Faux amis et connotation
p. 193-211
Texte intégral
Introduction
1La traduction, par le contact qu’elle établit entre deux langues, deux cultures, permet une forme d’échange qui peut parfois être envisagée de façon positive, comme un enrichissement, mais qui peut aussi engendrer des phénomènes d’interférence et être perçue négativement, comme une source de déviance. Nous allons nous intéresser, dans le cadre du couple anglais-français, à l’ambiguïté créée par la ressemblance formelle entre les signes que l’on a coutume d’appeler « faux amis », et aux décalages d’ordre connotatif qu’une traduction littérale brute est susceptible de provoquer. Rappelons que les faux amis sont « des signes de deux langues différentes dont les signifiants sont en relation d’homonymie ou de paronymie et dont les signifiés diffèrent plus ou moins ; ces signes peuvent être la source, pour l’utilisateur naïf, distrait, ou perturbé, de mises en équivalence erronées » (Ballard 1999 : 9). Le risque consiste alors à procéder à un calque et à ne pas tenir compte du fait que des termes analogues, même s’ils ont une origine commune, ont pu évoluer différemment au sein du système linguistique auquel ils appartiennent, la similitude formelle ne s’accompagnant que rarement d’une similitude sémantique1.
2On a coutume de distinguer faux amis complets et faux amis partiels, et nous nous intéresserons surtout aux seconds car avec eux, l’interférence interlinguistique revêt un caractère parfois plus subtil, en mettant en jeu des éléments variables et soumis à interprétation. En effet, les faux amis complets « ont des signifiés qui diffèrent totalement ; ils ne peuvent donc jamais être en relation d’équivalence » (Ballard 2003 : 261). En revanche, les faux amis partiels « ont une fraction de signifié (c’est-à-dire une ou des acceptions) qui diffèrent [sic] et l’autre qui est plus ou moins équivalente » (Ballard Ibid. : 262).
3C’est ce « plus ou moins » qui retiendra notre attention car ce sont justement les connotations qui sont parfois à l’origine des différences de nuances sémantiques constatées entre termes anglais et français qui se ressemblent formellement. Ainsi, dans le cadre d’une communication présentée à l’Université d’Artois et consacrée au lien entre terminologie et faux amis, Catherine Bocquet a indiqué que les études terminologiques avaient longtemps négligé les connotations, sous prétexte de faire preuve d’objectivité, alors même que ces dernières ne peuvent être occultées si l’on veut proposer une approche honnête de la réalité :
[...] la collecte des contextes destinés à montrer en situation des mots qui peuvent être des faux amis avec leur homomorphe dans une autre langue m’a montré que bien souvent, ce sont précisément les connotations qui « font » les faux amis. (Bocquet 2005 : 20)
4De même, dans sa classification en huit points des décalages sémantiques existant entre faux amis partiels, André Petton (1995 : 11) mentionne en premier lieu le glissement de connotations. Il donne également le « glissement de ton (noble/familier ; intellectuel/affectif ; etc.) » comme facteur explicatif, ce qui permet de faire le lien avec les registres de langues et qui constitue le premier aspect que nous allons traiter. Nous examinerons ensuite comment le calque est susceptible de provoquer des décalages connotatifs liés à la modalité.
1. Connotation et registre de langue
5On sait que l’existence en anglais d’un double fonds lexical, d’origine saxonne et latine, contribue à placer les termes d’origine latine dans un registre élevé (rare, recherché ou littéraire)2. Aussi, le simple calque en français de ce type de terme anglais, lorsqu’il est possible, risque de donner une impression erronée du niveau de langue employé :
The moon through the rifted clouds looked down upon what had been the camp. But ail human trace, all trace of earthly travail, was hidden beneath the spotless mantle mercifully flungfrom above. (Harte: 172)
6Devant un tel extrait, le danger consiste à utiliser le français « travail », alors que travail est répertorié comme archaïque ou littéraire par l’OALD, comme archaïque par le LDELC et comme appartenant à la langue écrite par le LDCE. C’est donc un tout autre terme, n’entretenant aucun rapport formel avec travail, qu’il faudra employer dans la traduction :
À travers une déchirure dans les nuages, la lune contemplait ce qui avait été le camp. Mais toute tache humaine, toute trace de labeur humain, était cachée sous le manteau immaculé jeté miséricordieusement d’en haut. (Morel : 173)
7Le mot « labeur » porte l’étiquette « littéraire » ou « régional » dans le Petit Robert, ce qui permet de rester dans le même registre. Si l’existence en français de deux termes synonymiques au niveau de la dénotation mais appartenant à des registres différents a permis de résoudre le problème, les difficultés commencent lorsque la langue d’arrivée ne propose pas ce type de choix :
[Un homme se demande comment les malfrats à qui il avait échappé ont pu le retrouver aussi rapidement.]
How had they caught up with him so quickly, he wondered ? But then on reflection he realized il wouldn’t have taken brilliant sleuthing to have divined where he was heading – there wereplenty of airports andplenty of planes to New York – and Bryant ’s presence woidd indicate a visit to Melissa at some early juncture. (Boyd 1985 [1984] : 317)
8Le verbe divine est considéré comme littéraire par le LDCE, comme soutenu par l’OALD et comme soutenu ou littéraire par le LDELC. Le français « deviner », quant à lui, appartient à la langue courante, et aucun des termes auxquels renvoie le Petit Robert ne semble constituer de solution adéquate au niveau registral3. La traduction de Christiane Besse semble confirmer l’absence de terme soutenu en français permettant de rendre les connotations de divine :
Comment avaient-ils pu le rattraper si vite ? Il se le demanda. Mais à la réflexion, il se rendit compte qu’il n’avait pas fallu être un détective exceptionnel pour deviner où il était parti – il y avait nombre d’aéroports et quantité d’avions pour New York – et la présence de Bryant impliquait une visite à Mélissa en premier lieu. (Besse : 272-273)
9La traductrice a-t-elle donc vraiment échoué ? Oui, si l’on ne s’attache qu’au calque de divine. Cependant, la prise en compte de tout le passage révèle qu’elle a traduitplenty (of airports) andplenty (ofplanes) par « nombre (d’aéroports) et quantité (d’avions) ». Certes, il s’agit peut-être d’éviter la répétition, mais il est également possible d’y voir une certaine forme de compensation, car ces deux syntagmes, tout en n’étant pas très littéraires, ont un effet néanmoins plus recherché qu’une traduction par « beaucoup ».
10Le transfert est d’autant plus impératif que les effets connotatifs sont soulignés et commentés dans le texte même :
[Un homme vient rendre visite à une amie mais il se heurte au portier de l’immeuble new-yorkais, d’abord par interphone puis face à face.]
‘I’ve cole to see Ms Irene Stien. ’
‘She expecting y ou? ’
‘Well not exactly..
‘Name? ’
‘Dores. ’ [...]
’She’s not in. ’ [...]
Could I speak to her, please? ’ [...]
’Could I speak with Ms Stien, ’Henderson repeated firmly. [...]
’Ms Stien is not within her domicile. ’
For some reason this pedantry made Henderson even angrier.
‘Did you learn that at doorman school? [...]’
[...]
‘I told you. Ms Stien is not within – ’
Her domicile. I know. ’ (Boyd 1985 [1984]: 79)
11Le LDEL ne donne aucune étiquette particulière, ni pour domicile ni pour within. En revanche, le LDELC donne l’indication fml or law pour domicile mais rien pour within. Enfin, l’OALD place within dans la catégorie formal. On discerne donc bien les difficultés auxquelles peuvent être confrontés les traducteurs, puisqu’il apparaît nécessaire de ne pas se fier qu’à un seul dictionnaire si l’on veut essayer de cerner les connotations registrales qu’un terme est susceptible de véhiculer. L’expression anglaise within her domicile paraît pédante au personnage (domicile étant issu du latin domus) car elle semble s’opposer à l’expression plus courante d’origine anglo-saxonne at home. Les équivalents proposés par les dictionnaires bilingues (« dans, à l’intérieur de » pour within et « domicile » pour domicile} ne semblent guère satisfaisants, puisque le changement de langue gomme l’aspect recherché en français, le Petit Robert indiquant cependant qu’à côté de l’acception courante, « domicile » est également utilisé dans le langage juridique, en droit. Voici ce que propose la traductrice de ce roman :
« [...]
– Je viens voir Ms Irène Stein [sic],
– Elle vous attend ?
– Eh bien, pas exactement...
– Nom ?
– Dores. » [...]
« Elle n’est pas là. » [...]
« Pourrais-je lui parler, s’il vous plaît ? » [...]
« Pourrais-je causer à Ms Stein ? » répéta fermement Henderson. [...]
« Ms Stein n’est pas à l’intérieur de son domicile. »
Pour une raison quelconque, ce pédantisme rendit Henderson encore plus furieux.
« C’est à l’école des portiers que vous avez appris ça ?[...] »
[...]
« Je vous l’ai dit. Ms Stein n’est pas à l’intérieur de...
– Son domicile. Je sais. » (Besse : 67-68)
12La solution proposée (« à l’intérieur de son domicile ») nous paraît certes plus recherchée que l’expression courante « chez elle », mais elle nous semble aussi sonner un peu faux. En effet, l’utilisation de « à l’intérieur de son domicile », par opposition à la formule convenue « à son domicile », introduit certes un élément qui focalise sur le langage du portier, mais à notre avis celui-ci fera plus étrange que pédant. On pourrait penser à « Ms Stein ne se trouve pas dans ses appartements » qui aurait peut-être le mérite de rendre le caractère pompeux du personnage, qui prend là son rôle très au sérieux.
13Si certains dictionnaires permettent de confirmer le commentaire concernant les connotations de l’expression utilisée dans l’extrait, il est des cas où le traducteur ne peut s’appuyer que sur le contexte :
[Le narrateur est un enfant qui regarde la fenêtre d’un vieux prêtre auquel il rendait visite.]
Every night as I gazed up at the window I said softly to myself the word paralysis. It had always sounded strangely in my ears, like the Word gnomon in the Euclid and the word simony in the Catechism. (Joyce : 1)
14Aucun des dictionnaires unilingues que nous avons consultés ne donne d’indication de registre pour paralysis. Pourtant, il est évident ici que le narrateur y voit un terme appartenant à un registre recherché. La différence de perception qu’ont l’anglais et le français du fonds commun d’origine latine montre que la solution ne s’impose pas d’emblée et qu’il s’agit bien ici de recréer un effet connotatif véhiculé par la forne. En effet, les trois traductions que nous avons trouvées recourent à un calque sémiotique, en utilisant le mot « paralysie » :
Chaque soir, en levant les yeux sur la fenêtre, je me répétais doucement à moi-même le mot « paralysie ». Il sonnait, étrange à mes oreilles, comme « Gnomon » dans l’œuvre d’Euclide et « Simonie » dans le catéchisme. (Reynaud : 31)
Chaque soir, lorsque je levais les yeux vers la fenêtre, je me répétais à voix basse le mot de paralysie. C’est un mot qui avait toujours résonné étrangement à mes oreilles, comme gnomon1 dans la géométrie d’Euclide et simonie dans le catéchisme. (Aubert : 43-44)
Chaque soir comme je fixais des yeux la fenêtre au-dessus de moi je me disais à voix basse le mot paralysie1. Il avait toujours eu pour moi une résonance étrange, comme le mot gnomon2- dans la géométrie d’Euclide et le mot simonie3 dans le catéchisme. (Tadié : 39)
15Michel Ballard, qui commente la traduction de Jacques Aubert, formule la réserve suivante :
On voit que le changement de langue donne un aspect moins étrange à ‘paralysie’, les autres termes (gnomon, simonie) conservent leur connotation ‘rare’ pour un Français, parce qu’ils appartiennent à un vocabulaire spécialisé : le traducteur a même éprouvé le besoin d’ajouter une note pour expliquer gnomon. (Ballard 2003 : 221-222)
16Comme on le remarque, le dernier traducteur, Benoît Tadié, donne une note pour chacun des trois mots qui figurent en italiques dans l’original. Il est intéressant de voir que dans celle concernant le mot « paralysie », Benoît Tadié fait référence à une lettre écrite par James Joyce, où celui-ci identifie Dublin à une « hémiplégie ou paralysie que beaucoup tiennent pour une ville » (Joyce in Tadié 1994 : 271). Or, « hémiplégie » est justement le terme que Michel Ballard propose d’utiliser à la place de « paralysie » afin de « restituer un effet de rareté [...] » (Ballard Ibid. : 222)4, solution que Benoît Tadié, qui avait pourtant le mot à disposition devant lui, n’a pas vue. Il ne s’agit pas de blâmer ce traducteur, ou les autres, mais de montrer le risque du calque ainsi que la complexité du repérage et, en filigrane, de l’interprétation des phénomènes connotatifs.
17Notons également que le décalage registral peut se doubler d’un léger glissement sémantique :
To queries put to him by any other person than myself he seemed utterly insensible – although I endeavored to place each member of the company in mesmeric rapport with him. (Poe : 56)
Aux questions faites par une autre personne que moi il paraissait absolument insensible, – quoique j’eusse tenté de mettre chaque membre de la société en rapport magnétique avec lui. (Baudelaire : 227)
Il paraissait insensible aux questions qui lui étaient adressées par tout autre que moi, en dépit de mes efforts pour placer chaque membre de notre groupe en rapport mesmérique avec lui. (Lofficier : 57)
18Les italiques sont ici un marqueur de connotation autonymique : ils attirent l’attention sur l’emploi même du terme rapport, dont l’origine française nous semble contribuer à le situer dans un registre soutenu, recherché, impression confirmée par une informatrice anglophone, même si les dictionnaires unilingues consultés ne font pas état du phénomène. En revanche, la définition qu’ils en donnent montre que le terme comporte un sème supplémentaire en anglais, puisque rapport est « a friendly relationship in which people understand each other very well » (OALD), « friendly agreement and understanding between people » (LDCE), ou encore « a sympathetic or harmonious relationship » (LDEL. On voit donc qu’il s’agit d’un « bon » rapport. Charles Baudelaire reporte le terme en supprimant les italiques, ce qui aplanit la valeur connotative du signe, tandis que Jean-Marc Lofficier les conserve, stratégie qui risque toutefois de laisser le lecteur français perplexe quant à la valeur qu’il est censé y attacher. Nous pourrions proposer « configuration mesmérique favorable », qui serait une tentative pour récupérer le caractère recherché et la connotation positive de l’original, à défaut de signaler l’emploi du français. Ceci nous amène tout naturellement à nous pencher davantage sur le glissement connotatif d’ordre modal provoqué par le calque.
2. Connotation et modalité
19Nous allons envisager ici des connotations qui ont davantage trait à la modalité, puisqu’elles expriment un jugement de valeur de la part de l’énonciateur, qu’il soit positif ou négatif : on parlera de connotations axiologiques. Hélène Chuquet et Michel Paillard donnent plusieurs exemples illustrant le glissement connotatif susceptible d’opérer au niveau des homographes ou paronymes interlinguistiques :
[...] certains mots ayant même origine et même dénotation sont au moins partiellement des faux-amis au point de vue des connotations :
– l’anglais politician (fr. homme politique) et populace (fr. peuple, foule) sont généralement neutres alors que le premier est souvent et le second toujours connoté négativement en français (politicien : : political schemer ; populace : : rabble). Il en va de même pour routine (fr. routine : : tedious routine).
– juvenile est purement dénotatif dans les deux langues lorsqu’il est employé techniquement (juvénile delinquency : : délinquance juvénile = délinquance des jeunes) ; il est généralement connoté positivement en français (fraîcheur, sourire juvénile) mais péjoratif en anglais : « reflecting psychological or intellectual immaturity : childish » (Webster) ; « young and foolish » (Longman).
– le cas des deux couples individual/person et individu/personne est particulièrement déroutant car leurs connotations (lorsqu’elles sont sensibles) tendent à se développer de façon opposée. (Chuquet et Paillard 1989 : 219-220)
20Nous allons examiner les deux premiers termes mentionnés par Hélène Chuquet et Michel Paillard, en commençant par populace. Malgré l’origine commune des langues, les lexèmes ont évolué différemment en anglais et en français, ce qui est la source de décalages connotatifs si l’on recourt au calque :
Yellow Sky had a kind of brass band which played painfully to the delight of the populace. (Crâne: 86)
21Les définitions proposées pour populace par les dictionnaires unilingues que nous avons consultés sont les suivantes :
populace forma/ the people who live in a country. (LDCE)
populace fml all the people of a country, especially those without high social position, wealth etc ; the MASSES. (LDELC)
populace 1. the common people ; the masses 2 the whole population. (LDEL)
populace (formali) ail the ordinary people of a particular country or area. (OALD)
22Que nous apprennent ces dictionnaires ? D’abord, pour trois d’entre eux, le terme même de populace appartient à un registre soutenu. Ensuite, les définitions proprement dites ne soulignent pas l’existence de connotations nécessairement péjoratives attachées au terme, la première ne mentionnant même pas le statut social des membres du groupe. En revanche, l’homographe français « populace » est sans aucun doute possible à ranger dans la catégorie des termes péjoratifs, comme le confirme d’ailleurs le Petit Robert, qui indique « populace Péj. Bas peuple ». Le traducteur de la nouvelle de Stephen Crane l’a bien vu puisqu’il met en garde contre l’acception du terme anglais en précisant dans une note : « populace n’a pas obligatoirement un sens péjoratif ». La traduction qu’il propose est la suivante :
Yellow Sky avait une sorte de fanfare qui jouait péniblement pour le plus grand plaisir de la foule. (Morel: 87)
23On notera que Pierre Morel a jugé bon d’introduire l’adverbe « obligatoirement » dans sa note. En effet, certains contextes orientent davantage vers une interprétation soulignant le statut social (perceptible dans certaines définitions) :
[L’action se situe à l’époque de la Révolution française.]
He supported her faltering steps across the Pont Neuf and by the place where the statue of Henry the Fourth had been overthrown by the populace. (Irving: 18)
Il la soutint dans sa marche chancelante, et ils traversèrent ainsi le Pont-Neuf, et le lieu où la statue d’Henri IV avait été renversée par la populace. (Lofficier: 19)
Il soutint ses pas chancelants à travers le Pont-Neuf et près de cette place où la statue d’Henri IV venait d’être renversée par la populace. (Beaurgard: 55)
24Les deux traducteurs, on le voit, ont tenu compte de la valeur du terme en contexte : l’action se passant à l’époque de la Révolution française, ils ont estimé qu’il fallait faire ressortir le trait principal ici, à savoir le soulèvement du (petit) peuple contre la monarchie, et ils ont décidé d’utiliser le terme français homographe de l’anglais.
25D’ailleurs, l’interprétation, comme toujours, est primordiale, d’autant que certains termes, comme politician ou « politicien », peuvent être connotés ou pas, Hélène Chuquet et Michel Paillard prenant eux aussi la précaution d’utiliser des adverbes, indiquant que politician est « généralement » neutre et que « politicien » est « souvent » connoté négativement. Ce flottement, cette souplesse dans l’utilisation des termes se retrouve dans les définitions données par les dictionnaires :
politician 1 someone who Works in politics, especially an elected member of the government : [...] a British Labour politician 2 someone who is skilled at dealing with people or using the situation within an organization to gain an advantage : the office politician (LDCE)
politician 1 a person whose business is politics, especially one who has been elected to a parliament or to a position in government. Politicians are often mentioned in jokes as being people you cannot trust. 2 someone who is skilled at dealing with people in a way that is advantageous to himself or herself or at using a System to his or her own advantage : You need to be a bit of a politician to succeed in this company. (LDELC)
politician a person experienced in the art or science of government or party politics ; esp one actively engaged in conducting the business of a government (LDEL)
politician 1 (also NAmE informai pol) a person whose job is concemed with politics, especially as an elected member of parliament, etc. 2 (disapproving) a person who is good at using different situations in an organization to try to get power or advantage for himself or herself (OALD)
26On remarque que le terme politician se ramifie en deux acceptions : la première est neutre dans la plupart des cas (mais le LDELC mentionne quand même la méfiance associée au terme dans les blagues), tandis que la seconde ne renvoie pas nécessairement à la politique mais est plus générale et connotée plutôt négativement, même si l’OALD est le seul à préciser clairement que le terme est péjoratif (disapproving). Examinons quelques exemples de notre corpus pour voir comment les traducteurs opèrent avec ce terme :
He knew by name andcouldgreetpersonally with a “Well, old fellow,” hundreds of actors, merchants, politicians and the general run of successful characters about town, and il was a part of his success to do so. (Dreiser : 43)
Il connaissait l’identité de centaines d’acteurs, de négociants, d’hommes politiques, et de tout ce que la ville comptait de personnes en place, et il les accueillait par leur nom avec un familier « Eh bien ! mon vieux », ce qui contribuait à sa popularité. (Santraud : 58-59)
27Ici, le contexte indique clairement que les personnages auxquels le terme renvoie sont plutôt auréolés d’un certain prestige puisqu’ils font partie des « successful characters » et sont mis sur le même plan que « actors » ou « merchants ». La traductrice décide de traduire par « hommes politiques », développement qui permet d’éviter le calque « politicien », qui est lui-même susceptible d’être entaché de connotations négatives, comme le précise le Petit Robert :
politicien personne qui exerce une action politique dans le gouvernement ou dans l’opposition. [...] « Elle excelle à débrouiller en politicienne accomplie le dessous compliqué des affaires » (Henriot). – (Souv. péj.) « Tous les politiciens retors qui se partagent le pouvoir en Europe » (MART. du G.). Politicien véreux.
28C’est d’ailleurs cet emploi péjoratif de politician/ « politicien » que l’on remarque dans l’extrait suivant :
The Honorable Omar Noose had no t always been so honorable. Before he becarne the circuit judge for the Twenty-second Judicial District, he was a lawyer with meager talent and few clients, but he was a politician offormidable skills. Five terms in the Mississippi Législature had corrupted him and taught him the art of political swindling and manipulation. (Grisham : 125)
L’honorable Omar Noose n’avait pas été de tous temps aussi honorable. Avant d’être juge de la cour d’assises du vingt-deuxième district, Noose n’était qu’un piètre avocat, doté de rares clients – mais il était déjà un redoutable politicien. Cinq sessions à l’assemblée du Mississippi l’avaient corrompu jusqu’au tréfonds et lui avaient appris l’art de la manipulation et de l’escroquerie en politique. (Defert : 180)
29De nouveau, le contexte permet d’éclairer le choix, grâce, entre autres, aux précisions apportées par « political swindling and manipulation ». Cependant, il est des cas où le traducteur peut laisser planer l’ambiguïté lorsqu’il est difficile de trancher :
[L’action se passe dans le sud profond des États-Unis. Le shérif est noir.]
The white politicians supported him because, since he becarne the sheriff, the Justice Department stayed out of Ford County. (Grisham : 9)
Les politiciens blancs le soutenaient parce que l’ordre régnait dans le comté de Ford depuis qu’il avait été élu shérif. (Defert : 21)
30Étant donné que dans les deux langues les termes peuvent être soit neutres, soit connotés négativement, c’est alors en dernier ressort au lecteur de décider de l’interprétation du terme, que ce soit d’ailleurs dans le texte de départ ou dans celui d’arrivée.
31Enfin, certains extraits sont plus complexes encore, et la comparaison de différentes traductions est alors révélatrice de la subjectivité inexorablement liée à l’opération de traduction :
In conséquence, l’m inclined to reserve ail judgments, a habit that has opened up many curious natures to me and also made me the victim of not a few veteran bores. The abnormal mind is quick to detect and attach itself to this quality when it appears in a normal person, and so it came about that in college I was unjustly accused ofbeing a politician, because I was privy to the secret griefs of wild unknown men. Most of the confidences were unsought–frequently I have feigned sleep, preoccupation or a hostile levity when I realized by some unmistakable sign that an in timate révélation was quivering on the horizon–
(Fitzgerald: 5-6)
En conséquence, je suis porté à réserver mes jugements, habitude qui m’a ouvert bien des natures curieuses, non sans me rendre victime de pas mal de raseurs invétérés. Un esprit anormal est prompt à découvrir cette qualité et à s’y attacher, quand elle se montre chez quelqu’un de normal ; voilà pourquoi, à l’Université, on m’a injustement accusé de politicailler parce que j’étais le confident des chagrins secrets de garçons déréglés et inconnus. La plupart de ces confidences, je ne les avais pas recherchées – j’ai souvent feint le sommeil, la préoccupation ou une hostile frivolité quand, à un de ces signes qui ne trompent jamais, je reconnaissais qu’une révélation d’ordre intime pointait à l’horizon ; [...]. (Llona : 23)
En conséquence, j’ai tendance à suspendre mes jugements, ce qui a fait de moi tantôt un objet de curiosité, et tantôt la victime de maint raseur invétéré. Les cerveaux dérangés ont vite fait de reconnaître cette tournure d’esprit quand on la rencontre chez une personne normale, et de s’y attacher, et c’est ainsi qu’à l’université on m’a injustement accusé de m’occuper de politique, parce que des garçons inconnus faisaient de moi impulsivement le confident de leurs chagrins secrets. J’ai rarement recherché ces confidences – souvent j’ai feint de dormir, d’être préoccupé, ou affecté une frivolité hostile quand je me rendais compte, à l’un de ces signes qui ne trompent jamais, qu’une révélation intime pointait à l’horizon ; [...]. (Viel : 11)
32Nous ne commenterons pas la première phrase de cet extrait, pour laquelle il nous semble clair que Michel Viel commet un contresens5, et nous concentrerons sur le segment qui comporte le terme politician. Michel Ballard examine les traductions de Victor Llona et de Michel Viel et les commente de la façon suivante :
Le segment au gérondif : « being a politician » est, dans les deux cas, rendu par un infinitif, mais chez L., la structure « be + prédicat » relève d’une réduction en verbe « politicailler » qui a des connotations plus péjoratives que l’expression « faire de la politique ». On peut d’ailleurs se demander si ce segment ne pourrait pas s’interpréter de façon plus générale qu’en liaison avec le fait de « faire de la politique », dans la mesure où Gatsby semble avoir l’art de provoquer les confidences ; ne pourrait-on pas dire que c’est un « intrigant » ? (Ballard 1992 : 96)
33Nous avons trouvé une troisième traduction, qui offre encore une autre solution :
Depuis, je m’efforce de réserver tous mes jugements – habitude qui a conduit vers moi de nombreuses natures singulières et m’a rendu victime de quelques raseurs aguerris. Un esprit fragile décèle très vite ce trait de caractère lorsqu’il se manifeste chez un individu normal et, de lui-même, il vient s’y attacher. Si bien qu’à l’université, on m’a faussement accusé de jouer les éminences grises à des fins personnelles, parce que je connaissais les révoltes les plus secrètes de garçons farouches, dont j’ignorais jusqu’au nom. La plupart de ces confidences naissaient d’elles-mêmes – je faisais souvent semblant de dormir, de réfléchir profondément, ou j’affectais une frivolité agressive, dès que je devinais à quelque signe indiscutable qu’un aveu intime pointait à l’horizon – [...]. (Tournier : 19)
34Pour « éminence grise », le Petit Robert indique : « Hist. L’Éminence grise, le Père Joseph, qui fut le confident de Richelieu et son ministre occulte. Fig. conseiller intime qui, dans l’ombre, manœuvre un personnage officiel ou un parti ». Dans un sens, la traduction de Jacques Tournier est peut-être plus conforme au contexte général. En effet, la référence à la politique est plus implicite ici que dans les deux traductions précédentes, ou en tout cas elle intervient indirectement, même si elle transparaît dans la définition de l’expression « éminence grise ». Il nous semble en effet probable que de nombreux lecteurs ne feront pas forcément le lien avec le Père Joseph, Richelieu et le contexte politique de l’époque. Cela dit, était-il vraiment nécessaire de procéder à un tel développement, en précisant « à des fins personnelles », dans la mesure où le passage montre que le narrateur ne recherchait pas ces confidences, voire qu’il les fuyait parfois, et ne donne aucune indication sur ce qu’il en faisait ? On pourrait peut-être aussi proposer, à côté de l’« intrigant » suggéré par Michel Ballard, des solutions qui relèvent également de l’hyperonymisation, comme « savoir manœuvrer/manipuler » ou « être un manipulateur », et peuvent s’appliquer à des contextes autres que politiques.
35On le voit, l’extension des termes n’est pas la même en anglais et en français, même si l’on remarque parfois une influence (certains diront une « contamination ») d’une langue sur l’autre. Ainsi, pour ce qui concerne « routine »/routine, Amal Jammal indique dans son article concernant la traduction médicale :
routine : en français, la routine signifie une habitude de faire les choses toujours de la même manière. Le terme a la connotation légèrement dépréciative de quelque chose de machinal que l’on fait sans y penser ; à la limite de quelque chose d’ennuyeux. On ne peut donc pas traduire a routine check up par un * examen de routine, encore moins par *un examen routinier. L’équivalent serait un bilan de santé ou un examen systématique. Routine laboratory tests se traduirait par les épreuves de laboratoires habituelles ou courantes ». (Jammal 1999 : 224)6
36Il ne faut toutefois pas sous-estimer l’impact du contact entre les langues, et l’évolution que celui-ci fait subir au lexique, qu’on le veuille ou non, qu’on l’approuve ou qu’on le regrette. Ainsi, le Petit Robert indiquait déjà en 1989 que, sous l’influence de l’anglais routine, on pouvait trouver en français une utilisation de « routine » sans nuance péjorative dans la locution « de routine », en donnant comme définition « courant, habituel », et comme exemples : « Procéder à des examens de pure routine. Une enquête de routine ». La remarque d’Amal Jammal, professeur dans le département de linguistique et de traduction de l’université de Montréal, tendrait peut-être à montrer la réticence des universitaires, traditionnellement plus enclins, surtout au Canada, à adopter une position prudente, voire puriste, vis-à-vis de ce phénomène, tandis que les traducteurs professionnels paraissent moins hésitants, et contribuent peut-être aussi à leur façon à l’évolution sémantique des termes, comme on le constate dans cette traduction de 1985, où le nom routine commute ici avec le syntagme prépositionnel « de routine », au sens anglais du terme :
A sizeable gnard of immaculate askaris was lined up on the quayside. A young European officer put them through some elementary drill routines. They seemed as capable as any European troops Temple had seen. (Boyd 1983 [1982]: 12).
Une importante garde d’honneur, composée d’askaris immaculés, était alignée sur le quai. Un jeune officier leur fit faire quelques exercices de routine et ils apparurent à Temple aussi compétents et disciplinés qu’une troupe européenne. (Besse: 17).
37Toutefois, le traducteur peut décider de ne pas recourir au calque et d’éviter le français « routine », connoté négativement, surtout si le terme n’entre pas dans le cadre de la locution « de routine » précédemment évoquée :
She griped and snapped at the others, but had a different routine for Jake. (Grisham: 22-23)
Elle râlait et envoyait paître les autres clients, mais Jake avait droit à un traitement de faveur. (Defert: 40)
38Il y a ici restructuration de la seconde proposition et ce qui correspond à routine est « traitement », terme neutre associé à un syntagme connoté positivement, « de faveur » étant une hyponymisation de different.
39Pour terminer, nous aimerions revenir sur le fait que la traduction est aussi un contact de cultures, phénomène signalé au tout début de cet article. Le glissement de connotations axiologiques peut alors être lié à des circonstances de nature historique ou culturelle. André Petton mentionne ainsi le cas de appeasement, en citant un extrait de journal :
« The West is living in a haze that could lead to appeasement. But appeasement invites contempt. » (The Independent, 1993 in Petton 1995 : 11).
40Il indique les raisons pour lesquelles le terme appeasement s’est chargé de connotations et pourquoi il ne faut pas pratiquer le calque en français :
Le pseudo-équivalent français, apaisement, ne suggère pas le mépris. Le mot anglais s’est teinté d’une connotation historique précise : il s’agit des concessions munichoises de Chamberlain en 1938 (voir p. 42). (Petton : Ibid.)7
41Il est d’ailleurs intéressant de constater que les dictionnaires unilingues font figurer cette connotation péjorative dans leurs définitions mêmes, ou dans les exemples qui les illustrent, ce qui en fait un élément proche de la dénotation en anglais :
appease/orwa/ to make someone less angry or stop them from attacking you by giving them what they want [...] – appeasement : Chamberlain ’s policy of appeasement towards Hitler in the 30s. (LDCE)
appeasement 1. the act of appeasing 2 usually derogatory the political idea that peace can be continued by allowing one’s enemies to have what they demand. In Britain the word is especially used in association with Britain’s policy of appeasement towards Hitler before World War II. – see also MUNICH AGREEMENT (LDELC)
appease 1 to bring to a State of peace or quiet ; pacify, calm 2 to cause to subside ; allay, satisfy [...] 3 to accede to the demands of (an aggressor) by concessions, usu including the sacrifice of principles. (LDEL)
appease {formai, usually disapproving) to make sb calmer by giving them what they want [...] 2 to give a country what it wants in order to avoid war ► appeasement : a policy of appeasement. (OALD)
42Comme l’indique André Petton, « [c’] est donc l’idée de conciliation et d’apaisement mais avec la connotation défavorable que l’on trouve en français lorsque l’on parle de l’esprit de Munich. [...] C’est l’idée politique que la paix peut s’obtenir en cédant aux exigences de l’ennemi (= concession munichoise, soumission avilissante, lâche renoncement...) » (Petton 1995 : 42)8. N’importe quel terme est donc susceptible de se charger de connotations, et il faudra que le traducteur fasse preuve d’un bagage qui soit non seulement linguistique mais aussi historique ou, plus généralement, culturel.
Conclusion
43Si de nombreuses paires de langue offrent des exemples de faux amis, le problème apparaît particulièrement épineux et délicat pour le couple anglais-français, le terme même de « faux ami » ayant d’ailleurs été introduit en 1928 par Maxime Koessler et Jules Derocquigny dans leur ouvrage Les Faux Amis ou les pièges du vocabulaire anglais. En effet, l’origine en partie commune du lexique des deux langues crée une zone mouvante où l’on remarque une certaine volatilité sémantique, faite de nuances que l’on peut ranger dans le domaine des connotations. Certaines relèvent du registre de langue, les termes d’origine française étant souvent considérés comme recherchés en anglais, ce qui risque de créer un décalage dans la traduction si l’on recourt au calque sans s’interroger sur l’évolution que les signes ont pu subir dans leurs systèmes linguistiques respectifs. Il est donc nécessaire de se détacher des formes du texte de départ et de recourir, lorsque c’est possible, à un terme synonymique au niveau dénotatif mais véhiculant des connotations registrales analogues à celles qui figurent dans l’original, quitte à compenser ailleurs dans le texte si les ressources de la langue d’arrivée n’offrent pas de solution satisfaisante pour le terme considéré.
44Dans d’autres cas, les lexèmes véhiculent une connotation axiologique, un jugement de valeur, qui pourra être différent d’une langue à l’autre ou susceptible de varier selon les contextes, à l’intérieur même de chaque système linguistique. Le traducteur devra donc, comme toujours, faire preuve de vigilance dans le repérage et l’interprétation des phénomènes, afin de déterminer la part de modalisation et le poids des connotations au sein du texte où figure le terme potentiellement trompeur. L’observation de corpus montre qu’il n’est pas toujours aisé de choisir entre plusieurs interprétations possibles lorsque la variabilité connotative est constitutive d’un terme, même si des indices contextuels permettent parfois de trancher. En outre, certains facteurs autres que linguistiques peuvent contribuer à des glissements connotatifs, ce qui implique de tenir compte d’éléments variés dans l’analyse traductologique et de considérer que le texte appartient à une « langue-culture »9. Il ne faut donc pas oublier que les langues sont vivantes et peuvent même influer l’une sur l’autre, la traduction contribuant d’ailleurs à sa façon à ce phénomène, et que les connotations sont toujours susceptibles d’évoluer, la stabilité sémantique faisant figure d’exception plutôt que de règle.
Bibliographie
Bibliographie
Références
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Notes de bas de page
1 Michel Ballard met en garde contre ce phénomène : « [...] deux termes, mêmes identiques en apparence, appartenant à deux systèmes linguistiques différents, ne peuvent avoir la même valeur » (Ballard 1987 : 39).
2 On pourrait étendre l’étude à d’autres langues, et on lira à ce sujet l’article de Karen Korning Zethsen, qui insiste sur le fait que les termes médicaux d’origine latine ont des connotations beaucoup plus soutenues pour un Danois non-spécialiste du domaine que pour un Français ou même un Anglais : « [...] theproblem offalse friends in connection with Latin-based words is not limited to a question of identical or non-identical truth values (i.e. denotational meaning), but is also a question of various (often more subtle) connotative différences, e.g. at the level of formality » (Korning Zethsen 2004 : 135). La perception, par un locuteur, de l’appartenance de termes latins à un registre élevé est donc inversement proportionnelle à la parenté de la langue du locuteur avec le latin. L’auteur ajoute très justement : « [...] the phenomenon of ‘false friends ’ is not merely a question of two formally identical words having completely different meanings, but one that can operate at more subtle levels too. Divergences at the level of formality, frequency, inferences etc. show how important it is for the translator to know about the cultural, textual and terminological habits of the target language » (Koming Zethsen Ibid. : 139).
3 Ces termes sont les suivants : « découvrir, entrevoir, flairer, imaginer, pressentir, soupçonner, subodorer ».
4 Ballard (2003 : 222, note 1) signale que cette solution a été suggérée par Christine Raguet-Bouvart lors d’un atelier à la SAES.
5 Michel Ballard souligne bien où se trouve le problème : « La traduction de L. [Llona] est la plus littérale, et elle n’est pas la plus inexacte. [...] Il conserve au syntagme « curious natures » son potentiel d’ambiguïté. L’adjectif « curious » est polysémique et peut tout aussi bien désigner quelqu’un qui est « curieux de savoir » que quelqu’un qui est « curieux » au sens « d’étrange ». V. [Viel] enlève toute ambiguïté à ce potentiel et peut-être de façon risquée (« ce qui a fait de moi [...] un objet de curiosité »), car il nous semble qu’en toute logique ce sont des « personnes étranges » qui se sont ouvertes au narrateur plutôt que des « personnes désireuses de connaître ses petits secrets » (Ballard 1992 : 94-95).
6 Signalons que pour routine en anglais, il existe également, à côté des définitions neutres, une acception véhiculant, comme en français, des connotations péjoratives. L’OALD, par exemple, indique ainsi que le nom routine peut renvoyer à « (disapproving) a situation in which life is boring because things are always done in the same way », tandis que l’adjectif routine peut être employé pour décrire quelque chose de « (disapproving) dull and boring ».
7 Le Hachette Oxford indique à l’entrée « munichois » : « Hist péj supporter of the policy of appeasement’, les – those who signed the Munich agreement ». Ni le Harrap ’s, ni le Robert & Collins ne fournissent cette indication à cette entrée.
8 L’une des citations données par André Petton illustre bien cette connotation péjorative désormais indissociable du terme : « It is extraordinary how the concept of appeasement still holds the entirely péjorative meaning that it acquired after what Neville Chamberlain regarded as his greatest achievement : the Munich agreement of 30 September 1938. Appeasement, so runs the dogma, is always wrong, and always immoral » (The Independent, 1993 in Petton 1995 : 42).
9 Terme que Ton doit à Henri Meschonnic et qui est repris par de nombreux chercheurs aujourd’hui.
Auteur
Université d’Artois
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