Vers une éducation physique scolaire « de l’Atlantique à l’Oural »...? À propos de la nouvelle question du programme du CAPEPS externe
p. 183-200
Texte intégral
1L’introduction de la dimension européenne dans le programme de la première épreuve écrite d’admissibilité du CAPEPS aura suscité quelque émoi et interrogations dans le Landerneau de l’EPS, au moment de sa parution1. Pourtant, ce libellé supplémentaire (« l’éducation physique et sportive en Europe aujourd’hui : organisations et objectifs ») ne relève en rien d’une quelconque « expérimentation hasardeuse ». Énième mouture d’un programme dont l’histoire est désormais bien connue2, cet ajout est moins la conséquence de « bricolages et de jeux d’acteurs » caractéristiques des processus de construction institutionnelle de l’EPS3, que le résultat de la résurgence du thème de l’identité de la discipline4. Nul besoin ici de rappeler les étapes de ce « combat permanent » qui aura permis à l’EPS de gagner ses galons de discipline ou matière d’enseignement5. Si l’identité scolaire de l’éducation physique et sportive paraît ne plus devoir être discutée6 (ce qui n’exclut en rien une fragilisation de sa position au sein de l’École), les candidats au concours sont désormais invités à en examiner les spécificités, via l’étude des situations de « l’éducation corporelle scolaire » dans les États de l’Union Européenne. Ironie du sort, c’est précisément au moment où les électeurs français tournent le dos à une certaine vision de l’Europe que l’éducation physique et sportive succombe à ses charmes supposés7...
2Pour autant, ce changement de prisme répond à des considérations plus structurelles. Si l’on doit pour partie l’imputer à l’entregent de Gilles Klein8 (par ailleurs auteur des rares ouvrages disponibles sur la question9), on peut aussi voir dans cette formulation une possible réactivation de l’étude des relations entre une « éducation physique à la française » et d’autres modèles étrangers, plus ou moins proches géographiquement. Chacun sait comment l’éducation physique en France fut, dès le XIXe, façonnée par les influences étrangères pour aboutir à cette gymnastique « franceétrangère » pratiquée dans les sociétés civiles du département du Nord10. De même, dans l’entre-deux-guerres, la construction d’une identité « nationale » pour l’éducation physique s’opère par l’appropriation sélective de conceptions nées « hors frontières », à partir de déterminants politiques ou idéologiques11. Ces « bons vents qui viennent de l’étranger » ne constituent pas, loin s’en faut, une nouveauté pour l’éducation physique scolaire en France. D’ailleurs, l’une des premières réformes du certificat d’aptitude au professorat d’EPS (arrêté du 28 mars 1945) introduisait dans la deuxième partie du concours un programme portant sur « l’histoire générale de l’éducation physique et la critique des méthodes » faisant précisément référence aux modèles étrangers12.
3Par-delà ces contingences, on doit surtout voir ici l’une des conséquences d’un processus plus général visant à transformer les finalités et l’organisation de « l’Éducation nationale », par la prise en compte d’injonctions émanant d’instances internationales. Longtemps préservé, notre « modèle français » est désormais soumis aux ukases de l’Union Européenne, par le jeu de directives émanant de divers organismes13. Amorcée en 1994 par les accords de Marrakech mettant fin au cycle de l’Uruguay Round (1986-1993)14, la libéralisation progressive des services et son extension à des secteurs tels la santé, la culture et l’éducation vise l’édification d’un « espace éducatif européen » à l’horizon 2010. Depuis une vingtaine d’années, expertises, conférences et décisions des ministres de l’Éducation des pays membres de l’UE imposent un modèle « libéral » qui en France, pourrait bien se traduire à terme par « la fin de l’Éducation nationale »15 : rapprochement entre les établissements scolaires et les entreprises, subordination de l’offre de formation aux besoins de l’économie locale, enseignement à distance, apprentissage tout au long de la vie, développement des compétences au détriment des savoirs16... sont autant d’orientations fixées au gré des sommets européens17. On peut dès lors légitimement s’interroger sur l’espérance de vie d’un système éducatif tel que le nôtre, dans la mesure où la notion même de service public d’éducation paraît obsolète à l’échelle européenne. Toute la difficulté consiste aujourd’hui à éviter que le « modèle français » ne devienne une exception. Récemment mises en exergue par l’inspection générale, les spécificités du système éducatif français sont-elles condamnées à se diluer dans un espace éducatif européen18 ?
Une formulation volontairement ambiguë ?
4Si l’on doit être sensible aux tréfonds idéologiques de ce changement de prisme, il convient d’être tout autant attentif à sa formulation. Rappelons ici les interrogations exprimées par certains acteurs de l’EPS19 au moment de la parution de ce que l’on ne peut réduire à une simple « variation programmatique ». Au-delà d’un libellé déjà conséquent qui stratifie déjà un certain nombre d’indicateurs, force est de reconnaître que « l’éducation physique et sportive en Europe aujourd’hui : organisations et objectifs » invite à la perplexité. Premier écueil, celui de la délimitation géographique du sujet... En l’espèce, les auteurs du libellé ont fait preuve de prudence, face à cette Europe « uniformément changeante » dont les frontières extérieures ne cessent de se déplacer20. Faut-il la considérer dans son acception traditionnelle (« de l’Atlantique à l’Oural »), alors qu’elle s’étend désormais de la Mer de Norvège à Gibraltar, des îles Féroé à la Mer Egée ? Doit-on comprendre qu’il est ici question de l’Union Européenne, forte de 27 pays membres et plus de 492 millions d’habitants en 20 0721 ? En l’absence de recommandations officielles, les ouvrages disponibles sur la question présentent un kaléidoscope d’États sur lequel les candidats au concours pourront éventuellement s’appuyer. De manière pragmatique, il convient dès lors de privilégier une approche centrifuge du sujet, en se consacrant à l’étude des pays limitrophes de l’hexagone : Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni, Belgique et Pays-Bas peuvent ainsi constituer un premier cercle de réflexion, avant de déplacer l’analyse vers ce nouveau « centre de gravité » de l’Europe que sont les États d’Europe centrale et orientale22.
5Cette extension géographique réduit d’autant la dimension historique d’un programme qui, au fil des années, a vu ses bornes chronologiques se réduire comme peau de chagrin. Proposer une réflexion sur les pratiques physiques dans l’Union Européenne d’aujourd’hui accentue sans nul doute cette dérive présentocentriste récemment dénoncée par Jacques Gleyse23. Non que le temps contemporain présente pour les historiens une quelconque difficulté méthodologique24. Mais ce risque de confinement à une histoire immédiate de la discipline par le truchement du prisme européen met en péril l’esprit et la nature mêmes d’un programme destiné à doter les futurs enseignants d’EPS d’une connaissance fine de l’histoire de leur discipline. En faisant du « présentisme » le nouveau régime d’historicité de l’écrit 1 du CAPEPS25, les auteurs de ce nouveau libellé rebattent les cartes d’exigences méthodologiques jusque-là fondées sur la mise en perspective historique des problématiques liées aux sujets. Ce « présent omniprésent »26, s’il devient la norme, aboutira de facto à une simple restitution formelle de connaissances, confortée par une bibliographie quelque peu figée (au sens où elle s’appuie essentiellement sur des données institutionnelles)27.
6Un mot enfin sur le terme générique employé pour qualifier les pratiques physiques scolaires en Europe. Sans doute a-t-il été utilisé par commodité pour désigner autant de réalités différentes que l’Union Européenne compte d’États. Faut-il là encore comprendre qu’il s’agit exclusivement des pratiques d’éducation physique (et/ou) sportive au sein des systèmes scolaires afférents, ou doit-on également considérer ces mêmes activités, utilisées comme support éducatif au sein de mouvements associatifs péri ou extrascolaires ? L’absence de toute indication invite donc à la prudence : si le terme EPS désigne en France « un ensemble d’enseignements d’activités physiques sportives et artistiques qui visent la transmission d’une culture et le développement de conduites motrices que les valeurs admises conduisent à considérer comme souhaitables et susceptibles de procurer le bien-être28 », il en va tout autrement ailleurs où chaque « éducation physique » recouvre, compte tenu de son histoire, une réalité propre. Méconnaître cette évidence conduira, sinon à des anachronismes, au moins à des « usurpations identitaires » ayant pour effet d’attribuer à l’éducation physique suédoise des traits qui ne sont pas les siens : « éducation à la santé » au sens littéral, cette discipline scolaire prend en charge la prévention contre les conduites addictives (alcool, tabac, drogues) ou les questions de nutrition. De même, dans les années soixante-dix, l’opposition idéologique entre RFA et RDA avait conduit chacun des deux États à privilégier des conceptions sportives de l’éducation physique, mais selon des modes d’organisation très différents. La réunification se traduisant par l’adoption d’un modèle unique, largement calqué sur le modèle ouest-allemand29. On l’aura compris, une connaissance préalable des identités et statuts des disciplines enseignées dans chacun des États membres représente un premier pré-requis.
L’éducation physique et le sport : une préoccupation internationale ?
7L’intérêt que les organismes internationaux prêtent à l’éducation physique et au(x) sport(s) tient à la place qu’ils prennent dans les pratiques culturelles de masse des pays développés, à l’orée des années soixante30. Pour la France, on sait combien la République gaullienne, par un « volontarisme étatique mesuré31 », a transformé le sport en une pratique pédagogique de masse. Véritables « faits de civilisation », les activités physiques se démocratisent et se diversifient sur un terreau de valeurs héritées du XIXe siècle : instrument de socialisation, lieu d’apprentissage de valeurs, dépositaire d’une éthique spécifique, le sport devient l’instrument privilégié de démocraties presque toutes confrontées à une « montée de la sève juvénile32 ». Face à cette jeunesse qu’il convient de former, d’encadrer et de divertir33, le sport doit naturellement trouver sa place au sein des institutions d’éducation. Il n’est donc guère surprenant que des instances internationales s’y intéressent. Et l’Organisation des Nations Unies d’ouvrir la voie : en 1952, le directeur général de l’UNESC034 ouvre une série de négociations avec les pays membres sur « les propositions précises d’action à entreprendre [...] pour contribuer au développement et à la promotion des sports athlétiques à des fins éducatives ». Dès l’année suivante, plusieurs projets sont envisagés : études comparatives sur la place qu’occupe le sport dans l’éducation, organisation d’une conférence internationale sur ce thème, impact des spectacles sportifs sur la compréhension mutuelle entre les peuples, liens à tisser avec le CIO, etc. Malgré la résistance de quelques États35, un premier texte de synthèse (« programmes officiels d’éducation physique au niveau primaire et secondaire ») publié en 1959, fait suite à la diffusion d’un rapport par l’institut de médecine du travail d’Helsinki (« le sport dans le contexte culturel mondial »), datant de 1956. C’est d’ailleurs à l’occasion des Jeux de Melbourne qu’un groupe d’experts emmené par William Jones, directeur de l’institut de la jeunesse de l’UNESCO, envisage de créer un organisme international en charge de ces questions. Passant outre les réticences du CIO, le Conseil International pour [’Éducation Physique et le Sport (CIEPS) est présenté dès 1959 à Helsinki, lors d’une conférence de l’UNESCO sur le thème « sport, travail et culture ». Reconnu « organe consultatif » de l’UNESCO, Il est officiellement installé dans les bureaux de la FAO à Rome en 1960 et publie un premier « Manifeste sur le sport » à l’occasion des Jeux de Tokyo en 1964. Ce texte empruntera largement aux travaux du Haut-Comité des sports, installé le 24 juillet 1961 par le général de Gaulle. « Destinée à aider le ministre de l’Éducation nationale à élaborer une politique sportive36 », cette commission de 45 membres présidée par Jean Borotra publie en mai 1965 l’Essai de doctrine du sport. Invoquant les mânes de Pierre de Coubertin, ces deux textes plaident en faveur d’un sport pour tous, « forcément » humaniste et éducatif :
L’esprit sportif s’identifie au fair-play, c’est-à-dire au respect total de la règle écrite et non-écrite. Il exige à l’égard de l’adversaire une attitude généreuse dans la lutte et à l’égard de l’arbitre une discipline absolue. Il suppose la sérénité dans la victoire comme dans la défaite. Il est la charte fondamentale du sport37.
8Déclarées intangibles, ces valeurs serviront de socle à la Charte internationale de l’éducation physique et du sport. Adoptée le 21 novembre 1978, rédigée sur le modèle de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme, elle fixe un certain nombre d’orientations de portée très générale : droit au sport et à l’éducation physique pour chacun, nécessaire ancrage de ces pratiques dans les systèmes éducatifs des États membres, réaffirmation des fondements humanistes du sport et de ses bienfaits...
Considérer l’EP et le sport à la fois comme un aspect essentiel du droit à l’éducation, une dimension de la culture constitutive de l’humanisme moderne et un élément fondamental de la formation harmonieuse de l’homme [...] Tout système global d’éducation doit réserver à l’éducation physique et au sport la place et l’importance nécessaires pour établir l’équilibre et renforcer les liens entre les activités physiques et les autres éléments de l’éducation [...] Chacun doit pouvoir améliorer sa condition physique et parvenir au niveau de performance sportive correspondant à ses dons.
Article 1 : Tout être humain a le droit fondamental d’accéder à l’éducation physique et au sport, qui sont indispensables à l’épanouissement de la personnalité. Le droit de développer des aptitudes physiques, morales et intellectuelles par l’EP et le sport doit être garanti tant dans le cadre du système éducatif que dans les autres aspects de la vie sociale.
Article 2 : l’éducation physique et le sport contribuent à la préservation et à l’amélioration de la santé, permettant à l’individu de mieux résister aux inconvénients de la vie moderne [...] L’éducation physique et le sport, dimensions essentielles de l’éducation et de la culture, doivent développer les aptitudes, la volonté et la maîtrise de soi de tout être humain et favoriser sa pleine intégration dans la société. La continuité de l’activité physique et de la pratique du sport doit être assurée durant toute la vie, au moyen d’une éducation globale, permanente et démocratisée.
Article 6 : la recherche et l’évaluation en matière d’EP et de sport devraient favoriser les progrès du sport sous toutes ses formes et contribuer à améliorer la santé et la sécurité des pratiquants ainsi que des méthodes d’entraînement et les techniques d’organisation et de gestion. Ce système d’éducation bénéficiera ainsi des innovations propres à améliorer les méthodes pédagogiques aussi bien que le niveau des performance38.
9Deux années plus tôt, la création du MINEPS (organisme réunissant ministres et hauts fonctionnaires en charge du sport et de l’éducation physique dans les États membres) confirmait l’intérêt des Nations Unies pour les pratiques physiques et leur organisation. Il s’agissait alors « d’élaborer à l’échelle internationale une stratégie de développement de l’éducation physique et du sport, considérés à la fois comme un aspect essentiel du droit à l’éducation, une dimension de la culture constitutive de l’humanisme moderne et un élément fondamental de la formation harmonieuse de l’homme39 ». Cette déclaration d’intentions intervient précisément au moment où, en France, la position scolaire de l’EPS est pour le moins fragilisée40. De plus, l’émergence de postures critiques vis-à-vis du phénomène sportif41 bouscule quelque peu « l’idéologie sportive » monochrome relayée par les fédérations nationales et internationales. Faisant fi de ces propositions alternatives, le MINEPS se fait donc l’écho du discours dominant42. Comme en pareil cas, il s’agira moins pour cette instance et celles qui suivront de peser sur les politiques menées par les états que de réaffirmer avec une belle constance des principes généraux : ainsi, en novembre 1988 à Moscou, MINEPS 2 confirme les orientations définies en 1976. Comme le notent les experts de l’UNESCO, si les débats ont pu « refléter l’importance des enjeux et des défis que suscite le développement du sport au plan national comme au plan international, les circonstances et parfois l’inertie faute de moyens concrets, ont empêché de mener à bien nombre de généreuses intentions43 ». Manière pudique de reconnaître douze années d’immobilisme, imputables autant à la nature même du MINEPS (qui n’est finalement qu’un organisme consultatif) qu’à l’extrême diversité des situations d’enseignement et d’organisation de l’éducation physique et du sport dans les pays membres. Si ces instances visent à moyen terme l’harmonisation des programmes en Europe ou dans le monde, celle-ci ne pourra se faire sans conditions. Comme le souligne Thierry Terret44, l’enjeu n’est pas celui d’une unification des problématiques de l’éducation physique en Europe, mais plutôt celui d’une recherche de convergences par-delà les difficultés institutionnelles, administratives et juridiques. Elle supposera néanmoins la prise en compte des contraintes locales, des mutations permanentes du système des sports, sur fond d’un paysage éducatif européen profondément transformé45. En réaffirmant que « la pratique régulière d’activités physiques et sportives et d’expression corporelle permet d’acquérir des méthodes et des habitudes d’apprentissage qui favorisent la réussite scolaire et demeurent utilisables pendant toute la durée de la vie », le MINEPS ne dit pas autre chose que ce que les acteurs d’une « EPS à la française » ne cesseront d’affirmer en France, après son retour en « terre promise »46. Si l’utilité sociale de l’EPS est la garantie de son positionnement scolaire (proposition par ailleurs réversible), l’horizon européen doit être prétexte à une nécessaire clarification des finalités et conceptions de la discipline, que Claude Pineau appelait de ses vœux dès 198847. Confrontée à d’autres modèles, l’EPS devra ainsi gagner en lisibilité et achever (enfin) son aggiomamento scolaire48. À ce propos, Jean Saint-Martin a bien démontré comment ce changement d’échelle, imposé par le calendrier politique49, aura finalement été exploité à des fins tactiques par les acteurs institutionnels et syndicaux de l’EPS : il aboutira à la publication de programmes et de modalités d’évaluation disciplinaires plus en accord avec l’esprit des textes internationaux50.
10Organisée à Punta Del Este en novembre 1999, MINEPS 3 reprend l’antienne de 1978 : promouvoir une éducation physique et un sport universels, contribuant à l’émancipation et à la réalisation personnelle des hommes et des femmes, à l’aube du IIIe millénaire51. Ce que confirme la table ronde des Ministres de l’Éducation physique et du Sport organisée en janvier 2003 dans le prolongement de MINEPS 352, qui souligne pour sa part « l’importance de l’éducation physique et du sport dans le processus d’éducation permanente et dans la formation de l’individu [...], activités qui ne sont pas une fin en soi mais un moyen d’épanouissement, un instrument d’éducation et d’émancipation et une méthode de socialisation et d’intégration ». Prenant sans doute la mesure du caractère velléitaire des conférences précédentes, MINEPS 4 voudra faire preuve en 2004 de davantage de pragmatisme : en s’engageant à « mettre en œuvre des politiques cohérentes et prendre des mesure concrètes pour le développement de l’éducation physique et du sport », les 270 représentants de 89 pays adoptent la « déclaration d’Athènes », dont le sous-titre (« bâtir une société saine sur l’esprit sportif ») et l’analyse des contenus traduisent cependant un certain immobilisme :
Constatant que, alors que l’impact du sport n’a jamais été aussi important dans la société, les jeunes ont tendance à déconsidérer les valeurs qu’il véhicule, et qu’il est donc urgent d’agir afin que le public soit sensibilisé aux efforts pour rendre le sport plus honnête et proche des idéaux d’origine,
Réaffirmons notre conviction que le sport et l’éducation physique jouent un rôle primordial dans la société en contribuant à la cohésion nationale, en transcendant les préjugés et en exerçant une influence positive sur l’opinion publique par le partage des valeurs éthiques et universelles qu’ils véhiculent,
Rappelons que l’essor de l’éducation physique et du sport constitue l’un des moyens les plus efficaces d’améliorer notamment la santé, l’hygiène, la prévention du VIH/SIDA, le bien-être général des populations et notamment des jeunes. Les activités physiques sont également un instrument indispensable dans la lutte contre les inégalités et les fléaux sociaux, tels que l’utilisation de drogues, qui affectent à des degrés divers l’ensemble des sociétés modernes,
Condamnons fermement le dopage, la violence et les manifestations d’intolérance de la part de sportifs et de supporteurs et réaffirmons notre engagement face aux phénomènes qui altèrent les idéaux olympiques et les valeurs éducatives du sport,
Nous les ministres, sommes déterminés et nous engageons sans délai au sein de nos gouvernements à :
– mettre en œuvre des politiques cohérentes et prendre des mesures concrètes pour le développement de l’éducation physique et du sport conformément aux dispositions de l’Acte constitutif de l’UNESCO, aux principes de la Charte internationale de l’éducation physique et du sport et aux idéaux olympiques [...]
– mobiliser les moyens et les ressources pour assurer la promotion effective de l’éducation physique et du sport en favorisant les initiatives de participation active aux niveaux local, régional et international dans un esprit de solidarité avec les pays en développement,
– soutenir l’extension et la promotion de la pratique des activités physiques et sportives des jeunes filles et des femmes et développer les coopérations multilatérales dans le but de promouvoir les projets « femmes et sport » et de renforcer ainsi la démocratie dans la société, en conformité avec la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes [...]
– développer des liens de coopération et de collaboration entre les activités physiques et le sport et les autres secteurs tels que la santé, l’environnement, la culture, le patrimoine et l’éducation afin de favoriser des initiatives communes et d’influencer les projets réglementaires et législatifs ;
Recommandons à toutes les instances gouvernementales, intergouvemementales, non gouvernementales, nationales, régionales et internationales de :
– prendre des mesures d’urgence pour promouvoir le renforcement de l’enseignement de l’éducation physique et du sport afin d’exercer un meilleur impact sur le développement des hommes et des femmes de tous les pays ;
– créer les conditions nécessaires à la promotion de l’accès à l’éducation physique et au sport dans le monde entier. Cet accès, qui contribue au droit de tout être humain à l’éducation, commence à l’école. Il convient par conséquent de réserver à l’éducation physique et au sport une part significative des horaires et du programme scolaires et de mettre à leur disposition un personnel qualifié [...]
– faire de l’éducation physique et du sport un élément essentiel de la santé [...]
– encourager au niveau national la coopération effective entre les autorités chargées de l’éducation et les autorités chargées du sport, en particulier dans les domaines de la formation des enseignants et de l’élaboration des programmes scolaires53.
11Point d’orgue de ces déclarations, l’affichage symbolique par l’UNESCO d’une année 2005 déclarée « année internationale du sport et de l’éducation physique », afin de « rendre plus sensible la nécessité d’améliorer le rôle, la place et le statut de l’EPS au sein des systèmes éducatifs et à apporter une contribution capitale à l’amélioration de la qualité de l’éducation54 ».
12Du côté des instances européennes, la litanie de textes et de rapports publiés sur le sport et l’éducation physique est paradoxalement le signe d’une « politique par défaut55 ». Situation d’autant plus étrange que le sport représente un facteur d’accélération de la mondialisation, de polarisation spatiale et d’aménagement des territoires, de construction des identités, tous niveaux d’échelles confondus56. Faisant l’impasse sur ces considérations, les fonctions économiques et sociales des pratiques sportives seront privilégiées dans les années soixante-dix par la CEE, avant qu’un premier texte, en 1988, n’invite la Commission européenne à adopter une politique sportive cohérente et coordonnée. Dans le domaine de l’éducation, le Comité Européen d’Éducation Physique (CEEP)57 s’efforce de fixer les contours d’une « euro éducation physique » à partir d’une approche comparée. Initialement définie comme « une matière scolaire au sein du curriculum, qui s’appuie sur le mouvement, l’activité physique, le sport, la danse58 », sa dimension éducative et sa spécificité sont d’emblée affirmées :
L’éducation physique constitue un élément essentiel du développement harmonieux, complet et équilibré des individus tout au long de leur vie. Dans les écoles, elle contribue à une éducation complète et équilibrée de l’enfance et de la jeunesse, aidant à vivre pleinement grâce à une participation à une activité physique réfléchie. Au sein du curriculum scolaire, l’éducation physique a un rôle particulier à jouer dans les domaines de l’éducation cognitive, psychomotrice, socio-affective, esthétique et morale et contribue de façon significative à enrichir la qualité de la vie. Avec les bases données durant l’enseignement primaire, développées, approfondies et renforcées durant l’enseignement secondaire, sa mise en œuvre favorise l’occupation du temps libre.
De façon spécifique, l’éducation physique vise au développement :
– du bien-être, de la bonne santé, de la forme physique
– de la croissance physique optimale
– de la compétence physique et de la performance
– d’une conception positive du corps allant de l’estime de soi à l’entretien de soi
– de l’éducation morale incluant des attitudes et des valeurs, ainsi qu’une sensibilité aux autres et à l’environnement
– des relations avec autrui
– de l’accès au plaisir et à la compréhension des bénéfices d’une participation à une activité physique régulière tout au long de la vie, à l’aide d’un ensemble d’expériences
– d’une appréciation de la performance, habile, créative et expressive dans les activités physiques et sportives
– d’un rapport à l’environnement et à la sécurité
– de la reconnaissance des valeurs véhiculées par les activités physiques et sportives traditionnelles et culturelles59.
131997 semble marquer une réelle prise de conscience de l’importance des pratiques corporelles au sein de l’Union : un rapport du Comité parlementaire pour la culture, la jeunesse et l’éducation reconnaît en son article 128 leurs fonctions sociales et culturelles et la conférence gouvernementale d’Amsterdam soulignera les vertus « fraternelles » du phénomène sportif. L’année suivante, l’éducation par le sport fera partie des priorités de la Commission européenne60 et en 1999, le Conseil européen d’Helsinki jette enfin les bases d’un « modèle européen de sport », suite aux préconisations de Viviane Reding, commissaire en charge de l’éducation. Pour autant, l’absence de volonté politique réduit considérablement la portée de ces orientations, confinant la politique sportive de l’Union au registre des bonnes intentions. Il en est de même dans le domaine de l’éducation physique scolaire : une réunion informelle des Ministres des Sports à Varsovie (2002) recommande d’en « améliorer l’accès », comme le fera l’année suivante le Conseil des Ministres du 30 avril61. Proclamée « année européenne de l’éducation par le sport », l’année 2004 voit la réitération des objectifs précités, au moment où en France, la discipline EPS connaît une « lente décrépitude62 » :
– promouvoir l’utilisation du sport comme outil d’éducation formelle et non formelle, et en tant que facteur d’intégration sociale,
– favoriser la coopération entre les institutions éducatives et les organisations sportives pour développer l’éducation par le sport,
– mettre à profit les valeurs véhiculées par le sport, le travail en équipe, la solidarité, la tolérance et le fair-play, le développement des capacités physiques et de l’effort63.
14Au final, il n’est donc guère surprenant que les dispositions relatives au sport et à l’éducation physique s’inscrivent « en creux » dans le projet de traité constitutionnel, résultat des travaux de la convention présidée par Valéry Giscard d’Estaing. Adopté le 30 octobre 2004 par les 25 États membres, ratifié ensuite par les Parlements ou la procédure référendaire, ce texte confirme leur confidentialité, au même titre d’ailleurs que les questions relatives à l’éducation et à la jeunesse, exclues des compétences exclusives de l’Union64. Le sport trouve sa place dans un domaine où « des actions de coopération, d’appui ou de complément » peuvent être initiées, tandis que le droit à l’éducation (et a fortiori aux disciplines scolaires qui y contribuent) est garanti dans la charte des droits fondamentaux : « toute personne a droit à l’éducation, ainsi qu’à l’accès à la formation professionnelle et continue » (Partie II, article 2.74)65. Il faut chercher dans le détail des « compétences spécifiques » pour trouver une référence explicite aux sports, qui semble d’ailleurs, par son intitulé, exclure les pratiques scolaires : « [...] Développer la dimension européenne du sport, en promouvant l’équité et l’ouverture dans les compétitions sportives et la coopération entre les organismes responsables du sport, ainsi qu’en protégeant l’intégrité physique et morale des sportifs, notamment des jeunes sportifs66 ». Étrange sabir communautaire qui prend le soin de ne jamais associer les termes « sport », « éducation physique » et « éducation » au moment où les instances européennes ne cessent d’en proclamer l’impérieuse nécessité...
Conclusion
15Ainsi ne faut-il pas voir dans ce nouvel intitulé un quelconque caprice des princes gouvernant la discipline EPS. En auraient-ils d’ailleurs le pouvoir ? Ce changement de prisme traduit des enjeux bien plus conséquents, au-delà de la volonté affichée de mieux connaître la manière dont les pratiques physiques scolaires se distribuent au sein de l’Union. Il révèle non seulement l’inexorable inclinaison des systèmes éducatifs européens vers un modèle libéral, mais réactive également, via les recommandations des instances évoquées plus haut, une idéologie sportive héritée des années soixante et adaptée, bon gré mal gré, aux contingences du temps contemporain. Soulignés par Gilles Klein, ces « points de convergence » tendraient à imposer une « éducation physique européenne » dont l’universalité reposerait alors sur des fondements humanistes empruntés au sport. À condition toutefois de relever trois types de défis, quitte d’ailleurs à ce qu’éducation physique et sport soient confondus : « que leur qualité en fasse un élément indispensable des curricula scolaires et du processus de l’éducation permanente67 », qu’un « socle commun » de connaissances scientifiques contribue à la redéfinition des savoirs enseignés68, qu’un travail de lobbying efficace « contribue au développement et au maintien d’une qualité élevée des programmes d’éducation physique, pour que les enfants soient en mesure de participer à toutes les formes d’éducation physique et puissent le faire en toute sécurité69 ». Vaste programme... Qui suppose que cette « euro-éducation physique » puisse se déterminer à partir d’un nombre limité d’invariants, communs aux États membres : des visées éducatives certaines, un type de motricité spécifique, une contribution à l’entretien et à l’amélioration de la santé, un spectre de pratiques sportives stabilisées... Si l’on peut, comme Gille Klein, plaider en faveur de ce « patrimoine commun », les expériences du passé en matière de construction européenne et la place actuellement accordée aux questions d’éducation montrent qu’en ce domaine, la « stratégie des petits pas » chère à Jean Monnet70 est plus que jamais de mise. Et ce d’autant plus que l’Union Européenne présente d’ores et déjà une diversité de « modèles d’éducation par le sport », associant institutions scolaires, associations sportives, mouvements de jeunesse, organismes privés ou publics : alors qu’en France éducation sportive et éducation scolaire sont enfin distinctes, le Royaume-Uni opte au contraire pour la recherche de convergences entre ces deux systèmes de formation71... Ramenées plus prosaïquement aux réalités du concours, ces considérations obligeront les candidats à maîtriser les contours des systèmes éducatifs des États membres, à positionner la place de l’éducation physique et du sport au sein des curricula respectifs, à en maîtriser les finalités et les organisations formelles, pour se livrer ensuite aux joies de l’analyse comparée... Face à l’immensité de la tâche qui les attend, on peut comprendre qu’ils soient moins enthousiastes que les concepteurs d’un programme ayant semble-t-il sous-estimé les conséquences d’un tel changement.
Notes de bas de page
1 « L’éducation physique dans le second degré et le système éducatif, en France, de 1945 à nos jours : son organisation ; ses finalités et ses objectifs et les enjeux éducatifs ; les conceptions et les pratiques pédagogiques ; son identité. L’éducation physique et sportive en Europe aujourd’hui : organisations et objectifs. » BOEN spécial n° 5, 19 mai 2005, p. 134.
2 Consulter sur ce point : M. Attali, J. Saint-Martin, S. Villaret, « Autour d’une histoire singulière : la place de l’histoire dans la formation des enseignants d’EPS », dans : M. Attali, J. Saint-Martin, S. Villaret (dir.), CAPEPS et agrégation d’EPS. Annales corrigées et préparation des concours. « L’écrit 1 au miroir de l’histoire », Vuibert, 2006, 261 p.
3 Selon l’expression de G. Fernandez, dans : La Construction d’une éducation physique scolaire (1869/2004), Vigot, 2004.
4 « L’identité n’est jamais acquise, mais construite autour d’un processus complexe, toujours inachevé et reproblématisé par la dialectique de la conformité et de la différenciation », selon Jean-Paul Clément dans : P. Boyer, J.-P. Clément, M. Herr (dir.), L’Identité de l’éducation physique scolaire au XXe. Entre l’École et le sport, AFRAPS, 1993, 387 p. « L’identité de l’EPS est complexe [...] mi-sportive, mi-scolaire, ni complètement sportive, ni complètement scolaire ; elle est à la fois éducative, physique, sportive et scolaire » : Y. Gougeon, « EP, EPS : identité, identification, différenciations », dans : Textes parcourus, préparation écrit 1 CAPEPS, session 2000, SEGES, Université Charles de Gaulle Lille 3, 1999, 134 p.
5 P. Arnaud, Les Savoirs du corps. Education physique et éducation intellectuelle dans le système scolaire français, Presses universitaires de Lyon, 1992, 320 p.
6 Sur ce processus : M. Attali, J. Saint-Martin, L’Éducation physique de 1945 à nos jours. Les étapes d’une démocratisation, Armand Colin, 2004, 327 p.
7 À la question : « approuvez-vous le projet de loi autorisant la ratification du traité établissant une constitution pour l’Europe ? », les Français répondront « non » à 54,68 % des suffrages exprimés, lors du référendum du 29 mai 2005. Les enjeux du débat dans : P. Herter, Référendum sur le traité constitutionnel, Calmann-Lévy, 2005.
8 Ancien enseignant chercheur à l’UFR STAPS de Toulouse, ancien animateur du GTD3, en charge de la rédaction des programmes lycées, Gilles Klein est l’auteur d’une thèse de Doctorat en STAPS soutenue en 1993 à l’Université de Montpellier, ayant pour objet : « la mise en valeur de l’éducation physique et sportive : pour une analyse des paramètres politiques, institutionnels et doctrinaux d’intégration de l’éducation physique et sportive à certains systèmes éducatifs étrangers » (dir. Alain Hébrard).
9 G. Klein, L’Europe et l’éducation physique, Éditions de la Revue EPS, n° 21, 1995,413 p. Une affaire de discipline. L’éducation physique en France et en Europe (1970/2000), éditions de la revue EPS, 2003, 436 p. ; « Développements de l’éducation physique scolaire dans le monde », Revue EPS, n° 311, janvier/février 2003 ; « La qualité de l’éducation physique en Europe : trois défis pour le futur », Revue EPS, n° 307, mai/juin 2004 ; « Europe, formation universitaire et sciences du sport : quelques repères », Revue EPS, n° 313, mai/juin 2005 ; Actualité de l’éducation physique en Europe, tome 1 : Les Années 1990, Éditions de la Revue EPS, n° 65, 2005, 84 p.
10 J. Bréhon, Usages des corps et modèles franceétrangers dans les sociétés de gymnastique du Nord : la toile e(s) t le réseau (1869-1914), thèse de Doctorat STAPS, Université de Montpellier, 2006 (dir. Jacques Gleyse & Olivier Chovaux).
11 On peut sur ces questions, tout particulièrement se reporter aux travaux de J. Saint Martin, L’Éducation physique à l’épreuve de la nation (1918/1939), Vuibert, 2005. Ou encore : T. Terret, J. Saint Martin (Dir.), Le Sport français dans l’entre-deux-guerres : regards croisés sur les influences étrangères, L’Harmattan, 2000.
12 Plus précisément « l’étude critique des méthodes d’EPS au 19e-20e siècle, en France et à l’étranger (Allemagne, Suède, Danemark, Finlande, Tchécoslovaquie, Angleterre) ». Cité par M. Attali, J. Saint-Martin, S. Villaret, op. cit., p. 15.
13 Tout particulièrement l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques). Créé en 1961, cet organisme a élaboré en 1996 six scénarii pour l’éducation. Deux modèles ont été privilégiés par l’UE : « l’École au cœur de la collectivité » et « l’École comme organisation apprenante ciblée » (sic). Consulter : C. Abensour (dir.), De la destruction du savoir en temps de paix. École, Université, Patrimoine, Recherche, Éditions des Mille et une nuits, 2007, 463 p.
14 La conférence de Marrakech peut être considérée comme l’acte de naissance de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce). Les négociations sont alors menées par la Commission européenne au nom des pays membres. Seuls les services « fournis dans l’exercice du pouvoir gouvernemental » (police, armée, justice) échappent pour le moment à la mise en concurrence.
15 Au sens du service public d’éducation et du « modèle républicain ». Consulter : K. Barbereau, « La fin de l’Éducation nationale ? », dans : C. Abensour (dir.), op. cit., p. 23-173.
16 La loi Fillon, qui reprend une partie des propositions de la « commission du grand débat pour l’avenir de l’École » (dite commission Thélot), s’inspire largement des préconisations de l’OCDE. Consulter : C. Laval, L’École n ’est pas une entreprise. Le néolibéralisme à l’assaut de l’enseignement public, La Découverte, 2004, 345 p.
17 Dès novembre 1995, le « livre blanc » sur l’éducation et la formation (présenté par Édith Cresson, alors commissaire européen à l’éducation, la jeunesse et la formation) prônait le rapprochement école/entreprise. En juin 1999, la conférence de Bologne lancera le programme des ECTS pour l’enseignement supérieur. En mai 2000 à Lisbonne, les ministres de l’Éducation approuvent « l’ e-Learning », censé faciliter « l’apprentissage d’une culture numérique et le développement de l’apprentissage tout au long de la vie ». En octobre 2005, le Parlement européen adoptera une résolution faisant de l’éducation « la pierre angulaire du processus de Lisbonne ». Cité par K. Barbereau, ; art. cit.
18 On voudra bien consulter : « Existe-t-il un modèle éducatif français ? », Revue de l’inspection générale, Ministère de l’Éducation nationale, n° 3, septembre 2006.
19 S’adressant à Alain Hébrard, alors inspecteur général, doyen du groupe EPS, et président du jury du CAPEPS externe, le SNEP se fait l’écho des interrogations d’universitaires face à ce nouveau programme. Ainsi Thierry Terret qui, dans un courrier adressé en juillet 2005 à la Direction des Personnels enseignants, s’inquiète de la transformation de la nature et de la fonction de l’épreuve elle-même, par cet ajout. Consulter : Bulletin du SNEP, n° 740, 15 septembre 2005.
20 E. Bamavi (dir.), Les Frontières de l’Europe, De Boeck, 2001, 272 p. ; P. Picouet, J.– P. Renard, Les Frontières mondiales. Origines et dynamiques, Éditions du temps, coll. Une géographie, 2007.
21 Sans compter les pays officiellement candidats (Croatie, Turquie et ancienne République Yougoslave de Macédoine) et ceux potentiellement candidats (Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Albanie, Serbie, Monténégro).
22 Ce que suggèrent d’ailleurs le calendrier et les titres des publications de Gilles Klein. Après un premier tome consacré à l’Europe du Sud, du Centre et de l’Ouest (L’Éducation physique et l’éducation sportive dans l’Union européenne, op. cit.), un second volume traite des États du Nord, de l’Est et de l’Ouest (Écosse, Estonie, Hongrie, Irlande du Nord, Eire, Lettonie, Lituanie, Pays de Galles, Pologne, République tchèque, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie, Suède). On peut toutefois déplorer l’absence d’une véritable analyse comparée dans ces deux ouvrages.
23 J. Gleyse, Un nouveau programme d’écrit 1 pour le CAPEPS, Bulletin de l’AFRAPS, janvier 2002, p. 77-79.
24 Sur ce point, consulter : R. Franck (dir.), Écrire l’histoire du temps présent (en hommage à François Bédarida), Éditions du CNRS, 2004.
25 F. Hartog, Des Régimes d’historicité. Présentisme et expérience du temps, Seuil, coll. Librairie du XXe, 2003, 256 p.
26 F. Hartog, ibid.
27 Sans compter les difficultés à traduire certains concepts. Gilles Klein a bien montré que certaines notions utilisées en France (conduites et habiletés motrices, compétences, etc.) n’ont pas toujours d’équivalent dans une autre langue, ni le même sens.
28 Selon la belle définition proposée par A. Hébrard, dans : Revue EPS, n° 312, mars-avril 2005, p. 10.
29 G. Klein, K. Hardman (dir.), L’Éducation physique et l’éducation sportive dans l’Union européenne, op. cit., p. 37-50.
30 Pour la France : J.-F. Sirinelli, J.-P. Rioux (dir.), La Culture de masse en France de la Belle-Époque à aujourd’hui, Fayard, 2002, 459 p.
31 M. Lassus, J.-L. Martin, S. Villaret, « Les politiques publiques du sport (1945- 2005) », dans : P. Tétart (dir.), Histoire du sport en France de la Libération à nos jours, Vuibert, 2007, p. 119-154.
32 J.-F. Sirinelli, Les Baby-boomers. Une génération (1945-1969), Fayard, 2003.
33 On lira avec intérêt la deuxième partie (« Le général de Gaulle et son action pour la jeunesse ») de l’ouvrage collectif : Charles de Gaulle et la jeunesse, Plon, coll. Espoir, 2005, p. 163-285.
34 L’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture est fondée le 16 novembre 1945. Cette agence spécialisée des Nations Unies a pour vocation de « contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre nations, afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, que la Charte des Nations Unies reconnaît à tous les peuples ».
35 Notamment la Grande-Bretagne et les États-Unis, jugeant ce programme trop dispendieux et non prioritaire. Les Pays-Bas suggèrent pour leur part de soutenir la Fédération Internationale d’Éducation Physique (FIEP).
36 Cité par J.-L. Martin, La Politique de l’éducation physique sous la Ve République. L’élan gaullien (1958-1969), PUF, coll. Pratiques corporelles, 1999, p. 87 et suiv.
37 Manifeste sur le sport, CIEPS, 1964 (extrait).
38 Charte internationale de l’éducation physique et du sport, 21 novembre 1978, XXe session de l’UNESCO, Paris, extraits.
39 De MINEPS I à MINEPS IV, Conseil exécutif de l’UNESCO, 169e session, 12 mars 2004, extrait.
40 On lira avec intérêt le chapitre : « Les murs ont la parole », dans : M. Attali, J. Saint-Martin, op. cit., p. 189-216.
41 Notamment : J.-M. Brohm, Sociologie politique du sport. Presses universitaires de Nancy, 1992, 399 p.
42 D’autant que le CIEPS noue des liens de coopération avec le CIO suite aux Jeux panafricains de Lagos en 1973, après une rencontre entre Lord Killanin, président du CIO, et René Maheu, directeur général de l’UNESCO.
43 De MINEPS I à MINEPS IV, op. cit.
44 T. Terret, « Histoire et éducation physique », dans : T. Terret (dir.), Éducation physique, sport et loisir (1970-2000), AFRAPS, 2000, p. 9-18.
45 J.-L. Derouet, R. Normand (dir.), L’Europe de l’éducation. Entre management et politique, INRP, coll. Éducation, politique et société, 2007.
46 J.-L. Martin, Histoire de l’éducation physique sous la Ve République. La terre promise (depuis 1981), Vuibert, 2004, 212 p.
47 « Dans cette mise en commun, il ne convient pas que nos conceptions puissent apparaître non stabilisées, non vérifiées et laissent place à des systèmes ou des principes qui auraient pour effet de retarder considérablement notre conception de l’EPS », C. Pineau, Revue EPS, n° 211, 1988.
48 Consulter : O. Chovaux, « Éducation physique scolaire et idéaux éducatifs, les aléas d’un lien indéfectible (XIXe-XXe) », dans : P.-A. Lebecq (dir.), Leçons d’histoire sur l’éducation physique d’aujourd’hui, Vigot, 2005, p. 39-64.
49 Notamment le traité de Maastricht, qui entre en vigueur au 1er novembre 1993. Ratifié en France par référendum en septembre 1992 à une courte majorité (51,04 %), ce traité institue une Union Européenne entre les États membres, établit une citoyenneté européenne, une union économique et monétaire et une politique étrangère et de sécurité communes.
50 J. Saint-Martin, « L’éducation physique française et la construction de l’Europe, bilan d’un siècle de coopération et de rivalités internationales », dans : P.-A. Lebecq, op. cit., p. 65-90.
51 « MINEPS 3 [...] a permis de mesurer le chemin parcouru depuis MINEPS 1, de recenser les difficultés et les contraintes rencontrées, d’identifier et de fixer les objectifs à atteindre, particulièrement en cette première décennie du IIIe millénaire ». De MINEPS I à MINEPS IV, op. cit.
52 Réunissant 103 États membres, 20 organisations intergouvemementales, 6 agences des Nations Unies et 14 observateurs.
53 Quatrième conférence internationale des Ministres et hauts fonctionnaires responsables de l’éducation physique et du sport, M1NEPS IV, UNESCO, Athènes, 6-8 décembre 2004, extraits.
54 Brochure sur l’année internationale du sport et de l’éducation physique, UNESCO, 2005. L’emploi de l’acronyme « EPS » (éducation physique et sport ») ne peut être confondu ici avec la discipline « EPS » enseignée en France dans le second degré.
55 G. Klein, « Comment l’Union européenne prend-elle en compte l’éducation par le sport ? », dans : G. Klein, K. Hardman, L’Éducation physique et l’éducation sportive dans l’Union Européenne, op. cit., p. 11-36.
56 J.-P. Augustin, Géographie du sport. Spatialités contemporaines et mondialisation, Armand Colin, 2007, 220 p.
57 Constitué en 1996, il réunit des universitaires des 15 États membres spécialistes de ces questions. Consulter : « Intégration européenne et particularités nationales », dans : G. Klein, Une affaire de discipline. L’éducation physique en France et en Europe (1970-2000), Éditions de la Revue EPS, 2003, p. 101-138.
58 Usité dans onze des quinze États membres, le terme « éducation physique » est retenu, même si d’autres terminologies existent : « movement education » au Royaume-Uni, « bewegingsopvoeding » aux Pays-Bas (littéralement « éducation du mouvement », « éducation physique et santé » en Suède.
59 Cité par G. Klein, Une affaire de discipline, op. cit., p. 105.
60 Consulter : Évolution et perspectives de l’action communautaire dans le domaine du sport, Commission européenne, 1998.
61 Le Conseil recommande « d’améliorer l’accès à l’éducation physique et au sport des enfants et des jeunes des pays de l’Union ». Cité par G. Klein, « Comment l’Union européenne...? », art. cit., p. 18.
62 Bulletin du SNEP, n° 276, 2004. Il faut souligner que le SNEP appellera ses militants à voter « non » au référendum de 2005, considérant qu’à ses yeux l’Europe ne constitue plus « une chance pour l’EPS ».
63 G. Klein, « Comment l’Union européenne...? », art. cit., p. 19.
64 Elles concernent le marché, la politique monétaire et les accords internationaux. Le texte intégral dans : Traité établissant une constitution pour l’Europe, La Documentation française, 2004, 232 p. Une analyse du contenu par : O. Duhamel (dir.), La Constitution européenne, Armand Colin, coll. Compacts, 2005.
65 Ce droit à l’éducation est également mentionné dans d’autres articles : « l’Union prend en compte les exigences liées à la promotion d’un niveau d’emploi élevé, à la garantie d’une protection sociale adéquate, à la lutte contre l’exclusion sociale, ainsi qu’à un niveau élevé d’éducation, de formation, de protection et de santé humaine » (Partie III, article 3.117) ; « l’Union contribue au développement d’une éducation de qualité, en encourageant la coopération entre états membres [...] Elle respecte pleinement la responsabilité des états membres pour le contenu de l’enseignement et l’organisation du système éducatif, ainsi que leur diversité linguistique et culturelle » (Article 3. 282.1).
66 Traité établissant... Op. cil., chapitre 5, section 5, article III, 282, paragraphe (g).
67 Cité par G. Klein, « La qualité de l’éducation physique en Europe : trois défis pour le futur », Revue EPS, n° 307, mai-juin 2004, p. 7-10.
68 Sur ces questions, C. Collinet, La Recherche en STAPS, PUF, coll. Éducation et formation, 2003, 292 p.
69 C’est d’ailleurs l’une des missions assignées à l’European Physical Education Association (EUROPA). Consulter G. Klein, ibid.
70 Jean Monnet (1888-1979), secrétaire général adjoint de la Société des Nations (1919- 1923), présidera le comité de modernisation et d’équipement de la France (1947-1953). Convaincu de la nécessité d’une union entre les États européens, il est l’inspirateur du plan Schuman de 1950, à l’origine de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier. En 1956, il fondera le Comité d’action pour « les États-Unis d’Europe ». Il est considéré comme l’un des « pères de l’Europe ».
71 G. Klein, « Des modèles d’éducation par le sport dans l’Union européenne », dans : G. Klein, K. Hardman (dir.), op. cit., p. 27-35.
Auteur
Docteur en Histoire, Maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université d’Artois. Enseignant à la Faculté des Sports et de l’Éducation Physique de Liévin, il est codirecteur de l’Atelier SHERPAS (composante d’ER3S, EA 4110). Il a été membre du jury de l’agrégation externe d’EPS et est actuellement membre du jury du CAPEPS.
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