Le destin d’André Malraux en Chine
p. 185-191
Texte intégral
1Si l’on étudie la réception d’un écrivain dans un pays étranger, on doit, comme lorsque l’on étudie sa réception dans son propre pays, examiner les différents milieux : lecteurs, chercheurs, écrivains, etc. En Chine, que ce soit dans le monde littéraire, dans les cercles académiques, ou dans le monde des écrivains, le nom d’André Malraux est beaucoup moins célèbre que celui de Sartre, de Camus, de Simone de Beauvoir, etc., et même moins connu que celui d’Henri Barbusse et de Louis Aragon. Les auteurs français (surtout du XIXe et du XXe siècle) exercent une influence importante sur la création littéraire des écrivains chinois, tandis que celle de Malraux est minime. Il n’a jamais été le centre d’intérêt du monde littéraire chinois, et aucune preuve n’atteste qu’un écrivain chinois ait été influencé par lui. Bien que plusieurs de ses ouvrages prennent la Chine comme fond historique, les lecteurs chinois le connaissent très peu. Dans les années 80, Les Conquérants et La Condition humaine ont été publiés en Chine continentale dans leur traduction chinoise1, avec des tirages respectifs de 12 000 et 18 000 exemplaires. À l’époque, les lecteurs chinois ont fait preuve d’un enthousiasme sans précédent pour la littérature occidentale, dont les œuvres majeures avaient facilement des tirages de plus de cent mille exemplaires : aucune comparaison possible avec l’œuvre de Malraux ! De plus, si les lecteurs chinois de Malraux sont peu nombreux, ceux qui ont lu son œuvre jusqu’au bout le sont encore moins. Sans doute, les spécialistes de littérature française et de littérature comparée sont-ils ceux qui montrent le plus d’intérêt pour Malraux, mais dans ce cercle restreint, pendant longtemps, Malraux n’arrive pas à attirer l’attention des chercheurs chinois. À l’exception des Recherches sur Malraux, ouvrage écrit par Liu Mingjiu et Luo Xinzhang, et des Écrivains français et la Chine de Qian Linsen, qui avaient une assez grande influence, il n’y a que peu de recherches concernant Malraux, les articles à son sujet se contentant pour la plupart de l’introduire sommairement2. Actuellement, son nom apparaît souvent dans des revues3, et attire l’attention d’une partie de lecteurs, mais ceux-ci s’intéressent évidemment plus à sa carrière légendaire qu’à son œuvre, autrement dit, Malraux revient à l’horizon des lecteurs chinois comme un romancier mythique, non comme un romancier célèbre. On peut presque être sûr que, dans le futur, l’œuvre de Malraux romancier continuera à tomber dans l’oubli, alors que sa biographie sera mieux reçue que ses romans.
2Pourquoi Malraux romancier est-il mal accueilli en Chine ? Pour répondre à cette question, on doit bien sûr s’intéresser au contenu de son œuvre, mais surtout étudier le contexte qui a été celui de sa réception en Chine. Ce contexte, outre les interactions entre la recherche académique concernant la traduction et l’introduction d’œuvres étrangères en Chine, la réaction et les emprunts des écrivains, et les exigences des lecteurs, se caractérise par des choix idéologiques. Pendant une assez longue période après 1949, l’idéologie officielle de la Chine continentale encourage la littérature réaliste socialiste, ce qui implique plutôt le choix de sujets importants et historiques, un style réaliste traditionnel et surtout une orientation nettement politique. Bien qu’on soit plus tolérant sur l’introduction de la littérature occidentale, on préfère traduire et présenter les œuvres conformes à cette idéologie politique. C’est pour cela que Barbusse était bien accepté en Chine pendant une longue période. Évidemment, les considérations d’ordre politique sont plus importantes que les autres. Même si les ouvrages n’arrivent pas à répondre aux autres exigences, il suffit qu’ils soient politiquement corrects pour être acceptés. Par exemple, Paul Éluard et Louis Aragon, écrivains surréalistes, étaient chaleureusement reçus en Chine dans les années 50 pour les mêmes raisons. Après la détérioration de la relation sino-soviétique dans les années 60, ils ont été immédiatement condamnés à l’oubli pour leur attitude prosoviétique.
3Il convient de noter que les romans de Malraux correspondent tout de même aux critères mentionnés ci-dessus. Premièrement, ses trois plus célèbres romans, Les Conquérants, La Condition humaine et L’Espoir traitent tous les grands événements historiques de ce siècle. Dans un contexte où la littérature occidentale contemporaine se tourne généralement vers « le petit monde » individuel, sa description du « grand monde » à la manière d’une quasi épopée semble éclatante. Deuxièmement, bien que des romans tels que La Condition humaine s’écartent de temps en temps du réalisme traditionnel, sa technique est globalement réaliste. Troisièmement, il va sans dire que Malraux a des sympathies révolutionnaires. Cependant, il n’arrive pas à éviter la critique politique. Il s’agit en premier lieu de son attitude politique et de sa position sociale. On sait qu’il se rapproche du gaullisme après la deuxième guerre mondiale, – membre du gouvernement, ministre de l’information, ministre de la culture, de tels postes lui donnent une image de bourgeois aux yeux des Chinois. Bien que les critères politiques ne varient pas, on traite différemment les écrivains de différentes époques. En général, on est tolérant à l’égard des anciens ou des écrivains qui ne sont plus en vie, tandis qu’on est extrêmement strict envers les contemporains. À cette époque-là, Malraux était un personnage actif et politique, son attitude était jugée en Chine non seulement douteuse, mais aussi pour ainsi dire réactionnaire. Il était prévisible qu’il serait rejeté à cause de sa position (dans la tradition chinoise, on a toujours tendance à rejeter les paroles à cause de sa personnalité suspecte). En second lieu, on est sensible aux sujets des Conquérants et de La Condition humaine. Événements clés de l’histoire du Parti Communiste Chinois, la Grande Grève de Sheng Gang et le Coup d’État du 12 avril 1927 sont des sujets historiques sérieux dont l’interprétation et l’évaluation sont déterminées par les résolutions des instances les plus élevées du P.P. C., et l’écriture littéraire doit s’y conformer. Plus le sujet traite de questions historiques, plus on sera exigeant envers son contenu idéologique. Même si Malraux a des sympathies révolutionnaires, il a évidemment interprété la révolution chinoise à sa façon. Sans parler de la tradition chinoise évoquée ci-dessus, son interprétation ne pouvait absolument pas être acceptée. Donc, contrairement à ce que l’on pouvait imaginer, à cette époque particulière, choisir la révolution chinoise comme sujet, loin de susciter un accueil chaleureux, a créé un obstacle pour le rapprochement des lecteurs chinois.
4Dans les années 50 et 60, de la littérature occidentale du XXe siècle, la Chine ne connaissait que quelques écrivains de gauche. Pendant la Grande Révolution culturelle, la porte donnant sur l’Occident était totalement fermée. Ce n’est qu’à partir des années 80 qu’il est possible aux lecteurs chinois de renouer contact avec la littérature occidentale. Le gouvernement atténue alors le contrôle idéologique, on peut même dire que, en ce qui concerne la littérature occidentale, les lecteurs chinois ont eu pour la première fois la possibilité de choisir par eux-mêmes, c’est-à-dire qu’il était permis d’introduire des écrivains et des œuvres occidentales de tout genre et de différentes écoles littéraires. Dans ces circonstances, ce qui déterminait la réception ou non d’un écrivain, n’était plus seulement les directives gouvernementales, mais surtout les attentes du public. C’est précisément à ce moment que Malraux est entré dans l’horizon des lecteurs chinois qu’il n’a pas réussi à séduire. Sartre, Camus, Simone de Beauvoir et les écrivains de Nouveau Roman ont eu un impact beaucoup plus important sur les lecteurs chinois et ont été beaucoup plus appréciés. Après avoir traversé des mouvements sociaux et des troubles politiques, les Chinois des armées 80 montrent une indifférence politique symptomatique, faisant preuve, plus ou moins consciemment, d’une résistance aux grands sujets tels que la révolution, l’histoire, le progrès, et ils se tournent vers des récits plus individuels. L’intérêt porté à la valeur de la vie individuelle est devenu leur choix collectif et inconscient. Les œuvres de Sartre, de Camus et de Duras répondent évidemment plus aux attentes des lecteurs chinois4. « La littérature ample et puissante » de Malraux, compte tenu des mentalités de l’époque, paraît vide de sens, exagérée, et même hors de propos. En fait, l’œuvre de Malraux ne manque ni d’interrogations existentielles (l’absurdité de la condition humaine est même son thème essentiel), ni de préoccupations individuelles ; pourtant, les lecteurs chinois préfèrent en découvrir le traitement manifeste chez Camus et Sartre que d’en chercher le noyau latent dans la symphonie révolutionnaire tapageuse de Malraux. D’autre part, comparé à Camus et aux écrivains du Nouveau Roman, Malraux semble conservateur et dépassé en matière d’art littéraire, n’offrant pas la fraîcheur suffisante et donc pas l’inspiration suffisante aux écrivains chinois. Lorsque les écrivains d’avant-garde se sont lancés dans diverses expérimentations artistiques, Malraux n’était sûrement pas un exemple à suivre : cela l’a condamné à l’anonymat en Chine.
5Ce qui atténue un peu son isolement en Chine, ce sont les recherches des spécialistes. Cependant, pour beaucoup de spécialistes chinois, Malraux semble, sans doute, plutôt « une carcasse de poulet5 » au sens académique : il serait regrettable de le rejeter mais le conserver n’a pas beaucoup d’intérêt. Regrettable de le rejeter, parce qu’il est un écrivain célèbre, et surtout parce que ses deux romans parlent de la Chine : La Condition humaine, traitant de l’échec de la Grande Révolution, est considéré comme son chef-d’œuvre. Les spécialistes chinois, délaissant Malraux, manquent à leur devoir. En fait, si l’on s’intéresse à Malraux, c’est d’abord pour la relation qu’il avait avec la Chine6. Le conserver n’a pas beaucoup d’intérêt parce qu’il est difficile d’inclure l’œuvre de Malraux dans un système de critique donné : difficile de le normaliser suivant le critère réaliste et de le saisir d’après la règle moderniste, il est aussi hasardeux de lui mettre des étiquettes comme romantisme ou expressionnisme.
6Les chercheurs chinois semblent incapables de franchir le seuil du réalisme. Par exemple, ils lisent d’abord les deux romans Les Conquérants et La Condition humaine comme des récits de l’histoire révolutionnaire chinoise. Les Chinois s’obstinent à lire un roman comme s’ils lisaient l’histoire. Les anciens avaient une expression autrefois très à la mode, attestant la valeur du roman : le roman, « complétant le manque d’histoire officielle », était appelé « l’histoire populaire », et les critères pour juger un roman se rapprochaient souvent des critères historiques. Le réalisme européen, rapidement accepté dès son introduction en Chine, est devenu l’école principale, ceci étant évidemment lié à l’imprégnation de la tradition historique chinoise dans la littérature. Par exemple, on dit que Balzac se faisait « rapporteur de l’histoire », et une telle expression reflète bien l’idée que le roman était considéré comme « l’histoire populaire ». L’histoire populaire étant indissociable du réalisme, il était d’autant plus difficile d’ébranler le critère réaliste. Puisque les romans de Malraux se sont inspirés d’événements historiques importants de la révolution chinoise, les critiques chinois ont naturellement utilisé la règle réaliste. Ainsi, la première question à résoudre avant d’analyser et d’évaluer l’œuvre de Malraux était celle-ci : « ses romans ont-ils reflété la vérité historique ? Et dans quelle mesure ? » Pourtant la réponse est décevante, car sa description de la révolution chinoise lui est très personnelle. À l’exception de quelques noms de personnages vraisemblables, il n’y a presque aucun lien avec la réalité chinoise. Les lecteurs sont alors laissés sur leur faim. En tenant compte de ces éléments, comment apprécier l’œuvre de Malraux ? Malgré tout, il faut reconnaître ses efforts pour traiter des sujets importants de l’histoire révolutionnaire. Les articles que nous avons lus, élogieux ou non, analysent et évaluent tout d’abord les deux romans de Malraux concernant la Chine en fonction de critères purement historiques. Certes, les critiques chinois pendant cette période d’ouverture disposent d’autres critères que ceux purement réalistes. Presque tous les articles scientifiques ont apprécié les réflexions et les idées de Malraux sur la condition humaine, à savoir le contenu philosophique de ses romans. Ce qui est regrettable, c’est que cette appréciation est toujours dissociée de l’analyse réaliste : il manque un lien logique entre ces deux aspects, l’analyse philosophique semble une valeur ajoutée à l’analyse réaliste.
7Dans une large mesure, c’est pour cette raison que les lecteurs moyens chinois restent éloignés de Malraux. Même s’il ne s’intéresse pas à son sujet révolutionnaire, Malraux a finalement écrit sur la Chine et les Chinois. Les Chinois, qui désirent ardemment se connaître eux-mêmes depuis les années 80, se regardent à l’aide des yeux occidentaux, ce qui paraît être la bonne voie. Pendant un moment, les ouvrages qui pouvaient répondre au titre « les Chinois vus par les Occidentaux », qu’ils soient des œuvres académiques, des récits de voyage, ou des romans, ont été accueillis. Cependant les romans de Malraux sont décevants de ce point de vue : ce sont des étrangers (de Garine des Conquérants à Kyo et Katow de La Condition humaine) qui tenaient le devant de la scène de la révolution chinoise, alors que les Chinois, peu nombreux (de Hong des Conquérants à Tchen de La Condition humaine), considérés comme des figures exemplaires de Chinois, étaient bizarres, ce qui paraît inconcevable. Les Conquérants et La Condition humaine, ont fait honneur à Malraux, qui passe aux yeux des lecteurs occidentaux pour un connaisseur de la révolution chinoise. Pourtant, bien que La Condition humaine ait été jugé et élu un des dix meilleurs romans traitant de sujets asiatiques, et que les lecteurs occidentaux n’aient sûrement pas considéré Malraux comme le Chateaubriand de cette époque-là, leur intérêt pour lui relevait certainement pour la plupart de l’exotisme exposé par son œuvre. Ce qui est intéressant, c’est que, selon les Chinois « concernés », Les Conquérants et La Condition humaine sont aussi empreints d’exotisme. Même si les noms réels de lieux, de personnages et des événements historiques servent de point de repère, les tableaux que Malraux a décrits, son contexte et ses personnages sont néanmoins difficiles à reconnaître pour les lecteurs chinois. Il n’y a rien d’étonnant à ce que les spécialistes chinois, qui précédemment ont présenté Malraux avec chaleur, fassent de tels reproches – « on doit avouer que, dans ses romans sur la révolution chinoise, Malraux n’a presque pas décrit de vrai révolutionnaire, ni de vrai Chinois. Les figures de révolutionnaires et du peuple chinois sous sa plume sont vraiment lointaines de la réalité »7. Cependant, le but de Malraux est-il de décrire de « vrais Chinois » ? Autrement dit, dans l’œuvre de Malraux, que représente la Chine ?
8À notre avis, les romans de Malraux devraient être considérés plutôt comme de la poésie et de la philosophie que comme de l’Histoire. L’histoire suit de près la réalité concrète, tandis que dans la poésie et la philosophie, le cas général dépasse les cadres concrets de l’espace et du temps. On ne peut pas dire que Malraux n’avait aucun intérêt pour la Chine – bien que l’on ne s’aperçoive pas dans Les Conquérants et La Condition humaine d’une grande curiosité pour les Chinois et les choses chinoises – ; sa préoccupation pour la Chine avait un sens plutôt abstrait. Il a prêté une grande attention à la « condition humaine », mais « l’homme » ici signifie l’humanité, pas spécifiquement les Chinois, mais tout aussi bien les Occidentaux. Ce qui est significatif, c’est que son contexte et sa conscience des problèmes sont tous deux venus d’Occident. La preuve en est que les problèmes auxquels se trouvent confrontés ses personnages, tels que l’absurdité de la vie, la solitude de l’homme, l’incommunicabilité et le partage impossible des sentiments, etc., sont tous des problèmes symptomatiques de l’Occident moderne dont les Occidentaux ont pris une nette conscience et dont ils étaient très soucieux ; cependant, ce genre de problèmes était alors inconnu des Chinois. Sur ce point, on n’a qu’à prendre des œuvres chinoises sur un sujet identique écrites par les auteurs de gauche, dans les années 30, pour faire une comparaison (par exemple, la nouvelle Le Parti aux culottes, écrite par Jiang Guangci, traitant de la troisième insurrection armée des ouvriers à Shanghai), et on peut alors constater la différence évidente des centres d’intérêt. Les écrivains chinois se préoccupaient de la réalité à laquelle ils faisaient face et de leur idéal « rouge » pour surmonter les difficultés : ils étaient avant tout préoccupés par les problèmes propres à la Chine ; tandis que Malraux partait d’une réflexion sur l’absurdité de l’existence humaine, et le sujet de la révolution chinoise n’a rien fait d’autre que lui fournir le cadre nécessaire à sa réflexion. On peut ainsi dire qu’il a écrit sur la Chine, mais que les points de repère de sa pensée étaient tout occidentaux ; il a pris l’aspect maladif de la vie chinoise comme symbole du symptôme de toute la civilisation, c’est-à-dire qu’il a peint la mélancolie occidentale à l’encre chinoise. Quant à la raison d’avoir choisi la Chine qu’il ne connaissait pas vraiment en réalité, au lieu d’écrire sur l’Indochine qui lui était plus familière, on doit trouver la réponse dans son aspiration à « la littérature ample et puissante ». Sans doute a t-il pensé que l’ampleur et l’impétuosité de la grande révolution chinoise pourraient doter son œuvre d’un style noble d’épopée : elle a fourni des accessoires de théâtre formidables, un décor splendide ; l’aventure individuelle réelle et imaginaire dont il s’enivrait a été combinée dans ce cadre révolutionnaire chinois avec la question de la condition humaine, ce qui lui a donné une portée exceptionnelle.
9Étant donné que le reste de la production littéraire de Malraux et ses mémoires n’ont pas encore été introduits à la Chine, il est difficile de prévoir son destin en Chine dans le futur. Pourtant, suivant la situation actuelle, comme on l’a déjà noté ci-dessus, l’aventure légendaire de Malraux ayant suscité l’intérêt des lecteurs chinois, il n’est donc pas impossible que ses romans attirent de nouveau l’attention. En ce qui concerne la réception d’un écrivain, il convient de noter que certains auteurs sont célèbres pour leurs œuvres, tandis que d’autres, font connaître leurs œuvres par leur personnalité. Sans doute, Malraux dont toute la vie est son chef-d’œuvre, doit-il être inclus dans cette dernière catégorie, au moins pour les lecteurs chinois d’aujourd’hui.
Notes de bas de page
1 Outre Les Conquérants et La Condition humaine, La Voie royale de Malraux a été publiée dans les années 80 dans sa traduction chinoise. Pourtant dans les recherches de spécialistes, ce livre a été rarement mentionné ; la réaction de la part des lecteurs était également très faible. Étudiant la réception de Malraux en Chine à travers des œuvres qui représentent le mieux la relation de Malraux avec la Chine, nous ne traiterons pas ici de La Voie royale.
2 Outre les deux livres énumérés ci-dessus et quelques articles de recherche, le nom de Malraux apparaît aussi dans l’histoire littéraire des différents pays, telle que l’Histoire de la littérature française (3 volumes), rédigée principalement par Liu Mingjiu. Mais il n’a pas été mentionné dans divers manuels d’Histoire de la littérature étrangère. Ainsi, dans l’Aperçu de la Littérature étrangère, rédigé de Zhu Weizhi et Zhao Li (Pékin, 1994, Éd. de l’Université du Peuple de Chine), manuel de lettres de la plupart des universités chinoises, se trouvent mentionnés, parmi les écrivains français « réalistes » du XXe siècle, Romain Rolland, Henri Barbusse, Roger Martin du Gard et André Gide ; d’autres grands noms figurent parmi les représentants de l’existentialisme, du futurisme, du symbolisme dans le chapitre sur « la littérature moderniste ». Dans cette division du réalisme et du modernisme, les rédacteurs ont estimé que Malraux n’était représentatif d’aucune de ces deux tendances.
3 C.f. Shu Cheng (La Ville des livres), 1999 n° 4, (Shanghai), et Wang Xiang (Mille Aspects), 1999 n° 3 (Shen Yang).
4 Il est évident que les œuvres de Sartre et de Camus ne se limitent pas à une seule phrase – « se préoccuper de la valeur de la vie individuelle » : l’œuvre de Sartre dans ses dernières années démontrait un certain désir d’entrer dans l’histoire, acceptait particulièrement la violence de celle-ci ; Camus a nettement changé son attitude dans La Peste par rapport à L’Étranger, il ne manque pas de la passion de l’action collective et héroïque, malgré le contexte de l’existence humaine absurde. Pourtant, les lecteurs chinois ont évidemment accepté Sartre et Camus dans leurs premières années, mais non leur réflexion métaphysique historique, s’intéressant à la condition de l’existence individuelle. Ce qui est significatif, c’est que les lecteurs chinois adorent La Nausée et L’Étranger beaucoup plus que Les Mains sales et La Peste.
5 Cf. dans le roman chinois Les Trois Royaumes, lorsque le Roi Cao Cao n’arrive pas à conquérir une ville, il la compare à une carcasse de poulet, qui est insipide quand on la goûte, mais que l’on jette quand même à regret.
6 Presque tous les chercheurs sur Malraux insistent sur ce point. De plus, la relation de Malraux avec la Chine constitue « naturellement » l’introduction de leurs articles, bien que chacun d’entre eux exprime son doute sur l’image historique décrite par Malraux.
7 Liu Mingjiu, Recherches sur Malraux (Édition de Lijiang, 1984), Préambule, p. 18.
Auteur
Université de Nankin
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