium) annum IIuir designatus est/...
64 Gascon 1982, 147.
65 Kolendo 1991,9.
66 Id., remarque que cinq fois en trente ans, de 200 à 170 a.C., l’Afrique fournit des quantités de blé. gratuitement ou non. variant entre 400 000 et 1 350 000 modii. Il souligne également le fait que la Numidie envoya des céréales durant des années assez rapprochées ou même des années successives (200 et 198, et 171 et 170), ce qui prouve qu’elle disposait de surplus de céréales.
67 Charles-Picard 1969, 7-8 ; Gascou 1972, 27 ; Kolendo 1991.8.
68 Audollent 1912,359-381 ; Charles-Picard 1954, 182-190 ; Février 1975,39.
69 Nous ne reprenons que les inscriptions étudiées par Gascou 1987, 95-128. Nous ne tenons pas compte de la dernière inscription découverte par Beschaouch 1995. Il s’agit d’une base de marbre, sur laquelle court un texte fragmentaire difficile à déchittrer. Le texte se présente sous la forme d’un hommage posthume rendu à un dignitaire de Carthage, en vertu d’une décision municipale et à frais publies. Ce personnage aurait été prêtre des Cereres en 13(2) ? Voir Beschaouch 1995, 861-870.
70 Gascon 1987, 108-109. Quatre inscriptions ont été découvertes à Carthage, cinq dans sa pertica (Thugga, Pagus Suttuensis et Uchi Maius) et sept dans des villes ne dépendant pas de Carthage (Bisica Lucana ou cité voisine au nom romain inconnu. Thuburbo Maius, Auitta Bibba, Saradi et Furnos Minus). Une seule inscription provient de Marseille.
71 Gascon 1987, 109.
72 En faveur de l’année 44 a.C. : Audollent 1912, 44 ; Charles-Picard 1954, 87 ; Gascon 1987. 126-128. En faveur de l’année 42 a.C. : Carcopino 1928. 2. n. 2. En faveur des années 40-39 a.C. : Broughton 1929b, 280 ; Fishwick & Shaw 1978, 343-354 ; Le Glay 1985b, 237-238. En faveur de l’année 38 a.C. : Teutsch 1962, 105-106. Cette liste n’est pas exhaustive.
73 Le Glay 1985b, 243-247.
74 App., Pun., 136 ; Str. 17.3.15 ; Plut., Caes., 57.5 ; D.C. 43.50.3-5. Tous les historiens modernes sont d’accord avec cette date.
75 Concordia évoque ici la “concorde” entre les triumvirs. Les monnaies émises en 42 portent cette légende et d’autres colonies comme Apamée de Bithynie (col. lidia Concordia Apamea), Bénévent (col. Iulia Concordia Augusta Felix) et Capone (col. Iulia Concordia Valeria Felix).
76 Il était précisé dans la lex coloniae Genetiuae siue Ursonensis de l’année 44 a.C., que la condition d’affranchi n’était pas une cause d’indignité pour un décurion, et par suite pour un magistrat.
77 Kishwick 1996, 32-33.
78 Hild 1919 : DS : 5, s.v. Tellus, 73-83 ; Le Bonniec 1958,48-107 ; Scullard 1981, 102-104.
79 Le Bonniec 1958, 50.
80 Cette fête nous est connue grâce à Ovide (Fast., I. 671). Elle devait se situer vers la fin du mois de janvier, peu avant le premier soufflé de Favonius, fêté vers le 7 février. C’était la fin de l’hiver, au moment où en milieu méditerranéen, les grands froids cessaient. Cette cérémonie faisait partie du “cycle de la végétation” et la truie pleine symbolisait la terre qui aussi était “pleine comme une bête”.
81 Voir Le Bonniec 1958.56-58.
82 Id., ibid., 50.
83 Gesztelyi 1972, 75-84 ; id. 1981.429-456, spécialement, p. 446. A titre d’exemple : CIL. VIII, 12332 : Telluri et Cereri Aug. sa/c(rum)/…/ ianuam cum suis o(r)namentis...
84 Poinssot 1958, 45. Il faut souligner aussi l’existence des reliefs dits de la Malga qui devaient dater de l’époque augustéenne. Sur l’un d’entre eux, conservé au Louvre, on peut voir une déesse Pax ou Tellus dans une attitude et un cadre qui rappellent un panneau similaire de l’Ara Pacis. Voir Gros 1990, 566-567.
85 Toutefois, souligne Gesztelyi 1981,446, le culte de Tellus était proche des cultes à mystères, puisque du moins pour le sanctuaire de Dougga, il était lié à Pluton et à Koré.
86 Chastagnol 1975, 42.
87 Gascou 1987, 112-1 14 remarque qu’il existait une certaine indécision dans la dénomination de ces prêtres. On peut se demander s’ils n’étaient pas chargés du culte de Cérès ou des deux Cereres. Les abréviations Cer. ou Cerer, peuvent être interprétées par Cerer(is) et Cererimn) pour Cerer., et par Ceperis) ou Ceperum) sans exclure Cepealis) ou Cer(ealum) pour Cer. J. Gascou fait ressortir que les deniers frappés par César après Thapsus portaient au droit la tête de Cérès couronnée d’épis. On pouvait y voir une double allégorie : la tête de Cérès représentait sans doute “l’emblème” de l’Afrique mais également, la déesse de la plèbe. Q. Cornilicius. gouverneur de l’Africa Vetus, frappa aussi des deniers représentant la tête de Cérès. L’utilisation politique de la déesse n’est donc pas à négliger.
88 Allély 2000b, 27-52. L’arrière-grand-père du triumvir construisit la Cortinis Aemilia et le consul de 78 fut à 1’origine d’une loi frumentaire. Il faut se souvenir que lorsque César fonda la colonia lulia Karthago, il voulait la doter d’un territoire important. Mais il n’y avait pas assez de terres disponibles autour du site urbain. Or, les terres de l’ancien royaume massyle étaient discontinues mais très fertiles, en particulier les vastes plaines fertiles de la vallée de la Bagradas. Ces enclaves furent certainement inscrites dans la pertica de Carthage. Voir Charles-Picard 1969, 11.
89 Sur la politique municipale en Afrique : Vittinghoff 1952 ; Teutsch 1962 ; Saumagne 1965 ; Gascou 1972 ; Lepelley 1981 ; Desanges. Préface à l’Histoire Naturelle de Pline, CUF, Livre V, 1980.
90 Lancel 1992, 290-291, remarque que pour l’époque punique, Carthage exploitait et administrait la moitié de la Tunisie actuelle (c’est-à-dire la région de Tabarka et la forêt de Kroumirie au Nord-Ouest et les oliveraies et pêcheries de Sfax au Sud-Est). Strabon (17.3.15) pensait qu’au moment de la troisième guerre punique, les Carthaginois dominaient “trois cents villes”, chiffre exagéré. Toutefois, dans la région qui s’étend entre le cours de l’oued Miliane et celui de la Medjerda, puis au delà de son confluent avec la Siliana, la région du bassin moyen de la Medjerda, jusqu’à Simitthus, se trouvait la plus grande densité d’implantations urbaines sans égale dans l’Antiquité, même dans l’Ouest grec. Tous les dix kilomètres au plus, souvent les quatre ou cinq kilomètres, apparaissait un bourg ou une petite ville.
91 Gascou 1972, 15.
92 Id., ibid., 16.
93 Hugoniot 2000, 42 ; García-Gelabert 1994, 1195-1196.
94 Gsell 1928, 178 ; Vittinghoff 1952.82 ; Teutsch 1962. 107 ; Gascou 1972,21.
95 Cette cité se situait sur la côte Sud du Cap Bon, à soixante kilomètres au Sud-Est de Carthage et à dix-huit kilomètres au Sud Sud-Est de Curubis.
96 Sur la côte occidentale du Cap Bon à vingt-deux kilomètres de Carthage, de l’autre côté du Sinus Carthaginiensus (l’actuel golfe de Tunis).
97 Port situé à soixante-cinq kilomètres au Nord-Ouest de Carthage. Gsell 1928, 179-180 et Vittinghoff 1952, 82 y voyaient des colonies césariennes. En revanche, Teustch 1962, 112-1 14 et 160-162 pensait que les colons avaient été installés par Auguste.
98 Guey & Pernette 1958, 81, n. 2. L’inscription a été retrouvée à l’intérieur du Camp militaire de Tabarka sur le versant est de la colline occidentale (Bordj-Djedid) qui s’élève sur la rive gauche de l’Oued-el-Kebir, la Tusca des Romains, la pierre faisait partie d’une petite collection (débris de colonnes et de sarcophages de provenance certainement locale) rassemblée à l’intérieur du camp français de la Légion étrangère, dans les jardins du commandement. Les environs du camp n’ont pas été fouillés. C’est donc bien à l’intérieur du périmètre militaire” que ces objets ont été trouvés. Le document épigraphique se présente sous la forme d’une tablette de marbre jaune de Simitthus (Chemtou), veiné de violet. Longueur : 0 m 315 ; hauteur : 0 m 048 environ, en moyenne. Cette petite plaque, sur laquelle il n’y a aucune trace de mortier, était évidemment destinée à être mise dans un parement. Cet objet était aisément transportable et aurait pu être apporté d’ailleurs, de Chemtou par exemple.
99 Tabarka se situe sur la côte Nord de la Tunisie, à dix kilomètres de la frontière algérienne, à cent vingt-cinq kilomètres, à l’Est de Bone. Sur les fouilles de Tabarka : Longerstay 1988, 220-253.
100 ILAlg. 1.109. Il s’agit d’une borne qui se situait entre les territoires d’Hippo Regius et de Thabraca.
101 Guey & Pernette 1958, 87 qui reprennent les conclusions des travaux de Salama 1955, 5-52.
102 Voir intra pour le municipium Pontificiense Obulco ou pour la Colonia Pontif. Rusguniae.
103 Gascou 1972, 23.
104 Roddaz 2003, 191. n. 38. Ce qualificatif Victrix se retrouve à Celsa et à Saepo dans la péninsule ibérique.
105 Guey & Pernette 1958. 86 ; Gascou 1972, 23, n. 3 croit qu’à une aussi haute époque, il ne peut y avoir de décurions que dans “une commune romaine”. Desanges 1980, 204 est plus nuancé dans le commentaire du livre V de l’Histoire Naturelle de Pline l’Ancien. Il considère qu’il peut s’agir aussi d’une cité peregrine. Plin., Nat., 5.22 désigne Tabarka comme oppidum ciuium Romanorum.
106 Romanelli 1959, 200 ; Teutsch 1962, 42 ; Gascou 1972. 23 ; Roddaz 2003, 192. Gsell 1928, 168, pensait que le surnom lulia datait peut-être de Tibère. Il faut être prudent, car le surnom Iudia n’est pas un critère de datation très sûr.
107 Gaggiotti 1987, 202-203.
108 Laronde & Golvin 2001,213-214. Sur les fouilles de Simitthus : Khanoussi & Rakob 1993 ; id. 1994.
109 Lepelley 1981.163-164.
110 Quand l’ensablement du port d’Utique rendit cette solution impraticable, Hadrien lit aménager la route de Thabraca, qui servit désormais pour l’exportation du marbre.
111 Salama 1955, 5-52 :id. 1996, 129-143 ; Coltelloni-Trannoy 1997,29-45.
112 Plin., Nat., 5.20 : colonia Augusti Ruscuniae. Voir Desanges 1980, Commentaire de Pline, 169-170.
113 Salama 1955, 38.
114 Ou PONTIFICIA ou encore PONTIFICENSIS. Salama 1955, 34-36, reconnaît que PONTIF est d’une interprétation fort délicate. II fait certainement allusion au deductor ou à l’adsignator.
115 Salama 1996. 134. CL est un titre autonome. II ne pouvait être l’abréviation de CH(assica) comme Fréjus (Colonia Octauonorwn Pacensis (Lassica) parce que le titre était attribué seulement à de grandes bases navales romaines. Il semble que sous le Principat, les unités stationnaient dans les ports de Caesarea et Saldae. CL doit plutôt être un substantif d’abstraction comme il en existait tant à la fin de la République comme Concordia et Felicitas. En Africa Noua. Cirta s’appelait Colonia Iulia luuenalis Honoris et Virtutis Cirta.
116 Traditionnellement on ne pouvait déposséder de sa charge un Grand Pontife vivant. Auguste avait refusé d’accepter le Grand Pontificat dans ces conditions. Voir les Res Gestae. 2.23-28 ; Suet., Aug., 31.
117 Pline, Nat., 3.10 : Obulco quod Pontificense appetatur.
118 La Clementia était avec la Pietas, la Iustitia et la Virtus, l’une des quatre vertus célébrées sur le clipeus aureus offert à Octave/Auguste en janvier 27 par le Sénat.
119 Salama 1996. 137, n. 23. CIL, VIII, 9247. Le nom du personnage a disparu. M. Aemilius Lepidus n’était pas le petit-fils de Lépide, mais le fils de Q. Aemilius Lepidus, le consul de 21 a.C.
120 Salama 1996. 134, n. 14. En particulier, Teutsch 1962, 199-200 et Desanges 1980, 170 pour le commentaire de Pline. Ce dernier remarque que le surnom d’Obulco est resté sans explication, tandis que la clementia d’Auguste est plus que discutable.
121 Fishwick 1994, 58-64 ; Weigel 1992, 84, 157 n. 70. Weigel pense que CL ne peut être développé en CL(ementia) mais plutôt en CL(assis) puisque Rusguniae était une cité portuaire.
122 Roddaz 2003, 189-201.
123 Id., ibid., 197.
124 Id., ibid., 197. Sur le sens de Gemella et de Gemina, voir Rossi 2000. 865-876.
125 Id., ibid., 197. On ne peut pas admettre le développement Clementia proposé par P. Salama.
126 Id., ibid., 197 : Bruni 1971.596, n. 596.
127 Sur Obulco : Pline, Nat., 3.10 ; Str. 3.141 ; 3. 160 ; CIL, II 2121 ; CIL, II, 2121 ; 2129 ; 2131-32 ; 2135 ; Galsterer 1971, 67, n. 59 ; Tovar 1974. 105-106.
128 Str, 3.4.9.
129 Marín Díaz 19X8,220
130 CIL, II2. 7, p. 68 ; Arteaga 1986-1989, 36-45.
131 Roddaz 2003, 197-199 ; Mundubcltz 2000b, 169-201.
132 Pour la méthode et les difficultés pour l’utilisation de l’onomastique : voir la thèse de Lassère 1977 ; Dondin-Payre 1981, 93-132.
133 Lassère 1977.
134 Bertrandy 1994, 189-210.
135 ld„ ibid., 203.
136 Bertrandy 1994, 191. Lassère 1977, 29, rappelle l’intense activité portuaire de ces cités, source d’enrichissement d’une population qui vit des échanges. Voir également Birley 1988, 1-19, qui évoque la possibilité d’une traduction du nom punique Himilis par Aemilius.
137 Bertrandy 1994, 191.
138 Id., ibid., 192.
139 Lassère 1977, 126.
140 Id., ibid., 122.
141 L’inscription d’un certain M. Aemilius Irenaeus est datée du IIe-IIIe siècles p.C. Le surnom Irena-Irenaeus est grec.
142 Lassère 1977, 79. On ne connaît que six Iulii dont trois C. Iulii. mais aucun Ti. Iulius ou Ti. Claudius. Les empereurs ne firent apparemment pas de citoyens romains parmi les habitants de la cité.
143 Bertrandy 1994, 193.
144 Sur Hadrumète : Foucher 1964.
145 Foucher 1964, 369.
146 Id., ibid., 371. Il existait aussi un M. Aemilius Epagathus qui vécut à la fin du ier siècle a.C., et un M. Aemilius M/a/gonianus dont le cognomen est d’origine punique.
147 Lassère 1977, 80-81 ; Bertrandy 1994, 193.
148 Bertrandy 1994, 195. n. 43. Nous savons qu’il y avait dès la fin du iie siècle a.C., des Italiens à Vaga et probablement à Sicca. Le blé que Marius devait envoyer à Rome, était probablement acheté et stocké par des marchands italiens.
149 Id., ibid., 195-196. L’auteur propose aussi de voir en Sicca la capitale de l’Africa Noua avant que les Africae soient réunies. On sait que Sicca fut rattachée à l’Afrique romaine après la victoire de Thapsus. Sicca devint une colonie de vétérans fondée par Octave sous le nom de Colonia Iulia Veneria Cirta Noua Sicca, l’absence du surnom Augusta laisse supposer que la colonie fut créée avant 27. Le surnom Veneria est lié à la présence d’un temple fameux où l’on adorait une déesse que les Romains assimilèrent à Vénus et qui était l’Ashtart phénicienne (Astarté), peut-être elle-même superposée à une déesse africaine de la fécondité. Voir Lepelley 1981, 156-157.
150 Thébert 1973,256-257.
151 Dans le même sens Bertrandy 1994, 196.
152 Id„ ibid., 197.
153 Id., ibid., 197. n. 61.
154 Id., ibid., 197, tout en observant avec prudence qu’il est difficile de l’affirmer avec certitude. Thubursicu Numidarum, aujourd’hui Khamissa, se trouvait dans la région montagneuse du Djebel Zouara, près de la source de la Medjerda. On ignore l’histoire de la ville avant le règne de Trajan. Cf. Lepelley 1981,21(1-21 1.
155 Bertrandy 1994. 198, n. 63 à 66. Madaure se trouvait au sud de la région montagneuse parcourue par la Haute Medjerda et ses affluents, non loin de la limite nord des hautes plaines, à soixante-treize kilomètres à l’ouest de Sicca Veneria. Apulée qui naquit à Madaure en 125, nous apprend que la ville existait au temps du royaume numide et qu’y fut fondée par la suite une colonie de vétérans d’époque fiavienne. Cf. Lepelley 1981, 127-128. Sur Madaure et sa romanisation ancienne : Lasserre 1977, 252-254, n. 9.
156 Bertrandy 1994, 198. Se référer à Liv., 7.42 ; 8.1 ; 8.3. Setia se trouvait au sud de Rome sur le territoire des Volsques en bordure des Marais Pontins. Le gentilice Aemilius y était présent à Setia sous le Principat.
157 Id., ibid., 199.
158 Id., ibid.
159 Bertrandy 1989 ; id. 1980, 87-106 ; id. 1994, 199-200 ; Pflaum 1978.
160 Bertrandy 1994, 199 ; Pflaum 1978, 98. L’auteur a fait ressortir pour Cirta et pour Castellum Celtianum, le lien qui existait entre les gentilices des habitants des deux cités et ceux des gouverneurs. Entre 54 a.C., et la lin du iie siècle p.C., la moitié des noms des gouverneurs se retrouve parmi ceux des habitants de la ville de Cirta et du bourg de Castellum Celtianum. Les gentilices les plus fréquents sont les Sittii et les Iulii, mais il n’y a pratiquement pas de Ti. Iulii et de Ti. Claudii. Puis les gentilices les plus fréquemment rencontrés sont ceux des gouverneurs romains. De 46 a.C., au règne de Tibère, vingt-trois gouverneurs ont été nommés en Afrique. Parmi ces derniers Lépide fut le gouverneur qui a le plus généreusement concédé le droit de cité.
161 Bertrandy 1994, 200. Deux cents Aemilii sont répartis sur le territoires de Cirta et de Cuicul, et parmi ces Aemilii, cinquante-sept s’appelaient Marcus ou étaient M(arci) f(ilius).
162 Id., ibid., 201 ; id. 1980.
163 Bertrandy 1994, 201.
164 Sur ces rapprochements et hypothèses : Palmer 1983, 343-361 ; Gaggiotti 1987, 210.
165 Bertrandy 1994, 204 ; Salomies 1987, 156-138.
166 Lasserre 1977, 219-220.
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