Le vin-poison dans la littérature espagnole du Siècle d’Or
p. 50-57
Texte intégral
1« Tuer par le poison est un très grave délit », affirme Covarrubias dans son dictionnaire publié à Madrid en 16111. C’est qu’on peut tuer de bien des façons, et les meurtres ne se valent pas tous, l’empoisonnement, selon Furetière cette fois, « est un crime capital, et qu’on punit du feu »2.
2Dans son ouvrage sur Le crime de poison au Moyen Age, Franck Collard affirme que « celui qui empoisonne mêle la trahison à l’homicide. [...] le crime de poison constitue une sorte de réceptacle des antivaleurs de la civilisation médiévale en même temps qu’un révélateur de ses angoisses et de ses fantasmes »3. Il en va de même dans l’Espagne des XVIe et XVIIe siècles, société toute entière soutenue par un concept, celui de l’honneur, en vertu duquel les conflits se doivent de déboucher sur des confrontations qui, lorsqu’ils tuent, tuent ouvertement, de façon sanglante, éclatante, courageusement, et non pas secrètement, traîtreusement comme dans le cas d’un empoisonnement.
3Le système de représentation, et la littérature en tout premier lieu, va se faire l’écho de ces impératifs. Le théâtre en est une bonne illustration : le sang y coule à flot, le sang y est mis en scène, de façon souvent assez brutale. Dans la pièce intitulée El prodigioso principe transilvano, attribuée à Lope de Vega, par exemple, le rideau s’ouvre pour dévoiler sur scène le Prince sur son trône, une épée dans une main, un Christ dans l’autre : il est surmonté d’un demi-arc constitué de quatorze têtes coupées, celles des nobles qu’il a fait exécuter.
4Mais à côté de ces violences sanglantes qu’exige l’époque et dans lesquelles elle se drape, le meurtre dissimulé, le meurtre inacceptable, l’empoisonnement, est très présent dans la littérature.
5Comment ? L’ingestion de poison dans la littérature se fait le plus souvent par l’ingestion d’une boisson. Covarrubias, lorsqu’il définit le mot « ponzona », poison, dans son dictionnaire, précise ainsi, « se daba en bebida »4 (on le faisait boire). D’ailleurs, le terme « poison » n’est qu’un dérivé du terme latin potio, onis, action de boire. Le terme, en ancien français, signifiait « boisson ».
6Le poison se présente donc souvent sous la forme d’une potion : la substance dangereuse, extraite d’une plante le plus souvent, va devoir être délayée dans un autre liquide, mais le fait est qu’elle n’est pas mélangée à n’importe quel liquide : c’est bien souvent dans le vin que l’on dissimule le poison. La chose peut paraître étonnante car le vin apparaît à première vue comme intimement opposé à cette mission mortelle, il est même souvent présenté comme un symbole vital très clair : « Dieu agit avec une divine sagesse en toutes choses et transforme l’eau en vin et non le vin en eau : le vin est donc meilleur... »5, peut-on lire dans un dialogue de Juan de Pineda.
7Bien, souvent, dans la littérature de l’époque, le vin est assimilé au Dieu chrétien, « le Dieu de l’Eucharistie, du vin de messe », au Bien donc, et à l’Espagne, tandis que l’eau est associée au Mal, à Mahomet, au Grand Turc6. Le vin est donc le principe vital par excellence, idée dont les œuvres littéraires se font fréquemment l’écho.
8Ainsi, dans la Historia Filerini, pièce anonyme du XVIe siècle, un des personnages explique que le vin provient de la vigne, « vid » en espagnol, presque « vida » donc, vie, car c’est bien la vie que la vigne nous offre par le vin7.
9 Le vin, c’est la vie, l’image se trouve déjà dans les Écritures. Sa couleur rouge habituelle le fait associer au sang, c’est le sang de la vigne. Le christianisme a fait du jus des grappes un élément essentiel de ses mystères8. Le vin est la vie qui va couler en celui qui le boit, liquide régénérant et purificateur9.
10Pourquoi choisir donc le vin pour délayer le poison traître et porteur de mort ? Il y a peut-être à cela des raisons très pratiques. Selon la théorie des humeurs, tirée de la tradition hippocratico-galénique, prédominante dans la médecine de l’époque, le vin est un aliment chaud et humide : il a ainsi la propriété de renforcer la chaleur naturelle de l’estomac et donc de faciliter la digestion (qui est, selon les théories en vigueur, une cuisson). S’il accélère la digestion, il accélère donc l’assimilation du poison. Par ailleurs, le médecin espagnol Pedro de Mercado écrit aussi dans l’ouvrage qu’il publie en 1558 que le vin accélère la circulation du sang dans les membres10. Faire ingérer le poison avec du vin permettrait donc, selon les théories de l’époque, à ce dernier d’agir plus rapidement et plus efficacement.
11Mais l’utilisation du vin ne s’explique pas uniquement par cela.
12Si l’on y regarde de près, le choix n’est pas si paradoxal. Car le vin, symbole vital, sait aussi à l’occasion se révéler dangereux. Témoin en est l’ivresse à laquelle il peut conduire et qui elle est sévèrement proscrite par le christianisme11.
13Le vin, de plus, est assimilé, nous l’avons vu, au sang : sang du Christ, sang de la vigne, sang de la terre. Or le sang est un liquide parfois dangereux. C’est pourquoi il convenait de l’éliminer le plus possible des viandes, gibiers et viandes rouges, par des opérations de nettoyages, des procédés culinaires comme le « blanchiment », c’est pourquoi on leur préférait les viandes de volailles, qui avaient l’immense avantage d’être déjà blanches12. Certains sangs sont même des poisons. Ainsi Pedro Mexía rappelle que selon les médecins de l’Antiquité le sang de l’homme roux, s’il est extrait lorsqu’il est en colère, est un poison violent13.
14Dès son apparition, le vin a eu partie liée avec le poison, comme le rappelle Maguelonne Toussaint-Samat dans son Histoire naturelle et morale de la nourriture14 :
Dionysos se métamorphosa en grappe de raisin pour séduire Erigone, racontent les Grecs. Elle se pendit ensuite près de la tombe de son père Ikarios. C’est celui-ci qui, le premier en Attique, avait recueilli chez lui le dieu nouveau-venu et répandu l’usage du vin. Les habitants, s’étant enivrés, se crurent empoisonnés et tuèrent l’imprudent. On n’a pas cessé de le regretter mais l’échange était régulier : le sang d’un homme contre le sang de la vigne.
15Covarrubias l’affirme aussi dans son dictionnaire : il précise dans son article consacré au vin que ce dernier peut être un poison15.
16C’est que le vin est issu d’une fermentation, et le corps qui fermente, comme le rappelle le Diccionario de Autoridades, change de nature soit pour se bonifier soit pour se corrompre16. Corruption, dégradation, le liquide n’est plus régénérateur : au contraire, il gâte, il altère, il décompose, tant physiquement que moralement, comme cela apparaît dans cette réflexion de l’évêque Gaspar de Villarroel17 :
Les Saints et les Docteurs condamnent les banquets... Et comme dans les banquets le vin est ce qu’il y a de plus exécrable, il nous faut commencer par attaquer ce poison. [...] Que de maux entraîne l’ivresse ! Elle est à l’origine de l’esclavage, et avant elle aucun fils n’avait manqué de respect à son père. Quel cruel ennemi ! Noé a survécu au déluge et Loth au feu, mais les deux furent vaincus par le vin.
17Le vin recèle donc de par sa nature même bien des dangers, le poison en s’y mêlant ne fera que les décupler ou les révéler.
18L’usage à cette époque interdit de boire le vin pur. Le vin, écrit alors Juan de Pineda en reprenant une idée communément admise, ôte la raison à ceux qui le boivent en excès et à ceux qui le boivent pur18. Il faut donc le couper, avec de l’eau bien sûr. Le même Pineda déclare :
L’eau tempère le vin. Les Nymphes, vous le savez, sont déesses des eaux, elles bonifient et assainissent le vin en empêchant qu’on le boive pur. Une fois tempéré avec une bonne quantité d’eau, il ne fait plus dire de folies, mais bien plutôt des vérités, et cela grâce aux vertus de sagesse qu’il prend de l’eau.19
19Une fois coupé, le vin devient inoffensif. Mais attention, c’est bien avec de l’eau qu’il faut le mélanger. Tout autre mélange peut être fatal. Le vin et le lait, par exemple, forment ensemble un poison. « Leche y vino, veneno fino », dit le proverbe : lait sur vin est venin. Les mélanges, outre l’intégrité physique, mettent souvent en danger la raison de celui qui les ingère. Le sel mélangé au vin, par exemple, rend complètement fou. Dans une pièce de Diego de Ávila, un personnage s’étonne ainsi du comportement étrange d’un autre qui a « perdu la raison, la mémoire et le bon sens », il en conclut : « soit il est épileptique, soit on lui a donné du sel mélangé à du vin »20.
20 Le vin est donc dangereux, d’autant plus s’il est mélangé à une substance autre que l’eau. Si cette autre substance est un poison, il devient mortel.
21Ceci dit, le vin empoisonné n’est pas toujours complètement efficace, et ne permet pas toujours d’éviter le recours à d’autres armes. Nombre de textes racontent des empoisonnements qui, parce qu’ils rendent malade la victime sans véritablement l’achever ou pas assez rapidement, se terminent en un bain de sang, parce qu’il faut bien finir de tuer celui qui, rendu malade par le poison, ne s’en rend pas moins compte en général qu’on cherche à l’assassiner. Antonio de Guevara raconte ainsi la mort de l’empereur Commode, à qui Marcia a fait boire un verre de vin empoisonné mais qu’il faut achever en l’étranglant, et c’est cette fois un homme qui s’en charge21.
22Pas toujours très efficace donc, le poison n’en est pas moins très employé, mais par ceux qui n’ont pas les moyens physiques ou le courage d’agir autrement : le poison est l’arme des faibles. La littérature en fait donc souvent l’arme des femmes. Franck Collard, dans son ouvrage déjà cité, affirme que : « dans la Rome antique, l’empoisonnement était considéré comme un crime fort prisé des femmes [...] Tout un héritage culturel incite les esprits du mâle Moyen Age à attribuer à la femme une propension à empoisonner. [...] La Bible associe la première femme au venin »22. L’assimilation de la femme et du serpent, de la femme et du venin se retrouve dans de nombreux textes espagnols, et la « mauvaise femme » est traditionnellement comparée à un serpent venimeux : « la vipère a moins de venin que la femme au mauvais tempérament » écrit ainsi Antonio de Guevara23.
23La femme venimeuse va très logiquement user fréquemment du poison. L’homme, lui, préfère le poignard juste et franc. Dans Alejandra, pièce de Lupercio Leonardo de Argensola, un personnage, Orodante, accuse injustement la reine de lui avoir ordonné d’empoisonner le roi, en usant bien sûr d’un mélange de vin et de poison :
Seigneur, c’est du poison qu’elle m’a ordonné de verser dans ton vin, afin que je te le donne en te portant ta coupe. Quelque dieu a dû se trouver là et m’empêcher de lui donner la mort qu’elle mérite, de lui ouvrir la poitrine de mon redoutable poignard.24
24Mais l’usage du poison n’est pas uniquement attribué aux dames de la haute aristocratie, comme dans le cas que je viens de citer. Les plus modestes, voire les plus viles, en usent aussi. Dans l’oeuvre de Alonso Jerónimo de Salas Barbadillo, La hija de Celestina (1612), la prostitué héroïne de l’œuvre finit par tuer son souteneur en l’empoisonnant.
25Le poison, arme des faibles. Soit. En revanche, celui ou celle qui se trouve être la victime de ce lâche attentat, loin d’être éclaboussé par cette immonde forfaiture, en sort généralement grandi.
26À la fin de la Tragedia de la infelice Morcela, pièce de Cristóbal de Virués, Marcela, complètement désespérée, mange et boit sans le savoir un verre de poison. Ce repas empoisonné et fatal marque le tragique dénouement de la pièce25. C’est ainsi qu’apparaît souvent l’empoisonnement : c’est un liquide que la victime boit, de façon consciente ou pas, et de ce geste se dégage une majesté et une tension liées sans doute à celles que l’on associe à la scène devenue l’archétype de la mort par empoisonnement : l’ingestion par Socrate de la ciguë. Cela ne se limite en aucune façon à l’Espagne, et la fameuse scène de Hamlet dans laquelle Gertrude, mère du prince Hamlet et veuve du roi défunt, meurt accidentellement en buvant le vin empoisonné destiné à Hamlet, l’illustre bien.
27Le poison, unanimement condamné, est donc abondamment mis en scène par la littérature espagnole du Siècle d’or, tant il est vrai que la littérature ne peut prétendre parler d’une société qu’en en explorant les creux, les failles et les recoins cachés : les trahisons, adultères et attentats divers et variés contre les principes qui la fondent. Cette remarque, qui peut s’appliquer à bien des époques et bien des aires culturelles, est particulièrement vérifiable à l’époque qui m’intéresse, car la littérature espagnole va alors explorer avec acharnement les marges et les failles de la société qui la voit naître : le roman picaresque présente ainsi le monde des gueux et des voleurs, un monde à l’envers où les valeurs et principes qui fondent la société sont sens dessus dessous. Ailleurs, au théâtre par exemple, la présence marquée du poison et de l’empoisonneur ou de l’empoisonneuse pourrait bien être à analyser dans la même perspective : c’est l’envers du décor social qui nous est donné à voir. Avec le poison, c’est le faible qui assassine, c’est le couard ou le sournois qui occupe le devant de la scène, et c’est la victime passive qui prend des airs héroïques.
Notes de bas de page
1 Sebastián de Covarrubias, Tesoro de la lengua castellana o española, Madrid, Castalia, 1995. Article « veneno » : « El matar con veneno es un delito gravísimo ».
2 Antoine Furetière, Dictionnaire universel [1690], Paris, Dictionnaires Le Robert, 1978, article « empoisonner ».
3 Franck Collard, Le crime de poison au Moyen Age, Paris, PUF, 2003, p. 141 et 4e de couverture.
4 Sebastián de Covarrubias, Tesoro..., article « ponzoña » : « Cualquier género de veneno, y díjose así a pungendo, porque punza el corazón, que va a él como una saeta, o porque se daba en bebida ».
5 Juan de Pineda, Diálogos familiares de la agricultura cristiana. [1589], I ; éd. de Juan Meseguer Fernández ; Madrid, Atlas, 1963, p. 296 : « Dios procede con divina prudencia en todas sus cosas y hace del agua vino y no del vino agua : luego mejor es el vino... ».
6 Cf. Charles V. Aubrun, « La dispute de l’eau et du vin », in Bulletin Hispanique, LVIII, 1956, p. 453-456.
7 Historia Filerini (Anonyme) [XVIe siècle], publiée par Justo Garcia Soriano, « El teatro de colegio en España », Boletín de la Real Academia Española, XV, 1928, p. 161 : « Tal bebida / bien la tuvo conoscida / quien a la vid, que la dió, / queriendo llamar la vida, / vid con razón la llamó ».
8 Cf. Maguelonne Toussaint-Samat, Histoire naturelle et morale de la nourriture, Paris, Larousse-Bordas, 1997, p. 311 : « Naturellement, chacune des grandes civilisations qui s’épanouirent au proche ouest de la Méditerranée revendique l’invention du vin en l’attribuant à un de ses grands héros ou à un grand dieu agraire. Presque tous les légendaires et les mythologies font état de déluges. [...] Il est assez curieux de constater que toutes les apparitions officielles du vin sont l’épilogue de grandes effusions d’eau. »
9 Ibid., p. 338-339 : « Curieusement, le métier de tonnelier ou cacou restera un des rares métiers autorisés aux lépreux, jusqu’à la fin du Moyen Age. Le vin purifie tout ».
10 Pedro de Mercado, Diálogos de philosophía natural y moral [1558], fol. 77-78 : « Y con subtileza y el mismo calor haze que la sangre passe más fácilmente a los miembros ».
11 Cf. Jean-Pierre Albert, « Le vin sans l’ivresse. Remarques sur la liturgie eucharistique », in Dominique Fournier et Salvatore D’Onofrio (sous la direction de) : Le ferment divin, Paris, éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 1991, p. 78.
12 Cf. Colette Méchin, « La symbolique de la viande », in Monique Paillat (sous la direction de), Le mangeur et l’animal. Mutations de l’élevage et de la consommation. Autrement, Coll. Mutations/Mangeurs, n° 172, Paris, 1997, p. 126 : « Hormis quelques exceptions remarquables (celle du boudin est la plus connue), le sang des bêtes, dans les sociétés de l’Europe de l’Ouest, est considéré comme impropre à la consommation : il est le liquide dangereux qu’il convient de disjoindre irrémédiablement de l’animal tué. »
13 Pedro Mexía, Silva de varia lección, I [1540], Madrid, Cátedra, 1989, p. 411 : « los médicos antiguos affirman que ay hombres que son ponçoñosos ; y no solamente en los ojos, pero aun en la saliva puede haber ponçoña ; y aun dicen que la sangre del hombre bermejo, si la sacan estando enojado, es ponzoña ».
14 Maguelonne Toussaint-Samat, Histoire naturelle et morale de la nourriture, p. 309.
15 Cf. article « vino » dans Covarrubias : « ... así como las demás drogas y medicinas tienen nombre de veneno, se lepudiera dar al vino... ».
16 Article « Fermentación » : « Movimiento íntimo de las partículas de qualquier cuerpo, excitado por unfermento extraño que se las mezcla, o por su misma heterogeneidad u diversa naturaleza de ellas, que contrahiendo lucha entre si, mudan la naturaleza del cuerpo fermentado, perficionandole o corrompiendole ».
17 Fray Gaspar de Villaroel, Estudio y selecciones de Gonzalo Zaldumbide, Alicante, Biblioteca Virtual Miguel de Cervantes, 2004, p. 311 : « Los Santos y los Doctores conspiran contra los banquetes... Yporque en los banquetes es el vino lo más execrable, hemos de comenzar con una inventiva contra esta ponzaña. El vino ¿a quién ha de perdonar si se estrenó con su inventor ? ¡Qué de males trae consigo la embriaguez ! Originóse de alli la esclavitud, y hasta alli no se sabe que algún hijo perdiese el respeto a su padre. ¡Qué valiente enemigo ! Noé escapó del diluvio y Loth del fuego, y entrambos se rindieron al vino. »
18 Juan de Pineda : Diálogos familiares..., I, p. 175 : « [el vino] priva del juicio a los que lo beben mucho y puro ».
19 Ibid., II, p. 319 : « El agua templa el vino. Las Ninfas, ya sabéis ser diosas de las aguas y ésas crían o curan al vino no le dejando beber puro y, en quedando templado con harta agua, no dice más locuras, en caso que diga muchas verdades, y esto es por la virtud de la prudencia que se le pega del agua ».
20 Diego de Ávila : Égloga Ynterlocutoria [1511], in Dr Eugen Kohler : Sieben spanische dramatische eklogen, Dresden : Gedruckt für die gesellschaft für romanische literatur, 1911, p. 245 :
« – Benito : [...] ¡ O ! dó al Dimoño tan gran dormilón. /A la fe aqueste no es buen camino, /Par Dios que veo muy mala señal ; / O este hombre tiene go ta coral [epilepsia], / O le han dado sal revuelta con vino. /No tiene seso, memoria ni tino : / Bueno será hacelle un conjuro ».
21 Cf. Antonio de Guevara, « El Emperador Cómodo », chap. XIV, in Una década de Césares [1539], in Obras complétas, t. I, Madrid, Turner, 1994, p. 581 :
« Viniendo, pues, Cómodo del vano, díxole Marcia que venía descoloridoy que le rogava que beviesse y comiesse algún bocado, y en aquello que Marcia le dio en colación para comer, en aquello le dio la ponçoña para morir. Dende a poco que hizo colación con lo que le dio Marcia, començóle a doler la cabeça, y ella aconsejóle y rogóle que se echasse en la cama, lo quai como hiziesse Cómodo, proveyó Marcia que le despidiessen todos los que estavan en palacio, diziendo que el Emperador se sentía mal dispuesto y que no era razón hiziessen por allí ruido para quitarle el sueño. Poco más podía reposar de una ora quando le llegó al coraçón la ponçoña, y luego que le sintieron despertar, le vieron meter los dedos y revessar, y como Marcia y Leto y Electo vieron que tanto revessava, temieron que revessaría la ponçoña y que con razón les quitaría a todos después la vida. Leto y Electo, de que vieron a Cômodo tanto revessar, y aun que dexava ya de revessar, començaron a temer y a desmayar por ver que lo que avían intentado no salían con ello. Enfonces Marcia, más como varôn que no como muger, como conosció en ellos el temor y pavor, llamó a Narcisso, un mancebo que andava allí desbarbado y desvergüençado y chocarrero, al quai prometió mucho si entrava y acabava de matar a Cómodo. Entró, pues, Narcisso secretamente en la cámara, y como tornasse de nuevo a revessar Cómodo, arremetió a él Narcisso y, apretándole con los dedos la garganta, hízole acabar la vida antes que acabasse de revessar ».
22 Franck Collard, Le crime de poison au Moyen Age, p. 111-112.
23 Antonio de Guevara, Reloj de príncipes, livre II, chap XXI : « menos ponçoña tiene la bívora que no la muger mal acondicionada ».
24 Lupercio Leonardo de Argensola, Alejandra, in Obras sueltas de Lupercio y Bartolomé Leonardo de Argensola, I, Madrid, imprenta de M. Tello, 1898, p. 203-204 : « – Orodante : Veneno me mandaba que te echase en el vino, señor, y te le diese al tiempo que la copa te llevase.
Algún dios huvo allí que me tuviese de no darle la muerte merecida, y que el fiero puñal su pecho abriese ».
25 Cristóbal de Virués : Tragedia de la inƒelice Marcela [1581 ?], in Poetas dramáticos valencianos ; I, Madrid, Real Academia Española, 1929 ; collection « Biblioteca Selecta de Clásicos Españoles » ; p. 143. Consultable également sur http://www.cervantesvirtual.com/FichaObra.html?Ref=17862.
Auteur
Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris III
CRES-LECEMO
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