Traversée ou invasion ?
Le point de vue des chroniques anglaises de la fin du Moyen Âge. (Thomas Walsingham, Chronica Maiora, fin du xive siècle)
p. 27-36
Texte intégral
1Du point de vue anglais, la signification de la traversée trans-Manche évolue au cours du Moyen Âge : avant 1204 et la perte de la Normandie1, les Anglais naviguent d’un côté à l’autre de la mer en demeurant dans le même pays. Par la suite, les côtes françaises, de la Bretagne à la Flandre, deviennent pour l’Angleterre une sourde menace : la rivalité croissante des rois français et anglais au cours du XIIIe siècle, la tentative d’invasion française de 1216-1217 menée par le futur Louis VIII2 puis la guerre de Cent ans concourent à développer en Angleterre un sentiment d’insécurité fortement lié à sa large ouverture maritime.
2La traversée de la Manche se teinte désormais d’ambiguïté dans l’esprit des élites anglaises : menaçante lorsqu’elle est pratiquée par des Continentaux, elle devient au contraire défensive lorsque des Anglais l’effectuent. Cette dissymétrie repose sur un postulat hérité de l’ancien ensemble plantagenêt : tandis que les Anglais seraient encore, malgré tout, en terrain conquis sur le continent eu égard à leurs anciennes possessions, les Français n’auraient, quant à eux, aucune légitimité à s’installer en Angleterre. Non que les Plantagenêts n’aient été, à l’origine, des Continentaux ; mais le cœur de leur domaine se trouvait en Angleterre, pas en France.
3L’affirmation nationale anglaise, l’opposition entre l’Angleterre et le continent et le rôle structurant de la mer sont essentiels pour saisir les enjeux de la traversée en Grande-Bretagne. Les chroniques du temps, clairement marquées idéologiquement, nous offrent sur ces aspects une riche documentation.
4Le XIIIe siècle marque l’épanouissement des chroniques monastiques, qui s’inscrivent dans l’antique tradition historiographique tout en offrant un récit à la fois du monastère et de la vie politique ; l’immunité des moines leur permet de le faire, souvent de façon assez critique, tout en bénéficiant d’une relative impunité3. C’est le cas, par exemple, de Matthieu Paris et des chroniqueurs de l’abbaye de Saint-Albans (Hertfordshire) qui prirent sa suite4. Au XIVe siècle, les chroniques laïques se font plus nombreuses et la tradition monastique commence à péricliter, à quelques exceptions près5. Faute de temps, nous ne pourrons nous livrer à une véritable analyse comparative des textes, et nous nous concentrerons sur l’une de ces chroniques monastiques du XIVe siècle, celle de Thomas Walsingham6.
5Walsingham, chef de chœur à l’abbaye de Saint-Albans de 1380 à 1394, puis prieur de 1396 à sa mort en 1422, se réclame de la tradition historiographique de Matthieu Paris. Son œuvre majeure est la continuation de la Chronica maiora de Paris jusqu’en 1392. Jusqu’à l’année 1377, il a recours à des compilations d’auteurs, et fait ensuite appel à sa propre mémoire des événements7 ; d’historien, il se fait alors témoin. C’est un auteur patriote, voire chauvin, qui déplore la faiblesse du gouvernement anglais de l’époque ricardienne et ne se distingue pas particulièrement en cela des autres chroniqueurs du XIVe siècle. L’anarchie politique intérieure et les attaques venues de l’extérieur sont ses deux grandes craintes8. Enfin, l’intelligence et la vivacité des textes de Walsingham valent à sa chronique d’être demeurée l’une des plus marquantes de la fin du Moyen Âge. Ces différents facteurs en font une excellente source pour tenter de comprendre la manière dont la traversée de la Manche pouvait être perçue par un clerc anglais patriote, soucieux de dresser un tableau honnête de son pays en temps de guerre et très au fait des événements politiques. Sa partialité nous permettra de voir par quels filtres intellectuels et culturels il passe les événements dont il parle.
L’agressivité française
6L’arrivée des Français en Angleterre, avérée ou non, est toujours présentée par Walsingham comme une tentative d’invasion dont les Anglais doivent se prémunir avec une vigilance constante. Prenons le cas de l’attaque de l’île de Wight en 1377 :
Et afin que les Anglais ne soient pas seuls à éprouver le mélange des joies et des douleurs, cette même année9, le 21 août, les Français prirent l’île de Wight qui se disait imprenable, moins cependant par leur courage que par leur ruse ; et aucun homme ne l’aurait prise si sa garde avait été bien maintenue. Mais la garde insuffisamment prudente des insulaires apporta pour eux la destruction, pour les Français des joies inespérées et pour les Anglais honte et graves pertes. En effet, les Français avaient été poussés vers l’île par une tempête, et avaient tenté de l’envahir [irrumpere], croyant que les insulaires ignoraient leur arrivée ; mais ceux-ci n’étaient pas dupes du plan des Français. C’est pourquoi ils leur permirent d’entrer sur leur terre, prévoyant, après en avoir fait entrer un certain nombre qu’ils pensaient pouvoir vaincre, de repousser les autres ; mais cela ne se passa pas comme ils le croyaient […], car les Français envahirent l’île en un tel nombre, et repoussèrent les insulaires avec une telle constance loin de la garde de la côte, que ceux qui avaient auparavant cru pouvoir battre les Français de leur propre volonté étaient désormais condamnés à fuir et à chercher un abri.10
7Deux remarques s’imposent à la lecture de ce texte frappant : tout d’abord, les Français semblent surgir de nulle part. On ne sait d’où ils viennent, si ce n’est par leur nom (Gallici) qui leur confère une origine très large, située de l’autre côté de la mer ; nulle mention de ville, de port ou même d’armée. Ce n’est pas une nation qui les fait naître mais l’eau et la tempête, comme le suggère la tournure passive ad insulam tempestate pulsi. Le danger semble venir, en fin de compte, de la mer elle-même… Enfin, leur plan est immédiatement une irruptio, une invasion, et non une attaque isolée ou un raid de pillage ponctuel. Or, dans le contexte de la guerre de Cent ans, ce sont plutôt ces dernières hypothèses qui seraient les plus probables11… Comment ne pas voir ici des traces du traumatisme laissé en Angleterre par l’invasion avortée de 1216-1217 ?
8Le second aspect du texte concerne la responsabilité de la catastrophe : elle revient, selon Walsingham, non pas tant aux Français qu’aux insulaires eux-mêmes, qui auraient dû mieux protéger leur île. Les attaques françaises sont présentées comme une fatalité, un danger inhérent à la situation de l’Angleterre et dont il faut nécessairement se défendre sous peine de destruction. C’est là un point de vue récurrent chez Walsingham, que nous retrouvons dans son récit de la prise de Rye par les Français la même année :
Le jour de la fête de saint Pierre et saint Paul12, à l’aube, les Français envahirent [invaserunt] la ville de Rye avec cinquante navires, grands et petits, au nombre de cinq mille [hommes] ; et c’est au prix de peu d’efforts qu’ils prirent la ville, bien que les habitants, confiants dans leur force, décidassent et promissent fermement que personne ne sortirait leurs biens meubles de la dite ville ; ainsi, en raison de leur amour des choses matérielles, ils imposèrent une résistance vigoureuse dans le conflit. Ils se comportèrent toutefois comme les fils d’Ephraïm, « les archers les mieux équipés, [qui] ont détalé le jour du combat »13. Le résultat de leur folie fut que la dite ville [de Rye] fut prise avec tous ses biens.14
9Là encore, l’attaque de la ville, qui est en réalité un raid, est présentée comme une invasion : le verbe invadere est sans équivoque. Or, Thomas Walsingham établit un lien de causalité très clair entre le comportement des bourgeois de Rye et la destruction de la ville. Cette fois, il y insère une dimension spirituelle qui se trouvait absente de l’extrait concernant Wight : l’attaque française apparaît comme une punition divine contre des bourgeois préférant les nourritures temporelles (rerum temporalium) à celles de l’Esprit. Ces Français, une nouvelle fois surgis de la mer pour menacer l’Angleterre d’invasion, semblent le bras armé de Dieu qui emporte les biens matériels des bourgeois. Il n’est d’ailleurs pas anodin de remarquer que dans la suite du texte, c’est l’abbé de Battle, Hamon d’Offington, qui réussit à faire fuir les intrus15.
10Ces deux exemples nous montrent donc une vision très idéologique de la traversée de la Manche : depuis la France, elle est pour notre chroniqueur une menace véritable sur toute l’Angleterre. Mais qu’en est-il lorsque ce sont les Anglais qui traversent la mer ?
Le courage des navigateurs anglais
11La traversée des Anglais revêt, chez Walsingham, une dimension symbolique profonde. Autant les Français semblent, nous l’avons vu, surgir de nulle part, autant les Anglais sur mer souffrent mille maux qui sont autant d’épreuves physiques mais surtout spirituelles. La traversée de la Manche est un moyen pour le chroniqueur de démontrer le grand courage des Anglais, tandis que celui des Français, fléaux surgis de la mer par excellence, n’est jamais mentionné.
12Par exemple, lorsque le roi d’Angleterre décide en 1380 d’envoyer une armée sur le continent pour aider le duc de Bretagne, la traversée s’avère difficile :
Il n’était pas fiable pour eux de naviguer directement de l’Angleterre jusqu’en Bretagne à cause des galées16 qui surveillaient les voies maritimes, et, comme ils avaient peu de navires ils ne pouvaient pas en faire passer beaucoup en même temps à travers la Manche ; ils choisirent donc de faire passer leurs troupes depuis Douvres et Sandwich jusqu’à Calais […] ; [ils passent de Douvres à Calais] pour éviter les pertes du nombre de leurs hommes par un trajet sur mer où ils seraient trop longtemps dispersés, qui les mettrait à la merci des incursions de pirates.17
13Le danger est partout sur mer, où veillent ennemis et pirates. Mais la traversée peut également comporter une dimension morale et s’apparenter alors à un voyage initiatique. Par exemple, en 1377, lorsqu’une flotte anglaise décide de se rendre à L’Écluse pour se venger d’Espagnols bloqués en Flandre par le manque de vent, cette expédition échoue et un miracle se produit :
Environ au même moment, les Anglais entendirent [dire] qu’un grand nombre de navires espagnols étaient retenus à L’Écluse par manque de vent ; ils rassemblèrent une troupe d’hommes d’armes, pensant s’avancer avec une énorme flotte et souhaitant payer de retour [les Espagnols] pour le préjudice qu’ils avaient infligé aux Anglais en offrant leur aide aux Français l’été précédent. […] Un vent violent et une pluie nuisible se levèrent, et peu de temps après les navires se séparèrent les uns des autres et se dispersèrent en différents endroits18, les mâts se brisèrent, les voiles se déchirèrent, plusieurs des plus petits vaisseaux sombrèrent, qui transportaient les victuailles de l’armée […]. Enfin la clémence divine intervint, les navires furent rassemblés et abordèrent la terre d’Angleterre. Et lorsqu’ils furent réparés, des hommes de guerre y furent établis et ils reprirent la mer.19
14La tempête apparaît ici comme une épreuve divine du courage et de la ténacité des Anglais ; le miracle, d’ailleurs, n’a lieu que pour qu’ils puissent retourner en Angleterre et repartir sur la mer, plus forts et mieux armés. Nous retrouvons ici l’une des obsessions de Walsingham, la quête d’un pouvoir fort qui pourrait préserver l’Angleterre des menaces continentales.
15Enfin, la dimension morale de la traversée sur mer apparaît très clairement dans le récit de la mort en mer de John Arundel. Celui-ci, accompagné de cinq autres chevaliers, est envoyé en Bretagne en 1379 pour soutenir le duc Jean IV. Arrêtés par un vent défavorable sur le continent, tous s’en vont chercher asile dans un couvent et, à la suite d’une altercation avec la mère supérieure, violent les femmes qui s’y trouvent ; Arundel participe même aux exactions. Les choses s’aggravent ensuite : les soldats enlèvent une femme le jour de son mariage, volent des objets du culte dans une église, sont maudits par le prêtre ; et lorsqu’ils prennent finalement la mer, une très violente tempête les repousse vers l’Irlande, où ils ne réussissent à accoster que grâce aux talents du pilote. Mais à peine Arundel a-t-il mis pied à terre qu’une grande vague le rattrape et l’engloutit, son corps demeurant trois jours sur la plage avant d’être enterré par des Irlandais20.
16La signification morale de ce récit est évidente : la mer apparaît comme l’instrument de la colère de Dieu contre John Arundel et sa dépravation. La traversée prend ici la forme d’une épreuve divine, dont l’enjeu, encore une fois, est d’endurcir et de purifier, non pas tant les Anglais dans leur globalité que les élites anglaises. Ce sont les Grands et les barons qui sont ici visés, car ils sont pour notre auteur garants de la sécurité du pays.
17La traversée de la mer, chez Thomas Walsingham, est donc toujours le point de départ d’une épreuve pour les Anglais : soit celle de l’invasion, soit celle du courage. Il ne s’agit pas d’un voyage mais d’un acte de guerre : c’est là sa seule acception dans la Chronica maiora. En cela, ce texte est emblématique de la mentalité obsidionale des élites anglaises à l’époque de Richard II.
Une mentalité obsidionale
18La traversée de la Manche cristallise, chez Walsingham, la terreur de l’invasion que l’on peut ressentir dans un pays qui se sent assiégé. Nous avons remarqué plus haut, au sujet de l’attaque de Wight en 1377, que les Français semblent attaquer en surgissant directement de la mer et sans raison aucune. Lorsqu’ils se dirigent vers Winchelsea après l’île de Wight, le chroniqueur n’invoque en effet aucune cause à cette hostilité française :
Après l’occupation de l’île susdite21, les Français, reprenant à nouveau leurs galées, contournèrent la côte de la mer jusqu’à atteindre leur but, la ville de Winchelsea.22
19Le texte ne nous dira jamais pourquoi Winchelsea est le but (objectum) des Français. La guerre elle-même, qui en est bien sûr l’explication première, n’est jamais mentionnée. En réalité, tout se passe chez Walsingham comme si les continentaux étaient hostiles aux Anglais de natura, « par nature » et sans raison apparente. L’invasion est chez eux un désir permanent matérialisé par la traversée de la mer. En 1385, les projets d’invasion du roi de France semblent parfaitement irrationnels, précisément par l’absence de fondement à sa si forte anglophobie :
Cette même année, le roi de France, avec ses Français, commença à se vanter de la destruction qu’il se préparait à infliger au royaume des Anglais depuis longtemps, et ayant rassemblé des navires venus de partout en une seule flotte, il ordonna qu’ils soient ancrés près de L’Écluse.23
20Non seulement, ici, le complot vient des Français, mais ils s’allient de plus à la totalité du monde contre l’Angleterre : les bateaux ennemis viennent de partout (undecunque), le pays est totalement isolé. La terreur que provoque la rumeur de cette invasion littéralement européenne prend d’ailleurs, d’après Walsingham, des proportions bibliques :
En Angleterre, une rumeur circula qui disait que six cents navires avec une énorme armée se dirigeaient vers le pays, et qu’ils empliraient tout le pays comme des sauterelles sur-le-champ, comme si nul espoir de salut n’était plus possible ; non seulement le petit peuple mais également les chevaliers eux-mêmes, [qui étaient] d’ordinaire des soldats entraînés mais devenaient désormais des femmes effrayées, courageux d’ordinaire mais désormais craintifs, avisés d’ordinaire mais désormais déraisonnables et faibles, commencèrent à s’agiter et à parler, non de résistance et de tactiques de guerre, mais de fuite et de reddition.24
21La traversée, ici, est une nouvelle fois régie par Dieu : telles les sauterelles (locuste) des douze plaies d’Égypte, la menace d’invasion – nous n’en sommes encore qu’à une rumeur – est une punition de l’Angleterre, de ses péchés et de sa faiblesse. La véritable mutation qui s’empare des chevaliers anglais est d’ailleurs significative de deux choses : d’une part, du sentiment de panique qui s’empare du pays tout entier, car il est menacé dans son ensemble25 ; d’autre part, du manque de vaillance de l’élite anglaise. Là encore, c’est la faiblesse de ses compatriotes que vise Walsingham.
22Cela revient tout de même à dire que le pays est placé sous l’égide de Dieu, qui le punit mais qui peut également le sauver. Le peuple anglais semble implicitement comparé à l’antique peuple élu, subissant comme lui le courroux divin mais également sa particulière bienveillance26. Cette même invasion de 1385, en effet, est finalement évitée l’année suivante, et Walsingham attribue cela à un miracle :
Après que la flotte toute entière27 fut partie et alors qu’elle était en eaux profondes, éloignée du port d’environ vingt milles, voilà qu’un vent contraire lui fit obstacle, obligeant tous les navires à rebrousser chemin, ou plutôt les poussant et les heurtant, si bien que certains d’entre eux se brisèrent dans l’entrée de ce même port de L’Écluse. C’est à cette occasion que l’Angleterre fut libérée de son angoisse et que le roi de France s’en retourna [chez lui].28
23Difficile, là encore, de ne pas voir la main de Dieu derrière ce vent miraculeux29, ce kamikaze anglais ! Les vents marins agissent comme un obstacle naturel qui empêche la traversée, et protège de ce fait les Anglais de tout débarquement – un débarquement sur la terre anglaise signifiant nécessairement pour notre auteur une invasion.
Conclusion
24Chez Thomas Walsingham, la traversée de la Manche revêt nécessairement une signification guerrière : elle est, dans tous les cas, une épreuve réelle ou symbolique pour l’Angleterre entière. Qu’il s’agisse de l’invasion potentielle de Français trop hardis, ou bien des tourments endurés par les Anglais pour retourner sur un continent qu’il leur semble légitime de rejoindre, au moins en partie, la traversée est le moyen choisi par Dieu pour guider les Anglais.
25Elle traduit également le sentiment d’isolement d’un pays qui, en pleine guerre avec la France, construit son identité en partie sur son insularité. Il est d’ailleurs à noter que l’antithèse de la traversée, à savoir la fermeture de la Manche, se trouve fréquemment exprimée et défendue dans la Chronica maiora par l’intermédiaire de la tempête ou du vent, qui barrent le passage aux envahisseurs ou bien éprouvent le courage des navigateurs anglais. Or, la fermeture totale de la Manche pour protéger le royaume se trouve défendue au siècle suivant par l’auteur du Libelle of Englyshe Polycye (1436), un traité politique anonyme proposant le contrôle total de la mer par la couronne d’Angleterre – de façon, là encore, à empêcher la traversée de la mer…
Notes de bas de page
1 Bien évidemment dénommée « conquête » de la Normandie dans l’historiographie française.
2 Monique Bourin-Derruau, Temps d’équilibres, temps de ruptures (XIIIe siècle), Paris, Seuil, « Nouvelle histoire de la France médiévale », 1990, p. 161-162 ; Gérard Sivéry, Louis VIII. Le Lion, Paris, Fayard, 1995, p. 156-163.
3 Antonia Gransden, Historical Writing in England, vol. 1 (c. 550-c. 1307), Londres-New York, Routledge, 1996 (1974), p. 320.
4 Ibid. Matthieu Paris écrivit quatre chroniques (la Chronica maiora, l’Historia Anglorum, l’Abbreviatio Chronicarum et le Flores Historiarum) entre 1240 et sa mort en 1259. Il se fit également historien local dans ses Gesta Abbatum Monasterii Sancti Albani.
5 Par exemple The Chronicle of Adam Usk, 1377-1421, trad. et éd. de Chris Given-Wilson, Oxford-New York, Clarendon Press-Oxford University Press, 1997, ou encore The Westminster Chronicle, 1381-1394, trad. et éd. de L. C. Hector et Barbara F. Harvey, Oxford, Clarendon Press, 1982.
6 The Saint Albans Chronicle. The Chronica maiora of Thomas Walsingham, I (1376-1394), éd. et trad. de John Taylor, Wendy R. Childs, Leslie Watkiss, Oxford, Clarendon Press, 2003.
7 Antonia Gransden, op. cit., p. 124.
8 Ibid., p. 146-147. Cela explique pourquoi Thomas Walsingham se montre clairement favorable aux Lancastre à partir de 1397, considérant le pouvoir de Richard II comme trop faible pour faire face aux agressions extérieures.
9 1377.
10 The Saint Albans Chronicle (désormais CM)…, op. cit., p. 160 : « Et ne solum Anglis gaudia impermixta dolori contingerent, Galli eodem anno, vicesimo primo die mensis Augusti, insulam, ut ita dicam, incapiabilem de Wight capiunt, minus virtute quam astu ; que a nullo hominum fuisset captivata, si diligenti custodia fuisset conservata. Set insulanorum male cauta securitas eis induxit exterminium, Gallicis insperatum tripudium, et Anglicis obprobrium et grave dampnum. Revera, Gallici ad insulam tempestate pulsi, temptaverunt irrumpere insulam supradictam, estimantes insulanos inscios eorum adventus ; set Wectuarios non latebat consilium Gallicorum. Quare permiserunt eos ingredi terram suam ut, certis intromissis quibus prevalere rebantur, ceteri ab ingressu arcerentur ; set secus accidit quam credebant […], quoniam Gallici tam habunde proruperunt, tam constanter insulanos a maris custodia repulerunt, ut iam compellerentur latebras fugiendo querere, qui prius credebant se posse pro sue voluntatis arbitrio Gallicos captivare ».
11 Sur la stratégie du raid maritime et son utilisation durant le conflit franco-anglais, voir Nicholas A. M. Rodger, The Safeguard of the Sea. A Naval History of Britain, 660-1649, New York-Londres, Norton, 1999 (1997), p. 91-92.
12 Le 29 juin.
13 Ps 78 (77), 9 (Traduction Œcuménique de la Bible).
14 CM, p. 132 : « In festo apostolorum Petri et Pauli, Gallici in aurora cum quinquaginta navibus, maioribus et minoribus, invaserunt villam de Rya, ad numerum quinque millium ; et modico labore villam ceperunt, quanquam villani, ex confidencia virium suarum, statuissent et firmiter promisissent quod nullus a dicta villa bone sua mobilia elongaret ; ut saltem amore rerum temporalium animosius persisterent in conflictu. Qui tamen effecti similes filiis Effrem, intendentes et mittentes archum, conversi in die belli. Unde contigit eorum vecordia villam predictam capi cum omnibus bonis suis ».
15 Ibid.
16 Navires rapides.
17 CM, p. 364 : « Hii, quia tutum non erat directo cursu ab Anglia in Britanniam navigare, proter galeyas observantes maris semitas, et propter paucitatem navium, que non plures simul ex eis transvehere poterant, elegerunt a Doveria et Sandwico ad Calesiam copias tranferre […] ; ne per longinquum mare sparsim traiecti, dispendia numeri suorum hominum piratarum paterentur incursu ».
18 Les navires de guerre ou de commerce circulent alors en convois pour plus de sécurité, afin de repousser les attaques de pirates.
19 Ibid., p. 170 : « Circa tempus illud audientes Anglici multitudinem navium Hispanorum apud Selusam [sic] venti penuria detineri, collecta copia armatorum, cum ingenti classe mare ingredi meditantur, cupientes eis vicem rependere pro dampnis que Anglis irrogaverant, ferentes auxilium Gallis estate precedente. […] Nimium insurgente vento im imbreque nocivo, mox naves ab inuicem separate in partes dilabuntur, confringuntur mali, vela dirumpuntur, plura de minoribus vasis, que victualia exercitui fuerant allatura, submersa […]. Divina tandem superveniente clemencia, naves invicem recollecte ad terram Anglie sunt appulse. Et resarcitis eisdem iterum, bellatoribus instaurantur et iterum mare petunt ».
20 Ibid., p. 324-338.
21 L’île de Wight.
22 CM, p. 162 : « Post occupacionem insule supradicte Gallici, galeyas iterum repetentes, circuierunt horam maritimam usquedum pervenerunt ad obiectum ville de Wynchelsee ».
23 CM, p. 752 : « Sub eadem tempestate rex Francie cum suis Gallicis exicium quod Anglorum regno diu perante excogitaverat effutire parat, et congregatis ratibus undecunque atque conductis, apud Sclusam in ancoris stare precepit ».
24 Ibid. : « Auditur in Anglia rumor iste, scilicet sexcentarum navium istuc dirigendarum cum exercitu infinito, qui totum regni solum, sicut locuste, repleret, et illico, quasi nulla spes salutis esset, non solum plebani set et ipsi milites, olim exercitati, set modo effeminati, olim animosi, set modo meticulosi, olim cordati, set nunc excordes et enervati, trepidare ceperunt, et non de resistencia, non de bello modo, set de fuga vel dedicione, tractabant ».
25 Nous pouvons trouver une réaction similaire dans une histoire datée de 1377 : au début de la saison de la pêche, alors que des hommes de Yarmouth lancent leurs bateaux, deux barges françaises sont signalées dans les environs ; terrorisés, les pêcheurs préfèrent rester à terre, ce qui cause de grandes pertes à cause du manque de poisson. Les Français sont finalement chassés par des hommes du Norfolk (CM, p. 168).
26 Merci à Cédric Giraud qui m’a suggéré cette idée.
27 Celle qui a été rassemblée à L’Écluse par Charles VI.
28 Ibid., p. 804 : « Cumque cuncte rates fuissent egresse, et iam profunda tenerent, essentque a portu remote quasi per viginti miliaria, ecce, ventus contrarius obvius eis factus, omnes retrocedere compulit, et non tantum compulit set et impulit naves, et allisit, ut quedam ex eis in introitu ipsius portus de Sclusa confringerentur. Hac occasione et Anglia metu liberata, et rex Francie est regressus ad sua ».
29 L’événement arrive miraculose (« miraculeusement »), d’après Walsingham (op. cit., p. 804).
Auteur
Université Nantes
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