Les voyages forment la jeunesse : les migrations scolaires entre la France du nord et l’Angleterre au xiie siècle
p. 19-26
Texte intégral
1Depuis le voyage en Grèce des jeunes latins dans l’antiquité jusqu’aux programmes d’échanges Erasmus dont le nom est à lui seul tout un programme, la migration scolaire fait partie des voyages les plus attestés1 : la dimension culturelle inhérente à ce type de migrations explique qu’elles soient bien représentées dans la documentation, de même que la part de cliché qui s’y attache régulièrement. Amour de la science, péril du voyage, rencontre avec l’autre composent les étapes obligées d’une mobilité scolaire qui concerne aussi bien les maîtres que les étudiants. Le moyen âge ne fait pas exception et l’essor des universités à partir du XIIIe siècle entérine l’importance du fait migratoire dans la vie scolaire : dès les années 1200-1220, les universités et les autorités publiques se montrent soucieuses de protéger les étudiants et les maîtres étrangers et leur accordent des privilèges garantissant leur sécurité physique, juridique et matérielle2.
2De ce point de vue, les universités n’innovent pas tant qu’elles ne prolongent les pratiques du XIIe siècle. En effet, parmi les éléments retenus traditionnellement pour caractériser la « Renaissance du XIIe siècle », on compte une véritable « révolution scolaire », c’est-à-dire l’augmentation significative des structures pédagogiques en même temps que le renouvellement et la circulation accrue des savoirs transmis3. Dans ce contexte, les écoles du nord de la Loire acquièrent une renommée qui étend leur influence bien au-delà du cadre diocésain. Qu’elles soient situées dans le domaine royal ou les principautés voisines, les écoles de Reims, Chartres, Laon, Paris, Angers, Tours ou Orléans profitent d’un soutien politique qui favorise leur rayonnement4. Placées sous l’autorité de l’évêque, ces écoles cathédrales du Nord de la France attirent des scolares originaires de tout l’Occident5.
3Parmi ces écoles, celles de Laon et de Paris méritent une attention particulière car ce sont elles qui semblent avoir le plus attiré d’étudiants ayant effectué la traversée entre l’Angleterre et la France6. Autant dire d’emblée que les conditions pratiques de cette traversée sont fort peu connues : je m’intéresserai donc de manière assez large au voyage France-Angleterre, et aux rapports dans l’espace franco-anglais. Sans pouvoir fournir dans le présent cadre une étude exhaustive, il reste loisible d’indiquer les principales étapes des migrations scolaires entre l’Angleterre et la France au XIIe siècle en rappelant les conditions du voyage avant de préciser les fruits retirés de ce déplacement.
Les conditions du voyage
4Au moyen âge, le voyage des clercs est présenté de manière ambiguë. Traditionnellement, l’Église se montre, en effet, sévère pour les clercs errants : les moines gyrovagues, déjà condamnés par la règle bénédictine, ou les simples clercs sont régulièrement dénoncés par la législation canonique7. Au XIIe siècle, ces wandering scholars forment une catégorie avant tout connue par la littérature. Pour ces écoliers, les études sont prétextes à voyager, fréquenter les tavernes et s’amuser beaucoup, mais étudier peu. Cependant, il existe également des raisons honorables qui légitiment le voyage. Tout d’abord, les penseurs du XIIe siècle accordent au voyage même une finalité morale nouvelle : l’exemple le plus frappant est celui du maître parisien Hugues de Saint-Victor († 1141), qui a lui-même quitté sa terre d’origine, l’Empire, pour gagner le royaume de France. Dans son traité pédagogique fameux, le Didascalicon (avant 1121), Hugues se livre à un éloge appuyé de la navigation8 : la navigation, troisième des arts mécaniques, consiste avant tout dans le commerce, entendu dans un sens assez large de communication des biens et des hommes. C’est donc, selon lui, une forme de rhétorique qui a pour maître Mercure9. Surtout, cette technique permet d’entrer en contact avec des contrées isolées et se voit reconnue une utilité sociale éminente10 : « cette activité réconcilie les peuples, apaise les guerres, affermit la paix et rend communs les biens privés pour l’utilité de tous »11.
5Dans ces conditions nouvelles, le voyage d’étude se trouve paré de toutes les vertus, puisqu’il répond à une recherche désintéressée de la connaissance et aboutit à l’exaltation de l’Église. La poursuite de tels biens explique que les écoliers soient prêts, selon les sources littéraires, à supporter l’exil et son cortège de maux, parmi lesquels la faim, la soif et le froid. Comme le rappelle Hugues de Saint-Victor, le voyage et même l’exil font partie des conditions qui favorisent les études avec le calme, le zèle et la pauvreté12. Pour Hugues, « il est encore délicat celui qui trouve douce sa patrie ; fort celui pour qui tout sol est une patrie ; et parfait celui pour qui le monde entier est un exil »13.
6Ces raisons, à dire vrai assez topiques et dont le XIIe siècle ne possède pas toujours le monopole, sont souvent complétées de considérations plus pragmatiques : il semble que ce soit la présence de maîtres qui attire les foules estudiantines. La réputation du maître, sa fama, oriente ainsi les flux et compose une géographie scolaire mouvante, mais à sens unique de l’Angleterre vers la France14 : pour les écoles de Laon et de Paris illustrées par la présence d’Anselme de Laon et de Pierre Abélard, les témoignages pullulent et concordent pour prouver que la présence du maître crée l’école. Pour ne retenir qu’un exemple, il vaut la peine de rappeler les termes avec lesquels Foulque de Deuil rapporte la gloire scolaire de Pierre Abélard :
aucun espace terrestre, aucune montagne élevée, aucune vallée profonde, aucune route périlleuse et bordée de brigands ne les empêchaient de se hâter vers toi. La mer et les terribles tourbillons de l’eau n’effrayaient pas la foule des jeunes anglais, mais méprisant toute forme de danger, ils affluaient vers toi en entendant ton nom.15
7Un des meilleurs indicateurs du succès d’un maître est également le souvenir qu’il laisse à ses anciens élèves : pour Anselme de Laon, on possède une source exceptionnelle avec les Miracles de Sainte Marie de Laon16 : ce texte raconte comment, après la destruction de la cathédrale lors de la Commune sanglante de 1112, les chanoines de Laon décident d’organiser des quêtes pour reconstruire l’édifice. Les reliques de Notre-Dame sont mises à contribution pour attiser la générosité des fidèles : elles sont notamment envoyées en Angleterre (de Douvres jusqu’à Bristol) pour lever des fonds au cours d’un voyage s’étendant du 24 mars au 2 septembre 111317. Les clercs qui accompagnent les reliques sont fort bien reçus particulièrement par d’anciens élèves d’Anselme encore marqués par leur séjour à Laon18.
8Outre des raisons scolaires, le voyage d’étude s’insère dans un contexte plus large où les conditions politiques tiennent une part importante. C’est le cas notamment à Laon, où des clercs d’origine anglaise ou soutenus par le roi d’Angleterre prennent une part active dans la vie locale dès la fin du XIe siècle. Deux évêques de Laon contemporains d’Anselme sont liés aux rois d’Angleterre : l’évêque Élinand (1052-1096) a été chapelain puis ambassadeur du roi Édouard le Confesseur (1042-1066) à la cour de France, tandis que Gaudry (1106-1112) a occupé la charge de chancelier du roi d’Angleterre Henri Ier (1100-1135). Parmi la vingtaine d’étudiants d’Anselme sur lesquels on possède des mentions, au moins sept sont originaires d’Angleterre. Pour ces clercs anglais, le séjour à Laon fait partie d’une pratique sociale, le voyage d’études sur le Continent effectué par des jeunes gens de bonne famille.
9Pour Paris, les clercs anglais se comptent par dizaines : dans une étude classique, Astrik Gabriel a dénombré une trentaine d’élèves passés par Paris et devenus des maîtres de premier plan, d’Adélard de Bath au début du XIIe siècle jusqu’à Robert Grosseteste, Robert Courçon et Étienne Langton au seuil du XIIIe siècle19. Les conditions politiques qui parfois favorisent le voyage peuvent aussi pousser à l’exil : c’est le cas notamment lors du durcissement du roi d’Angleterre à l’égard des clercs les plus engagés dans la « réforme grégorienne » : après le meurtre de Thomas Becket en 1170, certains clercs sont contraints à l’exil comme Jean de Salisbury20.
10Sur les conditions matérielles du voyage, les indications concrètes sont peu abondantes. D’après les sceaux des ports anglais datant du XIIIe siècle, on suppose que les bateaux servant à la traversée sont des nefs difficilement manœuvrables, propulsées à l’aide d’avirons et d’une grande voile carrée21. Pour le reste, on bénéficie tout de même du récit sur les reliques de Notre-Dame qui fournit des renseignements contemporains et valables également pour les migrations scolaires : on apprend ainsi que les clercs de Laon embarquent à Wissant avec des marchands allant de Flandre en Angleterre pour acheter de la laine22. Cependant, au cours de la traversée, le navire est attaqué par des pirates : tout le monde perd la tête, le prêtre se confesse à un laïc et les marchands confient leurs bourses aux reliques de Notre-Dame. On finit par faire appel à cette dernière : le reliquaire est dressé sur la poupe, ce qui a pour effet de briser le mât des pirates alors repoussés par un vent violent23. Cette traversée, rendue exceptionnelle par la présence de reliques, présente des traits communs et peu originaux avec tout voyage par voie maritime : à l’appel des marins, on embarque de bon matin et on attend le vent favorable pour un voyage exposé aux pirates comme aux intempéries24.
11Une fois arrivé à bon port, l’élève ou le maître doit se loger : la demande à Paris comme à Laon excède visiblement l’offre puisque nous possédons des mentions concordantes sur la difficulté à trouver un logement et sur les profits que les chanoines retiraient du marché immobilier25. La communauté d’origine des scolares concourait également à créer une forme de sociabilité, même s’il faut reconnaître qu’avant l’organisation des étudiants en nations universitaires au XIIIe siècle, les traces d’une honesta societas sont difficiles à découvrir. L’existence d’une vie commune est plausible à Paris où les maîtres, notamment autour du Petit-Pont, transformaient leurs maisons en écoles et y logeaient des étudiants. Il semble même que les élèves anglais suivaient de façon privilégiée les cours de maîtres insulaires26. On possède également à Laon des indices de ce fonctionnement scolaire et domestique puisque Guillaume de Corbeil, futur archevêque de Cantorbéry (1123-1136), évoque son séjour à Laon dans la maison de l’évêque : tout en suivant les cours d’Anselme de Laon, il a lui-même servi de maître aux fils du chancelier du roi d’Angleterre27.
Les fruits du voyage
12Les conditions et les formes du voyage ayant été brièvement rappelées, il faut maintenant s’interroger sur ses conséquences. La traversée entre l’Angleterre et la France permet tout d’abord d’étudier un important phénomène de transmission culturelle. En effet, la migration concerne également les livres, même si nous ne possédons pas de témoignage explicite sur leur manière de voyager. Pour la période postérieure, il existe encore des reliures souples en parchemin qui servaient à conserver des feuillets et l’on peut supposer que certains textes ont dû voyager sous cette forme au moins dès le XIIe siècle28. Les circonstances dans lesquelles se faisait ce voyage sont mieux connues. Des correspondances consignent, en effet, les demandes de clercs cherchant à recevoir les nouveautés des écoles parisiennes. C’est le cas notamment des moines qui souhaitent, selon un mouvement commun à l’Occident, compléter leurs collections d’écrits des Pères de l’Église en ajoutant les livres récents issus de l’enseignement des écoles à la mode, notamment de l’école de Saint-Victor29. Cette école parisienne, illustrée par Hugues, a également accueilli de grands maîtres originaires d’Angleterre comme Richard ou André qui ont conservé des liens avec les milieux anglais30. Cette véritable mise à jour bibliographique s’effectue non par emprunt de manuscrits, en raison des distances, mais le plus souvent par envois de scribes qui se rendent à Paris recopier les œuvres désirées ou encore par acquisition grâce au don ou à l’achat.
13De manière plus précise, on peut évoquer le cas des collections de sentences théologiques qui sont des textes qui se prêtent particulièrement bien à une diffusion rapide : il s’agit, en effet, de recueils compilant les avis des Pères et des maîtres contemporains sur des points alors disputés dans les écoles. Le plus souvent, ces textes tiennent sur quelques feuillets et peuvent donc facilement être transmis de façon indépendante. Chaque école du XIIe siècle a produit plusieurs œuvres de ce type qui illustrent un phénomène de mode théologique : on rattache ainsi à l’école d’Anselme de Laon pas moins de sept recueils et cinq à celle de Pierre Abélard. Ces textes ont une durée de vie assez courte, puisque l’enseignement des maîtres de la génération suivante périme rapidement de tels manuels. Dans le cas de l’école de Laon, le recueil le plus important, appelé d’après son incipit Principium et causa, est transmis par seize témoins complets et au moins dix manuscrits fragmentaires31. Parmi les dix témoins qui ont été copiés ou ont circulé à l’époque médiévale dans l’espace anglo-normand, on peut localiser des manuscrits chez les augustins de Merton (Surrey) et de Lesnes (Kent), au prieuré bénédictin de Winchester et à Saint-Cuthbert de Durham. Dans ces cas, on peut supposer que le mode le plus fréquent d’acquisition a été le don d’un ancien élève devenu moine qui fait cadeau de sa bibliothèque personnelle au monastère dans lequel il est entré après des études sur le Continent32.
14En conclusion, il faut reconnaître que ce type de voyages n’a concerné qu’une faible part des litterati, eux-mêmes très minoritaires au sein de la société médiévale. Il n’en demeure pas moins qu’il a existé une vraie mode du voyage scolaire vers la France au XIIe siècle. La traversée scolaire s’explique avant tout pour des raisons de dissymétrie entre la France et l’Angleterre. Aux yeux des contemporains, l’Angleterre est matériellement riche, mais culturellement pauvre : des villes comme Laon puis Paris deviennent au XIIe siècle des capitales scolaires et intellectuelles pour l’Occident et attirent ainsi des étudiants prêts à risquer la traversée officiellement par amour de la science, sans doute aussi en raison de l’animation de la vie parisienne et des carrières auxquelles les études supérieures mènent dans leur pays d’origine. à Laon comme à Paris, ces étudiants anglais semblent avoir conservé des rapports assez étroits qui annoncent la constitution des nations universitaires au XIIIe siècle. Ce qui est sans doute le plus frappant dans ce phénomène est l’effet de mode qui pousse des générations d’étudiants à aller vers tel maître ou à se rendre en telle ville ; le même attrait de la nouveauté incite d’autres clercs restés au pays à faire venir les écrits des maîtres alors renommés. Ces contacts qui ont donc joué un rôle important dans la transmission des savoirs n’en ont pas moins été influents sur l’histoire des représentations33 : Paris devient ainsi le creuset des clichés nationaux qui font de l’étudiant anglais un amateur de boissons fortes...
Notes de bas de page
1 Sur cette problématique, voir C. Jacob, « Circuits et dynamiques de la mobilité », Lieux de savoir. Espaces et communautés, dir. C. Jacob, Paris, 2007, p. 779-785.
2 Voir les diverses contribution de J. Verger, « Géographie universitaire et mobilité étudiante au Moyen Âge : quelques remarques », Écoles et vie intellectuelle à Lausanne au Moyen Âge, éd. A. Paravicini Bagliani, Lausanne, 1987, p. 9-23 ; « La mobilité étudiante au Moyen Âge », Histoire de l’Éducation, 50, mai 1991 (no spécial Éducations médiévales. L’enfance, l’école, l’Église en Occident, VIe-XVe siècles, éd. J. Verger), p. 65-90 ; « Les études, facteur de mobilité sociale en Europe à la fin du Moyen Âge ? », Europa im späten Mittelalter. Politik – Gesellschaft – Kultur, éd. R. C. Schwinges, C. Hesse, P. Moraw, Munich, 2006, p. 559-567 ; « Le rôle des “nations” étudiantes dans la mobilité universitaire au Moyen Âge », Les élites lettrées à la fin du Moyen Âge. Modèles et circulation des savoirs en Méditerranée occidentale (XIIe-XVe siècles), éd. P. Gilli, Montpellier, 2008, p. 217-231.
3 J. Verger, La renaissance du XIIe siècle, Paris, 1996.
4 Pour un panorama des différentes écoles, voir G. Paré, A. Brunet, P. Tramblay, La Renaissance du XIIe siècle : les écoles et l’enseignement, Paris, 1933 ; É. Lesne, Histoire de la propriété ecclésiastique en France, t. 5, Les Écoles de la fin du VIIIe siècle à la fin du XIIe siècle, Lille, 1940 ; ainsi que les articles de J. Verger, « Une étape dans le renouveau scolaire du XIIe siècle ? », Le XIIe siècle. Mutations et renouveau en France dans la première moitié du XIIe siècle, éd. F. Gasparri, Paris, 1994, p. 123-145 ; « Des écoles du XIIe siècle aux premières universités : réussites et échecs », Renovación intelectual del Occidente Europeo (siglo XII). Actas de la XXIV Semana de Estudios Medievales de Estella. 14 al 18 de julio de 1997, Pampelune, 1998, p. 249-273, et « De l’école d’Abélard aux premières universités », Pierre Abélard. Colloque international de Nantes, éd. J. Jolivet et H. Habrias, Nantes, 2003, p. 17-28.
5 Pour les rapports d’autres espaces géographiques avec la France, voir P. Classen, « La Curia Romana e le scuole di Francia nel secolo XII », Le istituzioni ecclesiastiche, I : Le istituzioni ecclesiastiche della societas christiana dei secoli XI-XII : Papato, cardinalato e episcopato, Milan, 1974, p. 432-436 et J. Ehlers, « Deutsche Scholaren in Frankreich während des 12. Jahrhunderts », Schulen und Studium im sozialen Wandel des hohen und späten Mittelalters, éd. J. Fried, Sigmaringen, 1986, p. 97-120.
6 Sur les migrations en direction de Laon et Paris, voir respectivement C. Giraud, Per verba magistri. Anselme de Laon et son école au XIIe siècle, Turnhout, 2010, p. 104-149 et A. L. Gabriel, Garlandia. Studies in the History of the Medieval University, le chapitre I « English Masters and Students in Paris during the Twelfth Century », Notre Dame – Francfort-sur-le-Main, 1969, p. 1-37.
7 Voir, par exemple, les textes rassemblés par H. Waddell, The Wandering Scholars, Londres, 1947 (7e éd.).
8 Sur la date et la structure du traité, voir l’article à paraître de D. Poirel, « Tene fontem et totum habes : l’unité du Didascalicon d’Hugues de Saint-Victor », Universitas scholarium. Mélanges offerts en hommage à Jacques Verger par ses anciens étudiants, éd. C. Giraud et M. Morard.
9 Hugues de Saint-Victor, Didascalicon, éd. C. H. Buttimer, Washington, 1939, 2, 23, p. 41 : « Navigatio continet omnem in emendis, vendendis, mutandis, domesticis sive peregrinis mercibus negotiationem. Haec rectissime quasi quaedam sui generis rhetorica est, eo quod huic professioni eloquentia maxime sit necessaria. Unde et hic qui facundiae praeesse dicitur, Mercurius, quasi mercatorum kirrius, id est Dominus, appellatur ».
10 Ibid. : « Haec secreta mundi penetrat, litora invisa adit, deserta horrida lustrat, et cum barbaris nationibus et linguis incognitis commercia humanitatis exercet ».
11 Ibid. : « Hujus studium gentes conciliat, bella sedat, pacem firmat et privata bona ad communem usum omnium immutat ».
12 Ibid., Didascalicon, 3, 16-19, p. 67-69.
13 Ibid., 3, 19, p. 69 : « Delicatus ille est adhuc cui patria dulcis est ; fortis autem jam cui omne solum patria est ; perfectus vero cui mundus totus exsilium est ». Sur ce thème de l’exil, voir aussi B. Lacroix, « Hugues de Saint-Victor et les conditions du savoir au Moyen Âge », An Etienne Gilson Tribute, dir. Charles J. O’Neil, Milwaukee, 1959, p. 118-134, p. 130-132.
14 Sur la fama, voir C. Giraud, Per verba magistri, p. 104-105.
15 Foulque de Deuil, Epist. 16, PL 178, col. 371D, citée par A. L. Gabriel, Garlandia. Studies in the History of the Medieval University, p. 27 : « Nulla terrarum spatia, nulla montium cacumina, nulla concava vallium, nulla via difficili licet obsita periculo et latrone, quominus ad te properarent retinebat. Anglorum turbam juvenum mare interjacens et undarum procella terribilis non terrebat, sed omni periculo contempto, audito tuo nomine, ad te confluebat ».
16 Hériman de Tournai, Les miracles de sainte Marie de Laon, éd. A. Saint-Denis, Paris, 2008.
17 Voir J. S. P. Tatlock, « The English Journey of the Laon Canons », Speculum, 8 (1933), p. 454-465 et Hériman de Tournai, Les miracles, op. cit., p. 89-91 (avec une carte).
18 C. Giraud, Per verba magistri, p. 118-126.
19 A. L. Gabriel, Garlandia, p. 5-25.
20 Ibid., p. 8.
21 Sur l’apport de l’iconographie, voir C. Villain-Gandossi, Le navire médiéval à travers les miniatures, Paris, 1985.
22 Hériman de Tournai, Les miracles, p. 164 : « Postmodum mare transire parantes, ventumque prosperum exspectantes, tempore paschali, in festo Marci evangeliste, summo mane apud portum, qui vocatur Wissant, a nautis convocati, navem intravimus. Nobiscum etiam plures negociatores introierunt, qui propter lanam emendam de Flandria in Angliam ire volebant ».
23 Ibid., p. 164-166.
24 L’épisode rappelle également les difficultés de la traversée : quelques années plus tard, en 1120, dans le naufrage fameux de la Blanche Nef, la descendance du roi Henri Ier et la fine fleur de la noblesse normande trouvent la mort.
25 Pour Laon, C. Giraud, Per verba magistri, p. 106-107.
26 Sur ces points, voir A. L. Gabriel, Garlandia, p. 25-26.
27 Hériman de Tournai, Les miracles, p. 168 : « Cantuariam venimus ubi tunc erat archiepiscopus domnus Willelmus nobis notissimus, quoniam jam dudum pro audienda lectione magistri Anselmi Laudunum petens, multis diebus in episcopi domo manserat ibique filios Randulficancellarii regis Anglorum docuerat ».
28 Voir l’exemple d’un book bag reproduit par K. W. Humphreys, The Friars’Libraries, Londres, 1990 (Corpus of British Medieval Library Catalogues, 1), pl. 6, p. xlii.
29 Sur la diffusion des écrits victorins en Occident, voir les travaux de R. Goy, Die Überlieferungder Werke Hugosvon St. Viktor. EinBeitrag zur Kommunikationsgeschichte des Mittelalters, Stuttgart, 1976, et Die Überlieferung der Werke Richards von St. Viktor im Mittelalter, Turnhout, 2005, ainsi que le Census codicum, à paraître du Père Patrice Sicard.
30 A. L. Gabriel, Garlandia, p. 12-14 et R. Berndt, André de Saint-Victor († 1175), exégète et théologien, Paris, Turnhout, 1991, p. 46-49.
31 C. Giraud, « Le recueil de sentences de l’école de Laon, Principium et causa : un cas de pluri-attribution », dans Parva pro magnis munera. Études de littérature tardo-antique et médiévale offertes à François Dolbeau par ses élèves, éd. M. Goullet, Turnhout, 2009, p. 245-269.
32 Le voyage entraîne également promotion sociale et conversion morale. Sur ces points qu’il n’est pas possible de développer ici, on peut se reporter à C. Giraud, « Le réseau des écoles cathédrales dans la province ecclésiastique de Reims, dans la première moitié du XIIe siècle », Cahiers de Recherches Médiévales, 18 (2009), p. 39-51, aux p. 48-50.
33 A. L. Gabriel, Garlandia. Studies in the History of the Medieval University, p. 20-22.
Auteur
Université Nancy II
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