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Introduction

p. 7-15


Texte intégral

« Il n’y a rien qui d’un seul bloc dans ce monde, tout y est mosaïque1 », écrit Balzac, pour justifier la façon dont les personnages de ses romans sont perdus de vue, ou réapparaissent, de façon fugitive parfois, et sans respect de la chronologie. Cette métaphore de la mosaïque, pour présenter le personnage de roman comme la juxtaposition de nombreux éléments distincts, est tout à fait intéressante. En effet la critique moderne met l’accent sur le caractère concerté et construit de la constitution du per-sonnage, résultat d’un certain nombre de choix de la part du romancier ; il importe de mettre en lumière ces choix, opérés parmi un grand nombre de possibles. Une telle étude prend encore plus d’intérêt si elle s’insère dans une diachronie. On pourrait en effet envisager de constituer une histoire de la construction du personnage romanesque. Françoise Van Rossum-Guyon rappelle à juste titre :

Pour savoir si un procédé est perceptible ou non, il ne faut jamais perdre de vue la perspective historique. Ce qui était nouveau pour un contemporain de Balzac nous apparaît aujourd’hui comme tout à fait traditionnel et bien souvent n’est même pas perçu comme procédé2.

1Un champ d’étude passionnant s’ouvre ainsi à la recherche. Mais il est si vaste qu’on ne pourra construire cette histoire qu’à travers une pluralité d’études synchroniques qui contribueront à la fonder avec précision. L’étude d’un personnage particulier, l’enfant (et l’adolescent), sur une période délimitée, les quinze années de 1876 à 18903 peut faire avancer la réflexion sur la problématique du personnage romanesque en général.

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2Les événements de 1870 et 1871 ont constitué pour la société française un violent traumatisme. La littérature des deux décennies qui ont suivi la guerre atteste la terrible humiliation du peuple français vaincu. La Commune de Paris fut aussi un grave ferment de division entre les Français, créant des haines et des rancunes tenaces dont les écrits gardent la trace, bien des années après 1871. Il fallait, après cette crise violente, remettre sur pied un ordre politique et social nouveau, doter la société de structures et de points de repère stables.

3L’époque est en crise, non seulement pour des raisons politiques et historiques, mais aussi en ce qui concerne le mouvement des idées. Un profond pessimisme se fait jour, et l’on voit vers 1880 apparaître l’expression « fin de siècle », parfois écrite avec des traits d’union, « fin-de-siècle », et passée sans traduction dans la plupart des pays d’Europe4. Dès 1881, Paul Bourget analyse cet état d’esprit :

Une nausée universelle devant les insuffisances de ce monde soulève le cœur des Slaves, des Germains et des Latins. [...] La rage meurtrière des conspirateurs de Saint-Pétersbourg, les livres de Schopenhauer, les furieux incendies de la Commune et la misanthropie acharnée des romanciers naturalistes – je choisis avec intention les exemples les plus disparates – ne révèlent-ils pas un même esprit de négation de la vie qui, chaque jour, obscurcit davantage la civilisation occidentale5 ?

4Cette société en proie au doute fit confiance à quelques hommes forts, tel Jules Ferry. Plusieurs fois ministre de l’instruction publique, Président du Conseil de février 1883 à mars 1885, celui-ci domine la vie publique au cours de cette période, par une politique coloniale parfois contestée, mais surtout avec les lois sur l’organisation de l’enseignement. Certes, la France avait commencé depuis longtemps à mettre en œuvre une scolarisation généralisée6. Mais les décisions les plus marquantes sont les deux lois de Jules Ferry, sur la gratuité de l’enseignement primaire, le 16 juin 1881, puis sur le caractère obligatoire et laïque de celui-ci, le 29 mars 18827. L’enfant se trouve donc placé au centre d’un grand débat national sur la question scolaire, sur la laïcité, la morale8.

5Les conséquences de cette expansion de l’instruction sont considérables. Le nombre des lecteurs potentiels augmente de façon spectaculaire, avec une alphabétisation généralisée qui atteint 95 % à la fin du siècle9. Le réseau de distribution du livre couvre tout le pays, tant pour la vente que pour le prêt : un grand nombre de cabinets de lecture et bibliothèques publiques mettent le livre à la portée de tous. Le poids très important de la presse à cette époque est bien connu aussi ; la littérature passe souvent par ces médiateurs que sont le journal ou la revue. Tout quotidien s’assure la fidélité de ses lecteurs par la publication d’un roman à rebondissements multiples en « rez-de-chaussée ». Le roman-feuilleton a connu à la fin du siècle une vogue considérable ; malgré une certaine réticence de Zola pour ce découpage des romans, l’auteur des Rougon-Macquart publia toutes ses œuvres d’abord en feuilleton, et la plupart de ses contemporains firent de même. Sans doute grâce à ce public nouveau, par un effet de mode aussi, le genre romanesque connaît, en ces années, une extraordinaire expansion. Le dépouillement opéré par René-Pierre Colin à partir du Catalogue général de la librairie de Lorenz donne une moyenne de 514 titres par an pour la période 1876-1885, contre 218 titres par an en moyenne dans les trente années précédentes, et 653 titres par an pour 1886- 1890. En revanche, un déclin s’amorce à partir de 189010. Les quinze années qui nous intéressent ont donc vu la publication d’environ 8400 romans nouveaux ! Cela constituait forcément un fatras où le meilleur côtoyait le pire. De telles données permettent de comprendre certaines erreurs de jugement ou aberrations qui nous étonnent aujourd’hui11. Il faut noter l’extraordinaire prolixité de certains écrivains, qui publient plusieurs volumes par an, chez des éditeurs différents parfois12. Les tirages de certains de ces romans sont impressionnants. La littérature d’enfance et de jeunesse connaît également à cette époque un immense développement, en particulier sous l’impulsion d’Hetzel, éditeur dynamique et perspicace.

6La génération des écrivains nés dans les années 1850-1860 prend ses distances par rapport aux maîtres qu’étaient Flaubert et Zola, comme le montre par exemple le Manifeste des cinq publié dans Le Figaro contre La Terre13. Si le naturalisme exerce encore une forte influence, il est de plus en plus contesté à la fin des années 1880. Ainsi, Pierre Loti, dans son Discours de réception à l’Académie française, se livre à une violente condamnation des naturalistes :

N’ayant jamais regardé que cette flaque de boue, qui est très spéciale et très restreinte, ils généralisent sans mesure les observations qu’ils y ont faites, – et alors ils se trompent outrageusement. Ces gens du monde qu’ils essaient de peindre, ou bien ces paysans, ces laboureurs, pareils tous à des gens que l’on prendrait dans des bals de Belleville, sont faux14.

Le naturalisme constitue donc une étape très importante du roman français, mais, même en son temps, il n’exerce qu’une influence limitée sur le roman. Il y a, dans les années que nous étudions, deux courants parallèles. Cette opposition de deux « écoles » était perçue par les contemporains, comme le montre par exemple ce commentaire d’un livre de Ludovic Halévy par un hebdomadaire assez léger, La Vie parisienne :

Pas de héros vivant, pas de femme passionnée, des anges terrestres ; mais on est charmé de penser qu’ils pourraient exister. Et voilà pourquoi un livre parfaitement honnête a autant de succès que s’il ne l’était pas du tout. L’école de la littérature pimentée va faire refleurir l’école de Berquin. Va pour Berquin15.

On trouve une littérature, très appréciée des lecteurs et des lectrices, que Goncourt qualifie avec drôlerie de littérature « ohnête16 », par allusion à Georges Ohnet, mais aussi à tous ses épigones, aux tirages impressionnants. Dans cette lignée de la littérature « honnête », il y a, chez certains éditeurs comme Marpon-Flammarion, une volonté de maintenir le roman dans les limites de la morale la plus stricte, comme on le voit dans le journal bihebdomadaire de feuilletons publié par cet éditeur, Le Bon Journal, qui proclame : « Le Bon Journal s’est imposé la loi absolue de publier des romans que tout le monde peut lire17 ». Mais par ailleurs, certains écrivains dans la lignée des naturalistes semblent ne pas craindre le scandale, s’ils ne le recherchent pas systématiquement. L’éditeur bruxellois Kistemaeckers publie de nombreux romans sulfureux, que ce soit dans la peinture des mœurs ou dans la critique d’institutions comme l’armée.

7Un contraste apparaît, dans cette époque, entre l’abondance de la production et de la consommation romanesque, et la protestation souvent émise contre sa monotonie ; il est vrai que, pour qui explore la production de cette période, la lassitude de Huysmans déplorant « l’éternelle séduction et le non moins éternel adultère18 » prend tout son sens. Le genre est à la fois plébiscité par un nombreux public, et contesté par ceux-là même qui le pratiquent, comme Jules Renard :

Je lis roman sur roman, je m’en bourre, je m’en gonfle, j’en ai jusqu’à la gorge, afin de me dégoûter de leurs banalités, de leurs redites, de leurs procédés systématiques et de pouvoir faire autre19.

Pour éviter cette méprise entre le roman de grande consommation et leurs propres œuvres, des écrivains ont parfois rêvé de changer le mot, comme l’attestent des déclarations de Zola20 et de Goncourt21 par exemple. Mais la tradition fut la plus forte.

8Certaines œuvres de la littérature romanesque du temps sont donc menacées par le stéréotype. Guy de Maupassant l’exprime plaisamment, à propos de ses confrères « romanciers mondains », dans une chronique de 1881 :

Ils créent une humanité d’étagère en sucre colorié, qui fait pâmer les femmes du monde dans leurs boudoirs.
C’est toujours la jeune fille pauvre qu’épouse un jeune ingénieur riche et plein d’avenir ; des cousins qui s’aiment et se marient, ou bien un jeune homme ruiné qu’épouse une riche héritière, et cela se passe avec des surprises, des héritages inattendus pour équilibrer les situations22 !

Notre étude de la constitution du personnage romanesque rencontrera donc forcément cette notion du stéréotype, même si l’enfant est un personnage un peu particulier.

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10Dans cette société « fin de siècle », l’enfant occupe une place privilégiée pour plusieurs raisons. On assiste d’abord à un relatif déclin démographique. Le nombre des mariages est stable, mais l’adoption de la loi Naquet sur le divorce (19 juillet 1884), contribue à fragiliser la cellule familiale. Les progrès de la médecine et de l’hygiène permettent une amélioration de la santé publique dont les jeunes sont les premiers bénéficiaires ; la mortalité infantile diminue spectaculairement, mais reste cependant élevée23. La fécondité des ménages est en baisse. Si les enfants sont moins nombreux, leur importance au sein de la famille s’en trouve renforcée d’autant. La société va assurer la protection de cet être précieux, par les lois sur la scolarisation, on l’a vu, et aussi par la réglementation du travail des enfants. L’exploitation de cette main d’œuvre bon marché mais vulnérable avait été dénoncée par de grandes voix, tout particulièrement par Victor Hugo. Tout au long du siècle, des limites seront posées à cette exploitation24. En revanche, un phénomène grave survit dans cette société : l’abandon. S’il n’a plus l’importance qu’il a connue dans les siècles précédents, il existe toujours, comme le rappelle Elisabeth Badinter dans son étude sur le sentiment maternel25. Compte tenu des riches implications narratives de la situation d’enfant trouvé, que nous étudierons plus loin, on comprend que ce thème soit si fréquent dans les romans.

11Les mots « enfant » et « adolescent » n’ont pas forcément une extension claire dans la période que nous considérons. La définition de ces termes et, partant, des personnages littéraires que nous allons étudier, présente quelque imprécision. L’un des deux grands dictionnaires de la période de référence, le Littré, définit l’enfance comme : « période de la vie humaine qui s’étend depuis la naissance jusqu’à la septième année, et, dans le langage général, un peu au-delà, jusqu’à treize ou quatorze ans ». Les limites fixées sont assez incertaines. Pierre Larousse, dans son Dictionnaire universel du XIXème siècle, définit l’enfance comme « la période de temps qui s’écoule depuis la naissance de l’individu jusqu’au moment où il entre dans l’adolescence, c’est-à-dire vers l’âge de dix ou douze ans ». Ces définitions manquent singulièrement de précision. Il apparaît en tout cas que la notion d’adolescence, fort négligée par les lexicographes, est assez neuve à cette époque. Il est rare de trouver un passage aussi explicite que celui où Mirbeau prête ces pensées à son héros, Sébastien Roch : « J’ai vingt ans, et je n’ai rien fait encore [...] Vais-je donc perdre ma jeunesse, comme j’ai perdu mon adolescence26 ? ». Aujourd’hui, l’allongement de la scolarité obligatoire, et des études en général, a rendu essentielle cette notion. Mais, à une époque où l’on pouvait aller travailler aux champs ou en usine dès l’âge de douze ans, on passait directement de l’enfance aux responsabilités, sinon à la maturité, de l’âge adulte. Le concept d’adolescence ne se fait jour que peu à peu, comme l’a montré Michelle Perrot27.

12Mieux vaut fixer un terme social, et non physiologique, à ces âges. Pour un jeune garçon, la fin de l’adolescence sera la fin des études secondaires, s’il en a fait, comme l’indique nettement Jules Vallès dans le premier chapitre du Bachelier. Jacques Vingtras, son diplôme enfin obtenu, part pour Paris :

Je suis maître de mes gestes, maître de ma parole et de mon silence. Je sors enfin du berceau où mes braves gens de parents m’ont tenu emmailloté dix-sept ans, tout en me relevant pour me fouetter de28 temps en temps .

13En ce qui concerne les personnages masculins présentés comme de jeunes travailleurs, nous admettrons qu’ils sont « adolescents » de la puberté jusqu’à l’âge de l’indépendance financière et familiale, c’est-à-dire, souvent, jusqu’au départ pour un long service militaire de quatre ans, qui constitue une rupture dans le cours de la vie. Pour les jeunes filles, toujours considérées comme des êtres fragiles et inférieurs, le mariage marque, souvent, l’entrée dans la vie adulte. Les romanciers emploient très fréquemment le mot « enfant » pour désigner une jeune fille, même pubère et relativement âgée. Ce terme est donc tout à fait imprécis. Dans la pratique, on verra que leurs fonctions romanesques permettent de distinguer assez facilement les personnages adultes, qui assument leur autonomie, des plus jeunes, soumis à l’autorité de leurs parents, ou à celle d’autres instances.

14Le personnage enfant vit donc une situation bien particulière. Il est dans la dépendance, mais, selon le mouvement de la vie même, il aspire à s’en libérer. Un tel personnage ne peut guère être statique et immuable, puisqu’il est dans la période de la vie où le corps et la vie mentale changent d’une façon spectaculaire. Marcel Arland exprime admirablement cette idée, dans un texte de 1921 :

Si le but de l’art doit être de chercher, sous l’illogisme et la complexité des faits mentaux, une logique supérieure, et comme un rythme, nous trouverons un terrain dans cette vie volontiers incohérente, heurtée, toute de cris de joie, de larmes et de rêves qui est celle de l’enfant29.

Personnage physiquement et mentalement « incohérent » et « heurté », l’enfant est aussi socialement indéterminé. On ne peut le faire entrer, par exemple, dans les catégories que Philippe Hamon considère comme un « cahier des charges » du personnage réaliste : sa sphère sociale d’activité, son local d’activité, son activité professionnelle elle-même30. Les analyses traditionnelles ou modernes du personnage adulte ne peuvent donc être reprises telles quelles pour l’enfant, et cela constitue un enjeu stimulant pour la recherche.

15Ce sujet a déjà été traité31 plusieurs fois depuis les années 1930. Mais dans beaucoup de ces travaux, l’œuvre littéraire était considérée comme un simple document, justifiant des études plus psychologiques que littéraires. A la lumière de perspectives critiques plus modernes, il est donc possible de tenter une nouvelle lecture. Nous approfondirons plus particulièrement dix romans ayant tous un ou plusieurs enfants pour personnage principal. De Jack, de Daudet, publié en 1876, qui marque le point de départ de la période étudiée, à Sébastien Roch de Mirbeau, qui en constitue le terme, en 1890, nous avons retenu des œuvres dont nul ne conteste la valeur littéraire, comme L’Enfant, de Jules Vallès, La Joie de vivre, de Zola ou Le Roman d’un enfant, de Pierre Loti. Mais nous avons pris aussi en considération des œuvres plus contestées ou plus oubliées, comme Petit Bob, de Gyp, et Chérie, de Goncourt. Postulant une égale dignité, et un égal intérêt, de la littérature destinée à la jeunesse, et de celle qui s’adresse aux adultes, nous étudions aussi un livre scolaire, Le Tour de la France par deux enfants, de Bruno, et deux ouvrages destinés au divertissement des jeunes, Sans famille, d’Hector Malot, dont le succès ne s’est pas démenti depuis 1878, et Deux ans de vacances, qui n’est pas parmi les romans les plus connus de Jules Verne. Nous nous proposons donc d’étudier cette « mosaïque » qu’est le personnage romanesque, en séparant ces cubes qui la constituent, petits éléments juxtaposés qui n’ont guère d’intérêt isolément, mais qui prennent sens dans un ensemble, ici le texte. Devant le mystère de la création romanesque, nous interrogerons les détails pour en revenir finalement à l’œuvre. Comment s’y prennent les romanciers de cette époque pour créer un personnage ? Notre réflexion s’attachera à la recherche des constantes ou des stéréotypes et à l’observation des variations. La question de la fabrication primera celle de la valeur, que nous retrouverons au terme de cette étude, dans une mise en perspective historique du personnage romanesque.

Notes de bas de page

1 Balzac, Préface d’Une fille d’Eve, 1839, La Comédie humaine, Gallimard, « Pléiade », vol. 2, p. 265.

2 Françoise Van Rossum-Guyon, Critique du roman, Gallimard, 1970, « Tel », p. 41.

3 C’est-à-dire depuis la publication de Jack, d’Alphonse Daudet, jusqu’à celle de Sébastien Roch, d’Octave Mirbeau.

4 Gérard Peylet, La Littérature fin de siècle de 1884 à 1898. Entre décadentisme et modernité, Vuibert, « Thématique Lettres », 1994, p. 11.

5 Paul Bourget, « Baudelaire » (1881) recueilli dans Essais de psychologie contemporaine, Lemerre, 1883, Gallimard, « Tel », 1993, p. 9.

6 Depuis la loi Guizot de 1833, avec par exemple la loi de Camille Sée sur l’enseignement secondaire pour les jeunes filles du 21 décembre 1880.

7 Pierre Sorlin, La Société française, 1840-1914, Arthaud, 1969, p. 224 et 279.

8 Voir Mona Ozouf, L’Ecole, l’Eglise et la République, 1871-1914, Armand Colin, « Kiosque », 1963.

9 Christine Dupuit, « Presse et littérature à la fin du siècle », Europe, n° spécial « Littérature d’une fin de siècle », n° 751-752, nov.-déc. 1991.

10 René-Pierre Colin, Zola, renégats et alliés. La République naturaliste, Presses Universitaires de Lyon, 1988, p. 42. Des nombres voisins sont avancés par Martin et Chartier dans Histoire de l’édition française, vol. III, Le Temps des éditeurs, Promodis, 1985, p. 105 et 128.

11 La lecture de l’ouvrage de Charles Le Goffïc, Les Romanciers d’aujourd’hui, Vanier, 1890, ouvre des perspectives inattendues sur les gloires reconnues de l’époque.

12 Par exemple, 33 en quinze ans pour Alexis Bouvier, 27 pour Zénaïde Fleuriot.

13 Voir le commentaire d’Henri Mitterand sur ce texte qu’il cite intégralement dans son édition des Rougon-Macquart, IV, p. 1526-1532.

14 Pierre Loti, Discours.... Apprenant le lendemain que Zola était dans l’assistance, Loti lui adressa une lettre d’excuses, très polie mais ne reniant rien des opinions exprimées. Voir Louis de Robert, De Loti à Proust, Flammarion, 1928, p. 62-63.

15 A propos de L’Abbé Constantin, de Ludovic Halévy, La Vie parisienne, 17 juin 1882. C’est nous qui soulignons.

16 Journal, 9 octobre 1888 (III, p. 163).

17 28 février 1889.

18 A rebours, (1884), préface écrite vingt ans après le roman (1903), « GF », p. 47.

19 Journal, 25 septembre 1889, Gallimard, « Pléiade », p. 34.

20 « Il est fâcheux que nous n’ayons pu changer ce mot « roman », qui ne signifie plus rien, appliqué à nos œuvres naturalistes. Ce mot entraîne une idée de conte, d’affabulation, de fantaisie, qui jure singulièrement avec les procès-verbaux que nous dressons. » (« La formule critique appliquée au roman », Le Voltaire, 27 mai 1879, dans Du roman, Bruxelles, Complexe, 1989, p. 56).

21 Au moment où il écrit Chérie, Goncourt note dans son Journal : « Décidément, le mot roman ne nomme plus les livres que nous faisons. » (4 mars 1883, III, p. 993). On remarquera le nous employé par Goncourt comme par Zola.

22 « Autour d’un livre », Le Gaulois, 4 octobre 1881, Chroniques, UGE, 10/18, vol. 1, p. 284. Maupassant pense probablement à Georges Ohnet, Octave Feuillet, Jules Claretie, Henry Gréville, entre autres.

23 176 pour mille entre 1872 et 1875. Voir l’ouvrage d’André Armengaud, La Population française au XIXème siècle, PUF, « Que sais-je ? », 1971.

24 Depuis le 22 mars 1841, un enfant ne peut être employé avant huit ans et ne peut travailler la nuit avant treize ans. En 1874, la loi fixe à douze ans l’âge minimal du travail. Ce n’est qu’en 1892 que le repos hebdomadaire deviendra obligatoire pour les femmes et les enfants. (Pierre Sorlin, La Société française).

25 « En 1875 on recense encore près de 93 000 enfants abandonnés. » (L’Amour en plus, histoire de l’amour maternel (XVIIème-XXème siècle), Flammarion, 1980, note de la p. 222).

26 Sébastien Roch, II, 3, dans Romans autobiographiques de Mirbeau, Le Mercure de France, 1991, P. 1051-1052. Ce sera notre édition de référence.

27 Histoire de la vie privée, ouvrage collectif publié sous la direction de Philippe Ariès et Georges Duby, Seuil, 1985-87, vol. IV, p. 162.

28 Le Bachelier, chap. I. Œuvres de Vallès, « Pléiade », II, p. 448.

29 Cité dans Etat-civil, de Pierre Drieu la Rochelle, Gallimard, 1921, « L’Imaginaire », 1977, p. 4 de couverture.

30 Philippe Hamon, « Un discours contraint » dans Littérature et réalité, Roland Barthes et al., Seuil, « Points », 1982, p. 146.

31 Jean Calvet, L’Enfant dans la littérature française des origines à 1930, Lanore, 1930. Aimé Dupuy, Un personnage nouveau du roman français : l’enfant, Hachette, 1931. Victor Toursch, L’Enfant français à la fin du XIXème siècle, d’après ses principaux romanciers, Université de Paris, 1939. Marina Bethlenfalvay, Les Visages de l’enfant dans la littérature française du XIXème siècle, esquisse d’une typologie, Droz, 1979.

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