Fillettes fragiles, fillettes dociles ?
Les paradoxes de la préscolarisation féminine au xixe siècle
p. 75-84
Texte intégral
« C’est un excellent ouvrage dans lequel j’apprends à lire à ma jeune servante, une fille extraordinairement intelligente et dont ce livre ouvre l’esprit à toutes sortes de bonnes notions », écrit George Sand à une amie, le 3 juin 1858, à propos des Histoires et leçons de choses pour les enfants, publié par Marie Pape-Carpantier, la directrice du Cours Pratique des salles d’asile. Ouverts, à partir de 1826, par des personnes charitables et des philanthropes, ces établissements offrent l’hospitalité et une première éducation collective aux bambins de deux à six ans1. Pour instruire « cette enfant de dix-huit ans qui n’en avait que deux il y a six mois »2, la dame de Nohant choisit d’utiliser l’un des premiers recueils de causeries maternelles destinés à l’institution officielle des jeunes enfants3. Encouragée par l’Etat, mais surtout financée par les municipalités, cette institution se répand assez vite dans une partie du pays. En 1863, l’administration recense 3300 salles d’asile, enregistrant près de 400 000 inscrits et implantées dans près d’une commune de plus de deux mille habitants sur deux. Il est vrai que l’enfant en bas-âge est une vraie source d’embarras pour les femmes laborieuses, surtout lorsqu’elles travaillent à l’extérieur de leur domicile. Que faire de ces marmots, souvent nombreux dans les familles populaires, et qui tournent en rond dans le logis exigu, se faufilent dans la boutique ou l’atelier et s’échappent dans la rue ? Lorsqu’elles ne peuvent pas s’en occuper elles-mêmes, ou les laisser sous la surveillance d’un membre de la famille, les mères les confient aux salles d’asile, aux garderies traditionnelles ou aux écoles primaires.
1Sous l’Ancien Régime, les petites écoles rurales ou urbaines accueillaient déjà les jeunes enfants. Cette pratique persiste au XIXe siècle, même après la publication du règlement de 1834 qui fixe officiellement l’âge d’entrée à l’école à six ans. Les exigences des parents et la rivalité des établissements empêchent l’application de cette consigne : ici, les bambins sont relégués au fond de la salle de classe ; là, une religieuse âgée, une adjointe ou l’épouse de l’instituteur dirigent la « classe enfantine » – l’expression est employée bien avant la sanction officielle de 1881 – installée dans une pièce séparée de l’école des filles ou, beaucoup plus rarement, de l’école de garçons4. En 1863, les écoles enregistrent environ 360 000 enfants de moins de six ans qui représentent 8 % du total des inscrits. Plus réduite dans les écoles de garçons et dans les établissements surchargés des grandes cités, cette proportion s’élève dans les écoles de filles et, à la belle saison, dans les écoles rurales, qui récupèrent les petits, inutiles et encombrants, au moment où elles perdent les plus grands, envoyés aux champs.
2Le recours aux deux filières officielles de ce que nous appelons aujourd’hui la « préscolarisation » n’est pas exceptionnel : 27 %, environ, des deux-six ans, en 1863, et 33 %, en 1876-1877, sont inscrits dans une école ou dans une salle d’asile. Mais ces proportions globales masquent des situations différentes selon le sexe : en 1876-1877, 35,2 % des fillettes contre 30,8 % des jeunes garçons figurent sur les registres d’inscription de ces deux catégories d’établissements5. La plus forte préscolarisation des filles tranche avec le retard, bien connu, des enseignements primaire et secondaire féminins. Résulte-t-elle d’une volonté délibérée des familles ou d’un choix des responsables des institutions ?
Les particularités de la préscolarisation féminine
3Du milieu du XIXe siècle aux années 1880, la tranche des deux-six ans est toujours moins importante chez les filles (1 350 000, par exemple, en 1876) que chez les garçons (1 376 000). En revanche, les fillettes sont légèrement plus nombreuses dans les salles d’asile (237 000 contre 231 000 garçons, en 1876- 1877, soit un supplément de 6000 individus et des taux d’inscription, voisins, de 17,5 % et 16,8 %) et beaucoup plus dans les écoles (238 000 contre 193 000 garçons, soit un supplément de 45 000 individus et un taux d’inscription de 18 % contre 14 %). Les établissements autonomes de jeunes enfants constituent le lieu d’accueil privilégié du sexe masculin : si 54,5 % des garçons préscolarisés sont inscrits dans une salle d’asile (et les 45,5 % restants dans une école), les fillettes se répartissent également entre les deux filières.
4Abandonnons le niveau des récapitulations nationales pour observer le fonctionnement de quelques établissements dont les registres d’inscription ont été exceptionnellement conservés. Au delà de la quasi égalité des représentations féminines et masculines dans les salles d’asile, nous découvrons des usages différents selon les sexes6 qui éclairent la légère supériorité numérique des filles en valeur absolue.
5A l’asile congréganiste public de Saintes, l’âge d’inscription est toujours plus élevé pour les filles que pour les garçons : 17 % de l’ensemble des inscrites aux quatre époques retenues arrivent entre quatre et cinq ans, et 20 % entre cinq ans et plus, contre 9 % et 4 % des garçons7. Inscrites plus tardivement, les filles sont aussi moins présentes dans les établissements. Dans les quatre salles d’asile de Reims, en 1869, à toutes les saisons mais particulièrement pendant la plus mauvaise, les taux de fréquentation féminins (soit le rapport des présences aux inscriptions) sont toujours inférieurs aux taux masculins8. L’admission féminine tardive s’accompagne enfin d’une sortie retardée : en 1876-1877, 35 000 filles, contre 29 000 garçons, fréquentent la salle d’asile après six ans ; à Saintes, aux dates de référence, 30 % des filles, contre 16 % des garçons, sortent même après sept ans.
6Une préscolarisation moins précoce, déjà sensible dans les écoles parisiennes du XVIIIe siècle9, une assiduité moins bonne et un passage plus tardif de la petite école à la grande : la supériorité numérique du sexe féminin à la salle d’asile paraît s’estomper dans l’utilisation de l’institution. On comprendra mieux ces paradoxes en les rapportant à l’offre de places – une notion valorisée par des travaux récents sur l’histoire de l’enseignement10 – et aux représentations des petites filles par les agents de leur préscolarisation.
L’offre de places dans les filières de préscolarisation
7Impressionnés par le développement physique de l’enfant entre deux et six ans, des médecins et des moralistes le considèrent comme un être déjà soumis aux pulsions de la sexualité11. La plupart des promoteurs laïcs de la salle d’asile n’en proposent pas moins de recevoir les petits garçons et les petites filles dans un seul établissement, et même de les éduquer ensemble conformément au modèle de la famille. Ils doivent cependant tenir compte de la sensibilité et des statuts des religeuses qui dirigent, dès la fin des années 1840, la majorité – et jusqu’aux trois quarts en 1869 – des institutions de jeunes enfants.
8Certaines congrégations refusent toute concession au principe de la mixité, jugé dangereux pour la moralité et que l’Eglise catholique veut bannir des institutions scolaires. Elles reçoivent les enfants d’un seul sexe et de préférence les fillettes, dont les sœurs, expliquent les inspectrices, aiment mieux s’occuper. « Les petits garçons catholiques courent les rues », note, en 1859, la déléguée spéciale de passage à Marennes, car l’asile privé congréganiste reçoit seulement les petites filles12. Conforme à l’attente de plusieurs parents, cette formule constitue un bon argument publicitaire. A La Madeleine, dans le Nord, les Sœurs de la Croix Saint-André décident, en 1862, de ne plus admettre les garçons dans leur salle d’asile privée. Devant l’afflux des élèves de sexe masculin à l’asile laïc public, certains parents en retirent leurs fillettes pour les inscrire à l’établissement privé. Dépourvue de sa « pépinière d’élèves », l’école publique de filles est la grande victime de l’opération, explique le maire au préfet, car les enfants reçues à l’asile religieux privé effectuent leur scolarité primaire dans la même filière13. L’accueil des petites filles alimente même la concurrence des établissements congréganistes entre eux : à Montmorency, grâce à une habile propagande en faveur des avantages de l’éducation séparée, les Filles de la Sagesse, particulièrement hostiles au mélange des sexes, récupèrent dans leur établissement privé une partie des fillettes inscrites à l’asile public mixte tenu par une autre communauté14.
9Cette pratique reste très minoritaire. A l’image des Filles de la Charité, qui décident au milieu du siècle d’accueillir le sexe masculin jusqu’à l’âge de quatorze ans15, plusieurs congrégations acceptent de s’occuper des petits garçons et, le plus souvent, de les admettre aux côtés des petites filles. Il faut dire que les communes leur laissent rarement le choix : après avoir ouvert des écoles, obligatoires, de garçons puis de filles, celles qui s’imposent un nouvel effort en faveur de l’institution facultative des jeunes enfants refusent de créer deux établissements distincts, que les instructions officielles n’imposent pas. Bon gré, mal gré, la plupart des directrices de salles d’asile congréganistes reçoivent ensemble les garçons et les filles, au besoin en installant sur les gradins de la classe, sous le préau et dans la cour de récréation une cloison, une ficelle ou une palissade destinées à empêcher le mélange des enfants. Les préférences de certaines religieuses n’en transparaissent pas moins dans la légère sur-représentation globale des filles dans les asiles congréganistes et dans leur sous-représentation, elle aussi modeste, dans les établissements laïcs16. Mais ces différences minimes, ou la petite supériorité féminine dans l’effectif total, ne doivent pas masquer l’ouverture, presque générale, des salles d’asile au sexe masculin : à Lyon, en 1846, et l’exemple n’est pas isolé, les jeunes garçons présents dépassent même de 25 % environ l’effectif des filles17 .
10La situation est très différente dans les écoles de filles, autre lieu d’accueil privilégié des jeunes enfants, et, plus précisément, dans les classes enfantines, organisées, pour la majorité d’entre elles18, dans des écoles congréganistes qui représentent la moitié des établissements. Les sœurs hostiles à la mixité peuvent imposer ici la règle qu’elles sont obligées de transgresser, sous la pression des communes, dans les salles d’asile et refuser d’admettre les garçons de moins de six ans. L’accueil de cette clientèle masculine dans les écoles laïques, et en particulier dans leurs classes enfantines mixtes, moins fréquentes que les classes féminines des écoles congréganistes, ne compense pas cette discrimination19 : les garçons sont toujours moins nombreux dans le total des inscrits à l’école avant six ans – et, en raison de leur léger déficit à la salle d’asile, dans l’ensemble des préscolarisés.
11La préférence des sœurs pour les fillettes favorise le recrutement de leurs écoles, puisque les enfants accueillies dans des classes enfantines ou dans des salles d’asile réservées au sexe féminin poursuivent généralement leur scolarité chez les religieuses. Il serait pourtant abusif de réduire à une simple tactique un choix congréganiste qui répond aux attentes de certaines familles. L’image de la petite fille élaborée par les parents et par les maîtresses détermine aussi les modalités de sa préscolarisation.
L’image de la petite fille
12Le placement quotidien d’un jeune enfant hors de son foyer n’est pas, a priori, une preuve d’indifférence à son égard. Certaines mères, moins indisponibles, inventent un mode d’emploi de la salle d’asile qui montre leur affection pour le petit personnage encombrant qu’elles y déposent. Elles gardent les bambins le matin, pour respecter leur sommeil, et parfois toute la journée du lundi, pour prolonger l’intimité dominicale ; elles se déplacent pour les faire manger ou elles les ramènent au domicile pour leur donner des aliments chauds et profiter d’eux pendant le repas ; elles les retiennent au foyer, l’hiver, pour leur épargner des trajets sous le mauvais temps20. D’après les témoignages de plusieurs inspectrices, les fillettes profitent davantage de cette sollicitude, que des médecins jugent étouffante lorsque l’enfant grandit21. Les mères repugnent à s’en séparer très tôt, et surtout pour les confier à un établissement mixte ; elles les nettoient, les coiffent et les habillent avec plus de soins ; elles les gardent à la maison « pour la moindre indisposition », alors qu’elles n’hésitent pas à envoyer les petits garçons malades22. A l’affection privilégiée qu’une femme peut porter à une enfant du même sexe, se mêle ici la perception de la fillette comme un être moins embarrassant, moins résistant et qui doit être préservé pendant plus longtemps des dangers du monde extérieur, qu’il s’agisse des intempéries ou de ce qu’Emile Zola appelle, dans une évocation de la petite enfance des ouvrières, « la polissonnerie des gamins des rues »23.
13Cette représentation des petites filles, développée, depuis l’Antiquité, dans le discours médical sur la « débilité » féminine24, se retrouve chez les agents de la préscolarisation. Des religieuses les jugent plus obéissantes et moins fatigantes que les enfants de l’autre sexe ; des promoteurs de la salle d’asile, réservés à l’égard des classes mixtes, estiment qu’une éducation séparée leur évite de « ressentir d’une manière fâcheuse la société des garçons » et permet de mieux leur inspirer « plus de douceur et de modestie »25. Il faut dire que certains responsables dénoncent avec insistance l’impudeur des jeunes garçons. Ils ont « une tenue détestable » et des « habitudes indécentes », regrette une inspectrice générale à l’issue de sa visite dans une salle d’asile d’Aix en 1847 ; ils exhibent quotidiennement aux filles « des manières et des poses qu’on doit leur cacher », se lamente l’inspecteur d’académie de l’Aube, en 1861 ; ils leur montrent leur « nudité », explique, en 1863, le maire d’une commune du Nord – dont la propre petite fille a été choquée par ce spectacle – pour justifier sa décision d’interdire à l’institutrice communale de continuer à recevoir les jeunes garçons26. La perversité et la responsabilité prêtées, dès le plus jeune âge, au sexe masculin dessine, par opposition, le portrait d’une fillette innocente et pure, qu’une éducation collective séparée ou des précautions minutieuses doivent particulièrement protéger.
14La représentation des petites filles éclaire aussi leur séjour prolongé à la salle d’asile et leur entrée plus tardive à la grande école lorsqu’elles fréquentent seulement cette deuxième institution. Au nom de la prédisposition attribuée aux femmes en matière de première éducation, les directrices s’efforcent de conserver des gamines de plus de six ans pour s’occuper des benjamins de deux ans et de trois ans, qui peuvent représenter jusqu’à la moitié des présents. Or, certains parents préfèrent d’autant mieux laisser leur fillette à la salle d’asile, dans ce rôle de monitrice préparatoire aux responsabilités maternelles, qu’ils répugnent à l’envoyer trop tôt dans une école mixte – la plus proche, parfois, ou la seule disponible – et qu’ils se soucient d’abord de scolariser les jeunes garçons. A toutes les époques et dans toutes les académies, les inspectrices générales dénoncent la sortie des bambins de quatre ans et de cinq ans de la salle d’asile, qui ne les initie pas toujours aux rudiments, et leur admission à l’école primaire, lieu habituel et reconnu des apprentissages scolaires « Je veux que mon garçon écrive, dira une mère. Mais, pauvre femme, lui répond la sœur, il ne sait pas lire. Comment ? A quatre ans, ne pas savoir lire ! Chez les Frères, on le lui apprendra. Et voilà notre marmot installé sur les bancs d’une école », résume, avec découragement, la déléguée de l’académie de Toulouse en 186327.
15Deux motivations déterminent cette quête d’une instruction précoce que les maîtres encouragent pour augmenter, ou du moins préserver, leur public et leur revenu. Des familles très indigentes y voient l’occasion de raccourcir la scolarité primaire et d’abaisser, par conséquent, l’âge de la mise au travail des enfants ; des parents au statut économique mieux assuré, comme des commerçants, des maîtres-artisans ou certains employés, espèrent favoriser les études ultérieures et la promotion de leur progéniture grâce à des apprentissages anticipés. « L’avenir de mon fils se trouve compromis si, avant six ans, il ne sait ni lire ni écrire », affirme, en 1864, le chef de gare de Busigny au préfet du Nord pour justifier sa demande d’inscription du gamin, âgé de quatre ans, à l’école de filles plutôt qu’à la salle d’asile de la commune voisine. L’âge d’admission aux école du gouvernement – seize ans, par exemple, pour l’école navale – impose cette stratégie, poursuit le père ambitieux, puisqu’un candidat potentiel qui ne maîtrise pas la lecture et l’écriture avant six ans ne peut plus se permettre ensuite « aucun détour ni revers dans le cours de ses études »28.
16La scolarisation précoce des filles ne représente pas les mêmes enjeux : leur force de travail est moins rémunérée que celle des garçons et leurs possibilités de promotion par l’école restent très réduites, au moins jusqu’aux années 1880. L’infériorité intellectuelle organique prêtée aux femmes par l’idéologie dominante, surtout depuis le milieu du XVIIIe siècle29, n’encourage pas non plus leur éducation publique anticipée, y compris dans les salles d’asile. Après avoir noté la sur-représentation écrasante des garçons dans une institution de Limoges, en 1880, l’inspectrice générale déplore que les parents soient convaincus de l’incapacité des petites filles à profiter d’une culture précoce30. Cette hiérachie des regards et des pratiques inspire-t-elle la directrice d’un asile congréganiste mixte du Puy qui menace, au milieu du siècle, ses fillettes turbulentes d’un bonnet d’âne et ses garçons dissipés d’un « bonnet de petite fille »31 ? Même s’il n’est pas appliqué, et c’est le cas ici, le système de discipline apporte une touche supplémentaire à la dévalorisation de l’image scolaire de la fillette.
17L’infériorité de l’éducation féminine, privée ou publique, au siècle dernier a surtout été analysée pour les enfants de plus de six ans et pour les adolescentes, et en comparant les contenus enseignés à ceux de l’éducation masculine. L’étude de la préscolarisation élargit le regard à un niveau jusque-là négligé du système éducatif. Elle montre que les fillettes ne sont pas davantage préscolarisées à la demande des familles, mais parce que l’une des deux filières disponibles – les classes enfantines congréganistes – les reçoit de préférence à l’autre sexe au nom de leur fragilité et de leur sensibilité supposées. Là où les obstacles institutionnels sont plus rares (à la salle d’asile) ou inexistants (dans les classes enfantines laïques mixtes), les petits garçons sont aussi nombreux, voire localement majoritaires, car les mères les confient plus volontiers, et dès le plus jeune âge, à des mains étrangères. En revanche, les fillettes accueillies dans les salles d’asile entrent plus tardivement à la grande école, car certains parents se préoccupent surtout de faire instruire les jeunes garçons, jugés plus aptes, entre autres, aux exercices intellectuels. Au-delà du brouillard des statistiques globales, l’offre et l’usage de l’institution préscolaire révèle le poids des représentations traditionnelles de la femme sur la première éducation publique officielle des filles entre deux et six ans.
Notes de bas de page
1 Jean-Noël Luc, L’Invention du jeune enfant au XIXe siècle ? De la salle d’asile à l’école maternelle, Paris, Belin, 1997, 512 p.
2 Lettre citée dans E. Gossot, Madame Pape-Carpentier, sa vie, son œuvre, Paris, Hachette, 1890, p. 141. La correspondance de G. Sand publiée par Glubin reproduit ce document, car l’autographe n’a pas été retrouvé.
3 Dans notre texte, cette expression sert à désigner l’enfant entre deux et six ans et à le distinguer du nourrisson, que les historiens appellent plutôt le « tout-petit ».
4 C’est ce que laissent supposer, en l’absence de statistiques nationales, les rapports d’inspection et les projets de règlements relatifs, sous le Second Empire, aux « petites classes » des seules écoles de filles, L’Ami de l Enfance, janvier et juillet 1869, p. 88- 100 et 286-288.
5 Toutes les statistiques nationales citées dans cette étude sont empruntées à la Statistique de l’enseignement primaire pour l’année 1863, Paris, Imprimerie impériale, 1864, et à la Statistique de l’enseignement primaire pour l’année 1876- 1877, Paris, Imprimerie nationale, 1878.
6 Une étude identique est en cours, à partir des registres d’inscriptions et de présences, sur la fréquentation de l’école avant six ans selon le sexe.
7 Registre matricule de l’école maternelle E. Quinet (1839-1885), A.D. Charente-Maritime, 1T 710*. L’étude porte sur les 316 filles et les 324 garçons enregistrés en 1847-1850, 1852-1853, 1862-1863 et 1872-1873.
8 Taux de fréquentation en novembre 1868 : garçons = 73 %, filles = 68 % ; en janvier 1869 : garçons = 72 %, filles = 68 % ; en mars 1869 : garçons = 67 %, filles = 65 % et en juillet 1869 : garçons = 68 %, filles = 66 %, M. Midoc, Rapport au maire de Reims sur la situation morale et matérielle des salles d’asile et des écoles primaires, Reims, Lagarde, 1869, p. 5-9.
9 Les garçons entrent dans les écoles du Chantre de Notre-Dame ou dans les écoles buissonnières entre 18 mois et 8 ans, et les filles, entre 4 ans et 9 ans, M. Sonnet, L’Education des filles au temps des Lumières, Paris, Le Cerf, 1987, p. 203.
10 J.-P. Briand, J.-M. Chapoulie, « L’Institution scolaire et la scolarisation : une perspective d’ensemble », Revue française de sociologie, XXXXV, 1993, p. 8-13. Cette étude originale a montré que les effectifs d’usagers ne dépendent pas seulement d’une demande sociale difficile à évaluer dans l’absolu, mais aussi du nombre, de la capacité d’accueil et de la stratégie des établissements.
11 J.-N. Luc, « La Découverte médicale de la seconde enfance (1750-1900) », Revue . d’Histoire moderne et contemporaine, janvier-mars 1989, p. 83-112.
12 Rapport sur les salles d’asile de Charente-Inférieure en 1859, A.D. Charente-Maritime, 1T 211.
13 Lettre du maire au préfet du 13 février 1862, A.D. Nord, 1T 116-17.
14 Rapport sur les salles d’asile de Seine-et-Oise en 1857-1858, A.N., F17 10842.
15 Réunion internationale de charité à Paris (19-25 juillet 1855), Annales de la Charité, 1855, p. 502.
16 En 1876-1877, 83, 5 % des inscrites dans une salle d’asile sont enregistrées dans un établissement congréganiste et 16,5 % dans un établissement laïc, contre 80,5 % et 19,5 % des garçons ; la même année, 19 % des filles et 17,5 % des garçons inscrits fréquentent un asile congréganiste privé (l’écart est plus important en 1863 et en 1881-1882).
17 Rapport sur les salles d’asile de l’académie de Lyon en 1845-1846, A.N., F17 9350.
18 Malgré l’absence de statistiques, on peut supposer que les congrégations féminines sont les mieux placées pour ouvrir une classe spéciale de jeunes enfants dans leurs écoles grâce à leurs ressources en bâtiments et surtout en personnel.
19 Une évolution apparaît cependant entre 1876-1877 et 1881-1882. Les écoles primaires enregistrent alors des suppléments de 58 000 jeunes garçons (+ 30 %) et de 52 000 fillettes (+ 22 %), et les salles d’asile, de 46 000 garçons (+ 20 %) et de 44 000 filles (+ 19 %). Deux raisons expliquent la plus forte progression des inscriptions masculines dans les écoles : l’organisation des premières classes enfantines quasi officielles (mixtes ou réservées aux seuls garçons) dans certaines écoles laïques et le bouleversement, dans ses implantations et ses capacités d’accueil, du réseau des écoles congréganistes de filles par la poussée des laïcisations municipales.
20 Rapports sur les salles d’asile de Lille en 1840, A.D., Nord, 2T 2497, et sur celles du Gard en 1849 (asile d’Anduze), du Finistère en 1850 (asile de La Recouvrance, à Brest, où 160 enfants sortent à midi sur 180 présents) et de la Marne en 1851 (asile d’Epemay), A.N., F17 10 866.
21 Y. Knibiehler, C. Fouquet, La Femme et les médecins, Paris, Hachette, 1983, p. 149.
22 Rapports sur l’académie de Lyon en 1845-1846, A.N., F17 9350, et sur le Gard en 1867 (asile d’Uzès), A.N. F17 10872 ; assemblée générale du 13 avril 1844, procès-verbaux de l’Association de charité en faveur des salles d’asile de Paris, Musée social.
23 « Types de femmes en France », Le Messager de l’Europe, novembre 1878.
24 D’après Hippocrate, « la nature plus ferme du garçon lui permet, dès sa naissance, de se développer plus vite et de mieux résister aux agressions du monde extérieur ». « Les filles sont la portion la plus maladive et la plus délicate du genre humain », écrit encore le Dr Virey dans l’article « Filles » du célèbre Dictionnaire des sciences médicales publié chez Panckoucke au début du XIXe siècle, Y. Knibiehler, C. Fouquet, op.cit. p. 26 et 142.
25 Ces formules sont empruntées à Mme Mallet, principale pionnière des asiles parisiens, qui énumère, sans choisr entre les deux systèmes, les avantages et les inconvénients de la première éducation publique commune ou séparée, « Appendice » à J.-D. Cochin, Manuel des salles d’asile, Paris, Hachette, (1833), 3e édition 1845, p. 287.
26 Rapport sur les salles d’asile du Midi en 1847 (asile du faubourg d’Aix), A.N., F17 10 866 ; J.-L. Bellin, Les Ecoles auboises de la petite enfance, 1833-1881, doctorat de troisième cycle, Paris VII, 1987, p. 216 ; lettre du maire de Busigny au préfet du 17 mai 1864, A.D., Nord, 1T 116-17.
27 Rapport sur les salles d’asile de l’académie de Toulouse en 1863, A. N, F17 10 842.
28 Lettre au préfet du Nord du 13 avril 1864, A.D., Nord, 1T 116-17.
29 G. Py, Rousseau et les éducateurs. Essai sur la fortune des idées pédagogiques de J.-J. Rousseau en France et en Europe au XVIIe siècle, doctorat d’Etat, Paris IV, 1991, p. 501-502.
30 Rapport sur les salles d’asile de la Haute-Vienne en 1880-81, A.N., F17 10 864. Martine Sonnet note que les petites parisiennes « effleuraient » simplement, au XVIIIe siècle, les apprentissages fondamentaux que les garçons approfondissaient, op. cit., p. 250.
31 Rapport sur les salles d’asile de la Haute-Loire en 1854, A.N., F17 10 841.
Auteur
Ecole normale supérieure de Saint-Cloud/Fontenay
(C.R.H.S.E.)
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