Chapitre III. Désigner le personnage
p. 71-88
Texte intégral
Le romancier doit trouver des façons de désigner le personnage, qui permettent à la fois de le distinguer de son entourage, en l’insérant dans une famille parfois, tout en le différenciant par son prénom, et de l’identifier d’une façon suffisamment nette pour permettre au lecteur de reconnaître ses apparitions successives au cours du récit, sans toutefois tomber dans une lassante répétition1. On observera ce que l’on a appelé2 « l’étiquette » du personnage : entre réalité et fiction, c’est là l’un des éléments majeurs de l’invention du personnage.
1.Nom et prénom : un état-civil
Les choix du romancier
1Si nommer est l’acte fondateur de l’existence, le patronyme, le nom du père, est primordial puisqu’il situe le personnage dans une lignée, lui attribuant des parents, une hérédité. Le nom de famille est donc souvent mis en valeur dans le roman réaliste, affirmant une filiation revendiquée, même si elle n’est pas aristocratique. André et Julien Volden (Le Tour de la France par deux enfants) portent fièrement le nom de leur père ; ces personnages étant orphelins, le patronyme est un moyen important de maintenir la continuité familiale. On ne s’étonnera pas non plus de l’importance donnée au nom dans les romans où la paternité est l’objet d’une recherche, tels Jack et Sans famille. Jack n’est que très rarement désigné par son nom de famille. Quand c’est le cas, c’est toujours Ida, sa mère, qui l’emploie. Ainsi, quand Ida présente au directeur du collège sa carte de visite,
sur laquelle s’étalait en lettres allongées ce nom souriant et insignifiant :
Ida de Barancy
Le recteur eut un singulier sourire.
« C’est aussi le nom de l’enfant ? » demanda-t-il.
La question était presque impertinente. La dame le comprit, se troubla encore davantage et cacha son embarras sous un grand air de dignité : « Mais certainement, monsieur l’abbé... certainement. »
D’emblée, l’attention du lecteur est donc attirée vers le mystère de ce nom, qui cache la bâtardise de l’enfant. Tant qu’il est tout jeune, Jack ne se soucie guère de son nom. Mais, plus âgé, informé par la vie, il va à deux reprises poser à sa mère la question fondamentale : « Quel est le nom de mon père ? », question à laquelle il obtient des réponses variables et fantaisistes, « Marquis de l’Epan » ou « Baron de Bulac3 ». Jack doit donc se résigner : comme l’indique le titre du livre, il n’est qu’un prénom. La dépersonnalisation du personnage ne s’achève pas là, pourtant, et dans sa descente aux enfers, il perdra jusqu’à ce prénom, devenant un simple numéro au moment de son admission à l’hôpital.
Il était question d’un certain « onze bis » qu’on disait très malade. C’était lui que l’on désignait ainsi. Il ne s’appelait plus Jack mais le « onze bis » de la salle Saint-Jean-de-Dieu4.
Remarquons que, de surcroît, ce numéro ne lui appartient même pas en propre, puisqu’il est assorti d’un bis. Perdre son nom, n’est-ce pas l’étape ultime de l’effacement social ?
2Le héros de Sans famille est, lui aussi, pourvu seulement d’un prénom, il est « Rémi » dans la majeure partie du roman. Enfant trouvé et recueilli, il part à la recherche de sa vraie famille et Malot commence par ouvrir une fausse piste. Rémi est à Londres, où l’a conduit sa recherche :
« Ah ! j’oubliais, dit le monsieur, votre nom est Driscoll ; c’est le nom de votre père5. »
Malgré la joie de Rémi d’obtenir enfin ce renseignement précieux, il est bien vite déçu en découvrant à quoi ressemblent ses « parents ». Mais cette prétendue révélation va être infirmée au dénouement par la découverte du nom véritable, « Milligan », patronyme à connotation anglo-saxonne comme le précédent, « il a des ancêtres qui lui ont laissé un nom honoré dans son pays6 ». Bizarrement, le narrateur n’aura plus de prénom à la fin du roman, comme si l’essentiel était le patronyme enfin retrouvé.
3Au fil de la narration, les romanciers font alterner le plus souvent l’emploi du patronyme et celui du prénom, selon les circonstances. Parfois l’un ou l’autre de ces éléments manque. Quatorze jeunes naufragés de Deux ans de vacances ne sont désignés que par un nom de famille, de Gordon l’Américain à Moko le mousse, « jeune Nègre de douze ans7 ». Dans le groupe se distinguent deux Français, deux frères, l’aîné désigné par le patronyme, Briant, le cadet par son prénom, Jacques. Tout au long du roman on retrouvera cette désignation différente pour les deux frères. L’emploi, entériné par l’usage des collèges, du seul nom de famille pour désigner les adolescents, est en opposition avec celui du prénom, plutôt réservé à l’enfance et aux relations plus tendres. Jules Verne semble tenir à priver de prénom l’aîné des Briant, puisque, contre toute vraisemblance, Jacques s’adressant à son frère, l’appelle « Frère8 » ! On trouve la même opposition dans le roman de Robert Caze, L’Elève Gendrevin, dont le titre rappelle la désignation distante en usage dans les collèges, alors que, dans une lettre reçue par l’enfant, sa mère l’appelle de son prénom « René » et même « cher petit angelot »9. On perçoit par ce jeu du nom et du prénom, non seulement les usages d’une époque, mais aussi tout un réseau de relations autour d’un enfant, où la double dénomination peut indiquer des aspects très différents de la personnalité10.
La motivation
4Cette étiquette qui donne consistance au personnage ne peut être choisie arbitrairement ; une des questions fondamentales de l’onomastique est celle de la motivation du patronyme ou du prénom, qui peut être explicite ou implicite.
5La première apparition du prénom ou, plus rarement, du nom de famille, est souvent associée à une réflexion du narrateur qui justifie ce choix dans le monde de la fiction. Ainsi Zola, à deux reprises, attribue à une tradition familiale le choix des prénoms, d’abord dans L’Assommoir, pour l’enfant de Gervaise et Coupeau : « On l’appelait Nana, la caresse du nom d’Anna que portait sa marraine11 » ; Zola rappelle là un usage qui remonte au début du système de double dénomination, nom de baptême, nom de famille, au XVIème siècle : « Le prénom est transmis et déterminé par le parrainage12 ». Rien d’étonnant, donc, à trouver cette motivation du prénom à plusieurs reprises chez Zola, qui donne tant d’importance à cette insertion familiale13. Mais dans le cas des enfants trouvés, c’est le hasard qui préside au choix du prénom, ce qui est souligné par William Busnach dans Le Petit Gosse :
J’ordonnerai de l’inscrire sous le nom de... Au fait, quel est le saint que l’on fête aujourd’hui ?
– Saint Gilbert, répondit Mme Mondétour après avoir consulté de l’œil l’almanach accroché à la muraille, près de son bureau...
– Gilbert. Il n’est pas vilain, ce nom-là. Le petit a de la chance14 !
Pour justifier un prénom sans doute ignoré de l’état-civil, Goncourt insiste sur l’originalité des parents Haudancourt :
L’année de son mariage, le sous-lieutenant avait de sa jeune femme une petite fille, à laquelle la mère et le père donnaient un nom de baptême qui ne se porte guère, un nom de pure caresse. Ils l’appelaient Chérie15.
Ce choix original n’est pas sans retentissement sur le caractère et même sur la destinée de l’enfant, à la fois choyée et avide d’amour ; ce prénom qui sert de titre au livre est un véritable programme.
6Quant au nom de famille, il est plus difficile au romancier de le justifier pour son personnage comme dans la vie quand on remarque, par manière de plaisanterie, qu’un nom « prédestiné » convient bien à celui qui le porte. Les romanciers de l’époque naturaliste semblent répugner à cet artifice ; certains, comme Maupassant, déclarent ne mettre aucune intention dans le choix des noms de leur héros, ou, comme Daudet, disent garder les noms des modèles réels16. On peut tout de même tenter un déchifïrage des intentions de l’auteur « onomaturge », en fonction de la doctrine héritée du Cratyle de Platon17, qui autoriserait, dans l’univers romanesque, quelques suppositions interprétatives.
7En ce qui concerne les prénoms, on peut penser d’abord à l’influence de l’Eglise, puisque le concile de Trente avait enjoint « que les enfants reçoivent, au moment du baptême, le nom d’un saint qui leur servira de modèle18 ». La Vie des Saints est présente dans de nombreux foyers, sous diverses formes, que ce soit la Légende dorée, longuement évoquée par Zola dans Le Rêve19, ou d’autres récits édifiants. Aussi la motivation du prénom par l’existence du saint patron est-elle parfois plausible. Mirbeau, qui a reçu une éducation religieuse traditionnelle, ne peut oublier, quand il prénomme son héros Sébastien, que ce saint du IIIème siècle fut martyrisé par des archers qui le transpercèrent de flèches20. N’est-ce pas là la préfiguration du destin de l’enfant, en butte à de nombreuses persécutions qu’il endure sans se révolter ? Au même personnage, il donne un patronyme qui est aussi un prénom : Roch. Ce saint montpelliérain du XIIIème siècle, autre réprouvé, est connu pour sa charité, et pour le chien qui vint providentiellement le secourir et le suivait partout. Les condisciples de Sébastien Roch, qui connaissent ces légendes, ne se privent pas de le railler, lorsqu’ils apprennent son nom, en lui demandant où est son chien ; et effectivement, dès le premier chapitre, M. Roch, le père, qui se promène avec le curé en rêvant à un avenir splendide pour son fils, est suivi par « un petit chien [...] qui, derrière eux, trottinait en boitant et tirait la langue21 », détail qui n’a par ailleurs aucune motivation explicite dans le contexte. Prénom et nom de famille insèrent donc Sébastien dans une tradition religieuse liée à la souffrance.
8La mode de l’époque où est censée se dérouler l’action du roman joue un rôle aussi dans le choix des prénoms22. « Jacques » est un prénom très répandu en France depuis le XVIème siècle et jusqu’à la fin du XIXème siècle. Trois de nos jeunes héros le portent, le personnage de Daudet devant l’assumer sous une forme anglaise à laquelle sa mère tient beaucoup, sorte de déguisement comme la tenue à l’anglaise dans laquelle il se sent si gauche23.
9Dans l’invention du nom de famille, l’étymologie inspire parfois le romancier – travail délicat, car il faut que l’origine soit suffisamment claire pour être perçue, mais pas trop voyante, pour que le nom reste vraisemblable. Jules Verne, dans beaucoup de ses romans, choisit des patronymes assez simples à décoder, même pour un jeune lecteur ; il donne le nom de Briant aux Français présents dans le groupe des naufragés de Deux ans de vacances ; dans Les Cinq Cents Millions de la Bégum, presque tous les personnages portent des noms significatifs pour qui comprend l’allemand. Pour nous limiter aux personnages d’enfants, relevons par exemple le cas du petit Carl Bauer,
Carl était employé dans la houillère pour fermer et ouvrir, au passage des wagonnets de charbon, une de ces portes d’air qui sont indispensables à la ventilation des galeries. [...] La vie de Carl se passait donc presque tout entière à cinq cents mètres au-dessous de la surface terrestre24.
Ce n’est pas un hasard si l’un des plus sympathiques et dévoués des colons de Deux ans de vacances s’appelle « Service ».
10On peut enfin proposer quelques interprétations sur les connotations ou les origines possibles de certains noms. Jacques Vingtras porte un prénom à la mode, comme nous l’avons vu, mais aussi lourd de connotations sociales et révolutionnaires, puisque « Jacques » était sous l’Ancien Régime le prénom symbolique du paysan révolté, Jacques Bonhomme25. Son destin prend forme quand, à Paris, il découvre la pensée révolutionnaire et des lectures où l’on voit « des paysans dont les fourches avaient du sang entre les dents26 ».
11Bien que nous en ayons déjà traité à propos des noms de saints, le nom « Roch » s’impose encore à notre attention. Il évoque la dureté de la pierre, par un calembour facile, presque imposé par la profession de l’ancêtre, tailleur de pierre à Montpellier, ville du saint patron27. Mais l’ironie subtile de Mirbeau se manifeste dans ce choix ; en effet, si le nom peut à la rigueur convenir au père, obstiné et immuable, il ne convient en revanche pas du tout au fils, tendre victime. Le père Roch, obsédé de noblesse et de grandeur aristocratique, serine à son fils la tradition familiale de l’ancêtre martyr, et étale partout « le nom des Roch », jusque dans la décoration du jardin, d’un goût contestable28. L’imposition du nom paternel symbolise les forces écrasantes qui pèsent sur l’enfant et que Mirbeau, toute sa vie, n’a cessé de dénoncer.
12L’héroïne de La Joie de vivre s’appelle, on le sait depuis Le Ventre de Paris, Pauline Quenu. Ce nom, présenté par Zola comme d’origine normande29, s’étale sur l’enseigne de la charcuterie, associé à celui de Gradelle. Encouragés par le long développement de Zola sur la vitrine de la charcuterie, « un monde de bonnes choses, de choses fondantes, de choses grasses30 », oserons-nous lire dans ces deux noms « Quenu-Gradelle » tout un programme : « Gras et Quenelles » ? Il est hasardeux et même dangereux d’avancer des interprétations qui dérivent facilement vers le calembour31. Entre la banalité qui ne ferait pas assez ressortir le personnage, et l’excès d’originalité ou de motivation qui serait une invraisemblance gênante, le choix du romancier s’exerce donc dans des limites déterminées. Dans le cas du personnage d’enfant, on peut remarquer aussi le poids de l’imposition du nom et du prénom qui est, au fond, une des manifestations du pesant héritage évoqué au chapitre précédent.
Un surnom : de l’identification à l’affectivité
13Si l’étiquette officielle d’une personne, dûment enregistrée par l’état-civil, est l’ensemble du prénom et du patronyme, une pratique courante dans la vie et exploitée aussi par les romanciers, consiste à imposer au personnage un surnom, qui sera cette fois motivé, par et pour l’entourage. A la neutralité du nom s’oppose le choix subjectif du surnom, variable au long de l’existence et selon les milieux, porteur d’intentions nombreuses.
14Quand il s’agit de personnages enfantins, il est fréquent de dériver un diminutif hypocoristique de leur prénom, en y adjoignant un suffixe ou en le déformant, comme pour Albert Besnard, que sa tante appelle « Bébert32 » et, bien sûr, pour « petit Bob », qui explique gravement :
Moi, c’est Bob, c’est-à-dire, c’est Robert que j’m’appelle, mais on dit Bob, c’est comme pour Fred ; c’est pas Fred, c’est Frédéric33.
Le diminutif est d’usage dans ce livre où l’enfant est choyé par les adultes. Il est presque absent de L’Enfant, puisque l’on sait que Madame Vingtras considère comme superflues toutes les marques de tendresse. Jacques n’est nommé de cette façon affectueuse que de la part de la belle et troublante cousine Polonie, qui à plusieurs reprises l’appelle « Jacquinou34 ».
15Au diminutif affectif adressé à l’enfant jeune, il faut opposer le sobriquet, dénomination qui s’appuie moins sur le nom que sur une particularité physique ou sociale. De tels sobriquets sont en usage au collège, à l’usine. Les collégiens du récit d’André Laurie ont baptisé « Criquet » le petit-fils d’un marchand ambulant, enfant qui cire les chaussures au collège. Celui-ci montre des dispositions intellectuelles extraordinaires et dépasse vite dans le domaine intellectuel ceux dont il « décrottait » les chaussures. Du coup, sa valeur nouvelle lui donne le droit de se réapproprier son patronyme :
Vous ferez bien de ne plus l’appeler Criquet, même entre vous [dit aux collégiens leur maître, M. Pellerin], Son nom est Jean Monnerol35.
La promotion intellectuelle et sociale du personnage lui donne accès à la dignité d’un véritable nom. L’emploi du sobriquet dans les romans est une façon de mettre en évidence la cruauté du milieu scolaire, et la dureté des enfants entre eux. Il en est de même à l’usine, comme on le voit dans Jack.
Comme il faut qu’à l’atelier chacun ait un nom de guerre, on l’a surnommé « l’Aztec », à cause de sa maigreur, et le joli blondin d’autrefois est en train de mériter ce surnom, de devenir l’enfant des fabriques36.
On voit ici un rapport établi par l’auteur entre le surnom et le personnage, le sobriquet semblant modifier l’être même qu’il désigne. Plus loin dans le même roman, Jack, devenu adulte, a encore un sobriquet dans l’usine parisienne où il travaille ; mais celui-ci est teinté de respect, on a surnommé le héros l’Aristo, tant il fait penser au prince Rodolphe déguisé en ouvrier dans Les Mystères de Paris37. Le surnom, outre son aspect pittoresque ou humoristique, a donc une fonction importante par rapport au personnage ; il explicite le regard que les autres portent sur lui, il suggère la nature de ses relations avec son milieu, il peut même influencer son évolution.
2.Autres désignations de l’enfant
16Nom, prénom et éventuellement surnom ne peuvent suffire à désigner un personnage occupant une place importante dans l’intrigue romanesque. Il faut éviter les répétitions lassantes, être suffisamment clair cependant pour assurer l’anaphore, au sens grammatical du terme. L’écrivain est donc amené à utiliser, en alternance avec les noms « rigides », des termes plus variés et de natures diverses. Ces désignations dites « contingentes38 », sont souvent porteuses de riches connotations, surtout dans le domaine de l’enfance39.
Un champ lexical étendu et varié
17Si le mot « enfant » est naturellement l’un des plus employés, nous avons signalé, dans l’introduction, son caractère très vague. C’est peut-être à cause de cette imprécision que les écrivains, faisant parler soit un narrateur soit l’un des personnages du récit, éprouvent le besoin de recourir à de nombreux synonymes ; en voici certains, dans l’ordre alphabétique :
– Avorton. « Par mépris, homme petit et mal fait », dit Littré. Zola, dans la Joie de vivre, désigne ainsi la petite Tourmal, qui
toute jeune, cinq ans au plus, était complètement en loques, la figure noire, les cheveux embroussaillés. [...] Louise s’était mise à rire, tellement cet avorton de cinq ans, déjà canaille comme père et mère, lui semblait drôle40.
L’emploi de ce mot insiste surtout sur la petitesse de l’enfant qui ressemble pourtant déjà à un adulte en réduction.
– Bambin et bambine. « Se disent familièrement pour enfant », selon Boissière. Littré en signale des emplois chez Voltaire et Rousseau. Le mot est rare dans notre corpus, employé une seule fois par Zola41, au masculin42. Goncourt l’utilise au féminin pour désigner les petites amies de Chérie, neuf ans, désignées quelques lignes plus haut comme « des miniatures de femmes43 ».
– Bébé. « Gros enfant, en anglais baby. Pop. », dit le dictionnaire de Boissière en 1862. Il est étonnant de constater que ce mot, aujourd’hui d’usage si banal, n’a, à l’époque que nous étudions, que peu d’emplois et n’est pas d’un niveau de langue recherché. Sous son orthographe anglaise, il est plus soutenu. Goncourt l’emploie à propos de Chérie :
Du bébé, du joli être grassouillet et rondelet, tout à l’heure enfoui dans l’envolement empesé d’une mousseline blanche au gros chou de soie bleue, commence à se dégager [...] la petite fillette de sept ans44.
Ce mot est aussi très utilisé pour désigner des enfants plus grands, mais un peu puérils. La statistique du vocabulaire de Zola nous permet de comprendre la tonalité particulière de ce mot : 51 occurrences dans les Rougon-Macquart, dont une dans La Joie de vivre et 29 dans... Nana ! C’est que, dans ce roman, le mot, dans la bouche de Nana, désigne non seulement son enfant, Louiset, mais surtout, avec une intention un peu perverse, le jeune Georges Hugon, son admirateur âgé de dix-sept ans.
– Galopin. « Gamin, enfant mal élevé qui court dans les rues », selon Boissière qui classe aussi ce mot comme « populaire ». Le mot est ancien, attesté depuis le XVIIème siècle, mais toujours en un sens méprisant. Il est utilisé 85 fois dans Les Rougon-Macquart dont douze fois dans la Joie de vivre, onze fois dans Germinal, mais jamais dans Une page d’amour. Dans La Joie de vivre ce mot désigne tout particulièrement le fils Cuche, « un galopin efflanqué, maigre, de vices précoces45 ».
– Gamin. Ce mot et ses dérivés « gamine », « gaminerie », et même le verbe « gaminer », connaît une grande fortune au long du XIXème siècle, et le « gamin de Paris » est élevé à la hauteur d’un mythe, bien avant Victor Hugo et les célèbres pages des Misérables46. Le mot entraîne un riche cortège de connotations ; son histoire a été étudiée en particulier par Roger Bellet47 qui en a montré le sens politique, entre les journées insurrectionnelles des années 1830 et les drames de la Commune de Paris en 1871. A l’époque, postérieure, que nous étudions, « gamin » est devenu presque synonyme de « bambin », comme le note le Grand Larousse Universel du XIXeme siècle. Le mot est le plus souvent pris en bonne part. Ce type très positif et sympathique continue à être évoqué par de nombreux romanciers pendant toute la fin du siècle. Louis Boussenard écrit en 1880 Le Tour du monde d’un gamin de Paris, livre qui rencontra un immense et durable succès, et dont le protagoniste, Friquet, se tire d’affaire dans les situations les plus difficiles grâce à son imagination et sa débrouillardise.
18Un usage plus curieux et cependant fréquent de ce mot « gamin » est son emploi au masculin pour désigner une petite fille. Nous le trouvons à propos de certaines héroïnes de Gyp, adolescentes délurées comme Antoinette de Chambrun dans Petit Bleu48. Hector Malot l’emploie pour désigner un personnage mystérieux, entrevu au début de son roman Mondaine, et qui se révélera assez vite être une jeune fille déguisée49. Bien entendu, le substantif féminin « gamine » existe aussi, et est d’usage courant, figurant par exemple 19 fois dans La Joie de vivre50. Il est souvent employé à propos de Pauline, personnage positif, et sert à rappeler l’esprit d’enfance et le naturel conservés par l’héroïne malgré les souffrances qu’elle subit. Ainsi, à la fin du chapitre II, lorsque Lazare revient à la maison et trouve Pauline transformée en une « grande jeune fille », les paroles et les baisers de l’adolescente sont expliqués par « son ancienne impétuosité de gamine51 ». C’est cette idée d’enfance attardée que l’on trouve fréquemment aussi dans l’usage du mot « gamineries ».
– Gosse. Ce mot familier, si courant aujourd’hui, est extrêmement rare à l’époque qui nous intéresse. Zola, dont le vocabulaire est si riche en termes familiers, ne l’utilise que six fois52. Le choix fait par William Busnach d’intituler Le Petit Gosse son roman de 1889 est donc original53. Le personnage du « gosse » y est présenté comme honnête et sympathique, et « gosse » s’oppose à « garnement », par exemple au chapitre VI :
Est-ce que mille garnements de son âge ne grouillaient pas dans les rues du matin au soir, sans que personne s’occupât d’eux, sauf les cochers qui leur lançaient parfois un coup de fouet dans les jambes en criant : « Gare-toi donc, méchant propre à rien ! »
– Marmaille, marmot, mioche, môme, morveux, moutard. De nombreux termes argotiques ou familiers, d’un usage assez courant, se rangent derrière l’initiale M. Le singulier collectif « marmaille » apparaît vingt fois sous la plume de Zola, dont cinq fois dans La Joie de vivre ; ces occurrences désignent les enfants du village de Bonneville, objets des charités de Pauline. Avec son suffixe péjoratif, ce mot indique un nombre important mais indéterminé d’enfants, non individualisés. Les autres termes sont également péjoratifs ; mettons à part toutefois le terme de « moutard », qui peut avoir une valeur hypocoristique. On le trouve deux fois, à quelques lignes d’intervalle, dans la même page du Petit Bob, de Gyp, avec des valeurs presque opposées : « Sale moutard, va ! » et, adressé au même personnage, « Bravo, l’moutard ! Il est gentil tout plein !54 ».
Comparaisons animales et végétales
19Les romanciers présentent fréquemment leurs personnages en jouant de la métaphore, c’est à dire en insistant sur des analogies qui permettent d’enrichir la vision proposée au lecteur55. Le comparant est souvent un animal. A la lecture des romans, nous voyons se dessiner, à propos des personnages enfants, tout un bestiaire, illustrant l’idée, avancée par nombre d’écrivains à l’époque, que l’enfant est un être tout instinctif56. Animal domestique ou exotique, le comparant doit être suffisamment familier au lecteur pour que les caractères physiques ou moraux que l’on veut suggérer soient facilement perçus. Si l’association est trop utilisée, on tombe dans le cliché. Si elle est trop rare, on risque l’obscurité. Entre ces deux écueils, on voit se dégager un certain nombre de références privilégiées qui caractérisent, soit l’apparence physique, soit le comportement de l’enfant.
20Les métaphores ou comparaisons évoquant l’aspect physique sont assez rares ; leur emploi relève facilement d’une exagération caricaturale. On les trouve à propos de personnages qu’on cherche à dévaloriser. Les « petits pays chauds », dans Jack, enfants étrangers confiés à l’institution Moronval, sont traités par le directeur de « tas de macaques » et le narrateur lui-même, pour montrer l’effarement de Jack à son entrée en pension, utilise cette comparaison : « Il avait l’air d’un élégant petit Parisien égaré dans la grande cage des singes au Jardin des plantes ». Le même animal sert plus particulièrement à évoquer le petit noir Mâdou-Ghézo, « ce macaque ». Le ton du narrateur est plus mesuré quand, après la mort de Mâdou, il évoque la petite victime avec « cette petite figure de singe, apitoyante et sympathique57 ». Les adjectifs apposés corrigent quelque peu la brutalité du rapprochement.
21L’ironie est dirigée par le narrateur contre lui-même dans L’Enfant, œuvre dans laquelle le bestiaire est particulièrement riche58. En l’espace de quelques pages, par exemple, au chapitre XVIII, il se compare à « un canard dont le derrière pousse », à un « chien », dont il porte le collier, à un « caméléon », à Munito, célèbre chien savant, à un « insecte estropié59 ». Cette accumulation procède bien sûr d’une volonté d’amuser par la fantaisie, mais aussi de distancer par l’humour le caractère pénible de la situation de Jacques. La métaphore animale marque parfois une certaine sympathie dans l’évocation d’une silhouette enfantine. La petite Lazare est fatiguée et dépérit :
Elle ouvrait à peine les dents sur le pain, si bien que le gros Goblot lui disait en riant qu’elle avait l’air d’une aumaille qui regarde passer une charrette de fagots : en vérité elle ne profitait pas du tout la petite sauterelle60 !
La « sauterelle » indique ici la maigreur, le ton n’est pas dépréciatif mais plutôt apitoyé, comme le confirme le contexte.
22Beaucoup plus fréquemment qu’une caractérisation physique, la métaphore animale sert à exprimer un trait de comportement ou une situation particulière. Les oiseaux ont dans nombre d’œuvres une place de choix, soit que, comme dans Chérie, ils indiquent la petitesse et la fragilité61, soit que leur nombre évoque l’idée d’un groupe d’enfants :
C’était plaisir de voir Jenkins, Iverson, Dole et Costar grouiller comme une nichée de poussins à travers les flaques d’eau,
écrit Jules Verne dans Deux ans de vacances62. Plus symboliquement, l’oiseau représente l’enfermement ou la liberté. Dans Jack les pensionnaires de chez Moronval sont des « oiseaux en cage ». Mâdou, au Jardin d’acclimatation, s’identifie aux animaux exotiques qu’il voit exposés : « Les oiseaux enfermés l’apitoyaient surtout63 ». Les oiseaux libres sont l’alouette, comme dans La Petite Lazare64, ou l’hirondelle, comme dans la comparaison filée de Pierre Loti :
J’étais en ce temps-là un peu comme serait une hirondelle, née d’hier, très haut à l’angle d’un toit, qui commencerait à ouvrir de temps à autre au bord du nid son petit œil d’oiseau et s’imaginerait, de là, en regardant simplement une cour ou une rue, voir les profondeurs du monde et de l’espace – les grandes étendues de l’air que plus tard il lui faudra parcourir65.
Cette comparaison est particulièrement riche, puisqu’elle représente, non seulement la petitesse de l’enfant et ses craintes devant la vie, mais aussi une ouverture vers l’exploration du monde, liée à la naissance de la vocation maritime chez le narrateur.
23Certains comportements agressifs ou sournois sont indiqués au moyen d’animaux à mauvaise réputation, en particulier les serpents. Zola emploie cette image traditionnelle à propos de Jeanlin66 dans Germinal, de la petite Tourmal dans La Joie de vivre, « qui se redressait comme une jeune couleuvre dont on a écrasé la queue67 ». Voilà une métaphore qui devient cliché, et dont Mirbeau souligne la facilité dans le langage d’un père Jésuite :
Le Père Dumont disait [de Sébastien] avec un luxe de métaphores hardies : « C’est un petit serpent que nous réchauffons dans notre sein. Il n’est encore que couleuvre, mais attendons... »68
24Une ambiguïté se décèle dans l’emploi, fréquent, de la comparaison du personnage d’enfant avec le chien. Ainsi, dans Sébastien Roch, le chien représente le destin du jeune héros. On a vu plus haut que cette analogie était suggérée par le patronyme « Roch » ; le motif de la chasse, occupation aristocratique, mais surtout figuration de la violence, tient une place très importante dans ce roman69. Le chien y est un prédateur, ainsi les élèves déchaînés contre Sébastien forment « l’aboyante meute des méchants », et dans un rêve fait bien après le renvoi du collège, mais où subsistent les terreurs de l’enfance, Sébastien voit « des chiens féroces [qui] poursuivent de petits paysans ». Mais le chien est également une victime, comme on le voit dans ce passage qui rapporte les pensées de Sébastien :
Cela se reconnaissait donc que son père était quincaillier ? Il gardait sur lui la visible empreinte de cet état condamné ? Il était plus repoussant qu’un chien, dont la peau est rongée par le mal rouge70 ?
25Enfin, le nom d’animal appliqué à l’enfant peut avoir une connotation tendre et affective, indépendamment de l’image positive ou négative de l’animal. On le constate en remarquant dans les œuvres de cette époque l’importante fréquence comme appellatif du terme « crapaud » (selon Littré, « terme d’injure qui n’implique pas la laideur ») souvent employé dans Petit Bob : « – Pourquoi mon oncle a dit : “Satané crapaud ?” dis, grand-père, où il est, le crapaud71 ? » Dans Sous la hache, d’Elémir Bourges, le mot s’applique à un nouveau-né qui n’a vécu que quelques minutes : l’expression « Le crapaud est mort72 » exprime ici une réelle tendresse. Toute une arche de Noé passe donc sous les yeux des lecteurs de ces romans, avec quelques animaux privilégiés, sans éviter les clichés, mais aussi parfois avec une véritable force expressive.
26Les métaphores empruntées au domaine végétal sont beaucoup plus rares. Elles servent moins à définir le personnage qu’à exprimer la croissance ou l’étiolement. Sébastien Roch, qui a passé à la campagne les onze premières années de sa vie, participe de la nature :
Il avait la viridité fringante, la grâce élastique, des jeunes arbustes qui ont poussé, pleins de sève, dans les terres fertiles ; il avait aussi la candeur introublée de leur végétale vie73.
Les verbes « pousser », « croître », fréquents dans les romans de l’enfance, ne font presque plus image, sauf lorsqu’une expression marque particulièrement l’analogie :
Le printemps fut charmant. Les feuilles reverdirent aux arbres de la cour, et les fonds du parc se parèrent de couleurs tendres. Sébastien eut, lui aussi, des tressaillements de sève montante, dans son être un afflux de force et de courage, et comme une efflorescence de toutes ses74
facultés agissantes et pensantes .
Inversement, l’image de la plante qui dépérit, pour exprimer les tristesses ou les souffrances enfantines, se trouve chez beaucoup d’auteurs. Goncourt, faisant le portrait de Chérie, toute jeune orpheline, décrit « sa petite bouche entr’ouverte dans l’inflexion tombante et mollement fripée d’une fleur qui a reçu un coup de froid75. » La fragilité de l’enfant est ainsi particulièrement bien rendue. On trouvait la même idée dans Jack, à propos du personnage du petit Africain déraciné (ce mot est devenu un cliché). Mourant de froid et de faim, l’enfant est isolé dans une sorte de serre :
Des lianes fanées, de gros paquets de racines mortes complétaient cet aspect désolé ; et, dans la cheminée, comme si quelque petite plante des tropiques sensible au froid et fragile se fût abritée là, le feu flambait76.
Le sort de Mâdou est donc assimilé d’une façon métaphorique et insistante à celui des plantes mal acclimatées. Loti, dans Le Roman d’un enfant, utilise de façon récurrente l’image de la plante en serre. Il s’agit pour lui de montrer sa situation d’enfant surprotégé :
Seul enfant au milieu d’eux tous, je poussais comme un petit arbuste trop soigné en serre, trop garanti, trop ignorant des halliers et des77 ronces .
Toutes ces comparaisons sont donc en relation avec l’existence enfantine, en pleine transformation, soumise, comme celle des plantes, aux caprices du temps et des hommes. Mais chez Zola, la métaphore végétale peut s’élever au rang d’une image mythique. A propos de Pauline, dans La Joie de vivre, Zola emploie souvent l’image du bouquet pour suggérer sa fraîcheur et son78 naturel . Pour cette force de la nature qu’est la jeune fille, les images végétales serviront aussi à décrire avec des mots suggestifs et poétiques les transformations de la puberté, comme nous le verrons plus loin. Henri Mitterand voit dans ces emplois une anticipation « sur l’invasion de la “Belle Epoque” par la rhétorique florale », avec l’image de la femme-fleur79.
27Métaphores et comparaisons sont donc plus que de simples désignations. Elles contribuent, certes, à enrichir l’« étiquette » du personnage, à éviter de reprendre toujours les mêmes dénominations. Mais elles apportent beaucoup plus. Avec le choix de ces images, et d’une façon concise, le héros s’individualise, s’enrichit de significations multiples.
28L’idée traditionnelle que nommer, c’est appeler à l’existence, se trouve confirmée dans le cas du personnage de roman. L’enfant, personnalité encore latente, est particulièrement concerné par cette sorte de baptême. Il trouve, dans l’imposition d’un nom, d’une « étiquette », un semblant de réalité sociale et familiale, et aussi l’ébauche d’un caractère et d’un destin. Alain Robbe-Grillet ironisait, dans le passage que nous avons cité80, sur l’obligation que le personnage ait un nom ; effectivement, le « nouveau roman » en fera souvent l’économie, désignant le personnage par une simple initiale ou par un jeu de pronoms. La question de la désignation permet d’opposer deux conceptions tout à fait différentes du personnage de roman.
Notes de bas de page
1 L’étude majeure en ce domaine est la thèse d’Yves Baudelle, Sémantique de l’onomastique romanesque, Université Paris III, 1989. Le présent chapitre lui doit beaucoup.
2 Philippe Hamon, « Pour un statut sémiologique du personnage », art. cité, p. 142.
3 Jack, respectivement p. 6, 318, 319, 337.
4 Jack, p. 452.
5 Sans famille, XXXIII, p. 485.
6 Ibid., p. 557.
7 Deux ans de vacances, p. 44.
8 Ibid., p. 34, 265 par exemple.
9 Tresse et Stock, 1884, p. 55.
10 Normalement, sont pourvus d’un nom et/ou d’un prénom ceux des personnages qui doivent jouer un rôle plus ou moins important dans le déroulement du récit, les simples figurants restant anonymes. Mais ce n’est pas toujours le cas. Ainsi Mirbeau, racontant dans Sébastien Roch la retraite de première communion, parle des enfants saisis de délire mystique, et conclut ce long paragraphe par « Joseph Le Guadec mourut d’une méningite » (p. 835). Or cet enfant, au nom de connotation typiquement bretonne, n’a jamais été nommé auparavant et ne le sera plus par la suite. Il s’agit là de la recherche d’un « effet de réel » qui, par le nom, donne authenticité au fait rapporté.
11 RM, II, p. 471. La marraine est Madame Lorilleux, comme on le voit quelques lignes plus haut. On sait à quelle notoriété ce prénom, sous sa forme diminutive, est promis dans la suite des Rougon-Macquart. La même motivation se trouve dans L ’Œuvre, RM, IV, p. 153.
12 Besnard et Desplanques, Un prénom pour toujours, Balland 1986, Le Livre de poche, 1988, p. 23.
13 De même Pauline, marraine de l’enfant de Lazare qu’elle a ramené à la vie à la fin de La Joie de vivre, lui transmet son prénom sous la forme « Paul », (XI, p. 1107).
14 William Busnach, Le Petit Gosse, chapitre I.
15 Chérie, II, p. 26.
16 « C’est parfois une de mes faiblesses de garder leurs noms à mes modèles, de m’imaginer que le nom transformé ôte de leur intégrité à des créations qui sont presque toujours des réminiscences de la vie, des fantômes fatigants, hantants, et seulement apaisés lorsque je les fixe dans mon œuvre, aussi ressemblants que possible. » (Daudet, Histoire de mes livres, Jack, p. 472).
17 Voir Gérard Genette, Mimologiques, Seuil, 1976, p. 22.
18 Selon Besnard et Desplanques, op. cit. p. 22.
19 Voir Le Rêve, chapitre II, RM IV, p. 830-831.
20 Ce sujet a été traité aussi par de nombreux peintres et musiciens de la fin du siècle.
21 Sébastien Roch, I, 2, p. 737, et I, 1, p. 681.
22 Voir les listes de fréquence établies par Jacques Dupâquier dans Le Temps des Jules, Les prénoms en France au XIXème siècle, Christian, 1987.
23 Voir Jack, I, p. 3-4.
24 Jules Verne, Les Cinq Cents Millions de la Bégum, Hetzel, 1879, chap. VI, Le Livre de poche, p. 80. « Bauer », nom répandu en Allemagne, signifie « paysan », mais a aussi le sens de « cage ».
25 D’où le substantif de « jacqueries » (Albert Dauzat, Dictionnaire étymologique).
26 Chap. XXIII, p. 362.
27 Sébastien Roch, p. 690.
28 Ibid., p. 684, 696, 711-712 et passim.
29 Le Ventre de Paris, RM I, p. 639.
30 Ibid., p. 636.
31 Rémi, le héros de Sans famille, porte-t-il ce prénom formé de deux notes de musique parce qu’il est présenté comme un bon musicien ? Etc.
32 André Laurie, Mémoires d’un collégien, Hetzel, 1882, p. 92. Le père d’Albert l’appelle « fillot ».
33 Petit Bob, p. 32.
34 L’Enfant, p. 155.
35 André Laurie, Mémoires... p. 235.
36 Jack, II, 2, p. 206. Ce surnom était populaire pour désigner un personnage chétif, « à la suite de l’exhibition à Paris en 1855 de deux prétendus Aztèques, donnés comme les échantillons survivants d’une population mexicaine disparue » (note de R. Ripoll, p. 1202. Voir aussi p. 288). L’un des personnages de La Guerre des boutons de Louis Pergaud (1912) est aussi surnommé l’Aztec.
37 Jack, p. 371 et 382.
38 Francis Corblin, « Les désignateurs dans les romans », Poétique, n° 54, 1983, p. 199.
39 Nous avons utilisé le Dictionnaire analogique de la langue française de P. Boissière, Larousse (1862), le Dictionnaire de Littré, le CD-ROM de l’INALF/CNRS, et Etienne Brunet, Le Vocabulaire de Zola, Slatkine-Champion, 1985, 3 volumes.
40 La Joie de vivre, p. 900-901. Ce mot n’est pas spécifiquement réservé à un enfant, puisque dans Pot-Bouille, Trublot désigne ainsi Théophile Vabre, « cet avorton aux cheveux jaunes [...], ce petit vieux de vingt-huit ans. » (RM III, p. 48).
41 Dans L’Assommoir, RM II, p. 423, à propos d’un personnage figurant.
42 Dans A rebours, de Huysmans, lorsque Des Esseintes rencontre dans la rue un « galopin » de seize ans, Auguste, et l’emmène dans une maison close, la patronne le traite de « bambin » pour souligner sa précocité (VI, p. 119). Le mot de « gamin » est employé à son sujet dans la même page.
43 Chérie, p. 2.
44 Chérie, XIII, p. 61.
45 La Joie de vivre, p. 898 et, au pluriel, pour désigner l’ensemble des enfants du catéchisme vus par le curé, p. 991.
46 « Le gamin aurait sa place dans les classifications de l’Inde », Les Misérables (1862), Troisième Partie, Livre Premier, Chapitres VII à XII. Le nom « Gavroche » est devenu par antonomase un nom commun, que l’on rencontre par exemple dans Le Petit Gosse de Busnach.
47 Jules Vallès journaliste, ANRTL, 1976, p. 549-551.
48 Petit Bleu, p. 34. La même jeune fille est aussi désignée par « gavroche » (p. 42) et « voyou » (p. 43).
49 Hector Malot, Mondaine : « C’était vraiment un joli gamin avec sa carnation claire, ses longs yeux bleus aux cils dorés, et ses cheveux blonds coupés courts, frisés comme la perruque d’un bébé. » (I, 4). Dans une lecture rétrospective, les indices de féminité concernant ce « gamin » apparaissent nombreux.
50 Mais quatre fois seulement dans Une page d’amour, où la petite héroïne est si peu gaie et spontanée.
51 La Joie de vivre, p. 861.
52 Cinq fois dans l’Assommoir, une fois dans Germinal.
53 Le roman de Pierre Decourcelle, Les Deux Gosses, remportera en 1896 un important et durable succès.
54 Petit Bob, p. 170. Le mot « moutard » ne se trouve jamais chez Zola.
55 Nous traiterons ici à la fois des métaphores et des comparaisons, nous intéressant plus au choix du comparant qu’à la façon dont est formulée la relation.
56 Paul Bourget, dans Le Disciple, parle à propos du jeune Lucien de Jussat de « cet instinct animal et sûr des enfants » (Plon, éd. s.d., p. 143).
57 Jack, respectivement p. 24, 34, 104, 107.
58 Voir l’étude fondamentale sur ce point : Hélène Giaufret-Colombani, Rhétorique de Jules Vallès. Genève, Slatkine, 1984.
59 L’Enfant, respectivement p. 295, 296, 301, 305.
60 « Aumaille » est un singulier collectif qui désigne les bêtes à cornes (Littré). Marie-Robert Halt, La Petite Lazare, Marpon-Flammarion, 1884, chap. XV.
61 Voir Chérie, p. 39, 133.
62 Deux ans de vacances, p. 155.
63 Jack, p. 85 et 89.
64 La Petite Lazare, chap. II.
65 Le Roman d’un enfant, chap. I, p. 44. On trouve aussi, dans la même œuvre, l’« oiseau en cage » (XXIII, p. 111), le « moineau prisonnier » (XXVIII, p. 120).
66 « avec sa souplesse de serpent », Germinal, RM III, p. 1368. Ce personnage, un des rares enfants vraiment pervers de notre corpus, est caractérisé par un abondant bestiaire : « insecte, canard, crapaud, singe, fouine, chat sauvage, bête de proie » (p. 1299, 1362, 1367, 1491, 1551). Voir l’article de Philippe Bonnefis, « Le bestiaire d’Emile Zola » dans Europe, numéro spécial Zola, avril-mai 1968, p. 97-106.
67 La Joie de vivre, p. 1008. Dans la même page, Lazare Chanteau se fâche contre les charités de Pauline, « il criait qu’il serait sage d’écraser à coups de talon ce nid d’insectes nuisibles, au lieu de l’aider à grandir. » Madame Chanteau a, quant à elle, comparé les enfants à de la « vermine » (p. 901).
68 Sébastien Roch, p. 938.
69 Voir Pierre-Jean Dufief, « Le monde animal dans l’œuvre de Mirbeau », Octave Mirbeau, Colloque d’Angers, dir. par Pierre Michel, PU d’Angers, 1992, p. 289.
70 Sébastien Roch, respectivement p. 758, 1000, 752.
71 Petit Bob, p. 23.
72 Elémir Bourges, Sous la hache, Giraud, 1885, p. 112.
73 Sébastien Roch, I, 1, P. 682.
74 Ibid., p. 829. C’est nous qui soulignons.
75 Chérie, V, p. 35.
76 Jack, I, 6, p. 105.
77 Le Roman d’un enfant, VII, p. 63. Le motif réapparaît p. 93, 128, 252, entre autres.
78 La Joie de vivre, p. 824, 825 (camélia), 857. Cette image avait déjà été utilisée à propos d’Albine dans La Faute de l Abbé Mouret, en 1875 (RM I, p. 1254).
79 « Naturalisme et Modem-Style », L’Illusion réaliste, PUF, « Ecriture », 1994, p. 119-136. Henri Mitterand traite de La Faute de l’Abbé Mouret, mais son analyse s’applique parfaitement aussi à La Joie de vivre.
80 Voir ci-dessus, p. 17.
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