1 « It seemed appropriate enough that the afterlife would exceed the origin, the translation outflank[ing] the original. »
2 « It seems, in retrospect, as though literary criticism in the United States had long been on the lookout for someone to be unfaithful with. »
3 Au sens américain du terme, c’est-à-dire ouvert, généreux et tolérant.
4 Ce texte est paru en français pour la première fois en 1975 dans un numéro spécial de L’Arc consacré à « Simone de Beauvoir et la lutte des femmes ». Il est traduit vers l’anglais dès 1976 et est régulièrement republié dans cette langue. En revanche, il ne sera plus réédité en français jusqu’en 2010, date à laquelle les éditions Galilée décident de republier ce « manifeste » qui depuis a « fait le tour du monde […] et [a] fait de leur auteur l’une des chefs de file du “New French Feminism” ». [http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=3308].
5 « the difficulty of transplanting a text like “The Laugh of the Medusa” to an American classroom where Cixous’ complex dialogue with Derrida (not to mention Derrida’s with Lacan) left the students “very excited, very frustrated, very dislocated.” »
6 Il ne s’agit pas encore de ce qui deviendra la « French Theory » (voir Cusset 2003). Je traduis donc cette expression en français lorsqu’elle fait référence à une conception de la théorie française antérieure à sa “canonisation”, avant qu’elle ne prenne cette définition de théorie américaine aux tendances déformantes élaborée à partir de certains éléments de théorie française et qu’elle ne soit reconnue comme un « produit d’importation américain », un « corpus d’œuvres cohérent » ou « une communauté de lectures critiques et de lecteurs dissidents » (Alfandary 2019 : 214).
7 Smith College (Northampton, Massachusetts) fait partie des Seven Sisters, regroupement de sept universités féminines prestigieuses qui ont vu le jour dans les états du Nord-Est des États-Unis entre 1837 et 1889 pour promouvoir l’éducation des femmes.
8 Depuis la publication de Gender in Translation, une nouvelle traduction américaine du Deuxième sexe a été publiée, qui rétablit l’intégralité du texte de Beauvoir sans pour autant s’éviter les foudres des critiques. Voir à ce sujet l’article de Toril Moi, « The Adulteress Wife » publié dans The London Review of Books du 11 février 2010 [https://0-www-lrb-co-uk.catalogue.libraries.london.ac.uk/the-paper/v32/n03/toril-moi/the-adulteress-wife] et ses nombreuses réactions critiques. L’opportunité de cette deuxième traduction avait souvent été évoquée, mais c’est l’article de Sarah Glazer, « Lost in Translation », publié le 22 août 2004 dans le New York Times [https://www.nytimes.com/2004/08/22/books/essay-lost-in-translation.html] qui semble-t-il aura persuadé la maison d’édition (Knopf) de l’entreprendre (voir le compte rendu de René Lemieux à [http://resistancesemiotique.org/?s=Beauvoir&submit=Search]) repris dans [https://trahir.wordpress.com/2014/10/27/lemieux-beauvoir/] : « C’est peut-être la parution de l’article “Lost in Translation” de Sarah Glazer dans le New York Times le 22 août 2004, et donc de la publication – au sens de rendre public – de ce débat qui était demeuré jusque-là dans le cercle fermé des spécialistes du féminisme, qui mettra suffisamment de pression sur l’éditeur pour qu’il accepte le principe d’une retraduction »).
9 Ce texte, lu en français, sera ensuite publié aux Éditions du Seuil en 1967 dans L’Écriture et la différence. Il sera ensuite traduit sous le titre « Structure, Sign and Play in the Discourse of the Human Sciences », d’abord par Richard Macksey en 1970 dans un volume co-édité par Richard Macksey et Eugenio Donato : The Structuralist Controversy: The Languages of Criticism and the Sciences of Man (John Hopkins University Press), puis en 1978 par Alan Bass dans sa traduction de L’Écriture et la différence : Writing and Difference (University of Chicago Press).
10 « Freeplay », littéralement « libre jeu », traduit la notion de « jeu » développée par Derrida lors de sa conférence. Voir plus bas.
11 Sur le sujet de l’avènement de ce mouvement intellectuel aux États-Unis, voir également la partie que lui consacre François Cusset dans French Theory (« L’invention du poststructuralisme (1966) », p. 38-42).
12 Cusset parle aussi de l’idéologie « antihumaine » qu’utilise l’extrême gauche pour qualifier « ces “jeux de langage spectaculaires” d’intellectuels français » (2003 : 42).
13 Simon joue sur les termes « subject » et « matter » : « the very subject – and matter – of Derrida’s work ».
14 « And “Derrida himself” before long was to be observed speaking in conference halls across the nation, delivering texts written in and for another’s English translation, like a dubbed version of some lost original, like a player in his own comedy, like a ventriloquist to his own voice. »
15 En français dans le texte.
16 « Derrida’s theory and practice of écriture, indeed, occupy the very point at which philosophy and translation meet. »
17 « The abuses in the French text are commonly lost; the translation rarely produces any telling effects of its own; the special texture and tenor of Derrida’s discourse gets flattened out in an English that shies away from abnormal, odd-sounding constructions. »
18 « Translation is an art of compromise, if only because the problems of translation have no one solution and none that is fully satisfactory […]. There was consolation for so much effort to so little effect in that whatever we did, we were bound to exhibit the true principles of translation announced in our text. »
19 « [reproducing the] scene of linguistic castration – which is nothing other than a scene of impossible but unavoidable translation and normally takes place out of sight, behind the conscious stage ».
20 « those members of the Anglo-American feminist academy who could not read French happily continued writing as if Cixous were still laughing at the Medusa, being newly born day after day ».
21 Il faut aujourd’hui compléter cet inventaire. En 1994 paraît chez Routledge The Hélène Cixous Reader édité par Susan Sellers et depuis 1997, une vingtaine de titres de Cixous est désormais publiée. Notons également la bibliographie en langue anglaise établie en 2002 par Marcel Swiboda [« A bibliography of Hélène Cixous’ works available in English translation », Oxford Literary Review Vol. 24, Reading Cixous Writing (2002), p. 217-224], qui gagnerait à être pleinement mise à jour, mais dont le mérite est de faire apparaître, outre le petit nombre de monographies traduites, un nombre impressionnant de republications de plusieurs articles de Cixous.
22 « [a text that] exposes its own fault, faultiness, an internal rift, across the figure of the orange, a beginning displaced, occupying the place of Iran, of I, of woman, of the body through which the voice passes ». Sharon Willis joue ici sur fault / faultiness, ainsi que sur I / Iran / I ran.
23 Même si les pages qui suivent sont consacrées aux traductrices de Cixous, on trouve aussi quelques traducteurs (Keith Cohen et Paula Cohen ont publié la première traduction de « The Laugh of the Medusa » en 1976). Ses traductrices les plus connues sont Betsy Wing (The Newly-born Woman 1986 ; The Book of Promethea 1983), Sarah Cornell et Susan Sellers (Three Steps on the Ladder of Writing 1993).
24 « [a] process of accretion, not choosing a single meaning and indulging in wordplay where the disruption could bear the same relation to written English as the “original” did to written French […]. There are difficult words in this book; words that are too-full of sense (direction, meaning, feeling; common, uncommon) to be rendered by any one English word. »
25 En français : Sēmeiōtikē : recherches pour une sémanalyse (1969).
26 L’essai « Éthique de la linguistique », dans Polylogue, comprend un chapitre intitulé « L’éthique de la linguistique », initialement publié en 1974, d’où est tiré l’extrait en question.
27 « S’il lui arrive de s’interroger sur l’éthique de son discours, le linguiste moderne répond en se détournant. » (Kristeva 1977 : 357)
28 Les extraits suivants sont donnés en anglais, suivis de leur traduction en note, pour préserver le raisonnement des traducteur·ices dans leur langue.
29 « Dans le vocabulaire de Kristeva, le plaisir sensuel ou sexuel est rendu par le mot « plaisir » ; la « jouissance » représente la joie infinie ou l’extase (sans aucune connotation mystique) ; de même, la présence du sens (jouissance=j’ouïs sens=j’ai entendu le sens) est implicite dans les rouages du signifiant : il l’exige en même temps qu’il le dépasse. »
30 « La “jouissance” des femmes porte en elle la notion de fluidité, de diffusion, de durée. C’est une sorte de potlatch dans le monde des orgasmes, un don, une offrande, une distribution de plaisir qui ne se soucie ni de fin ni de conclusion. Il est facile d’imaginer comment ces mêmes images pourraient être utilisées pour décrire l’écriture féminine. »
31 « mot utilisé par Hélène Cixous pour désigner ce plaisir de ravissement intense que connaissent les femmes et que redoutent les hommes ».
32 « Ce vocable désigne sans distinction le plaisir en termes orgasmiques, et plus généralement tout plaisir physique non-génital. Parfois traduit par “bliss”, il n’a toutefois pas les connotations religieuses du mot anglais. »
33 « “Enjoyment” transmet le sens contenu dans “jouissance” au sens de la jouissance de droits, de la jouissance de propriété, etc. Malheureusement, en anglais contemporain, ce mot a perdu les connotations sexuelles qu’il conserve encore en français. “Pleasure”, en revanche, traduit exclusivement le mot “plaisir”. »
34 « The reincarnation of this word in the English language has been accompanied by a certain amount of dictionary rattling. Apparently it did indeed exist in the eighteenth century with some of the fullness of current French usage. Total sexual ecstasy is its most common connotation, but in contemporary French philosophical, psychoanalytic, and political usage, it does not stop there, and to equate it with orgasm would be an oversimplification. It would also be inadequate to translate it as enjoyment. This word, however, does maintain some of the sense of access and participation in connection with rights and property. Constitutions guarantee the “enjoyment of rights”; courts rule on who is to enjoy which right and what property. It is therefore a word with simultaneously sexual, political, and economic overtones. »
35 « Had this fuller cultural translation of jouissance been better recognized, we might have been spared over a decade of dismissive American coy righteousness, annoyingly accompanied by repeated accusations of essentialist biologistic determinism and inexplicable fainting spells at the mere mention of the word. The inclusion of glossaries in editions of theoretical texts in translation, it therefore can be argued, involves more than an attempt to account for untranslatable word play. In making the explanatory apparatus an integral part of the project of translation, translators and editors can more fully acknowledge the density of the source text, recognizing the impossibility of separating text from intertext, primary work from interpretation. »
36 « […] all English-language readers could diagram Irigaray’s syntax, parse her riddles, and feel the provocative exasperation that accompanies this retuning of the ear in the process of translation. It is in such exercises that one experiences the extent to which, for Irigaray, grammar plays its part as an agent of change. »
37 On parlerait, en traductologie, d’incrémentialisations.
i Voir Elizabeth Grosz (1989), pour un argumentaire solide définissant Julia Kristeva comme non-féministe.
ii Il est toutefois surprenant de constater la très faible présence du féminisme français en traduction avant la publication de cette anthologie. La rareté des traductions existantes en 1980 y est cependant soulignée : Hélène Cixous : « Le Rire de la Méduse », trad. Keith Cohen et Paula Cohen, Signs, vol. 1, n° 4 (Summer 1976) : 875-893 ; une interview d’Hélène Cixous par Christiane Makward : Sub-Stance, n° 13 (1976) : 19-37 ; Hélène Cixous, « La Jeune Née : Un extrait », trad. Meg Bortin, Diacritics, (Summer 1977) : 64-69) ; Marguerite Duras, « An Interview with Marguerite Duras », par Susan Husserl-Kapit, Signs, vol. 1, n° 2 (Winter 1975) : 423-434 ; Julia Kristeva, « On the Women of China », trad. Ellen Conroy Kennedy, Signs, vol. 1, n° 1 (Autumn 1975) : 57-81 ; interview de Julia Kristeva par Josette Féral, trad. Jane Kritzman, Sub-Stance, n° 13 (1976) : 9-18. Seules deux traductions de monographies sont mentionnées dans cette liste : Monique Wittig, Les Guerillères, trad. David LeVay, London, Owen, 1973 ; Julia Kristeva, About Chinese Women, trad. Anita Barrows, London, Marion Boyars, 1977.
iii Les pages qui suivent s’appuient en grande partie sur la remarquable étude de Rebecca Comay consacrée au derridisme en traduction : « Geopolitics of Translation: Deconstruction in America » (Comay 1991).
iv Les traductions vers l’allemand, l’espagnol et l’italien ont souvent suivi des calendriers assez différents. Il existe de multiples traductions de l’œuvre de Cixous en allemand et les textes d’Irigaray ont énormément été traduits en italien.
v Voir Burke et al. (1994) pour une bibliographie complète des travaux d’Irigaray en traduction anglaise.