Du rugby au pays du satrapique ballon rond
p. 111-131
Texte intégral
1Avec 12 licenciés pour 10000 habitants, le Nord – Pas-de-Calais fait presque figure de « dernier de la classe » en matière de pratique rugbystique. Pourquoi en est-il ainsi ? Des études le montrent, le goût pour le ballon ovale se transmet bien souvent de père en fils là où les « styles de vie » s’accordent tout à fait aux propriétés intrinsèques du jeu. De ce point de vue et compte tenu de l’implantation historique du rugby dans la plupart des provinces méridionales, le Nord – Pas-de-Calais ne pourra jamais faire partie du pays de l’Ovalie. Pour confortable qu’elle soit, une telle explication n’est pas recevable justement parce qu’elle semble trop coller aux faits. Est-il sociologiquement pertinent d’expliquer le développement d’un sport à partir d’une réduction des chemins qui amènent à sa pratique ? Après avoir montré combien l’interprétation subjective des attributs du rugby limite la compréhension de sa territorialisation, nous verrons si sa place dans le Nord – Pas-de-Calais ne doit pas beaucoup à celle du satrapique ballon rond. Au total, la production vise moins à caractériser un phénomène énigmatique qu’à l’objectiver puisque toute analyse fondée sur l’empirie doit en passer par là.
Méthode comparative et notion de légitimité de la culture rugbystique
2Lorsqu’un sociologue fait du « pourquoi en est-il ainsi ? » l’objet de son travail sur les pratiques des systèmes des sports, il pourra s’intéresser aux phénomènes sociaux les plus saillants. S’il s’agit d’étudier la pratique du spectacle sportif, il choisira par exemple les tribunes des stades de football pour terrain et se concentrera sur les groupes de supporters les plus emphatiques. Et s’il choisit de traiter la dimension de la pratique sportive sous l’angle de la popularité qui la caractérise, il ne pourra manquer de s’arrêter sur deux sports en particulier : le football et le rugby. Le premier parce qu’il représente la seule activité dont la distribution spatiale des licenciés ne connaît pas de frontière, le deuxième en raison de la singulière régionalisation de ses pratiquants codifiés1. L’objet de mon étude est d’interroger cette singularité, d’apporter un « supplément de connaissances »2. Fidèle à l’essence de mes recherches dont l’objet est de théoriser les pratiques et les spectacles sportifs, je me poserai donc une question formulée de manière elliptique pour l’instant : pourquoi la pratique du rugby ne se développe-t-elle pas dans la plupart des provinces français septentrionales ?
3Parce que le savoir sociologique n’a pas nécessairement à être subversif comme il n’a pas pour objectif de faire du prosélytisme3, ce travail ne prétend pas insuffler un esprit missionnaire4. De même, son objectif ne peut être confondu avec les impératifs « d’un magnat de la presse » dont je serais un des épigones : mon intention n’est pas d’être l’un des rouages susceptibles de modifier une culture sportive avant même qu’il m’ait été donné d’en comprendre les bases actuelles5. Mon intérêt est plutôt d’expliquer pour mieux comprendre, sans craindre d’apporter des éléments qui vont dans tel ou tel sens pourvu que cela soit vrai. Aussi, dans cette étude dont l’objet est d’expliquer la popularité d’un sport, il paraît nécessaire de se reposer sur la méthode comparative en raison de ses propriétés distinctives avérées6. L’adopter ne suffit pourtant pas ; il faut encore interroger les modalités de la mise en relation, c’est-à-dire estimer la frontière au-delà de laquelle la comparaison enrichit la théorisation d’un fait social. Deux options se présentent au chercheur soucieux de satisfaire l’une des règles méthodologiques de base en sociologie et, de facto, en sociologie du sport7. La première consiste à interroger le succès d’une pratique et d’un spectacle à partir des caractéristiques du plus populaire des éléments du système des sports. Or, à ce jeu et lorsque l’objet de la recherche ne lui est pas identique, l’étalon qui devrait être utilisé n’éclaire pas toujours l’explication. En France comme dans bien d’autres pays en effet, le football n’a d’équivalent que lui-même en raison des mobilisations qu’il produit tant chez les pratiquants que du côté des spectateurs. Quant à la seconde position possible, elle revient simplement à comparer deux objets du même ordre mais dont les manifestations sociales divergent. En comparant le rugby dans le Nord – Pas-de-Calais à celui des régions du sud et, dans une moindre mesure, en le confrontant à la configuration du football régional, on dispose dans les deux cas d’un des ingrédients nécessaires à l’administration de preuves. Pour s’en convaincre, il suffit de se souvenir d’un des préceptes méthodologiques énoncés par Émile Durkheim dans l’un des premiers manuels de méthodologie de la sociologie8.
4Si le choix de déterminer la place du rugby régional à partir de ces deux axes inscrit clairement ce travail en dehors de la sphère du vécu, des finalités et des valeurs des acteurs, il ne signifie pas pour autant qu’il faille en faire l’économie dans l’explication9. Autrement dit, il n’est pas dans mon intention de succomber à la forme négative du « principe de la non conscience » déclassant le pouvoir explicatif des motivations et des stratégies individuelles au profit exclusif d’un « objectivisme provisoire »10. Pour significative qu’elle soit, la prise en compte de la responsabilité de l’acteur ne peut donc pas être abordée sans une démarche de recherche préalable. Si celle-ci se structure autour des deux axes cités plus haut, elle dissimule une grille de lecture plus complexe incluant deux déterminants clés de la pratique sportive : les processus d’initiation et les moyens de continuation. Je me poserai donc deux questions pour mesurer un terrain, n’ayons pas peur des mots, « de faible légitimité de la culture rugbystique »11. Je me demanderai d’une part s’il est possible que les propriétés du rugby constituent aujourd’hui une entrave au développement de sa pratique là où elle n’est pas historiquement très implantée. D’autre part, j’essaierai de savoir si les caractéristiques organisationnelles de la pratique du rugby ne représentent pas moins qu’un obstacle majeur à sa popularité pendant que celles relatives au football en accentuent les effets pervers. La falsification de ces hypothèses passera à la fois par l’interrogation d’un certain nombre de causes triviales, par la discussion de la notion d’adéquation culturelle entre un « être rugby » et un « vivre dans le Nord – Pas-de-Calais » ainsi que par la mobilisation de données quantitatives. Chacun l’aura compris, l’ensemble doit produire les jalons d’une recherche plus empirique dont le cadre d’analyse concernera moins la main invisible du déterminisme qu’une perspective compréhensive. La finalité ici est donc d’objectiver un phénomène posé comme énigmatique.
Le rugby dans le Nord – Pas-de-Calais : une culture sportive marginale ?
5Le rugby français serait donc d’abord une affaire du sud, d’une société où l’on peut entendre de la bouche d’une mère parlant de son accouchement que son enfant « est sorti comme un ballon de rugby12 », d’un pays dont le territoire ne va pas au-delà d’une ligne imaginaire reliant La Rochelle à Bourg-en-Bresse en passant par Clermont Ferrand13. Si les clubs les plus anciens se situent bien dans cette zone14, la géographie actuelle de la pratique du rugby invalide un propos qui relève moins d’une perspective objective que d’une vision de passionné15. On ne peut effectivement pas dresser la carte de France d’un sport codifié à partir de la seule performance de ses clubs, ni même sur la base d’un taux de pénétration des licenciés ramenés au nombre d’habitants par région. À ce jeu, il est clair que le Nord – Pas-de-Calais ne figure pas parmi les principales provinces du pays du rugby. Pourtant, au risque de décevoir les missionnaires nordistes les plus actifs, une modification des modalités de répartition ne remet pas totalement en cause les photographies les plus partisanes. Jacques Defrance nous le rappelle, la popularité d’une pratique sportive se mesure au nombre de ses licenciés16. Or, de ce point de vue et quel que soit finalement le mode de classement utilisé, le « rugby au Nord » ne talonne pas celui du Grand Sud-Ouest composé des Pays basque, occitan et catalan17. Bien qu’étrangère au « monde de l’Ovalie », cette partie du pays offre régulièrement son lot d’ecchymoses sur les terrains d’Arras, de Lille, d’Armentières, de Grande-Synthe, de Duisans, de Cambrai et de bien d’autres lieux encore. Au départ de la saison 2000/2001, la région comptait un peu plus de 5400 licenciés répartis dans 34 clubs évoluant de la 4e série à la 2e division des championnats nationaux.
Une pratique objectivement peu discriminante, un spectacle de sous-préfectures ?
6Pour cerner les déterminants de « l’insuccès » du rugby dans le Nord – Pas-de-Calais, je débuterai l’analyse par un rapide examen de ses propriétés intrinsèques en les comparant à celles des principaux sports codifiés. Je montrerai ensuite, en m’appuyant sur la dimension du spectacle des élites, ce qui sépare le spectacle du rugby de celui de l’étalon du sport-spectacle : le football. L’ensemble devrait permettre de mieux comprendre l’audience de la pratique rugbystique au niveau national et, ce faisant, dans le Nord – Pas-de-Calais. Je terminerai la première partie du raisonnement par une question d’ordre méthodologique : une définition subjective des propriétés de la pratique rugbystique fait-elle avancer l’explication de sa singulière implantation ou produit-elle de la confusion ?
7En dépit de ce qu’inspire son fort ancrage dans les parties situées au sud du pays, le rugby n’est pas considéré officiellement comme un sport régional. Et si le nombre de ses licenciés se situe loin des chiffres annoncés par quelques autres fédérations (football, tennis...), le rugby demeure dans la catégorie des « sports de large diffusion ». Sans rentrer dans des considérations de nature fonctionnaliste, cet état de fait ne doit pas étonner. Que l’on parle en effet de coûts d’accès à la pratique, de possibilités d’accès à l’intelligence du jeu voire d’aires de jeu disponibles (officielles ou non), rien de tout cela ne paraît classant. Le rugby est un sport collectif de plein air, sa pratique ne demande pas d’investissements financiers discriminants, elle ne requiert pas non plus de conditions climatiques spécifiques18 et ses règles ne semblent pas plus difficiles à intégrer que celles du basket-ball par exemple. Je ne veux pas laisser croire que le rugby n’a rien de particulier -le ballon est tout de même ovale-, mais les propriétés objectives de sa pratique ne la distinguent pas de la plupart des sports majeurs. Quittons maintenant le point de vue objectif pour celui du profane évoquant des caractéristiques plus prosaïques. Font-elles du rugby une pratique comme une autre ?
8Il y a tout d’abord celles qui tiennent au jeu. On le sait, « tous les sports ne valorisent pas les mêmes propriétés physiques et intellectuelles »19. De ce point de vue, on peut penser que la pratique du rugby souffrirait d’un déficit sur le plan des représentations. Sans doute faut-il y voir l’un des motifs de la campagne publicitaire menée depuis quelques temps par la Fédération Française de Rugby, ce sport reste profondément connoté de part les traumatismes corporels qu’il causerait. Quel que soit le volume moyen des blessures enregistré au cours de la carrière d’un joueur, le rugby est avant tout compris en tant que pratique de contact, d’engagement physique intense. Que sa pratique produise à la fois un contact d’opposition et de réunion ne changerait rien20. Un match de rugby ne diffuse t-il pas avant tout le spectacle ordonné (la mêlée) et désordonné (le maul) d’une succession de corps à corps, d’étreintes et d’empoignades contrôlées ? Et si l’initié ne peut contester cette dimension puisqu’il lui arrive de reconnaître qu’elle conditionne sa pratique, il comprendra que le profane en tienne compte. Cette manière de percevoir la pratique joue, me semble-t-il, un rôle important dans la diffusion actuelle de la pratique rugbystique. Pourquoi ?
9À la lecture de quelques œuvres portant sur le rugby et plus particulièrement de celles qui rendent compte des chemins qui amènent à sa pratique21, on saisit l’importance des processus d’initiation. À ce titre, on doit souligner la position centrale qu’occupent les parents et la famille en général dans la construction des carrières de joueurs. Or, quand on sait comment a évolué la place des jeunesses dans les sociétés « avancées »22, on peut supposer qu’une telle représentation s’accorde mal avec les intentions des acteurs situés à l’origine du goût pour le rugby. Comment des parents, de plus en plus sensibles à la « désadaptation fonctionnelle » que traverse leur progéniture, pourraient-ils l’amener à pratiquer une activité emplie d’un je-ne-sais-quoi susceptible de les déstabiliser davantage23 ? L’hypothèse est lancée et mériterait d’être soumise au test empirique à condition qu’elle intègre la variation des représentations de la jeunesse selon les milieux sociaux, les lieux de résidence des familles, etc.. Voyons maintenant si les attributs du spectacle de l’élite du rugby démarquent ce sport d’autres genres plus populaires. Peut-on croire qu’ils nous renseignent à propos des niveaux de pratique ?
10Concernant le spectacle sportif et en dehors d’un certain nombre de sports (le patinage artistique, les activités équestres, les sports mécaniques et particulièrement la Formule 1...), on sait qu’existe une relation de causalité entre le niveau de médiatisation d’une discipline et la popularité de sa pratique (et inversement). Mais les différentes élites sportives ne connaissent pas une hauteur de spectacularisation invariable. De ce point de vue, nous l’avons montré ailleurs, l’incertitude et l’identification sont bien les deux carburants essentiels du sport-spectacle24 à condition que celui-ci soit rigoureusement organisé25. A priori, le spectacle rugbystique ne souffre pas d’une telle configuration tant ses substances ressemblent à celles du football26. Et même si sa part de marché lors des retransmissions télévisées n’égale pas celle qui concerne le football, elle signale que le rugby « gagne » aussi à la télévision. Peut-on pourtant raisonnablement considérer que le rugby a su tirer profit de sa médiatisation et, en cela, participer au développement de sa pratique ? Si l’on en juge par la manière avec laquelle l’institution dirigeante a entretenu une organisation sportive dite partitive jusqu’aux années 1990, on ne peut que rejoindre le point de vue développé par Paul Yonnet27. Selon l’auteur en effet, l’International Board n’aurait eu d’autre ambition que d’appliquer une politique « malthusienne » fondée sur un esprit de conservation. Rétive à toute fabrication de rivaux, l’instance dirigeante aurait finalement assuré une « dissémination auto-limitée » du spectacle rugbystique sur un plan international. Comme une telle dimension organisationnelle contrarie l’amélioration des niveaux de pratique du rugby là où ils auraient tendance à pouvoir l’être, elle conduit indirectement à l’affaiblissement du couple incertitude/identification structurant le spectacle sportif. Ce faisant, elle limiterait l’élargissement de la pratique si l’on considère qu’existe effectivement un lien entre la pratique (de base) et le spectacle (de l’élite) dans le rugby.
Une autre définition de la pratique, une autre interprétation de sa diffusion
11Nous le verrons plus loin, en dehors de cette dernière proposition les explications présentées jusqu’ici ne disent rien à propos de l’insuccès de la pratique rugbystique dans le Nord – Pas-de-Calais. A moins que... à moins que l’on ne considère différemment les propriétés du jeu. Si l’on reprend en effet d’autres définitions de l’activité, de nouvelles interprétations se font jour à propos de la singulière distribution spatiale du rugby. Sont-elles recevables ? Apportent-elles davantage de compréhension ou produisent-elles une explication erronée ? Pour le savoir, nous partirons des définitions que donnent Anne Saouter et Sébastien Darbon28.
12Pour la première, le rugby est un « jeu complexe, mais surtout dur et viril, qui requiert des qualités morales – courage, esprit d’équipe ou même de sacrifice – autant que des compétences techniques ou tactiques. La permanence du contact avec les partenaires et adversaires impose au joueur de vaincre sa peur de l’affrontement physique aussi bien que les tabous liés à l’intimité corporelle »29. Quant à la définition présentée par Sébastien Darbon, elle s’inscrit tout simplement dans le registre de l’opposition entre le football et le rugby. Ainsi le rugby est présenté comme une « culture sportive tournée vers des valeurs d’efforts collectifs, d’abnégation au service du groupe, de solidarité » tandis que la pratique du football « favorise des comportements individualistes », provoque chez les jeunes « un amour du vedettariat et des fantasmes d’ascension sociale rapide par le sport »30. L’idée ici est moins de discuter ces deux perceptions que d’examiner, rapidement, ce qu’elles peuvent induire sur le plan de l’explication relative à la territorialisation du rugby31.
13Or, de ce point de vue, le fait est que de tels propos peuvent considérablement biaiser l’objectivité d’une recherche. Si l’on explique en effet l’implantation du rugby à partir des attributs de son exercice, on risque fort de se laisser influencer par eux dans le raisonnement. Et plus ceux-ci seront construits de façon partisane – je ne sais comment la qualifier exactement –, plus les déterminants à venir seront subjectifs. Mais il y a plus. On peut aussi, pourquoi ne pas aller jusque-là, « monter » une définition afin qu’elle colle parfaitement à un énoncé explicatif plus général. Ainsi à partir d’une hypothèse d’ordre culturel opposant les régions du sud à celles du nord (leurs styles de vie respectifs par exemple), il suffira de trouver des points de convergence entre les « habitus moyens » des populations et les propriétés d’une pratique sportive définies subjectivement. Mais le problème n’est pas tant de créer un lien – qu’il existe ou non –, il relève plutôt d’un assemblage dont la seule fonction est d’apporter une preuve qui « colle aux faits ». Compte tenu toutefois de son faible degré de confirmation, ce type d’interprétation fournit moins une « preuve convaincante » qu’une « simple présomption »32. De quoi s’agit-il précisément ?
14Pour Christian Pociello par exemple33, la présence du rugby dans les régions méridionales procèderait avant tout d’un terrain social et idéologique favorable (l’auteur parle de prédisposition). Sur un plan général, tout serait lié aux mutations économiques touchant les régions du sud de la France au début du 20e siècle. On retrouve alors, pêle-mêle, une série de facteurs expliquant l’implantation du rugby dans cette partie du territoire : croissance des villes, progression des valeurs citadines, exode rural, destruction des vignes, dépression économique. Au total, l’ensemble aurait contribué à installer les deux principaux leviers d’un changement social tout à fait favorable au développement du rugby : d’un côté le « brassage d’une population cosmopolite » aurait cristallisé les revendications régionalistes dans ces provinces riches en terroirs, de l’autre la crise de la paysannerie aurait débouché sur le sous-emploi de la virilité et de la force d’une partie des habitants. Et comme ces « qualités » coïncident avec les vertus de la pratique du rugby, la dimension fonctionnaliste de ce sport est évidente. Le problème est double ici : d’une part l’étude n’évite pas le piège du fonctionnalisme (le sport comme pratique sociale de substitution), d’autre part elle ne le fait injustement « qu’une fois ». La population du Nord – Pas-de-Calais n’a-t-elle pas brassé, elles aussi, tout un ensemble de cultures ? Ses campagnes n’ont-elles pas été, elles aussi, vidées d’une partie de leurs habitants ? Ce morceau du pays n’a-t-il pas connu, lui aussi, les affres de l’industrialisation et de ses corollaires34 ?
15Si de telles remarques relativisent la portée d’une étude « établissant des correspondances systématiques » entre le rugby et certaines sous-cultures de classe et de région35, elles n’enlèvent rien à l’intérêt du traitement socio-historique des phénomènes sociaux aussi peu réflexif soit-il36. On ne saurait par conséquent trop recommander de consulter un travail de ce type, surtout si le lecteur le combine avec d’autres interprétations37 (à condition qu’elles ne soient pas « extravagantes »). Quoi qu’il en soit et par rapport à l’objet de notre travail, il faut bien reconnaître que la plupart des éléments présentés jusqu’ici ne sont pas satisfaisants. En quoi rendent-ils compte de la relative confidentialité de la pratique rugbystique dans le Nord – Pas-de-Calais ? Que l’on définisse de telle ou telle manière les propriétés du rugby, rien ne permet d’affirmer qu’elles constituent une entrave au développement de sa pratique là où elle n’est pas historiquement très implantée. L’hypothèse d’une activité aux attributs inadaptés aux attentes des jeunesses a certes été émise, mais elle reste à falsifier et à améliorer. S’il fallait avoir une certitude à ce stade du travail, je dirais simplement qu’une démarche empirique s’impose. Elle concernerait davantage l’acteur qu’il soit licencié dans un club, pratiquant potentiel, ancien joueur ou même parent. La compréhension des processus d’initiation à une pratique sportive pourrait-elle se permettre une telle impasse ?
L’ovale peut-il exister à côté du « satrapique » ballon rond ?
16Bien que l’absence d’un ou de plusieurs « grands clubs » réduise notablement le développement de la pratique de base (et par conséquent celui du spectacle des élites) dans la région, on ne peut toutefois pas croire qu’une telle situation soit la cause unique d’une pratique confidentielle. Mais si cette absence limite les phénomènes d’identification entre joueurs (effectifs ou potentiels) et acteurs du spectacle, si elle déclenche peu de mobilisations partisanes d’importance, si elle ne motive pas l’investissement d’éventuels moteurs de popularité, elle contribue alors à isoler les déterminants actuels des processus d’initiation et de continuation. L’influence de ceux-là ne se complique-t-elle pas dans une région où la pratique et le spectacle footballistiques dominent excessivement le système sportif local ? Pour le savoir, je m’intéresserai spécialement à la dimension de la pratique.
La place du rugby « autour » du football
17Avec ses 134000 footballeurs répartis en quatre grandes classes (« joueurs libres », « féminines », « joueurs corpos » et « joueurs loisirs »)38, le Nord – Pas-de-Calais est l’une des premières régions de football en France. De la Côte d’Opale au bassin de Sambre en passant par l’Artois, il est bien rare de ne pas trouver un terrain de football dans les agglomérations que l’on traverse. Un autre indicateur vient alimenter l’image de « terre de football » qui va si bien à la région : plus du tiers des pages de La Voix des Sports (le seul hebdomadaire sportif régional) concerne ce sport. Pour savoir s’il est pertinent d’attribuer la responsabilité de l’insuccès du rugby à l’importance du football, je propose de prendre connaissance de la place du football dans les régions du Sud Ouest. Le graphique suivant voudrait suggérer un premier niveau de lecture établi selon une perspective proportionnelle.
18En dépit d’un rapport consacrant la pratique du football dans le Nord – Pas-de-Calais avec un coefficient multiplicateur proche de 26 points, l’hypothèse d’un « ballon rond » étouffant le rugby ne semble pas tout à fait recevable (ce même rapport est de 2,2 points en Aquitaine et de 2,6 points en Midi-Pyrénées). Première surprise, les régions rugbystiques ne sont absolument pas imperméables à la pratique du football. En Aquitaine comme dans la région Midi-Pyrénées, le nombre de licences atteint même un seuil suffisamment élevé pour placer ces deux parties du pays parmi les régions dans lesquelles le football est le plus populaire (respectivement 328 et 386 licenciés pour 10000 habitants). Le point de vue proportionnel modifie donc doublement les lieux communs : d’un côté il ne fait plus du Nord-Pas-de-Calais une « grande terre de football » (le « Total France » place la répartition aux alentours de 330 licenciés pour 10000 habitants), de l’autre il tend à bouleverser la représentation d’un Sud-Ouest sportif essentiellement rugbystique. Compte tenu toutefois des niveaux de peuplement effectifs des régions considérées ici (4 millions d’habitants dans le Nord – Pas-de-Calais contre 2,9 millions en Aquitaine et 2,5 en Midi-Pyrénées)39, il semble opportun de les considérer davantage. Qu’en est-il si l’on précise la comparaison par données proportionnelles en ramenant maintenant les échantillons sur des bases équivalentes (population de base – population minimale soit celle de la région Midi-Pyrénées) ?
Tableau 1 : Volume de licences de rugby et de football pour 10000 hbts après correction
Régions | Licences de rugby/10000 hab. | Licences de football/10000 hab. |
Nord – Pas-de-Calais | 19,2 (12) | 505,6 (316) |
Midi-Pyrénées | 146 (base) | 386 (base) |
Aquitaine | 171 (148) | 380 (328) |
19Si l’homogénéisation des bases de peuplement n’améliore que très sensiblement le poids de la pratique rugbystique dans la région Nord – Pas-de-Calais, elle y rétablit en revanche l’importance réelle du ballon rond mais ne confirme pas pour autant l’idée selon laquelle celui-ci serait étouffant. Certes les rapports licenciés de football/licenciés de rugby entre les régions évoluent en partie, mais la pratique du football reste suffisamment importante en Aquitaine et en Midi-Pyrénées pour invalider l’hypothèse d’une concurrence entre les deux pratiques sportives comme déterminant de leur développement respectif. Comme ce résultat ne fait qu’introduire la problématique d’un rugby nordiste aux caractéristiques organisationnelles peu favorables à la popularité de sa pratique40, l’énoncé doit être soumis à de nouveaux tests. Je propose donc une autre lecture de la situation en prenant en compte de nouvelles variables : la quantité de clubs de rugby dans chaque région, leur superficie respective ainsi que le nombre de communes. Je souhaite ainsi préciser la place du rugby selon les lieux tout en montrant qu’elle se détermine elle-même.
La question de la modification des « attributs organisationnels basiques »
20Je l’annonçais plus avant, mesurer la « faible légitimité de la culture rugbystique » de la région Nord – Pas-de-Calais implique aussi de tenir compte de caractéristiques d’ordre organisationnel. Pour savoir si celles-ci ne représentent pas moins qu’un obstacle majeur à la popularité du rugby pendant que celles relatives au football en accentuent les effets pervers, il faut se tourner maintenant vers la structure qui gère les compétitions de rugby dans le Nord – Pas-de-Calais : le Comité des Flandres. Ma volonté n’est pas d’en examiner le fonctionnement ; je vais simplement introduire la question sociologique de son organisation en la comparant à celle des comités situés dans le Sud Ouest.
21Le Comité des Flandres regroupe l’ensemble des 48 clubs de cinq départements : le Nord, le Pas-de-Calais, l’Aine, les Ardennes et la Somme. Outre ses fonctions administratives, le Comité a également la responsabilité des compétitions sportives régionales. Si une telle organisation n’a finalement rien d’original, elle a cette particularité d’élargir considérablement l’aire de la pratique. Dès lors, le moindre des déplacements, en 4e série par exemple, peut atteindre plus de 200 kilomètres aller-retour. Si l’on compare ce chiffre extrême avec ce que les clubs de football amateur accomplissent au plus long au cours des championnats de district (niveau équivalent à la 4e série dans le rugby), le rapport des distances est divisé par sept en moyenne et ce quel que soit le département !
22Si l’on considère que la pratique du football est beaucoup plus « confortable » que celle du rugby pour les sportifs codifiés du Nord – Pas-de-Calais (déplacements plus courts...), si l’on admet que l’une des clés de la réussite des sports concerne sa dimension récréative (déroutinisante par opposition à contraignante)41 alors on doit reconnaître une évidence : les raisons de l’insuccès du rugby dans le Nord – Pas-de-Calais relèvent de ce que vivent ses acteurs de base, des difficultés qu’ils rencontrent pour satisfaire leur passion et la maintenir dans le temps. Si je m’en tiens aux quelques données empiriques dont je dispose42, je peux difficilement exclure de l’explication ce qui apparaît une fois encore comme une conséquence et une cause de la relative confidentialité du rugby dans le Nord – Pas-de-Calais. Toutefois, la vérification d’un tel énoncé passe par la comparaison de terrains où le rugby est populaire et impopulaire. Aussi ai-je décidé de confronter les attributs organisationnels basiques43 du « rugby au nord » à ceux des comités de l’Ovalie.
Tableau 2 : La place du rugby selon des « attributs organisationnels basiques »
Comités | Superficie en km2 | Nombre de clubs | Nombre de communes | Nombre de départements |
Flandres | 31181 | 58 | 3611 | 5 |
CôteBasque-Landes | 16888 | 61 | 874 | 2 |
Béarn | 16888 | 45 | 874 | 2 |
Armagnac-Bigorre | 10721 | 61 | 936 | 2 |
Côte d’argent | 19243 | 74 | 873 | 2 |
Midi-Pyrénées | 29410 | 192 | 1743 | 5 |
Périgord Agenais | 14691 | 73 | 874 | 2 |
23Le tableau ne peut être plus suggestif, le Comité des Flandres cumule les handicaps. Non seulement il est le moins pourvu en clubs, mais il est aussi celui qui couvre le territoire le plus vaste. Et comme les cinq départements qui le composent (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Oise, Ardennes) rassemblent le plus grand nombre de communes (3611) dans l’échantillon, on comprend aisément que le rugby nordiste dégage une représentation de pratique quasi confidentielle. Aux côtés de ses attributs organisationnels basiques, ceux des structures du Sud-Ouest ressemblent encore plus à de véritables atouts. L’observation du Comité Midi-Pyrénées est de ce point de vue tout à fait parlante. Bien que sa superficie (29410km2) et le nombre de ses départements (Ariège, Aveyron, Haute-Garonne, Tarn, Tarn et Garonne) correspondent à ce qui caractérise le Comité des Flandres, la présence rugbystique y est indéniablement plus forte. Alors que le rapport nombre de communes/nombre de clubs dépasse à peine un club pour 60 communes dans le Comité des Flandres, celui du Comité Midi-Pyrénées (un club pour 9 communes) souligne toute la visibilité de la culture du rugby dans cette partie du pays. Si de telles données illustrent un écart de popularité conséquent, elles sont suffisamment différentes d’un comité à l’autre pour jouer un rôle dans l’explication de la curieuse territorialisation du rugby. Mais il y a plus.
24Si l’on observe en effet plus attentivement les attributs organisationnels de base des comités Côte Basques-Landes et Béarn, on constate qu’ils couvrent les deux mêmes départements (Landes et Pyrénées-Atlantiques). Comme le nombre des communes et la superficie de ces deux aires sont divisés par deux dans « l’idéal » (soit 437 communes au lieu de 874 et soit 8444km2 au lieu des 16888km2 présentés dans le tableau), compte tenu du volume des clubs inscrits dans ces deux comités (respectivement 61 et 45), le découpage départemental sur lequel ils reposent ne fait que renforcer une culture sportive déjà des plus légitimes. Une modification organisationnelle du Comité des Flandres dans le sens d’une distribution spatiale moins contraignante doit-elle être envisagée (gain de temps...) ? N’allègerait-elle pas substantiellement les charges des clubs qui le composent ? N’attiserait-elle pas les créations de clubs en stimulant les initiatives individuelles ? Ne développerait-elle pas le volume des licenciés ? Même si la diminution du temps nécessaire pour accéder à la compétition sportive n’est pas le seul « composant actif » capable de déclencher la formation d’un club sportif44 (ce qui est de plus en plus vrai à mesure que la pratique s’éloigne du cadre de l’amateurisme...), elle n’en demeure pas moins déterminante là où d’autres cultures sportives comparables au rugby sont très implantées et/ou plus précocement installées.
25Pour stimulante qu’elle soit, la transformation proposée ici ne peut sans doute pas être réalisée pour au moins deux raisons. Dans sa forme actuelle, le Comité des Flandres rassemble un volume suffisamment élevé de clubs pour être considéré tout d’abord comme dynamique et important. Comme le montrent les choix répétés de donner aux stades du Nord – Pas-de-Calais le spectacle de rencontres d’un niveau international, l’organisation compte sur le plan national. Eu égard ensuite au peu d’audience de la pratique rugbystique dans trois des départements qu’il couvre45, le Comité des Flandres joue pleinement son rôle dans la mécanique de développement du ballon ovale. Que deviendrait la pratique du rugby dans les Ardennes, dans la Somme ou dans l’Oise si les clubs qui la modèlent ne pouvaient plus profiter du volume des licenciés du Nord et du Pas-de-Calais ? Si je me réfère pourtant une fois encore aux données issues de quelques entretiens exploratoires, je ne peux dissimuler une question simple : le Comité des Flandres ne perd-il pas plus qu’il ne gagne en adoptant une telle politique ?
Éléments de conclusion : de l’inconnu il n’y a pas de désir... ou causes et conséquences se confondent
26En dehors de quelques situations particulières (Nouvelle Zélande, Tonga, Fidji et Samoa), le rugby se caractérise, entre autres choses, par « une absence d’universalité »46. Et si la France ne fait pas figure d’exception, c’est peut-être en raison de la nature même des causalités. Je veux dire ici qu’elles ne relèvent pas essentiellement et/ou tout d’abord des environnements, des contextes sociaux dans lesquelles la pratique rugbystique se développe ou non. Pour ne pas disposer en la matière de données suffisamment consistantes, j’ai osé travailler ce niveau de questionnement en m’attardant sur la responsabilité des propriétés intrinsèques du jeu. J’ai tenté de le faire sur la base d’une construction objective de la pratique, à partir d’une signification non passionnée du rapport au corps qu’elle implique. Or, la meilleure des introductions aux sociologies des usages socio-culturels du corps l’a évoqué il n’y a pas si longtemps, celui-ci est intimement lié à l’appartenance sociale ou aux capitaux définissant – et redéfinissant-l’habitus47. Est-il possible que son auteur se soit trompé ou n’a-t-on pas fait fausse route à trop vouloir expliquer la distribution spatiale des sports à partir de la problématique du style de vie, sous prétexte que ceux-ci renvoient à un contenu culturel évident bien que contesté voire ignoré aujourd’hui encore ? Bien qu’une telle perspective ait sans doute un intérêt heuristique dès lors qu’on l’associe à une lecture historique, elle ne me semble pas suffisamment solide pour résister aux épreuves du changement social. Comment continuer d’assimiler facteurs originels d’implantation d’un sport et facteurs de son développement actuel pendant que le paradigme de l’individualisme méthodologique48 s’impose comme le mode de réflexion le plus pertinent dans les sciences sociales ?
27Bien sûr, la configuration actuelle de la pratique du rugby dans le Nord – Pas-de-Calais procède de leur histoire respective, et aussi de celle d’autres sports considérés alors comme des agents d’un champ de concurrence. On entend alors des remarques très prosaïques ; elles font d’ailleurs le plus souvent référence à la domination du football. Faut-il alors souhaiter la mort du « satrape rond » pour assister à l’explosion du rugby49 ? Si l’on se souvient des chiffres présentés dans le tableau n° 1, je ne le crois pas tant ils vont dans le sens d’une formule empruntée à un homme du Tarn : « Dans le Sud-Ouest on parle de rugby mais on joue au football ». Faut-il alors croire que le football ne tue pas le rugby ici puisque le rugby ne tue pas le football là-bas ? Compte tenu de « l’âge du football » dans lequel nous nous trouvons, il faut éviter de tomber dans le piège de cette illusion logique et ce pour au moins trois raisons.
28Tout d’abord, nous l’avons vu, l’organisation de la « pratique du rugby au nord » semble assez contraignante à priori pour « défonctionnaliser » l’ovale entendu comme loisir (j’exclus donc ici les pratiquants dont l’engagement ne relève pas du don). Les longs déplacements peuvent bien jouer pleinement leur rôle « déroutinisant », notamment en raison des sociabilités qui l’accompagnent. Mais le plaisir que les amateurs en retirent résiste-t-il à leur entrée dans la vie adulte50 ? Rien n’est moins sûr. Deuxièmement, la plupart des « petits lieux » du Nord – Pas-de-Calais sont le plus souvent acquis au football. Or, vu les fonds financiers dont disposent les municipalités villageoises, celles-ci n’ont guère les moyens de soutenir deux sports collectifs de plein air et/ou de salles51 : le premier arrivé n’est donc pas seulement le mieux servi dans ce cas précis, il est surtout le seul à table. Aussi ne faut-il pas s’étonner de voir que la presque totalité des clubs de rugby du Nord – Pas-de-Calais se trouve dans les villes, c’est-à-dire là où se côtoient déjà plusieurs disciplines sportives52. L’ovale peut certes émerger en milieu rural, mais encore faut-il pour cela que se conjugue toute une série de facteurs : un territoire sportivement désert ou déserté, une somme de volontés individuelles, un semblant de légitimité culturelle. La naissance du rugby dans le village de Duisans représenterait sans doute le type idéal d’une telle configuration si l’élément déterminant de la création – c’est-à-dire l’acteur – ne provenait pas d’un club voisin ; tout un symptôme. Enfin pendant que les migrations interrégionales contribuent au développement du rugby dans les régions septentrionales53, elles le remettent aussi en question. Comme l’expansion du système éducatif ou l’évolution du marché de l’emploi ont incité « les jeunes joueurs de Galashiels à regarder au-delà de leur vallée »54, elles peuvent tout autant vider une partie du réservoir des licenciés de rugby dans le Nord – Pas-de-Calais55.
29S’il est séduisant d’annoncer que les habitus des nordistes ne s’accordent pas avec les propriétés du jeu à XV ou à XIII, s’il est tentant de faire des instances dirigeantes du rugby régional les principaux responsables de l’insuccès de la pratique, s’il est facile d’accuser l’imposant football comme le seul capable d’empêcher la formalisation de la passion de l’ovale dans les villages, cette introduction à la sociologie du « rugby au nord » montre plutôt que sa territorialisation est plus complexe. Produit d’une combinaison de déterminants tour à tour causes et conséquences ici, la relative confidentialité du rugby dans le Nord – Pas-de-Calais ne peut absolument pas être expliquée sans une démarche empirique. Inscrite dans le quotidien des clubs, des licenciés et des pratiquants du spectacle, elle permettra de mieux comprendre une situation qui reste énigmatique. L’audience croissante des valeurs individualistes me laissera-t-elle le temps d’approfondir ce travail ?
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Notes de bas de page
1 Sur ce point, cf. Vigoureux Michel (dir.), Atlas de France volume 5 : Société et culture, Montpellier/Paris, La Documentation Française, 1997, p. 65.
2 Ce qui revient à donner une finalité cognitive à cette production, à l’inscrire dans la définition de base des sciences sociales. Sur ce point, cf. Boudon Raymond (dir), Traité de sociologie, Paris, PUF, 1992, p. 17.
3 Sur la définition d’une sociologie scientifique (par opposition à ce qui ressemble à de la sociologie), cf. Bourdieu Pierre, « Une science qui dérange », in Questions de sociologie, Paris, Les Éditions de Minuit, 1984, p. 23-23 notamment.
4 Ceci pour me positionner par rapport à la question de « l’expansion en question » lancée par Sébastien Darbon, cf. « L’expansion en question », Autrement, 183, 1999, p. 204-206.
5 On peut effectivement envisager que l’engagement d’une organisation dans un processus de professionnalisation outrancière du spectacle de son élite participe, de façons variables, à la modification des codes ludomoteurs de l’ensemble des pratiquants.
6 Ce qui ne semble pas être une des vertus du cantonnement monographique. Pour s’en convaincre, cf. Bromberger Christian et al., Le match de football. Ethnologie d’une passion partisane à Marseille, Turin et Naples, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 1995, p. 13.
7 Une règle qui, je le souligne, ne suffit absolument pas à la compréhension.
8 « Nous n’avons qu’un moyen de démontrer qu’un phénomène est cause d’un autre, c’est de comparer les cas où ils sont simultanément présents ou absents et de chercher si les variations qu’ils présentent dans ces différentes combinaisons de circonstances témoignent que l’un dépend de l’autre », cf. Durkheim Émile, Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF, coll. Quadrige, 1990 (1937), p. 124.
9 On trouvera une excellente preuve de cette nécessité en lisant les travaux menés par Sébastien Darbon, notamment dans son étude portant sur le rugby à Marseille, cf. Du rugby dans une ville de foot. Le cas singulier du Rugby Club de Marseille-ASPTT, L’Harmattan, coll. Espace et Temps du Sport, Paris, 1997. Et si pour le coup ce travail ne s’inscrit pas dans une démarche de recherche de type comparatif, il suffit juste de consulter un autre ouvrage du même auteur et de le combiner au premier cité pour voir qu’il ne la délaisse pas, cf. Rugby mode de vie. Ethnographie d’un club : Saint-Vincent-de-Tyrosse, Paris, Jean-Michel Place, 1995.
10 Ce qui revient à dire combien l’explication sociologique doit signifier puis articuler objectivisme et subjectivisme. Sur ce point, cf. Bourdieu Pierre, Chamboredon Jean-Claude, Passeron Jean-Claude, Le métier de sociologue. Préalables épistémologiques, Paris, Mouton, 1983 (1968), p. 31-34.
11 Pour reprendre la formule utilisée dans Du rugby dans une ville de foot…, déjà cité, p. 167.
12 Pour reprendre une formule tirée d’un entretien réalisé par Anne Saouter au cours de ses recherches portant sur « l’être rugby », in « La maman et la putain. Les hommes, les femmes et le rugby », Terrain, 25, septembre 1995, Ministère de la culture, p. 15.
13 Pour reprendre le découpage géographique opéré par Jean Lacouture, in Voyous et gentlemen. Une histoire du rugby, Découvertes Gallimard, coll. Sports et jeux, Paris, 1993, p. 62 et suivantes.
14 Voir par exemple ici Pociello Christian, Le rugby, Paris, PUF, coll. Que sais-je ?, 1988, p. 61, fig. 2.
15 Si je me rapporte aux chiffres fournis par la Fédération Française de Rugby pour le compte de la saison 2000-2001 (retravaillées pour la plupart, les données exploitées dans l’article proviennent de cette source), les 9 comités situés au nord de l’axe La Rochelle – Bourg-en-Bresse (Flandres, Ile de France, Normandie, Alsace-Lorraine, Bretagne, Pays de Loire, Centre, Bourgogne, Franche-Comté) regroupent tout de même 600 clubs environ.
16 À condition d’interroger les données en tenant compte de la problématique du chiffre noir, cf. Defrance Jacques (1995), Sociologie du sport, Paris, La découverte, coll. Repères, 2000, p. 4.
17 Cf. Bodis Jean-Pierre, Coursière Stéphane, Quilis André, Suquet Jacques, Volle Jean-Paul, Recherches, 9, 1995, GREGAU, Université Paul Valéry, Montpellier, p. 109.
18 Ce qui ne signifie absolument pas qu’un temps difficile ne bouleverse pas les conditions de jeu, d’entraînement et de vie d’un club. Sur ce point, cf. Larribe Francis, « Briançon : un club en hiver », in Midi Olympique Magazine, janvier 2001, p. 8-13.
19 Cf. Bromberger Christain, «De quoi parlent les sports» , in Terrain, n° 25, 1995 p.7.
20 Sur la « double nature du contact » physique dans le rugby, cf. Saouter Anne, « Être rugby », Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2000, p. 86- 88.
21 La perspective ethnologique ne manque pas d’intérêt pour comprendre, entre autres choses, combien la pratique du rugby relève d’une reproduction de la lignée familiale. Sur la transmission du ballon de père en fils et jusqu’à la construction subjective et contorsionnée d’un rugby « atavique », cf. Saouter Anne, « Être rugby », déjà cité, p. 59-63. Sur cette même influence familiale relayée par un autre acteur de socialisation, cf. Darbon Sébastien, Rugby mode de vie..., déjà cité, p. 30-54.
22 Il n’est pas question ici des « façons de penser la jeunesse », ni même de rentrer dans les débats structurés autour de l’hypothèse de l’homogénéité culturelle de la jeunesse et de la désagrégation des valeurs gérontocratiques par la culture de masse favorisant les mœurs juvéniles. On veut précisément supposer que l’évolution des représentations des jeunes a notablement affaibli l’idée selon laquelle la connaissance d’un sport exaltant les qualités viriles favorise la construction du Soi et donne le « goût à la vie ». Sur ce point, cf. Guasco Raymond cité par Galland Olivier, Sociologie de la jeunesse, Paris, Armand Colin, 1997, p. 35. L’ouvrage d’Olivier Galland est précieux pour aborder et mieux comprendre les différents moments de la jeunesse selon diverses variables (origine familiale, niveau d’étude...).
23 Cette question ne se pose pas uniquement dans le Nord – Pas-de-Calais. Sébastien Darbon l’a d’ailleurs noté dans son étude consacrée au rugby à Tyrosse : « lorsqu’ils [les enfants] font du sport ils sont davantage tentés par le football, influencés à la fois par sa plus grande médiatisation et par la préférence des parents pour une activité moins violente », cf. Rugby, mode de vie, déjà cité, p. 83.
24 Sur ce point, cf. Yonnet Paul, Systèmes des sports, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque des Sciences humaines.
25 Cf. Essai de sociologie des supporters du football. Une enquête à Lens et à Lille, thèse pour le doctorat de sociologie de l’Université de Lille 1, Institut de sociologie de Lille, 2000.
26 Si l’on se rapporte à la légendaire anecdote dont un certain William Webb Ellis aurait été l’acteur, cela n’a rien de surprenant. Ne signifie-t-elle pas que le rugby provient du football ? Sur ce point, cf. « Être rugby », déjà cité, p. 56.
27 À propos d’un rugby passant de « l’entre-soi » à l’universalité, on lira avec attention l’approche systémique de Paul Yonnet, cf. Systèmes des sports, déjà cité, p. 68-75.
28 Ce qui ne signifie pas que l’on retrouve, dans les travaux de ces auteurs, la trace d’explications erronées.
29 Cf. Saouter Anne, « La maman et la putain... », déjà cité, p. 18-19.
30 Cf. Darbon Sébastien, « Marseille : du côté des manchots », in Rugby d’ici. Une manière d’être au monde, Paris, Éditions Autrement, coll. Mutations, n° 183, 1999, p. 181.
31 Si la réalité du rugby français comme sport-spectacle donne raison au propos tenu par Sébastien Darbon, tout porte à croire que les prochaines années modifieront la donne. Si l’on se repose sur l’étude menée par Emmanuel Bayle à propos des processus de professionnalisation de certains sports, on peut effectivement supposer que le rugby français ne « résistera » plus très longtemps aux modifications qu’entraîne une professionnalisation d’une élite sportive. À ce moment, il sera intéressant de voir si des retombées ne transformeront pas les valeurs de la pratique rugbystique dans le sens d’un « amour du vedettariat », ou dans celui d’un « fantasme d’ascension sociale ». Sur la dynamique de professionnalisation des sports, cf. Bayle Emmanuel, « La dynamique du processus de professionnalisation des sports collectifs : les cas du football, du basket-ball et du rugby », STAPS, 52, 2000, 33-60 et spécialement sur le rugby p. 47-48.
32 Cf. Merton Robert King, Éléments de théorie et de méthode sociologique, Paris. Armand Colin, 1997 (1957), p. 33.
33 Cf. Pociello Christian, Le rugby, Paris, PUF, coll. Que sais-je ?, 1988, p. 63 et suivantes. Plus précisément, cf. Le rugby ou la guerre des styles, Paris, Métailié, 1983.
34 La critique qui entoure une telle interprétation ne repose donc pas seulement sur sa dimension de type post factum. Elle renvoie aussi à l’idée qu’il peut être vain de vouloir théoriser un phénomène social sans faire appel à la démarche comparative. Si la réduction du terrain de recherche limite les conséquences de la serendipity (« influence de données inattendues, aberrantes et capitales sur l’élaboration d’une théorie »), elle provoque du même coup l’affaiblissement de la théorisation. Tôt ou tard. Sur cette considération méthodologique et pour comprendre les notions de serendipity et de refonte d’une théorie, cf. Merton Robert King, déjà cité, p. 41-55.
35 Un procédé qualifié d’abusif par Bromberger C. Cf. « De quoi parlent les sports ? », déjà cité, p. 8.
36 C’est-à-dire ne reposant que modérément sur le retour sur soi, sur le retour sur l’activité de recherche. Finissant par faire croire au chercheur que son rapport à l’objet étudié correspond à celui de l’acteur dont il cherche à expliquer le comportement, ce type de travers risquerait d’affaiblir la qualité de son travail. Sur ce point, cf. Bourdieu Pierre, « Sur l’objectivation participante », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 23, septembre 1978.
37 Pour citer la plus référencée d’entres elles, cf. Bodis Jean-Pierre, Histoire mondiale du rugby, Toulouse, Privat, 1987.
38 L’ensemble regroupe 19 catégories d’âge, des vétérans aux débutants. Au total, la Ligue de football du Nord – Pas-de-Calais compte 155000 licenciés environ (134000 pratiquants, 18900 dirigeants, 1930 arbitres et 273 techniciens). Cf. Maison des Sports du Pas-de-Calais, comptage arrêté au 30 avril 2000.
39 Cf. La France et ses régions, Paris, INSEE, 1997, p. 20, p. 68 et p. 72.
40 Si le faible volume de licenciés illustre la confidentialité du rugby dans le Nord – Pas-de-Calais, je reste persuadé qu’il peut accentuer le peu d’intérêt des nordistes pour l’ovale. C’est surtout vrai si l’on considère qu’un nombre élevé de licences suppose un nombre conséquent de clubs, lesquels jouent un rôle important dans les processus d’initiation et de continuation de la pratique rugbystique. Dans les cas contraires, ces processus ne peuvent être actifs.
41 Sur cet aspect, cf. Élias Norbert, Dunning Éric (1986), Sport et civilisation. La violence maîtrisée, Paris, Fayard, coll. Agora, 1994, spécialement les parties consacrées à la « quête du plaisir dans les loisirs » et au « spectre du temps libre », p. 83-170.
42 Elles se limitent à plusieurs entretiens informels effectués auprès d’un ancien dirigeants du « rugby de série » ainsi qu’à quelques questionnaires. Si chaque président de club a effectivement reçu un questionnaire d’identification et de renseignements, seuls quatre personnes ont bien voulu renvoyer les données. S’il est vrai que le monde des sports est traditionnellement peu amène à l’égard de l’investigation sociologique, les résultats de cette première consultation nous rappellent que Georges Magnane n’est pas si loin. C’était il y a plus de trente ans. Sur les difficultés qu’éprouve le sociologue pour récolter des informations produites par les acteurs du système des sports, cf. Irlinger Paul, « Évolution des rapports entre l’institution sportive et la recherche en sociologie du sport », in Sport, relations sociales et actions collectives, Talence, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 1995, p. 61-66.
43 C’est-à-dire les éléments les plus simples qui donnent une légitimité à la culture rugbystique : nombre de clubs, superficie du comité auquel ils appartiennent, nombre de communes et de départements situés dans l’aire géographique couverte par le comité. Ils sont appelés « attributs organisationnels basiques » en raison du postulat suivant : plus les rapports nombre de clubs de rugby d’un comité x/superficie couverte par le comité x et nombre de clubs de rugby du comité x/nombre de communes situées dans l’aire géographique couverte par le comité x sont élevés, moins l’accès à la pratique de compétition est contraignant.
44 La recherche des éléments favorisant la création d’un groupement humain formalisé a donné lieu à de très nombreuses publications. Pour mieux comprendre les déterminants de « l’agir collectif » (je préfère ne pas rentrer dans le détail de l’agir sociétaire et/ou communautaire...), cf. Laville Jean-Louis, Sainsaulieu Renaud, Sociologie de l’association. Des organisations à l’épreuve du changement social, Paris, Desclée de Brouwer, coll. Sociologie économique, 1997.
45 L’Oise, la Somme et les Ardennes « apportent » 15 des cinquante clubs environ du comité.
46 Il faut ajouter que celle-ci est délibérément assumée par des pratiquants au recrutement social fermé, cf. Bodis Jean-Pierre, déjà cité, p. 151.
47 Cf. Bourdieu Pierre (1979), La distinction, Paris, Les éditions de Minuit, 1996, p. 230-248.
48 Pour l’aborder, cf. Laurent Alain, L’individualisme méthodologique, Paris, PUF, coll. Que sais-je ?, 1994.
49 Voilà un phénomène qui explique en partie la création d’un club de rugby dans le Nord – Pas-de-Calais. À Duisans en effet, l’ovale doit sa présence à l’initiative d’acteurs qui ont su profité de la disparition du club de football local mais aussi de la proximité du plus grand club régional : le RC Arras.
50 Sur la relation entre la poursuite d’une activité sportive codifiée et l’âge du licencié, cf. Bourdieu Pierre, La distinction, p. 235, note 30.
51 En effet, rares sont les villages (agglomérations de moins de 2000 habitants) capables de soutenir un club de football et un club de basket-ball par exemple. Si une nouvelle équipe municipale peut décider d’aider à la création d’une formation de tennis de table voire d’un « club de gym », sa politique sportive se centrera le plus souvent sur le maintien des structures en place : le premier arrivé est donc souvent le seul servi.
52 Ce qui complique évidemment la tâche des passionnés de rugby : dispersion des énergies des dirigeants pour asseoir la structure à laquelle ils appartiennent, faible valorisation des joueurs dans les réseaux sociaux locaux et donc affaiblissement du processus de continuation de la pratique individuelle.... Sur « le combat permanent » mené par les acteurs du rugby là où ce sport est modestement implanté et fortement concurrencé par une autre discipline, cf. Darbon Sébastien, Du rugby dans une ville de foot, déjà cité, notamment p. 165-167.
53 On peut prendre l’exemple du club de rugby de Massy et de ses 400 licenciés en majorité encadrés par des « gens du sud ». Cf. Baudet Marie-Béatrice, « Massy : le ballon contre l’exclusion », in Rugby d’ici. Une manière d’être au monde, déjà cité, p. 166-170.
54 Cf. Bowd Gavin, « Le mystère des Borders écossais », Autrement, n° 183, p. 188- 189.
55 Surtout si l’évolution actuelle du solde migratoire des 20-29 ans du Nord – Pas-de-Calais correspond à ce qu’en disait le recensement de 1990 (-8points). Cf. La France et ses régions, déjà cité, p. 123.
Auteur
Est docteur de Lille 1 (CLERSé) et maître de conférences de sociologie à l’université d’Artois. Après avoir collaboré à l’ouvrage Le peuple des tribunes, il a dirigé avec Didier Demazière Un monde foot, foot, foot ! (Panoramiques, 61) et a récemment publié ses enquêtes consacrées au supporterisme (La popularité du football). Il « travaille » à présent le football du dimanche.
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