Chapitre II. L’expression médiate
p. 211-226
Texte intégral
Les écrivains ont souvent cherché à varier les modes d’expression de leurs personnages, par l’intermédiaire d’une création écrite ou en se servant d’autres formes d’expression artistique. C’est vrai aussi pour l’enfant, sauf qu’il est, plus que l’adulte, soumis à des modèles, notamment scolaires.
1.L’écriture
1On fait assez souvent écrire les personnages enfantins des romans : écrits cités tels quels, intégralement ou partiellement, ou évoqués par allusion, en narrativisant leur contenu. Dans le cas d’une citation longue, on obtient un effet de « collage » tout à fait intéressant, puisque le personnage enfant prend le relais du narrateur et s’exprime directement.
La composition scolaire
2L’écriture la plus strictement contrôlée par les adultes est celle qui prend forme dans le cadre contraignant de la classe. Depuis longtemps, l’enseignement littéraire joint à la lecture des grands textes classiques la composition d’exercices d’imitation ou de création. Beaucoup d’œuvres de notre corpus, du moins celles qui présentent l’enfant scolarisé, y font allusion, et l’on peut dresser une liste pour le moins hétéroclite des sujets proposés aux écoliers, collégiens ou lycéens : « Thémistocle haranguant les Grecs1 », « Discours d’Alcuin à Charlemagne2 », « L’enterrement d’un oiseau3 », « La mort d’un perroquet4 », « Un naufrage5 ». Ces sujets, à développer en latin ou en français, sont marqués par l’artifice et n’ont que peu à voir avec l’expérience personnelle de l’enfant. Jacques Vingtras le fait ressortir avec beaucoup d’humour :
Il faut toujours être près du Janicule avec eux.
Je ne puis pourtant pas me figurer que je suis un Latin.
Je ne puis pas !
Ce n’est pas dans les latrines de Vitellius que je vais, quand je sors de la classe. Je n’ai pas été en Grèce non plus ! Ce ne sont pas les lauriers de Miltiade qui me gênent, c’est l’oignon qui me fait du mal. Je me vante, dans mes narrations, de blessures que j’ai reçues par-devant, adverso pectore ; j’en ai bien reçu quelques-unes par-derrière6.
Ces exercices de discours latin, et de composition ou narration française, sont donc pour le jeune écolier un apprentissage du conformisme, des exercices d’insincérité.
3Il en est de même en ce qui concerne la forme à adopter. Dans l’enseignement élémentaire, on enseigne l’enrichissement de la phrase par des adjectifs ou des adverbes placés à propos7. Dans l’enseignement secondaire, la rhétorique artificielle triomphe avec l’emploi des tropes :
Ayant à parler de paysans qui, pour fêter leur roi, trinquent ensemble, j’avais dit une fois :
Et tous réunis, ils burent un BON verre de vin.
« Un bon ! – Ce garçon-là n’a rien de fleuri, rien, rien ; je ne serais pas étonné qu’il fût méchant. Un bon ! Quand notre langue est si fertile en tours heureux, pour exprimer l’opération accomplie par ceux qui portent à leurs lèvres le jus de Bacchus, le nectar des dieux ! [...] Mais allez, c’est un garçon qui aimera toujours mieux écrire “fusil” qu’arme qui vomit la mort »8.
La périphrase est la figure privilégiée de cette expression de convention9. L’écriture demandée doit procéder par amplification et ornement. Loti, qui se propose dans Le Roman d’un enfant de retracer la naissance d’une vocation d’écrivain, montre, par le récit des souvenirs scolaires du héros, son refus de cette écriture ornementale :
Je rendais généralement le simple “canevas” sans avoir trouvé la moindre “broderie” pour l’orner. Dans la classe, il y en avait un qui était l’aigle du genre et dont on lisait toujours à haute voix les élucubrations.[...] Un jour que le sujet proposé était : “Un naufrage”, il avait trouvé des accents d’un lyrisme !... et j’avais donné, moi, une feuille blanche avec le titre et ma signature10.
Par pudeur, par refus de se soumettre au jugement d’autrui, le futur romancier et officier de marine affirme ainsi sa personnalité. Cela prouve que les exercices scolaires imposés n’ont rien à voir avec le métier d’écrivain. La présentation de ces sujets scolaires n’apporte aucune information sur l’élève qui les traite ; sa personnalité s’exprime tout au plus dans le plus ou moins grand conformisme adopté.
4A la frontière du monde scolaire et du milieu familial, l’enfant est invité dans certains cas (le Nouvel An, la fête d’un des parents) à écrire un « compliment », selon une tradition codifiée et très artificielle également.
Ma mère sait comment on exprime l’émotion et la joie d’avoir à féliciter son père de ce qu’il s’appelle Antoine !
Nous faisons des répétitions.
D’abord, je gâche trois feuilles de papier à compliments : j’ai beau tirer la langue et la remuer, et la crisper en faisant mes majuscules, j’éborgne les o, j’emplis d’encre la queue des g, et je fais chaque fois un pâté sur le mot “allégresse”. J’en suis pour une série de taloches. Ah ! elle me coûte gros, la fête de mon père !
Enfin, je parviens à faire tenir, entre les filets d’or teintés de violet et portés par des colombes, quelques phrases, qui ont l’air d’ivrognes, tant les mots diffèrent d’attitudes, grâce aux haltes que j’ai faites à chaque syllabe pour les fioner !
Ma mère se résigne et décide qu’on ne peut pas se ruiner en mains de papier ; je signe – encore un pâté – encore une claque. – C’est fini11 !
Le « compliment » n’est donc qu’un rite où la forme extérieure, à commencer par la feuille de papier, prime sur le fond, et qui ne fait aucune place aux sentiments personnels. Ces pratiques d’écriture n’ont pour objet que la soumission à des conventions et l’effacement de la personnalité. Elles sont, sans exception, présentées par les écrivains sur un ton critique ou ironique ; la véritable expression des personnages passe donc forcément par d’autres médiations.
La lettre
5Nombreuses sont, dans les romans, les lettres reçues ou écrites par les enfants, souvent citées textuellement, contrairement aux écrits dont nous venons de parler. On obtient ainsi un effet de collage qui fait varier l’énonciation et le point de vue, puisque, dans les romans hétérodiégétiques, le héros lui-même s’y exprime à la première personne. Les lettres écrites par les enfants permettent de cerner mieux leur vie intérieure, dans la mesure, toutefois, où elles ne sont pas strictement contrôlées par les adultes, qui exercent parfois une vérification concernant à la fois la forme (l’orthographe par exemple) et le fond (le respect des usages et des convenances). On le voit dans Petit Bob : l’enfant, à l’instigation de son précepteur, écrit à sa mère, partie en séjour à la campagne. Il s’adresse à elle, comme il le ferait oralement, avec spontanéité, et l’abbé reprend toutes ses formules pour les critiquer, attirant les protestations de Bob :
Bob. – Allons donc ! m’man, c’est m’man... quand j’lui parle j’lui dis m’man ! J’vois pas pourquoi que j’changerais ?
L’Abbé. – Parce que, lorsque l’on écrit, on emploie certaines formules consacrées par l’usage...
Bob. – Pas moi ! J’écris comme j’parle, moi12.
Ce bref extrait pose le réel problème de l’éducation en matière d’écriture et d’expression, entre les normes et le naturel. De même que la narration, la lettre s’enseigne comme un genre fortement codé. Edmond About montre dans Le Roman d’un brave homme combien les usages scolaires diffèrent de la correspondance commerciale, utilitaire et efficace13, et Vallès construit sur cette idée un chapitre du Bachelier14, dans lequel il fait ressortir la distance entre l’école et la vie. La correspondance est liée à la politesse dans Le Tour de la France par deux enfants, où tout un chapitre15 est consacré à la rédaction par les deux frères d’une lettre de remerciement, présentée comme un devoir auquel on ne saurait se dérober. A considérer ces exemples, l’écriture d’une lettre par un enfant semble éliminer toute spontanéité et toute expression du moi profond ; il y a néanmoins d’autres usages romanesques de la lettre.
6Du point de vue de l’action, d’abord, une lettre envoyée et restée sans réponse provoque un effet de suspens ou de malentendu qui peut supporter une partie de l’action romanesque ; ainsi, les pérégrinations des deux héros du Tour de la France par deux enfants sont-elles justifiées par le fait que leur oncle paternel n’a pas reçu à temps les lettres des deux orphelins, et qu’ils doivent donc repartir, de Marseille, à sa recherche16. Dans les romans à la première personne, en particulier ceux écrits sous forme de mémoires ou de récit rétrospectif, la citation d’une lettre écrite par le narrateur permet de rendre moins artificiel le processus d’information du lecteur, en supposant un destinataire dans la narration. C’est ce que l’on voit par exemple dans Une année de collège à Paris, d’André Laurie17. L’insertion d’une réponse permet, sans rupture trop sensible, de changer la voix narrative et de donner un autre éclairage. Cela n’est pas une nouveauté et l’on sait quels usages romanesques le XVIIIème siècle a su faire de l’épistolarité18.
7Inversement, dans les romans à la troisième personne, où la narration est confiée à un narrateur plus ou moins effacé, l’insertion d’une lettre est un moyen de dire les pensées intimes d’un personnage. Daudet le fait, tardivement, dans Jack, au moment où le héros, que nous avons vu si souvent inhibé et réduit au silence, a gagné assez de maturité pour s’analyser et dire ses pensées profondes ; il écrit une longue lettre (présentée en italiques, pour mieux marquer sans doute le changement de perspective narrative)19 ; l’émotion s’y mêle à l’analyse. Ecrire au Docteur Rivals permet aussi à Jack d’exprimer des sentiments que la timidité l’empêcherait de formuler de vive voix.
8Car la lettre romanesque est un acte important, même si la communication échoue parfois. Dans la maison des Vingtras, à Nantes, qui « a l’air d’une maison maudite », le fossé qui s’est creusé entre le père et le fils empêche toute conversation directe et oblige Jacques à écrire à son père pour lui dire ses projets d’avenir :
C’est affreux de prendre cette grande feuille de papier pour écrire à son père. Il faut mettre vous. [...]
J’écris à mon père ! je rature, et je rature !
Tout en écrivant, il m’est venu de la sensibilité, j’ai peur de paraître faible.
Je recommence ; c’est difficile et douloureux.
Ah ! ma foi, non ! et je déchire encore...
Je vais mettre deux lignes seulement, – pas deux lignes, – quatre mots. Ça m’évitera ce vous, et ce que je veux dire y sera tout de même. J’écris simplement ceci :
Je veux être ouvrier20 .
Ecriture difficile, communication impossible : cette lettre marque, dans le roman, la rupture définitive entre père et fils. A partir de là, « l’abîme est creusé », écrit Vallès. La lettre sert donc souvent, dans les romans, à mettre en lumière, comme par l’exposition de pièces à conviction, l’échec d’une relation. La première partie de Sébastien Roch est ainsi jalonnée d’une correspondance entre le héros et son père, tantôt évoquée au « style direct », c’est-à-dire en en donnant des phrases entre guillemets, tantôt résumée dans le fil narratif. Les lettres de Sébastien à son père sont condensées par le narrateur qui en signale l’importance :
Il se bornait à laisser déborder son cœur, en affections naïves et chaudes, en promesses répétées de bonne conduite et de travail. Il s’essayait aussi à de petites descriptions du collège, à des récits de promenades, où déjà se révélait, dans la primitivité de la forme et l’éveil incomplet de la sensation, une âme curieuse et vibrante21.
Seulement, M. Roch n’est pas capable de comprendre de tels indices, et ses réponses, souvent citées, montrent un décalage total par rapport aux préoccupations et aux émotions de l’enfant. Il en résulte, pour le lecteur, la constatation de la solitude déchirante du héros.
9Tout n’est pas forcément si négatif, et l’écriture enfantine est, dans quelques cas, l’annonce d’une véritable créativité en train de prendre forme. Loti insiste beaucoup sur ce point, dans Le Roman d’un enfant. Alors que la rédaction scolaire, sur des sujets imposés, répugne au héros, l’écriture spontanée des lettres de vacances à sa mère lui semble supérieure, même, au travail de l’écrivain adulte qu’il est devenu :
Encore aujourd’hui, quand il m’arrive de jeter les yeux [...] sur quelqu’une de ces petites lettres que j’écrivais chaque jour à ma mère, je sens tout à coup comme du soleil, de l’étrangeté neuve, des odeurs de fruits du Midi, de l’air vif de montagne, et je vois bien alors qu’avec mes longues descriptions, dans ces pages mortes, je n’ai rien su mettre de tout cela22.
Le point commun à ces différentes situations de communication est, mis à part le cas du récit éducatif de Bruno, l’affirmation par tous les écrivains de la supériorité du naturel sur le culturel, de l’expression spontanée sur les modes conventionnels d’écriture. Le cas du personnage enfant permet tout particulièrement de mettre en valeur cette opposition. L’enfant n’est pas un écrivain, ses tentatives ne sont pas forcément à prendre au sérieux23 ; mais il possède spontanément une qualité de vision et de naturel que les écrivains adultes signalent avec quelque peu de nostalgie ou d’envie.
Le journal intime
10Une autre forme de collage intervient assez souvent dans nos romans, c’est celle d’écrits intimes, carnets personnels ou journal. La forme du journal intime est celle de fragments en général assez courts, correspondant à une chronologie indiquée (même si l’écriture n’est pas régulièrement quotidienne) et rédigés avec les temps du discours, tenant donc de très près à la personnalité du scripteur. Le journal peut opérer des ellipses, ou au contraire insister sur le caractère répétitif de certaines notations. Vallès, dans L’Enfant, utilise fugitivement cette forme, pour suggérer une succession rapide d’événements ; ainsi, quand il raconte les épreuves du baccalauréat :
Rennes, lundi. Je suis arrivé ce matin. Demain, la version. Mon père voulait me suivre à Rennes, mais il est forcé de rester avec ses pensionnaires.
Mardi.
Je suis le second en version.
J’ai fait encore trop près du texte, sans cela j’aurais été le premier.
Cette après-midi l’examen.
Je repasse, je repasse, comme si je pouvais avaler le manuel en trois bouchées.
« Monsieur Vingtras ! »
C’est mon tour24.
La vraisemblance narrative n’est pas tout à fait respectée dans ce texte, les événements s’y succèdent comme si l’écriture pouvait leur être absolument simultanée. Mais cela donne un récit très vivant par lequel le lecteur est associé aux affres du personnage.
11L’histoire de la pratique du journal intime par les jeunes filles a été étudiée par Philippe Lejeune. Avant la monarchie de Juillet, il ne trouve que de rares exemples isolés. Mais à partir de 1850 il signale l’apparition de « romans ou livres pédagogiques qui proposent aux jeunes filles des modèles de journaux25 ». Un ouvrage assez oublié aujourd’hui, Le Journal de Marguerite, était l’œuvre d’une éducatrice, Victorine Monniot26, qui eut l’idée intéressante de faire passer toute une formation religieuse et morale à travers le journal de deux années d’une petite fille qui se prépare à sa première communion. De petites contrariétés et de grands drames jalonnent ces années, l’enfant les note et les analyse dans un style qui est à la fois soigné et naturel, sans afféterie. Une trace de l’influence de ce livre sur la sensibilité de la fin du XIXème siècle nous est donnée par Goncourt dans Chérie, puisque ce roman réserve à l’œuvre de Victorine Monniot une place très importante dans la formation de Chérie Haudancourt27. C’est là le témoignage d’un phénomène socio-culturel. Bien entendu, l’héroïne va avoir, elle aussi, le désir de fixer le quotidien, et Goncourt intercale dans son roman, successivement, le « petit cahier de papier blanc » sur lequel l’enfant de douze ans écrit ses bonnes résolutions et son « Règlement de vie », puis, plus tard, entre quinze et seize ans, une année de son journal intime :
Un petit agenda portant pour titre : Cahier de problèmes et où, en pleine mathématique, un journal intime écrit à contresens de l’écriture des devoirs, un journal des plus riches en points d’exclamation, en phrases raturées, en lignes de points sous lesquels se dissimulent des pensées qui rougissent pudiquement de se formuler, est encore semé, à travers les pages, de violettes, de folioles de roses, de brins de réséda desséchés, de tout un herbier de gentils souvenirs, va nous donner presque une année entière de cet état d’âme amoureux de Chérie28.
Cette longue phrase à la syntaxe complexe comporte des symboles intéressants : l’opposition du travail scolaire et de l’expression personnelle, écrite « à contresens », la comparaison implicite entre le journal et l’herbier, qui fixent la vie fugitive. Alors que le cahier de catéchisme montre un grand conformisme, le journal a un caractère secret, et l’on y lit, à de nombreuses reprises, la difficulté de l’auto-analyse ; ce journal fixe au jour le jour les incertitudes de Chérie, et, sur une plus longue durée, puisque Goncourt présente des extraits censés représenter une année, le changement29.
12Peut-être à la suite de la vogue du Journal de Marguerite, sous l’influence de l’Eglise, mais aussi dans une perspective plus laïque d’entraînement à l’écriture, le journal est présenté dans plusieurs romans comme une obligation imposée par les éducateurs. Il devient un topos romanesque dans certaines œuvres de la littérature d’enfance et de jeunesse, comme En congé de Zénaïde Fleuriot, récit constitué par le journal de vacances d’un jeune garçon de douze ans30 ; ce journal est à la fois événementiel et moral, mais ne comporte rien de véritablement intime, que les éducateurs ne pourraient lire ; c’est donc tout simplement un procédé d’écriture.
13L’encouragement donné par les éducateurs à la tenue de tels écrits est parfois paradoxal, car l’écriture introspective ouvre la voie à des prises de conscience et à des aveux peu conformistes. On voit cette évolution dans Sébastien Roch ; dans la première partie, sans qu’il s’agisse vraiment d’un journal, Sébastien pratique l’écriture personnelle, à l’instigation du Père de Kern, qui s’assure ainsi une certaine maîtrise de la vie intérieure de l’enfant :
Chaque jour, il donnait, à son impatient élève, des vers à apprendre, des devoirs à écrire, dans lesquels celui-ci devait résumer ses impressions sur tout ce qu’il avait lu, expliquer pourquoi telle chose lui semblait belle31.
Mais, dans la deuxième partie, Sébastien, qui a échappé à l’emprise des Jésuites, reprend cette pratique d’écriture, d’une façon tout à fait intime cette fois. Par ce moyen, Mirbeau passe le relais narratif à son personnage, pour lui faire formuler des sentiments violents, pour guider l’analyse du lecteur sur les événements rapportés dans la première partie et sur lesquels Sébastien revient ; l’auteur y exprime aussi ses idées sous une forme naturelle et vivante, en les mettant en situation. Dans un commentaire du narrateur, le chapitre II, presque tout entier consacré à ce journal, est ainsi présenté :
Sébastien, au début de l’année 1869, avait entrepris d’écrire, jour par jour, ses impressions, de noter ses idées et les menus événements de sa vie morale. Ces pages volantes, dont nous détachons quelques fragments, montreront, mieux que nous ne saurions le faire, l’état de son esprit, depuis sa rentrée dans la maison paternelle32.
L’amusante formule « mieux que nous ne saurions le faire » révèle à quel point le romancier désire créer l’impression d’authenticité et faire oublier le caractère fictif de son roman. La vie intérieure du héros s’y exprime de façon intime. Cette écriture libérée permet une véritable plongée dans la conscience du héros et dans les zones les plus habituellement occultées de son moi ; on est bien loin de la sage introspection recommandée par les catéchistes !
14Dans les romans où l’enfance a le rôle qualifié plus haut d’« explicatif », la relecture ou la découverte d’un journal d’enfance ou d’adolescence est un moyen d’opérer cette plongée dans le temps et ce retour en arrière. C’est ce que l’on trouve par exemple dans Un crime d’amour, de Paul Bourget, récit assuré par un narrateur hétérodiégétique et omniscient, mais relayé par la citation d’un journal intime. Le héros, Arnaud de Querne, qui est un homme fait, éprouve le besoin de faire retour sur lui-même, et reprend le journal tenu au cours de ses années de pension, ce qui permet d’intercaler dans le roman un passage au présent et à la première personne, restituant les impressions vives de l’adolescence, et la « monographie d’une maladie secrète de l’âme33 ».
15Pierre Loti souligne la relation du journal avec la fuite du temps, en évoquant les écrits secrets du jeune garçon auquel il s’identifie :
J’y inscrivais, moins les événements de ma petite existence tranquille, que mes impressions incohérentes, mes tristesses des soirs, mes regrets des étés passés et mes rêves de lointains pays... J’avais déjà ce besoin de noter, de fixer des images fugitives, de lutter contre la fragilité des choses et de moi-même, qui m’a fait poursuivre ainsi ce journal jusqu’à mes dernières années34.
L’opposition contenue dans la première phrase entre « événements » et « impressions » est tout à fait révélatrice de l’intérêt romanesque du journal intime, qui permet au romancier de changer à la fois de système temporel (des temps du récit à ceux du discours) et de niveau d’analyse.
16Le journal intime est donc un moyen très riche de varier la narration, les rythmes et les points de vue, et d’exprimer l’état de la conscience à différents moments de l’enfance et de l’adolescence. Le journal fictif comme procédé narratif est une pratique qu’exploiteront des romanciers du XXème siècle35. Il est particulièrement bien venu dans la peinture d’une personnalité en formation, qui tente de pratiquer « l’examen de conscience », en vient vite à avouer des pensées ou des désirs inavouables devant les adultes, et fixe pour l’avenir le temps fugitif de la jeunesse.
2.La sensibilité artistique
La chanson
17Art très ancien et très populaire qui unit intimement la musique et les mots, la chanson est une forme d’expression tout à fait à la portée des enfants, dont de nombreuses citations jalonnent les ouvrages que nous étudions. C’est d’abord une indication d’ordre sociologique. L’écrivain peut ainsi faire allusion à l’actualité et le petit Bob de Gyp, enfant éveillé et malin, est très sensible aux refrains à la mode, d’où un effet de contraste avec la réserve pudibonde de l’abbé qui est son précepteur36. En cela, le livre de Gyp revêt un aspect de chronique du temps, bien dans l’esprit du journal La Vie parisienne. La chanson est souvent, dans les romans, rattachée à un milieu ou à une époque, et l’on voit ainsi Mme Vingtras, voulant revendiquer tout à coup ses origines rurales, s’élancer au cours d’une soirée chez le proviseur en chantant et en dansant une bourrée, ce qui suscite bien sûr un malaise général37. La chanson sert donc d’indication sur le personnage, même si une difficulté d’interprétation se présente parfois, à cause du caractère transitoire, vite démodé, de la vogue de tel ou tel refrain, qu’un lecteur du siècle suivant ne perçoit que difficilement.
18Les paroles peuvent être fortement marquées idéologiquement, et Vallès donne aux chansons révolutionnaires un rôle très important dans la naissance de Jacques à la conscience politique :
Je ne sais pas [...] si je ne préfère pas aux chansons qui parlent de ceux qui vont se battre et mourir, les chansons de batteur de blé ou de forgeron, qu’un grand mécanicien, qui a l’air doux comme un agneau, mais fort comme un bœuf, chante à pleine voix. Il parle de la poésie de l’atelier, – le grondement du brasier, – il parle de la ménagère qui dit : « Courage, mon homme, – travaille, – c’est pour le moutard. »
A un moment, le chanteur baisse la voix. « Fermez la fenêtre » dit quelqu’un. Et l’on salue au refrain :
Le drapeau que le peuple avait à Saint-Merry !38
La citation et les allusions permettent de préciser le personnage de Jacques, dans ce temps de découvertes idéologiques qu’est son séjour à Paris.
19Chaque âge a son répertoire, et les romans qui racontent l’accès à l’adolescence marquent, par la variété des chansons, une évolution. Un chapitre du Roman d’un enfant condense ces oppositions. Loti y montre l’influence sur son héros d’un « air naïvement plaintif », l’appel d’une marchande de gâteaux dans la rue, « Gâteaux, gâteaux, mes bons gâteaux tout chauds ! » Cette formule répétée plusieurs fois dans le chapitre évoque le bien-être de l’enfant choyé dans la famille, l’achat des gâteaux pour les veillées familiales ; mais ce refrain se mêle à d’autres chants :
Le refrain monotone s’éloignait, s’en allait se perdre, chaque soir du même côté, dans les mêmes rues basses avoisinant le port et les remparts...[...] Vieilles rues aperçues de loin, solitaires le jour, mais où, de temps immémorial, les matelots faisaient leur tapage les soirs de fête, envoyant quelquefois le bruit de leurs chants jusqu’à nous. Qu’est-ce qui pouvait se passer là-bas ? Comment étaient ces gaietés brutales qui se traduisaient par des cris39 ?
La juxtaposition du refrain de la marchande et des chansons de marins montre le déchirement de l’enfant entre le foyer et l’aventure, le pressentiment d’une vie aventureuse et virile ; ces évocations entrent donc tout à fait dans le cadre du récit de vocation qu’est Le Roman d’un enfant.
20Plusieurs romans sont jalonnés de chansons, et la reprise des paroles, ou la variation du répertoire, introduisent une dimension temporelle très importante dans la narration. Daudet accompagne l’itinéraire moral de Jack de nombreuses chansons ; celles des personnages qui l’entourent, Mâdou40, Labassindre, Ida41, mais aussi les siennes :
Un air de Touraine avec lequel sa mère l’endormait autrefois dans sa petite chambre, quand la lumière était éteinte :
Mes souliers sont rouges,
Ma mie, ma mignonne.
Cette chanson enfantine fortement liée au souvenir de sa mère rythme les heures de sa longue marche nocturne de Paris à Etiolles, et par un effet de pathétique, c’est le même refrain que sa mère est en train de chanter quand il la rejoint enfin. Cela s’oppose aux chansons de l’ivresse, au cours de sa première débauche, aux chansons populaires des fêtes bretonnes42. Jack est ballotté entre ces différents mondes, du moins dans les deux premières parties du roman. De l’enfance à l’âge adulte, faire chanter les héros est une façon de marquer leur évolution43. Dans Le Roman d’un enfant, l’association complexe d’une vision (un papillon « citron-aurore », très rare) et d’une chanson provoque un jeu de réminiscences et de souvenirs nostalgiques. Le narrateur revient plusieurs fois sur cette association et sur les impressions provoquées, sur un ton qui annonce déjà celui de Proust, et c’est sur ce rappel que se clôt définitivement le livre : « la chanson des années disparues, des étés morts44 ».
21La chanson, unissant expression corporelle et vie intérieure, apparaît comme une sorte d’indicatif du personnage ; elle permet à l’enfant d’évoquer un monde familier, mais aussi d’échapper aux limites du temps et de l’espace, et d’accéder à une dimension qui dépasse le cadre de sa vie.
La musique instrumentale
22L’étude du piano fait, à l’époque que nous étudions, partie du programme d’éducation bourgeoise d’une jeune fille ou d’un jeune garçon. Chérie, et le narrateur du Roman d’un enfant bénéficient de cet apprentissage si souvent noté dans les romans du XIXème siècle, où la description de la jeune fille au piano est un topos pour évoquer la grâce et la rêverie. Mais, au-delà de la simple description ou du trait de mœurs, la musique, écoutée ou jouée, sert à indiquer l’état d’esprit du personnage. Dans le même chapitre où l’on voit Chérie, pendant sa scarlatine, se plonger dans Le Journal de Marguerite, Goncourt évoque un morceau de piano qu’elle étudie seule, sans obligation, les Rêveries de Rosellen, et le romancier consacre un chapitre à analyser l’effet produit par la musique sur la petite fille, puis sur la jeune fille :
Quand elle fut plus grande, les caresses physiques du son la remplirent d’une ivresse mystérieuse. Ça lui donnait un bien-être exalté, une plénitude de la vie, un fouettement des facultés imaginatives, une augmentation de son être sensitif, enfin un petit rien des jouissances surnaturelles que procurent aux hommes les stupéfiants45.
La façon très sensuelle dont Goncourt parle de la musique montre qu’il y a un rapport secret avec l’être intime du personnage ; c’est aussi par l’intermédiaire de la musique que Goncourt fait vivre au lecteur l’agonie de Chérie, avec l’audition de Lucia di Lammermoor, de Donizetti, opéra de souffrance et de désespoir.
23Pour d’autres héros, la musique, loin d’être un héritage familial et culturel, est une découverte qui influence leur évolution. C’est le cas de Rémi, dans Sans famille, transporté par les chants de Vitalis et, plus tard, par le violon de Mattia, lequel se révèle un véritable artiste autodidacte. Sébastien Roch, surtout, né dans un milieu dépourvu de toute sensibilité artistique, découvre, au contact de la nature, des harmonies et des correspondances. Dans une écriture chargée de symboles, Mirbeau montre combien son personnage est bouleversé par cette découverte :
Toutes les formes et toutes les couleurs chantaient. Ce qu’elles chantaient, Sébastien eût été incapable de le définir et de l’exprimer, mais il en savourait l’harmonieuse et presque divine musique, il en admirait l’harmonieuse et presque divine beauté46 !
La musique attire et fascine Sébastien, elle est pour lui « la grande porte de lumière ouverte sur la nature et sur le mystère, c’est-à-dire sur la beauté et sur l’amour47 » ; cela pourrait être la voie de son épanouissement, ce sera celle de sa perte, à la fois par l’usage séducteur qu’en fait le Père de Kern et par l’accusation qui cause son renvoi48. Un développement sur le violon rend explicite l’identification de cet instrument avec le personnage de Sébastien et avec l’expression de sa vie intérieure :
Une voix intérieure lui dit : « N’es-tu point pareil à ce violon ? Comme lui, n’as-tu pas une âme, et les rêves n’habitent-ils point le vide de ton petit cerveau ? Qui donc le sait ? Qui donc s’en inquiète ? Ceux-là qui devraient faire résonner ton âme et s’épanouir tes rêves ne t’ont-ils pas laissé dans un coin, tout seul, semblable à ce violon abandonné sur une chaise, à la merci du premier passant qui, pour s’amuser une minute, ignorant ou criminel, s’en empare et en brise à jamais le bois fragile, fait pour toujours chanter ?49 »
Cette allégorie est utilisée pour dénoncer le crime moral commis à l’encontre de l’enfant. De l’aspect réaliste à l’utilisation symbolique, la mention de la musique présente donc bien des aspects qui permettent de peindre et d’extérioriser la vie intérieure du personnage, ses rêves, ses émotions, ses souffrances, et même son devenir50.
24Leur attitude à l’égard de l’art permet de classer nombre de personnages en deux catégories, ceux qui n’y sont absolument pas sensibles, et ceux pour qui, même intuitivement, musique, dessin, sculpture51, la toilette même52 sont des moyens d’extérioriser leur être profond. On peut remarquer que les exemples que nous avons cités appartiennent essentiellement aux œuvres de la fin de la période étudiée, et particulièrement à celles de 1890. Il y a, dans ces années où la psychologie en tant que science progresse considérablement, une prise de conscience de l’importance de la créativité, de l’expression artistique comme moyen de révéler l’être profond, et les romanciers en ont fait l’application pour donner connaissance de la vie intime de leurs personnages.
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25L’expression du personnage utilise donc des moyens indirects, autres que la parole, pour exprimer la vie mentale par le truchement de l’écriture ou des arts. Ce procédé présente un intérêt sociologique, les exemples cités portent témoignage des usages de l’époque en matière éducative, qu’il s’agisse des pratiques scolaires ou de l’éducation donnée dans certaines familles ; c’est par là une façon de situer le personnage dans un milieu donné. Ces références aux arts ont également un intérêt psychologique par rapport à la constitution du personnage : par ces pratiques d’écriture, de création, l’enfant échappe en partie au contrôle de l’adulte, du moins quand ses créations sortent du cadre de l’institution scolaire. C’est le moi profond du personnage qui s’exprime, avec un degré variable de conscience. L’intérêt narratif de ces médiations est grand aussi, puisque les collages, les références diverses, permettent des variations sur la voix narrative, sur la temporalité, font alterner discours et récit d’une façon naturelle. La variation des éclairages donne alors aux romans une grande profondeur. Entre conformisme et liberté, l’expression médiate tient, dans les œuvres les plus récentes du corpus, et surtout dans celles qui s’adressent aux lecteurs adultes, une place privilégiée.
Notes de bas de page
1 Probablement à composer en latin : L’Enfant, XX, p. 319.
2 Discours français : André Laurie, Une année de collège à Paris, p. 58.
3 « Ces narrations qu’on demande aux petites filles de leurs vacances de Noël ou de Pâques, sous la forme d’une lettre à une amie » (Chérie, XXV, p. 97).
4 En vers latins : L’Enfant, XXI, p. 330.
5 Le Roman d’un enfant, LVIII, p. 201.
6 L’Enfant, XX, p. 320.
7 Voir « Les trouvailles du bon élève » d’après un manuel de 1889, dans Renée Balibar, L’Institution du français, p. 394.
8 L’Enfant, XXII, p. 343-344.
9 Voir le chapitre XVIII de L’Enfant, où Jeanne d’Arc est nommée « la vierge de Domrémy », ou « la bergère de Vaucouleurs » (p. 278) ; Béranger est « le chantre des Gueux » et le val de Loire est le « jardin de la France » (p. 289), mais Jacques reconnaît la justesse de cette dernière expression, ce qui prouve qu’il rejette, non la périphrase en elle-même, mais la systématisation de son emploi.
10 Le Roman d’un enfant, LVIII, p. 201.
11 L’Enfant, VII, p. 185. Voir aussi les Mémoires d’un collégien, d’André Laurie, et Petit Bob (p. 125). Berquin, dans l’une de ses historiettes, faisait dire par un père à son fils : « J’aurais mieux aimé deux mots seulement, pourvu qu’ils fussent partis de ton cœur » (« Le compliment de nouvelle année » dans L’Ami des enfants, 1782-85, Didier 1839, vol. 2, p. 145).
12 Petit Bob, p. 190.
13 Le Roman d’un brave homme, p. 112.
14 Le Bachelier, XXIX, particulièrement p. 677-678 : « Ah ! comme je préférerais que ce fût en latin ! – Si je faisais d’abord ma lettre en latin ? Je pense bien mieux en latin. Je traduirai après ».
15 Le chapitre XX, p. 608.
16 Voir III, p. 582, et LXXIV, p. 733.
17 Au chapitre II, Albert Besnard écrit à son ami Baudouin, resté en province, et informe donc à la fois le narrataire et le lecteur sur sa situation.
18 Nous n’avons trouvé, entre 1876 et 1890, qu’un seul roman épistolaire, Mon oncle Barbas sou, de Mario Uchard (Calmann-Lévy, 1877) ; encore est-ce un roman à scripteur unique. La vogue du genre semble être, alors, complètement passée. Quant au roman épistolaire dont les seuls scripteurs seraient des enfants, à notre connaissance, cela n’a jamais été fait.
19 Jack, III, 8, p. 423.
20 L ’Enfant, XXIV, p. 379.
21 Sébastien Roch, I, 3, p. 764.
22 Le Roman d’un enfant, XLVII, p. 177.
23 Louis Lambert s’attire les sarcasmes des éducateurs pour son Traité de la volonté, commencé à l’âge de quinze ans (Balzac, Louis Lambert, p. 624) et Sartre, dans Les Mots, évoque avec beaucoup d’ironie ses premiers essais romanesques (Gallimard, 1964, « Folio », 1972, p. 121).
24 L’Enfant, XXIV, p. 373. Dans un autre passage, c’est heure par heure que les événements sont notés (XVI, p. 263-264).
25 Le Moi des demoiselles. Enquête sur le journal de jeune fille, Seuil, 1993, p. 17.
26 Victorine Monniot, Le Journal de Marguerite, Versailles, Beau-Jeune, 1858. Ce livre connut de nombreuses rééditions. Voir Philippe Lejeune, « Le Journal de Marguerite », dans Le Récit d’enfance, Ed. du Sorbier, 1991, p. 41-62.
27 « Le livre de sa scarlatine, ça avait été le Journal de Marguerite : la confession jour par jour d’une douce petite âme, dans un milieu élégant et catholique, en une nombreuse famille aimante » (XXVII, p. 101).
28 Chérie, XXXIII, p. 114 et LVI, p. 195.
29 Goncourt s’inspire d’un modèle authentique, le journal de Pauline Zeller, fille d’amis de l’écrivain, qui avait accepté de lui communiquer le cahier tenu pendant son adolescence. Voir André Billy, Les Frères Goncourt, Flammarion, 1954, p. 302.
30 Zénaïde Fleuriot, En congé, p. 4 et la suite.
31 Sébastien Roch, I, 5, p. 857. Mais le texte de ces écrits n’est pas cité dans le roman, contrairement au journal de la deuxième partie.
32 Ibid., II, 2, p. 971.
33 Paul Bourget, Un crime d’amour, Lemerre, 1886, p. 71.
34 Le Roman d’un enfant, LVIII, p. 202.
35 En ce qui concerne les scripteurs enfants, le procédé a été utilisé par Colette Vivier dans La Maison des petits bonheurs (Bourrelier, 1939), un durable succès de la littérature enfantine.
36 Petit Bob, p. 178.
37 L’Enfant, XVI, p. 257 et surtout XVIII, p. 308.
38 L’Enfant, XXIII, p. 366.
39 Le Roman d’un enfant, XXIII, p. 109-112. Le refrain de la marchande est repris plus loin, en ouverture du chapitre L, p. 183.
40 La chanson représente pour Mâdou le retour à sa culture d’origine (p. 103).
41 Jack, III, 8, p. 415. Cette femme superficielle aime les romances sentimentales.
42 Ibid., p. 119, 126, 252, 257, 228, 253.
43 Au contraire, dans Sans famille, une canzonnetta napolitaine, véritable leitmotiv de la narration, indique la permanence du personnage, Rémi : p. 226, 321, 358, 359, 461, 552, 565 ; la reprise de la chanson sert de conclusion au livre, et Hector Malot joint en annexe la partition.
44 Le Roman d’un enfant, LXXXII, p. 255, clôture. C’est la reprise du motif vu p. 179, 197. Bien des aspects de ce texte annoncent l’épisode proustien de la « petite madeleine ». Voir Bruno. Vercier, « Un papillon citron-aurore », Revue des sciences humaines, n° 222, avril-juin 1991, p. 35-40.
45 Chérie, XXVIII, p. 105. Rosellen est un musicien romantique (1811-1876).
46 Sébastien Roch, I, 3, p. 778. Voir aussi le long passage où Mirbeau analyse les « profondes délices » que provoquent en Sébastien la voix des orgues et le chant des maîtrises, à la grand-messe du dimanche (p. 812-815).
47 Ibid., p. 816.
48 Il est faussement accusé d’avoir profité de l’isolement dans la salle de musique pour faire « des saletés » avec Bolorec.
49 Ibid., I, 7, p. 924.
50 En revanche, curieusement, le dessin, dont les psychologues modernes ont montré l’importance pour l’enfant, n’est que peu mentionné dans les romans.
51 Bolorec, dans Sébastien Roch, montre un étonnant talent pour la sculpture sur bois, art qui le rattache à la terre et à ses « racines » ; voir p. 780, 801, 802, 806, 807, 810, 817, 841, 865, 899, 920, 1067. La quantité des allusions montre qu’il s’agit pour Mirbeau d’une activité fondatrice du personnage de Bolorec.
52 Chérie, LXXVI et LXXVII : « Au fond, la toilette pour une femme, c’est le moyen de témoigner de l’artiste qui habite en elle, – le moyen révélateur par excellence et bien supérieur au produit médiocre d’un pauvre talent d’agrément, au gribouillage d’une méchante aquarelle » (p. 266).
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