La conception puritaine de la beauté dans l’Angleterre élisabéthaine
p. 27-42
Texte intégral
1Puritanisme et beauté : voilà deux termes qui paraissent immanquablement s’opposer quand on ne voit dans le puritanisme grandissant de l’époque élisabéthaine qu’un mouvement de contestation et d’hostilité à l’égard de toute forme d’ornement dans les lieux de culte. La montée de la dissidence puritaine en Angleterre à partir de 1560 donna lieu à des interrogations sur la légitimité des ornements religieux et sur la nécessité des arts liturgiques pour représenter les vérités de la foi. Il est vrai que ceux que l’on appelait les « puritains » insistaient sur l’intériorité de la foi et semblaient rejeter toute appréciation de la beauté en préconisant le dépouillement du service religieux. En défendant l’idée d’un culte centré sur la Parole sans dispersion de l’attention des fidèles, la Réforme avait créé un bouleversement qui n’était pas dénué de conséquences sur l’idée que les puritains allaient se faire de la beauté. Dans le souci de mener cette Réforme plus loin, les puritains s’interrogèrent sur la légitimité du décor dans les lieux de culte et sur l’utilisation des images peintes ou sculptées. C’est en partant de ce constat plutôt négatif, de ce que Hans Urs von Balthasar1 appelle la « désesthétisation », que l’on peut se demander si ce refus du spectaculaire coïncidant avec une certaine intériorisation de la foi anéantit pour autant toute idée ou appréciation du beau. Même si les puritains n’ont pas véritablement publié à cette époque de textes définissant la beauté de façon explicite, il est cependant possible de rechercher dans les points forts de leur discours théologique les lignes de partage capables ou non d’accorder une place à la beauté et plus encore de la fonder.
L’autorité des Écritures : un modèle de beauté
2L’un des principes fondamentaux sur lequel repose la conception puritaine de la beauté est marqué par la reconnaissance de l’autorité exclusive des Écritures (Sola scriptura) comme unique critère servant de guide pour tous les aspects de la vie. De la lecture de la Bible est dérivée l’idée selon laquelle la beauté est révélée, enseignée par les Écritures puisque celles-ci diffusent la connaissance des choses divines, une connaissance qui, à la lumière de la foi, fait finalement apparaître chez le croyant la beauté du monde. Être dépourvu de cette connaissance et tout ignorer de la vie dans la foi c’est être incapable de saisir cette beauté :
To be utterly darkned and destitute of the true knowledge of God and the life to come (the knowledge whereof is the beautie of the world) and to be hastning to endless woe, and yet not to understand it: what part of miserie can be greater in this life?2
Cette connaissance illumine le croyant dans sa compréhension de la volonté divine :
So that by knowledge I meane, such an inlightening of the minde to understand the will of God about good and evill, that wee have with it spiritual wisdome3.
3Les puritains soulignent cette suffisance des Écritures qu’ils associent à l’idée de perfection, d’excellence, et dont les deux composantes, Loi et Évangile, s’inscrivent dans une relation de complémentarité. La place et la conception des Écritures dans la théologie puritaine, et notamment les rapports entre Loi et Évangile qui sont à mi-chemin entre l’antinomisme et le légalisme, ne sont pas sans implications sur l’idée de beauté. La Bible est ce qui représente le seul message divin aux hommes. Elle constitue le heu où le croyant apprend à découvrir quelques attributs de Dieu et de la Révélation. D’inspiration divine, elle est donc considérée en ce sens comme suffisante parce que parfaite et pure. Cette association de la Parole divine à la perfection et à l’excellence qu’elle revêt se trouve ainsi mise en évidence par William Perkins, l’un des pasteurs puritains influents de l’époque :
Admirable is the excellency of the word which is evidently partly by the nature thereof [i.e. divine], partly by the operation. The excellency of the nature is either the perfection thereof, or the eternity. The perfection is either the sufficiency, or the purity4.
Étant donné que les Écritures sont associées aux idées de pureté et d’excellence, rien ne peut leur être ôté ni ajouté, car ce serait alors désobéir à la volonté divine :
Sufficiency is that, whereby the word of God is complete, that nothing may bee either put to it, or taken from it, which appertaineth to the proper end there of. [...] The purity there of is whereby it remaineth entire in itself, voide of deceit and errour, Psalm 12.6: The words of the Lord are pure words, as silver tried in a furnace of earth, fined seven times5.
4En même temps qu’ils défendaient la pure Parole de Dieu, les puritains se prononçaient contre toutes formes d’impuretés qui, pour eux, étaient constituées de mélanges de traditions humaines, de beauté factice. Cette raison théologique les amenait à réagir contre la richesse et la complexité du service religieux, des cérémonies et de la pompe de l’Église de Rome et, dans une moindre mesure, de l’Église établie. Leur volonté de respecter le sens littéral des Écritures, de retourner aux sources, au Verbe de Dieu, les conduisait à rejeter tout ce qui ne figurait pas explicitement dans la Bible car, comme le souligne Richard Greenham, l’homme ne peut interpréter à sa guise là où la Bible ne se prononce pas : « Where the Scripture hath not a mouth, we ought not to have ears »6.
5Ce véritable déni de toute aide extérieure favorisait une relation plus directe avec Dieu, relation qui devait être uniquement centrée sur la Parole divine. Religion tout intérieure, le puritanisme voulait se distinguer de l’Église établie en ce que, dans l’intérêt même de l’adoration de Dieu avec vérité et sincérité, il réprouvait et bannissait le symbole matériel auquel il rattachait des idées superstitieuses, en même temps que l’altération du sentiment religieux. Faire de la Bible une lecture littérale en vue de purifier l’Église établie était toute la nouveauté des puritains. En effet, puisque la Bible émanait de Dieu, puisque Dieu en était l’Auteur, elle se devait d’être interprétée dans son sens littéral. L’Écriture revêt un caractère complet et inépuisable. L’homme ne peut ajouter à l’excellence de la plénitude de Dieu ni même à la Parole divine. Seul le sens littéral doit être pris en considération car l’Écriture pour les puritains est déjà en elle-même à la fois la glose et le texte, c’est-à-dire son meilleur interprète, et seul ce sens littéral conduit au Christ7. Ainsi, ce qui importe, c’est la recherche de la vérité et non celle d’une certaine forme d’éloquence.
6Le thème central de la Bible est le Christ et son action salvatrice. La problématique christologique représente l’unique critère de lecture et s’il existe des divergences d’opinion concernant le sens des Écritures, l’unique solution préconisée consiste alors à se référer au Christ. Les interprétations différentes de la Bible ne sont rien d’autre que le résultat des erreurs humaines. C’est la raison pour laquelle une œuvre de dépouillement s’impose dans ce contexte :
Is it lawfull to add or to take any thing from Gods -word? No: for God hath flatly forbidden it, and hath pronounced grievous curses upon those that doe it8.
7Le retour à la seule suffisance des Écritures et l’affirmation de leur perfection avaient une influence considérable sur les puritains qui portaient un jugement critique à l’égard des traditions humaines et des diverses manifestations d’une forme de beauté apparente considérées comme embellissements superfétatoires des lieux de culte tant au niveau des cérémonies qu’au niveau des arts liturgiques tels que la musique, la peinture ou l’architecture. Il devenait impossible pour les puritains d’honorer Dieu avec les doctrines et les traditions des hommes jugées comme étant autant de formes d’idolâtrie et de superstition, ce qui explique le rejet d’une Église qui serait défigurée par ces adjonctions humaines puisque les puritains partaient du principe selon lequel toutes les doctrines et actions des hommes n’étaient que mensonge et corruption9. Ce véritable refus de limiter Dieu par un décret de l’homme, d’appréhender à travers l’homme quelque chose de Dieu, ce déni de l’artefact qui attire l’attention de l’homme sur quelque chose de fini, est tout à fait caractéristique de l’attitude puritaine. Cette même idée est partagée par William Perkins qui, en s’appuyant sur l’idée de perfection divine, affirme que Dieu recommande de ne pas embellir le service religieux, de ne pas y apporter de fioritures inutiles, de ne pas l’encombrer d’adjonctions humaines puisque tout doit être fait dans le seul but de glorifier Dieu à qui appartient toute perfection :
The ende which God hath appointed of all his worship [...] is, not to give or adde glory to God: for nothing can be added to absolute perfection. But the ende is to acknowledge, praise and confesse the infinite glory of God10.
8Ainsi, pour le puritain, ce qui met en rapport avec Dieu en matière liturgique n’est pas de source humaine mais d’origine purement scripturaire. Les traditions issues des hommes ne peuvent exprimer le sacré ni mener au divin. Dans cette perspective, les cérémonies religieuses qui déployaient une certaine beauté visuelle ou auditive et qui contribuaient tant au plaisir des yeux que de l’ouïe furent alors interprétées comme autant de compromis et de moyens qui détournaient l’attention du fidèle de son devoir essentiel envers Dieu. De tels moyens pouvaient en effet engendrer une certaine faiblesse, une attitude blasphématoire et idolâtre et, pour cette raison, les puritains travaillaient tant à la suppression de ces signes extérieurs. En d’autres termes, toute concrétisation de la divinité était à bannir. Dieu tout comme le Christ ne saurait être assimilé à une image ou à un objet. Rien n’est connu de l’aspect physique du Christ et donc il ne peut être représenté. De plus, vouloir le représenter consisterait à séparer son humanité de sa divinité. D’autre part, dans la Bible « l’image » évoque d’abord et surtout l’idée de ressemblance entre deux êtres, entre le Père et le Fils11, l’un étant posé comme référence par rapport à l’autre. Parmi toutes les créatures, seul l’homme a été fait à l’image de Dieu mais à l’instigation du démon il a perdu cette ressemblance pour s’être voulu rendre identique à Dieu et donc les images de Dieu faites de main d’homme ne sont que des idoles. Elles ne sont que de simples reproductions de l’homme, attentatoires à la transcendance divine : en leur portant un culte, l’homme, au lieu de s’élever, se rabaisse. Ainsi dans la théologie puritaine, la représentation du divin ne peut être que le fruit de l’imagination de l’homme et ne mène pas vers la gloire de Dieu :
If any man reply, that they worship not the image, but God in the image: let him know, that the creature cannot comprehend the image of the Creator, and if it could be, yet God would not be worshipped in it, because it is a dead thing12.
9On retrouve ces arguments négatifs à propos de la musique qui était l’objet de controverses acharnées pour les puritains. Ceux-ci s’opposaient au raffinement que la musique apportait aux cérémonies religieuses, de même qu’à toute utilisation de beauté musicale pouvant servir de médiateur pour accéder au divin. Les puritains critiquaient les plaisirs que la musique pouvait procurer car, comme cela a été souligné à propos de la beauté visuelle, la beauté musicale était elle aussi considérée comme facteur de concupiscence. Dans ce contexte, la musique dont le seul but serait de satisfaire les plaisirs de l’ouïe devient un art condamnable, voire diabolique, car elle est loin d’édifier les fidèles. C’est précisément contre ce « confort musical qui emplit les oreilles de vaines clameurs »13 que s’insurgent les puritains. La musique considérée comme source de plaisir détourne de Dieu ; les plaisirs de l’ouïe et des sens en général subjuguent l’homme s’ils représentent un moyen dans lequel celui-ci se glorifie et s’enorgueillit. Dans cette perspective, seul le chant, pur de tout mélange, doit exprimer Dieu. Force est de constater ici que la notion de pureté tient une place importante dans la conception puritaine de la beauté. Le manque d’ornement et l’aspiration à la simplicité très souvent apparentés à une grande austérité par des regards extérieurs représentent ainsi une façon plus directe d’accéder au divin. Il existe bien un besoin de retourner à une totale pureté de la Parole divine.
Une conception pessimiste de l’homme : la beauté impossible
10La conception de la beauté chez les puritains est intimement liée à leur conception de l’homme et à la notion de Chute et de péché originel. En effet, l’axiome de départ est celui de la totale destitution de l’homme pécheur et de l’excessive souillure de son âme et de son corps. Cela débouche sur le rejet d’une idée de la beauté telle qu’elle apparaît à l’homme non régénéré. Issue de la Réforme, cette idée de l’homme prend essentiellement en compte les conséquences néfastes de la Chute et du péché originel. Elle est fondée sur l’argument de base qui consiste à souligner d’une part la grandeur incommensurable de Dieu et, d’autre part, la radicale perversion de l’homme captif du péché. Dieu est le Créateur remarquable, auteur de la perfection absolue et de la beauté de la Création :
God then (at the beginning) made all things good, and man amongst other creatures hee made holie, the lord of all creatures which were upon the earth, little inferior to the Angels, indued with infinite blessings, full of beautie and glorie14.
11Dieu seul omnipotent peut se connaître parfaitement. Lui qui seul possède l’immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul des hommes n’a vu, et ne peut voir. Face à l’exaltation de cette toute puissance divine se trouve l’intégrale corruption de l’homme. La théologie puritaine affirme en effet la totale destitution de l’homme pécheur et l’excessive souillure de son âme :
Every man by nature is dead in sinne. He is a loathsome carrion, or a dead corps, lying rotting and stinking in the grave, having in him the seed of all sinne. From this estate none are exempted15.
12Dans une telle perspective, et ceci est important en ce contexte, l’homme radicalement corrompu n’a aucune part à son salut. Il est par nature enlaidi par le péché. La première conséquence de la Chute sur la beauté de la Création est synonyme de confusion et de laideur car, si à son origine la Création était toute marquée de beauté, l’intervention du mal a souillé cette perfection, créant le désordre au sein de cette harmonie. Ainsi, par sa désobéissance à la Loi divine l’homme pécheur n’a plus accès à la beauté originelle car il est entièrement aveuglé. Les puritains avancent l’idée selon laquelle cet homme est par nature incapable d’apprécier, d’entendre, de voir, ou d’être lui-même l’auteur d’une quelconque beauté. Par conséquent, l’homme est un être qui de par sa nature n’a qu’une dimension corporelle ; il ne sera attiré que par une extériorité tournée vers le monde car, contrairement à la grâce, la nature et tout ce qui semble avoir une belle apparence ne sont que tromperie :
Nature and all things that seeme best for the outward appearance doe deceive. [...] Nature refuseth to die, to be kept under, to overcome, to obeye, to be subiect (sic). Nature is gladly honoured and magnified: (but grace giveth all honour and glorie unto God. Nature coveteth after curious and beautifull things, and aborred the vyle and grosse things (grace is delighted with simple and base things, despiseth not things, mishapen nor refuseth to be cladde with olde rotten ragges). Nature is prone unto the Creatures, to flesh, to vanitie, to gadding about. [...] Nature seeketh for outward comforts by the allurements whereof16.
De même, la beauté est dépourvue de sens et de valeur sans la grâce divine :
Arts are of no force: riches are of no force, beautie, and strength is of no force: wit or eloquence is of no force with thee, O Lord, without grace. For as for Nature giftes, they are common as well to the good as to the bad17.
13Le péché implique le refus de reconnaître l’unique suffisance de Dieu. C’est, d’après les puritains, la raison pour laquelle l’homme déchu recherche son appui ailleurs qu’en Dieu, comme par exemple dans les traditions purement humaines qui sont à bannir :
Is it not lawfull to repose any part of Gods worship or of salvation in the doctrine and doings of men? No: for all men by nature are lyars, defiled with sinne18.
14Cette attitude souligne ici l’idée de souillure déjà évoquée : toutes manipulations d’objets, toutes interventions d’aides au culte, y compris les œuvres d’art religieux, sont alors considérées comme des moyens par lesquels Satan pervertit l’âme des fidèles, la détourne de la vraie foi et l’engage dans une voie qui compromet le salut. Il existe ainsi deux forces antinomiques : Dieu d’une part et la beauté édénique de sa Création, Satan d’autre part qui a voulu se substituer à Dieu et qui est le seul responsable du monde visible que connaît l’homme pécheur comme l’affirme Richard Rogers :
Sathan [...] leadeth us amiss many waies [...]. And therefore it is, that our hearts cannot so soone be raunging though it be never so lite but he is readie to meete with them and set them forward in some evil and by his most slie see such suddaine unsetlednesse in us, and such a change from a wel ordered course wherun we were before. And hereby it is also, (of him I meane) that we can deale about nothing but may possibly, and be oft times, snared with it: he knowing how to use all outward objects to our hurt, as wealth, beautie, [...] and all blessings. He doth most craftily deceive us, when we do least suspect it19.
15Une telle impossibilité de l’homme pécheur à utiliser les éléments terrestres ou des signes extérieurs pour tenter d’accéder au divin se manifeste dans divers domaines de la théologie puritaine. En fait, les puritains s’opposent à l’utilisation souvent condamnable de ces éléments terrestres et non pas à leur existence proprement dite. L’homme ne doit pas les utiliser à ses propres fins :
So we must use the things of this life, namely, as long as they are helpes to further and make us fit for the Kingdom of heaven; but if they be any hinderance to this spirituall regiment of Christ, we must renounce them and cast them away, be they never so precious to us20.
16Les éléments terrestres rendent l’homme vaniteux. Dans le même ordre d’idées, on retrouve cette dénonciation de la beauté apparente, et donc du mensonge à travers des remarques négatives concernant par exemple la parure du corps humain. Ainsi, cette parure ne peut être considérée comme un élément essentiel de l’être humain puisque les ornements du chrétien doivent être les vertus de modestie et d’humilité :
The Apostles in the places alleagued, doe reprove a great fault, which was common and ordinary in those dayes. For men and women desired and affected the outward adorning and trimming of their bodies, accounting the outward ornament, which consisted of gold, pearle and costly apparall, to be the principall: whereas indeed the chiefe ornaments of a Christian, should be the virtues of Modesty and Humilitie, seated in the minde, and testified in the outward carriage21.
17Perkins se prononce contre tout embellissement du corps parce que ce dernier est considéré comme une œuvre de Dieu qu’aucun artifice ne doit venir altérer. Le recours à de tels artifices est condamnable car les puritains n’y voient que les complaisances des hommes. Or, l’homme ne doit pas se glorifier dans de vaines apparences :
Every one must be content with their owne naturall favour and complexion, that God hath given them [...] for outward forme and favour that man hath is the worke of God himselfe. Here comes to be justly reproved the strange practice of some in these days who do desire artificiall formes and favours, to set upon their bodies and faces, by painting and colouring; thereby making themselves seeme that which indeed they are not. This practice is most abominable in the very light of nature, and much more by the light of Gods word22.
18Alors qu’il se trouve dans une situation de déviance l’homme n’est plus en mesure d’appréhender la gloire de Dieu dans son œuvre car le péché trouble le regard. Cette distance entre l’homme et Dieu se trouve à l’origine de la conception puritaine de la beauté. On peut donc estimer qu’entre ces deux extrêmes se trouvent pour le puritain les tentations du monde de l’artifice donnant lieu au mensonge, à la tromperie, au monde inventé de l’artefact. Cela signifie aussi le rejet de l’homme comme créateur totalement indépendant de Dieu23.
La justification par la foi : une première appréhension de beauté
19La doctrine de la justification par la foi tient une place prépondérante dans la théologie puritaine. La foi est ce qui constitue le véritable point de départ de la conversion du pécheur dans la mesure où elle sous-tend toutes les étapes dans le plan du salut et représente l’unique moyen de recevoir le Christ. Grâce générale accordée à tous les croyants, la foi est considérée comme ce qui correspond à la première manifestation de l’élection et se traduit de façon graduelle. Elle est le premier élément qui unit au Christ. Celui qui a reçu ce don de Dieu est en même temps doté de la capacité de croire et de celle d’aspirer au pardon des péchés. La preuve de cette foi naissante se traduit d’abord et surtout chez le croyant par une attitude de repentir, par la prise de conscience de sa petitesse. En se tournant vers Dieu, le croyant doit prendre conscience de sa misère. Si la foi doit s’exprimer avec sincérité, elle doit aussi aller obligatoirement de pair avec un radical changement de la vie du croyant, changement dicté par des moyens explicités dans la Bible. Cela signifie que toute action désormais entreprise par le croyant est produite dans l’expérience de la foi à la lumière de cet éclairage nouveau, de cet effet novateur qu’elle apporte, la foi devenant la cause première de ces actions avec tout ce que cela comporte : elle est l’instrument divin de la justification. En d’autres termes il ne s’agit pas tant pour les puritains de s’écarter des éléments terrestres mais plutôt d’en faire une utilisation dans la grâce de Dieu et surtout dans la reconnaissance de la gratuité de sa grâce.
20Cette foi qui unit au Christ doit permettre au croyant non seulement d’entrer en relation avec Dieu mais aussi de pratiquer un culte digne de Lui et en toute conformité avec sa Parole, loin des pratiques idolâtres associées à une piété totalement déviée. D’un point de vue puritain, seuls ceux qui seront ainsi renouvelés par l’Esprit Saint pourront se tourner vers Dieu pour le vénérer et lui rendre gloire :
And they (apt and able persons to perform worship acceptable unto God) are only such as turn unto God and are renewed by the Holy Ghost: and the worship of God performed by any other persons is not worship but sin24.
21La conversion doit ainsi être marquée par un véritable changement chez le croyant et se définit par ce retournement auquel s’ajoute l’idée du changement de mentalité, de métanoia. Elle suppose un renoncement à tout ce qui s’oppose au Royaume de Dieu. Accepter la conversion c’est se détourner des idoles en se tournant vers Dieu.
22À l’opposé de la justification par les œuvres se trouve cette approche puritaine de la justification par la foi, approche qui se caractérise par sa nature fortement christocentrique. Dans ce contexte, la justification ne peut être obtenue qu’à travers la foi dans le Christ. C’est le Christ qui devient le seul médiateur car la piété puritaine trouve son fondement dans la conception du Dieu vivant qui a envoyé son Fils pour rédimer une Création déchue, tout en ne perdant jamais de vue l’idée selon laquelle cette Création déchue demeure à chaque instant inspirée par l’Esprit. Les puritains affirment en effet que l’unique remède par lequel l’homme pécheur peut être restauré, renouvelé, c’est le Christ : « This remedy is not to be found but onely in Christ Iesus »25. Le Christ instaure un ordre nouveau (l’homme devient par lui et en lui une créature nouvelle) en même temps qu’il est celui qui mène au Père et rend visible sa gloire. Il est, comme l’affirment les puritains, « le Christ guérisseur » et avec lui apparaît une relation résolument nouvelle entre l’homme et Dieu. Le Christ est médiateur en ce sens qu’il transmet à l’élu la splendeur de Dieu qui est gravée en lui.
23C’est uniquement par cette régénération que le croyant peut voir la beauté. Dieu guide l’élu par son Esprit Saint ; il lui ouvre les yeux afin qu’il pense à sa majesté en toutes ses œuvres, celles qui seront accomplies dans l’expérience de la foi. La rédemption, le rachat par le Christ, signifie une re-création et donc une nouvelle beauté. On peut encore dire qu’à l’ombre du péché s’oppose la clarté du salut en Christ qui annonce un ordre nouveau et révèle une certaine forme de beauté, d’où les métaphores qu’utilisent les puritains et dans lesquelles se trouve ainsi mise en exergue la beauté de la gloire en Christ. Cette gloire est la négation de tout ce qui est faible, imparfait, transitoire, d’où l’image de lumière qui lui est généralement associée. La gloire de Dieu n’apparaît plus, ne se révèle plus désormais dans la beauté des rites et de la pompe de la Loi, mais bien dans le Christ. De cette façon, Richard Greenham compare le Christ à une fontaine de laquelle jaillissent de belles rivières de grâce :
Christ is not as a Well-locked up or drie spring, but an open and plentifull fountaine, from whence streames on every side to the lowest vallies, the pleasant rivers of grace26.
24La rédemption et son action novatrice ne peuvent être qu’une belle chose qui met le pécheur en face d’une économie nouvelle, d’une vie intérieure transformée. Désormais, l’appréhension du beau sera réformée par cette rédemption. Il ne s’agira plus pour le croyant d’être séduit par une beauté formelle ou physique, mais plutôt par une nouvelle forme de beauté, spirituelle. En effet, de même que le Christ était sans beauté apparente27, qu’il n’avait aucune splendeur physique parmi les hommes, et que son règne était dépourvu de magnificence car son œuvre de rédemption devait triompher du goût pour l’extérieur qui caractérise l’homme déchu, le croyant se devra d’imiter le Christ en respectant les normes d’une vie chrétienne issue de cette conception christocentrique.
Mise en œuvre de la théologie christocentrique : beauté de la sanctification
25Cette forme de beauté rendue accessible dans la justification le devient bien davantage dans l’expérience de la sanctification, c’est-à-dire dans la mise en pratique d’une vie sainte destinée à glorifier Dieu en toutes choses, et dont les puritains soulignent la beauté. En d’autres termes, par le combat incessant qu’il mène, l’homme justifié, puis régénéré, renouvelé, se rapproche de la perfection et de la vision de splendeur divine à mesure qu’il progresse dans son ascension spirituelle : le rayonnement de cette vie sainte sera aussi annonciateur de gloire divine. Dans cette étape supplémentaire et indispensable que représente la sanctification se produit chez le croyant une transformation d’un point de vue esthétique de la vision du monde. Il est également intéressant de noter que si la sanctification est indissociable d’une certaine discipline de vie souvent interprétée par des regards extérieurs comme la marque d’une certaine austérité, elle reste néanmoins pour les puritains une source de beauté :
Now it is necessarie to show what the life of the true beleever is: and how he, who hath faith, must behave himselfe throughout his whole conversation: and without it, a man could neither well see the excellencie and beautie of faith, which without workes is dead28.
26La sanctification consiste pour le croyant à se laisser illuminer par l’Esprit Saint ; elle doit entraîner une véritable renaissance spirituelle qui transforme le croyant dans toutes ses facultés. Sous l’expérience de la grâce divine, le converti parvient à entrer en harmonie avec Dieu en adaptant sa vie terrestre à son itinéraire spirituel, véritable pèlerinage par lequel il passe du vieil homme au nouvel homme qui atteint sa perfection dans le Christ. Ce passage entraîne avec lui un changement progressif de la mentalité et des mœurs du croyant. À mesure qu’il progresse dans sa vie sainte le croyant se rapproche de la splendeur spirituelle. Dans cette perspective l’accomplissement de belles œuvres n’est rien s’il n’est dirigé vers la seule gloire de Dieu. Les actions qui apparaissent comme belles sont celles qui glorifient Dieu en signe de reconnaissance de sa grâce. En d’autres termes on peut encore affirmer que plus les actions apparaissent belles à l’homme de nature, plus fortement éclate le contraste avec la beauté des actions de l’homme de grâce. Dieu rejette les actions qui peuvent paraître pleines de magnificence aux seuls yeux des hommes : l’attrait pour ces éléments terrestres finit par susciter chez l’homme une certaine fierté qui l’empêche de se tourner vers le spirituel tant et si bien qu’au heu de glorifier Dieu, l’homme s’enorgueillit, d’où cette véritable critique de la vanité des actions humaines qui empêchent les ornements et l’embellissement de l’âme :
We are all to take heed of pride in these outward things. In this sinne there is an abuse of time. For they that give themselves to pride spend too much time in the adorning of their bodies, that they have no leisure for the adorning and beautifying of the soule29.
27L’embellissement extérieur contribue au dépouillement intérieur ; il entrave les ornements de l’âme et finalement porte atteinte à la dimension esthétique de la sanctification. Renoncer au péché d’orgueil, c’est savoir reconnaître sa misère et faire preuve d’humilité devant la beauté profonde de la Création. À mesure qu’il progresse dans la vie sainte, le croyant est amené à rencontrer des images successives de beauté. En effet, l’aspiration à la pureté, l’attitude de détachement et la reconnaissance de la gloire divine conduisent l’élu vers l’illumination. De cette façon, l’âme est remplie des vérités de la foi sur lesquelles se fonde une communion plus profonde avec Dieu. Le croyant s’éloigne ainsi progressivement de la tentation du péché, son âme se purifie, et Dieu l’illumine encore davantage jusqu’à l’union parfaite. Même si la vie sainte peut revêtir un caractère austère (condition nécessaire pour guider le croyant vers la beauté), elle n’en est pas moins dépourvue de bienfaits qui représentent les dons de Dieu qui enveloppent le croyant d’une certaine magnificence, d’une forme de splendeur, même si celle-ci demeure invisible aux yeux du monde. En parlant de cet homme renouvelé, Rogers déclare :
Their most precious gifts are spiritual and inward and therefore not easily seen and beheld of such as have but outward and bodily eies: their comeliness and beauty is like the curtains of tabernacle, the outward and upper coverings whereof were of goats haire, rammes skinnes, and badgers; but the inward were of fine twined linen, blew silke, purple and scarlet, with the most exquisite imbroidering of the Cherubins upon them: so is the outward estate of Gods servants in this world, ill favoured and deformed in the eies of men: but inwardly, beautifull as the lilie, and sweet and pleasant as the rose30.
28La vie sainte est belle dans la mesure où c’est elle qui rétablit l’équilibre détruit par le péché. Par le renoncement et les épreuves de la vie sainte l’âme se débarrasse de tous les éléments contingents rendant ainsi le croyant conforme à l’image du Christ qui a lui-même atteint un degré de perfection. Dans ce mode de vie, le Christ a donné l’exemple de la perfection en tout ce qui se rapporte au salut. Grâce à la sanctification qui embellit les âmes le croyant peut avoir une idée de la gloire divine. La vie humaine doit devenir en quelque sorte « un chef-d’œuvre »31 de sainteté. Cette expression déjà utilisée par Calvin semble bien résumer la beauté que doit revêtir l’existence terrestre. La foi est le signe de l’appel, suscité par l’intervention de la grâce divine, et c’est durant sa vie entière que le croyant doit continuer ce « chef-d’œuvre » de sainteté de façon régulière afin d’en voir les effets bénéfique, pour que les dons divins embellissent son âme. En évoquant ces derniers, Rogers affirme :
This holy furniture should cloath and beautifie our soules throughout the day, and have their setled abode in us; and not ebbe and flow as the tide doth, nor go and come as passengers that tary not; but homedwellers32.
29Grâce à l’initiative divine de la justification par pure grâce et de la sanctification, l’homme régénéré acquiert la capacité de distinguer la gloire divine qui se traduit sous une forme de beauté. Ainsi, dans son existence terrestre le croyant se trouve face au monde contingent, mais au contraire du réprouvé, il a un point fixe qui est la vision de Dieu et de sa Création. En d’autres termes, pour connaître la beauté d’une chose il faut connaître la splendeur de cette chose en tant que création divine. Comme l’affirme Léon Wencélius dans son ouvrage sur la conception de l’esthétique chez Calvin :
Chaque fois que l’élu pourra saisir dans un objet de ce monde son rapport avec l’élan créateur, chaque fois qu’il aura saisi l’éclat de la gloire divine accompagnant cet élan, alors il sera en présence de la beauté. La beauté n’est donc pas une entité, mais la splendeur de la gloire divine, telle qu’elle se présente à son appréhension. Pour l’élu, la beauté est légitime et tout objet de la nature ou de l’art sera beau dans la mesure où l’élu saura appréhender en lui un reflet de la gloire divine qui accompagne sa création33.
30C’est à la lumière de cette conception qu’une place peut être accordée à la beauté dans la théologie puritaine. Cependant, le croyant ne peut se faire ici-bas une idée précise de cette beauté associée à la gloire divine car il demeure trop alourdi par la matière. De plus, décrire cette gloire serait alors la limiter, la réduire aux limites terrestres, à la finitude. Or, cette gloire reflète la splendeur incommensurable de Dieu et donc ne peut être facilement concevable par le croyant dans la mesure où il lui est difficile de regarder l’excellence de la plénitude divine :
I am prepared in this, that Christ hath prepared a place for me in heaven: which now I see by faith and hereafter shall fully enioy34.
31C’est ainsi qu’en présentant la beauté de la sanctification, Rogers en souligne les limites :
Yet I confesse that for the excellencie thereof and for that I cannot see into the bewty of it, as I doe somewhat into the other, where of I have experience: I confesse (I say) that I cannot expresse to my contentation, my minde about the same; and do feare that in speaking of it, I shall rather make it seeme lesse, than if I said nothing: yet somewhat, seeing this place doth so require35.
32En dépit d’une certaine proximité de relation avec le Christ qu’il réalise dans l’œuvre de sanctification, le croyant demeure encore dans une obscurité qui ne sera pas dissipée avant l’avènement du Royaume. Perkins souligne le caractère infantile et encore provisoire de la connaissance présente de l’élu :
In this life we can no otherwise discerne but as an old man through spectacles: and the creatures, but specially the Word of God and the Sacrements, are the spectacles of our minde, wherein wee behold his justice, mercie, love, etc and without them we can discerne little or nothing36.
33Cette comparaison du miroir et de l’énigme exprime le caractère indirect et encore obscur de la connaissance de Dieu et de la beauté du Royaume divin. Cette véritable dynamique du « déjà-pas encore » n’est pas sans répercussions sur la façon dont les puritains décrivent la beauté de ce lieu intermédiaire que représente l’existence terrestre. Elle permet de donner un avant-goût de la beauté céleste, et représente donc une analogie de beauté. Cela signifie que le croyant aura dans les limites de son pèlerinage spirituel, de sa marche selon l’Esprit, une appréhension de cette beauté parfaite par comparaison, une beauté dont il percevra le reflet par analogie, comme l’indique Rogers : « It is shadcrwed by earthly comparisons »37.
34La vision de gloire divine qui se traduit chez le croyant sous forme de beauté par une vie nouvelle, dans les agissements de la vie quotidienne correspondant à l’œuvre du Christ, va grandir jusqu’à son achèvement. Elle ne s’identifie pas ici-bas totalement au Royaume de Dieu mais elle en constitue l’ébauche visible, inachevée. Comme il a été souligné le croyant ne peut avoir accès à cette beauté que par analogie. En effet, la perception de la beauté parfaite, céleste, se trouve associée à la représentation du Royaume divin. C’est là que cette beauté absolue sera pleinement révélée, loin de toute souillure. Rogers explique que la beauté de ce lieu est une beauté cachée au monde et révélée par l’Esprit de Dieu :
And therefore the precious things of the kingdome of heaven are said to be such, as no eie hath seene, no eare hath heard, neither is the heart of man able to conceive38.
35Le croyant ne peut pas véritablement se figurer une telle beauté dans son existence terrestre où le pur se mêle encore à l’impur, le vrai au faux, l’ombre à la lumière. Cette beauté absolue et incommensurable du face à face avec Dieu est jugée supérieure à celle de la Création originelle, à l’époque de l’innocence et de la pureté comme le souligne le puritain en affirmant que cet état de pureté et d’incorruptibilité de la Création avant la Chute n’était que l’ombre de la pureté céleste, et que la beauté édénique n’égalait pas véritablement la beauté manifestée dans la demeure éternelle de la Jérusalem céleste : « The pure estate and uncorrupt of things in Adams innocency is but a shadow of heaven »39.
36À la vision partielle de splendeur dans l’œuvre de sanctification succèdera une vision parfaite traduisant une réconciliation totale avec Dieu. Celle-ci atteindra son plein épanouissement quand viendra l’achèvement. Ce sera alors une connaissance adulte, une vision face à face et non plus indirecte et obscure. S’appuyant sur la beauté grandiose des visions rapportées par Jean dans l’Apocalypse40, Rogers présente en termes clairs non pas la beauté de la fin en elle-même mais celle de l’au-delà de la fin :
Onely this I will say, and with this I will end: That the Lord shall there wipe away every teare from the eies of his children; and they which sowed in teares before heere on earth, shall there reape in ioy; death shall no more raigne, neither shall there be any more lamentation nor crying, nor sorrow: and for the glory, beautie, pleasure and eternitie which shall be found there, it is compared unto a goodlie citie; whose shining is like unto a stone, most precious as a lasper stone, cleere as chrystall, etc41.
37Affranchi de toute entrave à cette vision de gloire divine dans la vie éternelle, l’élu aura la vision de splendeur immédiate et sera engagé dans une relation harmonieuse et une communion profonde avec Dieu. La conception puritaine de la beauté parfaite correspond donc à une vision eschatologique, vision qui sera pleinement réalisée dans le monde à venir.
Notes de bas de page
1 Hans Urs von BALTHASAR, La Gloire et la croix, les aspects esthétiques de la révélation, Paris. Aubier, 1965, vol. 1, p. 41.
2 Richard ROGERS, Seven Treatises containing such Direction as is gathered out of the Holie Scriptures, London, Thomas Man and Robert Dexter, 1603, p. 5-6.
3 Ibid. p. 148.
4 William PERKINS, The Arte of Prophecying dans The Workes of... Mr William Perkins, London, John Legatt, (3vols), vol. 2, 1631, p. 646.
5 Ibid, p. 642.
6 Richard GREENHAM, The Workes of the Reverend and Faithfull Servant of lesus Christ, London, Robert Dexter, 1601, p. 493.
7 William PERKINS, A Commentarie or Exposition... of the Epistle to the Galatians, op. cit., p. 334. Voir aussi Richard ROGERS, op. cit., p. 214.
8 Richard GREENHAM, op. cit., p. 211.
9 Ibid.
10 William PERKINS, A Warning Against the Idolatry of the Last Times, op. cit., vol. 1, p. 699.
11 Genèse 5, 3.
12 William PERKINS, A Golden Chaine or the Description of Theologie, op. cit., vol. 1, p. 36.
13 Ibid.
14 Richard ROGERS, op. cit., p. 3.
15 Richard ROGERS, A Garden of Spirituall Flowers planted by R. Rogers, William Perkins, Richard Greenham, London, M.M and Geo Web, 1643, p. 1.
16 Edward HAKE, The Imitation or Following of Christ, and the Condemning of Worldly Vanities : The Perpetuall Rejoyce of the Godly even in this Lyfe, London, Henry Denham, 1568. p. 128-129.
17 Ibid. p. 132.
18 Richard GREENHAM, op. cit., p. 211.
19 Richard ROGERS, Seven Treatises..., op. cit., p. 414.
20 William PERKINS, An Exposition of the Symbole or Creede of the Apostles, op. cit., vol. 1, p. 200.
21 William PERKINS, The Whole Treatise of the Cases of Conscience, op. cit., vol. 2, p. 135.
22 Ibid., p. 138.
23 Samuel R. GARDINER, Documents Relating to the Proceedings Against William Prynne in 1634-1637, London. Camden Society, 1877, p. 2-3. Voir aussi : Lawrence A. SASEK, The Literary Temper of the English Puritans, Baton Rouge, Louisiana State University Press, 1961, p. 60, et p. 102-108.
24 William PERKINS, A Warning... Last Times, op. cit., p. 700.
25 Richard ROGERS, A Garden of Spirituall Flowers, op. cit., p. 6.
26 Richard GREENHAM, op. cit., p. 320.
27 Voir Isaïe 53, 2-3.
28 Richard ROGERS, Seven Treatises, op. cit., p. 72.
29 William PERKINS, The Whole Treatise of the Cases of Conscience, op. cit., p. 139.
30 Richard ROGERS, op. cit., p. 309.
31 I.C., III, ii, 35.
32 Richard ROGERS, op. cit., p. 328.
33 Léon WENCÉLIUS, L’Esthétique de Calvin, Paris, Les Belles Lettres, 1937, p. 407.
34 Richard GREENHAM, op. cit., p. 225.
35 Richard ROGERS, op. cit., p. 556.
36 William PERKINS, An Exposition... the Apostles, op. cit., p. 319.
37 Richard ROGERS, op. cit., p. 556.
38 Ibid., p. 560.
39 Richard ROGERS, op. cit., p. 561.
40 Apocalypse 21, 11.
41 Richard ROGERS, op. cit., p. 562.
Auteur
C.E.R.A.C.I.
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