1 « […] à l’imitation du somptueux vêtement français dont elle [La Sepmaine ou Création du monde] est revêtue […] lui en créer un autre à la mode italienne […] » (traduction française d’Elena Donati et Jacopo Caccin ; la traduction des autres citations italiennes du présent article leur sont également dues).
2 « Je reconnais bien volontiers que cette manière de traduire ne constitue pas une nourriture au goût de tout un chacun ». À propos des réflexions des auteurs sur leurs traductions, je voudrais signaler ici l’Historia general de las Indias (López de Gómara 1552), qui représente pour le moment un cas unique dans mon corpus, extrêmement intéressant parce que l’auteur ajoute à sa préface un texte dédié aux futurs traducteurs de son ouvrage ; ce texte nous dit la conscience de l’auteur espagnol d’écrire un livre qui sera jugé attrayant et tellement important qu’il aura une large diffusion et sera traduit. Gómara prie les traducteurs de respecter les phrases, de bien vouloir comprendre la langue et de ne pas corrompre les noms des protagonistes.
3 « Restez en bonne santé et ne manquez pas bientôt, grâce à nos soins […], les Vies de Plutarque, retraduites à nouveaux frais par M. Lodovico Domenichi d’heureuse mémoire, et collationnées sur les textes grecs par M. Lionardo Ghini. C’est un “Maillon” qui fait partie de notre collection des historiens grecs, outre toutes les “Gemmes” les plus précieuses que vous trouverez, choisies par M. Horatio Toscanella, afin de montrer l’utilité de cette matière : toute l’histoire de Guicciardino, avec les quatre derniers livres, réimprimée par nos soins avec beaucoup d’améliorations […] ; un livre qui traite de hauts faits, de stratagèmes et d’errements militaires avec des discussions sur ces sujets, par M. Bernardino Rocca de Plaisance ; un autre qui traite de parallèles et d’exemples similaires, par Tommaso Porcacchi, pour comparer les histoires entre elles [...], ainsi que d’autres très beaux nouveaux ouvrages d’histoire conformes à notre projet, sans oublier ce que nous tenons toute la journée entre nos mains pour vous satisfaire et embellir cette langue qui est la nôtre ». De son côté, Alfonso Ulloa − un des grands traducteurs de la Renaissance de l’espagnol vers l’italien, mais aussi de l’italien vers l’espagnol – qui travaille à Venise chez Giolito souligne souvent dans ses préfaces qu’il a déjà traduit d’autres ouvrages : « faccia compagnia a gli altri libri che fin hora ho pubblicati » (« qu’il tienne compagnie aux autres livres que j’ai publiés jusqu’à présent »). Ulloa est donc conscient de l’importance de son travail, il est loin de se voir comme un « paria et tâcheron » (selon Luce Guillerm, la plupart des traducteurs à la Renaissance se représentent ainsi à cause de l’infériorité présumée de la traduction en regard de l’écriture originale). Ulloa se dit traducteur professionnel, avec à son actif de nombreuses traductions. Pour approfondir ce sujet, voir Guillerm 1980 : 10 et Liberatori Prati 1994.
4 À ce sujet, voir aussi Hermans 2004 : 121, ainsi que Hermans 1985.
5 Mon recueil, constitué à partir de recherches personnelles, vise à étendre le catalogue dressé il y a quelques années dans Grohovaz 2001 ; s’y ajoutent le répertoire de Adams 1967 et les nombreux catalogues de bibliothèques particulières, entre autres celle du marquis Capponi (Anonyme 1747) qui répertorie de nombreuses traductions du XVIe siècle et qui nous fournit de précieux indices. Voir aussi Beccaria 1968.
6 « D’ordinaire, les éléphants nagent volontiers au plus près des rives des fleuves en raison de leur maladresse et ils marchent le long des plages, en profitant ainsi, au moins avec leurs yeux, du plaisir que, croient-ils, recèlent les eaux, faute qu’ils puissent en jouir autrement. C’est la même chose pour ceux qui ne connaissent pas le latin ou tout idiome différent du leur, puisque, se voyant privés de cette connaissance et donc empêchés de recueillir en y flânant de remarquables leçons et de belles sciences cachées au fond de leurs eaux et d’en bénéficier, ils en jouissent parfaitement et y barbotent si, grâce à un esprit généreux, ce qu’il leur est interdit de connaître dans une langue étrangère peut être goûté dans leur langue maternelle native. Quant à moi, mû par un zèle de charité et d’amour visant à partager certains aliments sains et pleins d’agrément pour les âmes chrétiennes et certains merveilleux documents humains et divins, ayant reçu entre mes mains la seconde partie des lettres de l’illustre et très estimé Mgr Antonio Guevara, évêque de Mondognetto, prédicateur, chroniqueur et conseiller impérial maintenant décédé, j’ai décidé de la traduire en la débarrassant de ses vêtements espagnols initiaux et en la revêtant d’habits italiens, dans lesquels, aux yeux de nombre de personnes, elle ne se montre pas moins belle que dans sa langue d’origine, et d’une doctrine nullement inférieure à la première partie des lettres traduite et publiée par moi-même l’année dernière. Au contraire, on trouve ici un jardin bien plus vaste, magnifique et riche d’autres nombreux fruits, dans lesquels chacun goûtera une saveur conforme à son goût. Que Son Excellence veuille bien accepter ce petit cadeau de ma part ».
7 « Transportée ».
8 « Transport ».
9 « […] il primo specifico trattato moderno sulla traduzione e certo il più meditato e penetrante di tutto l’umanesimo europeo » (Folena 1994 : 95) : « […] le premier traité moderne consacré spécifiquement à la traduction et, assurément, le plus réfléchi et le plus pénétrant de tout l’humanisme européen ».
10 « J’ai fait l’effort de transporter ce livre de la langue française à la langue italienne ».
11 « Je l’ai déjà transporté de la langue française à la nôtre qui est l’italienne […] ».
12 « Pouvoir la transporter en vers italiens ».
13 « Endurer cette fatigue ».
14 « Petite fatigue ».
15 « Entreprise fatigante ».
16 « Cet effort qui est le mien ».
17 « Que les hommes se souviennent de cet effort qui est le mien ».
18 « S’épuiser de bonne grâce à cette tâche ».
19 « Mes fatigues et mes veilles ».
20 « Efforts sensés et dignes de considération ».
21 « Je me suis efforcé de recueillir dans différents livres ce qui s’est dit auparavant, en sachant que c’est le devoir de tout homme de permettre aux autres d’en profiter autant que possible ».
22 « Fatigué de traduire ».
23 « Fatigue, ma chère petite fatigue ».
24 « La modicité du cadeau ».
25 « Médiocrité du cadeau, tout petit cadeau, minuscule cadeau ».
26 « J’ai trouvé de la satisfaction à m’efforcer, comme je l’ai toujours fait, de mettre à la disposition de ma nation en langue vulgaire certains livres qu’elle n’avait pas [...] ce qui ne va pas sans effort ni sueur ».
27 « Au milieu des difficultés ».
28 « Ni autre satisfaction ».
29 « Étant donné que je n’ai pas voulu avoir d’égard pour la petite gloire qui pourrait m’échoir, puisque, je le sais bien, le fait de traduire les livres d’autrui est moins louable que d’en composer de sa propre intelligence ».
30 « J’ai trouvé pour me satisfaire un moyen un peu trop ordinaire, qui est celui de traduire ».
31 « Médiocrité du cadeau ».
32 « J’ai fait comme ceux qui, ne pouvant pas offrir leur propre création, sont obligés de s’acquitter avec les œuvres des autres […] ne pouvant pas vous envoyer le fruit de mon travail, j’ai cherché dans les jardins d’autrui ».
33 « Le bien commun et l’utilité ».
34 « Pour suppléer par mon labeur à l’incapacité de l’auteur ».
35 « M’étant efforcé d’adopter un style simple et clair, et d’employer dans certains cas des mots plus précis que ceux que l’Auteur avait utilisés ».
36 « J’ai bien réussi à la [sc. la traduction] faire résonner dans sa langue comme celui qui compose l’œuvre ».
37 « Non pas comme fait d’habitude le traducteur qui met ses pas dans les traces du créateur, mais comme le Commentateur qui suit l’autre par le même chemin en imprimant de nouvelles traces ».
38 Et de continuer : « […] et non pas façonner un texte à partir d’un autre ; mais de celui-ci, remonter à l’époque virtuelle de sa formation, à la phase où l’état d’esprit est celui d’un orchestre dont les instruments s’éveillent, s’appellent les uns les autres, et se demandent leur accord avant de former leur concert ».
39 On pratiquait de longue date la traduction verbum ad verbum – mot à mot – ou la traduction sensus ad sensum – le traducteur restituant le fond, la matière du texte source dans une autre langue. Étienne Dolet rappelle dans son ouvrage cinq règles pour « bien traduire ».
40 « Altérer les livres en les traduisant, c’est comme ruiner les monuments ».
41 « Convertir du français dans votre langue vulgaire ».
42 « Avoir converti du français dans notre langue ».
43 « La médiocrité du style de la traduction, mais la richesse du trésor qui y est caché ».
44 « Trésor partagé bénéfique à tout le monde ».
45 « Poussé par le désir ardent d’employer pour le bien commun le talent que Dieu m’a prêté ».
46 « Talent faible et médiocre ».
47 « Il n’est pas arrivé à la hauteur de son dessein ».
48 « Exposé à la lumière », « mettre au jour », « amener à la lumière ».
49 « Avec toute notre diligence, nous tâchons de ramener à la lumière et dans notre langue (non sans efforts) ces documents qui parviennent entre nos mains ».
50 « J’ai jugé raisonnable de mettre en lumière son livre ».
51 « Après avoir arraché ces divins dialogues [de maître Léon] aux ténèbres où ils étaient ensevelis, eh ! bien, je les expose pour ainsi dire en pleine lumière ».
52 « Cette brochure m’étant parvenue entre les mains ».
53 « M’étant parvenu l’un des beaux et utiles petits ouvrages ».
54 « Comme j’ai retrouvé ce petit ouvrage donné à l’imprimerie ».
55 « Comme par ce biais m’était venu entre les mains un écrit moderne d’un homme français de qualité ».
56 « M’étant venue entre les mains ».
57 « Vint entre nos mains ».
58 « Si Notre Seigneur Dieu ne nous avait pas fait venir entre les mains un livre ».
59 « Si la chance, pendant les derniers mois, ne m’avait pas fait tomber entre les mains ».
60 « Comme cette histoire m’est tombée entre les mains alors qu’elle a été écrite il y a déjà plus de cent cinquante ans dans un vieux livre ».
61 « Ayant accouché de mon labeur ».
62 « Nouvel enfantement de nos éditions ».
63 « Petit enfantement ».
64 « Cet enfantement de mon maigre talent ».
65 « J’ai traduit en langue italienne vulgaire cette chronique d’Espagne […]. Veuillez accepter avec bienveillance ce pauvre labeur […] ; cette dame espagnole, faisant confiance à mes mots, s’est vêtue à la mode italienne ».
66 « Le voile de sa langue ».
67 « Au milieu des désagréments de la guerre civile, désireux de pouvoir, à l’imitation du somptueux vêtement français si habilement tissé dont elle est revêtue, lui en créer un autre à la mode italienne, sinon aussi éclatant, du moins pas déplaisant aux yeux des nobles esprits d’Italie et, particulièrement, de Votre Altesse […] ».
68 « Nue de par le monde ».
69 « Conduite et protégée en toute sécurité jusqu’à un havre paisible ».
70 « Afin que le fruit de mon labeur ne soit pas vu dénudé, j’ai pris soin de le revêtir du nom très prestigieux de Votre Excellence ».
71 « Les fruits, les humer tous, n’en éprouver et n’en goûter que certains. Mais je les trouvai tout capiteux, suaves et savoureux, car tous issus de la vigne du divin Agricola. »
72 « Vous nourrirez vos âmes de ces fruits délicieux que je vous propose. »
73 « Comme prémices des premiers fruits que le jardin de mon médiocre talent a produits, j’ai traduit en langue toscane […]. »
74 « Vous consacrer les fruits qu’il a plu au Seigneur de produire en moi, après que j’ai travaillé, non sans peines et nombreuses privations, au service de sa vigne ».
75 « Afin que l’Italie puisse recueillir, elle aussi, les fruits excellentissimes d’une plante si précieuse ».