Le double en théorie à l’épreuve de la pratique de l’entre-deux
p. 15-31
Texte intégral
Introduction
1Cet article se propose d’apporter des éléments de réponse à la question posée, entre parenthèses certes mais néanmoins importante, dans le titre de ces deux journées d’étude, à savoir : « le double en traduction ou l’(impossible ?) entre-deux ». La théorie de la traduction, ou traductologie, affectionne en effet particulièrement les oppositions binaires, les visions manichéennes, que nous aborderons dans une première partie. Mais l’entre-deux n’est-il pas possible, la voie médiane préférable ? L’intitulé de l’article suggère non seulement que c’est possible, ce que nous verrons dans un second temps, mais également que c’est parfois souhaitable, notamment sur le plan de la pratique, à laquelle nous consacrerons notre troisième et dernière partie avec des études de cas concrets.
1. Observations liminaires : le double en théorie de la traduction
2La question du double en traduction peut presque paraître tautologique puisque la traduction est ontologiquement binaire dans la mesure où elle met en jeu un texte de départ (dorénavant TD) et un texte d’arrivée (TA), une langue-culture 1 et une langue-culture 2 (LC1 et LC2).
3C’est peut-être ce binarisme qui lui est inhérent qui rend le concept de traduction insaisissable. En effet, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la théorie éprouve toutes les peines du monde à en apporter une définition claire. « Il s’avère que pour les spécialistes aussi, théoriciens-traductologues ou praticiens-traducteurs, il n’est rien moins qu’évident que de savoir exactement ce que c’est que traduire », écrit Jean-René Ladmiral (1995 : 409).
4Dans cette citation, Ladmiral limite son propos, consciemment ou non, au seul processus – il parle de « traduire » – mais la difficulté vient du caractère polysémique du mot « traduction ». « Cette polysémie du terme », ajoute Ladmiral, « engendre un grand désordre terminologique qui ne contribue pas peu à poser les problèmes d’une façon qui tend à les rendre insolubles » (ibid.). Si bien qu’en lieu et place de définitions, les théoriciens ont souvent eu recours à des truismes revendiqués comme tels ou non, du type : « est une traduction ce qui se donne comme telle et est acceptée comme telle dans une culture donnée à une époque donnée » (Toury 1980 in Ladmiral, ibid. : 418), « Traduire, c’est passer de mots et de sens d’une langue à d’autres mots et d’autres sens d’une langue étrangère » (Peeters 1999 : 19), ou encore « [la traduction sert à] nous dispenser de la lecture de l’original » (Ladmiral [1979] 1994 : 15). Ladmiral en viendra finalement à la conclusion que la traduction est un concept « premier », de la même façon qu’il existe des nombres premiers (ibid. : 418).
5Ce caractère aporétique s’est trouvé renforcé par une prolifération de métaphores sur la traduction. C’est même quasiment devenu une tradition en traductologie que de s’exprimer par le biais de métaphores. Nicholas Round (2005 : 50) constate en effet que :
A great body of what has been said and written about translation has been directed less towards defining it or explicating what happens when it happens than towards characterizing it. And a great part of that characterization, since the very earliest days of translational practice, has been pursued by way of metaphor.
Cette même idée avait déjà été évoquée par Antoine Berman lui-même en ces termes : « Parler de traduction, [...] c’est être pris dans un enivrant tourbillon réflexif où le mot “traduction” lui-même ne cesse de se métaphoriser »1. Nous ne nous attarderons guère sur ces expressions métaphoriques car tel n’est pas notre propos aujourd’hui2 mais notons simplement à la suite de Lieven d’Hulst (1992 : 42) que dans la métaphore sur la traduction,
[d]eux principes paraissent couramment sous-jacents :
– le rejet de modèles concurrents par le truchement d’une « métaphorisation » de leurs concepts ;
– l’imposition, à l’aide de métaphores, d’un modèle nouveau en vertu de son caractère plus adéquat ou plus prestigieux (l’un n’excluant pas l’autre).
En d’autres termes, la métaphore sert tantôt à louer tel type de traduction, tantôt à dénigrer tel autre type, la théorie ayant grosso modo retenu, à la suite de Cicéron, deux manières de traduire qu’elle a opposées, sans doute un peu hâtivement, la traduction dite littérale et la traduction dite libre. Rares furent ceux qui proposèrent une alternative à ce schéma binaire traditionnel.
6Car il n’y aurait pour beaucoup que deux manières de traduire, irrémédiablement antagonistes, « l’un(e) vers l’intérieur et l’autre vers l’extérieur. Ces deux mouvements ne sauraient se confondre à aucun moment. Le traducteur doit forcément travailler dans un sens ou dans l’autre. On ne saurait avancer et reculer en même temps >> (Pym 1997 : 35). On retrouve ces deux manières de traduire en quelque sorte cristallisées, comme gravées dans le marbre, sous forme d’oppositions dualistes dont on peut se demander si le structuralisme saussurien n’en est pas, d’une certaine façon, à l’origine. Aux dichotomies langue / parole, signifiant / signifié, synchronie / diachronie, syntagme / paradigme ont succédé en effet les traductions éthique et ethnocentrique de Berman, sourcière et cibliste de Ladmiral, annexion et décentrement de Meschonnic, communicative et sémantique de Newmark, fluide et résistante de Venuti, ou encore les équivalences formelle et dynamique de Nida, les verres colorés et transparents de Mounin. Toutes ces dichotomies renvoient au type de fidélité recherché mais Pym (1997 : 22) relève l’existence
d’autres oppositions binaires [qui] s’appliquent plutôt à la façon dont une traduction signifie le texte antérieur : « traduction illusoire / traduction anti-illusoire » (J. Levy), « traduction couverte (cachée) / traduction ouverte » (House), « traduction documentale / traduction instrumentale ». (Nord), et même « traduction hypertextuelle (ethnocentrique) / traduction littérale » (Berman).
[Et] [d]’autres oppositions encore portent sur la relation entre une traduction et la culture ou la langue d’arrivée. C’est ici qu’il faut ranger, semble-t-il, la paire « einbürgend (qui rend domestique) / verfremdend (qui rend étranger) (Schleiermacher) ou, plus récemment, traduction fluide / traduction résistante » (Venuti).
Assez souvent les théoriciens à l’origine de ces dichotomies prennent parti en faveur d’un type de traduction plutôt qu’un autre. Mais d’autres, en nombre non négligeable, émettent des avis encore plus tranchés et conçoivent la traduction en termes manichéens : pour les uns, la traduction est impossible, pour les autres, tout peut se traduire3.
7Il faut en finir avec ces oppositions binaires qui semblent complètement infructueuses et ne font que creuser un peu plus le fossé entre théoriciens et praticiens. C’est ce que dit Yves Gambier lorsqu’il écrit :
la pensée en « ou bien / ou bien » n’a que faire de la subtilité du concret, de la complexité des faits : voilà une des raisons motivées qui font que la théorie est (ou a été ?) laissée à des experts, entérinant et renforçant l’opposition supposée entre théoriciens et praticiens. (1986 : 165)
Anthony Pym semble le rejoindre lorsque, développant sa réflexion sur l’éthique du traducteur, il déclare :
Il nous semble cependant qu’une éthique exclusivement formulée selon cette optique binaire ne saurait dépasser le clivage entre « éclairés » d’une part [...] et « professionnels » d’autre part [...]. Les choix pratiques du traducteur se situent d’ailleurs rarement entre source et cible uniquement [...] Les décisions sont presque toujours plus complexes, les théories presque toujours inadéquates. Il faut que l’éthique soit capable de soutenir des décisions aussi complexes et pratiques soient-elles. (1997 : 10)
Xu Jun adopte également cette position lorqu’il écrit qu’« une théorie de la traduction n’a pas de raison d’être si elle ne peut que perpétuer cette opposition dualiste et si elle végète dans des réflexions empiriques » (1999 : 56).
8Nous récusons nous aussi cette opinion largement répandue selon laquelle il n’existerait que deux manières de traduire : cela revient à nier le traducteur en tant qu’agent et ne rend pas justice à la complexité de la traduction. Encore une fois, l’entre-deux n’est-il pas possible, la voie médiane souhaitable ? La traduction n’est-elle pas elle-même compromis, négociation ? Des deux pôles faut-il choisir l’un au détriment de l’autre ? Michel Ballard écrit que « La critique que l’on pourrait faire à certaines théories est d’être, délibérément ou non, trop partiales [...]. Une théorie équilibrée de la traduction devrait intégrer tous ces aspects [...] » (1997 : 88). Il avait déjà exprimé des vues analogues cinq années auparavant en affirmant : « La traductologie, si elle veut se créer comme science, doit se situer hors des prises de position radicales, elle peut les enregistrer, mais en les mettant à leur place dans un spectre large qui constitue son domaine d’observation » (1992 : 278-279).
2. L’entre-deux en théorie de la traduction
9C’est mû par les constats que nous venons de faire sur le plan théorique, et dans le cadre fixé par Michel Ballard d’une théorisation réaliste, que nous avons proposé dans notre thèse la notion de limite comme outil conceptuel en traductologie.
2.1. La notion de limite comme outil conceptuel en traductologie
10Tout d’abord, notre postulat de départ, qui pourrait sembler tautologique à première vue mais dont nous avons brièvement dit qu’il n’en était paradoxalement rien, fut formulé ainsi : « oui la traduction est possible mais elle a ses limites ». Assez rapidement, en tâchant d’identifier quelles pouvaient être ces limites, nous nous sommes aperçu non seulement qu’elles n’étaient pas du même type, évidemment, mais qu’avant tout elles nous semblaient intervenir à différents niveaux, lors de diverses phases de l’opération de traduction et que par conséquent une typologie serait nécessaire pour rendre la notion opératoire et donc pertinente en traductologie, tout en permettant de les hiérarchiser. Cette piste se trouve corroborée par Michel Ballard qui écrit :
La notion de limite [...] peut s’entendre dans deux sens au moins : celui d’une borne naturelle qu’il est d’usage de ne pas franchir ; et celui d’un obstacle à l’effectuation complète de l’acte. Dans la première catégorie, on peut ranger les noms propres, avec toutes les réserves et les nuances qu’il faut toujours apporter dès que l’on parle de traduction ; dans la seconde, apparaissent les problèmes liés aux spécificités linguistico-culturelles (dialectes, référents culturels), aux jeux de langage, à la poésie.
On touche donc véritablement aux limites de la traduction avec des termes qui n’ont pas de contrepartie dans l’autre langue (parfois pour des raisons d’ordre culturel) mais le problème peut toujours être partiellement résolu par les gloses intégrées (incrémentialisation) ou les notes (pratique réservée aux professionnels). On évoque aussi souvent le cas des jeux de mots : en réalité, ils sont loin d’être tous intraduisibles et souvent ne résistent pas à la créativité des traducteurs (mais c’est là que la notion de décalage est étirée dans ses limites). Les sonorités et les jeux sur les sonorités sont bien entendus les plus délicats à préserver, et l’on éprouve alors, en particulier avec la poésie, les limites de la traduction, ou la perception d’une nécessaire conception autre de la traduction, ou tout au moins de la nécessaire suractivation de certains aspects du processus (transferts audacieux, recréation), mais le problème est vaste et l’objet de multiples débats. (2003 : 92)
Michel Ballard distingue d’une part entre la borne infranchissable, assimilable par conséquent à l’intraduisible et constituée par exemple des noms propres (avec les réserves d’usage), et d’autre part, ce qui constitue des limites plus perméables pour lesquelles il existe des solutions plus ou moins satisfaisantes et qui tiennent essentiellement aux différences linguistico-culturelles. En toute rigueur, il conviendrait de distinguer entre ce qui semble inviolable et que les philosophes appellent « limite » (Grenze en allemand) et ce qui est susceptible d’être dépassé, la « borne » (Schranke)4.
11Il nous a semblé que pour rendre compte de l’intégralité du phénomène, il nous fallait différencier les limites inhérentes au processus, au TD, et celles ressortissant au produit, donc au TA. Michel Ballard signale justement que la créativité peut constituer une alternative à ces limites qu’elle contribue par conséquent à dépasser mais jusqu’où ? Jusqu’où le traducteur peut-il aller dans le franchissement des limites ?
12Enfin, Michel Ballard indique à juste titre que la problématique des limites de la traduction doit interroger le théoricien sur la nécessité d’envisager la traduction autrement, ou tout au moins d’intégrer à sa théorisation des opérations jusque-là assez désertées par la théorie, telles la créativité et la subjectivité du traducteur, qui permettent de relativiser l’intraduisible, voire les limites et, partant, de redéfinir la traduction.
13En filigrane de la première partie de cette contribution apparaît notre souhait d’en finir avec toutes ces dichotomies, oppositions dualistes et autres positions radicales qui paralysent parfois la réflexion en l’enfermant dans un carcan. A cet effet, nous avons proposé une typologie des limites en traduction qui, si elle peut sembler dualiste ou binaire de prime abord, peut surtout nous permettre d’envisager la traduction comme un continuum, d’en avoir une vision englobante plutôt qu’exclusive ou manichéenne.
2.2. Typologie
14Nous proposons de distinguer entre limites à la traduction et limites de la traduction. Les premières, nous semble-t-il, nous placent davantage sur le plan du processus, du TD, les secondes, plutôt sur le plan du résultat, du TA. Mais cette proposition de terminologie mérite des explications, des éclaircissements que peut nous apporter, une fois n’est pas coutume, la linguistique.
15Selon Gustave Guillaume, les prépositions « à » et « de » marquent en surface deux mouvements opposés, ce qui expliquerait en partie la diversité d’emplois de chacune d’elles, aussi bien dans le système nominal que dans le cadre du système verbal. Ainsi la préposition « à » actualiserait davantage un mouvement d’approche tandis que la préposition « de, » marquerait plutôt un mouvement d’éloignement. C’est ce que nous explique Ronald Lowe :
Le mouvement auquel est associée dans la pensée la préposition à est [...] un mouvement essentiellement prospectif, orienté dans la perspective d’un terme, d’un point d’arrivée [...]. Ce que propose le signifié lexical de cette préposition, c’est en fait l’image d’une distance à parcourir qui décroît au fur et à mesure que progresse le mouvement d’approche. En raison du caractère essentiellement prospectif du mouvement qu’elle représente, la préposition à se prête naturellement à l’expression du but, de la destination, du virtuel, lesquels ont en commun un lien avec une impression générale d’après, (www.fondsgustaveguillaume.ulaval.ca/articles/prof/lowe/artl aa.htm)
Le « but » à atteindre, le « terme », le « point d’arrivée » que mentionne Lowe, correspondent, dans notre typologie, à la traduction, l’« après ». Les limites « à » la traduction sont celles que l’on doit essayer de repousser pour « approcher », voire atteindre, la traduction. Elles incluent donc, par exemple et entre autres : l’ambiguïté, les jeux de mots, les néologismes, les noms propres, les désignateurs de référents culturels, les sociolectes, etc.
Inversement, le signifié lexical de la préposition de correspond dans la pensée à un mouvement rétrospectif, orienté dans la perspective d’un point de départ [...]. Elle propose l’image d’une distance parcourue qui croît au fur et à mesure que progresse l’éloignement. D’où son aptitude à exprimer l’origine, la cause, le motif, la condition ou le révolu [...] lesquels ont en commun un lien avec une impression générale d’avant. (ibid.)
Pierre Cadiot établit la même distinction entre les deux prépositions. Selon lui, « De correspond à une visée rétrospective, une vision d’en deçà. A correspond à une visée prospective, une vision d’au-delà » (1997 : 84). Pour Adamczewski, « à » est un opérateur de phase 1, orienté à droite, « de » un opérateur de phase 2, orienté à gauche (1991 : 68).
16Avec les limites de la traduction, on n’est précisément plus dans la traduction, on s’en est « éloigné », plus ou moins. On se situe donc nécessairement sur le plan du résultat. Ronald Lowe fait ensuite une remarque qui peut paraître évidente à première vue mais qui n’est pas inintéressante lorsqu’on traite de traduction :
Le mouvement d’éloignement représenté par la préposition de n’est pas, contrairement à celui représenté par à, un mouvement limité par un terme dans sa progression. En effet, si l’on peut, en théorie du moins, s’éloigner indéfiniment d’un point fixe, on ne saurait en contrepartie s’approcher indéfiniment d’un tel point. (Op. cit.)
Si les limites à la traduction nous laissent entrevoir des solutions pour s’approcher de, ou même atteindre, la traduction, les limites de la traduction nous en éloignent irrémédiablement. Le résultat n’est plus une traduction mais autre chose, une adaptation5, une réécriture, etc.
17On peut aussi, pour simplifier, parler d’une part des frontières du traduisible, et d’autre part, des limites du traduit, ce qui nous amène à émettre une première hypothèse découlant directement de notre postulat de départ : si la traduction a des limites (postulat), celles-ci ne sont pas toutes de même nature (typologie) et certaines sont sans doute plus perméables que d’autres.
18En l’occurrence, nous formulons ainsi l’hypothèse selon laquelle les limites à la traduction seraient figées (cf. la notion de limite en philosophie, Grenze) et les limites de la traduction, mouvantes (cf. la notion de borne, Schranke) – ce qui ne veut pas dire qu’il faille renoncer à les tracer.
19C’est finalement confronté aux limites à la traduction que le traducteur, repoussé dans ses retranchements, devra démontrer tout son savoir-faire, faire preuve de créativité, et ce faisant, sera peut-être amené à dépasser les limites de la traduction.
20Si la notion de limite peut paraître abstraite sur le plan théorique, force est de constater qu’elle revêt un caractère tout à fait concret en pratique, et c’est justement ce que nous allons voir dans la dernière partie de notre étude, puisque nous allons nous intéresser à des exemples de cas-limites en traduction, qui sont de véritables défis posés au traducteur, qui dispose en la compensation d’une stratégie précieuse.
3. L’entre-deux en pratique de la traduction
3.1. Entre perte et gain : la notion de compensation
21La question de la compensation en traduction est quasiment absente de la théorie. L’abbé Charles Batteux, professeur de rhétorique, de philosophie grecque et latine, grammairien, historien et, ce qu’on sait moins, traducteur prolifique (de Horace, Épicure et Aristote, entre autres) est, nous semble-t-il, l’un des seuls à l’évoquer en 1764 :
si ces figures ne peuvent se transporter ou se remplacer par des échanges, il faut alors reprendre l’expression naturelle, et tâcher de porter la figure sur quelque autre idée qui en soit plus susceptible, afin que la phrase traduite, prise dans sa totalité, ne perde rien des ornements qu’elle avait dans l’original. (Batteux 1764 : 29)
Les recommandations de Batteux sont d’autant plus remarquables qu’il n’était pas particulièrement connu pour ses prises de position en faveur d’une traduction dite libre, au contraire. Or, ici, il préconise, sans employer le terme, soit de compenser la perte d’une figure en utilisant à la place un autre tour, soit en introduisant une figure là où il n’y en a pas mais où les ressources du français s’y prêtent davantage. Batteux distingue donc entre deux formes de compensation sur lesquelles nous reviendrons plus tard.
22La compensation devrait être considérée comme un concept central à la traduction si l’on estime, bien sûr, que celle-ci ne peut être ni totale ni parfaite. Or, la théorie ne lui fait pas la place qu’elle mérite selon nous, sans doute parce qu’elle intervient aux limites de l’observable et probablement aussi parce que la théorie n’a pas encore complètement accepté l’idée qu’une traduction puisse ne pas être identique à l’original. Pourtant, il est illusoire de croire plus longtemps en la traduction idéale qui serait fidèle dans tous ses compartiments au TD. C’est tout simplement impossible, tout le monde le sait. C’est ce que dit Salah Mejri : « la traduction idéale, c’est-à-dire celle qui assure le transfert de l’intégralité du texte initial à la langue cible tout en sauvegardant l’intégrité du contenu et du contenant est, on ne le sait que trop, une construction de l’esprit » (2005 : 121). Aussi conviendrait-il pour lui d’intégrer une fois pour toutes, par souci d’efficacité, la notion de déficit à la théorie de la traduction, à l’enseignement de la traduction et à la formation des traducteurs. Car « traduire, c’est gérer des déperditions multiples et variées [...], c’est transférer une interprétation, son interprétation du texte avec tout ce que cela implique comme déperditions » (ibid. : 122). Aussi, pour lui, la « vision absolue de la traduction » n’a-t-elle plus lieu d’être (ibid.). La traduction doit être abordée de manière plus modeste, plus réaliste.
23Le Petit Robert définit la notion de déficit comme un « manque qui déséquilibre ». Si bien que « la situation d’équilibre tant recherchée en traduction entre les deux textes en présence » (ibid. : 125) est illusoire si l’on ne met pas en œuvre de véritables stratégies de compensation, une notion qui apparaît, selon nous, non moins fondamentale à la traduction, pendant positif de celle de « déficit » de Mejri. A la suite du chercheur tunisien, nous préconiserions une intégration de la notion de compensation à l’étude de la traduction, dont on peut s’étonner même qu’il ne l’évoque pas lui-même tant cela semble naturel après ses propositions très intéressantes. Il conclut en effet son exposé en affirmant qu’« il s’agit pour nous non pas de faire en sorte qu’il n’y ait plus de perte mais de mieux la gérer » (ibid. : 126). Delabastita évoque lui aussi l’importance de la compensation en traduction : « the phenomenon of compensation is inhérent in the idea of translation in general » (1993 : 227). Pour lui, la notion est même inhérente à la traduction.
24Au cours de notre travail, et à la suite de Batteux, nous avons été amené à distinguer deux types de compensation : l’une, que nous avons appelée verticale, a recours à un procédé différent de celui utilisé dans le TD (on peut aussi l’appeler substitution, voire paradigmatique, pour emprunter une fois de plus à la linguistique), l’autre horizontale, qui utilise le même procédé mais à un endroit différent. Cette typologie mériterait d’être affinée évidemment.
25Keith Harvey propose pour la compensation la définition suivante : « technique used for making up for a loss of a source text ejfect by recreating a similar effect in the target text through means that are spécifie to the target language and/or the target text » (1995 : 66). Ce faisant, Harvey semble réduire la stratégie de compensation à la simple reproduction d’un effet produit par des éléments du texte-source et qui aurait été perdu dans la traduction. Or, d’après notre typologie-cadre, dans le cas de la compensation-substitution, l’effet produit ne sera sans doute pas le même que celui du TD, ce qui nous fait donc dire que la compensation ne peut pas se réduire à la simple restitution d’un effet produit par le TD. Mais encore une fois, ce ne sont là que les prémisses d’une réflexion qui nécessiterait d’être développée. Voyons plutôt quelques exemples.
3.2. La compensation horizontale
26La compensation horizontale consiste, rappelons-le, à utiliser le même procédé mais à un autre endroit du TA, par exemple, s’agissant de la traduction du jeu de mots, à faire un jeu de mots dans le TA là où il n’y en avait pas dans le TD. Exemples :
27Le titre du chapitre sept du premier volet des aventures de Harry Potter, The Philosopher ’s Stone6, est « The sorting hat ». Il renvoie au contenu du chapitre dans lequel le jour de la rentrée à Hogwarts / Poudlard, les élèves sont répartis dans leurs différentes maisons (au nombre de quatre : Gryffondor, Serpentard, Serdaigle et Poufsouffle). Pour cela, ils s’assoient à tour de rôle sur une chaise dans la grande salle, puis on leur met un chapeau spécial qui a le pouvoir de lire dans les pensées de celui qui le porte et qui se charge ainsi de leur attribuer une maison. Le titre de départ, dans lequel il n’y a aucun jeu de mots, a été rendu par le traducteur Jean-François Ménard par « Le choixpeau magique ». Jouant sur la paronymie « cha- / choix », le traducteur français a créé un mot-valise qui rend non seulement compte du contenu dudit chapitre mais qui, en plus, fait admirablement justice à l’esprit du texte de départ qui est, par définition, très ludique. Il procédera de même dans le deuxième tome :
[...] he bought three large strawberry and peanut-butter ice-creams which they slurped happily as they wandered up the alley, examining the fascinating shop windows. (HPII: 48)
[...] il acheta trois grosses glaces à la fraise et au beurre de cacahuète qu’ils léchèrent joyeusement en même temps que les vitrines des magasins. (HP2: 65)
Dans cet exemple, il joue sur la polysémie du verbe « lécher », reposant sur ses sens propre et figuré là où dans le TD il n’y avait rien de particulier.
28Il est évidemment difficile de prouver qu’il s’agit là de compensations de quelconques pertes et c’est une des raisons à notre avis pour lesquelles la notion de compensation est oubliée en théorie de la traduction car intervenant aux limites de l’observable. Bien sûr, un texte ludique comme l’est Harry Potter se prête plus aisément à la compensation, notamment en matière de jeux de mots. Mais ceux-ci ne sont pas les seuls à être concernés par la stratégie de compensation.
29Autre exemple : les redondances coordonnées. Michel Ballard constate le goût de l’anglais pour les « formules redondantes construites sur l’utilisation d’un terme d’origine saxonne et l’autre d’origine latine, ou bien tout simplement par l’utilisation rapprochée (généralement par coordination) de deux synonymes » (Ballard 2004 : 305). Nous avons pu effectivement nous rendre compte de cette prédilection de l’anglais lors d’une traduction que nous avons effectuée en équipe il y a quelques années. Comme nous avons déjà eu l’occasion de nous exprimer sur ce sujet7, nous ne nous attarderons guère sur la question mais signalons simplement que nous avons mené une étude sur deux chapitres, soit 14 pages, et que pas moins de 25 redondances coordonnées y étaient présentes, autant dire qu’il ne s’agissait pas vraiment d’un phénomène marginal, comme on pourrait le penser quand on parle de cas-limites. Diverses stratégies ne nous permirent de conserver les deux éléments de la redondance qu’occasionnellement et assez souvent nous dûmes nous résoudre à réduire la redondance à un seul élément, si bien que nous avons compensé ce manque en introduisant, chaque fois que ce fut possible, des expressions françaises figées qui ressemblent trait pour trait aux redondances coordonnées anglaises. Prenons un exemple pour illustrer notre propos :
Others, again, out of their fears, objected against it, and sought to divert from it, alleging many things, and those neither unreasonable nor unprobable; as that it was a great design and subject to many unconceivable perils and dangers. (TD: 26)
D’autres, dont cela n’avait pas levé les craintes, s’y opposèrent et essayèrent de les en détourner en avançant toutes sortes d’objections qui n’étaient ni déraisonnables ni improbables. C’était un projet ambitieux, disaient-ils, mais sujet à des périls inimaginables... (TA: 79)
Ici nous avons opté pour une réduction, car traduire littéralement par « périls et dangers » aurait conduit au pléonasme et utiliser une redondance similaire en français comme « risques et périls » aurait eu un sens différent, mais la solution pouvait convenir dans le cadre de la compensation horizontale, si bien que nous l’avons gardée en nous disant que nous l’utiliserions si l’occasion se présentait, ce qui fut le cas :
But he told the master he would follow his order about it; if he would take it out afterward, it should be at his peril. (TD: 176)
Mais M. Winslow insista auprès du capitaine pour qu’il suive ses ordres et que s’il n’en faisait qu’à sa tête par la suite, cela serait à ses risques et périls. (TA: 215)
30Une autre technique consiste logiquement à utiliser un ressort différent mais au même endroit.
3.3. La compensation verticale
31Reprenons le cas des redondances coordonnées. Cette stratégie ne consiste ni en une conservation des deux éléments, ni en une réduction à un seul mais se situe quelque part entre les deux. En effet, il s’agit ici d’allier en quelque sorte réduction et étoffement si bien que l’entre-deux « se double du double », pour ainsi dire. Exemple :
Not out of any newfangledness, or other such like giddy humor, by which men are oftentimes transported to their great hurt and danger, but for sundry weighty and solid reasons; some of the chief of which I will here briefly touch. (TD: 23)
Loin d’être le fruit de quelque lubie ou de ces envies écervelées qui conduisent bien souvent les hommes à endurer de grandes souffrances et courir de graves dangers, cette décision s’appuyait sur diverses raisons mûrement pesées, dont je vais brièvement évoquer ici les principales. (TA: 76)
Les deux adjectifs coordonnes « weighty and solid » ont ete reduits a un seul mais celui-ci se trouve accompagne de l’adverbe « murement », absent dans le TD, qui entre en collocation avec le participe passe « pesees » et permet de rendre convenablement, nous semble-t-il, l’insistance exprimee dans le texte de depart à l’aide de la redondance. Le même traitement, à savoir la combinaison réduction et étoffement, a été appliqué également à l’exemple suivant :
And Mr Oldham did make a free and large confession of the wrongs and hurt he had done to the people and church here... (TD: 165).
Aussi M. Oldham confessa-t-il librement tout le mal qu’il avait fait endurer à la communauté et à l’Église... (TA: 206)
Cette stratégie nous semble assez précieuse lorsqu’on a affaire à des redondances coordonnées à but emphatique.
32Concernant le jeu de mots, la compensation verticale consiste pour le traducteur à faire l’effort de rendre le jeu de mots du TD par une autre figure de discours.
33Il convient de noter que certains éléments se prêteront davantage soit à l’une soit à l’autre forme de compensation. Par exemple, le sociolecte, qui est peut-être une des limites les plus imperméables à la traduction, s’accommodera plutôt d’une compensation verticale. Exemples :
"Las ’ time I saw you, you was only a baby,” said the giant. “Ye look a lot like yer dad but yeh’ve got yer mom’s eyes.” (HPI: 39)
– La dernière fois que je t’ai vu, tu n’étais encore qu’un bébé, dit-il. Tu ressembles beaucoup à ton père mais tu as les yeux de ta maman. (HP1b: 52)
Dans la traduction, on remarque que le sociolecte de Hagrid, garde-chasse de Poudlard dans Harry Potter, est purement et simplement occulté. Non seulement l’accent a disparu, mais en plus Hagrid parle presque un langage soutenu (« tu n’étais encore qu’un bébé ») qu’on retrouve dans l’exemple suivant :
“What about that tea then, eh?” he said, rubbing his hands together.
“I’d not say no ter summat stronger if yeh’ve got it, mind.” (HPI: 40)
– Et ce thé? Il faudrait peut-être y penser, dit-il en se frottant les mains.
Remarquez, si vous avez quelque chose de plus fort, je ne serai pas contre. (HP1b: 53)
Ici, outre les déformations phonologiques, l’interjection est même complètement lexicalisée (« eh ? » > « il faudrait peut-être y penser ») et le registre en est transformé. Bien sûr, il n’est jamais aisé de transcrire des déformations phonologiques, mais peut-être le traducteur aurait-il pu compenser la perte du sociolecte d’un des personnages principaux en opérant un glissement registral par exemple, puisque le sociolecte de Hagrid n’est pas très marqué géographiquement ici (West Country). Quitte à lexicaliser l’interjection, il aurait pu au moins rendre le registre en optant pour une traduction de type : « Et alors, ça vient ce thé ? [...] ». Et de simples apostrophes marquant l’élision d’une lettre ne présentent pas d’obstacles majeurs à la lisibilité : « R’marque, j’dirais pas non à que’que chose de plus fort ». Concernant le premier exemple, des solutions syntaxiques existent pour rendre fidèlement le registre et ne pas commettre de telles erreurs de traduction qui ne sont peut-être pas imputables au traducteur mais à l’éditeur pour des impératifs de lisibilité :
– La dernière fois qu’j’t’ai vu, t’étais bébé. Tu r’ssembles à ton père mais t’as les yeux d’ta mère / les yeux, c’est (tout) ta mère.
Outre les élisions, il suffisait ici de supprimer les marques de la négation, ce qu’on fait couramment en français à l’oral, et éventuellement chambouler la syntaxe et opter pour des structures plus disloquées, davantage conformes à un style oral8.
34L’accent de Hagrid est totalement oblitéré dans l’ensemble de l’œuvre, vraisemblablement pour des impératifs de lisibilité dans la mesure où le texte est majoritairement destiné à un jeune public. Mais ce choix est discutable à plus d’un titre. En effet, le TD aussi est destiné à un jeune lecteur et pourtant il contient bien des marques sociolectales. Le jeune lecteur français n’est pas plus imbécile que l’anglais. En outre, homogénéiser ainsi le langage de Hagrid, personnage haut en couleurs, contribue à réduire sa caractérisation. La fonction humoristique du sociolecte n’est pas rendue et l’effet comique que produisent presque toutes les apparitions du personnage est limité aux passages descriptifs, au fond et non à la forme. Hagrid est moins drôle en français qu’en anglais et cet aspect a des conséquences fâcheuses. En effet, Hagrid est un personnage plus complexe qu’il n’y paraît et le fait de limiter son impact comique en lui faisant parler un langage standard réduit du même coup la profondeur du personnage puisque le lecteur ne peut alors estimer à leur juste valeur les passages plus tendus, voire dramatiques.
35En d’autres termes, la compensation semble parfois indispensable.
Conclusion
36Nous avons émis le souhait d’en finir avec une théorie manichéenne et radicale de la traduction et proposé, dans la lignée de Michel Ballard, une alternative médiane en théorie, un entre-deux qui introduit la notion de limite(s) en traduction. Celles-ci se trouvent en effet aussi bien sur le plan du processus, au niveau du TD, que sur celui du produit, du TA, d’où notre distinction entre limites à la traduction et limites de la traduction. Ce concept, et la typologie-cadre que nous en avons proposé, nous permet finalement d’avoir une vision englobante de la traduction, de l’envisager comme un continuum dont les différentes phases s’interpénétrent plutôt qu’elles ne s’excluent mutuellement. Car raisonner en « ou bien ou bien » c’est commettre une confusion entre processus et produit. En effet, si une traduction s’avère cibliste (mais en existe-t-il vraiment d’autres aujourd’hui ?), il n’empêche qu’au cours du processus, le traducteur aura pu traduire des segments complets littéralement ou en tout cas, proche du TD. La notion de limite permet aussi d’affiner notre perception de la traduction à défaut d’en avoir une définition précise et claire, mais aussi de l’envisager autrement et d’ouvrir la voie à de nouvelles conceptions telles la créativité, ou encore la compensation qui, selon nous, n’est pas loin d’être synonyme de traduction.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Texte inédit écrit en 1991 et fourni en présentation de La Traduction et la lettre ou l’auberge du lointain à l’occasion de sa réédition au Seuil, collection « L’ordre philosophique ».
2 Nous avons eu l’occasion d’aborder ce point lors d’une communication le 29 octobre 2010 à l’Univérsité de Wroclaw (Pologne) lors de la XVIe rencontre du réseau thématique La traduction comme moyen de communication interculturelle. Les actes de ce colloque qui avait pour thème « La figure du traducteur », sont actuellement sous presse. Cf. bibliographie en fin d’article.
3 Cf. à ce sujet Mariaule 2007, p. 81-104.
4 Franck Pierobon explique par exemple que « la distinction pratiquée par Kant entre bornes : Schranke> et limites : Grenze> est essentiellement architectonique ; les premières sont toujours contingentes, et les secondes, toujours nécessaires. Les bornes de la connaissance peuvent ainsi être indéfiniment reculées mais les limites de l’expérience sensible sont des caractéristiques constitutives et métaphysiques que l’on peut déterminer a priori », Kant et la fondation architectonique de la Métaphysique, Millon, collection « Krisis », Grenoble, 1990 : 59.
5 Voir à ce sujet Mariaule, « L’adaptation à l’épreuve de la traduction », in Corinne Wecksteen et Ahmed El Kaladi (éds.) : La Traductologie dans tous ses états, Artois Presses Université, Arras, 2007, p. 235-254.
6 HP1 pour le premier volet, HP2, pour le deuxième, et ainsi de suite.
7 Cf. Mariaule 2006.
8 Cf. Françoise Gadet, Le Français ordinaire, Paris, Armand Colin, 1989 et Le Français populaire, Paris, PUF, 1997.
Auteur
Est Maître de Conférences à l’Université Charles-de-Gaulle – Lille 3 où il enseigne la traduction et la traductologie. Il est l’auteur d’une thèse soutenue en 2007 et dirigée par Michel Ballard sur « Les Limites de la traduction : traduction littéraire anglais-français » dont il a alimenté quelques articles (sur la traduction des jeux de mots, des néologismes, la problématique de l’adaptation, pour n’en citer que quelques-uns). Il s’intéresse à l’histoire ainsi qu’à la didactique de la traduction et à ses problèmes théoriques, qu’il s’attache dans la mesure du possible à articuler à la pratique dans le cadre d’une traductologie réaliste.
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Pour une interdisciplinarité réciproque
Recherches actuelles en traductologie
Marie-Alice Belle et Alvaro Echeverri (dir.)
2017
Le double en traduction ou l’(impossible ?) entre-deux. Volume 1
Michaël Mariaule et Corinne Wecksteen (dir.)
2011
Le double en traduction ou l’(impossible ?) entre-deux. Volume 2
Michaël Mariaule et Corinne Wecksteen (dir.)
2012
La traduction dans les cultures plurilingues
Francis Mus, Karen Vandemeulebroucke, Lieven D’Hulst et al. (dir.)
2011
La tierce main
Le discours rapporté dans les traductions françaises de Fielding au XVIIIe siècle
Kristiina Taivalkoski-Shilov
2006
Sociologie de la traduction
La science-fiction américaine dans l’espace culturel français des années 1950
Jean-Marc Gouanvic
1999