1 Il s’agit de ce que l’on appelle plus communément la King James version, qui a longtemps fait autorité au sein de l’Église d’Angleterre.
2 « The Bible teaches that woman brought sin and death into the world, that she precipitated the fall of the race, that she was arraigned before the judgment seat of Heaven, tried, condemned and sentenced. Marriage for her was to be a condition of bondage, maternity a period of suffering and anguish, and in silence and subjection she was to play the role of a dependent on man’s bounty for all her material wants, and for all the information she might desire on the vital questions of the hour, she was commanded to ask her husband at home. Here is the Bible position of woman briefly summed up. »
3 « Whatever the Bible may be made to do in Hebrew or Greek, in plain English it does not exalt and dignify woman. »
4 « Why is it more ridiculous for woman to protest against her present status in the Old and New Testament, in the ordinances and discipline of the church, than in the statutes and constitution of the state? Why is it more ridiculous to arraign ecclesiastics for their false teaching and acts of injustice to women, than members of Congress and the House of Commons? »
5 « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme » (Bible Louis Segond). J’ai choisi d’utiliser, dans cet extrait et les suivants, la traduction française de la Bible Louis Segond pour ses similarités avec la Revised Standard Version. On ne saurait toutefois pas la considérer comme une « traduction » de la RSV. Notons par ailleurs que la Nouvelle Bible Segond (1987) est plus inclusive que la première, comme en témoigne 1:27 : « Dieu créa les humains à son image : il les créa à l’image de Dieu ; homme et femme il les créa. »
6 « Alors l’Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. L’Éternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena vers l’homme. Et l’homme dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! On l’appellera femme, parce qu’elle a été prise de l’homme. » (Bible Louis Segond)
7 « The first account dignifies woman as an important factor in the creation, equal in power and glory with man. The second makes her a mere afterthought. »
8 Une version antérieure d’Entête de Chouraqui propose un texte différent : « Elohim crée l’homme en sa forme / en forme d’Elohim il le crée. / Mâle et femelle, il les crée. » (Chouraqui 1975 : Entête 1 27)
9 Il faut restituer la neutralité de cette phrase en traduction sans références genrées en français. Je propose : « Il n’est pas bon que la créature soit seule ; pour l’aider, je lui fabriquerai un être semblable ».
10 La Bible Louis Segond, comme la majorité des Bibles françaises consultées, indique : « L’Éternel Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je lui ferai une aide semblable à lui. » (Louis Segond, Genèse 2:18)
11 « L’homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n’en avaient point honte. » (Louis Segond, Genèse 2:25)
12 « Et l’Éternel Dieu le chassa du jardin d’Éden, pour qu’il cultivât la terre, d’où il avait été pris. » (Louis Segond, Genèse 3:23)
13 « Yahvé modela une créature à partir de l’argile de cette terre et souffla dans ses narines le vent de la vie. Regardez maintenant l’homme devenir créature de chair. »
14 « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, dit Yahvé. Je lui ferai une créature partenaire qui restera à ses côtés. »
15 La Bible Louis Segond indique pour ces versets : « Il dit à la femme : J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi / Il dit à l’homme : Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel je t’avais donné cet ordre : Tu n’en mangeras point ! le sol sera maudit à cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie. »
16 « Multipliez-vous ! Je multiplierai tes douleurs et tes conceptions / Dans les douleurs tu engendreras des fils » (Genèse 3:16) ; « Maudit est le sol pour toi / Dans les douleurs tu en tireras la nourriture / tous les jours de ta vie. »
17 « I shaped a child equally with Yahweh / I created a man together with God. »
18 François Vouga, théologien spécialiste du Nouveau Testament, émet aussi dans L’évangile d’une femme (2021) l’hypothèse que l’Évangile de Marc ait été rédigé par une femme de lettres au Ier siècle.
19 Le terme français équivalent le plus usité serait l’oxymore « discrimination positive », également utilisé au Royaume Uni (« positive discrimination »), qui porte des connotations négatives que n’a pas l’américain « affirmative action ». Nous lui préfèrerons donc l’équivalent, privilégié par le Québec, d’« action positive ». Voir [http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=2068644], consulté le 22 août 2021.
20 « feminist and womanist retellings, re-versions, re-visions, through attached commentaries and through ways yet unthought of ».
21 La Bible Louis Segond indique pour ces versets : « Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée » ; « qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » ; « […] parce que nous mettons notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes, principalement des croyants ».
22 La Bible Louis Segond utilise ici le mot « esclave ».
23 Ici en revanche, la Bible Louis Segond, ainsi que d’autres, propose le mot « serviteur » pour traduire « doulos » : « Serviteurs, obéissez à vos maîtres selon la chair, avec crainte et tremblement, dans la simplicité de votre cœur, comme à Christ. »
24 Les approches féministes de la Bible continuent aujourd’hui à se développer, que ce soit au niveau de la traduction ou de l’analyse des textes, et le travail des théologiennes féministes décrit dans ce chapitre est désormais mieux connu. En français, un collectif de théologiennes protestantes et catholiques a notamment publié en 2018 Une bible des femmes, ouvrage dans lequel « vingt théologiennes relisent des textes controversés » dans une démarche de vulgarisation scientifique, en recourant à la traduction pour justifier leur démarche et leurs arguments. Le séminaire FELiCiTE (Féminismes En Ligne : Circulations, Traductions, Editions) du 8 février 2021 propose quant à lui une conférence de Claire Placial intitulée « Traduction et exégèse féministe dans les Bible Studies » [https://felicite.hypotheses.org/3366], consulté le 20 juillet 2022, dans laquelle on trouvera un panorama historique des enjeux de la traduction de la Bible en contexte féministe. Terminons cette liste non-exhaustive par la parution en 2019 d’une révision de la Bible Nouvelle Français courant (NFC), à laquelle ont participé douze femmes et qui, outre un vocabulaire « adapté » et l’attention portée à la lecture orale, explique « favoriser une lecture moins sexiste ». Voir : [https://servirensemble.com/2020/02/28/la-bible-nouvelle-francais-courant-moins-sexiste/], consulté le 20 juillet 2022.
i Le volume Out of the Garden: Women Writers on the Bible (Christina Buchmann et Celina Spiegel [éd.], New York, Fawcett Columbine, 1994) témoigne du regain d’intérêt du féminisme pour la Bible. De nombreuses écrivaines, de Louise Erdrich, à Marina Warner en passant par Ursula Le Guin, Cynthia Ozick et Faye Weldon, utilisent la mémoire et l’imaginaire pour appréhender les personnages bibliques. Même si pour certaines, la Bible reste à jamais nimbée des brumes de l’enfance, d’autres l’utilisent pour aborder des questions éthiques essentielles.
ii Voir en particulier la série intitulée The Feminist Companion to the Bible, éditée par Athalya Brenner et publiée par Sheffield Academic Press. Des volumes consacrés à la Genèse, au Cantique des cantiques et au Livre de Ruth ont déjà paru [ndlt : il y en a plus de quinze à ce jour], chacun d’entre eux rassemblant les résultats probants des relectures critiques de ces textes par les féministes.
iii Les biblistes allemands du xixe siècle ont identifié quatre strates principales dans le Pentateuque : le document yahviste (J), sans doute la source la plus ancienne, qui remonterait au dixième siècle avant J.-C., le document élohiste (E), datant approximativement du neuvième siècle avant J.-C., le document deutérocanonique (D), qui pourrait remonter au septième siècle avant J.-C., et le document sacerdotal (P), source la plus récente, considérée comme représentative des traditions sacerdotales des sixième et cinquième siècles avant J.-C. (Pardons 1992 : 3). Ilana Pardes utilise les deux voix dans l’histoire de la Création pour les opposer, considérant l’histoire sacerdotale comme une réinterprétation de l’histoire yahviste (ibid. : 4).
iv Il y a toutefois des exceptions à cela, comme le montre son étude approfondie du sens de « betulah », généralement traduit par « vierge », ou de celui de « pilegesh », traduit par « concubine ». Bal postule que les mots dans la Bible peuvent se comporter comme des « rochers errants », « des fragments de discours qui […] ressemblent à ces moraines qui se sont déplacées avec les glaciers pour se retrouver en un lieu étranger où elles ont fait l’objet d’un usage différent de celui qu’elles avaient à l’origine ». C’est de cette manière que « les mots ont circulé dans la culture [biblique] », emportant avec eux leur signification antique et étrangère. Ce serait le cas de « betulah » qui, ici, dans le Livre des Juges, en vient à exprimer une « phase de maturité de la vie » (Bal 1990 : 22-27).
v Paul Ellingworth a publié des statistiques qui montrent une diminution progressive des formulations masculinistes dans la Bible. Là où l’Authorized Version de 1611 (Bible du roi Jacques) traduisait 63 % des occurrences d’« anthropos » par « man » (plutôt que par « human », « people », etc.), la Good News Bible de 1984 n’utilise cette formulation que dans 24 % des occurrences (Ellingworth 1987 : 50). Il souligne ainsi la sensibilisation croissante aux références masculines sans objet (ibid. : 52).
vi Oxford University Press a publié en 1995 The New Testament and Psalms: A New Inclusive Translation. D’après plusieurs revues de presse sur cette traduction (l’ouvrage n’était pas disponible au Canada au moment de la rédaction de ce travail), « God the Father-Mother » (Dieu le Père-Mère) remplace « God the Father » (« Dieu le Père ») et « The Son of Man » (« le Fils de l’Homme ») est devenu « The Human One » (« l’Humain »). Alors que la lettre de Paul aux Éphésiens enjoignait traditionnellement les épouses à être soumises à leur mari (« be subject to your husbands »), il leur est maintenant demandé de leur être attentives ou dévouées (« [be] committed to their husbands ») (Abley 1995).