Chapitre V. Des Ides de mars au départ pour les provinces
Mars 44-avril 44
p. 77-87
Texte intégral
1L’assassinat de César ouvrit à Rome une période de troubles et d’agitation. Les conjurés n’avaient pas de programme politique précis, et ils pensèrent que la seule mort de César suffirait à revenir à la vie publique traditionnelle. Il n’en fut rien, la dictature de César avait bouleversé profondément la vie politique à Rome et l’indécision et l’impuissance des conjurés entraînèrent de nouveaux troubles qui ensanglantèrent Rome et l’Italie.
2La période qui s’étend entre la mi-mars 44 et novembre 43, date de la mise en place du second Triumvirat, fut d’une grande complexité sur le plan événementiel. Lépide y joua un rôle de premier plan puisqu’il fut en novembre 43 à l’origine de la formation du Triumvirat. Pourtant, les auteurs anciens mettent surtout l’accent sur l’action d’Antoine, d’Octave, de Cicéron et du Sénat. Néanmoins l’importance politique de Lépide fut bien perçue par Cicéron qui, tout au long de la période, essaya de lui faire rejoindre le camp de la Libertas, c’est-à-dire le camp du Sénat et de la République1.
I. Lépide aux Ides de mars
3Ce fut vers onze heures du matin que César fut assassiné de vingt-trois coups de couteau par une soixantaine de conjurés2, au Champ de Mars, dans la Curie de Pompée, au pied même de sa statue, devant le Sénat réuni3.
4A partir de là, les témoignages des historiens divergent, parce qu’ils ont tendance à mettre dans l’après-midi et la soirée du 15 des événements qui se déroulèrent le lendemain. Mais tous les auteurs sont d’accord sur un point : le meurtre de César entraîna une confusion et une panique générales au Sénat puis dans Rome4.
5Antoine, le consul de 44, avait été épargné par la volonté de M. Iunius Brutus et C. Trebonius l’avait retenu hors de la Curie avec quelques conjurés. Lorsqu’Antoine apprit la mort de César, il prit la fuite déguisé en esclave5 ou habillé en homme du peuple6. Craignant pour sa vie, il se barricada chez lui7 et il n’intervint qu’au cours de l’après-midi ou de la soirée8. Mais Antoine comprit rapidement que César mort, le consulat redevenait la plus haute magistrature de la République et qu’il représentait la légalité. De leur côté, les sénateurs effrayés et ignorant les plans des conspirateurs se précipitèrent aussi chez eux et répandirent la panique dans toute la ville. Quant aux conjurés, ils quittèrent la Curie et allèrent au Capitole rendre grâces aux dieux9. Ils furent accompagnés de sympathisants et M. Brutus y prononça un discours bref et modéré10.
6Pour ce qui concerne Lépide, les historiens sont en désaccord sur l’endroit dans lequel il se trouvait au moment du meurtre. Selon Plutarque11 : “Antoine et Lépide, les plus grands amis de César, s’esquivèrent et cherchèrent refuge dans des maisons autres que les leurs”. Cet extrait laisse supposer la présence du maître de la cavalerie dans la Curie de Pompée. Appien rapporte que Lépide se trouvait au milieu du Forum lorqu’il eut connaisance de la mort du dictateur12 et Dion Cassius écrit que Lépide était dans les environs de Rome et faisait des manœuvres militaires13.
7Le témoignage de Plutarque doit être écarté parce que d’une part, aucun autre auteur ne mentionne la fuite de Lépide et d’autre part, dans ses autres Vies, l’auteur grec ne reprend pas ce fait14. Donc, au moment de l’assassinat du dictateur. Lépide était soit dans Rome intra muros, soit à proximité de l’Vrbs15. Nous ne savons pas à quel moment il apprit la mort de César, mais Dion Cassius et Appien rapportent de la même façon que Lépide sut agir avec rapidité en prenant la décision de faire intervenir la troupe. Appien16 : “Il se précipita sur Pile au milieu du fleuve où il gardait une légion de soldats et la fit passer au Champ de Mars afin de l’avoir plus facilement sous la main pour exécuter les ordres d’Antoine”. Dion Cassius17 : “Lépide, lorsqu’il apprend ce qui s’est passé, occupa le Forum la nuit avec ses soldats et prononça un discours contre les assassins”.
8Selon R. Syme, la mort du dictateur mettait Lépide dans une situation insolite et favorable18. En effet. Lépide se retrouvait sans pouvoir à Rome, puisque le dictateur mort, la maîtrise de la cavalerie n’avait plus de raison d’exister. Il n’était plus que gouverneur désigné de 1 Espagne Citérieure. Mais il était le seul personnage politique qui avait des troupes sous ses ordres. Les conjurés le savaient et en étaient inquiets. Appien19 fait cette remarque au sujet des assassins de César : "Ils redoutaient également Lépide et l’armée qu’il commandait dans la ville”. Beaucoup d’interprétations ont été données sur les troupes commandées par Lépide. Appien fait état d’une légion, τέλη, Dion Cassius de soldats, στρατιωτῶv, Nicolas de Damas de troupes auxiliaires, στρατίαv ἐπιχoύρωv. Dion Cassius et Nicolas de Damas ne donnent pas de chiffres, et leur récit diverge sur le lieu de stationnement des troupes. Pour Dion Cassius les troupes stationnaient aux environs de Rome, selon Appien sur l’île Tibérine, mais le soir du 15, dans un autre passage, il précise que Lépide lit entrer les troupes dans Rome, ce qui laisse supposer qu’elles étaient extra muros. Les historiens modernes ont apporté également des interprétations différentes. Fallait-il y voir plutôt qu’une légion, des cohortes prétoriennes affectées à Lépide comme gouverneur20 ou bien s’agissait-il à la fois de troupes qui devaient partir avec César pour l’Orient et qui étaient stationnées aux environs de Rome ou enfin de troupes affectées au maître de la cavalerie pour garder la ville calme21 ? Enfin était-ce uniquement une légion qui faisait encore mouvement d’ouest en est à proximité de Rome et qui devait être utilisée pour la guerre contre les Parthes22 ?
9Il nous faut écarter l’hypothèse de D. R. Weigel qui considère qu’il s’agissait de troupes affectées au maître de la cavalerie pour assurer le calme dans l’Vrbs. Il appuie sa démonstration sur le fait qu’Antoine avait en 47 de telles troupes à sa disposition. Cette hypothèse ne peut être retenue parce que le contexte en 44 n’est pas celui de 47. En 47, César était absent de Rome et Antoine gardait seul la ville et l’Italie. Or, depuis la mi-septembre 45 le dictateur était revenu à Rome et la ville n’avait pas connu de troubles depuis 46. Il nous semble plutôt qu’il faut voir dans ces troupes, soit une légion, soit tics vétérans que Lépide devait installer en Espagne. Ce qui le laisse supposer, c’est le fait qu’elle soit sous le commandement de Lépide, et que ce dernier devait bientôt partir pour l’Espagne qui restait un bastion pompéien. S’il s’agissait d’une légion affectée à la guerre contre les Parthes, elle aurait dû, dans les semaines qui suivirent les Ides de Mars, être récupérée par Antoine, les conjurés ou par Octave. Or précisément, les principaux acteurs politiques du moment étaient à la recherche de troupes et de vétérans, ce qui prouve qu’à partir d’avril 44 il n’y avait plus de légions en Italie. Quant au lieu de stationnement de la légion, il y a de fortes présomptions pour qu’elle fût hors de la ville plutôt qu’intra muros, puisqu’il était contraire à la tradition qu’une légion stationne dans Rome.
10Donc au moment de la mort de César, nous pouvons raisonnablement avancer que Lépide était à proximité de Rome avec ses soldats. A la nouvelle de la mort du dictateur, il plaça une partie de ses hommes sur le Champ de Mars. Ce lieu était bien choisi parce que s’y trouvaient des gladiateurs recrutés par Decimus Brutus et favorables aux conjurés. Ce fut ensuite dans le courant de l’après-midi qu’il rencontra Antoine.
11Dans l’après-midi du 15, selon Nicolas de Damas, M. Brutus, accompagné de C. Cassius, prononça un discours au Forum23, puis les deux hommes remontèrent au Capitole24. Plutarque25 place ce discours le 16, ce qui est improbable, parce que les troupes de Lépide occupaient le Forum. Une grave discussion s’engagea au Capitole, rapportée partiellement par Cicéron26. Ce dernier proposa "aux préteurs (Brutus et Cassius) de convoquer le Sénat au Capitole”. A-t-il aussi pressé ce jour-là les conjurés de mobiliser le peuple et de prendre en mains les leviers de l’État, comme il le dit plus tard le 6 juin ? Ce n’est pas certain27. En revanche, les conjurés voulurent entrer en contact avec Lépide et Antoine et leur envoyèrent une délégation28. Les conspirateurs n’avaient ni troupes, ni argent, ni soutien populaire. Mais les liens familiaux qui les unissaient à Lépide pouvaient leur faire espérer de trouver un compromis. Cicéron s’opposa à ces négociations parce qu’il était convaincu qu’Antoine ne tiendrait pas ses promesses29. Mais les conjurés ne suivirent pas Cicéron et envoyèrent une délégation. Nicolas de Damas précise que les délégués demandèrent à Lépide et à Antoine de venir au Capitole pour décider ensemble de ce qui était de l’intérêt de la cité et de leur faire promettre de leur laisser les bienfaits qui leur avaient été donnés par César30. Appien31 indique : "... ils choisirent des émissaires pour aller présenter leur défense auprès de Lépide et d’Antoine, et leur prôner d’œuvrer à la concorde, de prendre soin de la liberté et d’épargner à la patrie les maux qu’elle allait subir faute d’un accord”. La réponse d’Antoine, selon Appien fut immédiate et adroite32. Il leur répondit d’abord que rien ne serait fait contre les conjurés mais qu’en considération du serment fait à César, il convenait d’éloigner les coupables. Ensuite, il leur annonça qu’il y aurait convocation du Sénat pour que soient adoptées toutes les mesures en faveur de la République. Cette réponse donna satisfaction à la députation qui repartit vers le Capitole. Toujours selon Appien33, Antoine prit des dispositions pour la nuit, donna l’ordre de faire éclairer tous les quartiers de la ville, demanda le transfert à son domicile du Trésor et des papiers de César, convoqua le Sénat au temple de Tellus “(car) il n’osait pas se rendre à la Curie, située au pied du Capitole, vu que les gladiateurs étaient aux côtés de ses adversaires, ni non plus semer le trouble dans la Ville en y faisant entrer l’armée ; Lépide cependant la fit entrer”34.
12Grâce aux récits de Nicolas de Damas et Appien, nous savons que dans l’après-midi du 15, Lépide était chez Antoine. Il était considéré par les conjurés comme une personnalité avec laquelle il fallait composer puisque nos deux sources précisent que les délégués furent envoyés auprès de Lépide et d’Antoine. Les conjurés devaient être inquiets parce que des troupes étaient déjà postées sur le Champ de Mars, mais ils pouvaient aussi espérer trouver un compromis grâce à leurs liens familiaux.
13Le récit d’Appien35 laisse penser qu’il existait dès le 15 au soir, entre Lépide et Antoine, une différence d’appréciation sur l’attitude à avoir envers les conjurés. Cette différence d’appréciation se concrétisa dans la nuit du 15, puisque sur l’ordre de Lépide, de nouveaux mouvements de troupes eurent lieu, et le Forum fut occupé36.
14Au soir du 15 mars, la situation était la suivante : d’un côté, il y avait les conjurés qui se trouvaient au Capitole avec des sympathisants. Ils n’avaient que quelques dizaines de gladiateurs à leur disposition et surtout n’avaient pas essayé de prendre le pouvoir comme le leur avait suggéré Cicéron. Ils préféraient entrer en négociation avec Antoine qui représentait la légalité. De l’autre côté, le consul en exercice Antoine, après avoir fui, s’était ressaisi. Peut-être avait-il mis déjà la main sur les papiers de César, détenus par sa veuve Calpurnia, ainsi que sur l’argent du dictateur. Au cours de l’après-midi il reçut le soutien spontané de Lépide, qui se plaça, selon Appien, sous ses ordres. Antoine semblait déjà enclin à la conciliation tandis que Lépide faisait quadriller Rome par ses troupes.
2. Lépide et la vengeance de la mort de César
15La journée du 16 fut surtout consacrée à la discussion et aux rencontres entre les différents chefs césariens. Le récit de Nicolas de Damas constitue la source la plus complète sur ces événements37. D’après cet auteur, le 16 au matin, Lépide, L. Cornelius Balbus et A. Hirtius38 se rendirent au domicile d’Antoine et discutèrent avec lui sur l’attitude à adopter envers les assassins de César : “Lépide était d’avis de les attaquer et de venger César”. Balbus, l’ancien secrétaire et financier de César, en accord avec Lépide, considérait que c’était un sacrilège de laisser impunie la mort de César.
16La volonté de venger César n’était pas nouvelle chez Lépide puisque par deux fois déjà Appien y avait fait allusion. En parlant d’Antoine et de Lépide, il écrit39 : “Dans leurs réflexions, ils étaient partagés entre leur envie de venger César pour ce qu’il avait subi, et la crainte de voir le Sénat se ranger du côté des meurtriers ; et ils continuaient à observer la tournure qu’allait prendre les événements”. Puis dans un autre passage40, il précise les motifs qui conduisirent Lépide et Antoine à venger César : “Antoine et Lépide voulaient venger César,... soit par amitié, soit à cause des serments qu’ils avaient prêtés, soit parce qu’ils visaient le pouvoir...”. Dion Cassius fait aussi référence à la vengeance de Lépide. Dans la nuit du 15 mars, il rapporte que Lépide haranguait des troupes pour venger César41, puis dans un autre passage42 : “vu qu’il avait des troupes sous son commandement, il espérait succéder à César comme dirigeant et avoir le pouvoir. Avec de telles motivations il était disposé à commencer la guerre”.
17Il semble tout à fait vraisemblable que Lépide ait désiré venger César. Il en avait les moyens, puisqu’il était le seul à avoir sous son commandement des troupes. Les endroits choisis par le futur triumvir pour placer ses soldats le prouvent. Ils étaient soit sur le Champ de Mars pour garder en respect les gladiateurs de Decimus Brutus, soit sur le Forum au pied du Capitole. De ce dernier endroit il pouvait facilement donner l’assaut aux conjurés. Mais à notre avis avoir une légion à sa disposition ne suffisait pas, il lui fallait aussi des appuis politiques dont celui du consul en place Antoine et des autres Césariens pour rendre la vengeance effective43.
18En ce qui concerne les motifs évoqués, Appien et Dion Cassius font état à la fois de considérations morales et politiques. Pour ce qui est des préoccupations morales, Lépide, comme ami fidèle et sincère de César, pouvait vouloir dans un premier temps venger la mort du dictateur. Les motifs politiques rapportés par Dion Cassius et Appien, à savoir le partage du pouvoir entre Antoine et Lépide, ou la prise du pouvoir politique par Lépide seul, sont beaucoup plus discutables et semblent relever de la propagande augustéenne. En effet, il paraît invraisemblable dans les circonstances des Ides de mars qu’ils aient eu une telle préoccupation. Pour l’heure il fallait d’abord garder l’Vrbs calme et éviter la guerre civile.
19Nicolas de Damas fait aussi référence dans le même paragraphe à Antoine et à Hirtius44. A la différence de Lépide et de Balbus, les deux hommes voulaient discuter avec les conjurés. Hirtius, désigné par César consul pour l’année 43, est pourtant décrit par Cicéron45 comme un homme extrêmement dévoué à César et, après sa mort, favorable à une guerre contre les Césaricides. Cette volonté de compromis avec les conjurés se retrouve aussi chez Appien46 pour la fin de la journée du 15. Après avoir songé venger César, Antoine préféra discuter avec les conjurés et voulut connaître l’opinion du Sénat. Il demanda également aux tyrannicides de quitter Rome pour sauver l’ordre public. Ce compromis lui fut reproché plus tard par Octave lors de leur première entrevue. Ce dernier rappela à Antoine qu’il n’avait pas châtié les conjurés47. Si l’on croit Plutarque, Antoine s’est rendu compte très rapidement, probablement dès le 15 dans l’après-midi, que Brutus et Cassius n’avaient pas de projets politiques précis et “n’entreprenaient rien contre personne”48. Nous pouvons conclure avec R. Syme49 qu’il chercha d’abord la conciliation, le compromis, voire la concorde.
20Enfin, ce fut certainement ce même jour, c’est-à-dire le 16, et non le 15, qu’Antoine convoqua le Sénat dans le temple de Tellus.
3. l’alliance de Lépide et d’Antoine
21Les séances du 17 et du 18 mars50 ne sont pas rapportées par tous les historiens. Cicéron, présent, y fait référence dans les deux premières Philippiques et dans une lettre du 28 ou du 29 avril 44 adressée à Atticus51. Nicolas de Damas ne fait pas allusion à cette réunion52 et Plutarque53 n’explique pas le déroulement des séances, il en indique seulement les résultats. Les deux principales sources restent donc Dion Cassius et Appien.
22Il faut repréciser que les séances se sont tenues le 17 et le 1854, et non le 16 comme l’écrit Appien55. Selon l’auteur alexandrin56, Antoine choisit comme lieu de réunion le temple de Tellus, pour éviter des troubles. C’est le seul historien à fournir cette explication qui est vraisemblable parce que la proximité de la demeure d’Antoine et du temple de Tellus a bien été établie57.
23Lépide était présent à la séance. Mais avant son début, le matin du 17, il dut faire intervenir la troupe58. En effet, le préteur L. Cornelius Cinna, qui était le frère de la première femme de César, avait enlevé sa tenue officielle de préteur et s’était déclaré en faveur des conjurés. En apprenant ce geste, les citoyens l’assaillirent, lui lancèrent des pierres et le poursuivirent vers sa maison où ils avaient l’intention de mettre le feu. Lépide lit intervenir ses soldats qui ramenèrent l’ordre. Il y avait certainement de sa part la volonté de montrer aux sénateurs et au peuple romain qu’il dominait la situation et qu’il tenait à garder la ville calme. L. Hayne59 souligne également le fait que Lépide s’était peut-être souvenu que Cinna avait aidé son père lors de la rébellion de 77.
24La séance sénatoriale du 17 mars a été rapportée par Dion Cassius et par Appien. Dion Cassius60 reproduit le très long discours de Cicéron qu’il cite in extenso en y introduisant “une part de fantaisie”61. Le consulaire insista sur l’union, la concorde et la paix. Il proposa l’amnistie des tyrannicides en se référant à l’expulsion des Trente tyrans à Athènes en 40362.
25La séance telle que la rapporte Appien fut houleuse63. Les débats furent bruyants et anarchiques, ponctués d’interventions spontanées. Différentes opinions furent exposées sur le sort des conjurés. Antoine64 prononça un discours où il mit les sénateurs devant l’alternative suivante : ou ils condamnaient la mémoire de César, donc les actes du dictateur, et ils perdaient les charges qu’il leur avait données ; ou ils voulaient conserver ces charges et ils rendaient impossible la condamnation de sa mémoire. Après une vive discussion des sénateurs, il en ressortit qu’ils "préféraient être certains d’avoir ce qu’ils avaient reçu65”.
26Il y eut interruption de la séance. Antoine et Lépide quittèrent le Sénat parce qu’un nombre important de citoyens était venu les chercher66. Antoine essaya de ménager les différentes opinions. A ceux qui désiraient la paix, il promettait d’en chercher les moyens, tout en reconnaissant que les modalités étaient difficiles à trouver. Antoine loua le zèle de ceux qui désiraient la vengeance, mais précisa qu’ils ne devaient oublier qu’il était responsable de la chose publique.
27Puis Appien en vient à Lépide et lui consacre tout un paragraphe67. Les citoyens qui désiraient la vengeance de César se tournèrent vers lui et lui demandèrent de s’en charger. Lépide se rendit au Forum où il commença par pleurer et par gémir, puis il se ressaisit et lit un discours dont le contenu était proche de celui d’Antoine. Il essaya de satisfaire les deux parties, celle en faveur de la paix et celle en faveur de la guerre. Puis, toujours d’après le témoignage d’Appien, les amis des conjurés lui proposèrent la charge de Grand Pontife qu’il sembla accepter68. Appien insiste sur son ambition et son goût pour les honneurs, en particulier pour la succession à la charge de Grand Pontife. Enfin Lépide parut se conformer à l’avis des amis des conjurés en acceptant la paix. Antoine apprenant ce qui venait de se passer au Forum consentit au salut des conjurés et reprit la séance sénatoriale. Il prononça un second discours dans lequel il demanda que fussent ratifiés les actes de César et que fût garantie l’impunité des conjurés. Enfin, le Sénat vota deux sénatus-consultes qui confirmèrent les actes de César et les colonies anciennement assignées. Donc à la lin de la journée du 17 la conciliation entre les conjurés et les Césariens paraissait envisageable. Les Césariens étaient satisfaits parce que les acta Caesaris étaient ratifiés, les Républicains l’étaient également parce que les conjurés pour l’heure n’étaient pas poursuivis.
28Appien a voulu donner une image négative du futur triumvir. Il fait état de ses piètres talents oratoires et rappelle le fait qu’il pleure et qu’il gémit comme dans une lamentation funèbre. La comparaison avec Antoine, à ce sujet est frappante. Lorsqu’Appien décrit Antoine intervenant deux fois au Sénat, l’historien originaire d’Alexandrie fait ressortir l’habileté et l’adresse du consul à l’égard des sénateurs pour infléchir les débats et imposer ses vues. Rien de tel pour Lépide. Au contraire, il insiste sur son inconstance et son ambition. Au début du récit, il paraît encore favorable à la vengeance de la mort de César, puis il change d’opinion, puisqu’il essaie de satisfaire les deux camps, pour garantir la paix.
29Finalement, à la fin de la journée du 17, Lépide se rallia à l’opinion d’Antoine. Il a dû se rendre compte qu’il ne pourrait seul venger César. Antoine avait beaucoup d’atouts dans son jeu : il possédait le Trésor et les papiers de César, il agissait au Sénat avec beaucoup d’habileté et la situation politique tournait en sa faveur, enfin sa position était encore renforcée par la présence de ses deux frères magistrats, Caius comme préteur et Lucius comme tribun de la plèbe.
30En fin d’après-midi, les conjurés, lorsqu’ils apprirent les mesures votées par le Sénat, restèrent méfiants. Ils ne voulurent pas quitter le Capitole sans avoir un gage pour leur sécurité. D’après Appien69 : “Cassius et ses compagnons exigèrent en contrepartie qu’on leur envoyât des otages ; et on leur envoya les enfants d’Antoine et de Lépide70”. Ce fait est rapporté par d’autres sources, Tite-Live71. Dion Cassius72 et Appien qui font référence aux Antonii et Lepidi liberis. Plutarque73 ne parle que du fils d’Antoine. Enfin Velleius Paterculus74 ne fait pas allusion aux enfants d’Antoine et de Lépide, mais c’est Dolabella qui envoya suos liberos in Capitolium. Le récit de Velleius Paterculus ne doit pas être retenu parce que Dolabella n’avait pas eu ces deux derniers jours un rôle politique suffisamment important pour envoyer ses enfants en otage. En revanche, les récits d’Appien, de Dion Cassius et de Tite-Live sont certainement exacts parce qu’il s’agissait d’une pratique courante75. Rassurés, les conjurés acceptèrent de quitter le Capitole. Et le soir du 17, Cassius dîna chez Antoine, Brutus chez Lépide76. Ces repas étaient symboliques puisque les deux principaux conjurés étaient reçus chez les deux personnages les plus influents du moment. Donc, le 17 mars au soir, la réconciliation semblait générale.
31Le lendemain, le 18 mars, une nouvelle séance sénatoriale compléta celle du 17 et les tyrannicides furent présents77. Des honneurs furent votés à Antoine qui avait évité le début de la guerre civile, et l’on redistribua les provinces. Parmi les conjurés, M. Brutus reçut la Crète, C. Cassius la Cyrénaïque et Decimus Brutus la Gaule Cisalpine. Enfin la discussion s’engagea sur les funérailles de César. Sur l’initiative de L. Calpurnius Pison, le beau-père de César, le Sénat décida, malgré l’intervention de C. Cassius, d’honorer le dictateur de funérailles solennelles célébrées aux frais de l’État.
32Le 19 mars le testament de César fut ouvert chez Antoine et son contenu fut immédiatement divulgué. César léguait la plus grosse partie de ses biens au petit-fils de sa sœur, C. Octauius, qu’il avait adopté. Comme héritier en deuxième ligne, il avait désigné, entre autres, un des principaux conjurés, Decimus Brutus.
33Les funérailles se déroulèrent le 20 mars en l’absence des conjurés, mais devant une foule immense. Celle-ci était composée du peuple de Rome, mais également de nombreux vétérans en armes. Antoine eut pendant cette cérémonie une attitude ambiguë78. Après avoir prononcé une laudatio, il brandit et présenta à la foule la tunique sanglante de César. Un certain nombre d’assistants, échauffés par ce qu’ils avaient vu et entendu, s’emparèrent du corps de César, édifièrent un bûcher de fortune devant la Regia et y brûlèrent le cadavre. Cette scène montrait l’attachement du peuple de Rome à César. Les plus extrémistes voulurent mettre le feu aux maisons de Brutus, de Cassius et des autres conjurés, mais ils furent dispersés. Le poète C. Heluius Cinna fut moins heureux, puisqu’il fut pris à tort pour le préteur L. Cornelius Cinna qui, quelques jours auparavant, avait apporté son soutien aux conjurés, et fut mis à mort. Il apparaissait donc que la concorde était précaire et que la foule, dans sa grande majorité, restait attachée à César. Les conjurés le comprirent puisqu’ils quittèrent Rome ou s’en éloignèrent, notamment en direction d’Antium. Les sources ne mentionnent plus Lépide, mais il y a de fortes présomptions pour qu’il fût en accord avec Antoine et que ce furent ses troupes qui ramenèrent l’ordre à Rome.
34Vers la fin du mois de mars on pouvait se demander si Antoine avait un projet politique précis. Pour Fr. Chamoux79, rien ne permet de l’affirmer. Il est probable qu’il ait agi en fonction des circonstances avec le souci principal de contrôler les affaires jusqu’à la fin de l’année80. Pour l’heure il n’avait pas d’autres ambitions politiques et pour plaire au Sénat, il fit abolir la dictature. Vers la fin du mois de mars et au début d’avril, il était surtout occupé à mettre sur pied tout un ensemble de réformes81.
35Des relations Lépide-Antoine peu de choses sont rapportées par nos sources. Seul Dion Cassius82 dit clairement que Lépide avait beaucoup de pouvoir et causait de la crainte à Antoine. Pour ces raisons, toujours selon Dion Cassius83, Antoine lui donna sa fille pour qu’elle épouse son fils et prit toutes les dispositions nécessaires pour que Lépide soit élu Grand Pontife.
36Aucun autre historien n’a fait allusion au futur mariage des enfants d’Antoine et de Lépide pour l’année 44. C’était une pratique courante de l’aristocratie romaine de sceller ou de cimenter des alliances par des mariages84. Il s’agissait du fils aîné de Lépide, Marcus, l’enfant qui avait été envoyé comme otage auprès de Brutus et de Cassius. Cicéron, dans une lettre datée du mois de septembre ou du mois d’octobre 44, adressée à Cassius, mais dont le contenu n’est pas clair, semble faire allusion à cette union85. Enfin, il fallut attendre 39 ou 38, lorsque Lépide gouvernait l’Afrique pour que soit rediscutée cette question86. Selon Appien, Antoine envoya son affranchi Callias pour compléter les arrangements de l’union. Celle-ci n’eut, semble-t-il, jamais lieu puisque en 31 Marcus épousa une Seruilia87.
37Lépide, qui entre temps avait été élu Grand Pontife, dut quitter Rome, fin mars ou au tout début avril, probablement à la demande d’Antoine. En effet, Sextus Pompée, s’agitait de nouveau en Espagne et menaçait la province, voire l’Italie88. Lépide en partant pour l’Espagne, se trouvait peut-être plus en sécurité qu’à Rome. D’après le témoignage de Cicéron89, il aurait été la victime choisie d’un complot fomenté par d’anciens affranchis de César.
Notes de bas de page
1 Pour approfondir l’histoire événementielle on peut se référer au volume IX de la CAH 1994, et en particulier à la contribution de Rawson 468-490. Voir également Hinard 2000, chapitre XX, L’héritage 825-828. Se référer aussi à Syme 1967 ; Grattarola 1990 ; Cristofoli 2002.
2 Plut., Caes., 63-66 ; Brut., 17 ; D.C. 44.17-19 ; Suet., Caes., 81-82 ; Liv., Per., 1 16 ; Florus 2.13 ; Orose, 6.17.1.
3 Les Ides de mars ont suscité une bibliographie importante. On retiendra : Étienne 1973 ; Étienne 1977, 71-77 ; Epstein 1987 : Martin 1988.
4 App., BC., 2.118 ; D.C. 44.20 ; Nic. Dam. 25.91 ; Plut., Caes., 67.1.
5 Plut., Ant., 14.1.
6 Plut., Brut., 18.6 ; D.C. 44.22.2.
7 App., BC., 2.118.
8 Nic. Dam. 27.101 ; App., BC., 2.123.
9 Plut., Caes., 67.3 ; Nic. Dam. 25.94 ; D.C. 44.21.
10 Plut., Bran, 18.10.
11 Plut., Caes., 67.2.
12 App., BC., 2.118.
13 D.C. 44.19.2.
14 Hayne 1971, 110 n. 10.
15 Id., ibid., 110 n. 9.
16 App., BC., 2.118.
17 D.C. 44.22.2.
18 Syme 1967.98.
19 App., BC., 2.119. Botermann 1968, 2, considère que les conjurés, au contraire, n’avaient pas pris en compte cette légion. A notre avis, les conjurés y avaient certainement songé puisque certains d’entre eux désiraient éliminer Lépide.
20 C’est l’opinion avancée par Schmitthenner 1958, 9 et par Botermann 1968. 199.
21 Weigel 1992,45 et 147, n. 4.
22 Malitz 1984,44. n. 117.
23 Nic. Dam. 26.100 ; App., « C., 2.122.
24 Nic. Dam. 27.101.
25 Plut., Caes., 67.7.
26 Cic., Att., 14.10.1, le 19 avril 44. Domaine de Cumes : “Te souviens-tu de cette fameuse première journée au Capitole, quand je proclamais que les préteurs devaient convoquer le Sénat au Capitole ?”.
27 Cic„ Att., 15.11.2, le 6 avril 44. Antium ou Astura : “C’est-à-dire convoquer le Sénat, entraîner avec plus de vigueur le peuple brûlant d’enthousiasme, prendre en charge le gouvernement de l’État dans sa totalité”.
28 Nie. Dam. 27.101.
29 Cic., Phil., 2.89.
30 Nie. Dam. 27.101. Voir Scardigli 1983, 197. Pour les bienfaits, il s’agit de dons faits par César après Pharsale et Munda, à savoir des assignations de provinces, des magistratures et des assignations de terres.
31 App., BC., 2.123.
32 App., BC., 2.124 ; Nic. Dam. 27.101, présente une version différente, disant que Lépide et Antoine donneraient leur réponse le lendemain.
33 App., BC., 2.125.
34 App., BC., 2.126.
35 App., BC., 2.125.
36 D.C. 44.22.2 ; Nic. Dam. 27.103, indique qu’un nombre important de soldats se retrouvèrent sur le Forum.
37 Nic. Dam. 27.106. Cf. Scardigli 1983, 200.
38 Ces deux personnages étaient des collaborateurs très proches de César. Nous renvoyons le lecteur au chapitre consacré à la pratique césarienne du pouvoir.
39 App., BC, 2.118.
40 App., BC., 2.124.
41 D.C. 44. 22.2.
42 D.C.44. 34.5.
43 Grattarola 1990, 17.
44 Nic. Dam. 27.106.
45 Cic., Att., 14.20 et 14.21 du 11 mai 44. C’est plus tard que Cicéron réussit à le convaincre de s’unir au groupe du Sénat et à Octave contre Antoine. Cf. Plut., Cic., 43.1.
46 App., BC., 2.125.
47 App., BC., 3.15.
48 Plut., Ant., 14.2.
49 Syme 1967, 106.
50 Bonnefond-Coudry 1989, 241. La séance du 18 fait suite à celle du 17. Les mesures complémentaires de celles du 17 furent votées le 18.
51 Cic., Att., 14.14-15.1. Domaine de Pouzzoles.
52 Nie. Dam. 28.107, reprend le récit des événements historiques après les funérailles de César.
53 Plut., Brut., 19.1 : Ant., 14.3.
54 Pour le 17 : Cic., Phil., 2.88-89 : idibus Martiis... Post diem tertium, ueni in aedem telluris. Pour le 18 : Cic., Phil., 1.32 : proximo. altero, tertio denique reliquis consecutis diebus (après le 17).
55 App., BC., 2.126.
56 App., BC., 2.126.
57 Bonnefond-Coudry 1989, 132-133. La maison d’Antoine, qui avait appartenu à Pompée, était située dans le quartier de Carinae, et le temple avait été construit dans ce même quartier.
58 App., BC., 2.126.
59 Hayne 1971, I 13 n. 21.
60 D.C. 44. 23-33.
61 Chamoux 1986, 106.
62 Cic., Phil., 1.1 : Plut., Brut., 19.1. La lettre de Cicéron du 28 ou 29 avril (Att., 14.14-13.1) ne fait pas allusion à ce discours. En revanche, Cicéron est extrêmement amer et pense que la partie est perdue depuis l’après-midi du 15 mars : "Ne parlons pas de la fête de Bacchus : qui aurait pu se dispenser de venir au Sénat ce jour-là ? En admettant qu’il y ait eu un moyen, est-ce qu’une fois venus nous pouvions encore exprimer notre opinion ?”.
63 App., BC., 2.127. Sur le plan procédural, lire Bonnefond-Coudry 1989, 519, qui souligne l’habileté d’Antoine qui intervient à deux reprises pour infléchir le cours des événements. Il parvient à imposer ses vues en manœuvrant avec adresse pour laisser croire aux sénateurs que la décision prise est de leur fait.
64 App., BC., 2.127.
65 App., BC., 2.129.
66 App., BC., 2.129.
67 App., BC., 2.131 : “Telles étaient les manœuvres employées par Antoine à l’égard de chaque parti, ceux qui voulaient vengeance se tournèrent vers Lépide pour obtenir vengeance. Et comme Lépide s’apprêtait à prendre la parole, ceux qui se trouvaient loin placés lui demandèrent de descendre sur le Forum, pour que tous puissent l’entendre aussi bien. Il vint aussitôt, pensant que la foule était déjà en train de changer d’opinion, prit place sur les Rostres, où il se mit à gémir et à pleurer sous les yeux de tous pendant un long moment ; puis, se reprenant, il déclara : ’ici même où, hier, je me tenais avec César, je suis obligé de vous demander, au sujet du meurtre de César, quelle est votre volonté’. Beaucoup crièrent : ’Que tu venges César !’, et les soudoyés crièrent en sens opposé : ‘La paix pour la Ville !’ Lépide dit alors à ces derniers : ’Nous la voulons. Mais de quelle paix parlez-vous ? Et par quels serments sera-t-elle garantie ? tous les serments traditionnels, nous les avons prêtés à César, puis nous les avons piétinés, nous dont on dit qu’il n’y a pas d’hommes plus fidèles à leurs serments’. Puis il se tourna vers les partisans de la vengeance et leur dit :’César nous a quittés, cet homme réellement sacré et vénéré, mais nous avons scrupule à priver la Ville du reste de ses citoyens, et c’est une question que sont en train d’examiner nos sénateurs, et la décision se prend à la majorité. Ils recommencèrent alors à hurler : Venge-le tout seul !’Je le veux, dit-il, et il est conforme à mes serments de le faire même seul. Mais il ne faut pas que vous et moi soyons seuls à le vouloir, ni seuls à manifester notre opinion”.
68 App., BC., 2.132 : “Telles étaient les manœuvres employées à son tour par Lépide, les soudoyés, qui le savaient ambitieux, l’approuvèrent cl lui proposèrent de succéder à César comme Grand Pontife. Il en fut agréablement touché :’Rappelez-vous de ce que vous m’avez proposé dans quelque temps aussi, si vraiment vous m’en jugez digne’. Exploitant donc cette perspective de pontificat, les soudoyés s’exprimèrent encore plus franchement en faveur de la paix : ‘Tout impie et illégal que cela soit, dit-il, je ferai ce que vous voudrez’. Et, à ces mots il regagna le Sénat...”.
69 App., BC., 2.142.
70 II doit s’agir du fils de Lépide, Marcus.
71 Liv. Per. 116.
72 D.C. 44.34.7 parle du fils de Lépide et du fils d’Antoine.
73 Plut., Brut., 19.2 ; Ant., 14.1.
74 Vell. 2.58.
75 Cette pratique était surtout utilisée en “politique extérieure” et les otages étaient considérés comme des gages de la bonne foi de la partie adverse à Rome. On peut lire Ndiaye 1995. 149-166.
76 D.C. 44.34.
77 Sur cette séance : Cic., Phil., 1.32 ; Plut., Brut., 19.3.
78 Les sources divergent sur la longueur de son discours et sur sa responsabilité dans le déclenchement de l’hystérie populaire. On ne sait pas s’il s’est contenté de faire lire par un crieur publie le sénatus-consulte qui avait décerné à César tous les honneurs divins et humains, ou bien, poussé par la ferveur populaire, il a déployé une éloquence pathétique à laquelle s’est ajoutée une mise en scène soigneusement préparée. Chamoux 1986, I 12-113 insiste sur son rôle déterminant, au cours de la cérémonie en le considérant comme un grand acteur. Sur les sources des funérailles de César : App., BC, 2.143-148 ; D.C.44.50.2 ; Suet., Caes., 84.3. Les funérailles de César ont été dernièrement étudiées par Benoist 2000, 1 15-134.
79 Chamoux 1986, 120.
80 Chamoux 1986, 121.
81 D.C. 44.53.
82 D.C. 44.53-6.
83 D.C. 44.53-6.
84 Cf. Bruhns 1990,571-594 ; Moreau 1990, 3-26.
85 Cic., Fam., 12.2.2 entre le 19 septembre 44 et le 2 octobre 44. A C. Cassius Longinus : tuus enim necessarius affinitate noua delectatur, itaque iam non est studiosus ludorum infinitoque fratris tui plausu dirumpitur. “Tel de tes intimes se réjouit d’une alliance familiale nouvelle. Du coup, il n’est plus amateur de jeux et les applaudissements sans fin saluant son frère le mettent en rage”. Le personnage désigne comme tuus necessarius a les apparences de Lépide, mais celui-ci se trouvant en ce moment dans sa province, l’intime en question doit être identifié au frère de Lépide, Paullus.
86 App., BC., 5.93.
87 Weigel 1992, 48.
88 App., BC., 3.4.
89 Cic., Att., 14. 8.1. Logis de Sinuessa, 16 avril 44 : “Tu écris aussi que Junie a apporté une lettre rédigée en termes mesurés et amicaux ; mais Paulus m’a remis une lettre envoyée par son frère : à la fin on y lisait qu’une machination se tramait contre lui, qu’il avait appris de source sûre. Ceci ne m’a guère plu, et moins encore à Paulus”. Cette lettre est à mettre en relation avec une autre lettre adressée à Atticus, le 11 avril 44 (Att., 14.5.1) où il est question d’une conspiration d’affranchis de César. Il est probable, comme le remarque Weigel 1992,49, que certains affranchis de César, déçus par le fait que Lépide n’ait pas vengé le dictateur, aient eu l’intention de l’éliminer.
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