Chapitre VI. De la médiation avec Sextus Pompée à la guerre de Modène
Avril 44-avril 43
p. 89-104
Texte intégral
1La lutte de Sextus Pompée en Espagne était la continuation et la conclusion des guerres qui avaient opposé César aux Pompéiens depuis 491. Après la victoire de Thapsus, César avait proposé un programme de paix, avec la proclamation de la fin des guerres civiles. Les Pompéiens qui refusèrent ses propositions et qui poursuivirent la lutte en Espagne se retrouvèrent dans une situation de rébellion.
2Après la victoire de Munda en mars 45 a.C., le parti pompéien n’avait plus de chef et semblait avoir perdu l’essentiel de ses troupes. Néanmoins, le second fils de Pompée, Sextus, poursuivit la guerre contre les gouverneurs de César avec le soutien des populations indigènes2. Il fut considéré comme un aventurier et un hors la loi. Par ailleurs, comme il n’avait pas bénéficié de la clementia Caesaris, il n’avait pu retrouver son patrimoine qui lui avait été confisqué. Les biens familiaux avaient été vendus aux enchères et récupérés en grande partie par Antoine et Dolabella.
3A la mort du dictateur, on craignait à Rome que Sextus Pompée fasse cause commune avec les conjurés. En effet, dès mars 44, Decimus Brutus écrivait à Brutus et à Cassius qu’il était prêt à entrer en contact avec Sextus Pompée ou Caecilius Bassus qui était en Syrie à Apamée3.
4C’est dans ce contexte que Lépide arriva courant avril en Espagne. Pendant l’été 44 Lépide et Sextus Pompée entrèrent en relation et réussirent à conclure un accord. Mais auparavant, rappelons brièvement la situation de l’Espagne au début de l’année 44.
1. La médiation entre Lépide et Sextus Pompée
5Asinius Pollion était le gouverneur de l’Ultérieure pour l’année 44. Dès son arrivée dans la province, il rencontra une situation militaire difficile parce que Sextus Pompée avait sous son commandement sept légions et lui seulement deux. Les Pompéiens passèrent à l’offensive et prirent début 44, Urso, Murtilis, Baelo4. A la fin du printemps 44, Sextus Pompée partit avec une légion vers Carthagène et ce fut pendant l’expédition5, d’après une lettre de Cicéron qu’il apprit la mort de César. Cette absence favorisa Asinius Pollion qui reprit l’initiative des combats en Bétique et battit les troupes pompéiennes. D’après Dion Cassius6, Sextus Pompée quitta Carthago Nova et retourna en Ultérieure avec son armée et infligea une défaite à Asinius Pollion. L’auteur bithynien ajoute qu’il fit la conquête de toute la région7.
6La campagne pompéienne était suivie à Rome avec une attention certaine. Les nombreuses lettres de Cicéron, envoyées entre avril et juillet 44, montrent combien Sextus Pompée devait être pris au sérieux dans les forces politiques du moment. Cicéron, à partir d’avril 44 attendait avec impatience les nouvelles d’Espagne8. A la fin du mois d’avril, il pensait que Sextus Pompée, fort de ses succès militaires, pouvait relancer la guerre sur le sol italien9. A la fin du mois de juillet, Cicéron faisait savoir que Sextus Pompée avait décidé de négocier en envoyant une lettre à son beau-père L. Scribonius Libo qui devait l’adresser aux consuls10.
7Appien11 écrit qu’Antoine aurait pris la décision de négocier et de rappeler Sextus Pompée dès le début mai dans le but de s’attirer la sympathie du Sénat, tandis que Dion Cassius12 affirme que la médiation est intervenue après la défaite d’Asinius Pollion pendant l’été 44. Dans cette affaire, Antoine se trouvait dans une situation particulière parce qu’il possédait avec Dolabella, une part importante des biens de Pompée le Grand13 qu’il n’avait pas l’intention de restituer. Dion Cassius14 attribue le vote de l’accord à Antoine et en fait une mesure prise pour s’opposer à Octave. Ce fut Lépide qui servit d’intermédiaire entre Antoine et Sextus Pompée15. Il parvint certainement à un accord à la fin de l’été 44 en août ou en septembre, puisqu’il fallait tenir compte de la distance qui séparait Rome de l’Espagne16.
8Quelles étaient les conditions de Sextus Pompée ? Selon Cicéron17 : “Il a écrit à Libo personnellement qu’il n’y avait rien à faire s’il ne lui était pas loisible de regagner son foyer familial. Ses exigences se résument dans le licenciement de toutes les armées où qu’elles se trouvent”. M. Hadas18 explique cette dernière exigence de la façon suivante : le fils de Pompée pensait que la République serait automatiquement rétablie si toutes les armées étaient dissoutes. Une telle demande était complètement irréaliste dans le contexte politique et militaire de l’année 44 et ne fut pas acceptée. La deuxième revendication concerne la restitutio des biens de son père19. Retrouver les biens de Pompée était pour Sextus Pompée une nécessité absolue. Sans fortune, il ne pouvait reprendre sa place dans la société romaine et s’engager dans le cursus honorum. Selon l’accord conclu par l’intermédiaire de Lépide, Sextus Pompée remit les territoires qu’il avait conquis20 et on lui promit une indemnisation de cinquante millions de drachmes attiques21 pour les propriétés confisquées et vendues par César. Nous ne savons pas exactement ce qu’il reçut. Toutefois, la restitution de la demeure paternelle resta une revendication constante que l’on retrouve lors du traité de Misène en 3922. Selon Dion Cassius23, il obtint alors soixante dix millions de sesterces qui pouvaient représenter la différence entre la somme promise en 44 et ce qu’il avait jusqu’alors reçu24. Appien25 est le seul auteur à rapporter que Sextus Pompée voulait avoir le commandement de toutes les mers. Or, il semble, si l’on suit Cicéron26, qu’il faille distinguer les deux événements : la restitution des biens et l’obtention du titre de Préfet de la Flotte. Sextus Pompée fut certainement nommé par le Sénat praefectus classis et orae maritimae en 4327, au moment du départ de Brutus et de Cassius pour l’Orient. Ce titre lui conférait une légitimité qu’il ne manqua pas d’ailleurs de rappeler sur ses monnaies28 et l’intégrait désormais à la Res Publica.
9Lépide fut récompensé pour cette médiation. Antoine, le principal bénéficiaire, remercia Lépide par le biais d’une supplicatio proposée au Sénat le 28 novembre 4429. La supplication ne fut pas adoptée dans les formes habituelles parce qu’Antoine dut quitter la séance plus tôt que prévu. En effet, la IVe légion lui faisait défection et allait rejoindre le camp d’Octave30. Cicéron lit aussi allusion à cette supplication dans une lettre adressée à Atticus le 5 novembre31 : “A propos des fériés de Lépide, Balbus m’apprend qu’elles dureront jusqu’à l’avant veille des calendes”. On a cru pendant longtemps que ces feriae étaient en relation avec la nomination de Lépide au Grand Pontificat. Or, il n’existe aucun exemple d’une telle pratique. Ces feriae étaient des journées d’action de grâces prévues en l’honneur de Lépide pour le remercier de la paix conclue avec Sextus Pompée. Elles devaient durer trente jours du 1er au 30 décembre. Lépide fut certainement absent lors de la célébration de ces festivités. Aucune source ne mentionne sa visite à Rome pendant cette période. Il était de plus illégal qu’un gouverneur de province retourne à Rome pendant son mandat et il était dangereux pour Lépide de laisser ses troupes seules en province.
10Cicéron sut réutiliser ce succès diplomatique le 1er janvier dans un contexte politique différent. Désirant que Lépide choisisse la cause républicaine contre Antoine, il demanda au Sénat de lui voter l’érection d’une statue équestre sur les Rostres32.
11Enfin, cette réussite diplomatique lui permit de recevoir le titre d’imperator pour la deuxième fois33 et il célébra un triomphe pour ses exploits en Espagne le 31 décembre 43 après avoir formé le second Triumvirat et à la veille de son second consulat.
12Lépide resta en Espagne jusqu’en novembre 44 puis partit vers la Transalpine. A la fin de l’automne 44. il n’avait plus de raisons sérieuses de rester en Citérieure. La guerre entre Sextus Pompée et Asinius Pollion était terminée et il avait réussi à passer un accord avec Sextus Pompée. En revanche, il avait intérêt à se rapprocher de Rome en stationnant en Transalpine.
2. L’ultime tentative de paix avec le sénat (hiver 44-43)
2.1. Une situation politique dégradée
13Lors de l’arrivée de Lépide en Transalpine en novembre 44, la situation politique à Rome s’était profondément détériorée. Bien qu’en juin 44 Antoine fût encore le maître de la situation, le compromis du 17 mars n’était plus, trois mois après, qu’un souvenir. Le clan sénatorial sous la direction de Cicéron se reformait et surtout Octave, le petit neveu de César qui avait été adopté par le dictateur en septembre 4534 était rentré à Rome au début du mois de mai. Dès son arrivée dans l’Vrbs, le jeune homme donna priorité à son adoption testamentaire pour en faire une arme politique35. Au cours de l’été, les deux principaux conjurés, Brutus et Cassius quittèrent Rome pour rejoindre leurs provinces. Ils arrivèrent d’abord en Grèce où ils furent accueillis comme des héros et leur statue fut placée aux côtés de celles des tyrannicides sur l’Agora à Athènes. L’été 44 se passa en intrigues des uns et des autres et Antoine, sentant le danger, se rendit à Brindes en octobre pour reprendre le contact avec ses troupes et s’attacher quatre légions qui rentraient de Macédoine. De son côté. Octave lit de même. Il parcourut la Campanie et y recruta trois milles hommes parmi les vétérans de son père pour se constituer une garde privée. L’armée jouait de nouveau un rôle essentiel dans cette période troublée36. A la fin de l’été et au cours de l’automne 44, Octave se rapprocha de Cicéron. Le consul de 63 mettait en place une ultime tentative de restauration sénatoriale, en essayant à la fois de prendre la tête du Sénat et de servir de conseiller politique à Octave. L’héritier de César qui recherchait de nouvelles recrues, menait une politique active auprès des vétérans de son père en appelant à la vengeance. Il récolta rapidement les fruits de cette attitude, puisque deux légions, la IVe Macédonique et la légion de Mars désertèrent et le rejoignirent. Conscient de l’affaiblissement de sa position, Antoine convoqua le Sénat le 28 novembre dans le but de déclarer Octave hostis publicus, mais au cours de la séance, il renonça à ce projet. Il fit ensuite procéder à la répartition des provinces prétoriennes, et à cette occasion, Brutus et Cassius perdirent leur commandement provincial. Puis il quitta Rome et marcha avec son armée vers la Cisalpine dont il voulait se rendre maître avant la fin de son année consulaire.
14Avec l’imminence d’une nouvelle guerre civile, les forces politiques en présence à Rome auraient besoin de l’aide des gouverneurs des provinces occidentales. Sur le plan militaire. Lépide avait sous ses ordres quatre légions, Asinius Pollion le gouverneur de l’Espagne Citérieure, deux et Munatius Plancus, gouverneur de la Gaule Chevelue, trois37. Beaucoup de choses ont été écrites sur ces gouverneurs des provinces occidentales, sur leur trahison et leur double jeu38. Pourtant leur situation était loin d’être aisée et facile. Ils étaient soumis juridiquement à un Sénat souvent indécis et formé de différentes factions. Eloignés de Rome, ils n’étaient pas au cœur de la vie politique et de ses intrigues, et c’est pour cette raison qu’ils eurent souvent une attitude de prudence. Ils devaient aussi penser à leur avenir après la fin de leur gouvernement39.
2.2. L’entreprise de séduction de Cicéron
15De l’automne 44 à la fin de la guerre de Modèlle en avril 43, les sources sont pratiquement muettes sur Lépide. Seul Dion Cassius40, au début de l’année 43, fait état de prodiges funestes qui se sont abattus sur Rome. Il a précisé que parmi ceux-ci des chiens se promenaient dans Rome et hurlaient près de la maison du Grand Pontife Lépide. Or. Lépide joua pendant cette période un rôle actif, en particulier pour éviter la guerre civile. Cicéron, pendant ces quelques mois d’hiver, a essayé de l’attirer vers le camp du Sénat. Conscient du rôle et des forces des gouverneurs des provinces occidentales, Cicéron espérait leur appui et celui de leur armée pour contrer Antoine. Il avait déjà établi une correspondance suivie avec le gouverneur de Gaule Chevelue Munatius Plancus41. Il fit de même avec Lépide à partir du mois de mars 4342.
16Son entreprise de séduction avait commencé le 20 décembre, jour où il prononça la troisième Philippique. Il y présenta Lépide comme un clarissimus uir43. Mais, ce fut surtout dans la cinquième Philippique qu’il essaya réellement de se concilier Lépide. La Philippique fut prononcée le 1er janvier 43 dans un climat politique particulièrement houleux. En effet, pendant quatre jours, du 1er au 4 janvier, les sénateurs, après de nombreuses discussions étaient parvenus à prendre deux décisions. La première concernait les opérations militaires contre Antoine. Les deux nouveaux consuls, Hirtius et Pansa, accompagnés d’Octave, devaient partir pour la Cisalpine et faire la guerre à Antoine. Ce dernier tenait la ville de Modène occupée par Decimus Brutus. L’armée consulaire devait lever le siège et délivrer le gouverneur. Mais il existait à Rome un parti de la paix et Q. Fufius Calenus, un ami fidèle d’Antoine avait réussi à faire envoyer une délégation auprès d’Antoine. Cette députation gagnait du temps et évitait la déclaration de guerre tout en permettant des négociations. Évidemment Cicéron était hostile à une telle délégation et ne se faisait guère d’illusions sur la réussite de l’entreprise.
17La Ve Philippique se divise en deux parties. La première concerne Antoine. Cicéron y développe des arguments selon lesquels il ne faut pas envoyer de délégation à Antoine, mais au contraire décréter l’état d’urgence en donnant les pleins pouvoirs aux deux consuls par le biais du sénatus-consulte ultime. La seconde partie est consacrée aux honneurs. Quatre personnes sont honorées, parmi lesquelles Lépide. Sur la liste il vient après Decimus Brutus, mais avant Octave, et L. Egnatuleius44. La place des personnes honorées mérite attention. Cicéron a commencé par D. Brutus parce qu’il était le consul désigné de 42. Puis il est passé à Lépide et à Octave. Bien qu’en troisième position, ce fut à Octave que Cicéron réserve la plus grande place et les plus grands honneurs. Il proposa de lui conférer l’imperium avec le titre de propréteur, et de le faire siéger au Sénat parmi les anciens préteurs et de l’autoriser a briguer les magistratures sans tenir compte de son âge. De tels honneurs étaient la conclusion du rapprochement politique opéré entre les deux hommes depuis l’automne 44.
18Le paragraphe consacré à Lépide est construit de la façon suivante :
XIV, 38 : “A Lépide aussi, pour les éminents services qu’il a rendus à l’État, mon avis est qu’il y a lieu de décerner les honneurs les plus grands...”
19Ensuite Cicéron rapporte et interprète la fête des Lupercalia. Cette interprétation est très discutable, comme l’est également le passage consacré à Octave, où Cicéron lui prête des sentiments républicains en l’opposant à César45. Puis il rappelle la réussite de la médiation de Lépide avec Sextus Pompée.
XIV, 39 : “Pouvait-il, dieux immortels, rien arriver de plus admirable pour toutes les nations, de plus souhaitable pour le peuple romain, lorsqu’il était dans son paroxysme cette guerre civile, dont tous nous redoutions l’issue, que la voir étouffée par la sagesse et la clémence, plutôt que remise à la décision des armes et du fer ?...Ah ! si M. Lépide avait pu les sauver tous (Pompée Le Grand et son fils ainé Cnaeus) ! il a montré, comme il a pu, qu’il l’aurait fait, quand il rendit à la cité Sextus Pompée, brillant ornement de la République, le plus illustre témoignage de sa clémence”.
20Ce passage laisse penser que seul Lépide a été à l’origine du rappel de Sextus Pompée à Rome, ce qui, comme nous l’avons précédemment vu, est faux. On ne peut que s’interroger sur l’idée selon laquelle Lépide aurait pu sauver Pompée Le Grand, lequel n’avait pas hésité en 78 à tuer le frère aîné de Lépide et à battre son père. Puis Cicéron passe aux honneurs.
XV...“Je suis d’avis de rédiger un sénatus-consulte dans les termes suivants : Attendu que le général en chef et Grand Pontife M. Lépide a maintes fois mené avec succès les affaires publiques et que le peuple romain a reconnu en lui une aversion profonde pour le pouvoir monarchique : attendu que grâce à son activité, sa vaillance, sa sagesse, sa clémence et sa bonté singulières, la guerre civile la plus acharnée a pris fin... et le Sénat décrète que, conformément à une décision de notre ordre sénatorial une statue équestre dorée lui sera érigée sur les Rostres ou en tel lieu du Forum qu’il voudra. Cet honneur. Sénateurs, me paraît sans égal, d’abord parce qu’il est légitime (car il n’est pas décerné seulement en raison de l’espérance qu’on fonde sur l’avenir, mais pour récompenser d’immenses services). Et, de fait, nous ne saurions citer personne à qui un tel honneur ait été attribué par le Sénat dans une entière liberté de décision”.
21Cicéron se montrait beaucoup plus généreux qu’Antoine qui n’avait fait voter en novembre 44 que des journées d’action de grâces. Très peu d’hommes politiques avaient reçu une telle récompense46. La première statue équestre dorée avait été élevée pour Sylla en 81. C’était très habile, parce que le Sénat avait déjà fait élever une statue équestre à son ancêtre M. Aemilius Lepidus, Grand Pontife, censeur, et consul en 18747. Lépide, lorqu’il était triumuir monetalis l’avait rappelé. Cicéron, qui avait connaissance de ces monnaies, allait plus loin dans la surenchère en faisant élever une statue équestre dorée. Il pensait que l’érection d’une telle statue plairait à Lépide et qu’en remerciement, il choisirait peut-être la cause républicaine. Le Sénat suivit l’avis de Cicéron et une statue lui fut bien érigée. Elle fut détruite au cours de l’été 43 lorsque Lépide fut déclaré hostis publicus.
22Pour l’heure Lépide ne répondit pas à Cicéron. Il avait certainement conscience d’avoir reçu “un cadeau empoisonné” et Cicéron lui reprocha ce silence au mois de mars 43. Entre janvier 43 et le 20 mars 43 les sources ne font plus allusion à Lépide. Néanmoins, ce fut aussi au cours de ces mois que Lépide augmenta ses effectifs militaires pour avoir sept légions sous ses ordres en mai 43.
2.3. Les dernières tentatives de paix
23Au début de l’année 43 la situation en Gaule Cisalpine était la suivante. Decimus Brutus refusait de céder à Antoine la province et faisant mine de la quitter, s’était réfugié avec son armée dans la ville de Modène où Antoine l’encerclait complètement48. Le 4 janvier, à l’initiative des parents et amis d’Antoine et contre l’avis de Cicéron, le Sénat décida l’envoi d’une délégation composée de trois consulaires chargée de transmettre à l’ex-consul de 44 une offre de paix en forme d’ultimatum. Antoine devait lever le siège de Modène, renoncer à prélever sur la province des recrues et du ravitaillement, ramener son armée au sud du Rubicon et se soumettre à l’autorité du Sénat et du peuple romain49. La délégation fut de retour à Rome le 1er février et le Sénat se réunit le lendemain. Antoine avait refusé de se soumettre aux injonctions du Sénat mais avait laissé la porte ouverte à un compromis en faisant des contre-propositions50. La discussion qui s’en suivit fut houleuse et confuse parce qu’il existait toujours au sein du Sénat une faction favorable à Antoine et à la paix. Celle-ci était dominée par L. Calpurnius Pison, le beau-père de César, et Q. Fufius Calenus. Le 3 février le Sénat apprit qu’Hirtius venait d’occuper Claterna près de Bologne. Mais l’hiver entravant le mouvement des troupes, une trêve de fait s’instaura. Pison et Calenus, avec l’accord de Pansa, suggérèrent l’envoi d’une nouvelle délégation auprès d’Antoine. Cette dernière serait composée de cinq hommes parmi lesquels figurait Cicéron51. Mais ce dernier lit échouer le projet. Une lettre d’Hirtius et d’Octave en informa Antoine. Il leur répondit le 13 mars. Le contenu de la lettre n’est pas entièrement connu, toutefois un certain nombre de passages sont cités par Cicéron dans la treizième Philippique prononcée le 20 mars 4352.
24Lépide participa à ces négociations de paix en choisissant le camp d’Antoine. Trois lettres le prouvent. Chronologiquement la première lettre est la réponse d’Antoine à Hirtius et à Octave du 13 mars 43 et lue devant le Sénat le 20 mars. Cicéron dans la XIIIe Philippique critiqua vigoureusement ce courrier. Voici ce qu’avait écrit Antoine au sujet de Lépide :
42 “Pour moi, je suis résolu... 43 à ne pas violer mon alliance avec Lépide, un homme integrissime…”. Et Cicéron de répondre : “Toi, l’allié de Lépide ou de tout autre, je ne dirai pas citoyen comme lui, mais homme sensé ! tu cherches à faire passer Lépide pour un impie et un insensé. Tu le cherches en vain, (bien qu’il soit difficile de répondre d’autrui) à propos de Lépide en particulier, que je ne craindrai jamais, dont j’aurai bon espoir tant que je le pourrai. Lépide a voulu te détourner de ta folie furieuse et non pas seconder ta démence. Toi d’ailleurs, tu cherches des hommes non seulement intègres, mais intégrissimes, et ce mot, qui n’existe absolument pas dans la langue latine, ta merveilleuse intégrité te l’y fait introduire”. Antoine à la fin de sa lettre fait aussi allusion à Plancus : “et à ne pas trahir Plancus, associé à mes desseins”.
25Antoine faisait donc réference à une alliance passée avec Lépide. Mais de laquelle s’agissait-il ? De celle passée après les Ides de mars et qui prévoyait le mariage futur de leurs enfants respectifs ? Ou bien d’une alliance qui se serait formée au cours de l’hiver 44-43 pour éviter la guerre civile ? Il s’agit certainement de l’accord passé pendant l’hiver bien que nous n’en connaissions pas les conditions et les termes. La seule chose dont nous soyons certains est la mise en place de négociations entre Lépide, Antoine et Munatius Plancus.
26La deuxième lettre qui concerne Lépide est celle d’Asinius Pollion et est datée du 16 mars 4353. Le gouverneur de l’Espagne Citérieure apparaissait être un homme bien embarrassé qui agissait avec grande prudence en cherchant à gagner du temps. Il affirmait préférer la paix à la guerre. Il expliquait à Cicéron que, si ses courriers avaient du retard, c’était à cause de la multiplication des brigandages dans le massif de Castulo. Il déplorait ensuite la guerre civile, rappelant son attachement à César mais en se déclarant hostile à la domination d’un seul homme et était disposé à servir la cause de la liberté. Il en venait ensuite à Lépide (il avait reçu sa première lettre de Rome le 15 mars de Pansa) : “m’invitant à écrire au Sénat que je me tiendrai sous son autorité avec mon armée. Notons qu’une telle initiative, en un temps où Lépide proclamait en public et écrivait à tout le monde qu’il marchait avec Antoine, aurait été absolument contre-indiquée ; car avec quels ravitaillements aurais-je pu conduire des légions à travers la province de Lépide contre sa volonté ? Et, à supposer les autres étapes franchies, étais-je en mesure de survoler les Alpes, qui sont tenues par ses forces ? Ajoute à cela qu’il n’y avait aucun moyen de faire parvenir des lettres : en mille endroits, les courriers sont fouillés et ensuite retenus par Lépide”.
27Cette lettre va dans le même sens que celle qui fut écrite par Antoine à Octave et à Hirtius. Lépide se rapprochait d’Antoine. Asinius Pollion exagérait certainement la situation pour gagner du temps et pour éviter de faire la guerre. Toutefois Lépide gardait à l’encontre des autres gouverneurs de province une attitude de prudence et de méfiance qui s’explique par la complexité de la situation politique.
28Enfin, la dernière preuve de la prise de position en faveur de la paix et d’Antoine date du 19 mars. Ce jour-là arrivent à Rome deux lettres, l’une de Lépide, l’autre de Plancus. Le contenu de la lettre de Lépide n’a pas été conservé. Ces deux missives ont été lues au Sénat le 20 mars et ont été très mal accueillies. Les sénateurs y virent une menace concertée coïncidant avec la lettre d’Antoine54. Cicéron lit deux réponses à Lépide, la première orale, devant tout le Sénat réuni, par le biais de la treizième Philippique, la seconde, écrite à l’intéressé le soir même.
29La XIIIe Philippique est construite en trois parties, la première est un long exposé dans lequel Cicéron insiste sur le fait qu’on ne peut pas faire la paix avec Antoine. Lépide fait l’objet de la deuxième partie. Dans un très long paragraphe, il rappelle d’abord les honneurs qui avaient été conférés à Lépide pour sa négociation avec Sextus Pompée55. Au paragraphe suivant. Cicéron en profite pour vanter les mérites de Sextus Pompée et pour exiger complète réparation des dommages qu’Antoine avait causés à son patrimoine. Puis il revient à Lépide qu’il blâme :
“Quant à M. Lépide, il doit aussi éviter de montrer plus d’arrogance qu’il n’est dans son caractère. 14 S’il veut nous effrayer par son armée, il oublie que cette armée est celle du Sénat et du peuple romain, de la République entière, et non la sienne. Mais dira-t-on, il peut l’utiliser comme si c’était la sienne. Comment donc ? Pour les gens de bien tout ce qui peut se faire est-il à faire, même des actes honteux, de plus infâme, de moins conforme au devoir que d’oser contre le Sénat, contre les citoyens, contre la patrie, faire marcher une armée ? Quoi de plus blâmable que de faire ce qui n’est pas permis ? Or, il n’est permis à personne de faire marcher une armée contre la patrie, s’il est vrai que nous entendons par permis ce que les lois, ce que la coutume des ancêtres et les institutions autorisent. Car il n’est pas permis à chacun de faire ce qui lui est possible et l’absence d’un obstacle ne suffit pas à permettre. A toi. Lépide, autant qu’à tes ancêtres, la patrie a confié une armée pour sa défense. Avec elle, tu repoussseras l’ennemi, lu étendras les limites de l’empire, tu obéiras au Sénat et au peuple romain, ils te donnent une autre destination”.
30Ce dernier passage est le plus important de la Philippique parce qu’il concerne l’armée. Avec ses sept légions, Lépide devenait le gouverneur des provinces occidentales le plus puissant sur le plan militaire56. Les craintes de Cicéron étaient somme toute fondées. Si Lépide, avec son armée, aidait Antoine, les chances de succès de la cause sénatoriale étaient compromises. L’armée de Lépide pouvait aussi s’opposer au passage de Pollion ou de Plancus parce qu’il pouvait couper les voies de communication, routes et cols qui menaient en Cisalpine. C’est certainement pour ces raisons que Cicéron rappelle à Lépide que l’armée était d’abord celle du Sénat et du peuple romain et non celle d’un seul homme. Il termine son paragraphe en critiquant de nouveau Antoine.
31La réponse écrite faite à Lépide le soir même du 20 mars est d’une extrême sécheresse et s’articule autour de trois points. Cicéron lui reproche de ne pas avoir remercié le Sénat pour l’érection de la statue équestre dorée. Ensuite il condamne fermement sa prise de position en faveur de la paix qui rétablirait un homme dépravé, Antoine. Enfin, il l’invite à se tenir à l’écart de toute tractation57 :
32Lépide ne répondit pas à Cicéron. Ce dernier dans une lettre adressée à Brutus58 le 11 avril, ne se fait pas beaucoup d’illusions sur Lépide et sur son éventuel soutien pour la Libertas.
“I Quant à Lépide, à qui t’unissent des liens étroits (Lepidi, lui necessari) mais qui, d’après son frère, n’a que haine pour les plus proches de ses parents par alliance, sa légèreté, son inconsistance et ses dispositions toujours hostiles à la République t’apparaissent clairement aujourd’hui, j’en suis convaincu par les lettres des tiens”.
33C’est une des lettres qui a servi à ternir la réputation de Lépide59. Le jugement porté par Cicéron, dans une lettre à caractère privé, est extrêmement sévère pour Lépide. Les termes employés sont forts : légèreté, leuitas, inconsistance, inconstantia. Ce furent ces mêmes mots que Cicéron reprit dans sa correspondance avec Cassius et Brutus au mois de juillet, lorsque Lépide rejoignit définitivement le camp d’Antoine. Cette lettre ne peut être comprise que replacée dans le contexte politique de l’époque. Cicéron était amère parce qu’il avait compris que Lépide ne servirait certainement pas sa cause. Elle mérite aussi attention parce que c’est une des rares missives où sont évoquées les relations familiales de Lépide. C’est la seconde fois que son frère Paullus est cité. Au mois d’avril 4460 Paullus faisait allusion à une machination faite contre Lépide et il en était affecté. Un an plus tard, à en croire Cicéron, le ton a changé. Paullus porte un jugement extrêmement critique à l’égard de Lépide : “il n’a que haine pour les plus proches de ses parents par alliance”. Paullus fait ici allusion à Brutus et à Cassius. L’explication est politique, les deux frères avaient déjà choisi des voies politiques différentes et comme l’a bien montré R. D. Weigel, Paullus était proche des Républicains61.
34Pour l’heure, les tentatives de paix mises au point par Antoine avaient échoué. Dès le 15 mars Hirtius avait repris sa marche vers Modène et la guerre avait commencé.
3. Lépide et la guerre de Modène
35La guerre dite de Modène se déroula sur deux fronts et il y eut deux batailles62. La première se déroula à Forum Gallorum (Castelfranco) au sud-est de Modène le 14 et 15 avril. La première journée, Antoine mit en pièces l’armée de Pansa qui fut grièvement blessé. Mais le soir, Hirtius accouru avec la IVe légion, lui fit subir de lourdes pertes. Antoine ayant perdu la moitié de ses effectifs, se regroupa à Forum Gallorum avant de rejoindre le reste de l’armée à Modène. La seconde bataille eut lieu le 21 avril devant la ville même de Modène. Antoine fut vaincu par les forces d’Hirtius mais non totalement mis en déroute. C’est après une discussion avec son état-major qu’il décida de ne pas poursuivre la bataille et de partir vers la Transalpine.
3.1. L’envoi d’une cohorte prétorienne
36A la demande du Sénat63, Lépide participa à ces batailles en envoyant une cohorte prétorienne commandée par un de ses légats M. Iunius Silanus64. Ce détachement a dû quitter le sud de la Gaule le 7 ou 8 avril si on tient compte de la lettre de Ser. Sulpicius Galba adressée à Cicéron qui rapporte la présence de la cohorte de Silanus le 14 avril65. Il fallait compter cinq ou six jours de marche de la Transalpine pour atteindre la Cisalpine. L’envoi de ce contingent vers Modène soulève la question des instructions données par Lépide à Silanus. En effet, dans une lettre envoyée à Cicéron, le futur triumvir désavoue son légat qui avait rejoint Antoine66. Ce désavœu est corroboré par le récit de Dion Cassius67. Il paraît tout à fait improbable que Lépide n’ait pas donné d’ordres précis à Silanus68. En revanche, cette attitude équivoque s’explique par la situation politique. Lépide avait déjà choisi la cause d’Antoine des le mois d’avril mais il lui était impossible de le proclamer. Mais en même temps il voulait éviter le plus longtemps possible une rupture avec le Sénat, d’où cette missive où il désavoue son lieutenant tout en laissant croire à Cicéron son attachement à la cause sénatoriale. C’était un procédé assez fréquemment utilisé en ces temps troublés. Plancus lit de même en confiant à ses ambassadeurs auprès du Sénat et de Cicéron, des lettres fort neutres, mais des promesses orales très engagées69.
37Antoine devenait hostis publicus le 27 avril. Étant soumis juridiquement au Sénat, Lépide devait agir avec la plus grande prudence pour ne pas risquer de l’être à son tour.
3.2. Les conséquences de la guerre de Modène (fig. 1)
38Sur le plan politique, la défaite d’Antoine à Modène eut des conséquences importantes. A Rome, lorsque la victoire de Forum Gallorum fut connue, le Sénat se réunit le 21 avril et sur proposition de Cicéron, vota cinquante jours d’action de grâces aux deux consuls et à Octave et tous les trois furent proclamés imperatores. Toutefois Cicéron ne put obtenir qu’Antoine soit déclaré hostis. La victoire de Modène fut connue le 26 avril et le Sénat proposa une ovation pour Octave70 et le triomphe pour D. Brutus qui, de plus, avait pour mission de continuer la guerre et de diriger les légions des deux consuls disparus. Ce vote fut une grave erreur de la part du Sénat et de Cicéron. Le jeune Octave prit ombrage de ces mesures. Resté en Cisalpine, il refusa de remettre les légions de Pansa à Decimus Brutus et refusa également de prendre ses ordres, à savoir couper la route à Ventidius Bassus et l’empêcher de rejoindre Antoine. Enfin, le Sénat donna l’ordre à Lépide, Plancus et Pollion d’attaquer Antoine lorsqu’il serait en Transalpine71.
39Antoine était battu mais il avait gardé une partie de ses troupes. Il réunit son état-major le 21 avril au soir. Appien72 précise que deux possibilités s’offraient à lui, soit poursuivre la bataille comme le lui suggéraient ses amis, soit partir. Antoine avait peur que les forces d’Octave aillent sur Modène et qu’il soit lui-même cerné par des circonvallations. “Dans ce cas-là, ajouta-t-il, ma cavalerie me deviendra inutile ; et vaincu, je serai dédaigné par Plancus et par Lépide. Si au contraire nous levons le siège de Modène, Ventidius nous amènera sur le champ trois légions de renfort du pays des Picènes. Lépide et Plancus viendront se joindre à nous avec confiance. Ce fut ainsi qu’Antoine motiva sa détermination”. Ce choix pouvait paraître très discutable parce qu’Antoine, au bout de ce long siège de quatre mois pouvait encore renverser la situation. Mais s’il a préféré choisir la retraite, c’est parce qu’il avait l’assurance du soutien de Lépide et de Plancus. En ce qui concerne Lépide, l’envoi de la cohorte de Silanus en était déjà une. Il prenait, somme toute, un risque très calculé. Donc, dès le 22 avril, Antoine leva le siège de Modène et fit route vers l’Ouest en suivant la uia Aemilia en direction de Parme et de Plaisance. Il évita de s’engager dans les vallées alpines et préféra rejoindre la route côtière par le golfe de Gênes en traversant l’Apennin. Le 3 mai il faisait sa jonction avec les trois légions de Ventidius Bassus qui avait su éviter toute rencontre avec les troupes d’Octave restées en Cisalpine.
40Entre-temps à Rome, le Sénat apprit également que la cohorte de Silanus avait choisi le camp d’Antoine. Dion Cassius rapporte les faits suivants73 : “Les sénateurs en effet, quand ils apprirent que Silanus avait agi en faveur d’Antoine, craignirent que Lépide et Lucius Plancus ne se joignissent à lui ;... 4... ils leur ordonnèrent de fonder une colonie au profit de ceux qui avaient autrefois été chassés de Vienne en Narbonnaise par les Allobroges et qui s’étaient installés au confluent du Rhône et de la Saône. 5 Étant ainsi restés en Gaule, ils fondèrent la ville du nom de Lugdunum”.
41Cette mesure du Sénat a été largement commentée par les historiens. Sur le plan politique, si l’on suit Dion Cassius, c’était une mesure de diversion. Cependant, comme l’a montré Chr. Goudineau, il s’agissait avant tout de la mise en place d’un projet césarien74. Il semble que César avait prévu d’installer à Vienne une colonie de vétérans, mais devant l’hostilité des Allobroges, il avait renoncé à ce projet. En conséquence, le Sénat dut choisir un nouveau site. Il ne fait aucun doute que la fondation de la colonie de Lugdunum fut l’œuvre de L. Munatius Plancus. Reste à savoir si Lépide y participa.
3.3. Lépide et la fondation de Lyon
42L’unique point établi dans ce dossier est que seul Dion Cassius a fait mention de Lépide dans la fondation de Lyon75. Trois études importantes ont été consacrées à cette question et méritent d’être reprises.
43A. Audin considère que Lépide a bien reçu l’ordre de fonder la colonie en même temps que Plancus. Son argumentation repose sur deux points. Le premier est juridique. Lépide comme gouverneur de Transalpine, pouvait-il fonder une colonie hors de son territoire ?76 A. Audin répond de manière positive en développant l’idée suivante : le camp de Lugdunum était revêtu d’une sorte d’extraterritorialité qui le rendait indépendant de la Gaule Transalpine ou de la Gaule Chevelue77. Il cite une lettre de Sénèque adressée à Lucilius qui parle de Lyon en ces termes : “opulente cité, ornement des provinces où elle était à la fois enchâssée et distincte, inserta erat et excepta”. En admettant ce raisonnement, le statut particulier de Lyon permettait à Lépide d’accéder à ce camp. Le second argument est géographique. A. Audin fait état d’une lettre de Lépide78 du 18 mai dans laquelle le futur triumvir écrit à Cicéron, qu’il se trouve avec son armée confluente Rhodano, au confluent du Rhône. Pour A. Audin, il ne peut s’agir que du confluent du Rhône et de la Saône ; d’ailleurs plus tard lorsque les Gallo-Romains parleront du lieu du sanctuaire fédéral des Trois Gaules, ils le situeront ad confluentem sans autres précisions. C’est suffisant pour comprendre qu’il s’agit du confluent de Rhône et de la Saône. Enfin l’auteur met en relation le récit de fondation de Dion Cassius avec la lettre de Lépide, les deux textes étant pour lui inséparables et complémentaires. Quant à la date du décret, il aurait été voté entre le 18 avril et le 14 mai. Le Sénat préjugeait de la présence de Lépide au camp du confluent et cherchait à l’y retenir. Mais à partir du 18 mai Lépide quitte le camp pour descendre en Transalpine rencontrer Antoine.
44M. Rambaud a développé une hypothèse assez proche de celle d’A. Audin. Il pense également que Lépide a participé à la fondation de Lyon79. Il reconstitue l’épisode de la façon suivante. D’abord, la place de la fondation de Lyon dans le récit de Dion Cassius n’implique aucune chronologie, elle fait partie d’un épisode secondaire. Silanus a dû passer à Antoine courant janvier. Avant la fin de ce même mois, le Sénat décide d’envoyer Plancus et Lépide dans la région lyonnaise. C’était le meilleur moyen de les occuper, voire de les neutraliser80. Certes Lépide était gouverneur de Gaule Transalpine et en pure théorie il n’avait pas à aller en Gaule Chevelue, mais on pouvait admettre sa présence dans la mesure où il installait en Gaule Chevelue des colons qui, juridiquement, constituaient la cité romaine ou latine de Vienne81. Pour la date de fondation, M. Rambaud propose, soit le mois de février, soit le début du mois de mars, à une époque où Plancus et Lépide entretenaient de bonnes relations.
45J. Guey, tout en reprenant les analyses d’A. Audin et de M. Rambaud, avance que L. Munatius Plancus “en toute certitude a fondé Lyon et, en toute probabilité, que Plancus est le seul fondateur de la colonie”82. Il ne reprend pas l’argument de l’extraterritorialité du camp de Lyon, parce que selon lui, un fondateur de colonie peut ne pas être le gouverneur de la province83. En 118 a.C., L. Licinius Crassus (trium)uir col. deci, non encore questeur, fonda Narbonne avec Cn. Domitius Ahenobarbus, qui n’était pas encore tribun de la plèbe. En 44 a.C.. Ti. Claudius Nero, questorien, fonda Arles. Mais surtout, il n’existe aucune preuve de la fondation de Lyon par Lépide. Généralement, lorsque deux personnes fondent une colonie, le souvenir en est gardé. C’était le cas de L. Licinius Crassus et de Cn. Domitius Ahenobarbus, fondateurs de Narbonne et qui sont célébrés tous les deux au revers d’un denier84. Pour Lyon, il existe différents témoignages qui ne font allusion qu’à un seul fondateur. Une monnaie datée de 4385, l’épitaphe de Plancus où il se dit le fondateur de Lyon86, une mention de Suétone consacrée à Plancus87, un médaillon d’applique du IIIe siècle p.C., qui ne met en présence qu’un seul fondateur88. Enfin, on trouve une gens Munatia dont l’origine peut remonter au fondateur de la ville89.
46La thèse développée par J. Guey nous semble de loin la plus convaincante. Lépide n’a pas participé à la fondation de Lyon, et ce, pour plusieurs raisons. Le fait que seul le souvenir de Munatius Plancus soit gardé en est une. Si Lyon avait bien ce statut d’extraterritorialité cher à A. Audin, on ne voit pas pourquoi comme pour Narbonne, le nom des deux fondateurs n’aurait pas été gardé. M. Rambaud y voit déjà une domination du Sud par le Nord90. Pour notre époque cela n’a aucune signification. Nous pensons au contraire que si Lépide avait été co-fondateur, le souvenir serait resté au moins sur la monnaie de 43. Ensuite, en admettant que Dion Cassius ne se soit pas trompé, à quelle date aurait-il pu fonder Lyon ? Certes, sur le plan chronologique, le récit de Dion Cassius pose de nombreuses interrogations. Mais les dates proposées par M. Rambaud ne peuvent pas être retenues. Il n’est pas possible d’admettre que Silanus soit passé à Antoine au mois de janvier. Nous pensons au contraire que ce dernier a été envoyé par Lépide au mois d’avril. Lépide s’en excuse auprès de Cicéron au mois de mai. Nous croyons également que le Sénat a dû réagir à la trahison de Silanus après la victoire de Forum Gallorum vers le 21 avril91. Or. les sénateurs ne pouvaient demander à Lépide d’aller fonder Lyon après le 21 avril et quelques jours plus tard, lorsqu’ils apprirent la victoire de Modène, lui ordonner d’aller a la rencontre d’Antoine pour lui faire la guerre. Il nous semble plutôt que Dion Cassius se soit trompé en ce qui concerne Lépide. Il n’a jamais reçu l’ordre du Sénat d’aller fonder la colonie de Lyon. Au printemps 43, il était stationné en Transalpine où il savait qu’il pouvait jouer un rôle politique.
Notes de bas de page
1 Plusieurs biographies ont été écrites sur Sextus Pompée au XIX e siècle, mais on retiendra surtout celles du XXe siècle, en particulier la biographie de référence de Hadas 1930, qui a essayé de réhabiliter le fils du Grand Pompée. Il convient aussi de citer l’article de Miltner 1952 : RE, 21, 2, s.v. S. Pompeius Magnus, col. 2213-2250, la thèse de Schor 1978 et Powell & Welch 2002. On peut également lire l’introduction de Freyburger & Roddaz 1994, pour les Livres 48 et 49 de Dion Cassius, LXXI-XCIV.
2 App., BC., 4.83.
3 Cic„ Fam., 11.1.4, Rome, 22 mars 44 : “Or ceux-ci (Sextus Pompée et Caecilius Bassus) vont à mon sens, se renforcer avec la nouvelle de ce qui vient d’arriver à César. Il sera bien temps de les rejoindre quand nous connaîtrons leur force”.
4 Gabba 1970b, 153 ; Roddaz 2000, 265.
5 Cic., Att., 16.4.2. Domaine de Pouzzoles, 10 juillet 44 : “... D’autre part, ils annoncent que Sextus a été devant Carthagène avec une seule légion et qu’il fut informé du sort de César le jour même où il s’était emparé de la ville de Baréa. La prise de la ville fut suivie d’une explosion de joie”. La ville de Baréa se trouvait en Ultérieure, c’est l’actuelle Villaricos de Almeria.
6 D.C. 45.10.6.
7 D.C. 45.10.6.
8 Cic.. Att., 14.1.2. Propriété de Matius, près de Rome, 7 avril 44 : “De ton côté, je t’en prie, ne tarde pas à m’informer de toutes les nouvelles (j’en attends un bon nombre), entre autres s’il y a confirmation pour Sextus...”. Att., 14.4.1. Lavinium, 10 avril 44 : “... Je redoute aussi les guerres en Gaule, et même de voir où pourrait resurgir Sextus”. Att., 14.8.1. Logis de Sinuessa, 16 avril 44 : “... j’attends avec impatience de savoir ce que font les Gaulois, les Espagnols, Sextus ; tu m’éclaireras évidemment sur ces points comme sur les autres”.
9 Cic., Att., 13.4. 2. Domaine de Pouzzoles, 26 avril 44 : “Cependant s’il doit y avoir la guerre civile, or elle aura lieu sûrement si Sextus reste sous les armes, comme j’en suis sûr qu’il le fera. Je ne sais où sera notre devoir ; car il ne sera plus possible de rester neutre, comme cela le fut au temps de la guerre de César”.
10 Cic., Att., 16.4.1. Domaine de Pouzzoles, 10 juillet 44 : “Sur ces entrefaites arriva Libo ; d’après lui, un affranchi de Pompée, Philon, et son propre affranchi Hilarus étaient arrivés de chez Sextus, avec une lettre adressée aux consuls... Il nous en a lu une copie, pour avoir notre avis... Nous n’avons souhaité qu’une addition : l’adresse était libellée aux ‘consuls’ seuls ; on a ajouté aux préteurs, aux tribuns de la plèbe et au Sénat”.
11 App., BC., 3.4 : “Et quand Antoine proposa de faire venir d’Espagne Sextus Pompée (fils du Grand Pompée, toujours regretté par tous les sénateurs), qui guerroyait encore contre les lieutenants de César, de prendre sur les fonds publics cinquante millions de drachmes attiques en dédommagement pour la confiscation de la fortune paternelle, de le nommer désormais commandant de la mer, comme l’avait été son père, et de lui donner l’usage immédiat des bateaux romains en tout lieu pour parer aux urgences, le Sénat, émerveillé, accueillit avec enthousiasme chacune de ces propositions, et passa une journée entière à chanter les louanges d’Antoine”.
12 D.C. 45.10.6 : “... mais alors qu’il était déjà puissant (Sextus Pompée), Lépide arriva pour gouverner l’Espagne limitrophe, et il le convainquit de conclure un accord pour recouvrer les biens de son père”.
13 Antoine possédait la maison de Pompée dans les Carènes, ses jardins et une autre propriété à Rome ainsi que quelques propriétés d’été dont celle de Tusculum. Cicéron énumère ses biens dans la IIe et la XIIIe Philippiques. Il semble qu’ils aient été achetés plus ou moins frauduleusement. Voir Shatzman 1975, 299, n. 71.
14 D.C. 45.10.6 : “Et Antoine, tant par amitié pour Lépide que par haine pour César, lit voter cet accord”. Voir Bertrand-Ecanvil 1996, 285. Comme le remarque justement E. Bertrand-Ecanvil, la restitution des biens à Sextus Pompée ne devait pas arranger Antoine.
15 Lowe dans Powell & Welch 2002, 71.
16 Hadas 1930, 63.
17 Cic., Att.. 16.4.2. Domaine de Pouzzoles, 10 juillet 44.
18 Hadas 1930, 61.
19 D.C. 45.9.4 ; 45.10.9.
20 D.C. 48.17.1 ; Cic.. Phil., 5.41 et Phil., 13.8.
21 App„ BC., 3.4 ; BC., 4.12 ; Vell. 2.73.2 ; D.C. 45.10.6 ; App., BC., 5.94 ; Cicéron, dans la treizième Philippique fait état de sept cents millions de sesterces. Sur la question de la confiscation des biens et leur restitution on peut se référer à Jal 1967,412-445 et à Salerno 1990.
22 Flor. 2.18.4. Cf. Guilhembet 1992,794.
23 D.C. 48.36.5.
24 Freyburger & Roddaz, 1994. LXXVI.
25 App., BC.. 3.4 ; BC., 4.84.
26 Cic., Phil., 13.12.
27 D.C. 46.40.3 ; 47.12.2 ; Vell. 2.73.2. MRR, II, p. 348. Appien précise que ce commandement s’apparentait à celui qu’avait reçu son père contre les pirates, tandis que Velleius Paterculus indique seulement qu’il avait pour mission de défendre les côtes.
28 RRC, p. 520, no 51 I. On retrouve sur les monnaies émises par Sextus Pompée la formule ex Senatus Consul lo.
29 Halkin 1953, 64.
30 Cic., Phil., 13.12.
31 Cic., Att.. 16.11.8.
32 Cic., Phil., 5.38-41. Voir Tanner 2000. 25-26.
33 Lépide utilisa cette itération au mois de mai 43 dans sa correspondance. Voir Fam., 10.34a et Fam., 10.35.
34 Sur Octave : Lévi 1933 et Alföldi 1976.
35 L’adoption n’était qu’une clause subsidiaire du testament et une pratique courante de l’aristocratie romaine. Il serait exagéré d’y voir une intention dynastique. Sur ce sujet : Schmitthenner 1973 ; Lemosse 1975, 369-395.
36 Schmitthenner 1958 ; Botermann 1968 ; Ortmann 1988.
37 App., BC., 3.46.
38 Carcopino 1947, I. 393-395 et 1947, II, 376-378. En parlant de Pollion, Lépide et de Plancus, Carcopino 1947, II, p. 376 : “l’hypocrisie subtile ou brutale de ces traîtres de comédie”.
39 Perrochat 1957, 172-183 : Rambaud 1958, 106. Sur Asinius Pollion : André 1946, 151-169 ; id. 1949 ; Morgan 2000, 51-69.
40 D.C. 45.17.7 : “De nombreux chiens se rassemblaient la nuit par toute la ville et en particulier devant la maison du Grand Pontife, Lépide, et poussaient des hurlements”. Il devait s’agir de la domus publica, sur la via sacra, lieu de résidence habituelle du Grand Pontife. Le présage semble avoir une double signification : il annonçait à la fois les malheurs du peuple romain et la déchéance de Lépide. Voir Bertrand-Ecanvil 1996, 301 ; Guilhambet 2001, 221.
41 Cette correspondance nous est parvenue par les Lettres Familières X et suivantes. Voir Rambaud 1958.
42 Weigel 1992, 53. Comme le remarque justement cet auteur, Cicéron semblait se méfier de Lépide. Il n’était pas du tout certain qu’il se rallie à la cause républicaine.
43 Cic., Phil., 3.23. Cicéron avait rappelé qu’Antoine avait fait voter une supplicatio à Lépide et il en profita pour l’appeler clarissimus uir.
44 Ce dernier personnage avait apporté la IVe légion à Octave.
45 Cic., Phil., 5.18.49-50.
46 Lahusen 1983, 79-80 : Tanner 2000, 25-26 montre bien que cette statue dédiée à Lépide n’était pas un honneur mais un cadeau. Ce cadeau avait pour but d’obliger Lépide à avoir de la gratitude à l’égard de Cicéron.
47 Le souvenir de cette statue a été conservé par un denier de Mn. Aemilius Lepidus daté des années 114/113 (RRC, no 29l). Cette monnaie représente l’aqueduc commencé par M. Aemilius Lepidus surmonté par la statue équestre du même homme. Voir Meadows & Williams 2001, 39, n. 62.
48 App., BC., 3.49.
49 App., BC., 3.61.
50 App., BC., 3.62 ; D.C. 46.29.3 ; Cic., Phil., 8.7.23-27. Il se déclarait prêt notamment à abandonner la Cisalpine à condition de garder la Gaule Chevelue et six légions durant les cinq années à venir, aussi longtemps que M. Brutus et C. Cassius garderaient l’imperium proconsulaire, après avoir exercé en 41 le consulat auquel ils avaient droit.
51 D.C. 46.31-32 ; Cic., Phil., 12.1-5.
52 Cic., Phil., 13.22.8.
53 Cic., Fani., 10.31. Cordoue, 16 mars 43.
54 Rambaud 1958, I 10.
55 Cic., Phil.. 13.4.
56 App., BC., 3.84 : “... et Lépide devenait son allié avec ses sept légions d’infanterie lourde, une foute d’auxiliaires et un matériel considérable”. L. Munatius Plancus et C. Asinius Pollion en avaient respectivement cinq et trois. Voir Brunt 1971.479.
57 Cic., Fam., 10.27, Rome.
58 Cic.. Brut., 2.2. Rome, 11 avril 44.
59 Sur la réputation de Lépide, à titre d’exemple, Syme 1967, 162 qui insiste sur son caractère faible et qui le traite de “nullité”.
60 Cic., Att., 14.8.1. Logis de Sinuessa.
61 Weigel 19796,637-646.
62 Pour les sources : App., BC, 3.59-72 ; D.C. 46.35-40 ; Cic., Fam., 10.30. Sur la guerre de Modène : Frisch 1946,267-276 ; Manfredi 1972, 126-145 ; Keppie 1998.
63 D.C.46.29.6.
64 D.C. 46.38.5. M. Iunius Silanus resta ensuite aux côtés d’Antoine, avant de se rallier à Octavien. Il ne doit pas être confondu avec son homonyme qui fut proscrit. Voir Hinard 1985a, 479-480.
65 Cic., Fam., 10.30.1. Cette lettre écrite à Cicéron au camp de Bologne le 15 avril 43 relate de manière détaillée la bataille de Franco Gallorum : “Le 14 avril, jour où Pansa devait être rendu dans le camp d’Hirtius je me trouvais avec lui, car je m’étais avancé de cent milles à sa rencontre pour qu’il arriva plus tôt. Antoine fit sortir deux légions, la IIe et la XXXVe, deux cohortes prétoriennes, la sienne et celle de Silanus, et une partie des rappelés”.
66 Cic., Fam., 10 34. 2. Camp de Pont d’Argens. 18 mai ou peu après : “Silanus et Culleo l’ont quitté ; pour ma part, bien qu’ils m’aient gravement offensé en se ralliant à Antoine contre ma volonté, néanmoins, cédant à mes sentiments d’humanité et d’étroite amitié, je leur ai laissé la vie sauve”.
67 D.C. 46.38.5-7 : “Ce dernier (Antoine)... reprit courage avec l’arrivée de troupes que lui avait envoyées Lépide. En effet, Lépide lui-même n’avait pas indiqué clairement auquel des deux camps il envoyait le contingent... il ne donna pas d’ordre clair au commandant Marcus Silanus ; mais ce dernier, connaissant sans doute son avis, arriva de son propre chef auprès d’Antoine”.
68 Grattarola 1990, 139.
69 Cic., Fam., 10.7.1 ; Fam., 10.6.1.
70 La proposition de Cicéron ne fut pas adoptéee. Voir Cic., Brut., 1.15.9
71 App., BC., 3.74.
72 App., BC., 3.72.
73 D.C. 46.50.3-6.
74 Goudineau 1986, 171-173. L’auteur ne prend pas position sur le fait de savoir si Lépide fut avec Plancus, le fondateur de Lyon.
75 Sur la fondation de Lyon : Jullian 1920,29-30 ; Rambaud 1958, 103-128 ; Audin 1958, 315-325 ; Guey 1959, 128-173 ; Rambaud 1964. 252-277 ; Audin 1979, 51-53 : Pelletier & Rossiaud 1990 : Pelletier 1999.
76 Rambaud 1958, 125, sur cette même question avait répondu par la négative. Guey 1959, 135, était plus nuancé.
77 Audin 1979, 318.
78 Cic., Fam., 10.34.
79 Rambaud 1958, 120.
80 Rambaud 1958, 125.
81 Rambaud 1958, 125.
82 Guey 1959, 133.
83 Guey 1959, 135, n. I.
84 Guey 1958, 133, n. 6. Sydendam 1952, 65, no 520.
85 II s’agit d’un petit bronze colonial avec la mention Copia Felix Munatia ; voir Grant 1946, 209.
86 CIL, X, 6087. In Gallia colonias deduxit Lugudunum et Rauricam.
87 Guey 1959, 133, n. 2 ; Cum Galliam regeret Comatam. Lugdunum condidit.
88 Guey 1959, 133, n. 3 ; Wuilleumier & Audin 1952, 68-72. no 97-103.
89 Guey 1959, 133, n. 5 ; CIL, XIII, 1937 et 1961.
90 Rambaud 1958, 125.
91 La question reste entière pour Plancus. Lire les différentes hypothèses exposées par les auteurs cités. En dernier lieu. Pelletier 1999, 14-18.
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