Chapitre IV. Évolution et transformation
p. 411-427
Texte intégral
Il y a de grandes probabilités qu’un récit d’enfance soit l’histoire d’une modification, d’une formation ou, pourquoi pas, d’une déformation, puisque l’enfant est placé, au début de sa vie, dans une situation de dépendance dont il tend à sortir, selon le mouvement même de la vie. Cependant ce processus présente de nombreuses nuances. On trouvera certains personnages toujours identiques, constants dans leur comportement, ne changeant pas ou ne changeant guère. D’autres subissent une lente évolution qui les conduit vers l’âge adulte. Parfois, cette évolution est brusque, ou du moins sa prise de conscience est brusque, et l’on pourra alors parler de transformation, avec la mise en œuvre de divers procédés permettant de mesurer le changement du personnage. La question du pouvoir, acquis ou refusé, apparaît comme l’aboutissement de notre réflexion sur le devenir du personnage.
1. L’affirmation du Moi
1Pour que la compréhension du lecteur, au long des pages, soit satisfaisante, il faut au personnage une unité, la permanence de certains éléments intérieurs ou extérieurs qui permettent de l’identifier. Cette identification passe par la façon dont le personnage se perçoit et se définit, et dont les autres le reconnaissent.
L’identité mise en doute
2Le cas extrême est celui d’un personnage qui ne sait pas lui-même qui il est. Cette situation quasi invivable est celle de l’enfant trouvé, ou du bâtard à la recherche de son père, situation assez fréquente, nous l’avons vu. La recherche du moi est par exemple l’un des fondements de Sans famille. Rémi, l’enfant trouvé, doté seulement d’un prénom, se pose souvent la question de son identité au long du récit, ou se l’entend poser. « Je n’ai pas eu de village à moi, pas de lieu de naissance, pas plus que je n’ai eu de père et de mère ». L’absence de parents est mise sur le même plan que l’absence d’enracinement. Le personnage, cependant, a la conscience de son moi, même s’il est incapable de prouver qui il est, comme le montre un épisode ultérieur, à portée éducative. Rémi et Mattia, accusés, à tort, d’avoir volé une vache, comparaissent devant le juge de paix :
– Lequel de vous deux est Rémi ? dit-il.
– Moi, monsieur le juge de paix.
– Qui le prouve ? Tu n’as pas de papiers.
Rémi le prouve en racontant la catastrophe de la mine, circonstance dans laquelle il s’est illustré. C’est donc son passé, l’aventure qu’il a vécue, qui lui permet d’établir aux yeux d’autrui son identité ; mais on lui remet, en lui rendant sa liberté, un passeport dont le juge, puis le narrateur, soulignent l’importance1. Pourtant Rémi n’est pas au bout de sa quête, puisque, tout en affirmant qu’il est Rémi, il sait que ce n’est qu’une identité d’emprunt, provisoire, peut-il penser. En Angleterre, mis en présence de celui qui se dit son père, il voit son acte de baptême, présenté comme une preuve convaincante :
De cette traduction, que Mattia fit tant bien que mal, il résultait que j’étais né un jeudi 2 août et que j’étais fils de Patrick Driscoll et de Margaret Grange, sa femme.
Que demander de plus2 ?
Un doute persiste cependant, et Rémi poursuit sa recherche jusqu’à ce que la voix du cœur soit en accord avec la logique, lorsque Mme Milligan l’identifie formellement. Dans cette œuvre caractéristique du roman de l’enfant trouvé, la question de l’identité à démontrer est donc fondamentale, même si Rémi conserve, malgré ces hésitations sur son nom, la conscience de son moi, petit campagnard grandissant près de Mère Barberin, élève de Vitalis, compagnon de Mattia, musicien sensible et saltimbanque astucieux.
3La question de l’identité peut aussi faire problème si le personnage ne correspond pas à l’idée que les autres se font de lui, surtout dans un récit hétérodiégétique. On le voit dans Jack, à propos de Mâdou. Annoncé d’abord à Jack par Moronval comme « un enfant de sang royal, le propre fils du roi de Dahomey », son futur camarade est, dans l’imagination de Jack, le « petit roi3 » ; comment pourrait-il l’identifier dans le petit domestique noir chargé des basses besognes à la pension ? Mâdou a été dépersonnalisé par les mauvais traitements de Moronval. Ce déraciné n’est qu’un personnage secondaire, qui disparaît de la narration, par sa mort, au premier quart du roman. Un personnage aussi déchiré ne pouvait être durable.
4Un troisième cas de figure est possible, et se trouve dans L’Enfant, par exemple. Le personnage sait clairement qui il est et, vu de l’intérieur dans un roman autodiégétique, exprime la permanence de son moi. Cependant les autres doutent de lui, et surtout celle qui devrait le reconnaître mieux que tous, sa propre mère. La parodie du poncif romanesque de la reconnaissance est fréquente dans L’Enfant, souvent avec une intention humoristique et plaisante. Ainsi, les outrances de la toilette ou du déguisement transforment l’enfant d’une façon comique en le rendant méconnaissable. Ce comique n’est pas sans amertume cependant. Le fait que la mère de Jacques, à plusieurs reprises, remette en cause sa filiation est douloureux, d’autant plus que la preuve que pourrait alléguer l’enfant est la marque des violences subies : son identité s’est construite de cette façon bien particulière :
Si elle allait ne pas me reconnaître !
N’être pas reconnu par celle qui vous a entouré de sa sollicitude depuis le berceau, enveloppé de sa tendresse, une mère enfin ! [...]
Ne pas me reconnaître ! mais elle sait bien qu’il me manque derrière l’oreille une mèche de cheveux, puisque c’est elle qui me l’a arrachée un jour. Ne pas me reconnaître ! mais j’ai toujours la cicatrice de la blessure que je me suis faite en tombant, et pour laquelle on m’a empêché de voir les Fabre. Toutes les traces de sa tutelle, de sa sollicitude, se lisent en raies blanches, en petites places bleues. Elle me reconnaîtra4.
Un autre personnage feint de ne pas reconnaître Jacques, au cours du roman, c’est sa mère selon le cœur, Mademoiselle Balandreau, après quelques années de séparation ; mais, ici, c’est un bonheur pour Jacques de sentir sa sollicitude et d’apparaître changé à ses yeux, parce qu’il a grandi :
« Tu dois être fatigué. Ôte-moi ce paletot-là. Ce n’est pas possible, ce n’est pas toi ! – Comme tu es grand ! – Toute la nuit en voiture, pauvre petit [...]5 ».
A la fois grand et petit, Jacques adolescent goûte ici ce jeu de la tendresse qui souligne son changement.
5De tels personnages fluctuants ont donc le plus grand mal, à leurs propres yeux ou aux yeux d’autrui, à faire établir la permanence de leur moi, leur identité, à la fois dans le sens administratif du mot et dans le sens d’une continuité du moi profond, continuité réelle malgré les changements de l’apparence. Le lecteur, lui aussi, est impliqué dans cette interrogation sur la permanence et le changement. Il est nécessaire, pour la cohérence de sa lecture, qu’il croie à la continuité du personnage.
L’identité perçue
6Pour que cette continuité soit sensible, l’écrivain doit faire admettre l’idée que l’enfant, et surtout l’adolescent, reste lui-même tout en changeant, physiquement et mentalement. Une métaphore très usitée apparaît à plusieurs reprises dans notre corpus pour illustrer ce paradoxe, c’est celle de la chenille qui devient chrysalide, puis papillon. Le héros de Loti se livre à un jeu d’enfant dont le récit occupe tout le chapitre XV et qui consiste à mimer, avec une petite voisine, la reptation de la chenille, le sommeil de la chrysalide dans son cocon, puis l’envol du papillon. Ce jeu est manifestement une mise en abyme du sujet même de ce roman de vocation, qui nous montre comment l’enfant choyé et surprotégé dans sa « sphère ouatée » évolue jusqu’à aspirer à une carrière de marin. On ne peut qu’être frappé de la récurrence, dans Le Roman d’un enfant, de ce motif du papillon6. L’insecte est une figuration métaphorique de l’évolution et de la transformation chez l’enfant et l’adolescent, vers l’autonomie et la liberté. Ses formes diverses ne sont que les avatars successifs d’un même être7.
7L’affirmation de l’identité de la personne à travers le temps est plus facile à présenter dans un roman autodiégétique, comme L’Enfant ou Le Roman d’un enfant. Le héros a l’occasion de réaffirmer, autant qu’il le souhaite, que, même s’il est changé aux yeux d’autrui, il est bien, foncièrement, le même. Dans les romans hétérodiégétiques, nous avons déjà signalé la fréquence des épisodes d’enfance, souvent situés au chapitre deux, avec une valeur explicative : c’est bien parce que les romanciers veulent nous convaincre de l’unité du moi du personnage qu’ils justifient les comportements de l’adulte par le « germe » qui se trouvait chez l’enfant. Un moyen terme entre les deux types de narration consiste, nous l’avons vu, à insérer dans un roman hétérodiégétique des fragments de journal intime, ou de récit autodiégétique, donc à la première personne8. La longue confession de Robert Greslou dans Le Disciple de Paul Bourget, récit minutieusement construit, repose sur cette idée, et sur la volonté démonstrative de l’auteur qui veut mettre en valeur le poids des impressions d’enfance :
Je vois si bien, moi, que les premières scènes de la tragédie ont commencé dès lors dans le collégien pâlot en qui s’agitait le jeune homme d’aujourd’hui9 !
Mais Bourget s’insurge aussi, par le caractère outrancier de cette vision, contre le déterminisme de Taine. L’idée de l’identité du personnage, de l’enfance à l’âge adulte, est ainsi poussée à ses limites extrêmes.
2. Les modalités de l’évolution
8Bien des moyens sont possibles pour provoquer l’évolution progressive du personnage affronté à la vie. Suivant les types de romans, il sera fait plus ou moins appel à l’extraordinaire, avec l’élaboration d’épreuves placées sur le chemin des personnages. Hector Malot se montre assez critique et méprisant à l’égard de certaines traditions romanesques :
Ce n’est pas tirer ses personnages d’embarras par des moyens fabuleux qui est intéressant, c’est les mettre aux prises, quelle que soit la situation, avec la réalité, et les faire triompher par des moyens à l’usage de tout le monde, que le romancier trouve dans l’observation courante ou dans son ingéniosité10.
Ces moyens de faire évoluer l’enfant se ramènent à deux affrontements principaux : celui de l’enfant et du monde extérieur, et celui de l’enfant avec les hommes.
Le monde devant l’enfant
9La nature, en prenant ce terme dans une acception très générale, est l’une des premières formes de la réalité que doit affronter le héros. Nous avons vu l’importance de l’espace dans la constitution du personnage. Rappelons ici le rôle de la route, qu’il est si difficile de dissocier du temps, donc de l’évolution. Le héros enfant jeté sur les routes y gagne tout d’abord un endurcissement physique :
Auprès de mon maître et vivant de sa vie en plein air, à la dure, mes jambes et mes bras se fortifièrent, mes poumons se développèrent, ma peau se cuirassa, et je devins capable de supporter, sans en souffrir, le froid comme le chaud, le soleil comme la pluie, la peine, les privations, les fatigues.
Et ce me fut un grand bonheur que cet apprentissage ; il me mit à même de résister aux coups qui plus d’une fois devaient s’abattre sur moi, durs et écrasants, pendant ma jeunesse11.
On voit ici la relation faite par Malot entre le physique et le moral, les épreuves subies sur la route conduisant aussi l’enfant à une meilleure résistance intérieure.
10La nature provoque parfois des catastrophes qui placent le héros devant une situation de crise, où il faudra réagir. Nous avons vu l’importance de la météorologie dans le motif de l’enfant sur la route ; mais il y a pire : une inondation, comme celle qui cloître Rémi dans une mine pendant quatorze jours, un naufrage, et voilà le jeune héros plongé dans un univers périlleux, qui requiert de lui sang-froid, courage physique et détermination mentale. C’est bien pour cela que Rousseau voulait que l’on proposât à Émile la lecture de Robinson Crusoé, et que Jules Verne met son « pensionnat de Robinsons12 » aux prises avec une réalité souvent inquiétante, parfois dangereuse, dans l’île Chairman. Des échecs sont possibles, même dans un roman optimiste, et surtout dans un roman didactique : ainsi Briant, qui tente de rejoindre la côte à la nage à partir de l’épave du Sloughi, échoue dans sa tentative. On est au début du roman13, et cet échec sera par la suite réparé et compensé. Le roman éducatif y gagne en vraisemblance, en montrant au lecteur que les héros n’ont pas toutes les perfections. Le monde, dans sa matérialité, est donc le lieu d’un affrontement entre les héros et la réalité physique ; mais les hommes créent d’autres affrontements, plus graves.
Les hommes face à l’enfant
11Le voyage et ses péripéties amènent souvent la séparation de l’enfant et de ceux qu’il aime et qui pourraient le protéger ; de ce point de vue, le roman de Bruno et celui de Malot sont très semblables, puisque, au long de leurs pérégrinations, les héros perdent famille et protecteurs : le père des enfants Volden, la bonne Madame Gertrude, Monsieur Gertal, sont des personnages positifs dont il faut se séparer, au prix, à chaque fois, d’une souffrance14. Mais ces ruptures sont autant d’étapes vers l’autonomie.
12L’enfant fait, dans beaucoup de romans, la cruelle expérience de la méchanceté des hommes. On a parlé, à propos d’œuvres de cette période, de « romans de la victime15 » ; si cette victime est une femme dans la majorité des romans, elle est aussi parfois un enfant, et pas uniquement dans les romans populaires étudiés par Anne-Marie Thiesse. L’enfant doit, dans certains romans, subir la violence des adultes, qu’elle soit physique ou morale. Le catalogue des châtiments subis par Jacques Vingtras est impressionnant : au collège ou au lycée, ce sont des punitions traditionnelles : pensums, mise à la retenue, voire gifle d’un professeur ; à la maison, ce sont les coups, terriblement violents parfois :
Ma mère m’a lâché, mon père m’empoigne.
Il me sangle à coups de cravache, il me rosse à coups de canne sous le moindre prétexte, sans que je m’y attende : bien souvent, je le jure, sans que je le mérite.
Il y a aussi les punitions d’ordre psychologique, non moins cruelles, comme l’interdiction de voir ses camarades :
Je compris [...] que ma mère avait deviné où il fallait me frapper, ce qui faisait mal à mon âme. J’ai quelquefois pleuré étant petit ; on a rencontré, on rencontrera des larmes sur plus d’une page, mais je ne sais pourquoi je me souviens avec une particulière amertume du chagrin que j’eus ce jour-là. Il me sembla que ma mère commettait une cruauté, était méchante16.
L’enfant, jeune encore, est plus atteint par ce raffinement de cruauté que par les coups. Les inventions de Mme Vingtras lui révèlent ce qu’est la méchanceté, et cela constitue une étape importante de son évolution.
13Mirbeau franchit un degré supplémentaire dans la peinture de la violence en évoquant Sébastien comme proie sexuelle du Père de Kern. Violence, duperie et hypocrisie s’associent pour écraser l’enfant et lui révéler la noirceur de l’âme des adultes, l’arracher au paradis de l’enfance17. Mais, outre ce traumatisme qui marque une étape importante dans la narration, Sébastien subit un lent processus d’évolution, commencé dès le voyage qui le conduit au collège. A plusieurs reprises par la suite, l’enfant naïf est victime d’illusions floues et insidieuses. Mirbeau montre l’action délétère de la parole du Père de Kern, d’autant plus dangereuse que Sébastien n’en est pas conscient :
Il perdait, de jour en jour, d’heure en heure, sans le sentir, sans le voir, l’orientation de son équilibre moral, la santé de son esprit, l’honnêteté de son instinct. Il ne résista pas, il ne put résister à la démoralisation de sa petite âme, habilement saturée de poésie, chloroformée d’idéal, vaincue par la dissolvante, par la dévirilisante morphine des tendresses inétreignables18.
Sébastien est écrasé par ces violentes épreuves physiques et morales qui déterminent en lui une évolution négative, une dégradation. Contrairement à d’autres héros, il ne se relève pas des épreuves subies ; il supporte ces influences sans réagir, et les adultes qui le « manient19 » le savent bien et jouent de cette passivité. Mirbeau, dans ses romans comme dans ses articles, a violemment dénoncé la « déformation » subie par l’enfant dans les collèges. Un esprit pourtant beaucoup plus conformiste, Paul Bourget, exprimait à peu près la même idée dans son essai sur les Goncourt :
L’éducation [...] introdui[t] dans notre esprit une énorme quantité d’idées adventices, résultat de l’expérience d’autrui, que l’enfant doit s’assimiler, au lieu de créer ses propres idées d’après son expérience propre et ses besoins intimes. Au sortir du collège, le jeune homme a fait de tels efforts pour s’accommoder à des conceptions étrangères, que la notion de son « moi » véritable en est rendue toute incertaine et troublée20.
Le collégien est donc soumis à des influences nocives, dans la mesure où elles risquent d’altérer en lui la notion de l’identité.
L’enfant devant les hommes
14Mais le héros de roman « ne doit pas nécessairement être passif21 ». Dans le cas du personnage d’enfant, on a souvent l’occasion de constater l’évolution du personnage, de la passivité à la révolte. A l’origine, l’enfant est manipulé, traité comme un objet inerte et sans volonté. Dans le roman de Vallès, par exemple, Jacques se désigne souvent par un pronom complément, dans une phrase dont le sujet est le pronom « on » ; ainsi : « On me lave comme une pépite ; on me sarcle comme un champ22 ». Pendant la moitié de L’Enfant à peu près, on voit Jacques subir sans résistance la violence de ses parents. Mais certaines circonstances le font progresser vers une révolte personnelle, comme l’épisode que l’on vient de citer, dans lequel il découvre la méchanceté de sa mère. La violence de son père lui devient insupportable quand il comprend qu’il sert en fait de victime expiatoire dans un conflit qui le dépasse :
Mon père, au lieu de se fâcher contre Turfin, s’est tourné contre moi, parce que Turfin est son collègue, parce que Turfin est influent dans le lycée, parce qu’il pense avec raison que quelques coups de plus ou de moins ne feront pas grand-chose sur ma caboche. Non, mais ils feront marque dans mon cœur.
J’ai un mouvement de colère sourd contre mon père.
Après la mort de Louisette, violence encore plus inacceptable parce qu’elle atteint un être particulièrement faible, Jacques franchit une étape de plus vers la révolte. Le séjour à Paris, et les lectures révolutionnaires qu’il a l’occasion d’y faire, forment encore plus son autonomie ; le dernier chapitre montre sa résistance, cette fois, contre la violence de son père :
Je n’ai pas essayé d’assassiner mon père. C’est lui qui m’aurait volontiers estropié ; il répétait :
« Je te casserai les bras et les jambes. »
Eh bien, non ! Vous ne casserez les bras et les jambes à personne. Oh ! je ne vous frapperai pas ! Mais vous ne me toucherez point. C’est trop tard ; je suis trop grand.
Bas les mains ! ou gare à vous23 !
Le processus que nous suivons au fil de ce roman illustre, par la résistance à la violence physique, une évolution identique vers la résistance morale. Le roman de Vallès est exemplaire sur ce sujet. Il montre remarquablement les étapes franchies par l’adolescent vers l’autonomie physique et morale.
15Catastrophes naturelles, séparation et morts, vol et violences, de rudes épreuves affectent les enfants des romans. C’est la forme élaborée du schéma narratif très ancien des contes ; mais si le conte se terminait forcément par le triomphe du héros, le roman « fin-de-siècle » ne présente pas toujours la réussite du personnage. La plupart des adolescents dont nous lisons l’histoire finissent par conquérir leur autonomie, mais les deux œuvres situées aux limites chronologiques du corpus, Jack et Sébastien Roch, racontent une évolution négative, une dégradation qui conduit les personnages, de drame en drame, jusqu’à l’anéantissement. Peu de héros, à vrai dire, vivent une évolution aussi précisément analysée que celle de Jacques Vingtras ou de Sébastien Roch. Beaucoup de romans montrent, plus schématiquement, un état initial et un état final, pour faire ressortir une transformation.
3. L’heure du bilan : la transformation
« Je est un autre»
16Cette formule de Rimbaud24, dans sa concision, exprime ce que les romans de l’enfance nous présentent souvent : la transformation d’un personnage, opérée brusquement, ou du moins dont on prend conscience en certaines circonstances particulières. Dans un souci de rapidité narrative, en particulier quand il s’agit de personnages secondaires, une ellipse donne l’impression qu’un changement brusque a transformé complètement le personnage. C’est en général à l’occasion de retrouvailles que l’on peut ainsi mesurer la métamorphose d’un personnage. Ainsi, lorsque dans La Joie de vivre, Lazare retrouve Louise après une longue séparation :
Il lui semblait qu’il la découvrait brusquement, il ne reconnaissait pas la fillette maigre de jadis. Etait-ce possible que les longues années du pensionnat en eussent fait cette jeune fille si troublante, pleine de l’homme dans sa virginité, ayant au fond de ses yeux limpides le mensonge de son éducation25 ?
La transformation physique va de pair avec la transformation morale, ce qui est caractéristique des êtres jeunes26. Si Goncourt, dans Chérie, emploie, pour parler de la transformation physique, des verbes de mouvement qui évoquent un processus continu27, plus loin, dans le roman, il présente le changement moral de l’adolescence comme une véritable « métamorphose28 » :
Parfois la petite-fille du maréchal se demandait avec une sorte d’incertitude, avec un doute curieux, si elle était vraiment bien la Chérie des années précédentes. [...] Elle ne se trouvait plus, et éprouvait comme le sentiment de la substitution d’une autre jeune fille mise en elle.
Ce n’était plus, mais du tout, sa façon d’être impressionnée, et de juger, et de voir les choses, sans qu’elle pût se rendre compte comment une telle métamorphose avait eu lieu et si rapidement. En effet, la Chérie de maintenant semblait une autre femme29 .
On peut attribuer à la « névrose » de Chérie cette inquiétude sur elle-même, mais Goncourt a voulu insister aussi sur les changements de l’adolescence et la crise de la personnalité à cette période. Selon le degré de conscience de soi qu’un romancier veut donner à son personnage, ce changement est plus ou moins assumé. Il l’est très peu pour Chérie, alors que Pauline revendique fièrement ce changement, dès le soir de son arrivée : « Je ne suis plus une petite fille30 », et un peu plus tard, au moment de la puberté :
En moins d’une année, l’enfant de formes hésitantes était devenue une jeune fille déjà robuste, les hanches solides, la poitrine large.[...]. A cette heure, elle avait la joie de son épanouissement, la sensation victorieuse de grandir et de mûrir au soleil31.
Il ne s’agit pas uniquement ici des transformations physiques de la puberté, le mot « épanouissement » montre bien que Pauline assume aussi son changement psychologique, son assurance nouvelle.
17Dans des romans faisant un peu plus de place à l’inattendu, à l’aventure, la transformation du personnage peut être provoquée par une circonstance bien particulière qui, brusquement, modifie du tout au tout son être moral. On le voit, par exemple, dans Deux ans de vacances, au moment où Briant a sauvé Doniphan de l’attaque d’un jaguar. Doniphan, jusque là si orgueilleux et même agressif à l’égard de Briant, devient tout autre :
Aussi, après le dévouement dont Briant avait fait preuve envers lui, Doniphan s’était-il abandonné à ses bons sentiments, dont il ne devait plus jamais se départir32.
On peut juger quelque peu invraisemblable un tel changement, mais un roman pour enfants avec une intention éducative se devait de montrer la possibilité d’un amendement.
18Que ce soit au moment où l’on retrouve un personnage perdu de vue depuis longtemps, ou à l’occasion d’un événement modificateur, il importe pour le romancier de montrer que le personnage est à la fois même et autre. Une construction attributive, du type « je est un autre », ou « l’enfant était devenue une jeune fille », fréquemment rencontrée, résume et schématise ce changement. Une telle construction, par sa concision, aide le lecteur à prendre conscience de la transformation du personnage. D’autres procédés permettent, moins schématiquement, de la mettre en valeur.
Parallélismes et contrastes
19L’étude du cadre de vie nous a déjà montré le motif du retour sur les mêmes lieux comme moyen de mesurer le changement du héros. Ce retour est l’un des effets de parallélisme que beaucoup d’écrivains aiment à placer dans leurs romans. Daudet, dans Jack, fait accomplir à son héros la terrifiante épreuve d’une marche de nuit à travers la campagne, entre Paris et Etiolles. Beaucoup plus tard, Jack est amené à refaire le même trajet à pied, en sens inverse, et Daudet souligne avec insistance ce parallélisme :
« Bah ! se dit-il, j’ai fait la route à pied quand j’avais onze ans. je la referai bien à présent, quoique je sois un peu faible ».
Il la refit en effet, le lendemain, cette terrible route ; et si elle lui parut moins longue et moins effrayante, il la trouva aussi bien plus triste. C’est une impression bien fréquente que ce désenchantement des souvenirs d’enfance retrouvés à l’âge où tout se juge et se raisonne. On dirait qu’il y a dans les yeux de l’enfant une matière colorante qui dure autant que l’ignorance de ses premiers regards ; à mesure qu’il grandit, tout se ternit de ce qu’il admirait33 .
Passant, dans cet extrait, du récit au discours, Daudet montre bien que son intention est de mettre en évidence le changement, pour son héros, mais aussi pour l’enfance en général.
20Le repérage, conscient ou non, de ces parallélismes ou reprises est un guide pour le lecteur. Zola, dans La Joie de vivre, fait réapparaître plusieurs fois les « galopins » de Bonneville à qui Pauline, le samedi, prodigue ses soins et ses aumônes. A ces occasions on peut remarquer un double changement : la dégradation physique et morale de ces enfants misérables va de pair avec la bonté grandissante de Pauline et sa maturation psychologique. Chez Loti, le retour de tels détails est très fréquent, constituant toujours l’occasion d’un bilan pour le personnage34. Les répétitions présentent parfois des variantes. L’Enfant est de cette façon construit sur la récurrence de courtes scènes qui ne sont pas tout à fait identiques, d’un chapitre à l’autre, comme les distributions des prix. Au moment de quitter Saint-Etienne, le déménagement de la famille Vingtras est l’occasion pour Jacques de mesurer son évolution, en comparant son état au moment de l’arrivée à son état actuel. Le héros se livre à une réflexion construite sur de nombreuses antithèses :
Ah ! j’ai grandi maintenant ; je ne suis plus l’enfant qui arrivait du Puy tout craintif et tout simple. Je n’avais lu que le catéchisme et je croyais aux revenants. Je n’avais peur que de ce que je ne voyais pas, du bon Dieu, du diable ; j’ai peur aujourd’hui de ce que je vois ; peur des maîtres méchants, des mères jalouses et des pères désespérés. J’ai touché la vie de mes doigts pleins d’encre. J’ai eu à pleurer sous des coups injustes et à rire des sottises et des mensonges que les grandes personnes disaient35.
Dans ce roman où l’évolution libératrice est une donnée fondamentale, nombreux sont les épisodes qui se répondent, assurant l’unité du récit et la cohérence du personnage, en dépit de ses transformations. L’ensemble du récit est encadré par deux scènes symétriques : au premier chapitre, le sang du père est versé pour l’enfant ; au dernier chapitre, ce sang sera symboliquement rendu, par le duel dans lequel l’adolescent s’engage pour défendre son père avant de quitter ses parents36. L’inversion des rôles, encadrant ainsi le récit, montre l’évolution de Jacques, l’autonomie douloureusement gagnée. L’Enfant se termine par l’entrée de Jacques dans « la vie d’homme », expressément soulignée. Bien qu’elle ne soit pas toujours dite si clairement, l’accession à un pouvoir d’adulte constitue la fin de beaucoup des romans de l’enfance.
Pouvoir sur le monde
21Les noms « homme » ou « femme » interviennent fréquemment en clôture de ces romans, exceptés les romans de l’échec que sont Chérie et Sébastien Roch, conclus par la mort. Jack, qui se termine aussi par la mort du héros, a cependant montré, avant la dégradation finale, la volonté de Jack et son travail pour devenir digne de Cécile. Ces trois œuvres décrivent, en fin de compte, l’écrasement du personnage par des forces qu’il n’a pu dominer. Mais la plupart des autres se montrent plus optimistes.
22Dans les romans destinés aux enfants, la clôture souligne explicitement le pouvoir sur le monde acquis par le héros. On le voit très nettement dans un passage situé vers la fin de L’Epave du Cynthia, de Jules Verne et André Laurie :
L’enfant d’hier était aujourd’hui un homme. La flamme des héros brillait dans son regard. Son ascendant s’imposait invinciblement à tout son entourage37 .
Ces phrases sont caractéristiques, car on y retrouve, concentrés, plusieurs des traits déjà signalés : la construction attributive, les antithèses enfant /homme, hier/aujourd’hui, et on y voit, exprimé avec une certaine emphase, le pouvoir acquis par le jeune homme. Dans Le Tour de la France par deux enfants, les héros sont devenus des jeunes gens qui travaillent efficacement et illustrent la devise « Devoir et Patrie », en agissant pour leur communauté et pour leur pays. Sans famille se termine sur le baptême du fils de Rémi, devenu « un vrai monsieur » selon le mot de mère Barberin38. Ayant acquis une richesse relative, un état-civil, un statut social, ces héros tiennent leur place dans le monde où ils se sont insérés.
23Les romans destinés à des lecteurs adultes donnent en général à leurs héros des pouvoirs élargis, et se terminent, ou plutôt s’interrompent, en ouvrant des perspectives sur une nouvelle étape de la vie. On voit Jacques Vingtras entrer « dans la vie d’homme », Pauline guider les premiers pas de son filleul. Le roman de Darien, Bas les cœurs !, constitue un cas très particulier du roman de formation, puisque le héros, âgé de douze ans, ne quitte pas sa ville de Versailles pendant les mois de la guerre de 1870, moment où se passe l’action, mais c’est le monde qui vient à lui, avec les défilés de l’armée française, puis de l’armée prussienne, puis de Thiers et son escorte. En ces quelques mois, il a beaucoup appris sur les adultes, leurs mesquineries, leurs lâchetés. Son pouvoir nouveau, celui de l’homme qu’il deviendra bientôt, est exprimé par la voix d’un autre personnage, le père Merlin, observateur goguenard et désabusé de son entourage :
Plus tard, quand tu seras grand, les frémissements qui t’agitent aujourd’hui te secoueront encore et ce sera peut-être au souvenir des ignominies qui t’ont fait horreur que tu devras d’être un homme. C’est une dure leçon qui t’est donnée là, mon enfant, tu le comprendras un jour. Elle peut te profiter à toi, si tu veux. Si tu veux, si tu es assez fort pour ne pas laisser fausser, pendant dix ans au moins, ton âme d’enfant qui est sincère et droite ; si tu es assez39 robuste pour voir les choses, plus tard, avec tes yeux d’enfant .
On trouve ici une présentation assez paradoxale de la situation, puisque Darien valorise la droiture de jugement de l’enfant, pour en faire la qualité qui manque à la plupart des hommes. Le jeu des deux mots, « homme » et « enfant », se trouve ici quelque peu transformé par l’anticonformisme de Darien. Une génération après Vallès, ce romancier actualise le message de L’Enfant, en donnant une valeur prépondérante à la liberté. L’idée de pouvoir implique souvent celle de choix. La fin de l’enfance est présentée comme le moment où le héros peut commencer à exercer consciemment sa liberté. Tout le roman de Loti est orienté vers ce choix de vie que le héros formule librement, tout en étant conscient des multiples signes qui, au cours de son enfance, ont préparé sa vocation de marin. Après avoir notifié, par une lettre à son frère, sa décision, il a, pour la première fois, pouvoir sur la vie :
Pour la première fois depuis que j’avais commencé d’exister, le monde et la vie me semblaient grands ouverts devant moi ; ma route s’éclairait d’une lumière toute nouvelle40.
24Quant à Pauline Quenu, à la fin de La Joie de vivre, son pouvoir est d’un autre ordre : son évolution l’a conduite à un dépouillement total, de sa richesse mais aussi de son cœur ; c’est à l’enfant de Lazare et de Louise qu’elle va consacrer sa vie, renonçant à son épanouissement personnel pour servir l’humanité :
Elle voulait rester fille afin de travailler à la délivrance universelle ; et c’était elle, en effet, le renoncement, l’amour des autres, la bonté épandue sur l’humanité mauvaise41.
Le personnage prend ici une dimension allégorique ; loin du roman de formation de l’individu, Zola suggère au contraire l’effacement de l’individu au profit de la vie. Le renoncement de Pauline est l’exercice de sa liberté, de son pouvoir de choisir sa vie, rare chez une héroïne féminine, à cette époque.
25La plupart des romans étudiés font donc une grande place à l’évolution ou à la transformation du personnage d’enfant ou d’adolescent. Tout en gardant le souci de donner une cohérence à leurs héros, les romanciers se préoccupent de les conduire vers un aboutissement, ou vers une nouvelle étape. Qu’ils choisissent l’échec (par la mort, l’anéantissement moral) ou la réussite est déjà un choix significatif. Lorsque, comme c’est le plus souvent le cas, le personnage est mené à l’orée de sa vie adulte, un pouvoir sur lui-même, sur autrui, sur la vie, lui est donné. Vus de cette façon, les romans apparaissent nettement comme un parcours à travers tout un enchaînement de possibles. Les choix opérés par les écrivains sont révélateurs à la fois de leur personnalité et de leur époque, de leur vision de l’homme.
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26L’insertion du personnage dans le temps est, selon la conception du roman qui se dégage en ce XIXème siècle finissant, une donnée essentielle de la narration. De nombreuses modifications affectent le personnage, surtout quand il s’agit d’un enfant ou d’un adolescent, entre la première et la dernière page d’un roman. Mais il convient de nuancer : selon les auteurs, selon les genres, surtout, les modifications sont plus ou moins importantes. Il est impossible de ramener un roman à une formule simple, notamment à celle de « roman d’apprentissage ». Il y a, certes, des personnages qui n’évoluent nullement : le petit Bob de Gyp est donné dès le début du livre avec son franc-parler, son naturel, sa perspicacité, il restera tel à travers tous les épisodes42 ; en revanche, si Jack semble mourir aussi démuni et abandonné qu’il l’était au début du roman, il est passé cependant par une phase où il avait presque réussi à construire sa vie et à obtenir un pouvoir. Lorsqu’il y a une évolution du héros, elle est, dans la plupart des cas, positive, mais la fin de la période étudiée montre un cas de dégradation, celui de Sébastien Roch, annonçant une époque de pessimisme et de doute.
27La notion de roman d’apprentissage est liée à des circonstances historiques bien particulières : au siècle des Lumières, à l’époque romantique, la foi en l’homme, en son pouvoir sur le monde, s’exprime à travers la majorité des œuvres littéraires. A l’époque qui nous intéresse, des formes très différentes coexistent. Le roman pour la jeunesse, didactique, présente des personnages qui acquièrent certes du savoir, mais sont donnés d’emblée comme des modèles, ils n’évoluent donc que faiblement. En revanche, exempts de cette intention édifiante, d’autres romanciers peuvent exprimer en toute liberté, à travers le personnage, leur conception du monde. Et la « fin-de-siècle » apparaît tout à fait déchirée entre optimisme et pessimisme. Pour s’en tenir à Zola, on voit coexister, dans les clôtures des Rougon-Macquart, des constats d’échec et des hymnes à la vie : L’Œuvre succède à Germinal, et La Joie de vivre juxtapose un suicide et les premiers pas d’un bébé. Le modèle du roman traditionnel, balzacien, qui conduit un personnage d’une situation initiale à une situation finale toute différente avait été déjà mis à mal par Flaubert. Le dernier quart du siècle, tout en voyant perdurer, pour un vaste public, les formes traditionnelles du récit, suggère une véritable remise en cause du personnage et de la personne.
Notes de bas de page
1 Sans famille, I, p. 167, XXIX, p. 441, XXX, p. 443. « Nous avons eu tort de ne jamais penser à avoir des papiers qui pussent renseigner les gens sur notre compte ».
2 Ibid., XXXVII, p. 509.
3 Jack, 1, 2, p. 17 et I, 3, p. 42.
4 L’Enfant, XI, p. 212. Ce motif est répété à de nombreuses reprises dans le roman.
5 Ibid., XIV, p. 228.
6 Au moins quinze occurrences, dont : « Les papillons, ces pauvres papillons de plus en plus démodés de nos jours, ont joué un rôle de longue haleine dans ma vie d’enfant » (XVI, p. 87). Loti évoque les joies de la chasse aux papillons, leur immobilisation dans un musée, mais aussi leur liberté (XLIV, p. 168). Ces papillons « exotiques » portent manifestement le rêve du jeune garçon.
7 On trouve la même image dans Sébastien Roch : « Ce qu’on le forçait à apprendre ne correspondait à aucune des aspirations latentes, des compréhensions qui étaient en lui et n’attendaient qu’un rayon de soleil pour sortir, en papillons ailés, de leurs coques larveuses » (I, 3, p. 791).
8 Comme dans Chérie ou Sébastien Roch.
9 Le Disciple, 1889, p. 99. La « Confession d’un jeune homme d’aujourd’hui » occupe plus de la moitié du roman. Cette “confession” est construite avec grande rigueur, un peu comme une dissertation, divisée en plusieurs chapitres : « Mes hérédités. Mon milieu d’idées. Transplantation. Première crise [...] ».
10 Hector Malot, Le Roman de mes romans, p. 212.
11 Sans famille, VII, p. 213.
12 Préface de Deux ans de vacances.
13 Chapitre II, p. 32-35.
14 Il en est de même dans Sans famille, avec Mère Barberin, Mme Milligan, Vitalis, la famille Acquin. Rémi souligne cette fatalité au chapitre XXVIII (p. 427).
15 Anne-Marie Thiesse, Le Roman du quotidien, passim.
16 L’Enfant, XV, p. 245, XVI, p. 267, X, p. 207.
17 « Qu’avait-il appris ? Il avait appris la douleur, et voilà tout. Il était venu ignorant et candide ; on le renvoyait ignorant et souillé. Il était venu plein de foi naïve ; on le chassait plein de doutes harcelants. » (Sébastien Roch, I, 7, p. 937).
18 Sébastien Roch, I, 5, p. 873.
19 Ibid., I, 7, p. 949 : « Il [Le Père de Marel] pourrait le manier à sa guise, en obtenir tout ce qu’il voudrait par le détour captieux des bons sentiments ».
20 Essais de psychologie contemporaine, p. 331.
21 Georg Lukács, La Théorie du roman, p. 85-86.
22 L’Enfant, IX, p. 198. Beaucoup d’autres occurrences existent.
23 ibid., xv, p. 245, xxv, p. 383 (dernier chapitre). les petites capitales sont de vallès.
24 « Car JE est un autre. Si le cuivre s’éveille clairon, il n’y a rien de sa faute » (Lettre à Paul Demeny, 15 mai 1871).
25 La Joie de vivre, IV, p. 907.
26 A l’inverse, les romanciers qui évoquent la vieillesse montreront volontiers, malgré le changement physique, la permanence du caractère (Voir par exemple Zola, Le Docteur Pascal, I, RM V,p. 917).
27 Voir Chérie, XIII, p. 61 : « Du bébé [...] commence à se dégager [...] la petite fillette longuette de sept ans. Du ramassement dodu de son corps, dans un élancement fluet, jaillit chez Chérie, cette gentille petite créature maigriotte [...]. »
28 Ce mot, dans le vocabulaire scientifique, est celui qui désigne, par exemple, la transformation de la chenille en papillon.
29 Ibid., XCV, p. 323.
30 La Joie de vivre, I, p. 832. La même phrase exactement est placée par Malot dans la bouche de la jeune Lotieu, héroïne de Mondaine (Charpentier, 1888) ; mais la jeune fille a du mal à mettre en mots cette transformation de son comportement : « C’est difficile à dire, et même à expliquer pour moi » (III, 4).
31 La Joie de vivre, II, p. 857.
32 Deux ans de vacances, XXIII, p. 400.
33 Jack, III, 1,p. 333.
34 Entre autres, dans Le Roman d’un enfant, la tournée de la marchande de gâteaux (XXIII, XXXII, L), le théâtre de Peau d’Âne (XXXV, XXXVII, LI), l’ours aux pralines (XXXVIII et LII), le déballage des caisses au retour d’un voyage (XX, LIX, LXXIII).
35 L’Enfant., XVII, p. 271.
36 Ibid., I, p. 142, XXV, p. 388.
37 L’Epave du Cynthia, p. 158. Erik se trouve, à vingt ans, commandant d’un navire.
38 Sans famille, XLII, p. 559. Rappelons que le mot « hommes », appliqué aux aînés des héros, est le mot final de Deux ans de vacances.
39 Georges Darien, Bas les cœurs !, p. 293. C’est Darien qui souligne.
40 Le Roman d’un enfant, LXXX, p. 250.
41 La Joie de vivre, XI, p. 1129. Le style de Zola, ici, annonce déjà celui des Quatre Evangiles.
42 Cela s’explique par le mode de composition, très fragmenté, du livre.
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