Chapitre 7
Aimance
p. 85-92
Texte intégral
Le château ségurien et son parc ne sont pas absolument fermés. On y va, on en vient, ils ont des voisins, et ils s’accordent à la définition du jardin tel que l’a donnée Robert Mauzi pour le XVIIIème siècle : « On peut y vivre sur un mode intermédiaire entre la clôture et la communication. » Certes, pour s’assurer une jouissance tranquille, « on dresse des palissades », on « élève des murs », et « l’enclos s’établit » ; le jardin délimite alors une zone précieuse, un domaine étroit et fermé, protégé contre l’invasion du monde, mais où l’existence devient conscience d’une sécurité, où l’on se trouve heureux parce qu’on proportionne ses désirs à ses forces et à son état1.
1Le château constitue un modèle d’habitat parce que, intime et spacieux à la fois, il favorise une éducation domestique. Il a son autonomie, étant écarté de toute autre demeure, des maisons du village comme des autres châteaux : dans François le Bossu, on va d’un château à un autre comme s’il n’y avait rien entre eux. Mais les demeures des héros les plus modestes bénéficient également d’un isolement plus ou moins grand, que ce soit celle de Gribouille, à l’écart du village, celle du père Thomas dans La Fortune de Gaspard, ou celle des Bonard dans Le Mauvais génie. Il semble qu’il faille éviter la promiscuité, et tout rassemblement de maisons ne peut que donner un sentiment de misère : dans Pauvre Blaise, les Anfry, aussi pauvres qu’ils soient, ne sont pas confondus dans la masse des villageois, parce qu’ils sont concierges du château et vivent donc à l’écart. Lorsque Blaise se mariera, il recevra en cadeau du comte de Trénilly une « jolie maison au bout du village, tout près du château ».
2En 1857, Les Petites filles modèles atteignent d’emblée un point d’équilibre qui doit beaucoup au lieu mais aussi aux personnages et à leur âge, situé après la petite enfance. Ils ont grandi, mais pas trop, ils ne sont plus soumis à leur violence première et ne connaissent pas encore celle des désirs adolescents. Dans le sillage de Freud, mais avec des mots plus proches de l’esprit ségurien, Edouard Pichon parle de « stade de décharnalisation » : « le caractère essentiel de ce stade, c’est que l’aimance s’y libère de ses attaches charnelles2. » Ce terme d’« aimance », fleurant bon la vieille France, nous semble convenir pour définir le sentiment qui unit Camille et Madeleine, aussi bien que celui de Sophie pour Paul. Sentiment lié à une sorte de tranquillité que perdra l’adolescent, ou l’adulte, mais que ne connaît pas encore le bébé. Car,
L’enfant, d’autre part, apprend à consommer une part de plus en plus grande de son aimance sous la forme oblative, c’est-à-dire que cette aimance sait s’écouler vers ses objets en leur laissant leur indépendance. De chose, l’objet est devenu personne.
L’amour est désormais possible.
Et, de fait, la phase dite de latence est celle où se situent du point de vue affectif, les grandes amours sentimentales puériles3.
3On notera qu’une récente traduction de Freud, en 1988, recourait à des mots comme « aimance », jugés plus proches de l’esprit originel du texte. Mais ce qui ressort, c’est le privilège accordé à un âge qui n’est pas encore embarrassé par l’appel de la sexualité tout en étant libéré de la violence primitive du poupon. On n’a peut-être pas assez remarqué combien le bébé est absent de l’univers romanesque de la comtesse. Nous n’y assistons à aucune naissance, et ignorons tout des premiers mois. Cette absence est à mettre en relation, avec la violence œdipienne qui caractérise les premières années de l’enfant. Lorsqu’il grandit, comme l’indique Pichon, « le complexe d’Œdipe se liquide en libérant l’élément érotique, charnel, en le détachant de la mère du sujet ; cette liquidation efface du même coup les éléments négatifs vis-à-vis du père. De sorte que les deux affections filiales se trouvent épurées, et que l’accession à l’amour intersexuel est préparée »4On peut interpréter cet « épurement » de l’œuvre de la comtesse comme l’effet d’une censure, mais aussi comme une recherche de paisibilité, dont le triple ancrage dans la féminité, l’aristocratie et la religion, assurent la permanence. Le but n’est pas en effet de conduire le monde ou de le conquérir, mais d’apprendre à être en accord avec lui tout en étant en paix avec soi-même.
4A l’intérieur du château, la disposition des pièces et des appartements autorise une autonomie assez grande de chacun des membres de la famille. Si la comtesse ne prend jamais la peine d’établir un plan détaillé de la maison, les circulations qu’elle suggère permettent de l’esquisser. Au début des Vacances, quand tout est en l’air au château de Fleurville, les petites filles vont et viennent, montent et descendent l’escalier, courent dans les corridors, tandis que les mamans attendent plus calmement dans un salon qui donne sur le chemin d’arrivée. Pour atteindre le perron, les voitures, après avoir passé la barrière, entrent dans un bois. Une fois calmées les premières effusions, les cousins et cousines sont montés dans leurs appartements, comme le lecteur peut le déduire puisqu’on leur demande ensuite de descendre :
“Mes enfants, mes enfants ! descendez vite ; venez goûter”, dit Mme de Fleurville qui était restée en bas avec ses sœurs et ses beaux-frères. Les enfants ne se firent pas répéter une si agréable invitation ; ils descendirent en courant et se trouvèrent dans la salle à manger, autour d’une table couverte de fruits et de gâteaux.
5Le château fleurvillien, en affirmant la présence de l’enfant qui n’est plus relégué dans les communs, en délimitant pour lui un espace privé, anticipe sur un modèle d’habitat devenu commun à toutes les classes de la société et qui ne se généralisera que dans la seconde partie du xxème siècle. Alors qu’en 1873 L’Histoire d’une maison, de Viollet-le-duc, aborde à peine la question de la chambre des enfants, celle-ci apparaît aujourd’hui comme un lieu obligé de la maison familiale, assurant à son occupant une autonomie de plus en plus affirmée mais aussi de plus en plus prolongée, que la comtesse ne pouvait prévoir. Ainsi, le château est-il d’abord montré comme un espace où l’on peut circuler, dans tous les sens, un espace aéré avec son escalier et ses corridors, mais un espace qui ménage aussi des lieux de repliement, les grandes personnes pouvant échapper à l’agitation puérile dans un petit salon, tandis que les enfants se remémorent dans leur(s) chambre(s) les bêtises des vacances passées. Complémentairement, le perron, l’entrée et la salle à manger favorisent la réunion, les enfants mangeant avec les parents, au contraire des règles de l’ancienne éducation. Quant aux chambres, elles regroupent généralement les enfants deux par deux, avec une bonne, et figurent comme lieux de repos, de travail et de prière, après une soirée qui se passe au salon, à écouter par exemple l’histoire du naufrage de Paul.
6L’étanchéité des diverses pièces, qui ne communiquent pas directement, la diversité de leurs fonctions, tout cela va de pair avec une autre étanchéité, qui est celle des âges. Pour énumérer leurs anciennes bêtises, « ce pauvre crapaud que nous avons mis sur une fourmilière », « ce petit oiseau que je t’avais déniché, et qui est mort parce que je l’avais trop serré dans mes mains », les enfants sont montés hors de portée des parents mais sans que la comtesse éprouve le besoin de le préciser. Il va de soi que les enfants, tout en restant proches des parents, s’écartent selon une sorte d’accord tacite. Même dans l’appartement parisien des Ségur, les choses se passaient ainsi lors des réceptions, si l’on en croit le chanoine Cordonnier : « Pendant que les “grands” discutaient, ainsi, dans le salon voisin, séparés par des portières relevées pour que les parents puissent sans que ceux-ci s’en doutassent surveiller leurs jeux, les “petits” prenaient leurs ébats5. »
7L’enfant n’est donc libre qu’illusoirement, à la fois rapproché et séparé par ces portières relevées qui permettent une surveillance constante mais distraite et intermittente. L’enfance est ici l’âge de la proximité, pendant lequel on ne pense pas encore à partir quand on s’est déjà un peu écarté.
8Dans L’Auberge de l’Ange gardien, la première satisfaction de Mme Blidot, en recueillant deux petits garçons, c’est de gagner une charge, une responsabilité : « D’abord il me les faut coucher pas loin de moi et de ma sœur. » L’espace protégé n’est-il pas celui où l’enfant sait qu’un regard légèrement distrait mais présent veille sur lui ? Regard souvent relayé par l’oreille, plus discrète : « Jacques et Paul disparurent dans le jardin ; on les entendait rire et jacasser. »
9Chez Balzac, dans la lettre 45 des Mémoires de deux jeunes mariées, un hymne au doux servage de la maternité, Renée de L’Estorade professait une présence constante de la mère auprès de ses enfants, seul moyen pour ces enfants d’évoluer en liberté et en sécurité. « Après tout, je n’ai pas à me plaindre : mes deux enfants sont robustes, libres, et ils s’amusent à moins de frais qu’on ne pense. Ils sont heureux de tout, il leur faut plutôt une liberté surveillée que des joujoux. Quelques cailloux roses, jaunes, violets ou noirs, de petits coquillages, les merveilles du sable font leur bonheur... »
10Dans la lignée des réflexions de Michel Foucault, on peut sentir cette protection de l’enfance comme une surveillance et une répression de tous les instants, s’exerçant autant sur les moments de jeux que de travail, et certains proposent aujourd’hui d’envisager les enfants comme un groupe social dominé, l’enfance étant définie par ce dont elle est exclue6. Dans cette perspective, la littérature enfantine, en dehors même d’une intention éventuellement édifiante, participe par nature de cette exclusion, puisqu’elle adresse aux enfants des messages « filtrés », ne laissant passer que certains aspects de la vie. Dans un article repris par la revue annuelle Le Temps de la réflexion, Joshua Meyrowitz oppose ainsi à la littérature enfantine la télévision, présentée comme le médium du partage qui recrée une sociabilité dans chaque famille. Alors que la complexité du message écrit exige un apprentissage particulier et tient les plus jeunes enfants à l’écart de l’imprimé, la télévision, parce qu’elle n’a pas de code d’accès spécifique, fait éclater les contrôles. Grâce à elle, l’enfant est en contact avec les sujets qui lui étaient interdits, le sexe, le crime, la mort, tandis que l’adulte, délivré d’une obligation de réserve devenue impossible à tenir, cultive plus facilement des valeurs d’enfance. En regard de cette situation nouvelle, la littérature enfantine, s’appuyant sur des capacités progressivement installées chez l’enfant, constituerait « une sorte de ghetto informationnel, à la fois isolé et isolant7. »
11Mais peut-être l’enfance ne peut-elle se percevoir qu’au travers d’un système d’exclusions, qui peuvent varier selon le temps, et porter sur la liberté, le sexe, l’argent... D’où la possibilité d’une lecture polémique appliquée à la littérature enfantine, par définition fondée sur une coupure et une censure. Encore faudrait-il voir qu’à l’invention de l’enfance répond en quelque sorte une invention de l’âge adulte, lui aussi défini par ce qui lui est désormais interdit. Ainsi Philippe Ariès note-t-il que sous l’Ancien Régime les adultes s’adonnaient à des jeux qui seront ensuite réservés aux enfants. Au début du XVIème siècle, des tapisseries montrent des paysans et des gentilshommes en train de jouer à la main chaude ; parties de boules de neige, de colin-maillard ou de cache-cache, tous ces divertissements étaient partagés jusque parmi les Grands de ce monde8. Jouer est donc devenu une occupation et une valeur d’enfance, une aptitude perdue par l’adulte, et notamment par le bourgeois, à une époque qui n’a pas encore inventé les activités sportives. Seul celui qui a gardé son âme d’enfant sait encore jouer, dépenser son temps sans souci du profit, mais il ne le fait qu’autorisé par la présence de ses enfants. Au château de Fleurville, les parents acceptent avec joie de participer aux activités des enfants, construction de cabanes, parties d’ânes ou jeux de cache-cache. Dans ses Contes du chat perché, Marcel Aymé, au contraire, fera grogner ses parents désagréables : « Toujours jouer, grommelaient les parents, toujours s’amuser. Des grandes filles comme ça. Vous verrez que quand elles auront dix ans, elles joueront encore. »
12Mais des parents qui jouent avec leurs enfants ne jouent pas tout à fait, ils témoignent d’une disponibilité et d’une haute évolution, le mode de vie aristocratique à la campagne apparaissant comme une existence privilégiée qui permet aux valeurs d’enfance de se maintenir dans l’âge adulte. Il n’en demeure pas moins que grandir, c’est perdre quelque chose, et l’on s’éloigne durablement d’une conception ancienne, datant du Moyen-Age, qui situait l’enfant du côté du péché originel, et pour laquelle grandir était une façon de quitter son état abject. Il faudrait moins parler de l’invention de l’enfance que de l’invention de l’âge adulte, qui va imposer des obligations, une gestion de l’existence à laquelle l’enfant est encore soustrait... Dès lors, ces contraintes venues de la vie sociale, s’il faut les enseigner à l’enfant, régissent d’abord le comportement des adultes. La comtesse de Ségur aurait pu écrire Les Parents modèles, elle qui avait pensé à La Mauvaise mère pour François le bossu, car c’est aussi et peut-être d’abord, de la retenue de l’éducateur qu’elle traite, illustrant et contredisant tout à la fois une des propositions de Joshua Meyrowitz, pour qui la littérature enfantine ne montrerait que des parents apparemment sûrs d’eux-mêmes. Mme de Fleurville tend à s’abolir dans sa maternité, elle n’est plus rien en dehors de son rôle de mère, et ne laisse transparaître aucune faiblesse. Au contraire, une mauvaise mère s’abandonne à ses pulsions, comme un enfant.
13A la mère s’impose une obligation de rigueur, de constance, une absence de faiblesse. Mais une contrainte plus forte encore, bien plus tyrannique, pèse sur elle, toujours tenue de se contenir, de ne jamais s’égarer dans la colère. Une contrainte de douceur, qui est à sa façon une violence exercée sur les femmes et que la comtesse a sans doute senti peser sur elle-même. Un des personnages les plus odieux du monde ségurien, Mme Fichini, la belle-mère de Sophie, se distingue par des fureurs irrésistibles, par une absence totale de contrôle, et cette brutalité qui gît en chacun de nous peut apparaître comme une aliénation, – Mme Fichini est littéralement une forcenée –, mais aussi comme une possibilité de secouer les chaînes de la respectabilité, de la bienséance et de la mesure. Son prénom, Fédora, semble connoter quelque accointance avec la sorcellerie, mais elle est en même temps lourde, épaisse, et bien éloignée de toute magie, si bien qu’il faut y mettre beaucoup du sien pour en faire un symbole de rébellion féministe.
14A la fin de son étude Les Pères et les enfants au XIXème siècle, Ernest Legouvé note, à côté de « la prédominance et de la supériorité du principe de l’affection », « l’avènement de la doctrine d’individualité » et « le développement de plus en plus marqué de la vie commune entre les parents et les enfants », conduisant à une double éducation, « de l’enfant par le père et du père par l’enfant ». Il revient à la littérature enfantine d’illustrer cette éducation double où les parents sont autant sanctionnés que les enfants, et où l’ancienne politesse est supplantée par d’autres qualités, plus intérieures, moins portées vers la représentation en société. M. Dormère, mauvais père et mauvais tuteur qui a causé son propre malheur, dans Après la pluie le beau temps, par sa faiblesse coupable à l’égard de son fils Georges et par ses injustices perpétuelles, est tombé si bas qu’il est obligé de quitter sa propre maison, donc condamné à l’exil.
15Diloy le chemineau propose de nombreux entretiens sur l’éducation, occasionnés par les nombreuses « rechutes » de Félicie, orgueilleuse et dédaigneuse. En dépit des échecs successifs, sa mère, Madame d’Orvillet, tient bon et entend la corriger par la douceur, contrairement aux avis de son frère qui lui conseille « un bon coup de pied... à la chute des reins ». Mme d’Orvillet doit donc faire aussi l’éducation de son frère, une sorte de Dourakine en plus civilisé, et le convaincre des avantages de la douceur dans l’éducation. Dans Quel amour d’enfant, toute la famille se ligue pour assister Léontine, soumise aux colères de sa fille, qui expose lucidement les données de la situation :
giselle : Mais ma tante, quand je résiste, on me cède presque toujours.
madame de monclair : Pas toujours, ma pauvre fille ; tu vois bien que maman n’a pas cédé ces jours derniers. Et plus tu grandiras, moins maman te cédera.
giselle : Mais papa oblige maman à me céder.
16Comment éduquer ? telle est la question. L’éducateur doit lui-même être formé, conseillé, entraîné. En 1801, le pédagogue suisse Pestalozzi avait publié Comment Gertrude instruit ses enfants, un « essai pour apprendre aux mères à instruire elles-mêmes leurs enfants », que Michelet appela « l’Evangile de Pestalozzi ». Si l’ouvrage est d’abord occupé de l’éducation du peuple, la treizième lettre, consacrée aux « sentiments moraux », pourrait servir d’épigraphe à la littérature selon la comtesse. Pestalozzi y écrit que les sentiments moraux, amour, confiance, reconnaissance, obéissance, naissent chez l’enfant de ses rapports avec sa mère, et qu’il les étend plus tard à la Divinité, quand sa mère lui a donné la notion de Dieu. Tout son propos annonce déjà l’idée de Winnicott, d’une mère « suffisamment bonne », c’est-à-dire présente et rassurante, mais non dévoratrice. Confiance et disponibilité, deux principes fleurvilliens par excellence, Pestalozzi les énonce déjà au tout début du XIXème siècle :
Je me demande donc : d’où vient que j’aime les hommes, que j’ai confiance en eux, que je leur suis reconnaissant et que je leur obéis ? Comment les sentiments sur lesquels reposent essentiellement l’amour et la reconnaissance pour les hommes, la confiance en eux, comment les qualités par lesquelles se développe l’obéissance humaine, arrivent-ils à faire partie de ma nature ? Et je trouve qu’ils ont leur principale origine dans les relations qui existent entre la mère et son petit enfant.
Il faut que la mère prenne soin de son enfant, le nourrisse, lui donne la sécurité et le contentement [...] Elle est là quand il a faim, elle lui donne à boire quand il a soif. Il se tait lorsqu’il entend le bruit de ses pas, il tend les mains lorsqu’il la voit [...] L’enfant connaît le pas de sa mère, il sourit à son ombre, il aime qui lui ressemble ; un être qui ressemble à mère est pour lui un être bon.
17Une éducation bien dirigée, comme celle de Mme de Fleurville, situe les expériences dans les limites supportables pour l’enfant, dans ce que certains psychologues appellent aujourd’hui, à la suite de Vygotski, « aire proximale de développement » ou encore « zone de proche développement » : l’enfant n’apprend pas seul, mais en coopération avec l’adulte, qui complète, soutient, aide à organiser, avant de laisser faire9. Tout à Fleurville nous dit comment peut être assuré ce rôle d’une médiatrice qui ouvre au monde et à l’amour du monde, à l’« aimance », que d’autres, comme M. Dormère, ne sauront jamais éprouver ni susciter, bien qu’il vive, et sans doute par antiphrase, dans un château qui porte le nom de « Plaisance ».
Notes de bas de page
1 L’Idée du bonheur au XVIIIème siècle, p. 370.
2 Le Développement psychique de l’enfant et de l’adolescent, p. 117.
3 Id., p. 118.
4 Id., p. 117.
5 La Comtesse de Ségur, l’idéale grand-mère, p. 186.
6 Voir par exemple le n° 31-32 de la revue EspacesTemps, L’enfant n’existe pas. Approche d’une condition humaine, 1985.
7 Joshua Meyrowitz, « L’Enfant adulte et l’adulte enfant », Le Temps de la réflexion n° VI, 1985.
8 L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, p. 103.
9 Vygotski, Pensée et langage, 1934 (Editions Sociales, 1986).
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