Chapitre X. Les gouvernements d’Espagne et de Gaule transalpine
Années 44-42
p. 149-176
Texte intégral
1Il nous semble opportun de nous intéresser dans ce chapitre à l’activité de Lépide comme gouverneur des provinces d’Espagne et de Gaule du Sud. Pendant ces trois années (44-42 a.C.), il continua l’œuvre commencée par César, c’est-à-dire la mise en place d’une politique provinciale essentiellement fondée sur l’intégration juridique des cités et de leurs habitants.
2Rappelons d’abord que Lépide fut gouverneur une première fois en Espagne Citérieure en 48-47. Il s’agissait d’une récompense de la part de César parce qu’il lui avait fait obtenir la dictature1. Pendant ce gouvernement il intervint en Espagne Ultérieure et évita l’affrontement armé entre le gouverneur de l’Ultérieure Q. Cassius Longinus avec le questeur insurgé M. Claudius Marcellus Aeserninus. César le nomma une deuxième fois gouverneur d’Espagne Citérieure et de Gaule Transalpine en 44 quelques temps avant sa mort2. Il rejoignit la Citérieure au printemps 44 et y demeura jusqu’à l’automne. Puis il séjourna en Gaule du Sud à la lin de l’année 44 et pendant l’année 43. En novembre 43, lors de l’entrevue de Bologne et la constitution du second Triumvirat, Lépide s’octroya les Espagnes et la Transalpine3, mais gouverna ces deux provinces in absentia.
1. Le gouvernement d’Espagne
1.1. Le bilan césarien
3Avant d’étudier le rôle de Lépide en Hispania, rappelons le bilan césarien dans cette province. Il ne fait aucun doute que l’Espagne a constitué un atout majeur dans la conquête des clientèles provinciales dans le contexte des guerres civiles. A la suite de la guerre contre Sertorius, l’Hispania entra dans la clientèle de Pompée4. Un des moyens pour César de contrebalancer l’influence pompéienne fut de mettre en place une politique cohérente de colonisation et d’intégration juridique5.
4La colonisation césarienne dans la péninsule ibérique toucha à la fois les vétérans et les citoyens pauvres de l’Vrbs6. César qui s’était toujours présenté comme un popularis, essaya comme les Gracques ou Saturninus, de régler les problèmes socio-économiques de Rome en envoyant des citoyens pauvres dans les provinces. L’Espagne a certainement reçu quelques-uns des quatre-vingt mille citoyens dont parle Suétone7 et ce peuplement permit également au dictateur de renforcer le camp de ses partisans. Mais une des difficultés que l’on retrouve en Espagne comme pour toutes les provinces est celle de la chronologie des fondations des colonies césariennes. En effet, les textes distinguent deux fonctions qui ne coïncident pas nécessairement dans le temps : l’assignation des terres et la déduction de la colonie8. De même l’épithète Iulia n’est pas une garantie de fondation césarienne9 et il est donc difficile de dresser un bilan précis sur ce sujet10. Pour l’époque césarienne, il n’existe pas, hormis la lex Iulia agraria de 59, de mention de loi agraire ni de projet global de déduction de colonies. Le pouvoir de déduire des colonies s’appuyait sur le plan juridique, sur les prérogatives conférées au dictateur par les différentes lois de dictatore creando de 49 et de 48. Le statut de la colonie d’Urso nous en explique le processus. La déduction est effectuée iussu C. Caesaris, mais est effectivement réalisée à la suite du vote d’une lex Antonia de colonis deducendis, elle-même consécutive à une autre lex Antonia confirmant les acta Caesaris. Cette lex Antonia a certainement régularisé l’ensemble des déductions effectuées iussu Caesaris dans les provinces entre mars 44 et novembre 4311. Les triumvirs, à leur tour, se sont partagés en novembre 43 par le biais de la lex Titia, les provinces de l’Occident et s’attribuèrent ainsi toutes les prérogatives de l’imperium proconsulaire12.
1.2. La politique de municipalisation de Lépide (fìg. 1)
5Pour ce qui concerne la politique de municipalisation13 de Lépide en Espagne, on peut raisonnablement avancer qu’il a fondé avec certitude la colonie romaine de Celsa, mais il nous semble également nécessaire de reprendre l’étude des colonies de Carthago-Nova, d’Ilici et du municipe de Sagonte.
1.2.1. Celsa
6La colonie de Celsa, Colonia Victrix lidia Lepida14, est la seule colonie qui fut fondée avec certitude par Lépide. Strabon la situait sur l’Ebre “où le fleuve se franchit sur un pont de pierre” c’est-à-dire sur sa rive gauche à l’intérieur des terres, dans la région de Saragosse sur le territoire des Ilergètes, aujourd’hui aux environs de Vellila del Ebro. Il existait dans un premier temps une cité indigène15 qui fut en contact avec Rome dès 215 lors de l’intervention armée des deux Scipions, Cnaeus et Publius. On a avancé l’hypothèse selon laquelle les émissions monétaires bilingues de Celsa portant la mention de la cité en latin et en ibérique, et datant de 46/45 ou 45/44 a.C., correspondraient au passage de Sextus Pompée et au ralliement de cette communauté à sa cause16. Cet élément ne constitue pas une preuve décisive parce que les émissions de monnaies bilingues furent nombreuses dans la péninsule précisément entre la bataille de Lérida et celle de Munda et ne peuvent pas toutes être attribuées au fils de Pompée17. Mais c’est à l’époque césarienne que la cité devint la première colonie romaine de la moyenne vallée de l’Ebre.
7Il convient d’abord de s’interroger sur la date de la création de la colonie. Il existe trois possibilités. Lépide a pu créer la colonie lors de son premier gouvernement en 48-47, en 44 ou après la formation du second Triumvirat.
8En 48-4718, l’instauration de la dictature n’autorisait sans doute pas un gouverneur de province à fonder une colonie et à lui donner son nom comme cognomentum. Comme le remarque très justement J.-M. Roddaz19, une telle initiative aurait pu être interprétée comme une atteinte à la dignité de César.
9La troisième période ne peut pas être totalement exclue, mais Lépide ne se rendit pas en Espagne et une délégation de son autorité à un légat pour une telle opération paraît improbable20.
10Reste le deuxième séjour de Lépide qui semble le mieux convenir pour la fondation de la colonie. Lépide comme gouverneur de l’Hispania Citerior disposait de l’imperium qui l’autorisait à fonder Celsa. Les titres de la colonie fournissent des indications précieuses. Le titre Iulia n’apporte guère de précisions sur la chronologie. En revanche, on peut se demander pour quelle raison Lépide donne son cognomen Lepida à la colonie et non son nomen Aemilia21. J.-M. Roddaz22 a expliqué qu’il s’agissait de vétérans de César qui avaient probablement combattu à Munda (Victrix) et qui, démobilisés en 44, attendaient depuis le mois de mars qu’on leur assigne des terres. En vertu de la lex Antonia de colonis deducendis d’avril 44, Lépide put conduire un certain nombre de vétérans à Celsa où il fit la deductio de la colonie avant la fin de 44. Toutefois on peut remarquer que les deux cités de Narbonnaise qui reçurent probablement le droit latin de Lépide en 43, s’appelaient aussi Cabellio Lepida et Antipolis Lepida, bien qu’elles n’aient pas reçu de vétérans. On peut peut-être supposer que Lépide tenait à commémorer sa gens et son arrière-grand-père qui avait fondé un établissement qui s’appelait Regium Lepidum et non Regium Aemilii. Ainsi, Celsa avait une titulature qui évoquait à la fois sa famille et le souvenir de César.
11Dans le contexte politique de 44, la création de Celsa répondait à deux objectifs. Le premier était politique, puisqu’il fallait combattre l’influence pompéienne toujours très présente. Le nord de la péninsule demeurait en effet, une large zone de clientèle pompéienne même après la victoire de Munda. Le second objectif était économique. Le site de Celsa ne présentait guère une grande valeur stratégique, mais la colonie devenait le premier lieu de traversée du fleuve en amont du municipe de Dertosa situé à l’embouchure du fleuve et resta même le seul jusqu’à la fondation de Caesaraugusta23. Cette création répondait aussi à la nouvelle politique de romanisation inaugurée par César qui tendait à établir une nouvelle hiérarchie des villes, fondée sur leur rôle économique et commercial et leurs relations avec Rome. La création de Celsa introduisait une conception urbaine nouvelle dans la vallée avec une implantation de citoyens romains. L’activité économique devait être florissante comme le prouve le matériel archéologique retrouvé et la construction de voies qui mirent Celsa en relation avec le reste de l’Hispania.
12Sur la foi d’un document épigraphique, le “trifinium des sources de l’Ebre”, on a cru pouvoir fournir quelques renseignements sur la limite de la colonie. Il s’agit d’un fragment d’inscription sur un grès de mauvaise qualité (0,55 x 0,23 x.0,32 mètres) découvert en 1952 sur la propriété “la Corona”, aux sources de l’Ebre, à 24 kilomètres de Vellila de Ebro. L’inscription se présente de la façon suivante :
………………..
PROCOS...
INTER ISP...
INTERQUE...
ANVM ET...
13L’inscription a été reconstituée par A. Beltrán et datée des années 43 ou 4224. Pour cet auteur, le mot PROCO(n)S(ul), le lieu de la découverte et la datation sont à mettre en relation avec Lépide. Le ISP de la 3e ligne serait une référence aux peuples cités par Pline25 et on peut l’interpréter comme ISP(ALLENSES) ; le 4e et la 5e lignes font allusion à des terres ou à des champs. Il aboutit ainsi à la lecture suivante :
M(arcus) AEMILI VS M(arci)
F(ilius) LEPIDVS
PROCO(n)S(ul) terminum../
INTER ISP(allenses) et col.lep.
INTERQUE (agros) (lepid)
ANVM ET (salluitanum).
14Ce document pose des difficultés de traduction. Selon A. Beltrán, cette borne fixait probablement les limites de la colonie de Celsa puisqu’elle mentionne à la fois, des territoires voisins de la colonie comme celui de la cité stipendiaire d’Ispallis, et “des champs de Lépide ?”.
15Or, cette hypothèse a été récemment remise en question par F. Beltrán Lloris26. La seule certitude est que l’inscription est d’époque républicaine à cause du mot proconsul. Les termes inter... interque... font plutôt penser à un terminus qu’à un trifinium27. Le chercheur espagnol propose une datation plus ancienne, probablement du IIe siècle a.C., en mentionnant d’autres documents épigraphiques, comme des milliaires28, qui vont dans le sens d’une réorganisation du territoire à cette époque. Force est de constater que pour l’heure nous sommes donc ignorants des limites géographiques de la colonie. En revanche, nous sommes mieux renseignés sur son monnayage.
1.2.1.1. Les monnaies de Celsa29 (fig. 2)
16Dès l’époque de César il semble que les frappes indigènes des cités commencèrent à disparaître et qu’elles furent remplacées au lendemain de Lérida et de Munda par des monnaies locales latines. Ce droit de frapper monnaie fut conféré ou réservé à des cités qui avaient la faveur de Rome et il existe un lien évident entre la promotion des cités et les émissions dont l’inauguration commémore l’acte de fondation, de déduction ou d’élévation à une promotion.
17Pour ce qui concerne Celsa, le nombre de monnaies retrouvées est important puisque sept cent vingt-trois exemplaires nous sont parvenus, dont les deux cent vingt-quatre monnaies du trésor d’Azaila qui reste une source précieuse pour la chronologie. M. Beltrán Lloris divise ces monnaies en quatre groupes : les monnaies avec légende ibérique, les monnaies bilingues, les monnaies de la Colonia Victrix Iulia Lepida et enfin celles de la Colonia Victrix Iulia Celsa30. Ce monnayage était diffusé dans toute la vallée de l’Ebre, sur la côte levantine et catalane, ce qui prouvait le dynamisme commercial de la cité avec le nord de la péninsule.
18Les monnaies de la Colonia Victrix Iulia Lepida ont des symboles empruntés à la fois à Rome et au monde ibérique. L’avers des monnaies représente les symboles romains traditionnels du monnayage républicain : tête de la Victoire31, Hercule32, tête radiée représentant le soleil33, Vénus34 Roma35 et un sanglier36. Les revers ont une symbolique romaine et indigène. La représentation la plus fréquente est un taureau37, puis un attelage de bœufs38 qui peut faire penser à un rite de fondation, un mouton39 et un croissant de lune.
19L’étude des symboles iconographiques et de leurs associations a permis de dresser une chronologie des monnaies de la Colonia Victrix Iulia Lepida qui ont été émises entre 44 et 36/35 a.C. En effet. M. Beltrán Lloris a divisé les monnaies de la Colonia Victrix Iulia Lepida en quatre séries qui correspondent à une année40. Les monnaies les plus anciennes de 44 a.C., font allusion directement à César par le biais de Victoria qui rappelle Munda et de l’attelage de bœufs qui est à mettre en relation avec le rite de fondation de la colonie. Par comparaison avec les monnaies émises par les triumvirs à Rome en 42 a.C., on peut dater de cette même année les monnaies où sont représentés Hercule, le croissant de lune et le soleil sur l’avers avec le taureau sur le revers. Hercule est associé à Antoine et le croissant de lune symboliserait, comme le soleil ou les étoiles, l’imminence d’un nouvel âge d’or41. Enfin, la dernière série daterait de 37 a.C. avec Fortuna.
20Enfin, il nous faut étudier les magistrats monétaires de Celsa qui nous permettent de mieux comprendre l’organisation municipale. Si nous reprenons l’article de F. Beltrán Lloris42, sur les monnaies de l’Hispania figuraient dans l’ordre hiérarchique les duouiri qui iure dicundo praesunt, c’est-à-dire des magistrats supérieurs, puis les duouiri quinquennales responsables du census. Des préfets étaient destinés à se substituer aux duouiri en leur absence et enfin les aediles avaient des missions secondaires, en particulier celles qui touchaient au droit. Pour Celsa, il faut distinguer chronologiquement : un collège de préfets duouiri quinquennales (44-40), deux édiles (44-40) et trois collèges de préfets duouiri ordinaires (39, 38, 37)43. Ces magistratures soulèvent un certain nombre de difficultés parce que l’usage des termes de praefectus quinquennalis et de praefectus diminuir n’était pas habituel dans le vocabulaire du droit monétaire. On a supposé que les préfets duovirs quinquennales, c’est-à-dire les magistrats les plus anciens devaient avoir un lien avec la fondation de la colonie44. Le collège des préfets duovirs ordinaires s’explique plus difficilement. En effet, le préfet entrait en fonction pour suppléer le diminuir absent et sa charge était provisoire. Or, à Celsa elle était très certainement annuelle. Ces préfets furent choisis par Lépide et le représentaient. Une rapide étude de ces préfets prouve qu’ils étaient issus de familles fidèles à César puis qu’ils entrèrent dans la clientèle de Lépide. Ainsi, C. Otacilius (série I, préfet quinquennalis à partir de 44) appartenait à une famille originaire de Bénévent qui avait accédé aux magistratures grâce à César45. Sex. Niger (série I, 2, 3) fut édile à partir de 44. Il est intéressant de noter que ce personnage avait omis son nomen Pompeius. Il était issu d’une famille césarienne d’italica et un de ses membres, Q. Pompeius Niger, avait été distingué par César dans le Bellum Hispanense. On retrouve ce même Sex. Niger sur des émissions postérieures46. Ces informations étant succinctes, il est extrêmement difficile de connaître les magistratures de la colonie naissante. De même nous ignorons l’identité des citoyens romains de la Colonia Victrix Iulia Lepida, les seules mentions existantes étant celles des monnaies47.
21La nouvelle cité était donc une partie d’Italie, une “petite Rome” en sol provincial avec des citoyens romains qui contribuèrent au processus de romanisation dans cette partie de la vallée de l’Ebre48. Mais après l’éviction politique de Lépide en 36 a.C. la colonie changea de dénomination et devint la Colonia Victrix Iulia Celsa49. Pendant les règnes d’Auguste et de Tibère la cité prospéra et se développa. Un pont de pierre fut lancé sur l’Ebre50, la ville se dota de monuments importants dont un théâtre de grande taille ainsi que de belles demeures privées comme la maison des dauphins fouillée par M. Beltrán Lloris. Toutefois, l’existence de la cité fut éphémère puisqu’elle commença à décliner à partir de Claude pour être abandonnée dans les années 60. Les raisons du déclin puis de la mort de Celsa constituent toujours une question ouverte. Pour M. Beltrán Lloris, 1 abandon de la ville fut prémédité51. La fin de la petite cité de la moyenne vallée de l’Ebre semble être directement liée à la fondation puis au développement de Caesaraugusta qui se situait à cinquante kilomètres. Ce fut son rôle dans le conuentus et la construction d’itinéraires nouveaux au centre de la péninsule comme la route directe Ilerda-Caesaraugusta qui provoqua son essor au détriment de Celsa.
1.2.2. Carthago Noua
22Carthago Noua52 fut fondée par Hasdrubal entre 239/238 et 221 sous le nom de Qart Hadast53 et était la capitale de la zone occupée par les Carthaginois. La ville fut conquise par P. Cornelius Scipion en 20954. A partir de 197, Carthago Noua devint probablement une des capitales de l’Hispania Citerior sans que nous connaissions son statut (cité libre, stipendiaire ou fédérée). Carthago Nova fut au premier siècle au cœur des guerres civiles et son changement de statut fait toujours l’objet de discussions.
23Certains auteurs sur la base d’une inscription55 qui faisait état de quatre personnages considérés comme quattoruiri avaient défendu l’idée selon laquelle la cité avait d’abord reçu le statut de municipe avant celui de colonie. Cette hypothèse n’est plus admise aujourd’hui56. En revanche, il est bien difficile d’établir avec certitude la date de la fondation de la colonie. Une création césarienne a été défendue par différents historiens57 vu les services rendus au dictateur. Une deuxième opinion se fondant sur trois émisions monétaires58 de Carthago Nova propose la date de 4259 et considère que Lépide fût à l’origine de la deductio. L’historiographie espagnole actuelle a tendance à suivre cette dernière opinion60. Parmi les trois monnaies citées, l’une a particulièrement attiré l’attention des chercheurs et se présente de la manière suivante : sur l’avers, on distingue une tête masculine dénudée avec l’inscription à droite du nom de CN. STATI LIBO PRAEF. Sur le revers on observe une patera et une capis et l’inscription SACERDOS.
24La date de 42 pose un certain nombre de problèmes. Si nous l’acceptons, cela revient à dire que la colonie fut créée in absentia de Lépide qui cette année-là était à Rome. Sur un plan strictement juridique Lépide pouvait créer une colonie par un légat interposé. En effet, nous savons que ces légats, comme le légat de l’armée, étaient des mandataires et on retrouve leur statut sur leur titulature. Ils devaient être revêtus d’un imperium proprétorien comme l’attestent les monnaies se rapportant aux légats d’Antoine ou encore à L. Plinius Rufus legatus propraetore de Sextus Pompée61. Mais les quelques éléments que nous possédons ne peuvent nous apporter une réponse définitive sur le rôle de Lépide à Carthago Noua. D’abord le nom de la colonie : Colonia Vrbs Iulia Noua Carthago ou Colonia Victrix Iulia Noua Carthago ne peut nous aider puisque l’épithète Iulia pouvait être attribuée par César ou par les triumvirs. De même, l’étude de la monnaie émise par Cn. Stati Labo est à l’origine d’un certain nombre d’interrogations. Le nom du personnage est incertain, puisqu’il pouvait s’agir soit d’un Statilius soit d’un Statius, ces nomina se retrouvant dans l’onomastique ibérique62. Ce personnage était praefectus et nous ne savons pas quel magistrat il remplaçait. Il est difficile de voir à travers cette charge la possibilité pour Stati. Libo de créer une colonie au nom de Lépide. De même si la patère ou la capis et le mot sacerdos sur le revers de la monnaie font bien référence à une charge religieuse, on ne peut pas non plus admettre que ces éléments soient en relation avec le Grand Pontificat de Lépide63. En effet, lorsque Lépide fut triumuir monetalis et qu’il fit référence à son arrière-grand-père, M. Aemilius Lepidus, le Grand Pontife, il choisit sur ses monnaies le simpulum comme symbole de la dignité et la fonction était rappelée par les mots PONT. MAX. Après la formation du second Triumvirat chacun des triumvirs émit une série de monnaies. Lépide, qui était Grand Pontife depuis 44, fit état de son sacerdoce par les mots PONT. MAX. et un simpulum et un aspergillum symbolisaient le charge64. Il nous semble donc difficile d’admettre que cette monnaie soit en relation avec Lépide et force est de reconnaître que son rôle dans la fondation de Carthago Noua reste difficile à déterminer. Les mêmes difficultés se retrouvent pour Ilici.
1.2.3. Ilici
25La cité d’ilici65 se situait au sud-ouest d’Alicante sur la rivière Vinalopo. C’était une ville ibère qui obtint selon Pline l’Ancien66 le statut de colonia immunis. Il s’agissait probablement d’une colonia ciuiutn Romanorum, qui par concession spéciale était exempte du tributum soli, c’est-à-dire de l’impôt impérial qui grevait le sol des provinciaux.
26La colonie a été créée sur un noyau indigène initial. Deux monnaies qui sont considérées comme la première émission monétaire d’Ilici et une plaque de bronze découverte en 199667 permettent de reconstituer l’historique de la colonie.
27Sur la première monnaie, on observe sur l’avers un objet dont l’identification n’est pas aisée, avec le nom de C. SALVIVSII VIR et sur le revers le nom de Q. TERENT MONT II VIR avec des mains jointes. Sur la seconde monnaie on peut lire sur l’avers le nom Q. TERENTIVS II VIR avec le même objet que sur l’avers de la première monnaie et au revers celui de C. SALVIVS avec deux mains jointes. On a d’abord considéré que l’objet en question était un simpulum qui naturellement symbolisait le Grand Pontife Lépide et les mains jointes faisaient référence au second Triumvirat, en particulier aux monnaies de 43-42. Cette thèse, certes séduisante, ne peut pas être admise parce que l’objet observé sur l’avers de deux monnaies ne ressemble pas à un simpulum, mais comme le suggère M. Torelli, à un modèle de sportula, utilisé dans les congiaires et qui rappellerait la distribution gratuite de deniers aux citoyens au moment de la fondation de la colonie68. En revanche, les mains jointes sur les monnaies rappellent celles représentées sur les monnaies de Lépide émises en 43-42 avec le nom de C. VE1BIUS VAARUS69. Elles sont datées entre 42 et 40 a.C.70
28La table de bronze fait état de la distribution de lots de terre à dix personnes. La décurie était constituée par dix colons qui se partageaient cent trente jugères de siccum ou zone asséchée. Tous les personnages étaient des citoyens romains. Les gentilices les plus utilisés (Aemilius, Annius, Fabius, Marius, Valerius) côtoient des noms plus rares (Aufustius, Fufius, Horatius, Tettius) et les tribus répandues en péninsule ibérique (Galeria, Quirina) coexistent avec les tribus italiques qu’on ne trouve que rarement, voire jamais hors d’Italie (Falerna. Maecia, Scaptia, Veturia). Il y a de fortes présomptions, du fait de la diversité des origines, qu’on soit en présence de vétérans déduits dans les premiers temps de la colonie.
29Force est de reconnaître qu’il n’est pas aisé de savoir si ce fut Lépide ou Octavien qui créa la colonie. Après la victoire de Philippes, en octobre 42, Antoine et Octavien, dans le cadre d’un accord privé, se partagèrent les provinces et Octavien reprit Tlbérie à Lépide71. Donc, à partir de la fin de l’année 42, l’Hispanie dépendait théoriquement d’Octavien. La création de cette colonie devait répondre à un besoin pressant de terres pour des vétérans, d’autant que cette région était fertile72. Bien que nous n’en n’ayons pas le certitude, il n’est pas déraisonnable de penser que Lépide soit à l’origine de la fondation de la colonie, le symbole des mains jointes de la monnaies rappelant le début du second Triumvirat, lorsqu’il existait encore une bonne entente entre les trois hommes. Toutefois cette création laisse un certain nombre de points dans l’ombre. Nous ne connaissons pas, par exemple, la personne qui représenta le triumvir en cette occasion.
1.2.4. Sagonte
30Le statut de municipe au dernier siècle de la République était tenu pour plus honorable que celui de colonie et constituait donc pour une cité une récompense et une promotion73 Pour l’Espagne, César accorda ce statut aux cités qui lui avaient été fidèles comme Gadès et Italica en Bétique, et de fortes présomptions existent pour Olisippo en Lusitanie et Dertosa sur l’Ebre inférieur74.
31La cité de Sagonte75, qui se situait sur la côte levantine, passa au cours de la seconde guerre punique dans la clientèle des Scipions76. En 56 a.C., Cicéron présente Sagonte comme une cité fédérée77 et dans le cadre des guerres civiles, la ville choisit le camp de Pompée78. Pour ce qui concerne l’octroi du statut de municipium la période des guerres civiles semble exclue, et il est difficile de croire que César ait récompensé la cité pompéienne.
32La date a laquelle Sagonte devint un municipium a été vivement discutée par les historiens. La cité a fourni un monnayage important et c’est sur cette base qu’ils ont essayé de dater la création du municipe. On a d’abord proposé l’année 29 a.C., en considérant C.Saluinus Sabinus comme le constitutor79. Cette hypothèse reposait sur l’étude de monnaies qui aujourd hui sont attribuées à Carthago Nova. D’autres auteurs avancèrent que le statut de municipium ciuium Romanorum fut octroyé entre 56 et 8 a.C.80 ou encore à la lecture d’une légende monétaire (M. SAG pour M(unicipium) SAG(untinum) entre 40 et 30 a.C.81 Le dossier a été entièrement repris par J. J. Seguί Marco82 et l’analyse de l’auteur espagnol se fonde dans un premier temps sur l’étude d’une inscription de l’époque de Tibère qui tait état d’un certain Paullus Aemilius P. f. Regillus qui fut patronus de Sagonte83. Ce personnage était le fils du consul de 1 p.C., L. Aemilius Paullus, et par conséquent arrièrepetit neveu de Lépide et arrière-petit-fils du consul de 50 a.C., L. Aemilius Paullus84. Après avoir réfléchi sur les raisons qui amenèrent Sagonte à choisir ce personnage comme patronus85, J. J. Seguί Marco a recherché le premier patron du municipe. L’étude du matériel numismatique et épigraphique de la cité, lui a permis de conclure, a notre avis de manière convaincante, que M. Aemilius Lepidus, le triumvir aurait pu octroyer le statut de municipe à Sagome et être en même temps son premier patron.
33Il ressort de l’étude des monnaies latines de Sagonte entre 56 et 27 a.C., que les magistrats monétaires qui s’appelaient M. Aemilius étaient majoritaires. Ils étaient suivis ensuite par les nomina des Calpurnii, des Baebii puis par les Sempronii, les Fabii, les Acilii, les Popilii et les Valerii86. De même, la documentation épigraphique et numismatique confirme la présence des Aemilii pour les magistratures urbaines de Sagonte aux Ier et IIe siècles p.C.87 Le nomen Aemilius se retrouve dans toutes les classes de la société sagomine, aussi bien chez les personnes libres que chez les esclaves. C’était la gens la mieux représentée, plus nombreuse que la gens Baebia et aussi importante en nombre que la Cornelia, la Valeria ou la Fabia88. Enfin, il faut aussi attirer l’attention sur l’existence peu commune du cognomen Lepidus dans 1’onomastique de Saguntum. Trois témoignages épigraphiques font état de personnages qui appartenaient à l’ordre des décurions de la ville89 et l’un d’eux intégra même l’ordre sénatorial90.
34Au regard du dossier numismatique et épigraphique, bien que nous n’en soyons pas totalement certains, il n’est pas impossible de penser, comme le suggère J.J. Segui Marco91, que Lépide ait donné à Sagonte entre 44 et 42 l’autorisation de se constituer en municipium. Reste à s’interroger sur les raisons d’un tel octroi. A notre avis, un élément de réponse se trouve très certainement dans le passé de Sagonte. M. Aemilius Lepidus a cherché à récompenser des clientèles qui à l’origine appartenaient aux Scipions. Nous avons déjà rappelé les liens qui existaient entre les Scipions et les Aemilii Paulli et Aemilii Lepidi92. Au cours de l’épisode sertorien, Sagonte était restée fidèle à la République et Q. Caecilius Metellus Pius reprit la clientèle des Scipions93. Ce personnage accorda la citoyenneté romaine au Sagomiti Q. Fabius94, décision que Pompée élargit à tous les Fabii95. Ces mesures exceptionnelles pouvaient faire espérer aux Sagontins que leur situation juridique évoluerait et que la citoyenneté romaine leur serait donnée. L’apparition d’un monnayage en langue latine et le remplacement du mot Sagonte sur les monnaies à la place du mot ibère Arse prouvent que la population sagomine commençait à se romaniser96. Mais le processus fut interrompu par la guerre entre Pompée et César. La clientèle sagomine des MetelliScipiones reçut un coup très rude avec la mort en 46 de Q. Metellus Scipion, le consul de 56, à Hippo Regius. Cette branche était restée fidèle à la cause césarienne97. Lépide, par l’octroi du statut municipal, augmentait sa clientèle en donnant la ciuitas à de nombreux Sagontins comme le prouve le dossier numismatique et épigraphique, captait des éléments de la clientèle pompéienne et se fidélisait celle des Metelli-Scipiones98.
1.3. L’urbanisation et la monumentalisation de l’Espagne sous les gouvernements de Lépide
35La déduction d’une colonie ou la formation d’un municipe furent souvent à l’origine de constructions monumentales au sein des cités. Ce phénomène d’urbanisation et de monumentalisation des cités en Hispanie se manifesta surtout à partir de César et se poursuivit jusqu’à l’époque d’Auguste en s’accélérant dans les dernières décennies de son règne99. Le parallèle à ce sujet a souvent été fait avec l’Italie du Nord où l’on constate après la municipalisation de 49, une grande activité urbanistique. A côté des fondations coloniales ou municipales, il ne faut pas oublier non plus les autres communautés indigènes, qui sont parfois considérées, au nord de la péninsule, comme les marges de la romanisation.
36La continuité entre César et Auguste inclut naturellement la période triumvirale et les deux gouvernements de Lépide. La chronologie de l’urbanisation de l’Hispanie reste au cœur des débats de l’historiographie actuelle, et grâce aux découvertes archéologiques, l’évolution des agglomérations a été plus soigneusement analysée. Malheureusement, nous sommes très mal renseignés sur la topographie des colonies césariennes100.
37Pour ce qui concerne Lépide, Celsa est la seule cité pour laquelle nous sommes certains qu’il soit intervenu directement. L’urbanisme de la ville répondait aux règles classiques de l’espace organisé ex nono, ce qui constituait une nouveauté dans la région101 (fig. 3). La ville s’est étendue sur une quarantaine d’hectares et les axes des rues étaient parallèles et perpendiculaires à l’Ebre. Les architectes avaient aussi tenu compte de la dénivellation du terrain pour l’évacuation des eaux de pluie. Toutefois, il ressort des recherches actuelles de M. Beltrán Lloris qu’il n’y a pas eu pour les années 44-36 un programme urbanistique de grande ampleur102. Il faut quand même tenir compte du fait que la zone du Forum, située au centre de la cité et qui comprenait les principaux bâtiments publics n’a pas encore été fouillée. Si ces fouilles ont lieu un jour, on peut peut-être espérer avoir des renseignements significatifs sur les premiers temps de la colonie. Le théâtre a été construit sous le Principat et les thermes n’ont pas été localisés. En revanche l’habitat privé a été mieux étudié. On connaît d’abord la maison des dauphins à laquelle M. Beltrán Lloris a consacré une monographie103 avec six autres maisons de taille moyenne qui sont datées des premiers temps de la colonie. La maison des dauphins se caractérise par un atrium testudinatum et on pense que ses habitants étaient des Espagnols qui n’avaient que partiellement adopté le mode de vie romain. Cet habitat a conservé dans son aménagement et sa conception des traces d’habitudes locales104. En revanche, la maison dite d’Hercule s’est inspirée directement de modèles italiens105. Elle est de type toscan avec péristyle et a été construite probablement en 44 a.C.106 L’architecture et surtout la décoration témoignent de l’aisance de son propriétaire et de sa volonté de reproduire en Hispania les schémas les plus représentatifs de la domus tardo-républicaine d’Italie. De même la culture matérielle est très riche107. On a trouvé du marbre venu d’Égypte, de Grèce (Paros), d’Afrique (Simitthus), de la sigillée italienne (toscane et campanienne) et gauloise (de la Graufesenque), du verre de Cilicie (Tarse) et de Syrie, des amphores de toutes les régions d’Italie et d’Espagne et des lampes italiennes. Tout ces objets attestent du dynamisme économique de la cité et des échanges avec toutes les régions de l’Empire.
38L’urbanisation a aussi touché les communautés indigènes et en particulier le chef-lieu de ces communautés au nord de la péninsule vers les Pyrénées qui constituaient la limite provinciale avec la Transalpine108. Grâce aux fouilles archéologiques de ces dernières années on commence à avoir une meilleure idée des transformations que connut le paysage urbain de cette région. Avant l’arrivée de Rome, il n’y avait sans doute pas de centres urbains proprement dits mais de petites agglomérations indigènes ou simples villages en hauteur, certainement pas très différents des castros du nord-ouest109. Les campagnes de fouilles menées pour quatre cités, Iulia Lybica, lacca, Labitolosa et Aeso semblent démontrer qu’il y eut bien des changements dans le paysage urbain entre le Ier siècle a.C., et le Ier siècle p.C. Il semble que l’urbanisation selon le modèle romain commença timidement vers la lin de la République, peut-être à l’époque triumvirale, pour se développer sous Auguste110.
39Il ne fait aucun doute que le paysage urbain s’est profondément transformé en un siècle entre la bataille de Munda et la mort d’Auguste. Ces transformations ont touché à la fois les colonies et les municipes mais également les communautés indigènes du nord de la péninsule. Elles furent le fait du pouvoir en place mais aussi des élites locales fortement romanisées. La période triumvirale et en particulier les deux gouvernements de Lépide ne peuvent être oubliés, même si en fin de compte le bilan de Lépide paraît assez modeste. Reste le dernier volet de la romanisation : celui de l’octroi du droit de cité.
1.4. L’octroi de la ciuitas
40A l’époque républicaine, il était habituel qu’un gouverneur de province octroie la citoyenneté à titre individuel aux habitants des provinces. Le nouveau citoyen prenait généralement le praenomen et le nomen du gouverneur et gardait comme en Gaule son nom indigène qui lui servait de cognomen ou comme en Espagne, prenait un cognomen latin111. Rome avait été sur ce point généreuse avec l’Espagne et la citoyenneté avait été accordée dès les premiers temps de la conquête en pleine deuxième guerre punique112. Au cours du premier siècle avant Jésus-Christ, au moment des guerres civiles, le phénomène s’accentua parce que Pompée Strabon, Pompée le Grand, Sertorius ou César avaient besoin d’une clientèle importante.
41Plusieurs études ont été consacrées à ces clientèles privées de l’époque républicaine et du début du Principat et attestent de l’importance du gentilice Aemilius. D’abord citons celle d’E. Badian consacrée aux clientelae étrangères en Espagne et en Narbonnaise pour l’époque pré-impériale (100-49 a.C.) qui avance les chiffres suivants : 312 Fabii (303 noms certains, 9 incertains), 185 Aemilii (183 noms certains, 2 incertains), 183 Licinii (165 noms certains, 18 incertains), 154 Sempronii (146 noms certains, 8 incertains), 147 Caecilii (142 noms certains, 5 incertains), 141 Pompeii (139 noms certains, 2 incertains). 134 Iunii (129 noms certains, 5 incertains) et 127 Antonii (120 noms certains, 7 incertains)113. Il faut remarquer que dans ce classement E. Badian n’a pas tenu compte ni des Iulii, ni des Cornelii. L’étude de R. C. Knapp place les Aemilii pour toute l’Espagne derrière les Iulii, les Valerii, et les Cornelii, mais devant les Licinii, les Sempronii, les Iunii, les Caecilii et les Pompeii. Pour ce qui concerne les magistrats municipaux, on retrouve les Aemilii au 4e rang derrière les Cornelii, les Valerii, les Inlii et devant les Fabii et les Caecilii114. Ensuite S. L. Dyson115, recense 155 inscriptions avec une large concentration des Aemilii sur la côte est, avec 7 Aemilii à Barcino, 17 à Tarraco, 9 à Sagonte et 4 à Carthago Noua. Puis les Aemilii sont représentés dans le sud-est en Bétique, 4 Aemilii à Gadès et dans les cités le long du Baetis, enfin dans la vallée de l’Ebre. L’étude la plus complète reste la toute récente publication de J. M. Abascal Palazón dans laquelle l’auteur espagnol s’est attaché à répertorier les nomina et les cognomina en prenant en compte les sources épigraphiques et numismatiques. Il présente 327 Aemilii qui appartiennent aux 10 familles les plus représentatives de l’Hispania. Ils viennent derrière les Iulii (803), les Valerii (718), les Cornelii (541), mais devant les Fabii (325), les Licinii (305), les Sempronii (271), les Caecilii (247), les Iunii (203) et les Antonii (200)116. Par ailleurs, 25 cognomina Lepidus, Lepida. Lepidinus/na ont été recensés. Les Aemilii (Aemilius. Aemilia, Aemilianus/na) sont particulièrement nombreux dans l’est de la péninsule, 27 à Tarragone. 18 à Sagonte, 6 à Carthagène, 4 à Saragosse, 4 à Emporia. On retrouve les Lepidi à Tarragone, Sarragosse, Emporia, Sagonte et Valence. Il faut aussi rappeler l’étude de L. A. Curchin consacrée plus précisément aux magistrats municipaux de l’Espagne romaine durant la période républicaine et l’Empire. Sur 42 gentes retenues, la gens Aemilia avec 30 Aemilii magistrats apparaît la 4e après la Cornelia (46 magistrats), Valeria (41 magistrats) et Iulia (32 magistrats) et devant la Fabia (28 magistrats), Caecilia (25 magistrats), lunia (19 magistrats). Les 30 Aemilii se répartissent de la façon suivante : 9 en Bétique, I en Lusitanie et 20 en Tarraconnaise. Il faut noter aussi la présence de 4 Lepidi, originaires de Barcino117, de Caesaraugusta118, de Tarraco119. Parmi les Aemili. 2 n’ont que les duo nomina120 et un Aemilius est originaire d’Italie121.
42Si la gens Aemilia revient fréquemment dans l’onomastique espagnole, il est extrêmement difficile de savoir qui a octroyé la eiuitas parce que plusieurs Aemilii furent amenés à gouverner l’Espagne. En 190 et 189 L. Aemilius Paullus fut proconsul en Espagne citérieure122 et en 137 le consul M. Aemilius Lepidus Porcina fut envoyé combattre les Vaccaei123. Toujours pour la Citérieure, au début du Principat, L. Aemilius Paullus, le consul suffect de.34, fut peut-être légat en 24 a.C.124 et M. Aemilius Lepidus, le consul de 6 p.C., gouverneur en 14 p.C.125 II faut tenir compte également des Aemilii originaires d’Italie126. L’étude des prénoms ne nous apporte pas beaucoup d’aide. Certes, à la première génération, la personne qui recevait le droit de cité, prenait généralement le praenomen et le nomen de celui qui lui avait concédé le droit de cité. Mais à la génération suivante, quand il y avait plusieurs garçons, ceux-ci pouvaient recevoir d’autres prénoms127. Enfin un certain nombre d’inscriptions sont datées du second siècle p.C. et les plus anciennes de la période julio-claudienne. Pour les plus récentes, le lien entre Lépide et ces Aemilii n’est pas aisé à établir. Toutefois, les nombreux témoignages sur la côte est de la province laisse penser que Lépide a dû être le responsable de l’octroi de la eiuitas pour de nombreux individus. L’étude des Aemilii de Sagonte est à cet égard significative. On aimerait trouver plus souvent des inscriptions qui ne semblent pas poser des problèmes d’interprétation comme cette inscription découverte en Campanie concernant un vétéran de Calès, un certain M. Aemilius Soteria, fils d’un citoyen promu selon toute vraisemblance par Lépide128.
43Lépide, pendant ses deux gouvernements continua l’œuvre de romanisation largement amorcée par César. Comme le dictateur, il poursuivit la politique d’intégration politique par le biais de la colonisation et de la municipalisation. Il octroya généreusement le droit de cité et poursuivit également l’urbanisation des cités. Même si cette œuvre n’est pas toujours aisée à évaluer, la période où Lépide fut gouverneur de l’Hispania ne peut plus être totalement occultée dans le processus de romanisation de cette province. Le même constat vaut pour la Transalpine.
2. Le gouvernement de la Gaule Transalpine
44Lépide arriva en Gaule Transalpine probablement à l’automne ou pendant l’hiver 44-43 et y séjourna jusqu’à l’accord de Bologne. En 42, la province fut gouvernée en son absence par ses légats. Il faut rappeler que la Gaule du sud était sous la domination de Rome depuis le iie siècle a.C., elle ne devint Gallia Narbonensis qu’à partir d’Auguste en 27. Auparavant, elle était soit rattachée à l’Espagne pendant le gouvernement de Lépide, soit à la Gaule chevelue avec Antoine et Octavien à partir de 42129.
45Comme en Espagne, le souvenir de Lépide en Gaule Transalpine fut surtout présent dans le domaine de la municipalisation et dans l’octroi de la citoyenneté individuelle.
2.1. La municipalisation de la Transalpine (fig. 4)
2.1.1. Le bilan de la municipalisation avant Lépide
46Le phénomène de la municipalisation avait commencé tôt, dès le IIe siècle, mais était peu développé. Ce processus fut relancé au cours du premier siècle a.C. M. Christol a montré que cette province fut, après la Gaule Cisalpine, dont elle était géographiquement le prolongement, le champ d’application des formes d’intégration, mises en évidence au début du ier siècle a. C., au moment de la guerre sociale130. Les rythmes chronologiques sont maintenant assez bien fixés pour pouvoir mesurer avec précision les différentes phases de colonisation, césarienne, triumvirale et augustéenne. Ce fut César qui relança le mouvement de colonisation qui se développa sur deux plans : une colonisation de droit romain qui concernait ses vétérans131 et une colonisation de droit latin qui visait à intégrer une population venue d’Italie aux Gaulois132. Pour le premier cas, il y eut d’abord l’installation des vétérans de la Xe légion, les decumani (Colonia Iulia Paterna Decumanorum Narbo Martius, à Narbonne), et celle des vétérans de la VIe légion, les Sextani, près de Marseille à Arles. Pour ce second exemple on peut penser que César désirait affaiblir Marseille qui avait choisi le camp de Pompée en ancrant en même temps sa propre clientèle. L’identification des colonies de droit latin est plus délicate. Vienne qui se situait au bord du Rhône, aux limites de la prouincia, reçut peut-être ce statut133 et l’on discute toujours du cas de Nîmes134.
47Reste l’octroi du droit latin135. Dans le processus de municipalisation de la Transalpine, l’octroi de ce droit eut un rôle décisif dans l’accélération du phénomène de romanisation. Le droit latin était un statut intermédiaire entre le statut de droit romain et celui des cités pérégrines. Il contribuait à faire entrer les aristocrates indigènes devenus magistrats de leur cité, au sortir de leur charge dans la cité romaine, tandis que les habitants de ces villes restaient pérégrins136. Ce phénomème était tout à fait nouveau pour la Transalpine, puisque ce statut était auparavant réservé aux seules cités italiennes. On a d’abord pensé que ce droit avait été octroyé soit par César, soit par Auguste, et que la concession avait été générale puisqu’elle intéressait toutes les cités de la province. Or, dans ce processus, la période triumvirale ne peut être occultée, un certain nombre de recherches récentes ont prouvé que ce statut avait été octroyé à des cités entre la mort de César et 31/27 a.C.
2.1.2. L’octroi du droit latin à Cavaillon, à Antibes et à Nîmes
48Deux études récentes137 tendent à prouver en s’appuyant sur quelques monnaies et sur deux textes de Strabon138 que deux cités au moins, Cabellio (Cavaillon) et Antipolis (Antibes), peut-être trois, Nemausus (Nîmes), reçurent de la part de Lépide le droit latin en 43139.
2.1.2.1. Cabellio (Cavaillon)
49Cabellio140 qui se situait dans le pays cavare, est rangée au nombre des oppida Latina de Pline141. Sous ce terme étaient englobées toutes les cités qui avaient reçu le droit latin (ius Latii), que ces cités aient ou non le statut de colonie. La cité avait obtenu le droit de frapper monnaie, et c’est à partir de ces premières monnaies que l’on a essayé de dater l’octroi du droit latin.
50La première monnaie, une obole, peut-être datée de 43 ou de 42, grâce a sa titulature. Sur l’avers on lit CABE, avec une tête à droite142. Sur le revers on trouve l’inscription : LEPI, avec une corne d’abondance, le tout dans une couronne.
51La deuxième monnaie, un petit bronze, n’est pas expressément daté, Sur l’avers on lit CABE, avec une tête de nymphe à droite, le tout dans une couronne. Sur le revers, est écrit COL, avec une tête casquée.
52La dernière monnaie date de 23 a.C., c’est-à-dire du onzième consulat d’Auguste. Sur l’avers on lit COL CAB avec une tête tourrelée à droite. Sur le revers la titulature IMP CAESAR AVGVST COS XI est rapportée avec une cornucopia.
53R. G. Rogers considère que Lépide a créé une colonie de droit latin à Cabellio, bien que le statut de la cité ne soit pas mentionné sur le premier monnayage. Il fonde son hypothèse sur la monnaie de fondation de Lyon où l’on trouve la légende suivante : COPIA FELIX MVNATIA, et qui ne fait pas état de son statut de colonie. Il remarque que c’est une chose que l’on observe assez fréquemment sur les monnayages coloniaux et municipaux143. A. Chastagnol144 avance une hypothèse un peu différente, mais à notre avis plus probante, en reprenant l’étude des trois monnayages successifs. Dans un premier temps, en 43 ou 42, Cavaillon a obtenu de Lépide le ius Latii, également attesté par Pline145, sans jouir du titre de colonie. Ce titre lui a été reconnu seulement dans la deuxième émission à une date que ne nous connaissons pas. Cela prouve qu’une cité pérégrine pouvait recevoir le droit latin et les privilèges afférents sans recevoir le nom de colonie. Enfin, cette cité relevait de la tribu Voltinia qui était la tribu de la Narbonnaise et les habitants libres y étaient le plus souvent des civils puisque Cavaillon n’a pas connu de déductions de colons et a gardé sa population indigène.
2.1.2.2. Antipolis (Antibes)
54Grâce au témoignage de Strabon146, nous savons qu’Antipolis était une ancienne dépendance de Marseille et avait été libérée de sa tutelle par un jugement daté de 49 ou un peu après cette date147. A l’origine, le territoire d’Antibes, comme celui des ciuitates qui dépendaient de Marseille, était de petite étendue, mais Antibes l’a agrandi en annexant derrière elle le pays des Déciates148. Comme Cavaillon, Pline la range149 au nombre des oppida Latina. Pour compléter le dossier, il faut ajouter la découverte de nombreuses monnaies d’Antipolis sur le site de l’Argentière à Fréjus, à la fin des années 70. Elles ne sont pas très bien conservées et il est rare de trouver une pièce où les légendes d’avers et de revers soient toutes les deux lisibles. Néanmoins, R. G. Rogers a fait l’analyse des monnaies dont les légendes sont absolument certaines.
55Les légendes de l’avers présentent des noms : AI MAI ; ANTI EΠ I Δ KOP TI Δ KOP ; IΣΔEM ; ΠΔK ; TEΠAIM ; TI Δ KOP. Beaucoup de ces noms semblent plutôt romains que grecs : AIM(ilius) : ANT(onius) ; COR(nelius) ; TER(entius) : TIB(erius). Il devait s’agir de citoyens romains parce qu’une pièce au moins donne les tria nomina : TI. D. COR du personnage.
56Les légendes des revers portent trois inscriptions : ANT(ou) ANTI-AEΠ (ou) AEΠI : AEΠI-ANT ; ANT150.
57Ce monnayage a fait l’objet également d’un certain nombre de discussions. La plupart des numismates ont voulu interpréter ces monnaies en reliant les légendes d’avers et de revers. Ainsi B. V. Head151 lisait : IΠΔEM(ov) ANTIΠ(oλιτωv) AEΠ(ιδoς), “Lépide, en l’honneur du peuple d’Antibes”. Cette lecture n’est pas acceptable parce qu’on ne voit pas très bien pourquoi Lépide honorerait les Antipolitains. Généralement ce sont les habitants de la cité qui honorent le magistrat. M. Grant152 supposait que la légende primitive était (KT)IΣ(τηV) ΔEM(Oς) ANTIΠ(OλιτωV) AEΠI(ιδov), et voyait ainsi l’acte de fondation de la ville par Lépide. Or, aucune monnaie d’Antibes ne montre la moindre trace de lettres devant le I de IΣΔEM, et par ailleurs il n’y a pas de place pour mettre ces lettres. Il faut donc admettre que les légendes d’avers et de revers ne sont pas liées entre elles. Sur l’avers nous lisons le nom de citoyens romains et sur le revers, comme pour Cabellio, nous avons le surnom de la ville : Anti(polis) Lepida. R. D. Rogers, par analogie avec Cabellio propose plutôt Colonia ANTIP(olitana) LEPI(da)153. La ville d’Antibes a certainement reçu comme Cavaillon, le surnom Lepida parce que son statut lui a été conféré par Lépide. Depuis 43 ou 42, la cité jouissait donc du droit latin et les habitants d’Antipolis furent aussi classés dans la tribu Voltinia. Mais comme l’observe très justement A. Chastagnol154, il ne semble pas qu’elle eût, comme Cabellio, accès ensuite au titre de colonie latine. Les inscriptions qui mentionnent la ville ne lui donnent jamais cette marque de distinction. Celles qui la nomment l’appellent simplement Antipolis sans plus de précision155. Reste le cas de Nîmes.
2.1.2.3. Nemausus (Nîmes)
58Le dossier concernant le statut de colonie de droit latin pour Nîmes a été revu par A.Chastagnol156 et J. Gascou157 qui considèrent que cette cité a été l’une des toutes premières cités à avoir reçu ce statut. La seule certitude que nous ayons est que la date est forcément postérieure à la victoire de César sur Pompée en 49 a.C. M. Christol préfère doter la ville de ce statut sous la dictature de César en s’appuyant sur le texte de Suétone relatif à la mission du père de Tibère158. A. Chastagnol appuie sa démonstration sur les émissions monétaires de la cité159. Il rappelle que les premières monnaies frappées par Nîmes portent le titre nouveau de colonie : Nem(ausus) col(onia). Or ces monnaies sont d’un type et d’un poids assez semblable à celles de Cavaillon et d’Antibes. A. Chastagnol est donc parvenu à la conclusion selon laquelle les trois cités ont bénéficié de ce nouveau droit latin, et Nîmes du titre de colonie, en 42, c’est-à-dire l’année même qui, selon Dion Cassius, a marqué la fin du droit latin en Cisalpine, comme si en compensation, ce droit aurait été transféré en Gaule Transalpine160. J. Gascou161 apporte un argument supplémentaire. Nîmes est désignée épigraphiquement comme colonia Augusta, jamais colonia lidia Augusta, ce qui prouve une intervention d’Auguste. Or, si la colonia avait été fondée par César, Auguste aurait été obligé de conserver l’épithète Iulia puis lui conférer le second épithète Augusta162. Effacer l’épithète Iulia aurait été une impiété inconcevable pour celui qui s’était toujours désigné comme le Diui filius. En revanche, si Nîmes était à l’origine une colonia Lepida, Auguste lit disparaître l’épithète Lepida à partir de 36, comme pour Celsa ou Cavaillon.
59Pour ce qui concerne Cavaillon et Antibes, le rôle de Lépide dans l’octroi du statut ne semble faire aucun doute. Toutefois, nous préférons l’année 43 à celle de 42, parce que Lépide était présent dans la province. L’octroi du ius Latii, s’inscrivait dans le processus de municipalisation amorçé par César. Ici encore comme pour l’Espagne, Lépide agit en héritier du dictateur. Le cas de Nîmes est plus délicat parce que le nom de Lépide n’est pas expressément cité bien que la démonstration de J. Gascou soit convaincante.
2.1.3. Les centuriations de Lépide
60Le pouvoir politique romain a mis en place en Gaule du Sud plusieurs réseaux de centuriations dès le IIe s. a.C.163 Le premier siècle a connu également plusieurs phases d’aménagement successives, d’abord dans les années 70 a.C. avec le réseau “Uzès B-Nîmes”, puis entre César et Auguste avec la réalisation de “Uzès C-Nîmes”, “Uzès A”, “Nîmes A”. “Nîmes B” et “Orange C”164. Pour ce qui concerne la période triumvirale, on ne saurait voir uniquement dans ces cadastres la volonté de continuer l’œuvre inachevée de César. Les travaux d’arpentage en Gaule du Sud pendant la seconde moitié du Ier siècle a.C. sont aussi la conséquence et le résultat de la concurrence que se livrent les triumvirs puisque l’octroi de la terre est devenu la monnaie de guerre des trois imperatores165. Or, dans ce domaine, il semble que le rôle de Lépide ait été sous-estimé166. M. Christol167 se demandait si Cavaillon qui n’avait pas reçu de déductions de colons et qui avait gardé sa population indigène n’avait pas été soumise à une centuriation. Mais c’est pour l’Uzège que M. Assénât a suggéré de manière très convaincante que Lépide avait mis en place un réseau spécifique “Uzès A”. Elle appuie sa démonstration sur le dossier épigraphique et onomastique des Aemilii particulièrement nombreux dans la région de Gaujac168. Ce réseau a été constitué chronologiquement entre “Uzès B-Nîmes” des années 70 a.C., “Uzès C-Nîmes” d’époque césarienne et “Nîmes A” d’époque triumvirale également, mais attribué à Antoine après 42. “Uzès A” et “Nîmes A” étant complémentaires169. L’œuvre de Lépide en matière d’arpentage ne s’arrête pas à cette partie de la Transalpine. Les travaux récents de S. Morabito170 tendent à prouver que le futur triumvir fut l’initiateur du réseau “Antipolis B”. Depuis quelques années des recherches actives ont été entreprises sur les parcellaires dans le département des Alpes-Maritimes qui avait été auparavant délaissé. Deux réseaux ont été découverts : “Antipolis A”171 et “Antipolis B”. Cette dernière limitatio serait la plus ancienne et date probablement du gouvernement de Lépide entre 44 et 42. L’octroi du Droit latin en 43 ou 42 a pu donner lieu à la restructuration complète du territoire d’Antipolis et à la mise en place d’un réseau de centuriations172. Par ailleurs, les quartiers les plus anciens de la ville ont conservé des indices qui coïncident à l’orientation de “Antipolis B” et qui sont datables du Ier siècle a.C. L’exemple de “Antipolis B” s’ajoute donc à ceux déjà nombreux des réseaux mis en place à l’époque triumvirale et le travail dans cette zone ne fait que de commencer parce qu’un troisième parcellaire a été mis à jour, cette fois-ci vers Nikaï-Cemenelum173.
2.2. L’octroi de la ciuitas
61Le second volet de la romanisation en Transalpine fut l’octroi de la citoyenneté romaine. Lépide l’avait généreusement accordée en Espagne pour contrebalancer l’influence pompéienne. Il a certainement repris le même procédé pour la Transalpine. En effet, de nombreuses études attestent de l’importance du gentilice Aemilius dans la provincia. R. Syme174 le plaçait en septième position avec Cassius, au terme d’un rapide décompte de la fréquence des attestations des noms de famille les plus répandus. E. Badian175, dans son étude consacrée aux clientelae dénombrait pour la période 100-49 a.C. 107 Aemilii dont le nom est certain et 6 noms incertains. C’était la gens la plus importante après les Pompeii (223 Pompeii certains et 2 noms incertains). Toutefois, E. Badian n’a pas tenu compte ni des Inlii, ni des Cornelii, ni des Valerii. R. C. Knapp176 plaçait les Aemilii en septième position après les Inlii, les Valerii, les Pompeii, les Cornelii, les Attii et même les Licinii. Y. Burnand177, qui n’envisageait pas le cas des Attii, mettait les Aemilii en sixième position, tout juste après les Licinii. Enfin, il convient de citer la synthèse récente de J. Charmasson, M. Christol, et M. Janon178 lors de leur étude sur les inscriptions des Aemilii de Nîmes. Le décompte total qui a été fait à partir de l’addition des renseignements fournis par le CIL et les ILGN, permet de mieux rendre compte de la répartition du gentilice dans les cités de Narbonnaise et de faire apparaître les lieux de concentration et les lieux d’effacement. Sur le plan géographique, l’essentiel des attestations provient des cités qui se trouvent dans le Languedoc oriental et central, dans la Provence occidentale et dans la moyenne vallée du Rhône : Narbonne179, Béziers180, Nîmes181, Arles182, Aix183 Cavaillon184, la cité des Tricastins185. Ailleurs la diffusoli est plus réduite. Mais on remarque qu’à Vienne186, en dépit du petit nombre d’inscriptions, les Aemilii appartenaient à 1’ordo municipal, le premier d’entre eux étant, sous le règne d’Auguste, quattoruir iure dicundo, flamen Martis, flamen Romae et Augustil187. C’est toutefois à Narbonne et à Nîmes que la documentation est la plus riche et où l’on trouve des Aemilii qui sont parvenus jusqu’à la dignité sénatoriale188. Dans la cité de Nîmes la documentation provient de la ville même et touche toute la société. On retrouve une forte présence des Aemilii dans la vie municipale, et un des membres du groupe des C. Aemilii parvint à l’ordre équestre à l’époque flavienne189. Un second groupe qui est caractérisé par l’usage du prénom Lucius et Marcus, fournit un membre de l’ordre sénatorial : L. Honoratus Aemilius190. Enfin de puissants affranchis devaient graviter autour des grandes familles, tel L. Aemilius Asyncritas191, sévir augustal, père d’une lignée dans laquelle on retrouve le surnom Honoratus, et patron lui-même d’autres affranchis.
62Reste à s’interroger sur le responsable de l’entrée de ces familles dans la ciuitas Romana. Il faut évidemment penser à Lépide. Pourtant J. Charmasson fait remarquer que le prénom Lucius est très souvent employé, ce qui fait penser à L. Aemilius Paullus, le censeur en 22 a.C. Mais à notre connaissance, ce personnage n’a pas exercé de gouvernement dans cette province192. Il nous semble également que les prénoms ne soient pas une preuve décisive puisqu’on trouve parmi les Aemilii, des Caii, des Quinti ou encore des Tiberii. Enfin, on ne peut pas non plus exclure des Romano-ltaliens, commerçants et négociants portant le gentilice Aemilius, qui sont venus s’installer en Gaule du Sud.
63On peut s’interroger sur les raisons qui conduisirent Lépide à octroyer la citoyenneté à titre individuel. E. Badian193 faisait valoir que le père de Lépide, le consul de 78, après s’être approprié la Cisalpine et la Transalpine, avait essayé de se constituer une clientèle importante. La Transalpine lui permettait d’être plus facilement en relation avec Sertorius en Espagne. Or on peut supposer que Lépide a essayé de reprendre contact avec cette clientèle ou avec ses descendants. Malheureusement il n’est pas du tout attesté comme l’affirme E. Badian que le consul de 78 soit allé en Transalpine194.
64En revanche, ce qui est certain est que Lépide pendant son séjour dans la prouincia augmenta ses forces militaires. En novembre 44, il disposait de quatre légions195 en mai 43 au moment de sa jonction avec Antoine, il en avait sept196. Appien précise même qu’il avait reconstitué la Xe légion197. Il avait peut-être également utilisé les vétérans disponibles de la VIe légion198. Mais comme ces deux légions étaient incomplètes, il dut octroyer la citoyenneté pour pouvoir augmenter et compléter ses forces militaires.
65Le bilan de la politique de Lépide en Transalpine est tout à fait comparable à celui des Espagnes. Dans les deux provinces, le futur triumvir offrit la ciuitas à de nombreux pérégrins, mit en place une politique de municipalisation et en Transalpine, fut à l’origine de deux limitationes. En revanche, Lépide est resté trop peu de temps en Narbonnaise pour savoir s’il a eu un rôle significatif dans les programmes d’urbanisation. Il laissa donc une œuvre non négligeable, même si les historiens ont surtout retenu son action politique.
Notes de bas de page
1 App., BC., 2.48 ; D.C. 43.1.
2 App., BC., 2.107 ; D.C. 43.51.8.
3 App., BC., 4.2 ; D.C. 46.55.4 ; Vell. 2.63.
4 Roddaz 1988a, 324-325.
5 Roddaz 2000,266.
6 Roddaz 2000,267.
7 Suet., Caes., 43.1.
8 Roddaz 2000, 269, n. 58. Le texte de la loi d’Urso prévoit ce décalage et fait apparaître que l’on peut toujours installer de nouveaux contingents dans une colonie déjà déduite. L’inscription funèbre de L. Munatius Plancus à Gaète distingue son activité en Gaule où colonias deduxit Lugudunum et Rauricam et à Bénévent où agro diuisit (CIL, X, 6087= ILS, 886).
9 Voir dans la rencontre de Mérida, Aspectos de la colonización 1989 les communications de Solana Sainz (Hispania Citerior) 71-106.
10 Vittinghoff 1952 ; Galsterer 1971.
11 Roddaz 1996a, 15-16. Sur la loi d’Urso : Galsterer 1987, 181-203 ; Gabba 1988, 157-168.
12 Bleicken 1990,21 ; Laffi 1993,37-65.
13 Par politique de municipalisation, nous entendons la politique d’octroi de statuts municipaux : colonie, municipe.
14 On retiendra essentiellement sur Celsa les travaux de Beltrán Lloris : Beltrán Lloris et al. 1984, 1994 et 1998 ; Beltrán Lloris 1997 ; Gόmez Pantoja 1992, 289-298. Sur la vallée de l’Ebre : Dupré 1985,283-291 ; Roddaz 1988a, 317-338 ; Beltrán Lloris 1990, 179-206 ; Beltrán Lloris et al. 2000.
15 II s’agissait d’un site d’occupation ibère peut-être localisé près de l’actuelle Gelsa à quelques kilomètres de Vellilo del Ebro. Voir Roddaz 1988a, 331, n. 97.
16 Villaronga 1967a, 133-142. Cette hypothèse est reprise dans Beltrán Lloris et al. 1984, 12-13.
17 Roddaz 1988a, 326.
18 Un certain nombre d’auteurs ont soutenu que la colonie avait été fondée lors du premier séjour de Lépide. Ils s’appuyent sur l’étude des monnaies de Celsa. Sutherland 1939. 128 ; Blázquez 1962,71-129 ; Galsterer 1971,25.
19 Roddaz 1988a, 329.
20 Garcia y Bellido 1959, 472-473 ; Roddaz 1988a, 329. Ces auteurs défendent l’idée d’une création tardive en 42. Leur argumentation est fondée sur la numismatique. Un certain nombre d’anomalies et de particularités sur le monnayage de Celsa qui dure huit ans ont été notées pour conclure que la colonie fut fondée en 42 et change de nom en 35 a.C. après l’élimination de Lépide.
21 A la même époque Munatius Plancus fondait Lyon qui s’appelait Colonia Copia Felix Munatia. Il donnait son nomen Munatia.
22 Roddaz 1996a, 17.
23 Dupré 1985.283.
24 HAEp. 1416. Beltrán 1957,97-99 ; Beltrán Lions 1995, 169-195.
25 Plin., Nat., 3.4-24.
26 Beltrán Lloris 2000, 71-82 ; AE 2000, p. 300, no 776.
27 Les trifinia étaient un point matérialisé par une borne qui séparait trois chemins ou trois propriétés. Ils étaient assez nombreux en Espagne. On en a retrouvé à Miribriga (Ciudad Rorigo), Reinosa, Montemolin, Villanueva de la Jara, etc. Sur ces trifinia, on écrivait seulement le mot inter puisqu’il y avait trois peuples. Cf. CIL. II2, 7, 776, daté de l’époque d’Hadrien : Trifinium / in(t)er. Sacilienses. Eporenses / Solienses.
28 Beltrán Lloris 2000, 82, n. 46. L’auteur se réfère à des milliaires découverts en Catalogne érigés par Manius Sergius à la fin du IIe a.C.
29 Beltrán Lloris ét al. 1984. 11-25 ; R PC. p. I 10.
30 Beltrán Lloris et al. 1984, 11.
31 Id., ibid., 14. Victoria commémore la victoire de Munda, et pour M. Beltrán Lloris, peut-être le triomphe de Lépide en 43. Il existe un aureus de César daté de l’année 45 avec une tête de la victoire. Cf. RRC, p. 476. no 464/466 en 46, p. 485, no 475/la en 45.
32 Id., ibid., 14. La représentation d’Hercule est peu courante et Lépide est le seul pour la Citérieure à l’avoir choisie. Cet Hercule, qu’il ne faut pas confondre avec l’Hercule ibérique ou avec le Melkart ibérique, était probablement le protecteur des commerçants. Cette monnaie est à mettre en relation avec le denier de Vibius Vaarus de 42 qui représente aussi un buste d’Hercule. Cf. RRC. p. 507, no 494/32.
33 Id., ibid., 15. Le soleil apparaît sur les monnaies républicaines à partir de 72. On retrouve ce symbole sur un denier de 42 de L. Mussidius Longus. Cf. RRC. p. 509, n° 494/43a et sur un denier d’Antoine toujours pour l’année 42. Cf RRC, p. 512, no 496/1,2 et 3.
34 Id. ibid., 15. On ne peut confondre ces monnaies avec celles de Victoria. La représentation est tout à fait différente. La coiffure relevée en un chignon et le diadème remonté sur le front permettent d’identifier la femme à Vénus et rappelle le marbre de Sperlonga. Le choix d’une représentation de Vénus est évidemment à mettre en relation avec César. Le thème de Vénus fut choisi par César sur quelques représentations monétaires. Cf. Schilling 1954, 331.
35 Id., ibid., 16. Pour d’autres auteurs il s’agit plutôt de Pallas Athéna. Pour M. Beltrán Lloris, l’inspiration de cette monnaie vient directement des monnaies de Iunius Brutus qui rappelait les activités glorieuses de César pendant la guerre des Gaules. Cf. RRC. p. 466, no 450. Burnett et al., dans RPC. p. 110 préfèrent voir Mars.
36 Le sanglier est un insigne que l’on retrouve dans les légions, en particulier sur le denier de M. Voltei en 78. Cf. RRC, p. 399, no 385/2.
37 Le choix du taureau peut se comprendre de deux façons qui d’ailleurs ne s’excluent pas. C’était un élément indigène de grande diffusion qui était fréquent dans la vallée de l’Ebre, la Meseta et la Bétique. Si l’on croit Diodore de Sicile (4.18), le taureau et les bovins étaient attestés dans les cultes primitifs ibériques. Mais le thème du taureau a été aussi utilisé par César comme emblème pour ses légions au début de la guerre civile. On se souvient également qu’il avait offert en 49 un taureau en sacrifice à Fortuna. Pour le sacrifice du taureau : Weinstock 1971, 118. Sur le thème du taureau dans la numismatique espagnole : Lopez Monteagudo 1973-1974, 232-247.
38 La monnaie de C. Marins C f. Capito de 81 représente sur son avers Cérès et sur son revers un attelage de bœufs. Cf. RRC. p. 392, no 378. Cette monnaie fait allusion à la fois à la fondation d’une colonie et à la richesse économique, plus particulièrement à l’approvisionnement en blé. Pour Celsa, la monnaie a sur son avers la tête de Victoria. La combinaison des deux éléments Victoria et l’attelage de bœufs font penser à la création de la colonie après Munda.
39 Le mouton est présent sur les monnaies de L. Rustius en 76. Cf. RRC, no 389/1, p. 404. L’a constellation Aries était la maison astrologique de Minerve et le mouton sur la monnaie de L. Rustius est complétée par la représentation de la divinité sur l’avers.
40 Id., ibid., 19. Série 1. type : Victoria-Attelage de bœufs, datation : 44 a.C. Série I, I. type : Hercule-Taureau. I, 2, type : Soleil-Mouton, 1, 3, Sanglier-Croissant de lune, datation : 43-40 a.C. Série II, type : Vénus-Taureau, datation : 39 a.C. Série III, type : Roma-Taureau en train de bondir, datation : 38 a.C. Série IV. type : Fortuna-Taureau arrêté, datation : 37 a.C. La monnaie de la dernière série représente sur l’avers un buste de femme avec un diadème qui ne peut être assimilé à Victoria. M. Grant 1945, 111 y voyait Pax, M. Beltrán Lloris 1984, 19 propose de l’identifier à Fortuna.
41 Id., ibid., 17 ; RRC, 510-511.
42 Beltrán Lloris 1978, 169-1 89, plus particulièrement p. 172. Ces auteurs remarquent que toutes les cités qui émirent des monnaies avec des quinquennales étaient des colonies (Carthago Noua, Ilici, Urso).
43 Beltrán Lloris et al. 1984. 19.
44 Beltrán Lloris 1978, 173 repris par Beltrán Lloris et al. 1984, 18.
45 Beltrán Lloris et al. 1984, 19.
46 Beltrán Lloris et al. 1984, 20 ; Beltrán Lloris 1997a, 34. Nous ne pouvons identifier avec certitude les autres personnages. Notons cependant que les Sempronii (série 1, 1, L. SEMP. Max) apparaissent avec le prénom L à Sagome, Clunia et Bilbilis ; les Caecilii (série I, 1 M. CAEC.) se retrouvent sur les monnaies de Turiaso et de Caesaraugusta ; les Calpurnii (série 1,2, 3) sont présents à Clunia, Sagome et les Pompeii (série I, 2, 3 SEX NIG) à Bilbilis, Clunia et Carthago Nova. Enfin, M. Fuluius présent dans la première série comme préfet quinquennalis réapparaît toujours comme préfet en 38 et on le retrouve sur une monnaie de Castulo. Voir Beltrán Lloris et al 1984, 20 ; Beltrán Lloris 1997a, 34.
47 Beltrán Lloris et al. 2000, 60. Les citoyens de Celsa étaient peut-être inscrits dans la tribu Sergia.
48 Beltrán Lloris et al. 2000, 60.
49 Beltrán Lloris 1997a, 35.
50 Str. 3.4.10.
51 Beltrán Lloris 1997a, 38.
52 Ramallol989 ; Solana Sainz 1989, 76-77 ; Llorens 1994 ; Abascal Palazón & Ramallo 1997 ; Roddaz 2000, 270 ; Blázquez 2000, 95-1 15 ; Abascal 2002,22-26.
53 Pol. 2.13.1.
54 Pol. 10.19.3 ; Liv. 26.50 ; D.C. 57.42.
55 CIL. II, 3408. L. Baebius M.f. L. Cati M.f. / L. Taurins L.f. Ser. Aefolan(us)/ Genio oppidi columnam/ pompam ludosq/(ue)/ coirauerunt. Cf. Degrassi 1965, 89, no 117 ; Garcia y Bellido 1959,470 ; Galsterer 1971, 29, n. 131 et p. 70.
56 Plusieurs arguments ont été avancés. Cette inscription n’offre pas une lecture certaine. La corrélation entre quattoruiri et municipium n’est pas toujours automatique et enfin il n’est pas certain qu’il s’agisse de quattoruiri. Ces personnages peuvent aussi appartenir à un collège sacerdotal. Voir Marin Díaz 1988, 24-25.
57 Salmon 1969, 164 ; Tsirkin 1993,287.
58 Les émissions monétaires sont les suivantes : l’émission avec la légende C VI N L. celle de Cn. Stati, libo praef, et celle avec la nom de P. Baebius Pollio et C. Aquinus. Sur les monnaies de Carthago Nova se reporter à Llorens 1994 et RPC, 90-97. Sur la monnaie de 42 : Llorens 1989, 319-342. Sur l’avers on observe une tête dénudée présentée comme celle de Lépide avec la légende Cn. Stati. Libo Praef, et sur le revers une patère avec la légende Sacerdos. Cette monnaie serait commémorative de la fondation.
59 Garcia y Bellido 1959, 471 ; Blâzquez 1962, 97 ; Vittinghoff 1952, 79 considère que la fondation a pu avoir lieu dans les années 40 ; Galsterer 1971, 29 se fonde sur les émissions monétaires et en particulier sur les quinquennales monétaires. Les dernières émissions correspondent au règne de Caligula, 38/39 p.C., et les premières remonteraient aux années 42/41 a.C.
60 Marín Díaz 1988, 204-205 ; Solana Sainz 1989, 74-75.
61 Roddaz 1996a, 17.
62 Llorens 1989, 323-324, n. 23. 24, 26, 27.
63 Llorens 1989,325.
64 Antoine qui était augure avait choisi de représenter le lituus c’est-à-dire le bâton des augures.
65 Sur Ilici : Llorens 1987 ; Tovar 1989, 198 ; Ramos Fernandez & Uroz Sáez 1992, 98-99 ; RFC, 97-98 ; Correli 1998 ; Marques de Faria 1999, 34-35 ; Mayer & Olesti 2002, dossier IT 4A. Les auteurs ne prennent pas position sur la date de fondation de la colonie. Cette création peut remonter soit à la période triumvirale, soit au règne d’Auguste.
66 Plin., Nat., 3.4.19.
67 AE 1999, no 960 ; Mayer & Olesti 2002, dossier 1T A4.
68 Ramos Fernandez & Uroz Sáez 1992, 99, n. 17.
69 RRC, p. 502, no 494.
70 Ramos Fernandez & Uroz Sáez 1992, 99. Cette fourchette est retenue si on accepte, comme c’est généralement le cas, que la date de la déduction coïncide avec un lustrum.
71 D.C. 48.1.3.
72 L’eau sur le territoire de la colonie était abondante, ce qui permettait une bonne exploitation agricole.
73 Jacques 1990, 33. Sur les municipes d’époque républicaine, Humbert 1078, particulièrement 9-12.
74 Roddaz 2000. Sur la question des municipes : Le Roux 1986, 325-350.
75 Sur Sagonte : Saguntum 1977 ; Beltrán Lloris 1980.
76 Sur les relations de clientélisme entre Sagonte et les Scipions : Knapp 1975, 54. Sur les Scipions en Espagne : Roddaz 1998,341-358.
77 Cic., Balb., 9.23.
78 Pseudo-Caes., B.H., 10.1.
79 Grant 1946, 155.
80 Galsterer 1971,28-29.
81 Beltrán 1980, 386, en conséquence Sagonte serait une fondation augustéenne ; Marín Díaz 1988, 223. Solana-Sainz 1989. 89-90 ne prend pas position, rappelle les différentes hypothèses et insiste surtout sur les magistrats municipaux.
82 Seguí Marco 1992, 555-565.
83 CIL., II, 3837 : (P)aut(l)o Aemilio/ Paulli f(ilio) Pal(atina tribu)/ Reg(i)llo XV vir(o)/sacris faciend(is)/praefecto urb(i)/iuri dicimd(o)/ quaestori/ Ti(beri) Caesaris Au(g(usti))/ patrono.
84 Depuis Th. Mommsen on avait considéré que ce personnage était le fils du consul de 34 a.C., L. M. Aemilius Lepidus Paullus. Or l’étude de la chronologie n’est pas conforme avec la carrière du personnage. Bayer 1968, 118-123, a révisé le stemma de la famille et a démontré que Paullus Aemilius Regillus était le fils du consul de I p.C., L. Aemilius Paullus et de Claudia Marcella.
85 Bayer 1968, avance des raisons essentiellement politiques. Le père de Regillus, le consul de I p.C.. fut condamné à mort pour sa participation à une conjuration politique contre Auguste en 6 p.C.. Regillus se serait retiré alors discrètement à Sagonte. Cette hypothèse s’appuie sur un exemple similaire, le départ pour Marseille de L. Antonius, le fils de Claudia Marcella Maior et de Iullus Antonius lors de la condamnation à mort de son père pour adultère avec la fille d’Auguste en 2 a.C. Une autre possibilité a aussi été envisagée. Regillus aurait pu accompagner son oncle M. Aemilius Lepidus lors de son gouvernement espagnol entre 14 et 17/18 p.C., formant ainsi une partie de sa cohors amicorum. La dernière explication qui nous paraît la plus vraisemblable et qui est défendue par Segui Marco, est celle du lien étroit qui existait entre cette branche des Aemilii Paulli avec les Julio-Claudiens. Octavien/ Auguste favorisa et donna son soutien à L. M. Aemilius Lepidus Paullus, le consul suffect de 34 a.C., et les relations avec la famille impériale furent renforcées par des alliances matrimoniales. L. Aemilius Paullus, le consul de 1 p.C., épousa Julia, la petite-fille d’Auguste. Leur fille Aemilia fut fiancée au futur empereur Claude et la fille de leur second fils Marcus épousa le fils de Germanicus, Drusus. Tous ces liens peuvent expliquer la cooptatio de Paullus Aemilius Regillus par le Sénat de Sagonte. Il faut noter également que la cité offrit de nombreuses dédicaces a la famille impériale et en particulier à Drusus et à Germanicus, apparentés, comme nous l’avons vu, aux Aemilii Paulli. Cette gens faisait donc le lien entre la cité de Sagonte et le pouvoir impérial. Sur les relations entre les Aemilii et Auguste : Weigel 1985. 180-191.
86 Villaronga 1967b ; Alfoldy 1981.219-243 ; Alföldy 1984, 238 ; Seguí Marco 1992, 560. Il existait quatre M. Aemilius et un L. Aemilius Maximus.
87 Alföldi 1984. 236. Au ier siècle nous rencontrons un C. Aemilius Nepos, édile et duovir. Entre 70 et 150 p.C., nous avons un L. Aemilius Gallus, édile, duovir, questeur et pontife ainsi qu’un L. Aemilius Veranus, édile, duovir et questeur. Enfin au IIe siècle, nous trouvons un L. Aemilius qui omnibus limioribus Sagunti functus.
88 Seguí Marco 1992, 560-561 ; Beltrán 1980,418-427 ; Alföldy 1981,219-243.
89 Seguí Marco 1992, 561 ; Alföldy 1977.
90 Sur ce personnage : G. Alföldy 1977 ; Le Roux 1982b. 458.
91 Seguí Marco 1992,561.
92 La fille de L. Aemilius Paullus (cos en 219), Aemilia Tertia épousa P. Cornelius Scipio Africanus (cos 205) et le fils de Paul-Émile (cos 182 et 168) fut adopté par les Scipions et est connu sous le nom de P. Cornelius Scipio Aemilianus, Scipion Émilien, le conquérant de Numance et vainqueur de Carthage.
93 Seguí Marco 1992,558.
94 Cic., Bailb., 50 :... duitate clonali it uir sanctissimus et summa religione ac modestia Q. Metellus Pius Q. Fabium Saguntinum.
95 Cic., Balb., 51 : ... et Saguntinos Fabios duitate donauit.
96 Sherwin White 1973,223-224.
97 Seguí Marco 1992,559.
98 De nouveaux liens matrimoniaux se réalisèrent aux générations suivantes. Le fils de P. Cornelius Scipion (cos 38/35 ( ?) a.C.) épousa Scribonia. De cette union naquit une fille Cornelia qui épousa L. Paullus Aemilius (cos 34 a.C. et grand-père de Regillus).
99 Se reporter à la chronique de Sillières 2000, 192-199. On consultera plus précisément : Keay 1996, 291-337 ; Fear 1996 ; Roddaz 1996a, 13-26.
100 Keay 1996,304.
101 Beltrán Lloris 1990, 179-206 ; Roddaz 1988a, 317-338.
102 Beltrán Lloris 1997a, 34.
103 Beltrán Lloris et al. 1984.
104 Gros 2001. 142.
105 Beltrán Lions 1997b, 109 ; Gros 2001, 141.
106 Beltrán Lloris 1997b. 109.
107 Beltrán Lloris 1997b, 110-111.
108 Dupré 1981, 195.
109 Rico 1997. 176.
110 On peut se référer à la thèse de Rico 1997. Pour Labitolosa, voir Magallón et al. 1995, 75-103. Ce dernier site, d’environ dix-douze hectares était installé sur les pentes d’un promontoire allongé et le Forum a été localisé avec les quartiers d’habitation qui s’organisaient selon une trame orthonormée assez régulière. Même s’il semble que toutes les structures exhumées soient d’époque augustéenne, il n’est pas exclu que l’installation du site ait été antérieure à cette époque, peut-être d’un demi-siècle.
111 Curchin 1990, 89-90. Pour la Gaule, L. A. Curchin cite l’exemple de C. Iulius Vercondaridubnus, tandis que pour l’Espagne, il remarque que les magistrats avaient habituellement des tria nomina latins et imitaient la noblesse romaine.
112 Blázquez et al. 1978, 212. Le premier exemple conservé par les sources date de 21 1 en pleine guerre contre Hannibal. La citoyenneté fut accordée à un Ibère Moericus.
113 Badian 1958,309.
114 Knapp 1978, 187-222, spécialement p. 213. Cette étude a été faite à partir du dépouillement du CIL.
115 Dyson 1980-1981,268-272.
116 Abascal Palazón 1994,29.
117 Curchin 1990, 184, no 436 = CIL., II. 4463. C. Iulius Lepidus, fut enrôlé à l’origine dans la VIIe légion Gemina stationnée en Espagne. Ce personnage devint centurion primipile. L’inscription est datée du règne de Trajan. Cf. Alföldi 1984,233.
118 Curchin 1990, 190, no 497 = CIC. 39 : T. Caecilius Lepidus, duouir à Caesaraugusta pendant le règne de Tibère.
119 Curchin 1990. 225-226, no 900 = CIL. II, 4268 : P. Fabius P.f Sera. Lepidus, inscription datée de la fin du premier siècle après Jésus-Christ. Le quatrième Lepidus ou Lepidius, 232-233, no 968, a une origine incertaine. C’était l’un des trois noms retrouvés sur une plaque de céramique qui indiquait les distances entre différentes villes de conventus.
120 Curchin 1990, 158, no 21 I = VM, 96. L’inscription de L. Aemilius, aedilis à Obulco, est datée de 120-90 a.C. Q. Aemilius, p. 191, no 519 = CIC, 5, duouir à Calgurris en Tarraconnai.se date de 33-28 a.C. Ces deux inscriptions datées du premier siècle avant Jésus-Christ montrent bien que l’usage des tria nomina n’est pas encore la règle générale.
121 Curchin 1990, 195, no 578 - CIL., 11.3423. L. Aemilius M. f. M. n. Qui. Rectus, était natif de Rome. II fut questeur ou édile à Carthago Noua, Sicellis, Asso, Sparte et Argos, il a reçu le cheval public sous le règne d’Hadrien.
122 MRP, I. p. 357 pour l’année 190 et p. 362 pour Tannée 189.
123 MRR. l.p.484.
124 Alföldy 1969, 5. Il n’est pas certain que L. Aemilius Paullus fût gouverneur en 24 a.C. parce que nous possédons deux passages contradictoires de Dion Cassius et de Cassiodore.
125 Alföldy 1969, 12-13.
126 Le Roux 1995, 85-95. Cet article ne concerne pas directement les Aemilii, mais les questions importantes qui touchent l’émigration italique. Même si les Aemilii d’Italie sont peu nombreux, ils ne peuvent être totalement occultés.
127 Nous pouvons citer l’exemple des Iulii du mausolée de Glanum. Ce monument est un cénotaphe élevé, vers 30-20 a.C. en faveur d’un héros des armées césariennes qui, devenu citoyen romain, est honoré par ses trois petits-fils : Sextus Iulius. Lucius Iulius et Marcus Iulius.
128 Le Roux 1982a. 62. ILS, 2321= EL, 8.530 : M(arci) Aemili M(arci)f(ilii) Pob(lilia) I Solenne, equitis, (domo I Oscensis, torquibus, anni Ilis, I phaleris ab Imperatore I donatus (sic), militis missici I veterani leg(ionis) VIIII Hispanie(sis) Hic ossa sita sunt. Cest la formule miles missiciis associée avec celle de ueteranus qui laisse entendre que le soldat avait prolongé son service au-delà du congé légal avant d’être mobilisé et implique une date postérieure au règlement augustéen de 13 a.C. Ce terminus post quem permet de conclure que M. Aemilius Soteria était le fils d’un citoyen certainement promu par Lépide.
129 Drinkwater 1983, 5-30 : Rivet 1988,74-83 ; Hermon 1993 ; Freyburger 1997,319-343.
130 Christol 1999, 25.
131 Suet., Tib., 4. Ce fut le père du futur empereur Tibère, Ti. Claudius Nero, qui fut “envoyé en Gaule par César déduire des colonies parmi lesquelles Arles et Narbonne”.
132 Christol 1999, 17.
133 Christol & Goudineau 1987-1988, 92, n. 37.
134 Christol 1999, 16-17.
135 Pour A. Chastagnol c’est en Gaule méridionale que le droit latin provincial a été introduit en premier. P. Le Roux 1998, 325, n. 58, conteste cette affirmation en invoquant le cas de la cité espagnole de Carteia qui aurait reçu le droit latin dès 176 a.C. et le lait que les colonies latines établies en Transpadane en 89 a.C. l’ont été sur un territoire qui avait avant le statut de province.
136 Plus particulièrement pour la Narbonnaise : Chastagnol 1995. 113-129 ; Gascon 1998. 119-131 ; Gascon 1999, 157-165. La définition du droit latin nous est donnée par Strabon quand il parle de Nîmes, 4.1.12 : “... droit qui assure la citoyenneté romaine à qui a revêtu à Nîmes l’édilité et (ou) la questure”.
137 Rogers 1986,83-93 ; Chastagnol 1995, 113-118.
138 Str. 4.1.11.
139 On a d’abord pensé que le droit latin avait été octroyé par César ou par Auguste, et que la concession aurait été générale puisqu’elle intéressait toutes les cités de la province. Voir Vittinghoff 1952, 44 et 70.
140 Rogers 1986, 89 ; R PC, p. 154.
141 Plin., Nat., 3.4.
142 RPC. p. 154 identifie cette tête à Apollon.
143 Rogers 1986. 86 cite plusieurs exemples espagnols : Colonia Iulia Traducta, Colonia Caesaraugusta, Colonia Augusta Emerita et Municipium Calagurris Iulia Nassica.
144 Chastagnol 1995, I 17.
145 Plin., Nat., 3.4.
146 Str. 4.1.9, compare le sort de Nice à celui d’Antibes, deux anciennes possessions massialiotes : “Bien qu’Antipolis soit située dans une région appartenant à la Narbonnaise et Nice dans une région appartenant à l’Italie, Nice reste sous la juridiction des Massialiotes et de la province, tandis qu’Antipolis est réputée ville italiote depuis qu’un jugement a été rendu en sa faveur contre les Massialiotes et qu’elle a été affranchie de leur tutelle”.
147 Sur l’interprétation de cette phrase, voir Chastagnol 1992a, 26-27.
148 Chastagnol 1992a, 20.
149 Plin., Nat., 3.4.35.
150 RPC, 154-155.
151 Head 1911, 8.
152 Grant 1946, 390-391.
153 Rogers 1986, 87.
154 Chastagnol 1992a, 26.
155 Chastagnol 1992a, 26.
156 Chastagnol 1995, 117.
157 Gascou 1999, 163-164, reprend la démonstration d’A. Chastagnol tout en la complétant.
158 Christol 1999, 16. Pour M. Christol, la mission du père de Tibère, chargé par César d’installer des colonies, impliquait l’existence d’une première phase de colonisation latine avant la mort du dictateur.
159 Rogers 1986, 89 ; RPC, 152-153.
160 Chastagnol 1995, 117. En 42, la Cisalpine est devenue une région d’Italie et reçoit le droit romain.
161 Gascou 1999, 163-165.
162 Gascou 1999, 164. L’usage est, quand une cité reçoit deux promotions successives ou une promotion suivie ensuite d’une faveur importante digne d’être indiquée dans la titulature, d’indiquer par deux épithètes distinctes l’auteur de la promotion initiale et celui de la seconde promotion. A titre d’exemple on peut rappeler le cas d’Utique, municipe d’Octavien en 36 a.C. et qui devint colonie romaine sous Hadrien. Elle porta dès lors le nom suivant : col(onia) Iu(lia) Ael(ia) Hadri(ana) Aug(usta) Vtik(a).
163 Assénat 1996, 311. Les deux premières phases de cadastrations sont celles des réseaux de "SextentioAmbrussum” et “Orange-Nîmes”.
164 Assénat 1996,311.
165 Perez 1995,242-245.
166 Assénat 1996,356.
167 Christol 1999, 7. Les premières cadastrations concernent les environs de Narbonne, c’est-à-dire le Languedoc occidental et le Roussillon, c’est-à-dire la région la plus proche de l’Espagne citérieure. Quelques zones du Languedoc oriental et de la vallée du Rhône ont pu ensuite être touchées. On peut se demander s’il n’en lut pas ainsi dans la zone correspondant au cadastre B d’Orange, au nord de plusieurs villes, Arausio, Avennio. Cabellio qui faisaient partie du pays cavare.
168 Charmasson et al. 1992,79-96.
169 Assénat 1996, 307-311. L’auteur, dans un tableau récapitulatif, p. 312, propose les chronologies suivantes : années 120 a.C. jusqu’à la conquête : Béziers B, FD, A. région de Montpellier, Sextantio-Ambrussum ; 100 a.C. jusqu’il Marius : Orange-Nîmes ; 75 a.C. Période fontéio-pompéienne : FD. B ?, Uzès B-Nîmes ; César 45 a.C. : Béziers E-Luteva. Sextantio-Lattara ? Uzès C-Nîmes. Période triumvirale : Lépide : Uzès A. Antoine : Nîmes A, Octavien, Béziers C et Orange E ; Auguste : Béziers D, Nîmes B et Orange B ; Ier s. p.C. ; Vespasien : Béziers A. Montpelliérais A. Période post-flavienne : Montpelliérais B.
170 Morabito 1999. 157-177.
171 “Antipolis A” serait datablc de 14 p.C.
172 Morabito 1999, 174.
173 Morabito 1999, 176.
174 Syme 1958,783.
175 Badian 1958,309-311.
176 Knapp 1978, plus particulièrement, 211-212 et p. 218.
177 Burnand 1975, 226-228 avec un tableau, p. 227.
178 Charmasson et al. 1992,79-95, plus particulièrement 80-82, avec un tableau, p. 82.
179 Narbonne : nombre d’attestations : 21, nombre d’inscriptions : 17, total des inscriptions de la cité : I 156.
180 Béziers : nombre d’attestations : 3. nombre d’inscriptions : I. total des inscriptions de la cité : 113.
181 Nîmes : nombre d’attestations : 48, nombre d’inscriptions : 35, total des inscriptions de la cité : 1856.
182 Arles : nombre d’attestations : 11, nombre d’inscriptions : 10, total des inscriptions de la cité : 508.
183 Aix : nombre d’attestations : 5. nombre d’inscriptions : I, total des inscriptions de la cité : 134.
184 Cavaillon : nombre d’attestations : I, nombre d’inscriptions : I, total des inscriptions de la cité : 16.
185 La cité des Tricastins : nombre d’attestations : I. nombre d’inscriptions : 1, total des inscriptions de la cité : 19.
186 Vienne : nombre d’attestations : 3, nombre d’inscriptions : 2, total des inscriptions de la cité : 688. Aux Aemilii de Vienne, il faut ajouter une inscription de Volubilis qui témoigne de la notabilité de ce groupe familial durant le premier siècle p.C. On a retrouvé dans la cité marocaine, l’inscription d’Aemilia D.f. Sestina, épouse du chevalier romain Namnius Maternus. Cette personne, bis flaminica, était Viennensis. Voir Saint-Olive 1938-1939, 157-171 ; Hamdoune 2001,225-237.
187 CIL, XII, 2600 : L(ucio) / Aemilio M(arci) feil(io) / Vol(tinia tribu) Tutori llllvir(o)/ i(ure) d(icundo), praef(ecto) fabrum, flam(ini) Martis, flam(ini)/Romae et Augusti/ L(ucius) Aemilius L(ucii) f(ilius) tut(or) f(aciendum) c(urauit). L. Aemilius Tutor était le fils d’un M. Aemilius qui avait sans doute reçu le droit de citoyenneté romaine de Lépide pendant son gouvernement. L’inscription remonte au règne d’Auguste à cause de la graphie archaïsante (feilio) pour (filio). L’intéressé était inscrit dans la tribu Voltinia, tribu de la plupart des cités de Narbonnaise. Il était quattoruir, c’est-à-dire qu’il exerçait la fonction exécutive la plus élevée dans une colonie de droit latin. Ensuite, il fut praefectus fabrum auprès d’un magistrat romain et il termina sa carrière en revenant à Vienne avec des fonctions religieuses comme flamine de Mars et flamine de Rome et d’Auguste. Voir : Pflaum 1978, 250.
188 A Narbonne on trouve un L. Aemilius L. f. Arcanus, de la tribu Papiria, admis au Sénat après plusieurs tribunats militaires équestres sous Hadrien. Voir Charmasson et al. 1992, 83-86.
189 CIL, XII, 3176 ; Pflaum 1978, 223. Il s’agit de C. Aemilius C. f Volt. Postumnus, omnibus honoribus in colonia sua functus, tribunus militum legionis sextae Victricis.
190 CIL, XII, 3164. Ce personnage effectua sa carrière au iie siècle p.C., dans la partie orientale de l’Empire.
191 AE, 1982,684-685.
192 Badian 1958,31 1.
193 Badian 1958, 275, n. 8.
194 E. Badian se fonde sur le témoignage d’Appien, RC., 1.107 : “Lepidus pour faire sa cour aux alliés, dit qu’il leur ferait rendre les terres que Sylla leur avait enlevées. Le Sénat prit l’alarme, et fit jurer aux deux consuls qu’ils n’en viendraient pas aux mains. Le sort ayant fait échoir à Lépide le commandement de la Gaule Transalpine, il ne retourna pas à Rome à l’époque des Comices”.
195 App., BC., 3.46.
196 App., BC., 3 84.
197 App., BC., 3.84. Il s’agit de la legio X Gemina. Cette légion a été créée par César en 59 et a servi sous ses ordres en Gaule de 58 à 49, à Thapsus en 46. Elle a été démobilisée en 46-45, puis a combattu à Munda en 45. Ses vétérans ont reçu des terres à Narbonne. Elle a été reformée par Lépide en 44-43. Voir Keppie 1998, 208 ; Gômez-Pantoja 2000, 169-170.
198 La legio VI Ferrata a été formée en 52 en Cisalpine et a servi sous les ordres de César en Gaule jusqu’en 49, puis à Pharsale en 49, et à Alexandrie en 48-47. Elle retourna ensuite en Italie et combattit à Munda en 45. Ses vétérans reçurent des terres à Arles en 45. Elle fut réformée par Lépide en 44-43. Voir Botermann 1968, 199-200 ; Keppie 1998, 206 ; Cottoti 2000, 351,
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