Amour et poison dans l’œuvre de Ronsard
p. 186-200
Texte intégral
1On s’empoisonne beaucoup durant la Renaissance. Selon des auteurs romantiques comme Victor Hugo ou Alexandre Dumas, cette pratique insidieuse sévit à la cour pontificale des Borgia, à celle des Malatesta ou, en France, à la cour de Catherine de Médicis. Dans l’ombre, des criminels d’origine italienne pour la plupart concoctent d’inquiétantes mixtures destinées à expédier dans l’autre monde des individus ayant la malchance de contrarier des projets ou des ambitions. Certains empoisonneurs sont passés à la postérité comme Bianco ou Ruggieri. Leurs exploits retranscrits par une littérature qui aime les sensations fortes et qui est hantée par les pièces de Shakespeare peuplent encore notre imaginaire.
2Cependant, le poison dont il sera ici question est plus étrange et donc plus troublant encore car la victime est consentante. Il s’agit en effet d’un poison particulier que revisite une tradition littéraire illustrée au milieu du XVIe siècle par la Pléiade. Point n’est besoin de philtres ou de potions, les seuls yeux de la femme désirée suffisent. Pour Ronsard et ses contemporains, la passion amoureuse et ses tourments s’expliquent en grande partie par un empoisonnement qui provient du rayon sanglant projeté par le regard des femmes.
Les yeux empoisonnés des femmes
3La passion amoureuse et les vertiges qu’elle suscite sont l’objet d’une interrogation qui traverse les écrits des médecins et des philosophes de la Renaissance. En effet, l’amour déclenché par un coup de foudre n’est pas perçu comme une simple émotion qui perturbe le corps et l’esprit d’un amant désemparé. Dans le cadre d’un système de représentation particulièrement précis, cette passion est analysée d’une manière clinique car elle suit un protocole particulier.
4L’essentiel de ces interprétations est fourni par le prêtre, philosophe et médecin Marsile Ficin dont les écrits laissèrent une profonde empreinte dans les textes du XVIe siècle européen. Son ouvrage le plus fameux, le Commentaire sur le Banquet de Platon1, explique méticuleusement le processus amoureux et en particulier les modalités du coup de foudre :
Quoi donc d’étonnant à ce que l’œil grand ouvert et fixé sur quelqu’un décoche sur son vis-à-vis, les traits de ses rayons et qu’en même temps que ces traits qui sont les véhicules des esprits il dirige sur lui cette vapeur de sang que nous appelons esprit ? De là le trait empoisonné transperce les yeux et, comme il est envoyé par le cœur de l’agresseur, il gagne la poitrine de l’agressé comme son propre séjour, frappe le cœur et sur sa paroi résistante s’émousse et redevient du sang. Ce sang étranger, étant différent de la nature du sujet blessé, infecte son sang à lui. Ce sang infecté est un sang malade.2
5La passion est donc comprise comme un empoisonnement : le regard de la femme aimée qui contient des vapeurs sanguines traverse les yeux de son amant, atteint son cœur et contamine l’ensemble de son sang. Le coup de foudre déclenche une inversion sanguine. Le sang qui, dans la typologie hippocratique représente l’humeur superlative car il est chaud, humide et associé à un tempérament favorable, s’altère brutalement en son humeur inverse : la mélancolie. Or cette humeur noire, froide et sèche, est communément associée à la maladie et à la folie.
6Lors de la relation amoureuse univoque qui provient, selon Ficin, de la seule concupiscence et donc du péché, le désir voluptueux véhiculé par les yeux ne recherche pas les voies de la transcendance divine comme le souhaite la philosophie néo-platonicienne. Le regard ne désire que le corps de l’autre. Or, si cette passion n’est pas assouvie – ce qui est habituellement le cas dans la poésie amoureuse qui chante l’« amour vulgaire »– l’amant insatisfait, en proie à un désir sans jouissance, devient intoxiqué. Sa passion déraisonnable provoque un empoisonnement de son sang ; vulgaris amor est sanguinis perturbatio !
7Cet empoisonnement venu des yeux peut certes nous surprendre ; tel n’est pas le cas à l’époque. Ainsi, dans son Traité des venims3 qui est l’ouvrage toxicologique de référence au XVIe siècle, Pierre d’Abano affirme que : « Le venim prins exterieurement, se prent ou par la veüe, l’ouye, le goust, l’attouchement ou par l’odeur : par la veüe, comme le basiliq4 ». Cette dangerosité des yeux d’un basilic – qui existe également dans le regard venimeux des chats – est confirmée par le chirurgien Ambroise Paré dans son livre Des Venins & Morsures des chiens enragés, & autres morsures & piqueures de bestes veneneuses :
Par sa morsure & son siffler & toucher, fait mourir tous autres animaux. Davantage son venin est si cruel, que si on le regarde trop attentivement, tue ceux qui le regardent.5
8D’une manière générale, tous les sens et tous les éléments peuvent devenir les vecteurs du poison ou se transformer eux-mêmes en poison. Dans la pensée magique de la Renaissance, les astres sont également susceptibles de diffuser une influence délétère sur le monde ; les rayons qu’ils propagent peuvent empoisonner conformément à la théorie qui relie le macrocosme cosmique et le microcosme des hommes :
Les venins qui operent par leur vertu spécifique, ne le font pas parce qu’ils sont chauds, froids, secs ou d’humidité excessive : mais c’est parce qu’ils ont ce naturel particulier des influences celestes, contraires à la nature humaine.6
9Dans le domaine du coup de foudre, c’est cependant le regard seul qui est à l’origine de l’empoisonnement en contaminant violemment le sang7 de l’amant subjugué. À l’aube de l’ère classique, Robert Burton reprend cette interprétation qui accède à la valeur de topos : « D’aucuns pensent que les rayons projetés par les yeux sont chargés de quelques vapeurs spirituelles, qui contaminent l’autre personne, et cela en un instant »8. Fidèle à son esprit encyclopédique, Burton dresse la liste des auteurs qui se réfèrent à cette théorie comme Héliodore, Aristote, Plotin, Ficin, Vairo ou encore Giraldi. Il aurait pu ajouter à cette liste déjà longue l’autorité de Pline l’Ancien qui déplore que la nature profondément hostile à l’homme « s’est encore plu à faire naître des poisons dans tout son corps et parfois dans ses yeux, de peur qu’il n’y ait quelque mal qui n’existe pas dans l’homme »9.
10Les yeux deviennent donc l’objet d’une malédiction ! Le poison contamine un regard qui n’est plus orienté vers le ciel et la Grâce. Ce regard sans transcendance se transforme alors sous l’effet du désir immodéré en un « organe de la concupiscence »10, c’est-à-dire en un avatar du toucher – sens honni par l’idéalisme néo-platonicien – et il déclenche une brutale hémopathie.
Le sang des femmes
11Pour concevoir le mécanisme de l’empoisonnement oculaire, il convient de s’interroger sur la nature du rayon que la femme lance vers les yeux de l’homme qui la convoite. Les théoriciens considèrent que ce rayon est porteur de sang ; plus précisément, on pense qu’il est le véhicule de vapeurs sanguines comme le prouve Ficin :
De plus, que le rayon émis par les yeux entraîne avec lui une vapeur spirituelle et celle-ci du sang, nous le constatons grâce au fait que les yeux chassieux et rouges communiquent par l’émission de leur rayon le même mal à ceux qui les regardent de près. On voit par là que le rayon se prolonge jusqu’à toucher l’homme qui lui fait face et qu’avec le rayon émane une vapeur du sang corrompu dont la contagion infecte les yeux de l’observateur.11
12Or, au sein du système des humeurs codifié par la médecine hipocratique, le sang possède une symbolique ambivalente : il est valorisé dans la mesure où il provient du cœur et du foie car il réchauffe et nourrit le corps. En outre, ce sang glorieux porte en lui la mémoire d’une race ou d’une lignée, il est estimable quand il est versé au combat pour une noble cause et il se sacralise dans la Bible qui l’identifie avec l’âme12. Enfin, son offrande attire les dieux et les morts, et les théologiens assurent qu’il purifie les fautes des hommes dans des cérémonies dont la Cène représente l’ultime sacrifice.
13Cependant, le sang possède un revers beaucoup plus inquiétant lorsqu’il est la marque éclatante d’un meurtre ou particulièrement quand il coule du corps énigmatique de la femme, en particulier lors de la défloration, de l’accouchement ou surtout durant les règles. Ce sang féminin est un sang maudit qui s’avère dangereux pour l’homme qui ne doit s’en approcher sous aucun prétexte13. Et les textes sont nombreux qui dressent la liste angoissante des méfaits des règles de la Bible à Aristote en passant par Pline l’Ancien ou encore par le pseudo Albert le Grand qui proclame dans le Secret des Femmes :
Les femmes sont venimeuses durant le temps de leurs fleurs et si fort dangereuses qu’elles empoisonnent les bestes par leur regard et les petits enfants es berceaux, souillent et tachent les miroirs, et aucunes fois ceux qui gisent avec elles par couples charnels sont ladres et lepreux.14
14La femme est donc potentiellement toujours venimeuse car son sang menstruel est toxique ; elle est physiologiquement liée au poison qu’elle distille au creux de son corps. On comprend alors que son regard soit chargé d’un sang impur – un sang féminin – qui vient corrompre le sang de sa victime masculine. On comprend également que le poison dans l’histoire soit traditionnellement lié à la femme. La liste est d’ailleurs longue des empoisonneuses célèbres telles que : Médée, Circé, Cléopâtre, Locuste, Catherine de Médicis, la marquise de Ganges, La Brinvilliers, La Voisin ou encore Marie Besnard. Dans son étude, Le Poison et les empoisonneurs célèbres, Roland de Villeneuve rappelle que non seulement on offrait des prostituées gavées de venin à des hommes de haut rang dont on voulait se débarrasser mais que le poison demeure une arme presque exclusivement féminine et d’autant plus redoutable qu’elle agit avec lenteur et se trouve maniée le plus souvent par des femmes séduisantes ou très intelligentes15.
15Face aux armes chevaleresques et viriles comme la lance et l’épée16, la femme manie des armes perfides comme la flèche (les Amazones) et le poison. Les textes amoureux montreront qu’elle peut associer ces deux armes en utilisant la flèche empoisonnée de ses yeux ; l’image deviendra un lieu commun de la lyrique érotique. La sexualité a donc partie liée avec le venin et Corinne Boujot dans son excellente étude intitulée Le Venin n’hésite d’ailleurs pas à donner au mot de venin une fausse étymologie en le faisant dériver de Vénus17 !
16Ce venin féminin produit par un sang inavouable rend la femme toujours dangereuse et il conforte un discours misogyne tenu en majorité par des hommes qui sont médecins, théologiens, philosophes ou littérateurs. Plus largement encore, ce poison colore de dangerosité l’ensemble de l’univers féminin car même dans le règne animal, « on tient que le venin des femelles est plus dangereux que celuy des masles » comme l’affirme A. Paré18.
17La femme fait peur, et cette peur est à la Renaissance contemporaine de la peur des sorcières qui pulluleraient dans l’univers chrétien. L’empoisonneuse devient ainsi un agent de Satan19. Sous le clair-obscur de la lune – astre maléfique qui préside aux menstruations – la sorcière concocte sournoisement des philtres et des potions pernicieuses. Elle utilise souvent d’ailleurs le sang des menstrues dans d’immondes concoctions car elle sait que le diable est friand de ce sang maudit qui s’insinue dans le corps humain en épousant le sang mélancolique de ces victimes20. Ceci est un lieu commun établi dès le Moyen Âge comme le prouve Vincent de Beauvais :
On dit que le diable s’introduit dans les sangs – c’est-à-dire dans les humeurs parce que, dans la qualité imaginative qui est surabondante dans les humeurs, il imprime des représentations d’objets délectables d’où naissent les mauvaises pensées tandis que l’âme est investie [...] Et aussi, il n’entre pas en elle sans l’intermédiaire mais grâce aux sangs auxquels il se mélange surtout quand il fait des sollicitations concernant la gourmandise et la luxure. Car c’est par l’intermédiaire des humeurs que l’âme s’éveille au désir charnel.21
18Comme on peut le constater, la passion amoureuse associe étroitement le sexe, le poison et la sorcellerie autour et dans le sang des femmes ; cependant un élément supplémentaire vient encore ternir ce tableau déjà assez accablant.
19L’énigme sur la propagation du venin reste entière : comment en effet expliquer qu’une dose infime de poison puisse corrompre un corps et le conduire à la mort ? Jérôme Fracastor apporte une réponse qui connaîtra plus tard un vaste retentissement. Il commence par contester les fondements de la nosographie galénique qui prétend qu’une maladie provient d’un déséquilibre des humeurs (la dyscrasie) : selon la médecine antique, une maladie survient à cause d’une humeur pléthorique ou trop faible22. Face à cette théorie, Fracastor introduit une notion nouvelle, celle du « virus »– venin contagieux – qui, de l’extérieur, se propage dans l’organisme de l’individu. Enfin, il utilise ce concept de virus pour expliquer la nouvelle pandémie qui ravage l’Europe : la syphilis. Son ouvrage majeur rédigé en vers : Syphilis sive de Morbo Gallico, libri tres23 est publié en 1530 à Vérone. Renouant avec les théories atomistes de Lucrèce et avec une médecine magique que n’auraient pas désavouée les néo-platoniciens, Fracastor promeut l’idée que la femme peut tuer lors des relations sexuelles. Ainsi, après Ficin, il prouve que le mal amoureux qui adoptait jadis une simple connotation sentimentale, prend maintenant les dimensions tragiques d’un empoisonnement mortel.
20Le poison se trouve donc au centre de la relation amoureuse : soit il traverse les yeux et infecte un amant concupiscent qui s’abîme dans son désir inassouvi, soit il contamine un amant qui a malheureusement réussi à jouir de celle qu’il convoitait. L’amour est donc une maladie !
L’amant empoisonné dans la poésie de Ronsard
21La poésie amoureuse de Ronsard se situe dans cette vision pessimiste de la passion : l’amour n’est pratiquement jamais réciproque. Dans la liste des dédicataires des principaux recueils, aucune des femmes chantées n’est accessible ; toutes se refusent, qu’elles s’appellent Cassandre, Marie, Sinope ou encore Hélène24. Dans ce modèle littéraire issu de l’Antiquité, de Pétrarque ou de l’amour courtois, la relation amoureuse repose sur le non (nom) de la femme : elle séduit, envoûte, enflamme mais se refuse au poète qui cherche alors à compenser son manque par une efflorescence de mots. Cette passion univoque que l’on nomme à l’époque « amour héroïque » est le théâtre particulièrement spectaculaire des effets dévastateurs d’une passion brutale qui assaille par surprise le poète :
Je sens hors de vos yeux une vapeur sortir
Qui entre dans les miens, dont soudaine est saisie
Ma raison, qui se laisse aller par fantaisie.
Alors sans nulle treve, à toute heure, en tous lieux
Vostre belle effigie erre dedans mes yeux,
Qui le sang & le cueur & l’ame me tourmente
Du desir de revoir vostre personne absente.
Mon esprit qui se fait du meilleur de mon sang,
Se derobe de moy, me laisse froid & blanc,
Et quittant sa maison dedans vous il sejourne. (XII, p. 247-248)25
22Cette vapeur sanguine provenant des yeux des femmes prend toujours comme cible le cœur de l’amant, c’est-à-dire son centre vital ; elle agit exactement comme le poison qui vise toujours le cœur comme le souligne le chirurgien Guy de Chauliac : « le venin de sa nature cherche tousjours la destruction du cœur »26. Par la vertu attractive de la similitude, le sang appelle le sang et le fonctionnement cardiaque aspire vers lui l’infime quantité de poison diffusée par le rayon des yeux féminins qui se répand dans tout l’organisme :
De ceste doulce & fielleuse pasture,
Dont le surnom s’appelle trop aymer,
Qui m’est & sucre, & riagas amer (arsenic)
Sans me souler je pren ma nourriture.
[...]
Je cognoy bien qu’il me fera mourir,
Et si ne puis ma douleur secourir,
Tant j’ay sa peste en mes vaines enclose. (IV, p. 121-122)
23Comme on le voit dans ce sonnet, le poison ressemble à un « anti aliment » qui, au lieu de régénérer le corps en créant des humeurs favorables, propage une contamination dans tout l’organisme et peut conduire à la mort. Cette caractéristique du poison avait été exposée par Pierre d’Abano afin d’en confirmer les effets pernicieux :
L’aliment & le venim font de contraires effects en nostre corps. L’aliment le nourrit, suivant mesme son etymologie : le venim le destruit & consume [...] Aussi les venims qui ont attaint, ou sont conjoincts à nos corps, au lieu de les substanter, les changent & rendent venimeux.27
24Cette référence à l’aliment ou à la boisson empoisonnés est cependant assez rare chez Ronsard qui emploie le plus souvent l’image traditionnelle de la flèche pour insister sur la fulgurance de l’empoisonnement oculaire. Le cœur percé d’une flèche représente en effet l’icône de la passion et cette métaphore traverse l’ensemble des livres : on la rencontre une vingtaine de fois dans les Amours dédiées à Cassandre, on la trouve aussi dans le dernier recueil :
Que pleust à Dieu, ma moitié bien-aimée
Qu’Amour vous eust d’une fleche enflammée
Autant que moy charmée
En se jouant il m’a de part en part
Le cœur outrepercé. (XVII, p. 201)
25L’utilisation de ce topos est ostensible dans les pièces dédiées à Sinope – étymologiquement, « celle qui a les yeux malades ». Le poète joue particulièrement sur l’ambiguïté du mot « traits » qui désigne le visage, les flèches ou encore la boisson que l’on avale pour souligner l’empoisonnement dont il est victime :
Quand je suis tout bessé sur vostre belle face,
Je voy dedans vos yeux je ne sçay quoy de blanc,
Je ne scay quoi de noir, qui m’esmeut tout le sang,
Et qui jusques au cueur de vene en vene passe.
[...]
Tant je suis hors de sens, apres que j’ay taté
A longs traits amoureux de la poison amere,
Qui sort de ces beaux yeux, dont je suis enchanté. (X, p. 90-91)
26La flèche du regard possède donc des propriétés vénéneuses qui suivent un processus précis que le poète donne à voir comme lors d’une vivisection ou encore comme sur les planches anatomiques qui commencent à se répandre après les travaux de Léonard de Vinci et de Vésale. Fidèle au protocole ficinien, l’empoisonnement atteint les yeux, le cœur et le sang qui est « gasté » puis « converty en larmes & en pluye » (X, p. 100). Envahi par un venin qui inverse les caractéristiques de sa physiologie, Ronsard est totalement possédé par la femme : il perd alors son âme et sa raison. Il se trouve frappé par l’altérité en devenant un aliéné et un étranger à lui-même. Le poison de l’amour le conduit dans un autre monde.
La fièvre
27L’amant empoisonné est alors victime d’une pathologie qui se signale par une fièvre28 qui l’embrase et le glace. Désemparé par la perte de son identité profonde, il subit les conséquences d’une passion incontrôlable qui l’enferme dans une situation intenable. À l’imitation de Pétrarque et de son fameux « et ardo, e son un ghiaccio29 » (je brûle et suis glacé) qui sera repris à l’envi par Du Bellay (Olive, s. 26) ou Louise Labé (s. 8), Ronsard expose sa situation en déroulant les oxymores : « J’espere & crains, je me tais & supplie, /Or je suis glace, & ores un feu chault » (IV, p. 16). La fièvre déclenchée par le poison devient le symptôme clinique de la passion qui en utilise le vocabulaire et les effets comme dans cette ode de 1555 :
Ah fievreuse maladie,
Coment es-tu si hardie
D’assaillir mon pauvre cors
Qu’amour dedans & dehors
De nuit & de jour m’enflame,
Jusques au profond de l’ame
[...]
Je n’ay plus ni sang, ni venes,
Ni flanc, ni poumons, ni cœur (VI, p. 216-217)
28En suivant la nosologie de cette fièvre, on peut d’ailleurs affirmer que dans les pieces consacrées à Cassandre, c’est le feu qui domine comme si les flammes de l’incendie mythique de Troie se réverbéraient encore dans tout le recueil. En revanche, dans les textes dédiés à Marie, c’est un froid aquatique30 qui engloutit et liquéfie un amant en train de se noyer dans l’« eau rousse » de son sang :
Ma douce jouvance est passée,
Ma premiere force est cassée,
J’ai la dent noire, & le chef blanc,
Mes nerfs sont dissous, & mes venes,
Tant j’ai le cors froid, ne sont plenes,
Que d’une eau rousse, en lieu de sang. (VII, p. 102)
29Dans tous les cas, l’amant s’avance vers nous comme un amant malade. Son corps a vieilli trop rapidement et il n’est plus que l’ombre de lui-même. Loin de s’exhiber dans une vigueur altière et conquérante, il se dévalorise, se montre dans un état pitoyable que lui reproche avec cruauté la belle :
Quand je veux en amours prendre mes pase-tems,
M’amie en se moquant, laid & vieillard me nomme.
Quoy, dit-elle, reveur, tu as plus de cent ans
Et tu veus contrefaire encore le jeune homme.
Tu ne fais que hanir, tu n’as plus de vigueur,
Ta couleur est d’un mort qu’on dévale en la fosse.
[...]
Et si tu ne m’en crois, pren ce miroir, & voi
Ta barbe en tous endrois de nege parsemée,
Ton œil qui fait la cire espaisse comme un doi,
Et ta face qui semble une idole enfumée. (VI, p. 198)
30Détruit par le poison de l’amour, Ronsard a tout perdu : il est devenu asocial et paradoxalement incapable d’aimer ; il s’enfonce dans le néant. Il a perdu son statut d’homme en errant dans un no man’s land entre la vie et la mort, il n’est plus qu’un fantôme : « Je ne suis plus un homme (Ô estrange meschef) / Mais un fantaume vain, qui rien ne peut comprendre. » (VII, p. 165, version de 1578).
31Contre cette intoxication, le poète cherche des remèdes. Il utilise en particulier le vin qui possède de profondes similitudes symboliques avec le sang comme le souligne Henri de Mondeville : « Le bon vin passe pour ainsi dire sans intermédiaire dans le sang et se transforme en sang31 ». Le vin qui est associé à Dionysos ou au latin Bacchus permet en effet de renouer les liens entre le monde présent et l’Antiquité ; il est également la source d’une ivresse enthousiaste comparable au délire de l’inspiration poétique. Nouvelle Pythie, le poète, grâce au vin, entre en contact avec les dieux32 !
32Ce vin viril permet de se refaire un sang neuf, un sang purgé du poison qui coulait du regard des femmes. Il est générateur de vie et efface les tourments physiques et moraux grâce à la chaleur virile qu’il répand dans l’organisme. Il faut « etrangler avecq le vin /[le] soucy qui n’a point de fin » (V, p. 45) pour « joüer, sauter, rire & dancer /Avecque Bacus & Amour » (VII, p. 196). Ronsard utilise ce remède préconisé par la tradition, en particulier par Pierre d’Abano qui fait du vin une panacée contre tous les types de poison : « Preserve aussi de toutes poison [sic], boire à jeun un verre de bon vin pur »33.
33L’amant est donc empoisonné mais il ne cède pas au virus. Il cherchera d’ailleurs d’autres remèdes dans le rire ou mieux encore dans la jouissance sexuelle qui reste le meilleur moyen de se soulager de son mal chronique.
Le « doulx venin »
34Cependant le venin amoureux engendre un mal qui peut également conférer quelques avantages. L’empoisonnement est certes le signe ostentatoire d’un désastre qui met à part celui qui en est frappé mais qui, en même temps, lui donne le prestige d’un fatum, d’un destin exceptionnel qui peut servir d’exemple ; c’est d’ailleurs à ce spectacle dramatique que nous convie le sonnet inaugural des Amours :
Qui voudra voyr comme un Dieu me surmonte,
Comme il m’assault, comme il se fait vainqueur,
Comme il r’enflamme, & r’englace mon cœur,
Comme il reçoit un honneur de ma honte [...] (IV, p. 5)
35Cette proclamation place d’emblée la poésie ronsardienne à part ; elle se situe volontairement aux antipodes de celle de Marot et de ses disciples qui avaient une vision beaucoup plus ludique de la relation amoureuse ; elle s’établit d’avance en opposition à celle de Desportes qui ouvrira la voie un peu niaise de la préciosité34.
36Aussi la poésie amoureuse puise-t-elle sa source dans cet empoisonnement dont elle devient en même temps le principal remède ; en effet, le poète utilise son mal pour fonder sa parole. Ceci explique que le venin ne soit pas toujours vécu d’une manière néfaste car le poète sait que son inspiration – autre nom de l’amour – procède de ce venin :
Je ne veulx point en la playe de tente (sonde)
Qu’Amour me fit pour avoir guarison,
Et ne veulx point, qu’on m’ouvre la prison,
Pour affranchir autre part mon attente.
Plus que venin je fuy la liberté (IV, p. 85)
37La poésie qui relate cette intoxication sanguine sert alors de preuve à la passion : ce sang envahi de venin s’affiche comme l’indice funeste qui prouve que l’amant dit la vérité ; le poison cherche à confirmer des mots d’amour toujours mis en doute et que chaque poème tente désespérément de justifier auprès de la femme et des lecteurs. Le venin et sa virulence suppléent donc aux mots toujours menacés par le soupçon et la perte du sens :
Quand je te veux raconter mes douleurs
Et de quel feu en te servant je meurs
Et quel venin desseche ma moüelle,
Ma voix tremblote, & ma langue chancelle,
Mon cueur tressault, & mon sang au dedans
Est tout troublé de gros soupirs ardens. (VII, p. 262)
38Toujours en quête de sa légitimité, la poésie érotique utilise également le venin comme un acide qui grave le cœur de l’amant. Ce cœur ressemble alors à une plaque de cuivre sur laquelle se dessine le visage ou le corps de la femme35. Le poison devient ainsi un succédané de l’encre, il cisèle, grave, incruste l’image de l’Autre dans l’intimité du sang et du cœur. C’est cette inscription d’une fidélité indéfectible que proclame le deuxième sonnet des Amours de 1552 :
Quand je la vi, quand mon ame esperdue
En devint folle : & d’un si poignant trait,
Le fier destin l’engrava dans mon ame,
Que vif ne mort, jamais d’une aultre dame
Empraint au cuoeur je n’auray le portraict. (IV, p. 7)
39Si l’empoisonnement est un mal chronique qui garantit la pérennité de l’amour, il confirme aussi la permanence de l’inspiration. Le venin devient alors l’autre nom de l’écriture ; il représente le signe de Saturne qui désigne les hommes de prestige placés sous l’auréole noire de la mélancolie selon les modèles aristotélicien et ficinien36. Le poison offre la gloire à celui qui en est frappé. L’amant aime donc le venin qui le ronge et il expose son masochisme dans des litanies qui chantent son mal car il sait que c’est cet état maladif qui le pousse à aimer et donc à écrire. Reprenant à Pétrarque l’oxymore du « dolce veneno » – le « doulx venin » (IV, p. 54) – Ronsard déclare :
Despen du croc ma lyre enchanteresse :
Je veus charmer, si je puis, la poison,
Dont un bel œil sorcela ma raison
Par la vertu d’une œillade maistresse.
Donne moy l’encre, & le papier aussi :
En cent papiers tesmoingz de mon souci,
Je veux tracer la peine que j’endure (IV, p. 158-159)
40Conformément aux théories médicales de l’époque qui seront accréditées par la médecine issue de Paracelse, le poison possède aussi des vertus curatives37. Il offre en effet au poète le statut enviable du Vates, du Voyant qui mieux que les autres hommes ressent la passion et les métamorphoses enivrantes qu’elle suscite. Pris dans ses visions, le poète accède à toutes les voluptés. On assiste alors à un fantasme paradoxal qui inverse les rôles car le rayon des yeux féminins, comme un sexe, pénètre un amant-poète subjugué par l’extase. Ainsi, au terme de sa carrière amoureuse, dans les Sonets pour Helene, le vieux Ronsard qui chante une jeune femme se réjouit de ce dernier amour qui transforme le suc vénéneux du poison en une liqueur bienfaisante qui se répand en lui :
De voz yeux, le mirouer du Ciel & de Nature,
[...]
Je tire pour ma vie une douce pasture,
[...]
Je la sens distiller goutte à goutte en mon cœur,
Pure, saincte, parfaite, angelique liqueur,
Qui m’eschaufe le sang d’une chaleur extreme. (XVII, p. 213)
41La poésie de Ronsard porte donc le témoignage d’un rapport très ambivalent au poison. Il détruit et, en même temps, suscite l’écriture et confirme la passion. Comme la femme, il séduit et repousse ; les textes s’inscrivent dans ce balancement permanent que l’on retrouvera plus tard chez Baudelaire ou Apollinaire. Certes, ce poison fait surtout figure ici de métaphore car le poète s’invente un statut d’amant qu’il n’a pas dans la réalité, cependant derrière ce voile propice à tous les fantasmes, on devine aisément la redoutable fascination du poison et de ses sortilèges.
Notes de bas de page
1 L’In Convivium Platonis est publié en 1484. Il aura une vingtaine d’éditions dont onze en France. Il sera traduit par Corrozet, Sylvius, de la Haye et surtout en 1578 par Le Fèvre de la Boderie. Nos citations renvoient à la traduction de P. Laurens, Paris, Les Belles Lettres, 2002. Le texte de Ficin fait partie d’un ensemble de traités italiens qui cherchent à définir la nature de l’amour comme Le Dialogue contre les amours de Platina (1481), Les Antérotiques de P. Edo (1492), L’Anteros de Fregoso (1496), Les Azolains de Bembo (1505) ou encore La Nature d’amour d’Equicola (1525).
2 Commentaire, éd. cit., p. 200.
3 Pierre d’Abano dit le Conciliateur (1257-1315) écrit en latin son traité qui sera traduit en français en 1593 par Lazare Boet. Ce livre est publié à Lyon chez Jean Huguetan ; nos citations renvoient à cette édition.
4 Traité des venims, p. 10.
5 Nous citons le texte de Paré dans l’édition des Œuvres parue au Club Français du Livre, Paris, 1954, p. 201.
6 A. Paré, op. cit., p. 238. Ceci explique que les pierres précieuses qui sont fortement imprégnées par les effluves astraux peuvent jouer le rôle de contre-poison, cf. Rémy Belleau, Les Amours & nouveaux eschanges des pierres precieuses.
7 Pour une étude plus ample du motif du sang dans la poésie de la Renaissance, nous nous permettons de renvoyer à notre livre : Le Sang embaumé des roses. Sang et passion dans la poésie amoureuse de Pierre de Ronsard, Genève, Droz, 2004.
8 Anatomie de la mélancolie, traduction de B. Hoepffher, Paris, J. Corti, 2000, p. 1309.
9 Pline l’Ancien, Histoire naturelle, VII, 2, 18 : « Adeo naturae, cum ƒerarum morem uescendi humanis uisceribus in homine genuisset, gignere etiam in toto corpore et in quorundam oculis quoque uenena placuit, ne quid usquam mali esset quod in homine non esset ».
10 La Curiosité à la Renaissance, Paris, SEDES, 1986, Préliminaires, p. 20.
11 Op. cit., p. 218-220.
12 Cf. Genèse, IX, 4.
13 Voir le remarquable ouvrage de J.-P. Roux, Le Sang. Mythes, symboles et réalités, Paris, Fayard, 1988 qui examine une liste d’interdits majeurs pesant sur ce sang féminin, p. 61 et suiv.
14 Cité par D. Jacquart et C. Thomasset dans Sexualité et savoir médical au Moyen Âge, Paris, PUF, 1985, p. 178. Ce texte a été faussement attribué à Albert le Grand ce qui montre son retentissement. En outre, le coït survenu durant les règles serait – croit-on – à l’origine d’épidémies comme la lèpre. Cette idée est commentée par A. Berthelot dans son article « Sang et lèpre, sang et feu » publié dans Le Sang au Moyen Âge, Cahiers du CRISIMA, n° 4, 1999, p. 34 et suiv.
15 Op. cit., p. 10. L’auteur qui est singulièrement misogyne n’hésite pas à déclarer que les hommes qui pratiquent le crime d’empoisonnement sont des « êtres à tendances féminines. », p. 152.
16 Le crime d’empoisonnement est inacceptable et odieux dans un monde régi par les codes féodaux, cf. F. Collard, Le Crime de poison au Moyen Âge, Paris, PUF, 2003.
17 Le Venin, Paris, Stock, p. 13. On signalera également que le substantif « poison » est féminin en moyen français.
18 Op. cit., p. 247. On pense également que le danger peut venir des hommes roux car ils auraient été procréés durant les règles et ils portent sur eux la marque de cette faute originelle du sang maudit : « Aucuns ne veulent excepter de ceste condition de morsure celle des hommes, affermans icelle participer de quelque venenosité, & principalement des rousseaux piquotés de marques tannées, noires & autre couleur, qu’ils ont partout leur corps, & encores plus s’ils sont en colère. » A. Paré, op. cit., p. 246.
19 Comme le souligne très justement C. Boujot : « Le venin s’insinue, il pénètre corps et âme. Là, il décompose, des-organise, dissout, assèche. La menace représentée par le venin est corruption du corps, corps humain et corps social, individuel et collectif. », Le Venin, p. 113.
20 Cf. Burton qui déclare à propos de la mélancolie : « d’autres encore pensent que ces phénomènes qui, pour la plupart des gens sont dus à des charmes et à des philtres, ne proviennent que de causes naturelles, comme le sang humain transformé chimiquement, lequel est fort en usage, selon Ernest Burgrav, pour provoquer l’amour et la haine », op. cit., p. 1380.
21 Traduction d’une citation latine proposée par M. Tarayre dans son article « Le Sang dans le Speculum Majus », Le Sang au Moyen Âge, p. 349.
22 Cf. Platon, Timée, 81c.
23 Ce poème aura un succès considérable et l’on sait que Ronsard l’appréciait beaucoup.
24 Ces femmes sont aimées sur le mode de la poésie et non dans la réalité. La part de l’autobiographie est assez mince dans la poésie de l’époque. Ainsi, M. Huchon a récemment prouvé que Louise Labé n’a jamais écrit de textes et que sa biographie poétique n’est qu’une invention, cf. Louise Labé une creature de papier, Genève, Droz, 2006.
25 Nos citations de Ronsard renvoient aux Œuvres complètes éditées par P. Laumonier, I. Silver et R. Lebègue, Droz puis Nizet, 1914-1975, en 20 tomes. Les chiffres romains renvoient au tome de cette édition.
26 La Grande Chirurgie, Lyon, E. Michel, 1579, p. 250. Cette notion capitale se lit aussi chez d’Abano : « Tout venim [...] peut penetrer jusques au cœur : car ou le venim sera attiré du cœur comme le fer l’aimant : ou il aura une vertu penetrative jusques au cœur », op. cit., p. 26.
27 Op. cit., p. 6 et 7.
28 Dans la médecine antique, les fièvres constituent un concept très large qui caractérise toutes les maladies qui ne proviennent pas d’une lésion. Cf. Galien, Des Différentes fièvres.
29 Canzoniere, sonnet 134.
30 O. Pot propose une excellente étude de l’eau dans Marie dans son ouvrage : Inspiration et mélancolie. L’épistémologie poétique dans les Amours de Ronsard, Genève, Droz, 1990, p. 197-209.
31 La Chirurgie, texte cité par M.-C. Pouchelle dans Corps et chirurgie à l’apogée du Moyen Âge, Paris, Flammarion, 1983, p. 261.
32 « Par toi, Pere, chargés de ta douce ambrosie, / Nous elevons au ciel l’humaine fantasie, / Portés dedans ton char, & d’homes vicieux, / Purgés de ta liqueur osons monter aus cieus, / Et du grand Jupiter nous asseoir à la table. » (VI, p. 190).
33 Op. cit., p. 41. « Pour se donner garde d’estre empoisonné », A. Paré prescrit également plusieurs remèdes dont le vin : « semblablement doivent prendre au matin un peu de methridat ou theriaque, avecques un peu de conserve de roses, puis boire un peu de bon vin ou malvoisie [...] », op. cit., p. 242-243.
34 La poésie amoureuse de Marot est profondément ambivalente. Elle verse facilement dans la gauloiserie mais s’oriente aussi vers la transcendance religieuse. « Ferme amour » s’oppose à « fol amour ». Voir en particulier le Temple de Cupido, Œuvres poétiques, éd. de G. Defaux, Paris, Garnier, 1996, Tome 1, p. 27-42. On suppose également que les Sonets pour Helene de 1578 ont été écrits en concurrence avec la poésie de Philippe Desportes, le favori du roi Henri III.
35 Sur ces gravures voir E. Leutrat, Les Débuts de la gravure sur cuivre en France. Lyon 1520-1565, Genève, Droz, 2007.
36 Cf. Aristote, Problèmes I, 11 et Ficin, Les Trois Livres de la vie, livre 1. Le prestige de la mélancolie est remarquablement étudié dans le classique Saturne et la mélancolie de R. Klibansky, E. Panofsky et F. Saxl, Paris, Gallimard, 1986 pour la traduction.
37 L’ambiguïté du poison qui tue mais qui peut également guérir est à la base de la fameuse thériaque. Cette thériaque était composée d’une soixantaine d’ingrédients dont des vipères... Un décret de 1529 exigeait qu’elle soit concoctée en public afin d’éviter des dosages dangereux. Cette ambiguïté explique la méfiance à l’égard de plusieurs « corps de métier » comme les empoisonneurs mais aussi les parfumeurs, sorciers et apothicaires.
Auteur
Université Catholique de Lille
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