Chapitre I. Une gens prestigieuse : celle des Aemilii Lepidi
p. 15-29
Texte intégral
1Avant d’étudier les étapes du cursus honorum de Lépide, il nous paraît indispensable de rappeler les origines familiales du futur triumvir. En effet, Lépide appartenait à une grande gens patricienne, celle des Aemilii Lepidi. Plusieurs de ses ancêtres avaient exercé les plus hautes magistratures et joué un rôle de premier ordre sur le plan diplomatique, militaire et politique sous la République. Leur souvenir était toujours présent à la fin de la République, en Italie grâce aux clientèles établies et, dans l’Vrhs, par le biais des réalisations urbanistiques. Bien que Lépide fût sans conteste un fidèle césarien, puis sous le second Triumvirat, comme ses collègues, Antoine et Octavien, l’héritier du dictateur, il n’oublia jamais ses ancêtres. Sa carrière est jalonnée de preuves qui démontrent le profond attachement qu’il a toujours eu pour sa gens et pour ses aïeux.
1. Les premiers aemilii : les aemilii mamekci(ni) des ve-ive siècles
2Comme beaucoup de grandes familles romaines, les Aemilii1 faisaient remonter leur origine aux dieux et aux personnages mythiques fondateurs de Rome. Selon Plutarque, Aemilia était la fille d’Énée et de Lavinie et donc la mère de Romulus2. Il existait aussi chez eux une tradition de philhellénisme culturel, puisque dès le ive siècle, ils prétendaient se rattacher à Numa et à Pythagore3. Les Aemilii disaient descendre d’un Mamercus surnommé Aemilius à cause de sa gentillesse et qui était tantôt présenté comme un fils de Pythagore4, tantôt comme un fils de Numa appelé lui-même fils de Pythagore5. Comme le remarque J. Gagé, la gens Aemilia était la seule dans l’aristocratie romaine à rattacher ses origines et ses noms à la fois à Numa et à Pythagore6.
3Le premier Aemilius connu par les Fastes fut L. Aemilius Mamerci f. Mamercus, consul en 484, 478 et 4737. Le cognomen Mamercus ou Mamercinus était un cognomen archaïque qui prouve l’ancienneté de la gens à Rome et qui fut utilisé par les consuls du ve et ive siècles8. Les Aemilii Mamerci possédaient probablement leur puissance politique et foncière avant l’obtention des premières magistratures républicaines9. Au Ve s., ils occupèrent régulièrement le consulat10 et il semble également qu’ils eurent très tôt des relations importantes avec la Campanie11. Ils remportèrent de nombreuses victoires contre divers peuples du Latium12. La création probablement au cours du Ve s. de la tribu Aemilia démontre qu’il s’agissait d’une famille très riche possédant des terres et des propriétés hors de Rome13. Mais la localisation de la tribu reste incertaine. Peut-être se situait-elle dans l’Ager Laurens dans la région de Lavinium, puisque la mère d’Aemilia, selon la tradition de Plutarque s’appelait Lavinie14. Au IVe s., au moment de la conquête du Sud de l’Italie, les cités de Formies, Fundi et de Suessa Arunca, furent inscrites dans cette tribu15.
4Les Aemilii Mamerci jouèrent à Rome au ive siècle un rôle significatif aussi bien sur le plan intérieur qu’extérieur. Ils surent trouver une solution définitive au vieux conflit patricio-plébéien avec la mise en place des lois liciniennes promulguées en 36716 Le progrès de la plèbe au ive siècle et son accession aux magistratures fut le fait d’un petit nombre d’hommes C. Licinius Stolo, C. Marcius Rutilus, Q. Publilius Philo aidés par quelques gentes patriciennes : les Fabii, Manlii, Aemilii, et Sentila17. Entre 366 et 361, trois familles patriciennes : un Aemilius18, un Seruilius et un Sulpicius et trois familles plébéiennes : un Sextus, deux Genucii et deux Licinii se sont maintenues alternativement au consulat à l’exclusion de toutes les autres19. Elles permirent l’application dans la paix de la législation licinienne. Dans les années 360, une nouvelle combinaison apparut : les Fabii et les Manlii exclurent du consulat pendant quelques années l’équipe de 366. Puis à partir de 342, les Aemilii et les Seruilii éliminés depuis dix-huit ans revinrent au pouvoir avec les Plautii de 342 à 339, puis entre 330 et 32820. Au milieu de ive siècle. Rome avait donc surmonté le vieux conflit qui avait opposé les Patriciens aux Plébéiens. Le débat politique pouvait repartir avec de nouveaux acteurs, les alliances Patriciens/Plébéiens commencèrent à se nouer et à partir de ce moment une nouvelle couche dirigeante apparut associant les deux ordres : la nobilitas21.
5Sur le plan extérieur Rome s’engagea dans une série de guerres qui allait la conduire à dominer l’Italie en 272 après la capitulation de Tarente. Les vues romaines portaient sur la riche Campanie. L’Vrhs fut appelée au secours par les Capouans assiégés par la ligue samnite. Elle entra en guerre en 343 et remporta la victoire. Mais dès 341, la situation fut inversée et les Campaniens s’allièrent aux Latins qui refusaient désormais d’être sujets de Rome. La guerre latine dura quatre ans (341-338) et se conclut par la maîtrise de Rome sur un territoire compris entre la région du nord de l’embouchure du Tibre jusqu’à la baie de Naples22. Les historiens ont mis en lumière les intérêts à la fois politiques et économiques de la nouvelle nobilitas pour ses conquêtes et les liens qu’elle avait établis avec les aristocraties locales23. Le rôle des Aemilii fut déterminant dans l’extension du territoire de Rome à cette époque. Le renouvellement du traité romano-samnite en 341 fut l’œuvre de L. Aemilius Mamercinus et de C. Plautius Venox24. Ce fut ce même L. Aemilius Mamercinus qui reçut la province du Samnium et qui en obtint la soumission25. Le préteur qui convoqua le Sénat et inscrivit à son ordre du jour les propositions de paix des Samnites était un Aemilius : T. Aemilius26. Les consuls de 334 furent nommés à la suite d’élections tenues par L. Aemilius dictateur (mmag. equit. : Q. Publilius Philo) et ce dernier lui-même consul en 329, contribua à l’incorporation de Privernum dans la ciuitas Romana27. La branche des Mamerci s’éteignit avec cet ultime représentant qui reçut le cognomen de Privernas à la suite de son triomphe après sa victoire à Privernum28.
6A la lin du ive siècle deux nouvelles branches apparurent : les Aemilii Barbulae29 et les Aemilii Papi, ces derniers étant probablement issus des Aemilii Barbulae. Le degré de parenté avec les Aemilii Mamerci n’est pas aisé à établir. Puis les Aemilii Paulli furent représentés pour la première fois au ive et iiie siècles par trois consulaires30. Et enfin, en 285 les Fastes font état du premier des Aemilii Lepidi.
2. Les aemilii lepidi aux iiie-iie siècles
7Ce furent les Aemilii Lepidi qui récupérèrent la tradition généalogique élaborée par les Mamerci31 puisque le cognomen Lepidus est la traduction littérale d’Aimylos qui signifie “plaisant, agréable, élégant’’32. Un groupe de Lepidi dont Lépide était le descendant direct, appelait généralement leur fils aîné Marcus et les plus jeunes Lucius ou Quintus33. Une autre branche préféra celui de Manius ou à l’occasion Marcus34. Lépide avait donc parmi ses ancêtres de nombreux exemples de personnes qui servirent brillamment la République romaine sur le plan militaire, diplomatique et politique35.
8Parmi ceux-ci, citons d’abord le premier M. Aemilius Lepidus qui fut donc consul en 2 8 536 avec C. Claudius Canina. Nous sommes très mal renseignés sur l’action politique de ce personnage à cause de la perte de la deuxième décade de Tite-Live qui nous prive du récit continu des événements. Il a connu trois guerres samnites et probablement le début du conflit avec Carthage. Son consulat se situait entre la fin des guerres samnites et le début de la lutte avec Pyrrhus, le roi d’Épire. Peut-être a-t-il participé aux campagnes de la troisième guerre samnite entre 298 et 292 a.C.
9M. Aemilius Lepidus, le petit-fils du consul de 285 fut élu au consulat en 23237. Comme consul38, avec son collègue, il entreprit une campagne militaire en Sardaigne, mais surtout durant cette même année, le tribun de la plèbe C. Flaminius fit voter, malgré l’opposition du Sénat, le plébiscite De agro Gallico et Piceno uiritim diuidundo qui accordait à titre individuel des lots de terre à des citoyens romains en Cisalpine. Il s’agissait de territoires qui étaient devenus terres publiques depuis la défaite des Gaulois Sénons en 290 et leur expulsion de cette zone comprise entre l’Apennin et la mer en 284. Rome avait déjà implanté des colonies dans cette région39. Mais la nouveauté ici résidait dans le fait que C. Flaminius désirait des assignations viritanes à la place de la création de colonies40. Nous ne savons pas quelle fut l’attitude du consul de 232 dans cette affaire. R. D. Weigel, considère qu’il n’a pas pu prendre position en faveur de C. Flaminius parce qu’il aurait été considéré comme un rebelle41. Toutefois on peut se demander si la politique menée par le tribun C. Flaminius, ne servit pas de modèle aux descendants du consul qui plus tard s’intéressèrent à la Cisalpine.
10Enfin, le souvenir de ce personnage fut marqué par des jeux funéraires donnés par ses fils en 216, lesquels durèrent trois jours avec une démonstration spectaculaire de vingt-deux paires de gladiateurs qui se battirent sur le Forum42. Les premiers mimera avaient été donnés à Rome en 264 par D. Iunius Brutus et leur popularité fut tout de suite immense43. Ils avaient un caractère privé et étaient offerts par le(s) fils du destinataire. Les mimera de 216 auraient été les deuxièmes présentés à Rome, et F. Münzer y voyait la confirmation des liens et des relations qui existaient entre les Aemilii Lepidi et les Iunii. Cette analyse nous semble toutefois critiquable. I1 n’est pas certain que les munera offerts par les trois Aemilii Lepidi soient les deuxièmes donnés à Rome. En effet, nous avons perdu la source livienne entre 264 et 218 et en conséquence, nous ne connaissons pas le rythme et la progression de ces jeux. Ceux de 216 eurent lieu au Forum, lieu plus prestigieux que le Forum boarium. Des spectacles s’y déroulaient depuis la construction des maeniana, c’est-à-dire la construction de balcons permanents, par le censeur Maenius en 348. On peut toutefois s’interroger sur l’origine des gladiateurs de 216. Il ne fait plus aucun doute aujourd’hui que la gladiature trouva son origine dans le Sud de l’Italie, dans le monde osco-samnite, plutôt que chez les Etrusques44. Du ive au 1er siècles a.C., la Campanie a joué un rôle de premier plan dans le recrutement, l’entraînement des gladiateurs avec ses grandes écoles comme celle de Capone. Nous sommes très mal renseignés sur l’origine des premiers gladiateurs qui combattirent à Rome. On sait seulement que la gladiature a dû se professionnaliser vers la fin du iiie siècle, comme en témoigne les jeux donnés par Scipion à Carthagène en 206 où se battirent des gladiateurs professionnels45. Comme nous l’avons déjà mentionné, les Aemilii avaient des liens avec la Campanie et on peut peut-être supposer qu’ils firent appel à leurs relations pour trouver les vingt-deux paires de combattants.
11Le dernier membre des Aemilii Lepidi qui fit carrière au iiie siècle fut M. Aemilius Lepidus, le fils du consul de 23246. Il a commencé son cursus à la fin de la première guerre punique et a participé aux premières opérations de la deuxième guerre punique. Il fut élu préteur en 21847, 21648 et 21349. Lors de sa première preture en 218, il fut envoyé en Sicile avec le consul Ti. Sempronius Longus. Les Romains devaient organiser un débarquement en Afrique, mais le départ fulgurant d’Hannibal vers l’Italie, fit échouer leurs plans. Toutefois, M. Aemilius Lepidus défendit la ville de Lilybée et la côte sicilienne ouest contre une attaque carthaginoise50.
12Mais le personnage qui marqua le plus Lépide et qui lui servit d’exemplum fut son arrière-grand-père, M. Aemilius Lepidus le consul de 187 et de 17551 (fig. 1). Le début de cette brillante carrière se fit avec l’aide du groupe politique dominant du moment les Scipions52. Lépide commémora cet homme sur ses monnaies lorsqu’il fut triumuir monetalis. Il n’est pas question ici de développer toute sa carrière, mais d’en reprendre les aspects les plus significatifs.
13Sur le plan diplomatique, M. Aemilius Lepidus négocia en 201 pour Rome avec Philippe V de Macédoine et fut plus tard tuteur du jeune Ptolémée V Épiphanès d’Égypte53. En 193, lors d’une aedilitas insignis, avec son cousin L. Aemilius Paullus54, il construisit : porticum unam extra Portam trigeminam emporio ad Tiberim adiecti55. La Porticus, dont le plan a été reconstitué par G. Gatti56, était un bâtiment long de 487 m, large de 60 m et subdivisé par 294 piliers en une série de pièces disposées en sept files dans le sens de la profondeur. Sa surperficie totale était de 29 220 m2 et la surface utilisable de 24 900 m2. Elle était associée à l’Emporium qui était une place de commerce longue de 500 m pour une largeur de 90 m57. La Porticus était donc “le ventre de Rome”, servant d’entrepôt à l’arrivée de marchandises58, et parmi ces dernières se trouvait le grain. Or, depuis le iiie siècle, les besoins en blé étaient devenus plus importants à cause de l’augmentation de la population et des légions à nourrir59. Il fallait avoir recours à la production extérieure, en particulier de Sicile ou d’Afrique, et ce furent les édiles, dans le cadre de la cura annonae, qui se chargèrent de trouver du blé et d’organiser des distributions. La Porticus répondait donc à un besoin réel de l’Vrbs et sa construction entrait parfaitement dans les attributions des deux édiles curules, également chargés de la cura annonae. Cette édilité fut pour les deux Aemilii un succès réel et le gage d’un avenir prometteur. Leur nom était dorénavant associé à un bâtiment public et le souvenir d’une telle construction entraînait toujours la reconnaissance, et favorisait les élections aux magistratures supérieures. Deux ans plus tard, en 191, les deux cousins furent élus ensemble préteurs puis effectuèrent séparément leur cursus. Comme préteur en 191, M. Aemilius Lepidus défendit la Sicile et envoya du grain pour les troupes qui se battaient contre Antiochus III en Grèce60.
14Lors de son consulat en 18761, il eut un rôle extrêmement actif en Cisalpine, et tout au long de sa carrière il intervint dans cette région. L’avancée romaine avait commencé au iiie siècle pour des raisons de sécurité, mais la Cisalpine intéressait également les Romains pour sa richesse économique, à cause de son extraordinaire fertilité62. Des colonies avaient été créées en 218 à Crémone (Cremona) et à Plaisance (Placentia)63 à la suite des assignations viritanes de C. Flaminius sur le territoire des Sénons. Après la deuxième guerre punique, Rome reprit le contrôle de la plaine du Pô, en particulier sous l’impulsion des Scipions64. En 191, P, Cornelius Scipio Nasica battit définitivement les Boïens et les Insubres65 et en 189, une nouvelle commission triumvirale établit une colonie à Bologne (Bononia)66. Il existait donc un réel consensus de la classe politique dans l’intérêt porté à la Cisalpine, comme le prouve la composition des différents triumvirats et commissions dans lesquels sont représentés toutes les gentes dominantes. Mais incontestablement, dans ce processus de conquête, d’aménagement et de romanisation de la région, M. Aemilius Lepidus lut la figure dominante puisqu’il y intervint de façon décisive tout au long de sa carrière.
15En 187, avec son collègue C. Flaminius, il combattit les Ligures67, puis intervint en Transpadane68 où il trouva un arrangement avec les Cénomans qui avaient été injustement battus par le préteur M. Furius Crassipus qu’il obligea d’ailleurs à quitter la région. Mais son œuvre la plus importante fut la construction de la uia Aemilia qui reliait Rimini (Ariminium) à Plaisance avec la création de Regium Lepidum à mi chemin entre Plaisance et Bologne69. Il faut d’abord insister sur le rôle militaire et stratégique de ces voies qui facilitaient l’intervention rapide des troupes, mais aussi tenir compte de leur rôle économique puisqu’elles servaient au transport des biens et des personnes. Pour G. Brizzi70, la uia Aemilia et son cordon de colonies permettaient de constituer une ligne de défense, barrant l’accès à l’Italie à une éventuelle invasion venant des zones balkaniques, en particulier de la part de Philippe V de Macédoine. En 18371, il fit partie de la commission qui établit des colonies à Parme (Parma) et à Modène (Mutina). Il s’agissait de colonies de citoyens romains : deux mille hommes reçurent huit jugères à Parme, cinq à Modène sur un territoire qui appartenait aux Boïens72. Depuis la déduction de Bologne, les Romains n’avaient plus fondé de colonies latines. Ils préféraient le système de la colonie romaine qui permettait de compenser les morts subies lors des guerres et d’éviter une hémorragie de citoyens qui perdaient leur statut s ils s’installaient dans une colonie latine73 Pour ce qui concerne Parme et Modène, remarquons que le nombre de colons était élevé (deux mille au lieu des trois cents traditionnels) tandis que la taille des lots attribués, huit et cinq jugères, correspondait à la moyenne de ceux octroyés dans les années 180. H. H. Scullard a vu dans cette augmentation du nombre des colons des considérations militaires puisqu’il y avait nécessité a reconstituer le corps civique a la suite de la deuxième guerre punique74. Enfin, rappelons que ces deux colonies se trouvaient éloignées de la mer. Les colonies de Parme et de Modène avaient donc à la fois une fonction agraire et un rôle stratégique face aux Ligures, car elles contrôlaient le passage des Apennins75. En 177, M. Aemilius Lepidus fonda la colonie de Limi (Luna)76. C’était une colonie romaine de "type latin”77. Une augmentation sans précédent des lots caractérisa cette déduction : cinquante et une jugères et demie pour deux mille citoyens romains. Toutes ces colonies, au-delà de leur fonction stratégique, permettaient une implantation efficace de la présence romaine en territoire boïen qui se trouvait de ce fait réorganisé.
16Au cours de son second consulat en 17578, il fut encore amené à combattre en Italie du Nord en particulier chez les Ligures, ce qui lui permit d’obtenir le triomphe, et il fut probablement à l’origine de la création d’une autre route : la uia Bononia-Aquileia79. Enfin, en 173, il fit partie des decemuiri agris dandis assignandis, qui assignèrent des terres inoccupées en Ligurie à des colons individuels, les citoyens romains recevant dix jugères chacun, les citoyens de droit latin trois80. Il participa également à l’ambassade envoyée en 170 auprès du roi gaulois Cincibilis qui avait à se plaindre du consul de 171, C. Cassius81.
17La conséquence directe de ces conquêtes et de la création de colonies fut pour M. Aemilius Lepidus la constitution d’une clientèle importante82. L’intérêt que les aristocrates trouvaient dans ces clientèles était considérable. C’étaient les élites d’une cité, voire de toute une région qui entraient ainsi dans leur réseau de dépendance. Ces liens permettaient si cela s avérait nécessaire de mobiliser les ressources d’une région. On cite généralement le cas de Cicéron qui, lorsqu’il fut édile, put obtenir de ses amis siciliens, du blé pour la ville de Rome à un prix avantageux. Pour ce qui concerne les Aemilii Lepidi, M. Aemilius Lepidus a certainement trouvé de l’aide en Cisalpine en 77 au moment de la guerre qui l’opposait à Pompée et en novembre 43, Lépide sut utiliser ses réseaux de clientèle de Cisalpine, lors de la formation du second Triumvirat.
18En 180, il fut élu Grand Pontife83 et l’année suivante censeur84, avec son collègue M. Fuluius Nobilior. Les sources insistent sur les mauvaises relations qui existaient entre les deux hommes et sur leur réconciliation après leur élection en 17985. Pendant cette censure, ils firent voter une rogatio qui concernait le vote des ciues sine suffragio86. C. Nicolet87 considérait que le vote s’appliquait aux affranchis, tandis que pour L. R. Taylor88, la réforme aurait consisté à ouvrir les tribus rustiques aux affranchis propriétaires fonciers pères d’un enfant de plus de cinq ans ou disposant d’un certain cens. M. Humbert, y voit plus simplement un aménagement de la mesure de 188, cette dernière permettant aux ciues sine suffragio, restés ciues libres de se présenter au cens et d’accéder pour la première fois aux droits politiques89.
19Mais c’est sur le plan de l’urbanisme que l’œuvre du censeur reste la plus significative. Il faut d’abord rappeler que Rome était désormais une capitale d’Empire et cette nouvelle donne se traduisit au iie siècle par une activité édilitaire sans précédent qui transforma complètement l’aspect de l’Vrbs. Deux zones furent particulièrement touchées par de nouveaux aménagements : le Forum et le Champ de Mars. Dès la fin du iiie siècle, les censeurs et les édiles responsables des nouvelles constructions et aménagements de Rome, conçurent leurs fonctions comme un moyen d’exalter leur grandeur. Le magistrat qui réalisait l’exécution d’un tel bâtiment lui donnait presque toujours son nom, ce qui entraînait la reconnaissance de ses concitoyens, puis ses descendants frappaient des monnaies qui représentaient ce monument comme étant celui de leur famille. La même analyse vaut pour la construction des temples qui permettait l’exaltation des qualités du chef de guerre.
20M. Aemilius Lepidus fit construire avec son collègue sur le Forum la Basilica Aemilia-Fuluia90. Il faut rappeler que pour le iie siècle, pas moins de quatre basiliques furent construites : en 184, la Basilica Porcia, en 179, la Basilica Aemilia, en 170, la Basilica Sempronia et en 121, la Basilica Opimia. Le Forum était désormais une place fermée qui ressemblait aux agoras du monde hellénistique. Il construisit la même année les piliers du pont Aemilius91 ainsi qu’un théâtre et une scène près du temple d’Apollon92. Étant donné la tentative infructueuse des censeurs de 154, pour construire à Rome un théâtre en pierre, il y a tout lieu de penser que celui de M. Aemilius Lepidus était un théâtre en bois, provisoire et démontable93.
21Toujours en 179, il fit la dédicace dans la zone du circus Flaminius des temples de Diane et de Junon Regina, à la suite du vœu qu’il avait formulé en 187, lors de la guerre contre les Ligures94. La zone du circus Flaminius faisait aussi l’objet d’une activité urbanistique importante. En 221, C. Flaminius y avait fait construire son cirus qui était avant tout un monument lié aux activités de la plèbe. Beaucoup de généraux victorieux construisirent des temples dans cette zone, parce que c’était dans ce secteur que débutaient les cortèges triomphaux95. C’est ce que fit aussi M. Aemilius Lepidus. Reste à nous interroger sur les divinités retenues par le consul de 187. Choisir Junon Regina et Diane peut paraître surprenant parce que ces deux divinités avaient leur temple sur l’Aventin et le caractère plébéien de leur culte ne fait aucun doute. Selon F. Coarelli, implanter ces deux temples dans la zone réservée généralement aux uiri triumphales était une forme de revendication contre la faction des Scipions qui s’était opposée à un proeonsulat en Orient et qui avait aussi probablement refusé le triomphe à Lépide à la suite de ses victoires en Ligurie96. On sait également par Julius Obsequens97 que les armes prises aux ennemis ligures furent consacrées dans le temple de Junon Regina, ce qui renforce l’hypothèse émise par F. Coarelli.
22Enfin, il dédia pour son parent décédé, L. Aemilius Regillus, le temple des Lares Permarini98. En effet, lors de la guerre contre Antiochus en 190, L. Aemilius Regillus supervisait comme praetor naualis l’ensemble des combats navals. La bataille décisive eut lieu sur mer et Regillus voua un temple aux Lares Permarini. Après la victoire romaine, il célébra un triomphe naval en 189, et s’occupa lui-même de la locatio du temple. Onze ans séparèrent le vœu de la dédicace, et Regillus décédé, ce fut son gentilis M. Aemilius Lepidus qui la fit à sa place. Nous ne connaissons pas le degré de parenté qui existait entre les deux hommes. Il est toutefois nécessaire de dissocier cette dédicace de l’œuvre urbanistique de Lépide parce qu il n assura ni la construction du temple, ni son financement par la pecunia censoria99. Un second consulat en 175 fut récompensé par le triomphe pour des victoires dans le Nord de l’Italie100. C’était un des hommes les plus âgés de la République et les censeurs le nommèrent Princeps senatus101. Il mourut en 152, en précisant pour ses funérailles : non imaginum specie, non sumptibus nobilatari magnorum uirorum funera solere102. Ce personnage servit Rome sans faillir pendant soixante ans. Il cumulait les qualités sur le plan militaire, politique et diplomatique et son souvenir resta gravé grâce à ses réalisations urbanistiques. Il représentait le modèle, 1’exemplum du nobilis, à une époque où le système institutionnel décrit par Polybe fonctionnait correctement.
23M. Aemilius Lepidus eut plusieurs fils. Le plus connu, M. Aemilius Lepidus Porcina, fut préteur en 143, consul en 137, et gouverneur d’Espagne citérieure en 136103 Cicéron le présentait comme étant un grand orateur104 Avec Ap. Claudius Pulcher, P. Licinius Ciassus Mucianus et P. Mucius Scaeuola, soutint-il les projets de T. Sempronius Gracchus comme le suggère R. D. Weigell105 ? Nous n’en avons aucune preuve. Un dernier fils, Quintus, n’a laissé aucun souvenir et fut le père du consul de 78 a.C. Notons enfin, qu entre le milieu du IIe siècle a.C., et l’époque syllanienne, cette branche des Aemilii fut absente des Fasti consulaires106. Cette exclusion s’explique essentiellement par la prédominance du groupe des Metelli après la crise gracchienne107.
24Bien différentes furent les carrières postérieures du 1er siècle, mais les conditions de la vie politique avaient changé108. Rome n’était plus une Cité-État mais un Empire et les institutions traditionnelles étaient déréglées. La vie politique connaissait la corruption, les manipulations électorales109 et la violence110 Le 1er siècle fut marqué par le rôle décisif des grands imperatores qui cherchèrent à régner sur le monde romain et qui ouvrirent la voie à Auguste.
25Ce fut dans ce contexte que M. Aemilius Lepidus, le petit-fils du consul de 187 et père de Lépide commença sa carrière politique111. Sur le plan familial, il perpétua la tradition popularis de sa famille, puisqu’il épousa à une date inconnue Appuleia, la fille de L. Appuleius Saturninus, le tribun de 103112. Il eut trois fils, et l’aîné fut adopté par L. Cornelius Scipio Asiagenus, le consul de 83, ce qui réactiva la vieille alliance Aemilii/Scipiones113. Le deuxième fils était L. Paullus Lepidus, le futur proscrit et le troisième, M. Aemilius Lepidus, Lépide, le futur triumvir déjà mentionné. L’action politique de ce personnage fut extrêmement controversée114. Il choisit d’abord le camp des Marianistes contre Sylla, et pendant l’absence de ce dernier, il coopéra avec Cinna115. Puis il se rapprocha de Sylla ce qui lui permit d’échapper à la proscription116. Il fut propréteur en Sicile en 80 où semble-t-il, il s’enrichit par ses exactions aux dépens des provinciaux, et la proscription syllanienne fut également pour lui une source de profits117. C’est certainement à son retour de Sicile qu’il réaménagea la Basilica Aemilia 118. Quand il n’eut plus rien à craindre de l’ancien dictateur, M. Aemilius Lepidus s’en prit violemment à Sylla. D’après la célèbre diatribe que lui prête Salluste, il traita Sylla de tyran, de bourreau, de parricide tout en se justifiant de son enrichissement119. En 78, il fut élu au consulat avec comme collègue le très conservateur Q. Lutatius Catulus120, et les deux hommes se combattirent très rapidement121. C’est pendant son consulat qu’il développa un certain nombre de projets qui passèrent pour “révolutionnaires”. Il entreprit d’abord de faire voter une loi frumentaire122 qui prévoyait des distributions de cinq modii (soit trente-cinq ou quarante kilos) de blé par mois et par personne123. Cette mesure se comprend mieux à la lumière du contexte économique. Elle était une réponse aux pertubations des approvisionnements en blé, dues à la piraterie en Méditerranée. De 78 à 66, date de la mission extraordinaire de Pompée, les pirates gênaient l’arrivée du blé à Rome et par ailleurs Sylla avait certainement supprimé les frumentationes124. La loi fut votée nullo resistente et Q. Lutatius Catulus, le second consul, n’exerça pas son droit d’intercessio. Elle répondait à un réel besoin parce que son but était de contribuer à un approvisionnement régulier et à un prix stable à Rome125. Il voulut ensuite rétablir les pouvoirs des tribuns de la plèbe et redonner les terres aux citoyens dépossédés par les vétérans de Sylla. La révolte qui grondait à Rome gagna l’Étrurie. Les habitants de Fiésole massacrèrent les vétérans de Sylla et reprirent les terres que ceux-ci occupaient. Le Sénat envoya les deux consuls étouffer la révolte, après leur avoir fait jurer de ne pas se faire la guerre. Arrivé sur place. M. Aemilius Lepidus prit le parti des insurgés et trouva en Étrurie des alliés : son fils aîné adopté par L. Cornelius Scipio Asiagenus et qui était proscrit, l’ancien tribun de la plèbe M. Iunius Brutus, proscrit également et qui disposait de forces importantes en Gaule Cisalpine et un troisième proscrit, M. Perperna, qui de Sicile, était arrivé en Ligurie. Lorsque la révolte fut matée, Q. Lutatius Catulus rentra à Rome, tandis que M. Aemilius Lepidus, prétextant un devoir de surveillance resta en Étrurie. Mandé par le Sénat, pour présider les Comices consulaires, il exigea : l’amnistie pour les proscrits, la restitution des biens confisqués, le rétablissement des anciens pouvoirs des tribuns de la plèbe et un second mandat au consulat. En 77, au lieu de se rendre dans sa province, la Transalpine, M. Aemilius Lepidus demeura en Étrurie et lit occuper la Cisalpine par son légat M. Iunius Brutus. Le Sénat déclara le consul de 78 hostis publicus et donna des pouvoirs exceptionnels à Q. Lutatius Catulus et à tous ceux qui détenaient l’imperium. Ce fut ainsi que Pompée se vit investi d’un commandement militaire, tandis que Q. Lutatius Catulus avait le soin de garder Rome. Pompée battit M. Iunius Brutus à Modène et fit mettre à mort le fils aîné de M. Aemilius Lepidus à Alba Fucens126. M. Aemilius Lepidus marcha sur Rome mais fut vaincu par Q. Lutatius Catulus dans la plaine des Prati (près du Janicule). Il se replia, fut battu par Pompée en Étrurie et s’embarqua pour la Sardaigne où il y mourut de maladie la même année. Une partie de son armée le suivit, l’autre alla rejoindre Sertorius en Espagne.
26Nous sommes donc en présence d’un personnage ambigu, à double facette. D’un côté, il se présente comme un popularis, un consul radical, prêt à défendre les personnes dépossédées par la proscription syllanienne, à redonner des pouvoirs aux tribuns de la plèbe et à faire distribuer du blé à un prix raisonnable. De l’autre, c’est l’archétype du mauvais gouverneur de province, rapace, abusant des provinciaux pour s’enrichir et ayant aussi fait du profit sur la vente des biens des proscrits. Il passait pour quelqu’un de très riche puisqu’il avait, à ses frais, fait rénover la Basilica Aemilia et avait une des plus belles maisons de Rome127.
27Quelques remarques restent à faire au sujet du jeune Lépide qui avait onze ou douze ans à la mort de son père128.
28La première observation concerne son prénom. Il faut noter que c’est lui et non son frère Paullus qui porte le praenomen Marcus. C’est assez inhabituel dans les familles aristocratiques de l’époque républicaine. Normalement Lucius aurait dû reprendre les tria nomina du consul de 78129. Il faudrait savoir à quelle date ce fils aîné de Lépide a été adopté. Il a pu l’être entre la naissance de Lucius et celle de Marcus, ce qui pourrait expliquer le fait que Marcus ait reçu les tria nomina du consul de 78.
29La deuxième remarque concerne la situation des deux frères à la mort de leur père. Ils n’étaient pas liberi proscriptorum ni compagnons de M. Aemilius Lepidus et de Sertorius130, mais le consul de 78 avait été hostis publicus. Or, la famille de 1’hostis était aussi concernée par la mesure. Le fait d’être déclaré hostis entraînait la confiscation des biens de l’intéressé, la damnatio memoriae, et sur le plan moral, la famille connaissait le déshonneur131. Toutefois, L. Paullus Lepidus et M. Aemilius Lepidus ne furent pas pénalisés par la carrière de leur père, puisqu’ils purent commencer et effectuer leur cursus honorum à la fin des années 60 à l’âge normal.
30Enfin, les deux jeunes gens étant orphelins de père, il fallait assurer leur éducation et gérer leurs biens, donc mettre en place une tutelle. Pour ce qui concerne les orphelins, le droit romain distinguait la responsabilité légale, la tutela du mineur132, et la responsablité effective, souvent effectuée par la mère, l’exemple le plus frappant étant celui de Cornelia, mère des Gracques133. Nous ne sommes pas du tout renseignés sur ce sujet, et nous ne savons pas si ce fut Appuleia qui devint leur tutrice. La seule chose dont nous soyons sûrs est que les deux frères n’étaient pas dans le besoin puisqu’ils purent être triumuiri monetales, puis continuer leur cursus, ce qui supposait une fortune confortable134.
Notes de bas de page
1 Weigel 1973 : Ranouil 1973 ; Wiseman 1974, 209 ; Gaggiotti 1985 ; Wiseman 1991, 181 ; Weigel 1992, 5-10 ; Heurgon 1969. 192-194 ; Cornell 1995, 84-85. Il semble aujourd’hui certain que tous les peuples de l’Italie (Latins, Étrusques, peuples italiques) connaissaient le système des gentes. Celles du Latium s’établirent sur ce territoire avant 600. Une gens regroupait tous ceux qui se rattachaient à un ancêtre commun. Cette communauté de sang s’exprimait par l’usage d’un même nom, le gentilice, dérivé d’un nom individuel du fondateur éponyme. Chaque gens avait ses clients (clientes) qui étaient sous une forme de dépendance spéciale. Le nombre de clients était variable. On cite généralement les quatre ou cinq mille clients des Fabii, mais les gentes primitives devaient être plus réduites.
2 Plut., Rom., 2.3.
3 Ferrary 1988. Comme le remarque Ferrary 1988, 535, n. 34, cette tradition, ou du moins l’une de ses variantes a dû être forgée en l’honneur des Aemilii Mamerci(ni), attestés dans les Fastes de 484 à 316. Voir également Gabba 1967, 154. L’auteur a relevé des traces de la formation de la légende de Numa dans le courant pythagoricien du ive siècle.
4 Fest.. Paul p. 22 L ; Plut., Aem., 2.1.2.
5 Plut., Num., 8.18.19.
6 Gagé 1955. 314. Notons également qu’une statue de Pythagore fut élevée sur le Forum bello Samniti (Pl in.. Nat 34. 26) vers 300 a.C. Se référer à Coarelli 1985. 1 19-123.
7 Klebs 1893 : RE, 1.1, s.v. Aemilius, col. 570 ; MRR, I, p. 22 ; Liv. 2.42.2 ; Diod. 1 1.38.1 ; Dion. H. 8.83.1.
8 Levi 1995, 124 : Wiseman 1991, 183.
9 Humbert 1978,74-75, n. 80.
10 Nous reprenons la liste dressée par Ranouil 1975, 235 : De la fondation de la République aux XII Tables : L. Aemilius Mam. f. n. Mamercus, Cos. 484, 478. 473. T. (ou Ti) Aemilius L. f. Mam. n. Mamercus. Cos. 470,467. De 449 aux lois Lieiniennes : Mam. Aemilius M. f. n. Mamercinus Q, Cos. 446 ; Tr. Mil. c. p. 438 ; Dict. 437.434 : IIIuir Fiden, cognacs. 428 ; Dict. III 426. M’. Aemilius Mam. f. M. n. Mamercinus. Cos. 410 ; Tr. Mil. c. p. 405,403,401. L. Aemilius Mam. f. M. n. Mamercinus, Tr. Mil. c. p. 391,389, 387, 383,382, 380. L. Aemilius L. f. Mam. n. Mamercinus. Tr. Mil. c. p. 377 ; Mag. Eq. 368 ; Cos. 366, 363 ; Interrex 355 ; Mag. Eq. 352.
11 Gaggiotti 1985, 65. Les liens de Rome avec les Grecs de l’Italie du Sud sont bien attestés au ve siècle, en particulier pour les livraison de blé. Cf. Urique dans Hinard 2000, 160.
12 Parmi quelques exemples : MRR. I, p. 25 en 478, le consul L. Aemilius Mamercus battit les Véiens et obtint la paix. Cf. Liv. 2.49.9 ; Diod. 11.52.1 : Dion. H. 9.6.1. MRR. I. p. 31, en 470, le consul Ti. Aemilius Mamercus battit les Sabins. Cf. Liv. 2.61.1 ; Diod. 1 1.69.1 ; Dion. H. 9.51.1. MRR. 1.58-59, en 437, le dictateur Mam. Aemilius Mamercinus remporta une brillante victoire sur les Veii, les Falerii et les habitants de Fidène et reçut le triomphe. Cf Liv. 4.17.8 ; Liv. 4.20.1-4. MRR. I, p. 62, ce même personnage en 434 fut vainqueur des Falerii et des Étrusques. Cf. Liv. 4.23.5.
13 Sur les tribus : Taylor I960 ; Alföldi 1962. 187-213 ; Humbert 1978, 49-84 ; Heurgon 1993, 259-260 ; Cornell 1995, 173-179 ; Briquel dans Hinard 2000, 184-185. La doctrine admet aujourd’hui que Seruius Tullius fut le créateur des quatre premières tribus urbaines (Liv. 1.43 ; Var.. L., 5.45) qui devaient remplacer les tribus de Romulus. Il s’agissait de circonscriptions territoriales qui permettaient de répartir les citoyens d’après leur domicile. Elles servaient aussi à l’évaluation de leurs biens fonciers pour l’inscription sur le rôle du cens et pour rétablissement de l’impôt. En revanche, l’histoire des tribus rustiques est plus délicate. Parmi les seize tribus rustiques, dix tiraient leur nom d’une gens patricienne dont elles avaient d’abord été le domaine. Ce fut le cas de la tribu Aemilia. La thèse de Taylor 1960, selon laquelle la création en bloc de dix-neuf ou vingt tribus serait l’œuvre de Seruius Tullius n’est plus admise aujourd’hui. Les travaux d’Alföldi 1962. repris par Heurgon 1969, 257-260, font aussi l’objet de critiques. Ces deux auteurs pensent que les tribus rustiques ont été créées en deux temps. Celles qui tirent leur nom d’une gens seraient les plus récentes, apparues au début de la République et s’étendraient sur un rayon allant au-delà de 1’Ager Romanus antiquus. Les six restantes seraient plus anciennes et remonteraient à l’époque de Seruius Tullius et correspondraient aux limites sacrées de l’Ager Romanus antiquus. Cette théorie a été critiquée par Humbert 1978, 58-65 et Cornell 1995, 173-179. On arrive à la conclusion aujourd’hui, en reprenant à la fois, Denys d’Halicarnasse, Tite-Live et l’étude des Fasti, que les vingt et une tribus étaient créées en 491 a.C.
14 Wiseman 1991, 183 ; Taylor 1960,45. Sur Lavinium : Cornell 1975. 1-32 ; Castagnoli 1982, 1-15. La localisation de certaines tribus ne pose pas de difficultés parce qu’elle correspond à une zone d’action privilégiée de la famille dont les sources ont conservé le souvenir. Ce furent les cas de la tribu Fabia située en direction de Véies, sur la rive droite du Tibre en souvenir de la politique active menée par les Fabii dans cette région ou de la tribu Claudia, localisée au nord de l’Anio, secteur dans lequel cette gens avait des intérêts.
15 Gaggiotti 1985, 65 ; Taylor 1960, 271 ; Humbert 1978, 196. Formies et Fundi appartenaient au territoire volsque et Suessa Aurunca dépendait des Aurunci.
16 Heurgon 1969, 303-312 ; Cornell 1995.333-344.
17 L’ouvrage fondamental sur celle question reste celui de Münzer 1920. On peut lire le premier chapitre consacré à la vie politique entre la mise en place de la législation licinienne et les guerres samnites. 8-45, et plus particulièrement la création d’un Mittelpartei, 8-21. L’auteur fonde ses travaux sur l’examen des Fastes consulaires qui lui ont permis de dégager les combinaisons politiques qui après 366 ont amené la domination de certains partis et la création de la nobilitas. Voir également : Heurgon 1942, 247-250 ; id. 1993, 306-310 : Briquel dans Hinard 2000,241-242.
18 L. Aemilius Mamercinus Cos. 366 et 363.
19 L’explication généralement avancée pour expliquer cette domination est l’influence prépondérante du consul qui présidait les Comices pour l’élection de ses successeurs.
20 Heurgon 1942, 247-248. Sont consuls : en 341, L. Aemilius Mamercinus, fils ou cousin du consul de 366 et de 363 ; en 3.39, Ti. Aemilius Mamercinus, parent des précédents ; en 329, L. Aemilius Mamercinus II.
21 Briquel dans Hinard 2000, 241.
22 Sur les relations de Rome avec les Samnites, l’ouvrage essentiel est celui de Salinoli 1967. Sur Capoue et la Campanie, la thèse d’Heurgon 1942 déjà citée et Frederiksen 1984. Pour les différents statuts juridiques : Humbert 1978. On trouvera un récit précis des événements chez : Briquel et Brizzi dans Hinard 2000, 245-269 et Cornell 1995,345-352.
23 Voir Heurgon 1942. 258-260. L’auteur a surtout démontré le rôle des Fabii dans l’expansion romaine vers le Sud de l’Italie. Avant ces guerres, les Fabii avaient déjà élargi les bases de leur politique en nouant des relations et des alliances avec les familles dirigeantes des villes italiques, en Étrurie et en Campanie. Càssola 1962 121 a insisté sur les aspects économiques de la conquête. Il y avait une volonté de la noblesse patricienne et surtout plébéienne de profiter des nouveaux marchés que permettait la conquête.
24 Heurgon 1942, 252. L’auteur parle même de tendances philosamnites des Aemilii.
25 Liv. 8.1.7 ; Heurgon 1942, 252.
26 Liv. 8.2.1 ; Heurgon 1942,252.
27 Humbert 1978, 198-199, n. 158 ; Càssola 1962, 127.
28 Gaggiotti 1985, 65, n. 92.
29 MRR, I, p. 151. Le premier M. Aemilius Papus fut dictateur en 321. Cf. Liv. 9.7.14 ; MRR. I. p. 155. Q. Aemilius Barbula fut consul en 317. Cf. Liv. 9.20.7 ; Diod. 19.17.1.
30 MRR, I, p. 169. Le premier des Aemilii Paulli. M. Aemilius Paullus fut consul en 302. Cf. Liv. 10.1.17 ; Diod. 20. 106.1. Donc, des différentes branches que compte la gens (Mamercus/ Mamercinus, Papus, Paullus, Lepidus, Regillus, Scaurus) les Aemilii Lepidi furent les cinquièmes à apparaître sur les Fastes consulaires.
31 Gaggiotti 1985, 65.
32 Gaggiotti 1985, 65 ; Wiseman 1991, 183 traduit Lepidus par “graceful” et Hinard 1985b, 19, par "mignon”.
33 Weigel 1992,6.
34 Weigel 1992,6.
35 Nous ne présentons en aucun cas une histoire exhaustive des Aemilii Lepidi. Nous renvoyons le lecteur à la thèse de Weigel 1973. Pour les iiie-ier siècles nous n’avons retenu que les membres de la gens dont l’action et le rôle ont été déterminants pour l’histoire de l’Vrbs et qui ont servi de modèle au futur triumvir.
36 Klebs 1893 : RE, 1, 1, s.v. Aemilius, col. 552 ; MRR, 1, p. 186.
37 Klehs 1893 : RE. 1.1, s.v. Aemilius, col. 552 : MRR. I. p. 225. Il fut élu avec M. Publicius Malleolus. Selon Liv. 23.30.15, il obtint un second consulat suffect entre 221/219, mais cette charge n’est pas confirmée par les Fastes.
38 Pol. 2.21.7. Ce fut sous le consulat de M. Aemilius Lepidus que les Romains partagèrent en lots le territoire picentin précédemment occupé par les Gaulois Sénons qui en avaient été expulsés après leur défaite. L’instigateur de cette mesure prise en faveur de la classe populaire était C. Flaminius.
39 Une colonie de citoyens avait été installée à Sena Gallica, puis une colonie de droit latin à Ariminium et, enfin une autre colonie de citoyens à Aesis.
40 Hinard 2000, 382-384. Le Sénat était opposé à C. Flaminius parce qu’il considérait que la colonie à la différence des lots individuels, permettait de développer et d’augmenter la puissance de la cité-mère. Le Sénat s’opposa par tous les moyens à cette proposition de loi. Il menaça le tribun de la force armée et eut recours en dernier lieu, à la patria potestas de son père qui intervint en pleine assemblée pour lui intimer l’ordre de suspendre les opérations. Mais C. Flaminius était un homme déterminé et il réussit à faire voter le plébiscite. Sur la colonisation de C. Flaminius, Gabba 1979. 159-163.
41 Weigel 1973, 18.
42 Liv. 23.30.15 : M. Aemilio Lepido qui bis consul augurque fuerat filii tres Lucius Marcus Quinius ludos funebres dederunt.
43 Ville 1981 ; Bernstein 1998.
44 Ville 1981, 1-8.
45 Ville 1981,47.
46 Klebs 1893 : RE, 1, 1, s.v. Aemilius, col. 552.
47 MRR, I. p. 238.
48 MRR, 1, p. 249. En 216, Il échoua au consulat.
49 MRR, I, p. 263 et p. 266. Cette dernière préture est discutée. Il n’est pas certain que M. Aemilius Lepidus fut de nouveau préteur en 213. Tite-Live ne fait pas état d’une itération, et il pouvait aussi s’agir de son gentilis, M. Aemilius Papus. Toutefois, sur le plan constitutionnel, il n’existait pas encore d’intervalle de prévu entre deux prétures.
50 Liv. 21.49.51.
51 Klcbs 1893 : RE, 1, s.v. Aemilius, col. 552-553 ; Weigel 1992,7.
52 Badian 1958 ; Càssola 1962 ; Scullard 1973 ; Grimal 1976.
53 Ces deux événements ont fait l’objet de très vives controverses. Ils seront développés lors de l’étude des monnaies émises par Lépide lorsqu’il fut triumuir monetalis.
54 L. Aemilius Paullus et M. Aemilius Lepidus étaient cousins éloignés. Le grand-père de Lépide. Cos. 232, était M.f.M.n., Klebs 1893 : RE, 1,1, s.v. Aemilius, col. 552, et le grand-père de Paullus était M.f.L.n., Klebs 1893 : RE, 1, 1, s.v. Aemilius, col. 580-581. Ils étaient alliés tous les deux au groupe des Scipions. Voir sur ce point Scullard 1973.
55 Liv. 35.10.1 1-12 ; Coarelli,.s.v. Porticus Aemilia, LTUR, 4, 1999, 116-117 ; voir également Allély 2000b,30-37.
56 Gatti 1934, 123-149.
57 Bresson & Rouillard 1993.
58 Coarelli 1994,241.
59 Garnsey 1988. 191. Cet auteur avance 180 000 habitants vers 270 a.C.. 375 000 vers 130 a.C. Il fallait aussi nourrir les légions dont le nombre varie entre six et dix entre 199 et 192 a.C.
60 Liv. 36.2.6.
61 MRR, I, 367-368.
62 Bandelli 1988 ; Laffi 1992,5-23.
63 MRR. I, p. 240. Un triumvirat composé par P. Cornelius Scipio Asina, P. Papirius Maso et Cn. Cornelius Scipio s’occupa de l’assignation des terres. Mais le projet datait de 220, lors de la censure de C. Flaminius. Cf. Liv. Per. 20 ; MRR. I, 235-236.
64 Bandelli 1988, 23. Lors de son second consulat en 194, P. Cornelius Scipio Africanus, chef de la coalition politique la plus importante du moment s’intéressa à la Gallia Cisalpina.
65 MRR. I, p. 352 ; Liv. 36.1.8-9 ; 36.2.1 ; 38.5-7 ; 38.39-40.
66 MRR. 1, p. 364. Elle été composée de L. Valerius Flaccus, M. Atilius Serranus et de L. Valerius Tappo.
67 Liv. 38.42.8-12 ; 39.1.1-2 ; 39.2.1-1 I.
68 Liv. 39.3.1-3 ; Diod. 29.14.1.
69 Liv. 39.2.10 ; Wiseman 1970, 126-128 ; Brizzi 1979, 381-394 ; Chevallier 1983, 8, n. 48 ; Bandelli 1988,25-26.
70 Brizzi 1979,388-393.
71 MRR. I. p. 380. Cette commission était composée également de T. Aebutius Parrus et de L. Quinctius Crispinus. Liv. 39.55.7-8 ; Donati 1967 ; Tozzi 1975,47-52.
72 Liv. 39.55.6-7.
73 Sur ces questions : Toynbee 1965, 150 ; Salmon 1969, 103-106.
74 Scullard 1973, 168-169.
75 Tozzi 1975,47-52.
76 MRR, 1, p. 399. Les deux autres membres étaient P. Aelius Tubero et Cn. Sicinius. Cf. Liv. 41.13.4-5. Voir également Coarelli 1987, 30.
77 Salmon 1933, 30-35 ; id. 1969, 103-106.
78 MR R. 1,401-402 ; Liv. 41.19.1 2.
79 Str. 5. 1.1 1 ; Bandelli 1988, 28 ; Wiseman 1991, 184, n. 24 considère qu’il s’agit d’une confusion de la part de Strabon.
80 MRR, 1,409-410 : Liv. 42.4.3-4.
81 MRR, I, p. 421 ; Liv. 43.5.7 ; 43.5.10.
82 Liv. 39.55.6-8 ; Rossignani 1995, 61-75 ; Bandelli 1992, 31-45. Plus généralement : Badian 1958.
83 MRR, 1, p. 390 ; V. Max. 6.6.1. Il appartenait au collège des pontifes depuis 199.
84 MRR. I, p. 392 ; Weigel 1979,51-53.
85 Liv. 40.5.6 ; 40.46.16 ; V. Max. 4.2.1 ; Gel. 12.8.5-6.
86 Liv. 40.51.9 : “Les censeurs changèrent la façon de voter et firent le recensement des tribus par région, prenant en considération l’origine des individus, leur lien juridique avec la cité ( ?), et leur fortune. Trad. Humbert 1978, p. 352.
87 Nicolet 1961 ; id. 1976 est plus nuancé, voir p. 312.
88 Taylor I960. 139-140.
89 Humbert 1978, 352-353.
90 Weigel 1992. 8 et voir au paragraphe suivant la bibliographie sur la Basilica Aemilia.
91 Coarelli 1988, 139-147. Les arches furent ajoutées par les censeurs de 142 : L. Mummius et Scipion Émilien.
92 Liv. 40.51.2.
93 Bustany 1992, 352. L’auteur remarque que son emplacement ad Apollinis, c’est-à-dire près du temple d’Apollon Medicus préfigure exactement le projet césarien d’un théâtre qui fut inauguré en 13 a.C., sous le nom de théâtre de Marcellus.
94 Sur le uotum en l’honneur de Diane : Liv. 39.2.K : “S’attaquant ensuite à ceux de la montagne, il les harcela tout d’abord par des escarmouches, puis il les contraignit à descendre pour livrer bataille et les vainquit en un combat régulier au cours duquel il lit vœu par ailleurs d’un temple à Diane” (in quo et aedem Dianae uouit). Sur le uotum en l’honneur de Junon Regina, Liv. 39.2.11 : “Au cours d’un dernier engagement où il rencontra les Ligures en bataille rangée, il lit vœu d’un temple à Junon Regina” (aedem limoni Reginae uouit.). Sur la dedicatio des temples, Liv. 40.52.1.7 : “Marcus Aemilius demanda au Sénat de lui allouer une subvention pour célébrer des jeux à l’occasion de la consécration des temples de Junon Regina et de Diane qu’il avait fait vœu d’élever huit ans auparavant lors de la guerre contre les Ligures” (sibi dedicationis templorum reginae Iunionis et Dianae, quae bello ligustino octo ante annis uouisset). Voir Weigel 1982-1983, 179-192 ; id. 1998, 132-133. Sur les opérations concernant les temples à l’époque républicaine : Ziolkowski 1992 ; Orlin 1997.
95 Coarelli 1994, 191.
96 Coarelli 1988,487. Liv. 38.43.1.
97 Obs 27 : in aede Iunonis Reginae scutum ligusticum fulmine tactum. C’est justement la mention d’un scutum ligure qui permet d’attribuer cette consécration au temple de la zone du circus et non à celui de l’Aventin.
98 Liv. 40.52.1.7 ; Macr. 1.10.10 ; Zevi 1997,81-115.
99 Voir Bustany 1992,252.
100 Liv. 41.27.3.4.
101 Weigel 1992,8.
102 Liv. Per. 48.
103 Klebs 1893 : RE, 1.1, s.v. Aemilius, col. 566.
104 Il fut un de ces grands orateurs que Cicéron cita dans le Brutus, § 95-96. Nous ne connaissons pas les procès auxquels il a participé, mais nous savons, toujours par Cicéron, qu il a plaidé. Le consul de 6.3 disait de lui dans le De Oratore. 1.40, qu’il était ignarum legum, haesitantem in maiorum institutis, nudem in iure ciuili.
105 Weigel 1973, 114-115.
106 Un M. Aemilius Lepidus fut consul en 158 (MRR, I, p. 446). C’était un cousin du consul de 187. Son fils M. Aemilius Lepidus fut consul en 126 (MRR. I. p. 508) et joua un rôle actif dans la mise en place de la législation gracchienne. Camodeca 1997, 263-269.
107 Syme 1986. 105.
108 Hinard 2000. Voir les derniers chapitres : chap. XV, Les années troubles, chap. XVI, Les années noires, chap. XVII, La dernière république et chap. XVIII, L’agonie.
109 Linderski 1985, 87-94 ; Yakobson 1999.
110 Lintoti 1968.
111 Klebs 1893 : RE, 1.1, s.v. Aemilius, col. 554-556.
112 Plin.. Nat., 7.122 ; Münzer 1920. 308 ; Badian 1958, 200. n. 4. En effet, le fils de L. Aemilius Paullus, avait été adopté par P. Cornelius Scipio et devint P. Cornelius Scipio Aemilianus Africanus et mit fin à la troisième guerre punique.
113 Orose 5.22.17.
114 Carcopino 1942, 221 parle de lui comme d’un homme “de tempérament instable, anarchique et turbulent” ; Syme 1967,30 le présente comme un “consul turbulent et ambitieux”. Une réévaluation et une nouvelle interprétation de son œuvre ont été laites par Hayne 1972a, 662-668 ; Labruna 1975. Se référer à la fin de l’ouvrage à l’abondante bibliographie de Labruna, 127-177 ; Wiseman 1991. l86 ; Weigel 1992, 11-19.
115 Hayne 1972a, 662.
116 Ce ne fut pas le cas de son fils adopté, ni de son père adoptif. Voir Hinard 1985a, 344-346.
117 Sall., Hist.. 1.55.18. Lépide était certainement très riche comme en témoignait sa maison, une des plus belles de Rome. Selon Plin., Nat., 36.8, il fut le premier à Rome à mettre dans sa demeure des seuils en marbre numidique.
118 Nous en étudierons la signification symbolique avec les monnaies émises par Lépide en 61 a.C.
119 Sall.. Hist., 1.55.16-18.
120 Plut., Syll., 34.3.5 : Pomp., 15.1.2. Lépide avait été élu consul contre l’avis de Sylla mais avec l’appui de Pompée.
121 Il y eut très vite entre eux deux pommes de discorde. La première concernait le choix d’un préfet urbain pour les “fêtes Latines”. La seconde touchait aux funérailles de Sylla. A l’annonce de la mort de l’ancien dictateur, le consul Catulus proposa, qu’avant de procéder à la cérémonie au Forum et au Champ de Mars, on menât la dépouille de Sylla en grande pompe dans toute l’Italie. Cette proposition fut violemment combattue par M. Aemilius Lepidus qui présentait dorénavant Sylla comme un tyran. II voulut interdire les funérailles pour que son corps soit privé de sépulture. Voir Hinard 1985a, 16-17.
122 Sur les lois frumentaires, voir les travaux de Virlouvet 1994. I 1-29. L’auteur dresse en Annexe I (p. 25) un tableau des lois frumentaires de C. Gracchus à Clodius et en Annexe Il (p. 26 sq.) donne le contenu des différentes rogationes et leges.
123 Le texte nous est rapporté par Granius Licinianus p. 33F : (Et) legem frumentarium nullo resistente tutatus est ut annonae quinque modii populo darentur. Cette loi était la première lex frumentaria qui précisait une ration mensuelle qui devait être celle prévue par C. Gracchus. Bien que Granius Licinianus utilise le verbe dare (darentur), la distribution n’était pas gratuite. Jusqu’à la lex Clodia de 58 a.C., qui, la première, introduisit des distributions gratuites, le blé fut toujours vendu. Le verbe dare est aussi utilisé dans la lex Sempronia frumentaria, qui fixait le prix du modius à 6 as 1/3, ce qui mettait les cinq modii au prix de deux deniers. Les textes relatifs à la lex Clodia, en revanche, précisent expressement la gratuité de la mesure.
124 Sall., Hist., 1.55.11M : populus romanus... ne seruilia quidem alimenta relicua habet. La question des frumentationes à l’époque syllanienne reste complexe faute d’informations suffisantes. Les deux édiles de la plèbe de 85 ou 83 a.C., M. Fannius et L. Critonius émirent un monnaie qui laisse penser qu’il y eut une distribution extraordinaire cette année-là et la fréquence des cornes d’abondance sur les monnaies frappées pendant la dictature de Sylla témoigne de la volonté du dictateur de procurer à bas prix une subsistance décente.
125 Virlouvet 1994, 18 ; Hayne 1972a, 664 ; Allély 2000b, 37-40.
126 App., BC., 1.85.86 ;Orose. 5.22.17 ; Coarelli 1998,472-473.
127 Plin., Nat., 35.13 ; 36.49.
128 Nous ne connaissons pas son année de naissance, mais l’étude de son cursus nous autorise à penser qu’il naquit en 89 ou 88 a.C.
129 Pour d’autres exemples à l’époque républicaine, voir les travaux de Dondin-Payre 1993.
130 Dans ces conditions il ne semble pas que les deux frères lurent concernés par les dispositions de la lex Plautia de 70 et par les rogationes de 63. Sur ces mesures : Hinard 1985a, 162-163 pour la les Plautia et 207-208 pour les rogationes.
131 Jal 1963,55.
132 Cette responsabilité inclut la gestion du patrimoine, organisée par le testament du pater familias, par la loi des XII Tables ou le préteur, laquelle ne peut revenir qu’à un ou plusieurs hommes. Voir Albanese 1979.
133 Gardner 1998,241-252.
134 Shatzman 1975,289-290.
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