1 Maurice Prax, « Pour et contre », Le Petit Parisien, 1er décembre 1928, p. 1.
2 Ce chiffre peut être comparé à la part des femmes dans la criminalité totale que Robert Cario évalue entre 1968 et 1986 à 6,31 %. Cf. Robert Cario, Femmes et criminelles, Paris, Erès, 1992, p. 63. Le découpage chronologique de cette étude, de 1906 à 1981, correspond à celui réalisé dans ma thèse, L’application de la peine de mort en France (1906-1981), sous la direction de Dominique Kalifa, soutenue en 2016 à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne et publiée sous le titre Le Châtiment suprême par l’Institut universitaire Varenne en 2018. Pour une liste de ces 94 femmes, cf. cet opus, p. 752-754. À ce chiffre, il faudrait ajouter les femmes condamnées à mort dans les territoires d’outre-mer, ainsi que les condamnées à mort par la justice militaire et par la justice politique dans les différents conflits. Si seul le nom de Mata Hari a été retenu, au moins 19 autres femmes ont été condamnées à mort pour espionnage durant la Première guerre mondiale, plusieurs dizaines de femmes ont été condamnées par les tribunaux de la collaboration après la Seconde guerre mondiale. Bien que cette contribution soit consacrée aux condamnées de droit commun, il est important de garder à l’esprit l’influence que les justices militaires et politiques ont pu exercer sur les juridictions civiles dans l’administration des peines. En effet, l’évolution de la peine de mort dans les cours d’assises est très liée au contexte créé par les guerres et après-guerre. Cf. pour de plus amples développements Le Châtiment suprême, op. cit., p. 200-201.
3 Conservés sous différentes cotes aux Archives nationales : série BB24 pour les années 1906-1916, série 4AG pour la IVe République, série 5AG3 pour la Ve République, plus divers versements anciennement conservés à Fontainebleau pour la période 1916-1946.
4 Décompte réalisé à partir des dossiers nominatifs des condamnés à mort.
5 Soit 15 femmes parricides condamnées à mort, et 18 empoisonneuses, sur les 94 condamnées.
6 Les femmes représentent 59 % des cas de condamnation pour empoisonnement (tous types de condamnation confondus) de 1900 à 1934, mais seulement 41 % entre 1953 et 1978, soit respectivement 63 sur 108 sur la période 1900-1934, période de guerre exclue, et 19 sur 46 sur la période 1953-1978, chiffres tirés du dépouillement des rapports annuels du Compte général de l’administration de la justice criminelle.
7 Cf. à ce sujet Myriam Tsikounas (dir.), Éternelles coupables. Les femmes criminelles de l’Antiquité à nos jours, Paris, Autrement, 2008 ; Loïc Cadiet, Frédéric Chauvaud et Claude Gauvard (dir.), Figures de femmes criminelles de l’Antiquité à nos jours, Paris, Publications de la Sorbonne, 2010 ainsi que Christine Bard, Frédéric Chauvaud, Michelle Perrot et Jacques-Guy Petit (dir.), Femmes et justice pénale, xixe-xxe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2002.
8 Loi du 2 septembre 1941. Paradoxalement, l’avortement répété devenait dans le même temps un crime politique susceptible d’être puni de mort. Cf. Fabrice Cahen, Gouverner les mœurs. La lutte contre l’avortement en France, 1880-1950, Paris, INED, 2016.
9 Loi elle-même précédée d’une remise en cause des brutalités contre les enfants toujours plus affirmée. Cf. Georges Vigarello, « L'intolérable de la maltraitance infantile. Genèse de la loi sur la protection des enfants maltraités et moralement abandonnés en France », dans Patrice Bourdelais et Didier Fassin (dir.), Les constructions de l'intolérable. Études d’anthropologie et d’histoire sur les frontières de l’espace moral, Paris, La Découverte, 2005, p. 111-127.
10 Cf. sur la question de l’influence de la faiblesse physique des femmes sur leur criminalité, dans les écrits des criminologues, R. Cario, op. cit., p. 177. En 1981, par exemple l’empoisonnement est encore considéré comme « le moyen employé par ceux à qui manque la force physique ou l’audace nécessaires pour agir par la violence », et donc notamment par les femmes. Roger Merle, André Vitu Traité de droit criminel. Droit pénal spécial, Paris, Cujas, 1981, p. 1389, note 1. Sur l’occultation de la violence féminine en général, et pas seulement de la violence criminelle, cf. entre autres Coline Cardi et Geneviève Pruvost (dir.), Penser la violence des femmes, Paris, La Découverte, 2012.
11 Claude Vallier, « “Monstre hors-série”, Berthe Borgnet n’a pu sauver sa tête », Qui ? Détective, n° 768, 17 mars 1961, p. 11. Cf. sur les représentations de l’empoisonnement et des empoisonneuses Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud et Myriam Soria (dir.), Les Vénéneuses. Figures d’empoisonneuses de l’Antiquité à nos jours, Presses universitaires de Rennes, 2015, ainsi que Nicolas Picard, « Les gestes des empoisonneurs sous le regard de la justice (France, xxe siècle) », dans Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud et Myriam Soria (dir.), Le Corps empoisonné. Pratiques, savoirs, imaginaire de l’Antiquité à nos jours, Paris, Classiques Garnier, 2014, p. 249-265.
12 Archives nationales, BB24/2097, dossier n° 3989 S 08.
13 Frédéric Chauvaud, L’effroyable crime des sœurs Papin, Paris, Larousse, 2010.
14 Benoît Garnot, Une histoire du crime passionnel. Mythe et archives, Paris, Belin, 2014.
15 Plaidoirie de Me Cougnot, « Deux amants criminels condamnés à mort », Revue des grands procès contemporains, 1937, p. 315.
16 Armand Gatti, « La mort pour Andrée Farré », Le Parisien Libéré, 9 au 10 novembre 1950, p. 4.
17 Les jurés sont intégralement masculins jusqu’en 1945, et ils le restent très majoritairement après cette date, jusqu’à l’entrée en vigueur d’une réforme en 1980. Cf. Cécile Barberger, Pierrette Poncela et Evelyne Serverin, « Le jury d’assises : à propos de sa représentativité », Connaissance et fonctionnement de la justice pénale : perspectives sociologiques et criminologiques, Paris, Éd du CNRS, 1979, p. 265-275.
18 Archives nationales, BB24/2017, dossier n° 367 S 12.
19 Archives nationales, 4AG/670, dossier 1 PM 51.
20 André Gueslin et Dominique Kalifa (dir.), Les Exclus en Europe, 1830-1930, Paris, Éd. de l’Atelier-Éd. ouvrières, 1999.
21 Antony Kitts, « La peur des mendiants et des vagabonds au xixe siècle : entre fantasmes et réalités », dans Frédéric Chauvaud (dir.), L’ennemi intime. La peur : perceptions, expressions, effets, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 211-230.
22 Comme le souligne Pierre Bouzat, Traité théorique et pratique de droit pénal, Paris, Dalloz, 1951, p. 183.
23 Archives nationales, BB24/2097, dossier n° 3989 S 08, avis du Conseil d’administration de la Chancellerie.
24 Par exemple, René Garraud et Pierre Garraud, Précis de droit criminel, 15e édition, Paris, Sirey, 1934, p. 366.
25 On l’observe dès 1928, avec un éditorial intitulé « Une femme à l’échafaud », réclamant « un exemple », Détective, n° 6, 6 décembre 1928, p. 2. Cf. également, pour les années 1930, les développements d’Anne-Emmanuelle Demartini sur le sujet dans Violette Nozière, la fleur du mal. Une histoire des années trente, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2017, p. 338-340.
26 Comme le montre l’exemple de Maria Vérone, présidente de la Ligue française pour les droits de la femme, interrogée dans Police Magazine. André Charpentier, « Les femmes criminelles doivent-elles monter sur l’échafaud ? », Police Magazine, 28 octobre 1934, p. 5.
27 Francine Muel-Dreyfus, Vichy et l’éternel féminin. Contribution à une sociologie politique de l’ordre des corps, Paris, Le Seuil, 1996.
28 La publicité des exécutions capitales est supprimée par un décret-loi de 1939 qui prohibe par ailleurs la publication de tout autre compte rendu que le procès-verbal d’exécution. Cette dernière interdiction est cependant occasionnellement contournée.
29 Nicolas Picard, op. cit., p. 359.
30 Anne Freyssinier, « L’exercice du droit de grâce par le général de Gaulle », Alain Larcan et Philippe Oulmont (dir.), Charles de Gaulle et la justice. Actes du colloque, Palais du Luxembourg, Paris, 29 au 30 novembre 2001, Paris, Fondation Charles de Gaulle, Cujas, 2003, p. 295.
31 Colette Parent, « La protection chevaleresque ou les représentations masculines du traitement des femmes dans la justice pénale », Déviance et société, 1986, vol. 10, p. 147-175.
32 Anne-Emmanuelle Demartini, op. cit., p. 351 et suiv.