Profil des empoisonneurs et de leurs victimes en Écosse (1530-1630)
p. 70-85
Texte intégral
1Toute recherche historique sur le crime de poison à l’époque moderne se heurte aux trois mêmes difficultés. Premièrement, c’est un crime qui jusqu’à une époque récente et aux progrès de la toxicologie a pu passer inaperçu. Deuxièmement, même avéré, il n’a pas toujours donné lieu à des poursuites judiciaires. Troisièmement, l’impossibilité scientifique de prouver le meurtre toxique a rendu possible, à l’inverse, des accusations mensongères face auxquelles les défendeurs innocents étaient démunis. Partant, il nous faut d’ouverture admettre que nous ne rendrons pas compte de la criminalité réelle en matière d’empoisonnement mais seulement de la partie visible de l’iceberg, celle que nous laissent entrevoir les registres des tribunaux, ainsi que les chroniques et histoires de l’époque à l’affût de toutes les rumeurs toxiques susceptibles de redynamiser leurs récits et d’aiguiser la curiosité du lecteur.
2Dans le cas de l’Écosse du xvie siècle, les sources n’existent en plus grand nombre que pour la période médiévale puisque les archives des tribunaux ont commencé à être systématiquement tenues à cette époque1. Malheureusement, elles n’ont pas toujours résisté aux luttes clandestines du siècle de la Réforme ainsi qu’au sac de Cromwell au début du xviie siècle. Un certain nombre d’affaires criminelles nous sont néanmoins parvenues et leur accessibilité a été facilitée par le travail de dépouillement de Robert Pitcairn2 qui a réuni, en sept volumes, les principaux procès criminels écossais entre 1488 et 1624, du moins ceux qui figurent dans les archives de plusieurs tribunaux itinérants3 ainsi que dans les archives de la Haute Cour de Justice4, la plus haute juridiction pénale depuis la création du Collège de Justice en 1532 par Jacques V.
3C’est sur cette sélection étoffée des anecdotes disséminées dans les chroniques du temps et notamment dans The History of Scotland5 de George Buchanan, The History of the Reformation6 de John Knox ainsi que dans The History of Scotland7 de Robert Lindsay of Pitscottie que repose mon étude. Celle-ci ne prétend nullement à l’exhaustivité8, elle n’est qu’une ébauche des profils d’empoisonneurs et de leurs victimes dans l’Écosse du xvie siècle puisque, d’une part, elle ne s’appuie que sur dix-sept affaires dont seulement onze donnèrent lieu à un procès entre 1530 et 1630 et que, d’autre part, ces données criminelles sont, dans bien des cas, imprécises ou parcellaires. Le premier indice de cette saisie judiciaire aléatoire est le flou qui règne autour de la qualification du crime qui, sur onze cas, change à huit reprises. Les registres judiciaires parlent tour à tour de « destruction par le poison », d’« homicide par drogue ou poison », d’« homicide qui relève de la trahison et empoisonnement meurtrier », d’« administration de poison », d’« empoisonnement », de « meurtre par empoisonnement », d’« empoisonnement et meurtre qui relève de la trahison » ou simplement d’« homicide ». À partir de 1590, le chef d’accusation d’empoisonnement est, par ailleurs, associé dans la plupart des cas9 au crime de sorcellerie.
4 Faut-il, pour autant, renoncer à étudier le crime de poison en Écosse ou se contenter de l’intégrer aux études sur la sorcellerie pour lesquelles les sources sont plus riches, comme le suggère le silence des historiens depuis l’article aujourd’hui centenaire d’A. Francis Steuart intitulé « Poisoning in Scotland to the year 1625 »10 ?
5Les travaux récents de Franck Collard11 me laissent penser que si l’on fait le deuil de la réalité quantitative des crimes par poison et que l’on accepte de ne rendre compte que de la réalité qualitative de cette criminalité ainsi que de la vision qu’en avaient les contemporains, des pistes de travail stimulantes s’ouvrent à nous, non pas dans le champ de l’histoire de la criminalité mais dans celui de l’histoire des mentalités.
6Parmi les nombreux axes que l’historien français a dégagés et qui vont de l’étude de l’arme sous l’angle des lieux de production, de distribution, des composants organiques ou chimiques à celle des usages et des enjeux du poison en passant par l’histoire de l’appréciation de ce crime qualifié d’abominable par des époques plus sensibles à l’éthique des homicides et à l’art de mourir qu’à la vue du sang, j’ai retenu l’approche la plus sociologique du phénomène qui consiste à s’intéresser plus particulièrement aux victimes et aux auteurs de ces crimes pour dresser leurs profils respectifs.
7À partir des sources narratives et judiciaires à ma disposition, je tenterai donc, dans un premier temps, de replacer le crime dans l’univers relationnel qui fut le sien en répondant à deux questions : qui empoisonnait-on et dans quel but ? Dans un second temps, j’esquisserai un profil des empoisonneurs écossais du début de l’époque moderne en m’appuyant sur trois questions. Premièrement, sur l’ensemble de la société écossaise, y avait-il des classes sociales plus enclines que d’autres à occire leurs ennemis par le venin ? Deuxièmement, la criminalité des écossaises du xvie siècle et sa perception par leurs contemporains vient-elle confirmer l’idée, véhiculée par la littérature misogyne depuis l’Antiquité, selon laquelle l’activité empoisonneuse est une activité de femme ? Troisièmement et toujours dans une perspective de confrontation de la réalité historique et de ses représentations, l’usage du venin fut-il dans l’Écosse du xvie siècle le propre de l’étranger ou bien le fait d’insulaires, hommes ou femmes sans lien aucun avec le continent, le monde méditerranéen ou l’Orient ?
1. Le profil des victimes
8Les procès pour empoisonnement concernent pour l’essentiel des victimes humaines, l’exception à la règle étant le procès en 1601 de Thomas Bellie, un bourgeois de Brechin, et de son fils James, accusés d’avoir mélangé du poison à la pâture destinée aux volailles de leur voisine Jonet Clark12.
9Pour ce qui est des victimes humaines, elles peuvent être regroupées en catégories selon la nature des impulsions de leurs meurtriers. On voit ainsi émerger trois grands types de crime de poison : les meurtres politiques au sens large dont le mobile est d’acquérir ou de conserver un pouvoir, les meurtres domestiques dont la motivation est affective, enfin les accidents de la vie qui recouvrent les morts proprement accidentelles et les suicides. Sur l’ensemble de notre corpus, sept morts par venin sont d’origine politique, huit d’origine domestique et deux d’origine accidentelle.
Le poison politique
10Dans le groupe des rivaux gênants, on trouve naturellement les figures les plus illustres du royaume, à commencer par le roi ou le chancelier. Le roi d’Écosse est ainsi la victime présumée de deux tentatives d’empoisonnement entre 1530 et 1630, une première fois en 1531 et une seconde en 1625. Dans le premier cas, on imputa ces velléités meurtrières à Jean Douglas, lady Glammis13, petite fille du comte d’Angus « Bell the Cat » et sœur d’Archibald d’Angus. Ce dernier avait été banni avec toute sa famille par Jacques V après qu’il s’est révolté contre la servitude dans laquelle le clan Angus l’avait maintenu pendant toute sa minorité. Jean Douglas fut accusée à tort de ce forfait et s’en défendit en arguant du fait qu’elle n’avait ni l’expertise suffisante, ni la proximité nécessaire, pour commettre ce crime. Dans le second cas, c’est l’ambitieux favori du roi Jacques VI d’Écosse et Ier d’Angleterre, George Villier, premier duc de Buckingham, qui fut soupçonné d’avoir accéléré le trépas de son souverain en lui recommandant un médicament douteux contre la fièvre tierce dont il souffrait. Le mobile de Buckingham résidait, selon ses détracteurs, dans les divergences de point de vue qu’il avait avec le roi, qui refusait obstinément de lancer la Grande-Bretagne dans une guerre contre l’Espagne14.
11Après le roi, c’est le trésorier du royaume, John Stewart, comte d’Atholl, qui défraya la chronique en disparaissant dans des circonstances obscures. Ce catholique convaincu, qui était le rival du régent protestant Morton, mourut, en effet, au lendemain d’un banquet organisé à Stirling le 20 avril 1578 où les deux hommes étaient censés se réconcilier. Dans le climat politique tendu de l’époque, une autopsie fut pratiquée, mais les médecins à qui elle fut confiée déclarèrent sur l’honneur que sa mort n’avait été causée par aucun moyen extraordinaire15.
12Vient ensuite, par ordre hiérarchique descendant dans la catégorie des crimes de poison politiques, la disparition subite et suspecte des députés du Parlement écossais qui représentaient aux côtés de Jacques Stuart, le demi-frère de Marie Stuart, la noblesse écossaise à son mariage avec le dauphin en 1552. Ces émissaires, l’évêque des Orcades, les comtes de Cassilis et de Rothes et lord Fleming, furent terrassés par un mal mystérieux après avoir pris le chemin du retour pour l’Écosse. On attribua donc immédiatement leur mort brutale à un complot vénéneux orchestré par les Guise16 et qui visait principalement Jacques Stuart17.
13À un niveau encore moindre dans la hiérarchie sociale, mais toujours au sein des élites foncières, le poison fut utilisé, à plusieurs reprises, au cours de la période qui nous intéresse pour régler, par la manière forte, des conflits de succession et d’héritage. Trois homicides par le venin, motivés par la frustration d’un ou plusieurs parents, ont ainsi été enregistrés dans les annales judiciaires. En 1554, Henry Congleton18, Patrick son frère et William Lille comparaissent devant les assises d’Édimbourg pour avoir pris part à l’homicide cruel par intoxication d’Oliver Congleton, fils et héritier de Robert Congleton du domaine de Congleton, et pour usage de potions, drogues ou poisons. En 1596, c’est un des bâtards de Jacques V et l’un des demi-frères de Marie Stuart, John Stewart19, master d’Orknay, qui est mis en accusation dans une affaire de poison. Il est soupçonné d’avoir consulté une sorcière du nom de Margaret Balfour puis comploté, avec ses frères James et William Stewart et plusieurs autres complices, le crime par poison de Patrick, comte d’Orknay, son demi-frère. Enfin, c’est toute une fratrie, composée d’un frère (Robert) et de trois sœurs (Isobel, Hellen et Annas), qui comparaissent devant la justice écossaise en 1613 dans l’affaire Erskine20. Ensemble, ils auraient œuvré à l’empoisonnement des héritiers du domaine de la famille de Dun (leurs neveux John et Alexandre Erskine) avec l’assistance d’une sorcière du nom de Jonet Irwing. L’acte d’accusation précise ainsi que Robert Erskine entra dans ce complot avec ses sœurs, étant aveuglé par le désir insatiable et sacrilège de posséder les terres et les revenus de Dun, et sachant parfaitement qu’il ne parviendrait jamais à en prendre pleine possession tant que John et Alexandre Erskine, les deux fils légitimes de son frère, feu David Erskine, étaient en vie21.
Le poison de la passion
14Au sein d’une famille, l’appât du gain et du pouvoir n’était pas le seul moteur des tragédies domestiques au parfum de poison. Le désamour, qu’il soit ou non accompagné de frasques adultères, éveilla chez un certain nombre d’Écossais du xvie siècle des pulsions venimeuses, d’après les renseignements contenus une fois encore dans les registres des tribunaux. Helen Colquhoun22 fut ainsi jugée en 1578 pour avoir empoisonné son mari William Cunninghame d’Aiket. Elle semble avoir agi par pur ressentiment puisque, dans son cas, il n’est fait allusion à aucune affaire parallèle d’adultère.
15Dans d’autres affaires, en revanche, l’amour extraconjugal dans toutes ses modalités est à l’origine du crime par poison. Il en va ainsi pour Andrew Glencorse23 qui comparaît en 1579 sous une double inculpation : il est accusé d’avoir empoisonné sa femme Isobel Stang et d’avoir commis le crime d’adultère avec Helen Bathcate, la mère de son épouse. Dans l’affaire de lady Fowlis24 (1590) et celle d’Eufaine M’Calzean25 (1591), la trame du drame familial est encore plus complexe. Dans le premier cas, la présumée sorcière, puisqu’elle n’était pas jugée en simple qualité d’empoisonneuse, est poursuivie pour avoir mis au service de ses proches ses talents pharmacologiques. Katherine Ross, lady Fowlis est, en effet, accusée d’avoir cherché à permettre à son frère George Ross, cadet de Balnagowan, qui avait déjà convolé en justes noces, d’épouser la jeune lady Fowlis. Cette dernière était, elle aussi, unie par les liens du mariage au beau-fils de Katherine, Hector Munro. Pour permettre une seconde union, Katherine Ross entreprit d’éliminer par le poison et avec l’aide de sorcières26 les deux encombrants jeunes gens.
16Dans le second cas, celui d’Eufaine M’Calzean, il y a vingt-huit chefs d’accusation contre la présumée sorcière, qui, en matière d’empoisonnement, est accusée tout d’abord d’avoir à deux reprises tenté d’administrer du poison à son époux, Patrick Moscrop, poussée par la malignité destructrice qu’elle témoigna à son encontre dès la première année de leur mariage27. Ensuite, elle comparaît devant les tribunaux pour avoir tenté d’éliminer une ennemie du nom de Jenet Cockburne à l’aide d’une poudre au pouvoir cardioplégique. Enfin, Effy, comme l’appelle Sir James Melville dans ses Mémoires28, fut jugée pour avoir tué par dépit amoureux le laird Joseph Dowglas Punfrastoune à l’aide d’une « potion à base d’eau composite »29, écrit l’officier judiciaire à défaut de pouvoir être plus précis.
17Dans les deux cas restants, que nous avons classés dans les meurtres domestiques car, d’une part, ils ne semblent pas impliquer de relation de pouvoir et que, d’autre part, ils intervinrent dans la sphère du domicile ou du voisinage, nous manquons d’informations précises sur la nature des relations entre victimes et accusés. Le modus operandi, qui implique une certaine proximité, nous apporte néanmoins des renseignements complémentaires sur les types de relations particulièrement sujettes à se dissoudre dans le poison. C’est le cas tout d’abord du lien de domesticité. Dans l’affaire Allan Colquhoun30, cet homme est condamné pour avoir administré du poison au serviteur (Robert Rankin) de son beau-père ainsi qu’à ce dernier et à sa mère Jonet alias Jeane Boyde. La tentative d’intoxication, qui ne fut fatale qu’au domestique, eut lieu dans la demeure des Hamilton mais son motif demeure opaque.
18Les choses sont plus claires dans le cas néanmoins insolite de John Boyde31, un bourgeois d’Édimbourg, qui empoisonna la femme d’un marin de Leith, Jonet Lyle. L’acte d’accusation précise qu’il se rendit chez elle en prétextant vouloir lui vendre des oignons puis, une fois la transaction conclue, il pénétra dans son garde-manger où il contamina la farine d’avoine qui s’y trouvait avec du poison. Cet incident isolé nous apprend donc que les échanges commerciaux pouvaient, eux aussi, être pollués par le poison car ils étaient susceptibles de générer la rancœur et la méchanceté délétères qui motivèrent John Boyde selon l’officier de justice32.
Le poison de l’infortune
19Enfin, dans cet échantillon composite d’empoisonnements dans l’Écosse de la première modernité, on peut faire émerger une troisième catégorie de crimes de poison qui ont en commun d’être à la fois liés à l’activité professionnelle de leur auteur et aux caprices de la chance. Nous avons, en effet, identifié deux affaires où l’empoisonnement est fortuit à au moins un titre. Dans la première affaire, celle d’un commerçant d’Édimbourg disparu en Flandres en juin 1574, c’est un revers de fortune qui ruine le malheureux et des contingences matérielles qui déterminent le choix de l’arme avec laquelle il met fin à ses jours. Moins contraignant en termes d’espace que la pendaison et psychologiquement moins effrayant en termes de douleur que l’arme blanche, le poison sembla la manière la plus commode de quitter ce monde à cet Écossais dont l’histoire nous est connue par l’historien Pitscottie33. Dans la seconde affaire, la mort de Johnne Myller et d’Elizabeth Robiesonne34 est accidentelle. Elle est le fait d’un guérisseur, Bartie Paterson, qui leur a prescrit des boissons toxiques aux vertus censément médicinales35, preuve que toute personne qui avait recours, à l’époque, à un soignant non qualifié, était une victime potentielle d’empoisonnement. Derrière les accusations d’empoisonnement se cachaient donc aussi les pratiques médicales hasardeuses et l’exercice illégal de la médecine qui valurent à bien des Écossais de l’époque des procès en sorcellerie. Mais hormis ces médicastres, qui étaient les empoisonneurs écossais du xvie siècle ?
2. Le profil des empoisonneurs
L’origine sociale des empoisonneurs
20Cette modeste sociologie des empoisonneurs commencera par s’interroger sur leur origine sociale et par établir s’il y avait, dans le royaume des derniers Stuart, une classe sociale plus empoisonneuse que les autres.
21À première vue, l’empoisonnement ne semble pas avoir été un crime de classe puisque, sur les onze procès d’empoisonneurs, cinq des accusés étaient de haut rang tandis que six autres étaient des gens de petite ou de moyenne venue, difficilement situables socialement puisque les registres des tribunaux ne font pas état de leur profession, sauf dans le cas de Bartie Paterson dont on sait qu’il était journalier à Newbottil. En revanche, si l’on prend également en compte les rumeurs toxiques, l’Écosse du haut semble l’emporter sur celle du bas. Cela n’a évidemment rien de surprenant dans la mesure où ces fantasmes de crime de poison nous sont parvenus par le biais d’une historiographie qui ne regardait le monde qu’à travers le spectre du pouvoir et de la politique. Marie Stuart, que l’on a soupçonnée d’avoir empoisonné son second époux Henry Damley, le régent Morton, que beaucoup ont cru coupable de la mort subite de son rival le comte d’Atholl, le secrétaire anglais William Cecil, qui se serait débarrassé d’un émissaire écossais en lui donnant un comprimé vicié contre le rhume, enfin Buckingham, qui aurait éliminé par le poison Jacques VI d’Écosse et Ier d’Angleterre, tous ces noms viennent étoffer la part des grands du royaume dans notre population d’empoisonneurs, pour les y rendre finalement majoritaires. Mais de cette inflation au regard des sources narratives, on ne peut rien conclure sur la plus grande propension au crime de poison chez les élites puisque des autres classes, il n’est tout bonnement pas question dans ces textes.
22En revanche, les registres des tribunaux nous apportent des renseignements supplémentaires sur le modus operandi des empoisonneurs selon leurs origines sociales. Il apparaît en effet que tous les empoisonneurs appartenant à la noblesse ont des complices, souvent de nombreux complices tandis que, très majoritairement36, les gens de petite venue agissent seuls et répondent seuls de leur crime. À l’inverse, les puissants sont, la plupart du temps, des commanditaires qui délèguent à d’autres l’achat ou la fabrication du poison. Mais un certain nombre n’hésitent pas à remettre en main propre le produit vénéneux à leurs victimes37.
23On note aussi une certaine inégalité dans le traitement des accusés. Non seulement, comme nous l’avons vu, certaines rumeurs ne donnent pas lieu à des poursuites mais par ailleurs dans plusieurs cas, le principal accusé, issu de la noblesse, est acquitté alors que ses complices, de moindre position sociale, sont condamnés et exécutés. C’est le cas dans l’affaire Katherine Ross, lady Fowlis où quatre de ses complices sont condamnés à mort et dans l’affaire John Stewart où ses deux complices sont condamnés et exécutés. L’origine sociale semble avoir joué en la faveur des accusés notamment dans le cas de lady Fowlis qui, comme le souligne Robert Pitcairn38, a été jugée par un jury composé de plusieurs personnes d’un rang inférieur. Cela était contraire à la coutume et incompatible avec le modèle clanique de la société écossaise, où la loyauté à l’égard des chefs était souvent plus forte que le sentiment de devoir rendre la justice, au nom du roi, en toute équité. Par ailleurs, dans ce procès facétieux au regard de la composition de son tribunal, l’accusation était assurée par Hector Monro39, le beau-fils de lady Fowlis, qu’elle était accusée d’avoir voulu faire empoisonner et qui le même jour (22 juillet 1590) comparaissait, lui aussi, devant un tribunal d’assise pour avoir tenté d’éliminer son demi-frère, le fils de lady Fowlis, en usant de sorcellerie, incantation et magie noire. Comme dans le cas de lady Fowlis, le jury était composé de clients des familles de Monro et de Ross. Rien d’étonnant donc à ce qu’Hector Monro ait été innocenté comme le fut sa belle-mère.
24Dans le cas de John Stewart, l’amitié que lui portait le roi Jacques VI n’est pas étrangère à son acquittement, au même titre que l’inimitié de Jacques V pour le clan Angus pesa lourd dans le procès de lady Glammis, pour finalement lui coûter la vie. Ces trois affaires suffisent à établir que, dans la société écossaise du xvie siècle, l’empoisonnement demeurait un crime abominable, qui allait à l’encontre de l’idéologie du glaive, et qu’une accusation de meurtre vénéneux portait atteinte à l’honneur chevaleresque de son auteur présumé. Accuser un noble d’empoisonnement était donc plus lourd de sens que d’accuser un homme ou une femme du peuple dans les mentalités de l’époque. C’était en définitive une arme politique, elle aussi toxique, puisqu’elle possédait selon l’expression de Franck Collard une « foudroyance sociale »40 radicale. La rumeur dont fit l’objet lady Glammis ne réussit cependant pas à jeter l’opprobre sur elle, comme en témoignent les historiens du temps41, qui avaient déjà cerné le stratagème consistant à imputer un crime de poison à quelqu’un à qui on voulait ôter la vie, après avoir anéanti sa renommée. Leurs récits de l’affaire mettent cependant très bien en relief qu’en raison de la faiblesse des connaissances médicales et toxicologiques, même les plus puissants étaient désarmés face à la rumeur toxique et que le poison était toujours susceptible d’être mis au service de la tyrannie.
25Ce savoir toxicologique était, du reste, largement dans les mains des clercs comme en atteste la composition de l’équipe qui pratiqua l’autopsie du corps du régent Morton et qui comptait en dehors des six médecins-chirurgiens42, trois hommes d’Église. John Duncanson, le chapelain du roi, Mr Row, le ministre de l’église de Perth, et John Hammill, le ministre d’Aberuthven, intervinrent en effet en qualité d’hommes de sciences à côté d’un seul témoin non expert43. On serait, en conséquence, en droit de s’attendre à trouver des hommes d’Église parmi nos criminels d’autant que, traditionnellement, l’histoire avait établi un lien privilégié entre cléricature et crime d’empoisonnement. Dans les faits, il n’en est rien. Aucun des empoisonneurs écossais de l’époque des derniers Stuart ne sont des gens d’Église, ce qui s’explique en partie par le fait qu’au moment où les conflits religieux troublaient le pays, ils n’étaient pas si désarmés que cela, du moins si l’on en croit l’exemple de John Knox qui accompagna Wishart, dans sa campagne de prédication en 1544, armé d’une claymore44.
Le genre des empoisonneurs
26Les ecclésiastiques n’étaient pas les seuls à qui on attribuait une prédilection pour le crime de poison en raison de l’interdiction qui leur avait été faite de porter les armes. La gent féminine avait acquis, elle aussi, une lourde réputation en la matière. Le mythe de la prédisposition des femmes au meurtre de poison, si prégnant au xvie siècle, fait partie de ces invariants qui plombent l’histoire des représentations de figures sombres d’empoisonneuses au premier rang desquelles on trouve la femme adultère, la reine tyrannique ou encore l’épouse ou la fille vengeresse.
27Dans la culture occidentale, ce mythe nous ramène inéluctablement à la figure matricielle d’Ève qui fut la première à intoxiquer l’humanité en faisant goûter la pomme à Adam ainsi qu’à toutes ces reines de l’antiquité grecque ou romaine qui, tourmentées par la passion amoureuse, ou par celle plus prosaïque du pouvoir, ont éliminé à l’aide de poudres ou de potions d’augustes mâles démunis devant leur « ruse vipérine »45.
28Les explications de ce penchant, qui sont principalement au nombre de trois, se sont transmises, elles aussi, sans s’altérer ou presque, d’une génération de misogynes à une autre. La première d’ordre biologique consiste à penser que la femme est un être vénéneux en raison de sa connaissance intuitive des secrets de la nature. Celle-ci lui vient de « sa physiologie qui épouse les rythmes naturels »46 et se matérialise par sa production de poison dans ses menstrues. La deuxième explication est d’ordre ontologique : elle se résume à l’idée que le meurtre toxique est en adéquation avec le naturel sournois des femmes. Enfin, la troisième, d’ordre pratique, tient aux modes les plus communs d’administration du poison : l’ingestion ou la diffusion cutanée. Dans les sociétés qui avaient érigé une courtine symbolique entre le forum et la cuisine, l’univers culinaire était un bastion féminin qui ouvrait de vastes horizons toxiques aux cuisinières ainsi qu’aux médiciennes car, au-delà de la nourriture, c’est souvent l’ensemble des soins du corps qui leur avaient été confiés. Pourtant, au fil des siècles et de part et d’autre de l’Occident chrétien, le venin avait trouvé un genre, celui des filles d’Ève. Que restait-t-il de ce lourd héritage dans l’Écosse du xvie siècle ? C’est ce que je vais m’efforcer de mettre en lumière à présent, avant de confronter ces éléments de mythologie à la réalité des chiffres de la criminalité, du moins ceux qui nous sont parvenus.
29Les chroniques du temps sont un marqueur de cette pérennité de l’association du sexe dit « faible » et du poison, notamment à travers des figures de reines écossaises aux tendances vénéfiques. La plus proche dans le temps des auteurs de notre corpus est naturellement Marie Stuart, que Buchanan, pour ne citer que lui, accuse d’avoir commandité l’assassinat de son époux Henry Darnley. Celui-ci eut lieu le 10 février 1565 dans une maison de Kirk O’Field à un kilomètre de la résidence royale d’Holyrood à Édimbourg. Damley fut achevé à coups d’épée dans le jardin de cette maison après qu’on a tenté de la faire exploser. Rien de tout cela n’a, a priori, l’odeur ou le goût du poison et pourtant Buchanan47, qui tente de rallonger la préméditation de l’homicide et d’accentuer la complicité de la reine, décide de l’incriminer dans le régicide en lui imputant des tentatives d’empoisonnement antérieures qui restèrent, selon lui48, infructueuses. Acculée par l’échec de ce mode opératoire, Marie Stuart aurait été contrainte d’orchestrer un assassinat plus rapide et plus efficace. Elle aurait ainsi renoncé à une manière de tuer féminine pour adopter une façon virile, déchouant par la même occasion du statut d’exécutante à celui de commanditaire.
30Dans le réquisitoire de Buchanan contre la reine, le genre pallie les insuffisances des preuves scientifiques puisque, comme il le reconnaît lui-même, on pouvait « dire que les signes de l’empoisonnement sont douteux et communs à d’autres maladies »49. Ce qui lui semble en revanche irréfutable, c’est le penchant ontologique de la femme pour l’activité empoisonneuse. De ce fait, son principal grief d’accusation s’axe sur le paradigme du genre. Il consiste à invoquer une des sentences pour lesquelles l’antiquité estimait Caton et qui voulait « qu’une femme adultère, estoit aussi empoisonneresse »50. Selon cet homme « plain de très grande intégrité & digne de foi », ajoute Buchanan, « une femme enflammée de haine contre son mari, pour l’amour qu’elle porte à son adultère, et effrenée en l’une & l’autre maladie, pour ne pouvoir porter, ny la fortune, ny la puissance, qui la rend furieuse, & par trop indulgente aux richesses »51 était vouée à ourdir des complots vénéneux.
31On peut également citer, pour confirmer cette survivance du mythe de la reine empoisonneuse dans l’Écosse du xvie siècle, l’histoire de l’épouse de Fergus III, le soixante-troisième roi d’Écosse que l’humaniste écossais choisit également de présenter sous les traits d’une nouvelle Médée, alors que des chroniqueurs antérieurs avaient attribué un autre mode opératoire à son crime. Dans sa chronique du début du xvie siècle, Hector Boece52 racontait, en effet, comment l’épouse de Fergus III avait étranglé son mari pendant son sommeil, un acte si peu conforme à son sexe, précise Boece, que personne ne l’en soupçonna. Il fallut que des familiers de Fergus III soient abusivement mis en cause pour qu’elle finisse par avouer son forfait devant le conseil, avant de s’enfoncer une dague dans le cœur pour échapper à la honte53. Si Boece reprend l’idée que ce meurtre porte la marque du sexe de son auteur par son mobile passionnel54, il lui reconnaît un courage et une force d’homme et met à mal la version de John Fordun55 au xve siècle, selon laquelle elle n’aurait été qu’une reine toxique de plus, qui tua par le poison avant de se supprimer par le poison. Buchanan56, qui fait état des deux versions du régicide, retient au final la thèse vénéneuse, preuve que, dans sa construction des rapports sociaux de sexes, le genre féminin lorsqu’il basculait dans le crime, sombrait inéluctablement dans le poison.
32Au regard de ce discours historiographique, on serait tenté de conclure que l’assimilation ancestrale de la criminelle à l’empoisonneuse perdura dans l’Écosse du xvie siècle. Il convient cependant de nuancer cette analyse à au moins deux titres. Premièrement, la disparition des empoisonneuses des registres judiciaires, aux cours des trois dernières décennies sur lesquelles porte mon étude, tend à attester d’une évolution dans la catégorie de crimes que l’on associe alors à la féminité. On observe en effet que, sur cette période, la figure de criminel que l’on affubla volontiers d’un jupon fut celle du sorcier57. Certaines empoisonneuses du début du siècle virent même leur crime requalifié dans les annales de la fin du xvie siècle. C’est notamment le cas de lady Glammis qui d’empoisonneuse en 1531 devint sorcière dans les annales postérieures à son procès58.
33Deuxièmement, à la différence des femmes accusées de sorcellerie, les femmes accusées de crime de poison, entre 1530 et 1630 en Écosse, ne payèrent pas un plus lourd tribut à la justice écossaise que les hommes. Sur les sept procès postérieurs à 1590, seuls trois concernent des femmes alors que, sur la période précédente, le ratio est de deux femmes pour trois hommes. Sur l’ensemble de la période du reste, la majorité des empoisonneurs est de sexe masculin et cette tendance se confirme si l’on prend en compte les complices de ces forfaits. Le crime est en effet exclusivement féminin dans un peu plus de 18 % des cas, masculin dans un peu plus de 45 % des cas et mixte dans environ 36 % des cas. Au total, on peut considérer que la parité est atteinte sur le banc des accusés puisque, tous chefs d’accusation confondus, les femmes furent soupçonnées d’être partie prenante à la toxicatio59 à un peu plus de 54 %.
34Au regard de ces chiffres, l’empoisonnement dans l’Écosse du xviesiècle ne soutient donc pas sa réputation de crime féminin, au vu d’une prédominance de ce sexe chez les empoisonneurs. Comme en d’autres lieux et d’autres temps, c’est le différentiel dans les ratios homme/femme selon la catégorie de crimes (homicide, vol, etc....) qui tend à démontrer que l’occision par poison implique davantage les femmes que d’autres crimes.
Un crime d’étranger ?
35À côté des femmes et des clercs, il est une troisième catégorie d’individus à qui l’on impute volontiers des crimes de poison. Ce sont les étrangers. Partant on peut se demander, avant de conclure, si dans l’Écosse du xvie siècle, une Écosse en pleine mutation identitaire dans les décennies où elle se rapproche de son ennemi de toujours, l’Angleterre, avant de se rattacher à lui sous l’égide de leur souverain commun, Jacques Stuart, l’empoisonnement conserve l’image d’un crime d’étranger.
36La totalité des cas qui figurent dans les registres judiciaires sont naturellement des cas où la victime comme le défendeur sont écossais, l’ennemi étranger ayant rarement l’audace de franchir la Manche ou le mur d’Adrien pour agir, ou encore l’inconscience de rester sur le sol écossais jusqu’à ce qu’il soit présenté devant un tribunal. Les chroniques du temps reprennent en revanche un certain nombre d’anecdotes incriminant des étrangers dans des meurtres toxiques. Il y a tout d’abord l’empoisonnement des députés du Parlement écossais que j’ai déjà évoqué. George Buchanan60, Robert Lindsay of Pitscottie61 et John Knox62, pour ne citer qu’eux, exploitent une intoxication, probablement alimentaire, dans leurs propagandes anti-françaises et anti-catholiques63. Dans ces récits, c’est également souvent sur une terre étrangère que le venin frappe, par la main d’un assassin ou de la victime, comme l’illustre le suicide du marchand édimbourgeois en Flandres en juin 1574.
37En un sens, cela n’est guère surprenant et correspond au clivage, de plus en plus marqué au début de l’époque moderne, entre nations empoisonneuses et puissances vertueuses. En Écosse comme ailleurs dans l’Occident, le poison entrait en ligne de compte dans la composition de l’identité nationale et les chroniqueurs préféraient de toute évidence présenter les Écossais en victimes plutôt qu’en exécutants.
38Au premier rang des nations honnies pour leur nocuité par les Écossais de la première modernité, viennent naturellement les puissances méditerranéennes directement montrées du doigt au travers de la terminologie usitée à l’époque pour évoquer le poison. Si l’on se réfère de nouveau aux passages des chroniques qui évoquent la disparition des émissaires écossais en 1552, on remarque que Pitscottie parle de « mixture italienne ». Pour Knox, il y a trois possibilités ou bien ils ont pris un « poison italien », ou bien ils ont mangé des « figues françaises », ou bien ils ont été empoisonnés par le potage que leur avait concocté le chef français. Ces différentes appellations nous montrent que la zone toxique, formée par l’Orient puis par l’Italie et l’Espagne dans les mentalités médiévales, s’est étendue, après la Réforme en Écosse, à la France, que les presbytériens considéraient comme la « putain de Rome ». Le terme toxicologique employé par Knox est à ce titre évocateur puisqu’il parle de « figues françaises », là où le français médiéval parlait de « figues d’Espagne »64.
39La loi de 1450, votée par le Parlement à l’initiative de Jacques II et qui légiférait contre l’importation de poison65, tendrait à confirmer qu’à une époque relativement proche de celle que nous étudions, l’Écosse fut envahie par du venin continental et qu’aucune thériaque contenue dans l’air ne protégeait ses habitants alors que, selon la légende, c’était le cas en Irlande depuis les miracles de Saint Patrick66. Les informations contenues par les registres de tribunaux et relatives aux accessoires du crime démontrent également que, même sans l’aide d’étrangers, les Écossais étaient en mesure de se fournir en poison. On sait, par exemple, qu’un dénommé Alexandre Makke67 fabriquait et vendait du poison au moment où l’affaire de lady Fowlis est jugée. Dans d’autres affaires, il est question de mort-aux-rats, preuve qu’en Écosse comme ailleurs il a toujours été aisé de détourner l’anhydride arsénieux de sa fonction de raticide. Enfin, dans l’affaire Erskine, les sœurs Erskine sont accusées d’avoir concocté un breuvage toxique à base d’herbes. Tout cela confirme que l’Écosse n’était pas vierge de tout venin et qu’un certain nombre d’Écossais avaient des connaissances suffisantes en herboristerie pour préparer des potions fatales ou des poudres maléfiques. Dans des élans de protonationalisme, ils préféraient cependant se présenter comme un peuple peu versé dans la science du poison et contraint, pour pouvoir faire bon usage des poisons, de prendre conseils auprès de gens à la nature venimeuse, comme par exemple les gitans dans l’affaire Fowlis68. À la fin du xvie siècle, la toxicité continuait donc de demeurer étrangère à la scoticité dans les mythes identitaires, ce qui ne correspondait en aucun cas à la réalité des tribunaux.
40De manière plus générale, il ressort de cette brève étude des crimes de poison par le prisme de l’identité sociale, sexuelle et nationale des meurtriers et de leurs victimes, une contradiction patente entre les représentations mentales des Écossais de la première modernité, telles qu’elles transparaissent dans les sources narratives, et les faits présentés dans les archives judiciaires. Contrairement aux commentaires de ces affaires qui purent parfois attribuer un rang, un genre et une nationalité aux empoisonneurs, l’exposé des faits laisse penser, à l’inverse, que n’importe qui était en mesure de faire disparaître un ennemi par le venin et que personne n’était à l’abri d’un breuvage vicié. Si l’on en croit les cas d’espèce étudiés, dans l’Écosse du xvie siècle, on empoisonnait autant dans la sphère privée que dans la sphère publique, autant au sein des élites que chez les gens de petite et moyenne venue, autant, enfin, lorsque l’on était un homme que lorsque l’on était une femme. Quant à la scoticité, elle n’agit pas, en cette période de troubles religieux, comme un antidote contre le venin censément importé des contrées méditerranéennes. Bien au contraire, les antipapistes les plus virulents en Écosse eurent recours, eux aussi, aux rumeurs délétères pour empoisonner la vie politique du royaume.
Notes de bas de page
1 Helen David, Introduction à l’étude du droit écossais, Paris, Librairie générale du droit et de jurisprudence, 1972, p. 126.
2 Ceux de : Lauder, Jedburgh, Selkirk, Peebles, Edimbourg, Dumfries, Kirkcudbright, Air et Wigton.
3 Robert Pitcairn, Ancient Criminal Trials in Scotland, Edinburgh, 1833, 3 tomes en 7 volumes.
4 Scotland. High Court of Justiciary, Acts of Adjournal, Edinburgh, [s.n.], [1 – ?].
5 James Alkman, The History oƒ Scotland, translated ƒrom the Latin of George Buchanan, with notes, and a continuation to the présent time, Edinburgh, Printed for T. Ireland junior, 1829-1830. [Première édition : Rerum Scoticarum Historia, Edimburgi : Apud Alexandrum Arbuthnetum typographum regium, anno M. D. LXXXII].
6 John Knox, The History oƒ the Reformation oƒ Religion within the Realm oƒ Scotland, London, printed by T. Vautrollier, 1587. Les références à ce texte seront faites dans l’édition de William Croft Dickinson, John Knox’s [and David Buchanan] History of the Reformation in Scotland, London, T. Nelson and Sons, 1949, 2 vols.
7 Robert Lindsay of Pitscottie, The History oƒ Scotland, Edinburgh, printed by Mr Baskett and Company, 1728, 2 vols.
8 Cette étude pourra être approfondie en s’appuyant sur des travaux de recensement plus récents et notamment : P. Raynor, B. Lenman and G. Parker (eds.), A Handlist of Records for the study of Crime in Early Modem Scotland to 1747, London, London Swift, 1982.
9 Cinq fois sur six.
10 A. Francis Steuart, « Poisoning in Scotland to the year 1625 », in Edinburgh Medical Journal, May 1905, p. 468-481.
11 Franck Collard, Pouvoir et Poison – Histoire d’un crime politique de l’Antiquité à nos jours, Paris, éditions du Seuil, 2007, et Le crime de poison au Moyen Âge, Paris, Presses Universitaires de France, 2003.
12 Robert Pitcairn, Ancient Criminal Trials, op. cit., IIII, p. 336. L’orthographe des noms a été modernisée et les extraits traduits par mes soins.
13 Ibid., 11, p. 198-200.
14 Voir sur ce point : Pauline Croft, King James, Palgrave Macmillan, Basingstoke, 2003, p. 128.
15 John Spottiswoode, The History of the Church of Scotland-1655, Scolar Press, 1972, II, p. 263.
16 Robert Lindsay of Pitscottie, The History oƒ Scotland, op. cit., II, p. 127.
17 George Buchanan, The History oƒ Scotland, op. cit., p. 433.
18 Robert Pitcairn, Ancient Criminal Trials, op. cit., II, p. 368-369.
19 Ibid., IIII, p. 373-377.
20 Id., IIII, p. 260-269.
21 Id., IIII, p. 262
22 Id., III, p. 80-81.
23 Id., III, p. 84.
24 Id., IIII, p. 185-191.
25 Id., IIII, p. 247-250.
26 Christane Ross Malcolmesone et Marjorie Neyne M’Allister alias Laskie (ou Lockie) Lonkart.
27 Robert Pitcairn, Ancient Criminal Trials, op. cit., IIII, p. 250.
28 Ibid., IIII, p. 252.
29 Ibid.
30 Id., III, p. 419-420.
31 Id., IIII, p. 399.
32 Ibid.
33 Robert Lindsay of Pitscottie, The History of Scotland, op. cit., II, p. 315. On retrouve dans ce passage l’influence de Pline qui pensait que la terre a créé les poisons par pitié pour les hommes. Cf, Pline, Histoire naturelle, II, LXIII, Paris, Les Belles Lettres, 1983, p. 68-69.
34 Robert Pitcairn, Ancient Criminal Trials, op. cit., II, p. 535.
35 Ibid.
36 Dans cinq cas sur six.
37 Id., IIII, p. 263. C’est le cas notamment des sœurs Erskine dans l’affaire du même nom.
38 Id., IIIII, p. 192.
39 Id., IIII, p. 201.
40 Franck Collard, Pouvoir et Poison, op. cit., p. 197.
41 Robert Pitcairn, Ancient Criminal Trials, op. cit., II, p. 187-195.
42 James Owhegarty (médecin herboriste irlandais), Alexander Prestoun (docteur en médecine) ; George Boswell (médecin-chirurgien à Perth), Mr Gilbert Moncrief, David Rattray (chirurgien à Cupar), R. Craig (chirurgien à Édimbourg). Voir sur ce point A. Francis Steuart, « Poisoning in Scotland to the year 1625 », op. cit., p. 474.
43 Il s’agit de John Erskine of Dun.
44 John Knox, History oƒ the Reformation in Scotland, op. cit., I, p. 69.
45 L’expression est de Franck Collard in Crime de Poison, op. cit., p. 128. Hécate, Médée, Hérodiade, Locuste, Livie précèdent les reines des haut et bas Moyen-Âges (Rowen, Gundeberga, Romilde, Frédégonde, Brunehaut, Rosamund, Sichelgaïde, Adèle de Pouille, Bertrade de Montfort, Mélisende de Jérusalem, Constance de Sicile) dans la mytho-histoire des sexes qui fit du poison l’arme attitrée du sexe faible.
46 Franck Collard, Pouvoir et Poison, op. cit., p. 20.
47 George Buchanan, Histoire de Marie Royne d’Escosse touchant la conjuration faicte contre le Roy..., Édimbourg, Thomas Vvaltem, 1572, f. 26-29.
48 En réalité, Henry Damley était syphilitique.
49 George Buchanan, Histoire de Marie Royne d’Escosse, op. cit, f. 27r°.
50 Ibid.
51 Id., f. 27v°.
52 Hector Boece, The Chronicles of Scotland translated by John Bellenden (1531), Edinburgh & London, William Blackwood & Sons, MCMXLI, 2 vols.
53 Id., p. 417.
54 La reine avait pris ombrage du commerce charnel que son époux entretenait avec d’autres femmes pour qui il avait fini par la répudier.
55 W.F. Skene, Fordun’s Chronicle of the Scottish Nation, Lampeter, Llanerch Publishers, 1993, p. 126.
56 George Buchanan, The History oƒ Scotland, op. cit., p. 113.
57 Armelle Le Bras-Chopard, Les putains du Diable – Le procès en sorcellerie des femmes, Paris, Plon, 2006, p. 8.
58 Robert Pitcairn, Ancient Criminal Trials, op. cit., II, p. 194 et 196.
59 Si la présence des femmes parmi les défendeurs qui comparurent devant les tribunaux criminels écossais de la première modernité semble à cet égard plutôt marquée, on pourrait affiner cette analyse quantitative en comparant ces résultats aux statistiques équivalentes pour les défenderesses tous crimes confondus.
60 George Buchanan, Histoire de Marie Royne d’Escosse, op. cit., f. 27r.
61 Robert Lindsay of Pitscottie, The History of Scotland, op. cit., II, p. 1.26-127.
62 John Knox, History of the Reformation, op. cit., I, p. 129-130.
63 On note, en revanche, une certaine réserve sur ce point dans les rumeurs d’empoisonnement de Damley par Marie Stuart qui, contre toute attente, n’est pas vouée aux gémonies comme empoisonneuse étrangère alors que ces mêmes auteurs lui reprochent ailleurs d’avoir bafoué l’honneur de la nation écossaise. Même circonspection autour de la nationalité de William Cecil que l’on accuse, nous l’avons vu, d’avoir empoisonné un émissaire écossais en visite en Angleterre.
64 Franck Collard, Crime de poison, op. cit., p. 51.
65 A. Francis Steuart, « Poisoning in Scotland to the year 1625 », op. cit., p. 470.
66 Ibid., p. 52.
67 Robert Pitcairn, Ancient Criminal Trials, op. cit., III, p. 203.
68 Ibid., III, p. 196.
Auteur
Université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines
CEARC – EA 4455
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