Chapitre 2
Aveuglement
p. 275-287
Texte intégral
Il faut pourtant mettre ces actions charitables en regard du discours social, qui utilise la religion à des fins de pacification et d’asservissement des esprits. Nul doute que le sentiment religieux vient conforter une morale conçue d’abord comme un appui à l’ordre social, et par exemple la comtesse conseille dans Jean qui grogne et Jean qui rit, de prendre des serviteurs chrétiens pour être sûr qu’ils soient honnêtes et sûrs, idée qui fait l’unique propos d’une de ses « comédies » si peu comiques, Le Dîner de Justine. L’« Œuvre des Bons Livres » diffuse des leçons de résignation qui répondent aux mauvaises idées répandues par les publications socialisantes.
1Les romans de la comtesse de Ségur reflètent les hésitations de l’époque et de l’auteur en matière religieuse. Hésitation entre un christianisme vécu essentiellement comme une morale du partage, et un engagement religieux mêlé aux combats politiques du moment, entre un Dieu terrible et un Bon Dieu compatissant... Les historiens ont par ailleurs montré depuis longtemps que les rapports entre l’Etat et l’Eglise connaissent eux-mêmes un double mouvement de distension et d’alliance. En 1880, Paul Thureau-Dangin reconstruit le processus engagé sous la Monarchie de Juillet, et qui fut marqué d’abord par une forte déchristianisation : « Après 1830, jamais et nulle part on n’avait vu une nation aussi officielle anti-religieuse. » Même propos chez Georges Weill : « L’explosion de joie antidévote qui suivit les journées de Juillet ne peut se comparer qu’à celle qui avait salué la mort de Louis XIV1. » De tous côtés, la vieille union du Trône et de l’Autel est remise en question. « L’Avenir, rappelle Thureau-Dangin, poursuivait le divorce absolu de l’Eglise et de l’Etat. Il répudiait le vieux gallicanisme monarchique, mais il se jetait dans la chimère d’une théocratie inconnue à Rome »2, cette théocratie que va servir avec tant de zèle Mgr Gaston de Ségur, pour lequel sera rétabli le titre tombé en désuétude d’« auditeur de rote ».
2Mais Thureau-Dangin remarque que dès 1835 cette société « en quelque sorte déchristianisée », « après avoir assisté indifférente ou même souriante, au sac de Saint-Germain l’Auxerrois, vient former, quatre ans plus tard, autour d’une chaire chrétienne, un auditoire tel qu’on n’en avait peut-être pas vu depuis Saint-Bernard ». Cette chaire, c’est celle de l’abbé Lacordaire dont l’éloquence vient à point, puisqu’elle illustre une Eglise revenant à ses origines, redevenue l’alliée des pauvres en raison même de son nouvel abaissement. La jeunesse, « le monde des écoles », se mettent de la partie. C’est toute une mythologie, calvaires, réapparitions, qui est réactivée. « Y avait-il, dans quelque village de la banlieue, à Nanterre, une de ces processions publiques devenues si rares à cette époque, ils allaient gaiement, humblement et fièrement s’y joindre, à l’ébahissement des paysans3. » On annonce le recommencement de l’ère des martyrs, tout en développant un programme qui se veut social avant que d’être politique. On crée de bonnes œuvres, de prière, de charité, de propagande, en même temps qu’on relève dans les campagnes les croix de mission abattues en 1830, et que les processions publiques sont rétablies dans plusieurs villes où elles avaient été interdites. Par une sorte de retour au XIIIème siècle, le froc antique des frères prêcheurs est remis à l’honneur, comme si l’on cherchait avant tout à frapper les esprits avec un système de représentation plus naïf, plus proche du merveilleux. Représentation qui ne trouvera que quelques rares illustrations chez la comtesse. Ainsi, dans Les Bons enfants, la fête du village sera l’occasion d’une procession avec des bannières portées par des petites filles en blanc :
Quand on fut à quelques pas de la porte, on vit paraître le curé, tenant à la main une bannière légère en soie blanche, sur laquelle était peinte une image de la Sainte-Vierge au-dessous était brodé en lettres d’or :
offrande affectueuse de tous les enfants
assistant a la procession du 16 octobre 1861.
a mademoiselle camille de rouville
la meilleure de toutes.
3En 1836, L’Univers succède à L’Avenir et va faire parler de lui grâce à la vivacité de plume du grand ami des Ségur, Louis Veuillot, un fils de tonnelier ruiné, ancien lecteur et imitateur de Paul de Kock et de Pigault-Lebrun, « condottiere de la plume » qui va se convertir en 1838, frappé par les cérémonies pompeuses de la Semaine-Sainte, à Rome, où l’a emmené Olivier Fulgence, l’éditeur de plusieurs de ses ouvrages. Rédacteur en chef de L’Univers à partir de 1842, il en fait l’organe intolérant de l’ultramontanisme, condamné par plus d’un évêque français, comme « l’ennemi le plus redoutable de l’Eglise catholique qu’il prétend défendre », ainsi que l’écrit Larousse. Mais le soutien de Pie IX favorise le rapprochement avec le pouvoir qui n’a pas tardé, un Guizot ayant affirmé la nécessité de la religion pour contrer le progrès des idées socialistes. Ce socialisme qui met tout le bonheur sur terre, « avertissant ceux qui ne le trouvaient pas, que la faute en était aux hommes et aux institutions ». A ce « redoutable sophisme », on ne pouvait opposer que « la pleine vérité chrétienne » ; « elle seule donnait au pauvre l’explication et l’espérance qui lui faisaient accepter sa souffrance, au riche la compassion et le renoncement nécessaire pour aborder et résoudre le problème social... »4 Comme l’écrit Anatole de Ségur, 1848 fait comprendre aux bourgeois voltairiens la nécessité de lutter contre l’utopie socialiste, et son frère, Louis-Gaston, s’emploiera à prendre possession de l’âme des apprentis, des soldats, des anciens insurgés.
4Le Second Empire consolidera pour un temps la réunion du Trône et de l’ Autel, et le milieu dévot place en lui de grandes espérances. L’ouvrage très informé d’Anatole de Ségur tend à montrer le rôle important joué par son frère dans cette entreprise, évoquant les attentes finalement déçues, comme la modification de la loi relative au mariage civil ou ce qu’il appelle la « liberté de l’enseignement », c’est-à-dire l’instruction primaire livrée toute entière à la direction du clergé, puisque la loi Falloux votée en 1850 ne satisfait pas les intégristes. Dans le sillage de Joseph de Maistre et de Louis Veuillot, les Ségur lient toute réforme à la primauté absolue de l’Eglise romaine et du Pape, n’admettant aucune concession sur le sujet. Ainsi les avait-on vus se déchaîner contre la loi Falloux, pour eux un acte de compromission auquel avait pourtant activement contribué Mme Swetchine, cette catholique russe qui avait aidé au mariage de Sophie. Le comte de Falloux ayant réagi vivement aux attaques de Louis Veuillot et de L’Univers5, la comtesse s’ingéniera à déformer le nom « du menteur, du haineux, de l’ambitieux Falloux » dans ses lettres à Louis Veuillot, « je deviens par imitation, sotte, bavarde, fallacieuse, Falloutine, Félixine », « vous me prenez pour une Falloute... »6 Cette affaire fut une cause de dissension dans la famille, entre Armand Fresneau et Olga de Pitray7, et dans une lettre à cette dernière Veuillot parlera d’un « article fresneaulogique »8. De son côté, Mme Swetchine déplorait cette division des catholiques, « elle pour qui catholicisme et unité étaient deux concepts si étroitement liés », et elle traitait « d’orgueilleuse audace la malheureuse campagne de L’Univers »9. Elle souscrivait pleinement au propos du comte de Falloux, disant qu’on n’élève pas l’homme pour telle ou telle forme de gouvernement, mais pour lui-même, pour le développement et le progrès de la société à laquelle il appartient : « nous voulons que la religion ne soit imposée à personne, mais enseignée à tous. »
5Ce programme qui se voulait mesuré bien que déjà exigeant, apparaissait presque une trahison pour les Veuillot et Ségur, opposés au catholicisme libéral et aveuglés par leur engagement. Il faut prendre cet « aveuglement » au pied de la lettre. Plus tard, par une allusion cruelle à la cécité du « saint prélat », l’image de l’aveuglement idéologique lui sera d’ailleurs associée10. Lui-même n’a cessé de sublimer la cécité, considérée à la fois d’un point de vue physique et spirituel. Dans une lettre à Sabine où il lui souhaite « la belle et dure croix de la cécité terrestre », il demande : « Où en est ton œil borgne ? Etre aveugle est une bonne condition pour le voyage de l’Assomption éternelle ; ne pas voir la terre aide à mieux voir le ciel11. » Dans cette ligne, la comtesse tentera d’affecter à l’aveuglement une valeur positive, elle qui y participe intellectuellement dans la vie privée. Dans Un bon petit diable Juliette est un être sublime se disant plus heureuse que si elle voyait, parce qu’elle échappe à la vanité et qu’elle peut se tourner entièrement du côté de Dieu. Le lecteur est-il convaincu, lui qui voit si bien s’agiter Charles Mac Lance, et l’auteur elle-même ne vit-elle pas dans la dénégation, elle qui fera de la cécité une faiblesse dans son dernier roman, pourtant papiste, Après la pluie le beau temps, où Melle Primerose ne cesse de dire à M. Dormère qu’il ne voit pas clair. Comme si la comtesse oubliait de célébrer l’infirmité de son fils.
6Dans Les Malheurs de Sophie, Mme de Réan parvenait à réparer les yeux de la poupée, alors que la cécité de Louis-Gaston est sans remède. Colette Misrahi, qui voit là un trouble psychopathologique, en trouve l’origine dans l’attachement à la mère, qui interdit de voir d’autres femmes12. Ce qui reste, c’est qu’on ne veut pas voir un monde qui ne tourne pas comme on le voudrait, autour de Rome, où justement est perdu le premier œil. D’ailleurs, Sophie commença par éprouver la même douleur devant la vocation religieuse de son fils et devant son aveuglement.
7Pour bien faire, il faudrait se priver de tous les sens. Ainsi Louis Veuillot, qui prétendait se reconnaître dans la trivialité des Mémoires d’un âne, trouve maintenant que le monde sent vraiment trop mauvais. Et d’une certaine manière, il aurait pu rêver de perdre l’odorat, lui qui opposa Le Parfum de Rome aux Odeurs de Paris. Dans ce dernier ouvrage, il répond implicitement à la métaphore hugolienne des égouts, développée dans Les Misérables. Pour lui, la circulation des idées passe à Paris par « un système d’égouts très savants » et « l’on pourra voir quelque jour la victoire toute infecte sortir d’un puisard ». « Pendant que le parfum de Rome s’exhalait de mon âme embrasée d’admiration, de reconnaissance et d’amour, les odeurs de Paris me poursuivaient, me persécutaient, m’insultaient13. »
8Même chose pour la sottise ou la bêtise14. Alors qu’on s’est plu à se dire aussi simplet que l’âne, on accable les autres du reproche de bêtise, terme associé à l’aveuglement. Pour Louis-Gaston de Ségur, tous les républicains sont bêtes, et il en vient sans doute lui-même à oublier qu’il ne voit pas clair lorsqu’il dénonce « ce que la démocratie appelle les hommes de progrès et de lumière », c’est-à-dire pour lui, « la foule des borgnes, des aveugles et des cornichons qu’elle a le talent de séduire ». Phrase tirée d’un de ses ouvrages, Nobles et prêtres, et citée par Larousse en témoignage du « dévergondage de plume tout à fait étourdissant et d’un ridicule achevé » de ce « maladroit disciple de Monsieur Veuillot ».
9Toujours est-il que le Second Empire décevra le clan Ségur. « De toutes ces velléités, écrit Anatole, il ne resta rien que des espérances trompées et des regrets que nous croyons sincères. Mais il est certain qu’elles existèrent et qu’elles ne furent pas étrangères au rétablissement d’un auditeur de rote pour la France et au choix de l’abbé de Ségur pour ces importantes fonctions » : « l’origine du tribunal de la rote remonte aux premiers siècles de l’église », écrit Anatole de Ségur. Ce nom fut donné au quinzième siècle au « tribunal du sacré palais », chargé d’instruire les diverses affaires de toute la chrétienté. Les auditeurs de rote qui représentent la France, l’Autriche et l’Espagne servent d’intermédiaire entre le Saint-Siège d’une part, le gouvernement et le clergé de leur nation, de l’autre. « Il est permis de croire que le prince Louis-Napoléon n’eût pas repris l’usage, abandonné par la royauté de Juillet, d’envoyer un auditeur de rote à Rome s’il se fût agi uniquement de donner aux plaideurs romains un français de plus. Sa pensée fut évidemment d’avoir auprès du Saint-Siège un intermédiaire ecclésiastique pour traiter ou du moins étudier officieusement les questions souvent délicates qui s’élèvent sans cesse entre l’Eglise et l’Etat. »
10Mais Louis-Gaston voit glisser le pouvoir « dans le sens des traditions révolutionnaires », et il reproche à Napoléon III sa complicité latente mais évidente dans « les envahissements sacrilèges des états pontificaux par le Piémont » et dans « le grand forfait public de Castelfidardo »15. Tout le clan Ségur mobilisera ses plumes pour célébrer le martyre des troupes pontificales, et Louis Veuillot publiera Arthur Guillemin, volontaire pontifical, blessé à Castelfidardo, tué à Monte-Libretti, pour la cause du Christ16, ainsi que La Bataille de Mentana, une série de textes écrits d’après un tableau d’Emile Lafon. Dans Après la pluie le beau temps, le roman le plus engagé de la comtesse, Jacques combattra avec les zouaves pontificaux « pour défendre le siège de la foi », et participera aux « deux magnifiques et meurtriers combats de Mentana et de Monte Retondo », où il sera blessé. L’auteur n’hésitera pas à souligner son engagement contre les « bandits garibaldiens », et encore le texte définitif est-il très adouci par rapport au manuscrit initial17. Quant à Louis-Gaston, il se portera du côté de la Monarchie, dans une brochure intitulée Vive le roi.
11L’œuvre ségurienne doit être examinée relativement à ces convictions et à un corps de doctrine qu’elle semble illustrer au moins sous un aspect, quand elle parle le langage de la résignation et quand elle affecte à la pauvreté un caractère sacré ; le pauvre, comme le petit enfant, devient une figure du Christ. Il est d’ailleurs distingué de l’ouvrier, bien que Mgr de Ségur collabore à un périodique intitulé L’Ouvrier. Gaston de Ségur, ancien élève du peintre Delaroche, ami de Gounod18, promis à tous les honneurs de la vie artistique et mondaine, s’est donné peu à peu au Christ et à la Vierge, renonçant au monde sans y renoncer, se faisant pauvre mais dans le monde et sacrifiant au rite du voyage à Rome où, « artiste et chrétien », selon l’expression de son frère, il fait cœxister en quelque sorte le pèlerinage païen vers la cité des arts et le nouveau pèlerinage catholique vers la ville papale. Il fera du quartier Saint-Sulpice à Paris, et plus encore de la rue Cassette où il habite, un centre intellectuel au rayonnement très fort. Ce quartier, devenu le rendez-vous des libraires religieux, connaît une prospérité assez soudaine dans laquelle le séminaire de Saint-Sulpice joue un rôle pionnier. Formant des prêtres pour toute la France, il milite pour l’instauration du rite romain, et l’activité prodigieuse de Gaston de Ségur, surnommé « Monsignor Sulpiziano » par le Pape lui-même, donne naissance à de multiples œuvres et publications.
12La comtesse de Ségur vit à côté de tout cela, avec un modèle dont elle profite tout en le désorganisant dans sa création littéraire. Tout la prédisposait à publier ses récits chez un des éditeurs catholiques qui prospéraient depuis 1830, soit à Paris autour de cette église Saint-Sulpice, soit en province dans des maisons très puissantes, quelquefois assez anciennes mais douées d’un dynamisme approprié à l’époque d’essor industriel que connaît la France. Elles doivent une partie de leur richesse au marché du livre pour enfants, et plus précisément à celui du livre de prix, dont la pratique s’est étendue des collèges aux écoles vers 1820-1830, créant une importante demande au moment même où le savoir-faire technique en matière de papier et d’imprimerie permettait un développement du livre inconnu jusqu’alors19. Pour la période du Second Empire, Claude Savart retient 68 maisons spécialisées dans le livre catholique, du moins dont l’activité atteint un niveau significatif, et qui se livrent à une concurrence effrénée. C’est une véritable industrie qui se développe, les bons livres se vendent si bien qu’un libraire de province peut dire « le commerce va mal, mais la piété nous sauve »20.
13Périsse, le plus fécond des éditeurs catholiques, publiera 1895 titres entre 1851 et 1870 ; le Second Empire se révèle donc une période de prospérité et non de déclin de ce secteur, comme on pourrait s’y attendre en considérant l’essor d’une modernité agressive dans les moyens de production et de communication. C’est cette maison qui édite en 1858 Le Journal de Marguerite, de Victorine Monniot, un « best-seller » qui connaîtra plus de cinquante éditions et une suite, Marguerite à vingt ans.
14« La place Saint-Sulpice, écrit Henri Maut dans Le Tour du monde parisien, sépare le quartier latin du faubourg Saint-Germain... Les alentours de l’église sont occupés par des libraires classiques et religieux qui, pour la plupart, s’y sont donnés rendez-vous... Ceux-là sont tous riches ; on ne saurait croire combien rapporte la foi... Et l’on prétend que la religion s’en va ! »21 Ce témoignage est recoupé par celui de Zénaïde Fleuriot, qui fut en contacts très étroits avec les éditeurs catholiques Bray et Lecoffre. A la mort de ce dernier, ancien employé de Périsse, qui avait fondé son entreprise en 1845 et qui fut notamment l’éditeur de La Semaine des familles, elle note qu’il « laisse une magnifique fortune à ses enfants ; ils la lui doivent tout entière, car elle était le résultat d’une activité prodigieuse, d’un remarquable sens pratique des affaires... »22
15La puissance commerciale de ce secteur qui constitue un monde à part au sein de la profession, apparaît encore plus forte si l’on ajoute les livres pour enfants et pour jeunes gens, quelquefois peu distincts de ceux adressés aux adultes (chez Lefort particulièrement), et que l’on conviendra de nommer romans puisqu’ils reposent sur une fiction, aussi ténue fût-elle. Cette tutelle, cléricale ou étatique, donne à la littérature enfantine française son caractère particulier, partagée qu’elle est entre l’enseignement et la distraction, entre didactique et imagination. Mélange détonnant que cet intérêt porté à l’enfant, ce rejet de la féerie et de la chevalerie, cette peur du romanesque, cet attrait d’une science et d’un savoir qui font encore peur, et cette morale partagée entre la célébration de la libre entreprise et le saisissement devant une misère qui devient littéralement spectaculaire. Comme le montre Jean Glénisson, pour assumer au mieux tous ces élans contraires, c’est, « à l’âge de Balzac, après Berquin et Mme de Genlis, la forme romanesque qui parut le mieux convenir à ce rôle ambigu d’instruire “en amusant” et de parler à l’esprit pour toucher au cœur »23.
16A l’Eglise, qui obtient des pouvoirs accrus, surtout après 1850, revient dans un premier temps le contrôle de cette littérature, qu’elle exerce de manière très sourcilleuse par l’intermédiaire de prélats accordant leur recommandation aux ouvrages, et par celui de « L’Œuvre des bons livres », qui se propage sur tout le territoire français. Dans La Vie ouvrière à Lille sous le Second Empire, Pierre Pierrard a évoqué le développement conjoint de la maison Lefort et de la Société des Bons Livres, « fondée à Paris sous la Restauration par Mathieu de Montmorency pour chercher par tous les moyens possibles à ramener le peuple à la foi et aux bonnes mœurs »24. Lefort bénéficie d’une exclusivité qui lui garantit des tirages d’au moins 3000 exemplaires. Louis Veuillot ne conçoit pas de littérature qui ne soit vouée à Dieu. A Hetzel qui lui enverra ses livres, ne répondra-t-il pas :
J’ai reçu les charmants livres que vous m’avez envoyés. Ils sont bien redoutables pour un homme qui n’a guère le temps de s’amuser. Tout ce que j’ai ouvert m’a semblé très aimable et très pur [...] Je n’ai pas encore lu les Voyages extraordinaires, de M. Verne. Notre ami M. Aubineau me dit qu’ils sont charmants, sauf une absence qui ne gâte rien sans doute mais qui désembellit tout et qui laisse les merveilles du monde à l’état d’énigme.
C’est le tort de vos publications, d’ailleurs si louables. C’est beau, mais inanimé. Il manque quelqu’un. Le paysage est sans figures et l’homme sans but25.
17On a souvent vu l’œuvre de la comtesse comme une émanation de cette littérature à la fois industrielle et morale. Ainsi Pierre Pierrard écrit-il : « Tout ce monde se meut dans une atmosphère romanesque : le château à la Mme de Ségur où le bon châtelain couvre de son ombre tutélaire le mauvais métayer ; quand ce n’est pas le bon paysan qui fait la leçon au frivole marquis26. » Pour sa part, Jean Glénisson, qui met en relief l’importance de la librairie religieuse pour le développement de la littérature enfantine, voit dans les débuts de la « Bibliothèque Rose » de l’éditeur laïque Hachette une simple démarcation de cette littérature dévotieuse :
En quoi Mme la comtesse de Ségur, auteur vedette de la “Bibliothèque” depuis six ans, se distingue-t-elle des dames d’œuvres – on dit, irrévérencieusement, les “gouvernantes” – qui fournissent de leur tisane les éditeurs catholiques contemporains ? Par la naissance, le comportement, les idées, les préjugés, par le dessein général même de son œuvre, elle appartient au même milieu, au même courant de pensée. Ses ouvrages voisinent dans la collection Hachette, avec ceux de Zulma Carraud et de Julie Gouraud. Il se trouve seulement que la fille du comte Rostopchine tient de ses ancêtres tartares un génie corrosif que ses pieuses intentions ne parviennent pas à étouffer27.
18C’est en partie l’isolement social de ces auteurs, leur manque de relais dans les instances littéraires, occasionnés par le projet éditorial lui-même, qui a entraîné leur exclusion du champ de la littérature, décidée en quelque sorte a priori, avant toute lecture. La comtesse de Ségur s’éloigne de toutes ces déclassées, par le choix de son éditeur, par la puissance de ses noms et par celle de ses relations dans les milieux artistiques, par l’intermédiaire de son fils aîné qui aurait pu cependant la pousser chez ses éditeurs Tolra et Haton. D’ailleurs, on trouvait le nom du comte Paul de Ségur chez les éditeurs catholiques de Limoges. Ce Ségur avait d’abord publié dans les années 20 chez Eymery, qui proposait un des tout premiers catalogues spécialisés pour la jeunesse. Ses Contes moraux et ses Nouveaux contes moraux seront repris sous diverses formes dans la « Bibliothèque religieuse, morale, littéraire » de M. Ardant frères puis dans la « Bibliothèque chrétienne du jeune âge » de F.F. Ardant frères, mêlés à des récits du chanoine Schmid ou d’Eymery, qui écrivait sous le nom de A.E. de Saintes. La voie semblait toute tracée avec ces petits textes comme Le Bon nègre ou Le Collier de perles.
19Et il est vrai qu’on trouve chez la comtesse des pages qui pourraient se lire chez Lefort notamment, un des éditeurs les plus engagés : Dans Jean qui grogne et Jean qui rit, Hélène, la mère de Jean (celui qui rit), trouve une petite fille abandonnée, alors qu’elle-même est démunie de tout : « Que vais-je faire de cette enfant ? pensa-t-elle. Je n’ai pas les moyens de la garder. Je ne me suis pas séparée de mon pauvre petit Jean pour prendre la charge d’une étrangère. Mais je suis bien sotte de m’inquiéter ; le bon Dieu me l’a remise entre les mains, le bon Dieu me donnera de quoi la nourrir, si sa mère ne vient pas la rechercher. » A comparer avec ce passage d’un roman publié chez Lefort, Valentine, où la jeune héroïne, bien que d’extraction noble, vit dans la misère la plus noire. L’intendant du château qui s’intéresse à sa situation, lui demande : « Comment, ma petite, tu es seule et dans l’obscurité ? » La réponse est sans surprise tellement elle devient convenue à l’époque : « Non, le bon Dieu a envoyé la lune pour m’éclairer ; venez par ici. » Elle le conduit près de la fenêtre : « Est-ce que nous ne nous voyons pas ? »28
20C’est aussi un discours convenu sur l’ouvrier, la pauvreté et la charité. L’état d’ouvrier est le plus bas de tous, et il suffit de lire l’argumentation qui est déployée pour dissuader Diloy d’entrer en usine. La masse ouvrière fait peur, alors que le pauvre est comme un don que Dieu fait au riche. Il y a une joie de la charité, et l’aumône fait partie des divertissements des petites filles modèles, des loisirs délégataires dont Veblen montrait qu’ils sont l’apanage de la classe de loisir. Au début des Petites filles modèles Camille propose de faire une promenade du côté de la grande route, pour voir passer les voitures... » Madeleine accepte, « et si nous voyons de pauvres femmes et de pauvres enfants, nous leur donnerons de l’argent. Je vais emporter cinq sous ».
21Si le pauvre est sacré, en le touchant, en l’honorant, on s’honore soi-même. « Maman a des idées bizarres sur les pauvres et les ouvriers, – explique Félicie à Cunégonde –, elle dit qu’ils valent souvent mieux que nous, qu’ils sont nos frères29. Aussi est-ce parmi les pauvres qu’on trouvera les figures de la sainteté, pour témoigner de cette mission dévolue au peuple, contribuer à l’évangélisation et à la reconquête des âmes. Blaise, mais aussi Gribouille, en raison de sa simplicité d’esprit, rejoignent Saint-Jean Bosco ou Bernadette Soubirou, ou encore Jeanne d’Arc. La mort de Gribouille donne lieu à une fin de roman christique : Gribouille est, à la lettre, un Sauveur, mourant pour les autres, du moins pour un autre, son ami le brigadier : « Je l’ai sauvé ! s’écria-t-il en tombant, Caroline, je l’ai sauvé ! » Cette mort annoncée est précédée d’une sorte de veillée funèbre, au cours de laquelle Gribouille fait ses adieux à ses amis dans une obscurité troublée par l’orage : « ... il me semblait que je lui disais adieu pour bien longtemps ; je suis triste ce soir, je me sens tout autre que d’habitude ; j’ai envie de dire adieu à tous ceux que j’aime. » Exemple rare chez la comtesse de renvoi presque explicite aux textes religieux, et cette rareté témoigne de l’importance de Gribouille, dont la parole devient soudain sacrée. On trouve dans l’œuvre ségurienne, mais en nombre réduit, d’autres passages aux accents doloristes, plus proches d’un Gaston de Ségur réclamant sans cesse sa part de Croix, mais il ne semble pas que le lecteur retienne préférentiellement telle ou telle formule d’abnégation, comme cette explication de Camille à Jeanne dans Les Bons enfants :
Eh bien, le bon Dieu permet que les hommes souffrent pour nous faire voir que notre vraie bonne vie, n’est pas dans ce monde, et puis pour nous punir du mal que nous faisons tous le jours et continuellement.
22Dans l’entourage de la comtesse, et plus précisément chez son fils Gaston, on cultive l’attrait du miracle et des dévotions. Dans ses souvenirs, Olga de Pitray raconte une foule d’événements prodigieux qui témoignent d’une naïveté déconcertante, et Anatole de Ségur relate avec complaisance les visites de son frère aux multiples visionnaires engendrés par ce retour de flamme religieuse. Ainsi, en 1846, avec un de ses frères et l’abbé Véron, Gaston part-il « le bâton à la main, le sac sur le dos », pour visiter la vallée de Chamounix (comme on disait à l’époque), le Valais, le Simplon, le lac de Côme et le lac Majeur, Milan, où il priera devant le corps de saint Charles-Borromée. Mais le but du pèlerinage se trouve au Tyrol, où les voyageurs contemplent « dans toute la simplicité de leur vie naturelle, les deux extatiques » : « Ils virent Marie de Mœrl attirée en haut dans son extase perpétuelle, abîmée dans la contemplation du monde des esprits », et après elle « la stigmatisée du Thabor », « ils virent celle du Calvaire, Dominica Lazzari, image vivante et sanglante du Crucifix »30.
23Loin de l’immobile quiétude, c’est l’extase, la prostration, comme encore celle de Léon Menet, « qui est mort à vingt et un ans et dont le corps, couvert de plus de quatorze plaies, rappelait le souvenir de Job »31. Toute une imagerie qui n’est guère prisée des catholiques modérés. « Etes-vous allée voir l’extatique de Niederbrunn, demande ainsi Mme Swetchine en 1856. Je serais curieuse de votre impression. Sans esprit assurément d’exclusion, je n’ai pas précisément d’attrait pour les voies extraordinaires ; leurs effets les plus incontestés et les plus frappants me remuent bien moins que la simple touche silencieuse et invisible de la grâce divine. Le vrai miracle, à mes yeux, c’est l’eau jaillissant de la pierre... »32
24La cécité de Gaston, bien que sanctifiée, est le prétexte de visites à de saints personnages réputés pour leur pouvoirs miraculeux. « On eut d’abord recours à M. Dupont, puis au saint curé d’Ars [...] M. Dupont n’avait pas la prétention de faire des miracles, mais il possédait, dans sa chambre, une image de la Sainte Face, devant laquelle il priait avec une ardente dévotion. Une petite lampe brûlait nuit et jour devant la pieuse image, et depuis plusieurs années on se racontait, à Tours et bien au-delà de Tours, les guérisons subites et merveilleuses obtenues par les onctions faites avec l’huile de cette lampe. » La visite au curé d’Ars n’eut pas plus d’effet que celle faite à M. Dupont, bien que chacune se fût accompagnée, aux dires d’Anatole, de circonstances attestant la sainteté des personnages. Mais, par-delà l’infirmité de Monseigneur de Ségur, la rencontre avec le curé d’Ars revêt une signification « politique », dans la mesure où, selon les spécialistes, le « phénomène Ars », est attaché au passage d’une pratique gallicane de la confession détaillée, à celle des Missions, « souvent couronnées de communions générales », préparées par de longues séances de confession, « où les missionnaires accueillaient largement quiconque se présentait ». « Une telle politique s’appuyait sur l’enseignement ultramontain de type italien, transmis principalement à travers les jésuites et les prêtres liés à eux33. »
25L’ultramontanisme, qui réactive une mythologie religieuse dont on aperçoit quelques traces épisodiques chez la comtesse, ne pouvait que rencontrer non seulement le curé, mais le village d’Ars, situé dans une région propice au surnaturel, où s’était déjà propagé le mouvement des « convulsionnaires », né au cimetière Saint-Médard à Paris. Aussi bien, Monseigneur de Ségur, faute d’être guéri lui-même, guérit-il les autres, soit de leurs mauvais penchants, soit de leurs maladies. Le petit Félix Garé, aveugle depuis six mois, retrouve la vue après avoir eu les yeux touchés par lui, et quatre mois plus tard, c’est sa propre mère qu’il sauve grâce à de l’eau de la source miraculeuse de Lourdes. De là, sa dévotion particulière à Notre-Dame de Lourdes ; mais il avait déjà joué un rôle important dans la direction d’une œuvre de foi, celle des « lampes du Saint-Sacrement », créée vers 1860, pour assurer l’observance exacte des lois canoniques qui prescrivent l’entretien perpétuel d’une lampe allumée devant tout tabernacle où réside le Saint-Sacrement.
26Enfin, à l’occasion de son départ de Rome, lorsqu’il démissionne de la Rote, « le bon Pie IX » le comble de grâces et de bénédictions : « il lui accorde de précieux pouvoirs spirituels, une indulgence de 300 jours pour quiconque dirait dans sa chapelle l’Ave Maria en ajoutant après les mots « Mater Dei » le mot « Immaculata ». Les pratiques religieuses relèvent d’une esthétique dont le livre d’Anatole de Ségur recense les ingrédients, un mélange de dolorisme et d’onctuosité qui cherche ses images dans la Passion du Christ, en parlant par exemple des « épines de la cécité », et qui situe la dévotion à des hauteurs prodigieuses que certains membres du clergé seront les premiers à trouver excessives.
Notes de bas de page
1 La France sous la Monarchie constitutionnelle (1814-1848), Alcan, 1902.
2 L’Eglise et l’Etat sous la Monarchie de Juillet, Plon, 1880.
3 L’Eglise et l’Etat sous la Monarchie de Juillet, p. 12.
4 L’Eglise et l’Etat sous la Monarchie de Juillet, p. 115.
5 Voir Louis Veuillot, Le Parti catholique, réponse à M. le comte de Falloux, L. Vivès, 1856.
6 Lettre du 21 août 1856, reproduite dans Sophie de Rostoptchine, comtesse de Ségur, racontée par sa petite fille.
7 Comme le montre une lettre de Veuillot à la comtesse, le 26 mai 1856. Voir Correspondance, Tome IV (août 1852-juin 1856), p. 391.
8 Correspondance, Tome V, p. 41.
9 M. J. Rouet de Journel, Une russe catholique, Mme Swetchine, p. 347.
10 Voir Anatole de Ségur, Souvenirs et récit d’un frère, tome 2, p. 181.
11 Lettre du 13 août 1867, Lettres de Mgr de Ségur à ses filles spirituelles.
12 La Comtesse de Ségur, ou la mère médecin, p. 49.
13 Louis Veuillot, « Paris-Rome », Les Odeurs de Paris, Palmé, 1867.
14 On doit à Laura Kreyder d’avoir attiré l’attention sur ce point fondamental.
15 Souvenirs et récit d’un frère, p. 186.
16 Extrait de L’Univers, édité chez Poussielgue frères en 1865.
17 Voir les très intéressantes variantes relevées par Claudine Beaussant dans le tome 3 de son édition chez Robert Laffont.
18 Gounod, qui sera un familier des Nouettes, écrit dans ses Mémoires d’un artiste, publiés après sa mort chez Calmann Lévy (1896) qu’il rencontre à Rome, pour la première fois, Gaston de Ségur « alors attaché d’ambassade, devenu, depuis, le saint évêque que tout le monde sait, et que j’ai eu le bonheur de compter au nombre de mes plus tendres et plus fidèles amis. » (p. 113)
19 Voir Jean Glénisson, « Le Livre pour la jeunesse », p. 417, et dans le même ouvrage, la première partie consacrée à « L’Envol de la production ».
20 Maurice Crubellier, « L’Elargissement du public », Histoire de l’édition française, p. 103.
21 Cité par Claude Savart, Les Catholiques de France, p. 242.
22 Zénaïde Fleuriot, sa vie, ses œuvres, sa correspondance, p. 140.
23 « Le Livre pour enfants », p. 420.
24 La Vie ouvrière à Lille sous le Second Empire, p. 268-269.
25 Voir A. Parménie et C. Bonnier de La Chapelle, Histoire d’un éditeur et de ses auteurs : P.-J. Hetzel, Paris, 1953, p. 489.
26 Pierre Pierrard, La Vie ouvrière à Lille sous le Second Empire, p. 272.
27 Jean Glénisson, « Le Livre pour la jeunesse ».
28 Melle Eulalie B., Valentine ou l’ascendant de la vertu, Lefort, Lille, 1857 (3ème édition), p. 11.
29 La rencontre avec la pauvreté s’effectuait dans Les Veillées instructives et amusantes et se retrouvera dans Mon petit Trott d’André Lichtenberger. Face à cette représentation de la bonne conscience, il faut citer Petit Bob, de la très réactionnaire mais clairvoyante Gyp :
« bob : Oh ! oui allez !!! Ainsi, c’matin, j’l’ai été grondé, c’matin ! deux fois, que j’l’ai été !
le monsieur : Et pourquoi cela ?
bob : La première fois, c’était pour treize fautes dans quatre lignes. Après, c’est pour avoir... donné quelque chose à un pauvre... par la fenêtre.
le monsieur : Vraiment, vous avez été grondé pour avoir donné à un pauvre ?... Et que lui aviez-vous donc donné ?
bob : Ah ! justement, c’est que voilà ! c’est ma tasse de chocolat que j’lui ai jetée du second... nous étions au second... Alors il paraît qu’ça n’a pu lui servir... au contraire... ça l’a mouillé ; et il m’a appelé méchante gale, moi, j’ne suis pas méchant, nous allions déjeuner et il criait comme ça, en bas : « j’ai faim... J’ai rien mangé... (Il imite le pauvre). »
30 Anatole de Ségur, Monseigneur de Ségur, p. 60.
31 Monseigneur de Ségur, Tome II, p. 165.
32 Une russe catholique, Mme Swetchine, p. 363.
33 Pierre Vallin, « Le Curé d’Ars en son temps », Etudes, Tome n° 3, septembre 1986, p. 257-266.
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