Avant-propos
p. 7-9
Texte intégral
Le tricentenaire de la mort de l’incomparable Sapho a été agréé par la France comme l’une des Célébrations nationales pour l’année 2001. Cette reconnaissance entérine le renouveau d’intérêt qu’a suscité Madeleine de Scudéry au cours du dernier quart de siècle, en France aussi bien qu’à l’étranger, après les travaux pionniers de Maurice Magendie (1925) et de Georges Mongrédien (1946). En 1998, Delphine Denis a retracé, dans son édition des Conversations « De l’air galant », cette floraison des études à partir de la somme d’Alain Niderst, Madeleine de Scudéry, Paul Pellisson et leur monde (1976) et des publications de René Godenne. À son panorama, pourtant récent, il convient d’ajouter déjà divers ouvrages dont Le Parnasse galant. Institution d’une catégorie littéraire au XVIIe siècle, paru une semaine avant le présent colloque, de nouveau sous la signature de Delphine Denis. Il est aisé de prévoir que cette floraison va continuer, d’abord avec notre colloque, mais aussi avec l’impressionnante série d’éditions critiques que préparent Chantal Morlet-Chantalat (Clélie), Nathalie Grande (Mathilde d’Aguilar), Marie-Gabrielle Lallemand (La Promenade de Versailles) et un brillant trio : Alain Niderst, Delphine Denis et Myriam Maître (les Chroniques du Samedi et autres textes précieux des années 1650). Le livre d’Habilitation d’Anne-Elisabeth Spica, sur la description chez les Scudéry, est paru en 2002.
1Le grand colloque du Havre, en 1991, avait traité des Trois Scudéry . L’occasion du tricentenaire nous a invités à concentrer les projecteurs sur la seule Madeleine. Il se trouvait que deux des spécialistes françaises les plus jeunes avaient soutenu, à quelques jours d’intervalle en décembre 1999 – janvier 2000, leur dossier d’Habilitation à diriger des recherches avec des travaux où Madeleine de Scudéry se trouvait au premier plan : Delphine Denis et Anne-Elisabeth Spica. Ce sont elles qui ont construit notre colloque, bientôt rejointes par Karine Lanini. Primitivement je n’existais guère, je ne dois qu’à l’amitié d’avoir été convié à rejoindre le petit groupe des organisatrices.
2Les orientations ont été choisies par nos deux guides. Toutes deux ont souhaité négliger les explorations biographiques ou la recherche des clés, richement représentées au colloque du Havre, au profit de la poétique, des pratiques de sociabilité, du système de valeurs et de la réception des œuvres.
3Nous avons tenu à ouvrir ce colloque dans le quartier où Mlle de Scudéry a passé la plus longue partie de sa vie, dans le Marais, auquel M. Jean Mesnard avait consacré en 1978-1979 un passionnant séminaire d’une année, « La vie littéraire dans le quartier du Marais au XVIIe siècle ». Nous lui sommes reconnaissants d’avoir accepté de nous livrer un écho, une quintessence et un prolongement de ces vastes explorations dans la conférence publique qu’il a donnée à la Mairie du IIIe arrondissement. Cette conférence a été suivie d’une réception offerte par le Maire, M. Pierre Aidenbaum, et d’une conférence-spectacle conçue par Anne-Madeleine Goulet, Assistante Monitrice Normalienne à Paris-Nanterre, qui a retrouvé certaines partitions des poésies de Mlle de Scudéry. Ce spectacle a obtenu le plus vif succès.
4Mais nous considérions qu’il s’imposait aussi de nous réunir dans un hôtel du Grand Siècle. Nous avons tout de suite pensé à l’hôtel de Chevry, où avait été reçue – il y a quelques années – la Société d’étude du XVIIe siècle. Ce lieu prestigieux est occupé par l’Institut historique allemand, dirigé par M. Paravicini, qui nous a réservé le meilleur accueil et a aplani magiquement les difficultés. Mme Margarethe Martagete a bien voulu être attentive à tous les détails d’organisation. À tous deux nous exprimons nos chaleureux remerciements.
5Accueillis à l’Institut historique allemand, nous avons jugé naturel d’accorder une attention privilégiée à la réception de Madeleine de Scudéry en Allemagne. La chose nous était d’autant plus facile qu’au colloque du Havre – qui avait une section consacrée aux études de réception – Christian Wentzlaff-Eggebert, empêché, s’était résigné à envoyer une note de cinq pages qui s’ouvrait ainsi : « Les Scudéry en Allemagne, voilà un sujet bien trop vaste pour être traité dans le cadre d’une communication de colloque », et il poursuivait : « voilà pourtant un beau sujet ». Nous l’avons pris au mot. De là toute notre première matinée, qui fut présidée par notre ami Wolfgang Leiner.
6Nos autres présidents de séance ont été eux aussi des spécialistes réputés de Madeleine de Scudéry et de la « galanterie » : Daniela Dalla Valle, Alain Niderst et Alain Viala. Hélas ! Joan DeJean, qui devait présider l’une des séances, a été éprouvée par un deuil et s’est trouvée retenue en Louisiane. Barbara Piqué a bien voulu accepter de la suppléer.
7Nos activités de la première journée se sont achevées à la Mairie du IIIe arrondissement. Le Maire du IIIe, au vu du programme que lui présentait Delphine Denis, avait d’enthousiasme applaudi et mis à notre disposition les locaux dont nous avions besoin. Nous avons quelque peu frissonné en mars 2001, non de froid, mais à cause des élections municipales. Mais M. Aidenbaum a été réélu confortablement, ce dont nous nous sommes réjouis, indépendamment de toute préférence politique. Une surprise toutefois attendait les participants, conscients de ce que Sapho « haïssait le mariage », tandis que l’illustre Madeleine nous assure l’avoir refusé à trois reprises : l’une des belles salles où nous nous sommes retrouvés a été la salle des... mariages. Ironie de ce tricentenaire. L’ombre de Pellisson était-elle là, réprobatrice ?
8Les deux journées suivantes, à la Sorbonne, nouvelle épreuve, ou plutôt nouveau défi : Madeleine de Scudéry a fait son entrée dans la célèbre salle Louis Liard, ornée de portraits qui, comme chacun le sait, ne représentent que des hommes. Nous y avons été accueillis par un grand lecteur des romans du XVIIe siècle, le président Georges Molinié, qui nous avait amicalement soutenus dans la phase préparatoire.
9Nous nous réjouissons d’avoir pu réunir tant de spécialistes, qui ont eu beaucoup à échanger, et nous espérons qu’une telle rencontre donnera une vive impulsion aux recherches et publications sur cette personnalité, qui a joué un tel rôle dans la naissance des femmes de lettres. Grâces en soient rendues aux trois fées qui ont entouré la naissance de ce colloque : Delphine Denis, Anne-Elisabeth Spica et Karine Lanini.
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