Le concept d’identité psychique en droit1
p. 131-155
Texte intégral
1L’expression « identité psychique » peut paraître surprenante dans le vocabulaire du juriste. Pourtant, elle se retrouve dans le droit positif et, au-delà de l’expression, le concept peut être bien utile pour décrire certains nouveaux phénomènes juridiques.
2En effet, l’expression « identité psychique » apparaît en tant que telle dans le droit positif au moins à deux reprises. La directive communautaire du 24 octobre 1995, relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données2, qui reconnaît explicitement qu’une personne peut être directement ou indirectement identifiée à partir d’« éléments spécifiques propres à son identité […] psychique »3. Le concept utilisé « identité psychique » n’est toutefois pas défini et, par la suite, la loi française de transposition de 20044 ne reprendra pas cette expression. L’on retrouve néanmoins de nouveau l’usage de cette expression dans un très récent règlement du parlement européen concernant les règlements en ligne de litiges entre consommateurs et professionnels5.
3Un autre usage peut être identifié cette fois-ci dans la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme. Dans son arrêt Pfeifer c/Autriche du 15 novembre 20076 la Cour estime en effet que « la réputation d’une personne représente une partie importante de son identité personnelle et psychique »7. L’identité psychique est ainsi constitutive, selon l’interprétation de la Cour de Strasbourg, de la réputation de la personne.
4Plus généralement le droit positif use de plus en plus d’expressions comportant le terme « psychique » : le législateur utilise par exemple celle de « handicap psychique »8, ou bien encore de « développement physique et psychique de l’enfant »9.
5 Par ailleurs, au-delà de l’expression employée, il est possible de constater l’émergence et la multiplication de nouveaux phénomènes « intérieurs » dans la sphère juridique, phénomènes qui ne se limitent plus à la seule volonté et ses déclinaisons mais s’étendent désormais à ce qui se rapprocherait d’une identité intime, subjective, et que l’on pourrait alors qualifier de « psychique ». Cette identité se manifeste dans le droit par des éléments identifiant de nature psychique tels que le sexe psychique de la personne transsexuelle, l’angoisse constitutive de préjudices réparables, le libre « développement de la personnalité », ou encore certaines formes de souffrances psychiques que le droit tend à empêcher.
6C’est aussi d’un point de vue théorique, que l’on pourrait faire usage d’un concept d’identité psychique pour appréhender certains phénomènes nécessaires à l’existence de l’ordre juridique, et ce, au moins à deux égards. D’une part, l’ordre juridique présuppose la possibilité de différencier les individus entre eux et cette différenciation physique suppose la capacité de l’être vivant à s’individualiser notamment par un processus psychique de subjectivation10. D’autre part, comme l’énonce le théoricien du droit Hans Kelsen, les normes juridiques ne peuvent s’adresser qu’à des êtres vivants ayant « une âme »11, car la compréhension de ce qu’un énoncé normatif signifie, nécessite, selon les termes de Paul Amselek, « une opération mentale spécifique : une opération d’interprétation et de compréhension »12. Le droit lui-même a d’ailleurs été qualifié « d’instrument psychique »13, « de construction de l’esprit, d’objet de nature purement mentale, de produit du psychisme humain »14. Quel sens aurait en effet un ordre juridique dans lequel la capacité de représentation et le libre arbitre de ses destinataires seraient absents ?
7Dans les développements qui vont suivre, l’attention sera concentrée sur le concept doctrinal (et non théorique ni dispositif15) d’identité psychique, c’est à dire l’identité psychique en tant que phénomènes juridiques présents dans le droit positif français et de la Convention européenne des droits de l’homme. Notre objet de recherche est donc l’ensemble des normes juridiques renvoyant à cette identité psychique.
8Mais précisément qu’appelle-t-on ici « identité psychique » ? L’expression « identité psychique » signifiera l’ensemble des « signes juridiques »16 relatifs à la vie psychique de la personne humaine, permettant de l’individualiser singulièrement. Ce sont les données identifiantes des destinataires de normes juridiques, qui lui appartiennent en propre et qui visent spécifiquement un fait psychique. Ce dernier sera défini comme un fait immatériel vécu, ressenti par un sujet. Il peut s’agir d’une émotion, d’une intention, d’une pensée, d’un sentiment, d’un souhait, d’une projection de soi17, d’une faculté mentale18…
9Cette définition est conventionnelle. Il ne s’agit pas de découvrir l’ontologie, l’essence de l’identité psychique, mais de décrire un ensemble de phénomènes présents dans le droit. Nous ne cherchons pas ici à savoir dans quelle mesure le droit nous renseigne sur l’identité réelle de la personne humaine, car l’identité naturelle ne peut se déduire d’une identité prescriptive19, mais à montrer comment le droit construit l’identité de ses destinataires, en se référant notamment à certains faits psychiques. La démarche est constructiviste.
10Il est apparu nécessaire de proposer une définition de ce concept d’identité psychique réside car il ne semble pas y avoir d’approche conceptuelle globale des phénomènes que nous cherchons à analyser dans la littérature juridique et plus spécialement dans la doctrine de droit public. Il y a en effet un certain nombre de travaux juridiques portant sur certains d’entre eux tels que « le sentiment d’identité »20 ou « l’identité vécue »21, mais il s’agit à chaque fois de certains aspects d’une identité psychique ou/et traités dans une approche privatiste.
11De plus, l’analyse des usages de cette expression dans la littérature juridique (théorie du droit, doctrine, droit positif)22 révèle soit une carence de cet usage, soit une absence de définition soit le renvoi à des phénomènes qui ne sont pas proprement juridiques. Par exemple, lorsque Annick Batteur énonce que « [l]a famille est un lieu d’élaboration de l’identité de la personne humaine, tant sur le plan psychique, sexuel que social »23, ce concept doctrinal ne permet pas de viser la norme juridique, mais un autre phénomène d’une autre discipline. De même, lorsque d’une manière générale la doctrine juridique s’intéresse à la question de l’identité dans le droit, il s’agit bien souvent d’une analyse des effets que l’identité normative entraînerait sur notre identité réelle24 ou l’inverse. Par exemple, le professeur Gutmann s’intéresse aux « états psychologiques découlant de l’état civil » et analyse « les manifestations de ce renouveau des fonctions de l’état civil », ou au contraire « l’impact décisif de la psychologie sur le droit de la famille »25. Le professeur Terré explique plus généralement, que « l’identité assume aujourd’hui, outre sa fonction traditionnelle d’identification du sujet, une fonction individuelle d’accomplissement de la personnalité subjective de chacun »26. D’autres ont pu considérer que « l’identité profonde telle qu’elle est ressentie et vécue par le sujet, est ancrée »27 dans tel ou tel aspect de l’identité juridique.
12Or, il nous semble difficile, en tant que juriste, de pouvoir apprécier les effets du droit sur notre épanouissement ou notre personnalité. Cette analyse relèverait d’une autre discipline.
13Enfin, il ne s’agira pas non plus, avec notre concept d’identité psychique, de décider de ce que serait la mission du droit. Ainsi, lorsque Pierre Legendre explique que l’horizon du droit, en tant qu’ordre symbolique est de « garantir le principe d’identité pour que l’espèce vive et se reproduise selon sa loi », il assigne ainsi aux juristes la charge « du principe de Raison » dont ils seraient « les garants sur le terrain des casuistiques »28. Or, la démarche adoptée ici ne sera pas de prescrire mais de décrire un phénomène qui semble se manifester dans la sphère juridique : le droit peut avoir recours au fait psychique pour repérer ses sujets de droit.
14 Concernant le droit positif, aucune définition, ni intentionnelle, ni extensionnelle ne peut être non plus identifiée. Quant à la théorie du droit, cette expression semble y être absente.
15La définition retenue comporte certaines qualités épistémologiques : par exemple, ce concept permet de repérer et de classer un objet spécifique ; en effet, parmi les éléments visant à identifier les personnes dans le droit, il est possible de discriminer ce qui relève du fait matériel : tel que les éléments génétiques, biométriques, le domicile… et ce qui relève du fait immatériel ressenti par une personne : le sexe psychique, la vérité affective, l’intention, les troubles psychiques…
16Par ailleurs, cette définition n’est pas totalement étrangère à celles que l’on peut trouver en philosophie29, et en psychanalyse. L’usage du mot « identité » peut apparaître sous la plume de certains auteurs tels que Michel de M’uzan qui évoque le « spectre identitaire »30, mais il semble plus courant de lire aujourd’hui les concepts « de soi »31, « de sujet »32, « d’appropriation subjective », « de subjectivation »33…
17L’analyse du droit positif se limitera en l’espèce à l’étude des normes générales et abstraites. Nous écarterons donc le problème de la manière dont concrètement, l’organe d’application de la norme (le juge, l’administration) peut saisir concrètement ce type de phénomènes particuliers34.
18De même, dans le cadre de cet article, ne pourront être présentées que certaines normes générales, qui apparaîtront toutefois comme des exemples significatifs de la démonstration générale35.
19Nous allons montrer qu’il est possible de repérer dans le droit des critères psychiques de différenciation des individus.
20L’analyse du droit positif révélera alors une classe de destinataires grandissante dans le droit : les destinataires psychiques. Notre concept d’identité psychique va permettre de montrer que le droit se réfère explicitement à des faits psychiques pour identifier, différencier les destinataires de normes juridiques36.
21Ainsi, après avoir identifié les concepts dispositifs (ou « notions juridiques ») à travers lesquelles cette identité psychique apparaît (I), nous traiterons de la fonction que ce concept doctrinal d’identité psychique permet de remplir : repérer un certain type de destinataires dans le droit, le destinataire psychique (II).
I. La présence du concept d’identité psychique dans la norme juridique
22La présence de ce concept d’identité psychique dans l’ordre juridique se manifeste à deux égards. Deux types d’identité psychique peuvent être identifiés : l’« identité psychique de la première génération » qui viserait ce que Georgio Del Vecchio appelle « cette activité psychique que le droit n’a jamais ignorée »37, c’est-à-dire celle traditionnellement saisie par la norme juridique, et « l’identité psychique de la seconde génération » (A), celle regroupant les nouveaux faits psychiques individualisant la personne dans le droit (B).
1. L’identité psychique de la première génération
23Cette première strate de faits psychiques visés par les normes juridiques concerne l’identité psychique troublée (1) et l’identité psychique intentionnelle (2), toutes deux saisies classiquement par le droit.
1.1. L’identité psychique troublée
24Cette « identité psychique » vise les phénomènes pathologiques échappant à la volonté et ceux relatifs à la souffrance psychique.
25Les premiers sont visés plus spécifiquement par le concept dispositif de « troubles mentaux »38 en droit administratif ou bien de « troubles psychiques ou neuropsychiques »39 en droit pénal ou encore « d’insanité d’esprit »40 et « d’altération des facultés intellectuelles ou mentales »41 en droit civil. Il s’agit des phénomènes altérant la volonté et la capacité à se représenter un acte.
26Les seconds sont plus particulièrement identifiables parmi les « préjudices moraux » réparables. Ainsi, à travers les notions de « douleur morale »42, de « préjudice d’affection », de « troubles dans les conditions d’existence », mais également « d’atteinte à l’honneur ou à la réputation », « d’angoisse », « de perte d’espoir et de chance de normalement réaliser un projet de vie de famille », le juge administratif tend de plus en plus à réparer l’identité psychique troublée imputable à certains faits de l’administration43.
27La réalité psychique elle-même peut être prise en compte par le juge comme condition de détermination de certains chefs de préjudices. Ainsi, le juge administratif a estimé pendant longtemps que les personnes dans un état de coma végétatif ne peuvent subir certains préjudices, les préjudices de caractère personnel (tels que le préjudice d’agrément, le préjudice esthétique, le pretium doloris) en raison de l’impossibilité (supposée) de représentation qu’elles se feraient du dommage44.
1.2. L’identité psychique intentionnelle
28L’identité psychique apparaît aussi à travers les notions juridiques traditionnelles de « volonté », d’« intention », de « consentement », de « conscience », de « mobile ».
29Ainsi, par exemple, toute infraction pour être caractérisée, suppose la réunion de deux éléments : l’un matériel, et l’autre moral45.
30Si celui dit matériel vise un comportement matériel interdit et éventuellement un résultat46, l’élément moral vise, à côté de l’imputabilité, une « volonté coupable »47 : il est interdit d’avoir l’intention de réaliser ce comportement incriminé par l’infraction. L’identité psychique de l’auteur d’un comportement interdit se manifeste ainsi à travers l’interdiction qui lui est faite aussi de réaliser ce « comportement intérieur »48, d’avoir telle intention. Or, de plus en plus d’infractions semblent interdire au-delà de la simple « volonté consciente », « l’intérêt ou le sentiment qui a déterminé l’action »49, c’est-à-dire les mobiles de l’acte illicite50. L’identité psychique prise en compte par le droit devient, en ce sens, de plus en plus intérieure.
31De nouveaux phénomènes relatifs à cette identité psychique semblent aussi émerger dans le droit positif, prenant désormais en compte une sorte de « vérité psychique »51 du sujet.
2. L’identité psychique de la seconde génération
32L’identité psychique de la seconde génération regroupe un ensemble de phénomènes relativement nouveaux dans la sphère juridique. Cette nouvelle prise en compte de l’identité psychique semble se manifester, notamment, à travers les notions juridiques de « sexe vécu » (1) et de « conception mentale » (2).
2.1. L’identité psychique sexuelle
33Une identité psychique sexuelle semble en effet identifiable au sein de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme.
34Les personnes transsexuelles ont la conviction d’appartenir au sexe opposé à celui de leur assignation biologique et c’est à partir de ce « savoir intime absolument certain et soustrait a priori à la critique »52 que la Cour européenne va considérer que le sexe juridique peut viser le sexe psychique de la personne, plutôt que son sexe biologique. Avec l’arrêt B. c/France du 25 mai 199253, puis l’arrêt Goodwin c/RU54, la Cour considérera en effet qu’« il n’est pas évident que l’élément chromosomique doive inévitablement constituer – à l’exclusion de tout autre – le critère déterminant aux fins de l’attribution juridique d’une identité sexuelle aux transsexuels » (§ 82) et reconnaîtra l’obligation de l’État, sur le fondement de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme55, de mettre en conformité le sexe juridique au sexe psychique de la personne, à son sexe vécu. Désormais, l’identité sexuelle juridique de la personne peut être déterminée au regard de l’« expérience privée de son vécu sexuel »56. Ainsi, l’identité psychique sexuelle peut primer sur l’identité biologique dans la constitution du sexe juridique. La Cour de cassation reconnaîtra – sous la pression de la Cour européenne – cette nouvelle identité sexuelle juridique57.
2.2. L’identité psychique de la mère
35Si la notion de « conception mentale » ne concerne pas directement l’ordre juridique étudié58, elle illustre aussi avec force ce mouvement d’intégration dans le droit positif d’une nouvelle identité psychique de la personne et peut ne pas être étrangère au droit interne ou européen dans les années à venir, d’autant plus la France a été très récemment condamnée par la Cour européenne pour avoir refusé de reconnaître en droit français une filiation légalement établie aux États unis entre des enfants nés d’une maternité d’intention et un couple ayant eu recours à cette « méthode »59.
36La notion de « conception mentale » créée par la Cour Suprême californienne pour faire face à une situation inédite de maternité d’intention est tout à fait remarquable au regard de notre concept d’identité psychique. Introduite dans l’affaire Johnson v. Calvert en 199360, elle fut reprise par la Cour Suprême californienne dans l’arrêt Buzzanca du 10 juin 199861, où le juge détermine, pour la première fois, un lien de filiation biologique entre la mère commanditaire et l’enfant à naître au regard d’un critère purement psychique : la conception mentale. Dans cette affaire, une femme ne pouvant avoir d’enfant conclut un contrat de location d’utérus avec une mère porteuse, ce type de contrat étant autorisé en Californie. Elle a, par ailleurs, recours à un don d’ovule de telle sorte qu’aucun élément biologique n’est fourni par la mère commanditaire. Un litige survient au cours duquel le juge californien est amené à identifier la mère biologique de l’enfant à naître. Le juge va se fonder sur le critère de conception mentale (« mental concept ») d’intention préconceptuelle de la mère commanditaire pour déterminer le lien de filiation biologique entre la mère et l’enfant. Dans la précédente affaire Calvert, les deux mères pouvaient être considérées comme biologiques de l’enfant : l’une ayant « apporté » son ovule, l’autre ayant porté et accouché l’enfant. La « conception mentale » de l’enfant, l’intention d’être parent, servait de critère pour définir la maternité juridique, dont le critère biologique était insuffisant. En l’espèce, le caractère inédit de cet arrêt résulte du fait qu’aucun lien biologique ne relie la mère commanditaire à l’enfant, cette dernière ayant bénéficié d’un don d’ovule. Et pourtant, le juge va reconnaître l’existence juridique d’une filiation biologique en se fondant sur la conception mentale de la mère62.
37Cette notion, proche en réalité de celle d’intention, concerne bien l’identité psychique de la mère de l’enfant.
38Ainsi, dans une situation mêlant technique scientifique (le prélèvement d’ovule et la transplantation de l’embryon) et sociale (le « service d’utérus » de la mère porteuse), aboutissant à une division du critère objectif de « mère biologique », quelle objectivité perdure ? Est-ce qu’un lien de filiation peut être conditionné par le seul engendrement mental ?
39D’une manière générale, c’est une prise en compte grandissante de la vérité psychique de la personne qui semble se manifester dans le droit positif.
40Après avoir repéré quelques notions juridiques à travers lesquelles l’identité psychique de la personne semble apparaître dans la sphère juridique, nous allons envisager plus spécifiquement la fonction de ce concept doctrinal dans la description des normes juridiques.
II. La fonction du concept d’identité psychique dans la description des normes juridiques
41Le concept d’identité psychique va permettre de repérer un certain nombre d’éléments visant à différencier les individus destinataires de normes juridiques, de manière globale (A), ou de manière plus spécifique (B). Un ensemble de destinataires psychiques peut ainsi être repéré au sein des normes juridiques.
1. Identifier les destinataires des normes juridiques en général
42Ce concept d’identité psychique permet d’identifier les sujets de droit en général par des « signes juridiques »63 d’un genre particulier : des signes juridiques psychiques.
43En effet, l’identité civile permet d’identifier chacun des destinataires potentiels de normes juridiques sur le territoire de l’État. Comme l’explique le doyen Carbonnier, « c’est le droit civil qui a les clefs de l’individualisation de la personne, et les conclusions qu’il en tire pour lui-même ont une portée générale. Elles valent en principe pour du droit. L’existence juridique de certaines données identifiantes est obligatoire, ainsi nous devons tous avoir une identité sexuelle, une filiation… Le droit à un état civil relève d’une construction civiliste dont la réalité repose plutôt sur l’obligation d’avoir un état »64. De même que de fournir des papiers d’identité65 – matérialisés notamment par une norme de droit administratif66 – lors d’un contrôle d’identité67. Ainsi, les éléments de l’état civil constituent le champ de recherche privilégié de cette identité psychique, car ils permettent de relever le socle commun de l’identité de l’ensemble des destinataires d’un ordre juridique.
44Or, parmi les signes juridiques de l’état civil68, certains peuvent viser des faits psychiques : le sexe (1) et la filiation (2).
1.1. Le sexe juridique
45Le sexe n’est pas défini par une norme juridique. Or, il pourrait, en théorie, tout autant viser le sexe biologique que le « genre »69, notion plus large renvoyant à l’appartenance à une identité sexuelle construite – dont le « sentiment d’identité » en est le noyau – plus qu’à un sexe d’assignation70. Ainsi, au sexe biologique s’ajouteraient le sexe social et le sexe psychique. Ce dernier vise l’identification prédominante au sexe masculin ou féminin, dans la réalité psychique du sujet71.
46Nous avons vu précédemment que la Cour européenne va privilégier le sexe psychique (encore appelé « sexe cérébral » ou « sexe psycho-social ») sur le sexe biologique, concernant les personnes transsexuelles pour déterminer le sexe juridique que l’État doit inscrire dans l’état civil du sujet72. Sous certaines conditions, l’État doit en effet mettre en conformité le sexe juridique de l’état civil de la personne à son sexe psychique. Même si dans certains pays, cette exigence n’est pas nécessaire, l’« opération chirurgicale est souvent une condition indispensable à la modification de l’état civil et peut elle-même être soumise à des conditions strictes »73. Tel est le cas en France qui a estimé sous l’impulsion de la jurisprudence européenne qu’« à la suite d’un traitement médico-chirurgical, subi dans un but thérapeutique, une personne présentant le syndrome du transsexualisme ne possède plus tous les caractères de son sexe d’origine et a pris une apparence physique la rapprochant de l’autre sexe, auquel correspond son comportement social, le principe du respect dû à la vie privée justifie que son état civil indique désormais le sexe dont elle a l’apparence, le principe de l’indisponibilité de l’état des personnes ne fait pas obstacle à une telle modification »74. Ainsi, le sexe psychique, qui est le sentiment continu d’appartenance au sexe opposé, attesté par certificat médical, conditionne le sexe juridique, mais doit être accompagné d’une autre forme de sexe engageant le corps, celui-ci non biologique, mais apparent. Cette apparence doit s’inscrire dans le corps. Une simple transformation physique ne suffit pas, une intervention invasive et irrémédiable doit prouver le sexe psychique présumé. Ainsi, le sexe juridique est-il en définitive déterminé par le sexe psychique de la personne, mais aussi par un sexe corporel apparent. Une évolution juridique est toutefois à noter concernant ces exigences corporelles relatives au changement de sexe juridique. En effet, à la suite du rapport Commissaire aux droits de l’homme près le Conseil de l’Europe de 2009, puis de la circulaire du ministère de la Justice du 14 mai 201075, deux arrêts de la Cour de cassation du 7 juin 2012, puis deux autres du 13 février 2013 ont supprimé la nécessité de l’expertise judiciaire – mais non du transsexualisme dont la réalité doit être établie – et l’exigence du traitement hormono-chirurgical : seule subsiste la condition d’irréversibilité de la transformation de l’apparence de la personne. Ainsi, le rôle du corps dans la prise en compte du sexe psychique pour déterminer le sexe juridique semble ici atténué sans toutefois être remis en cause76. Le récent Avis sur l’identité de genre et sur le changement de la mention du sexe à l’état-civil de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH, ) du 27 juin 201377, milite toutefois pour l’introduction dans la législation française de la notion d’« identité de genre ». Celle-ci est destinée à permettre aux personnes transgenres78 d’obtenir un changement de sexe à l’état-civil, sans condition médicale79 – c’est-à-dire sans nécessité de traitement hormonal entraînant la stérilité, ou de recours à des opérations chirurgicales . Et cet Avis plaide aussi pour une déjudiciarisation partielle de la procédure de changement de sexe à l’état-civil. La reconnaissance juridique du sexe psychique s’établirait ainsi en diminuant la considération d’un « corps sexué révélateur ».
1.2. La filiation juridique
47De même, l’établissement du lien de filiation juridique peut viser explicitement un fait psychique. En effet, la filiation est constituée d’un ensemble d’éléments : le titre, les liens du sang, la possession d’état. Or, s’il est possible de constater « l’essor du biologique dans la filiation »80, la prise en compte du fait psychique dans la constitution de ce lien semble également présente et grandissante81. Cela se manifeste à travers les « parentalités d’intention »82, mais aussi avec la possession d’état correspondant à « la filiation vécue »83. Elle n’est appréhendable, en tant que telle, comme parentalité d’intention, car elle ne « constitue qu’un fait juridique »84. Cet élément vise traditionnellement la « vérité sociologique »78 d’un lien de filiation, qualifiable aujourd’hui de « vérité affective »85 et qui pourrait être requalifiée peut être de vérité psychique au regard de ce qu’elle tend à recouvrir : « L’attention et [des] soins portés à l’enfant dès sa conception86 ».
48C’est donc également par rapport à ce lien de « filiation vécue » visant un ensemble de phénomènes psychiques (l’affection, l’attention, le soin porté à un enfant, la présence continue) que le signe juridique de la filiation est identifié. Cette dernière a « une importance essentielle et grandissante en matière de filiation légitime ou naturelle »87 ce que confirme l’ordonnance de 2005 portant réforme de la filiation88. Elle peut apparaître, en effet, comme « l’un des derniers remparts contre la vérité biologique »89. Cette ordonnance de 2005 prévoit ainsi que, en cas de conflit avec la vérité biologique, à compter de cinq années de possession d’état conforme au titre, la vérité biologique sera écartée, au profit de la vérité psychique et plus largement de la vérité psycho-sociale, du lien entre l’enfant et le parent. Cela signifie qu’au-delà de cette durée écoulée, l’action en contestation sera close définitivement90. Même si le père biologique apprend, postérieurement à ce délai, l’existence de cet enfant, aucune action en contestation ne sera recevable. De plus, la loi du 17 mai 201391 accentue l’importance des liens psychiques entre l’enfant et un tiers – grand parent, beau parent… – en prenant en compte dans la fixation des modalités de la relation juridique par le juge des affaires familiales, la relation affective avec celui-ci « parent ou non, en particulier lorsque ce tiers a résidé de manière stable avec lui et l’un de ses parents, a pourvu à son éducation, à son entretien ou à son installation, et a noué avec lui des liens affectifs durables92. Ainsi, en choisissant de faire primer la vérité psychique sur la vérité biologique pour constituer le lien de filiation, le droit français contribue à la « métamorphose de la parentalité »93 et renforce les nouveaux contours d’une parentalité psychique.
49Enfin, l’âge ne fait pas non plus l’objet d’une définition générale en droit. Il se détermine toutefois au regard de l’acte de naissance de la personne. L’ordonnance du 4 juillet 2005 précise que « L’acte de naissance énoncera le jour, l’heure et le lieu de la naissance ». Or, l’âge pourrait renvoyer également à un vécu subjectif, psychique de la personne et changer en fonction d’un acte de naissance psychique. « La naissance psychique » est d’ailleurs un concept psychanalytique renvoyant au renouvellement tellement important qu’opère une cure analytique sur le psychisme du sujet qu’elle le fait naître sur le plan de sa subjectivité94. Mais telle n’est pas la voie empruntée pour le moment par les organes d’application.
50En toute hypothèse, l’identité juridique est ainsi en partie, constituée d’une identité psychique. Certains signes identifiants de nature psychique, le sexe psychique ou la filiation vécue peuvent être repérés dans le droit positif. Le concept d’identité psychique a permis de relever des destinataires de normes juridiques en général, celles constituant le socle commun d’identification des sujets de droit sur le territoire. Cette identité psychique apparaît dans certaines normes plus spécifiques.
2. Identifier les destinataires de normes juridiques spécifiques
51De manière plus spécifique, le concept d’identité psychique permet de regrouper une classe de destinataires de normes juridiques en particulier.
52Certaines normes juridiques renvoient en effet à des critères de nature psychique pour déterminer leurs destinataires. Le fait psychique peut être ainsi une condition d’application de différents régimes juridiques.
53Par exemple, le critère de troubles mentaux, de fait psychique pathologique, va pouvoir conditionner : l’hospitalisation et les soins sans consentement95, un régime d’irresponsabilité pénale96, l’annulation d’actes juridiques97, la reconnaissance de préjudices réparables…
54Le concept d’identité psychique permet bien d’identifier un ensemble de destinataires psychiques spécifiques, en l’espèce ceux renvoyant à des personnes atteintes de certains troubles.
55De manière plus novatrice, ce concept est utile pour repérer un ensemble de bénéficiaires spécifiques de droits fondamentaux98 que l’on pourrait alors qualifier de « droits fondamentaux psychiques »99, ceux visant à protéger l’identité psychique de la personne.
56Ces normes juridiques protègent, de manière relativement inédite, un ensemble de comportements et surtout d’états relatifs à l’intégrité psychique de la personne : un état sans souffrance psychique et son versant positif son épanouissement (et de manière sous-jacente sa santé mentale).
57C’est essentiellement100 l’interprétation de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme par la Cour européenne, qui offre ce nouveau socle de protection pour la vie psychique de la personne.
58Ces nouveaux droits fondamentaux de l’article 8 ont pu être présentés sous la forme d’un triptyque dont la configuration comporte des variations101 selon les arrêts de la Cour européenne ou la présentation de la doctrine. Ainsi, trouve-t-on l’autonomie personnelle – le développement personnel – le droit d’établir des relations avec ses semblables (voir, par exemple, Pretty c/ Royaume-Uni, précité, § 61) ou bien l’épanouissement personnel comprenant le développement personnel (Christine Goodwin c/Royaume-Uni) et l’autonomie personnelle (ainsi arrêt KA DA, § 83), et le droit d’établir et entretenir des rapports avec d’autres êtres humains et le monde extérieur102. Or, À travers eux, il semblerait que ce soit de plus en plus l’identité psychique des personnes qui soit en réalité protégée.
2.1. Les bénéficiaires de droits fondamentaux protecteurs d’une identité psychique sans souffrance
59Ces nouveaux droits fondamentaux dégagés par la Cour européenne semblent viser en partie la protection contre la souffrance psychique de la personne. Elle apparaît de plus en plus dans les motifs des arrêts, comme élément pris en compte par la Cour pour rendre sa solution.
60Ainsi, la souffrance psychique de la personne en fin de vie et du transsexuel apparaît, elle, particulièrement protégée.
61La notion d’autonomie personnelle103, consacrée par l’arrêt Pretty104 comme « principe important qui sous-tend l’interprétation des garanties de l’article 8 » est un « droit à l’auto-détermination » (§ 61) et se définit, selon la cour, comme « le droit d’opérer des choix concernant son propre corps » (§ 66). Il en va de même dans l’arrêt K.A. et A.D.105 qui consacre106 un « droit de disposer de son corps à partir de cette notion d’autonomie personnelle en énonçant que « le droit d’entretenir des relations sexuelles découle du droit de disposer de son corps, partie intégrante de la notion d’autonomie personnelle » (§ 83).
62Mais cette protection d’une sphère d’autonomie ne concerne en réalité pas seulement le corps. Elle vise également « l’intégrité morale » de la personne et plus spécifiquement la protection d’un espace sans souffrance psychique. Dans l’arrêt Pretty par exemple, afin de conclure à une non violation de l’article 8 de la CEDH et donc de ce droit à l’autonomie personnelle, la Cour prend en considération, dans ses motifs, la souffrance « des effets dévastateurs d’une maladie dégénérative qui va entraîner une détérioration graduelle de son état et une augmentation de sa souffrance physique et mentale (Pretty, § 64), ainsi que « la perception aiguë [que la personne a] d’elle-même et de [son] identité personnelle ». De même, la souffrance psychique endurée par une personne atteinte d’un « grave trouble affectif bipolaire lui rendant la vie insupportable » sera également prise en compte par la Cour mais ne justifiera pas, néanmoins, le droit à un suicide assisté. Toutefois, « La Cour de Strasbourg esquisse, à la charge des États, une “obligation positive” de prendre les mesures nécessaires permettant un suicide digne et sans souffrance »107.
63C’est également la souffrance psychique qui semble visée par ces nouveaux droits fondamentaux pour protéger les personnes transsexuelles de certains états. Elle est invoquée dans les motifs de l’arrêt Goodwin108 afin de justifier, cette fois-ci, l’application de l’article 8 de la CEDH. La Cour conclut, en effet, à une obligation générale pour l’État de modifier sa législation concernant l’inscription sur les papiers d’identité du nouveau sexe psychique de la personne transsexuelle109. La Cour a recours à la notion d’autonomie personnelle110, à côté du développement personnel pour protéger un aspect de « la sphère personnelle de chaque individu… y compris le droit pour chacun d’établir les détails de son identité d’être humaine » (§ 90). Or, le juge européen garantit positivement, tout à la fois « le développement personnel et l’intégrité physique et morale » (§ 90) de la personne mais aussi négativement le fait de ne pas exposer la personne au « stress et à l’aliénation qu’engendre la discordance entre « la réalité sociale et le droit qui placent la personne transsexuelle dans une situation anormale lui inspirant des sentiments de vulnérabilité, d’humiliation et d’anxiété » (§ 77). Il ne semble pas y avoir, toutefois, d’obligation des États à autoriser le traitement et l’intervention chirurgicale de réassignation sexuelle bien que la Cour reconnaisse que cette opération vise à « soulager la situation des personnes transsexuelles » (Pretty, § 78)111. Mais c’est également la souffrance du corps qui est en l’espèce pris en compte pour justifier l’application de ce droit fondamental et par suite l’obligation des États à mettre en conformité le sexe juridique au sexe psychique. La cour estime en effet que vues « les nombreuses et pénibles interventions qu’entraine une telle chirurgie et le degré de détermination et de conviction requis pour changer de rôle sexuel dans la société, on ne saurait croire qu’il n’y ait quoi que ce soit d’arbitraire ou d’irréfléchi dans la décision d’une personne de subir une conversion sexuelle » (§ 81).
64Enfin, dans l’arrêt K.A.112, c’est cette fois la souffrance psychique endurée par la personne victime de pratiques sadomasochistes qui va justifier la limitation du droit à l’autonomie personnelle impliquant le droit d’entretenir des relations sexuelle. C’est en effet : l’angoisse, la douleur l’humiliation... elle concerne ici « le droit d’entretenir des relations sexuelles » (§ 83) qui se voit limiter non par la morale mais par « la volonté » de la victime113.
2.2. Les bénéficiaires de droits fondamentaux protecteurs d’une identité psychique en développement
65C’est aussi l’application de l’article 8 de la Convention européenne par la Cour européenne qui va permettre un ensemble de comportements psychiques, protéger certains états psychiques, tels que le libre épanouissement de la personne, son développement psychique, son bien-être. Par exemple, c’est à partir de « l’épanouissement personnel » et du « droit à l’identité », que la Cour protège un « intérêt vital » de connaître la vérité concernant les origines génétiques de la personne (Cour EDH Odièvre c/France 13 février 2003, n° 42326/98, § 29 ; Cour EDH, 2002-I Mikulic c/Croatie, n° 53176/99 § 64 ; ou encore CEDH Ebru et Tayfun Engin Colak c/Turquie, 30 mai 2006, 60176/00). Elle en induit ainsi une obligation positive à la charge de l’État « [à] obtenir des informations nécessaires à la découverte de la vérité concernant un aspect important de son identité personnelle, par exemple identité de ses géniteurs » (Odièvre, préc. § 29). La Cour semble identifier également « un droit inhérent »114 à l’article 8 de la Convention européenne, estimant que « la sauvegarde de la stabilité mentale est à cet égard un préalable inéluctable à la jouissance effective du droit au respect de la vie privée » (Bensaïd c. RU, n° 44599/98, § 47 ou encore Odièvre, précité, § 29). Le « bien-être d’une personne » est également protégé à travers un droit à un environnement sain et calme élaboré à partir de l’article 8 de la CEDH et plus spécifiquement encore du droit au respect du domicile115 (Lopez Ostra/Espagne, 9 décembre 1994, § 51 ; Moreno Gomez c/Espagne, 16 novembre 2004, § 54).
2.3. Un renouvellement de la conception du droit au respect de la vie privée
66Le concept d’identité psychique contribue alors à identifier un nouveau contenu, une nouvelle signification que semble revêtir les interprétations, par la Cour européenne, du droit au respect de la vie privée issu de l’article 8 de la Convention européenne116. Il permet de relever peut-être alors une troisième étape dans la conception de l’évolution générale du droit au respect de la vie privée : le droit au respect de la vie psychique et à travers lui, la protection de l’identité psychique de la personne. À l’ancienne conception spatiale du droit au respect de la vie privée de la personne (protéger le domicile, la voiture...) s’est substituée une conception identitaire partielle (protéger un aspect de l’identité de la personne : sociale, sexuelle, génétique…), qui semble être aujourd’hui remplacée par une conception identitaire psychique. La protection de la vie privée semble viser de plus en plus à un certain état psychique (sans souffrance, en vue d’un bien-être). C’est cet état psychique qui est protégé, sans préjuger du caractère plus ou moins intime d’un lieu (l’environnement en général peut être visé117) ou d’un aspect de l’identité personnelle en jeu118.
67Enfin, la protection de l’identité psychique est encadrée aussi sur le plan législatif et infra-législatif. Par exemple, la loi relative à la politique de santé publique adoptée en 2004119, réglemente pour la première fois en France la profession de psychothérapeute120. L’on songe aussi notamment à la protection de l’intégrité morale avec l’article 16 du Code civil issu de la loi du 29 juillet 1994, « L’atteinte à l’intégrité psychique de la personne », consacrée au chapitre 3 du code pénal ou encore l’émergence de nouvelles infractions121 dans les années 2000 : notamment l’infraction de violence psychique, l’infraction de diffamation, l’infraction de harcèlement moral issue de la loi du 17 janvier 2002122, et l’infraction de manipulation mentale crée par la loi du 12 juin 2001123.
68D’une manière générale, le concept d’« identité psychique » va permettre de discriminer, au sein des éléments identifiants, ceux relevant de faits immatériels vécus par une personne tels que le sexe psychique ou la vérité affective d’une relation filiale, de ceux relevant de faits matériels tels que le domicile ou plus spécifiquement les éléments corporels tels que les empreintes digitales ou génétiques. Ce concept apparaît utile ainsi pour identifier les destinataires de normes juridiques applicables sur le territoire et plus spécifiquement de nouveaux bénéficiaires de droits fondamentaux, en contribuant alors peut-être à repenser l’évolution du droit au respect de la vie privée.
Notes de bas de page
1 Cet article constitue une reprise actualisée et modifiée de l’article « L’identité psychique des destinataires des normes juridiques », publié dans l’ouvrage collectif Géraldine Aïdan et Émilie Debaets (sous la dir. de), L’identité juridique de la personne humaine, L’Harmattan, coll. « Logiques juridiques », 2013, p. 289-308. Il s’intègre également dans une thèse plus générale, développée in Géraldine Aïdan, « Le fait psychique, objet de normes juridiques », thèse de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, sous la direction du professeur Étienne Picard, 2012, 561 p. (en cours de publication).
2 Directive 95/46/CE du Parlement européen et du Conseil du 24 octobre 1995, relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données, JOCE n° L 281, 23 novembre 1995, p. 31-50.
3 L’article 2-a de ladite directive définit les données à caractère personnel comme « toute information concernant une personne physique identifiée ou identifiable (personne concernée) ; est réputée identifiable une personne qui peut être identifiée, directement ou indirectement, notamment par référence à un numéro d’identification ou à un ou plusieurs éléments spécifiques, propres à son identité physique, physiologique, psychique, économique, culturelle ou sociale », [nous soulignons].
4 La loi du 6 août 2004 relative à la protection des personnes physiques à l’égard des traitements de données à caractère personnel modifiant la loi du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés. Et le juge constitutionnel, dans sa décision n° 2004-499 DC du 29 juillet 2004, considère d’ailleurs que la protection de ces données est une composante de la vie privée. Le principe général posé par la loi est celui de l’interdiction de fichage des « données personnelles sensibles » considérées comme dangereuses (art. 8).
5 À l’article 4, ‘m’ : « définitions de : données à caractères personnels » du Règlement (UE) n° 524/2013 du Parlement européen et du Conseil du 21 mai 2013, Relatif au règlement en ligne des litiges de consommation (règlement relatif au RLCC). Même usage que la directive communautaire précitée.
6 Cour EDH Pfeifer c/Autriche, 15 novembre 2007, n° 12556/03. V. aussi Cour EDH, Petrina c/Roumanie, 14 octobre 2008, req. n° 78060/01. La Cour européenne confère ainsi à l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, visant le droit au respect de la vie privée, une interprétation extensive intégrant cette notion de réputation.
7 Paragraphe 35 in fine.
8 Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, intégrée à l’article L. 114 du Code de l’action sociale et des familles : « Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant », [nous soulignons].
9 V. la loi n° 2005-706 du 27 juin 2005 relative aux assistantes maternelles et aux assistants familiaux ayant pour objectif de favoriser le développement physique et psychique de l’enfant. Bien d’autres concepts dispositionnels utilisant le terme psychique sont identifiables et connus des juristes, par exemple les « troubles psychiques ou neuropsychiques » (Art. 122-1 du Code pénal).
10 V. Raymond Cahn, « Origines et destins de la subjectivation », chapitre I in François Richard et Steven Wainrib, collectif, La subjectivation, Dunod, 2006, p. 7 et s. Raymond Cahn, « Subjectalité et subjectivation », Adolescence, 2004/4, Tome 50, p. 755-766. V. notamment : « À partir de la distinction freudienne originaire entre sujet du moi et objet du moi et donc entre pôle subjectal et pôle objectal, la subjectalité est conçue comme le processus permettant l’émergence d’un soi créatif et autonome, éclairant, à travers leurs perturbations, certains aspects essentiels du cadre et du contre-transfert conditionnant la possibilité ou non d’un véritable travail psychanalytique ».
11 V. Hans Kelsen, Théorie générale du droit et de l’État, LGDJ, 1997, p. 56. L’auteur explique ainsi que « l’homme primitif considère en effet que les animaux, les plantes, les objets inanimés ont “une âme” dans la mesure où il leur prête des facultés mentales humaines, et même parfois surhumaines […] celui-ci applique également le droit aux êtres non-humains parce qu’à ces yeux ils sont humains, ou du moins similaires à l’homme. En ce sens, le droit primitif est donc, lui aussi, un ordre de conduite humaine » ; on peut lire aussi qu’« une réglementation juridique de ce contenu, qui apparaît absurde à nos idées actuelles, doit être rapportée à la représentation animiste selon laquelle les animaux et les objets inanimés aussi ont une “une âme” et non pas seulement les hommes, d’où il suit qu’il n’y a pas de différence essentielle entre eux et les hommes », Hans Kelsen, Théorie pure du droit, LGDJ, coll. « La pensée juridique », 1999, p. 40. V. aussi p. 92, ibid.
Freud pour sa part considère l’existence d’un appareil psychique chez les animaux supérieurs. V. Sigmund Freud, Abrégé de psychanalyse, PUF, 13e éd. 1998, p. 6.
12 Paul Amselek, « Zôon poiêtikon ou le myosotis de l’univers », Revue de Métaphysique et de Morale, 1997, p. 503.
13 Paul Amselek, « Norme et loi », Archives de philosophie du droit, tome 25, 1980, p. 91.
14 Denys de Béchillon, Qu’est-ce qu’une règle de droit, Odile Jacob, 1997, p. 23.
15 Nous distinguerons le concept dispositif, le concept doctrinal et le concept théorique. Le premier est utilisé dans la formulation des normes juridiques et peut alors viser des phénomènes d’ordre factuel ou bien d’ordre normatif. Le concept doctrinal est celui utilisé par le chercheur en droit et a pour référent, des données possibles d’un ordre juridique déterminé alors que le concept théorique vise « des données possibles d’un système juridique quelconque », ou relatives aux énoncés de la doctrine et des théoriciens du droit. V. Otto Pfersmann, « Esquisse d’une théorie des droits fondamentaux », L. Favoreu et alii, Droit des Libertés fondamentales, 4e édition, 2007, Paris, Dalloz, p. 73 et sq. Otto Pfersmann, « Prolégomènes pour une théorie normativiste de l’“État de droit” » O. JouanJan (dir.), Figures de l’État de droit. Le Rechtsstaat dans l’histoire intellectuelle et constitutionnelle de l’Allemagne, Presses Universitaires de Strasbourg 2001, p. 54 et sq. Cette classification permet de distinguer différents niveaux d’analyse : le niveau du droit positif, celui de la doctrine et celui de la théorie du droit et de repérer, alors, celui auquel appartient l’expression considérée, afin de comparer de manière appropriée les concepts correspondant entre eux.
16 En reprenant ici l’expression de Jean Carbonnier : « Un certain nombre de signes juridiques servent à distinguer chaque homme de ses semblables… », J. Carbonnier, Droit civil – Les personnes, la famille, 1, PUF, coll. « Quadrige », 2004, § 219, p. 419.
17 L’on pense ici par exemple aux notions de « perte de chance » (CE, 5 janvier 2000, Consorts Tell, Rec. p. 1 ; AJDA, 2000. 180, chron. S ; AJDA, chron. M. Guyomar et P. Collin ; RFDA 2000. 641, concl. D. Chauvaux. V. l’article L. 2141-4 du Code de santé publique : I. « Les deux membres du couple dont des embryons sont conservés sont consultés chaque année par écrit sur le point de savoir s’ils maintiennent leur projet parental ». V. : Fl. Bellivier et P. Egea, « L’être humain sans qualité », in S. Hennette-Vauchez (dir.), Bioéthique, biodroit, biopolitique. Réflexions à l’occasion du vote de la loi du 4 août 2004, LGDJ, coll. « Droit et société », vol. 43, 2006 op. cit., p. 121 et sq.
18 Nous traiterons globalement ici les faits psychiques, sans distinguer les phénomènes conscients des phénomènes inconscients. Il s’agirait dans une certaine mesure des « comportements internes » auxquels se réfère Kelsen. V. Hans Kelsen, Théorie pure du droit, op. cit., p. 67 notamment.
19 V. Otto Pfersmann, « Identité descriptive, identité prescriptive », Géraldine Aïdan et et E. Debaets (sous la dir. de), L’identité juridique de la personne humaine, L’Harmattan, op. cit., p. 413 et sq.
20 Daniel Gutmann, Le sentiment d’identité, étude des droits des personnes et de la famille, Préface de François terré, LGDJ, 2000.
21 Xavier Bioy, « L’identité de la personne devant le Conseil constitutionnel », RFDC, 2006, p. 73-95.
22 En suivant la méthode prescrite par Kelsen. V. Hans Kelsen, Théorie générale du droit et de l’État suivi de La doctrine du droit naturel et le positivisme juridique, LGDJ - Bruylant, coll. « La pensée juridique », 1997, p. 56 : « Toute tentative visant à définir un concept doit partir de l’usage courant du mot qui dénote ce concept ».
23 Annick Batteur, « L’interdit de l’inceste, Principe fondateur du droit de la famille », RTD civ., 2000 p. 759 et sq.
24 Sur cette distinction très éclairante entre identité descriptive et identité prescriptive, et la critique de la confusion de ce point dans la doctrine, V. également Otto Pfersmann, « Identité descriptive, identité prescriptive », op. cit., p. 413.
25 Daniel Gutmann, « Identité civile et identité familiale », LPA, 1999, p. 38.
26 François Terré et Dominique Fenouillet, Droit civil, les personnes, la famille, les incapacités, Dalloz, 7e édition, 2005, p. 596.
27 Frédérique Granet-LamBrechts, « Le droit à l’identité », F. Sudre (dir.), Le droit au respect de la vie privée au sens de la Convention européenne des droits de l’homme, Bruylant, 2005, p. 193. Nous nous écartons d’une partie de la doctrine cherchant dans le droit ce que serait l’identité de la personne. V. également les travaux de Xavier Bioy qui distingue l’identité en tant qu’identification et en tant que personnalité, mais du point de vue supposé du sujet de droit, et notamment X. Bioy, « L’identité de la personne devant le Conseil constitutionnel », RFDC, 2006, p. 73-95.
28 Pierre Legendre, « Revisiter les fondations du droit civil », RTD civ., 1990, p. 639.
29 V. Claire Marin « L’identité psychique et son vacillement. Approche philosophique » in Géraldine Aïdan et et E. Debaets (sous la dir. de), L’identité juridique de la personne humaine, op. cit., p. 273 et sq.
30 Michel de M’Uzan, Aux confins de l’identité, édition Gallimard, 2005.
31 V. Donald Woods winnicott, La nature humaine, Gallimard, 1990 ; Heinz kohut, Le soi : la psychanalyse des transferts narcissiques, PUF, 1974.
32 V. Jacques lacan, Écrits, éditions du Seuil, deux volumes, Paris, 1966, réed. 1999 ; voir aussi pour une approche synthétique : Bertrand Ogilvie, Lacan, le sujet, PUF, 2005.
33 V. Raymond Cahn, « Origines et destins de la subjectivation », op. cit.
34 Phénomènes qui ont la spécificité de ne pas être directement observables.
35 Pour un développement plus complet des normes générales et des normes concrètes, nous nous permettons de renvoyer à Géraldine Aïdan, « Le fait psychique, objet de normes juridiques », op. cit.
36 La question ainsi posée et la démarche adoptée sont différentes de celle que l’on rencontre traditionnellement dans la littérature juridique à propos de l’identité dans le droit.
37 Georgio Del Vecchio, dans son ouvrage de philosophie du droit, montre que le droit positif « n’a jamais ignoré l’activité psychique de l’individu », et que, généralement, le droit, par le fait même qu’il se rapporte « seulement aux actions », s’intéresse à « tous les actes » et y compris aux actes internes car toutes actions comportent à la fois un acte interne, c’est-à-dire « une entité psychique », et « un acte externe », G. Del Vecchio, Philosophie du droit, Dalloz-Sirey, 2003, p. 260.
38 V. articles L. 3212-1, L. 3213-1 et L. 3213-2 du Code de santé publique
39 V. l’article 122-1 du Code pénal.
40 V. l’article 414- 1 du Code civil.
41 V. l’article 425 alinéa 1er du Code civil.
42 CE, 24 novembre 1961, Letisserand, D. 1962, p. 36.
43 V. encore récemment à propos d’une dépression nerveuse d’origine professionnelle, CE, 1er février 2011, n° 331746.
44 CE 23 avril 1997, Consorts Alix, n° 157664, Leb. p. 167. Le juge administratif adopte ainsi une conception subjectiviste du préjudice, contrairement au juge judiciaire. V. Cass. crim., 3 avril 1978, JCP, 1979, II, 19168, note Bourseau ; Cass. civ. 22 février 1995, Mlle X. c/Société de Transport agglomération elbeuvienne et autres ; Cass. civ. 22 février 1995, Société nouvelle X. et autres c/Consorts Z. et autres, Bull. civ. n° 61, p. 34 D. 1995, S.C., p. 233, obs. mazaud. V. sur l’ensemble de ces points : Christine Cormier, Le préjudice en droit administratif français. Étude sur la responsabilité extra-contractuelle des personnes publiques, LGDJ, Paris, 2002, p. 102 et sq. ; voir aussi Laurence Ravillon, « Le statut juridique de la personne en état végétatif chronique », RDSS, 1999. Le juge administratif a opéré un revirement de jurisprudence avec les arrêts CE 24 nov. 2004, Francis M., n° 247080 et CE 17 mai 2006, n° 272525 et rejoint ainsi la position de la Cour de cassation. Désormais l’ensemble des chefs de préjudices est réparable pour les personnes en état de coma végétatif. V. AJDA 2005 p. 336, concl. T. Olson.
45 Avant la réforme du Code pénal par la loi du 16 décembre 1992, il existait des délits dits « matériels » constitués à partir d’un comportement matériel, sans élément intentionnel nécessaire. Depuis le nouveau Code pénal, ces délits matériels ont disparu ; en revanche, il existe pour les infractions les moins graves, des « fautes contraventionnelles » pour lesquelles l’établissement de l’élément moral n’est pas nécessaire. Il convient toutefois de noter que cet élément moral peut parfois être présumé pour certaines infractions délictuelles ou criminelles. V. en ce sens Xavier Pin, Droit pénal général, Dalloz, 4e éd. 2010, p. 20.
46 « Avec la matérialité ou l’élément matériel on rentre dans la visibilité de l’infraction. Celle-ci passe d’abord par un référent nécessaire. C’est le comportement. Elle est ensuite tributaire d’une donnée plus relative qui ne lui est pas systématiquement associée. Il s’agit du résultat… », Y. Mayaud, Droit pénal général, 3e édition, PUF, 2010, p. 173.
47 Ou bien peut-on parler d’une « intention coupable », X. Pin, ibid., p. 145 : « L’intention coupable est la volonté orientée vers l’accomplissement d’un acte interdit. Tout acte intentionnel est un acte volontaire, mais l’acte volontaire peut n’être pas intentionnel », Ph. conte, J. Larguier, P. Maistre du ChamBon, Droit pénal général, Mémento, 21e éd., Dalloz, 2008, p. 38.
48 Hans Kelsen, Théorie générale des normes, Léviathan, PUF, 1996, p. 119.
49 Bernard Bouloc, Droit pénal général, Paris, Dalloz, 21e éd., 2009, p. 240.
50 Ainsi, l’infraction terroriste est-elle constituée d’un élément intentionnel enrichi d’un mobile particulier qui est lié à la recherche de certains états psychiques de la victime : « L’intimidation ou la terreur » (Art. 421-1 du Code pénal : « Constituent des actes de terrorisme, lorsqu’elles sont (L. n° 96-647 du 22 juill. 1996) “intentionnellement’’ en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur, les infractions suivantes »).
51 V. André Green, La causalité psychique, éditions Odile Jacob, 1995, p. 303 et sq.
52 Pierre-Henri Castel, « Le paradoxe de Tirésias, ou comment c’est, “se savoir d’un autre sexe” », Czermak et H. Frignet (dir.), Sur l’identité sexuelle. À propos du transexualisme, Actes des journées des 30 novembre et 1er décembre 1996, Édition de l’Association freudienne internationale, 1998, p. 53.
53 Cour EDH, B. c. France, du 25 mars 1992, série A., n° 232-C.
54 Cour EDH, Goodwin c/RU, 11 juillet 2002, n° 28957/95.
55 Imposant le droit au respect de la vie privée et familiale.
56 Pierre-Henri Castel, ibid., p. 69.
57 La France a considéré un temps que l’opération de réassignation sexuelle était illicite, faute de but thérapeutique ; elle constituait une infraction d’atteinte volontaire à l’intégrité corporelle ou un crime de castration. (V. par ex. CA Paris 18 janv. 1974, D. 1974, p. 196). C’est implicitement qu’elle l’admet, à travers l’arrêt de l’Assemblée plénière de la Cour de cassation dans lequel elle autorise la modification de l’état civil au regard du nouveau sexe du requérant. (Cass. Ass. plén. 11 décembre, 2 arrêts, JCP 1993. II. 21991, concl. M. Jéol, note J.-P. Marguénaud), intervenue suite à la condamnation de la France par la Cour européenne.
58 En effet, la maternité d’intention est prohibée en France, interdiction renouvelée très récemment par la nouvelle loi bioéthique, Loi n° 2011-814 du 7 juillet 2011. Interdiction, y compris lorsque l’enfant est conçu avec les gamètes des deux membres du couple de parents « d’intention ».
59 CEDH, gr. ch., 26 juin 2014, deux arrêts Mennesson c/France, Req. n° 65192/11, et Labassee c/France, Req. n° 65941/11, Dalloz actualité, 30 juin 2014, obs. Coustet ; AJ famille 2014. 396, obs. Dionisi-Peyrusse. La Cour européenne estime en effet que l’absence de reconnaissance de la filiation d’un enfant né d’une gestation pour autrui (ou maternité d’intention), sur les registres d’état civil français, porte atteinte à l’identité de cet enfant, au sens de l’article 8 de la CEDH.
60 5 Cal.4th 84, 19 Cal. Rptr.2d 494 ; 851 P.2d 776. V. Marcela Iacub, L’empire du ventre : pour une histoire de la maternité, Fayard, 2004, p. 260 et sq.
61 In re Marriage of Buzzanca (1998) 61 Cal. Ap. 4th 1410, 72 Cal. Rptr.2d 280.
62 En effet, le Code de la famille californien prévoyait que lorsque la femme pourvoit à l’ovocyte et l’autre à la gestation, celle qui « l’intention de faire naître l’enfant et de l’élever comme étant le sien est la mère biologique selon la loi de Californie », V. Marcela Iacub, ibid., p. 271. Or, ce cas de figure où la mère d’intention avait eu recours à une donneuse était encore inédit. Rattaché cependant au Code de la famille, la solution proposée par le juge californien signifiait que la conception mentale devenait un troisième critère en tant que tel pour déterminer cette maternité biologique.
63 V. note 16.
64 Jean Carbonnier, Droit civil, la famille, l’enfant, le couple, tome II, 21e éd., refondue in Thémis, droit privé, PUF, 2002, p. 419 et sq.
65 Le professeur Carbonnier rappelle que « la carte d’identité n’est d’ailleurs, qu’un moyen privilégié », ibid.
66 Lors d’un acte notarial par exemple, la présentation des papiers d’identité peut être une exigence normative aussi.
67 Désormais, il est clairement établi que « toute personne se trouvant sur le territoire national doit accepter de se prêter à un contrôle d’identité effectué dans les conditions et par les autorités de police visées aux articles suivants » (art. 78-1, C. pr. pén.). « Or certaines de ces normes imposent la possession de certains documents à certaines personnes, celles qui exercent telle profession, qui ont tel état ou se livrent à telle activité », E. Picard, « La police et le secret des données d’ordre personnel en droit français », RSC, 1993, 277 et sq.
68 Le nom, la filiation, la nationalité, le domicile, le mariage, la date de naissance et le sexe. Article 57 Modifié par l’ordonnance n° 2005-759 du 4 juillet 2005 – art. 17, JORF 6 juillet 2005 en vigueur le 1er juillet 2006. L’acte de naissance énoncera le jour, l’heure et le lieu de la naissance, le sexe de l’enfant, les prénoms qui lui seront donnés, le nom de famille, suivi le cas échéant de la mention de la déclaration conjointe de ses parents quant au choix effectué, ainsi que les prénoms, noms, âges, professions et domiciles des père et mère et, s’il y a lieu, ceux du déclarant. Si les père et mère de l’enfant ou l’un d’eux ne sont pas désignés à l’officier de l’état civil, il ne sera fait sur les registres aucune mention à ce sujet.
69 Le concept même de genre, avant d’être saisi par les sciences sociales, a été introduit par le sexologue J. Money en 1955, puis repris par le psychiatre et psychanalyste R. Stoller qui, en 1968, évoque l’« identité nucléaire de genre » (V. Robert J. Stoller, Sex and Gender : On the devlopment of Masculinity and feminity, New York, Jason Aronson, 1968). Même si le mot genre n’apparait pas en tant que tel chez Freud, le psychanalyste Jean Laplanche montre que le concept est déjà présent. V. Jean Laplanche, « Le genre, le sexe, le sexual », Sur la théorie de la séduction, édition In Press, 2003, p. 69-103. La question du genre a été, depuis, largement développée, voir notamment les travaux de Judith Butler, par exemple : Judith Butler, Trouble dans le genre, Gender trouble, La découverte 2005
70 V. les travaux de R. Stoller qui introduit de nouvelles caractéristiques de l’identité de genre : le feeling ou « sentiment d’identité », le « noyau » de l’identité de genre intégrant à la fois la nature et la culture.
71 Pour une analyse du concept d’identité psychique au regard de celui de genre en droit (en montrant son dépassement nécessaire), nous nous permettons de renvoyer à Géraldine Aïdan, « L’identité psychique dans le genre », issu d’une communication au Colloque international « Genre et discriminations », Université Paris Ouest Nanterre La Défense, 28 juin 2013, pour l’ouvrage collectif à paraître, 20 p.
72 V. infra.
73 V. http://www.justice.gouv.fr/europe-et-international-10045/etudes-de-droit-compare- 10285/le-statut-des-personnes-transsexuelles-16119.html.
74 Cass. Ass. plén. 11 décembre 1992 : JCP 1993, II, 21991, concl. Jéol. Trois conditions cumulatives sont souvent exigées : un diagnostic médical, une opération de réassignation sexuelle et une constatation judiciaire de la conformité entre le genre et l’apparence physique.
75 Circ. DACS, n° CIV/07/10.
76 Rappelons ainsi qu’il doit être maintenu : ainsi, parmi les transgenres, seules les personnes transsexuelles « bénéficient » de cette possibilité de changement de sexe juridique.
77 CNCDH, Avis sur l’identité de genre et sur le changement de la mention du sexe à l’état civil du 27 juin 2013, http://www.cncdh.fr/sites/default/files/avis_cncdh_identite_ de_genre_27_juin_2013_1.pdf
78 C’est dire les personnes « n’ayant pas reçu de traitements médicaux de réassignation sexuelle, et dont la morphologie sexuelle diffère de leur genre ».
79 D’autant que les troubles de l’identité de genre ont été retirés de la liste des affections psychiatriques par un Décret n° 2010-125 du 8 février 2010 portant modification de l’annexe figurant à l’article D. 322-1 du code de la sécurité sociale relative aux critères médicaux utilisés pour la définition de l’affection de longue durée « affections psychiatriques de longue durée ».
80 François Terré et Dominique Fenouillet, Droit civil, les personnes, la famille, les incapacités, op. cit., p. 599.
81 Ainsi, la possession d’état semble également de plus en plus prise en compte pour établir ce lien de filiation juridique avec la loi du 3 janvier 1972, et surtout l’ordonnance du 4 juillet 2005 portant réforme de la filiation. Celle-ci semble en effet faire prévaloir la possession d’état et par suite une vérité psychique sur la vérité biologique.
82 Celle nécessitant la déclaration d’une volonté pour instituer un lien de filiation juridique. Si la volonté est au cœur des procédures d’adoption instituant un lien de filiation juridique plus ou moins exclusif, elle trouve aujourd’hui de nouveaux supports juridiques avec le développement des modes de procréation ou de recomposition familiales (V. Valérie Depat-Sebag, « La reconnaissance juridique des tiers beaux-parents : entre adoption simple et délégation-partage », D., 2011), faisant apparaître sur la scène juridique des formes de « parents ou parentalités psychiques ». Ainsi la procréation médicalement assistée ou la maternité d’intention admis dans certains États européens, nécessitent le déclenchement d’élément intentionnel pour conditionner un lien de filiation juridique. V. la nouvelle loi bioéthique (loi n° 2011-814 du 7 juillet 2011), qui ne change que très peu, finalement, l’encadrement juridique des PMA. V. notamment Marcella Iacub, « Un crime parfait l’assistance médicale à la procréation », Le crime était presque sexuel, champ Flammarion, p. 209.
83 François Terré et Dominique Fenouillet, Droit civil, les personnes, la famille, les incapacités, op. cit., p. 661.
84 Ibid., p. 657. 78. Ibid., p. 595.
85 Ibid., p. 656.
86 Florence Millet, « La vérité affective ou le nouveau dogme de la filiation », JCP, 2006, n° 7, p. 303.
87 François Terré et Dominique Fenouillet, Droit civil, les personnes, la famille, les incapacités, op. cit., p. 656.
88 Ordonnance n° 2005-759 du 4 juillet 2005 portant réforme de la filiation.
89 Ibid., p. 661.
90 Pour une étude de cette nouvelle primauté en matière de filiation, appréhendé ici sous l’angle de la vérité affective – et non psychique – V. Florence Millet, « La Vérité affective ou le nouveau dogme de la filiation », op. cit., p. 303-309.
91 LOI n° 2013-404 du 17 mai 2013 ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, précit.
92 Art. 371-4 du Code civil.
93 V. Julia Kristeva, « Métamorphoses de la parentalité », disponible en ligne, http:// www.kristeva.fr/metamorphoses.html (page consultée le 15 décembre 2013).
94 V. par exemple, « La naissance psychique », Revue française de psychanalyse, 2007, vol. 71, 320 p., [en ligne], http://0-www-cairn-info.catalogue.libraries.london.ac.uk/revue-francaise-de-psychanalyse-2007-1.htm, (page consultée le 7 août 2011).
95 V. supra.
96 V. l’article L122-1 du Code pénal.
97 V. l’article 425 alinéa 1er du Code civil ; l’article 414-1 du Code civil.
98 V. Otto Pfersmann, « Esquisse d’une théorie des droits fondamentaux », Louis Favoreu et alii, Droit des Libertés fondamentales, Dalloz, 2e édition, 2002, § 107 et sq. Ainsi l’on pourrait considérer qu’il s’agit d’une discrimination primaire d’un type particulier entre les bénéficiaires de droits fondamentaux.
99 Et de « seconde génération », celle qui porte spécifiquement sur l’identité psychique des personnes. Cf pour des développements sur ce point Géraldine Aïdan, Le fait psychique objet des normes juridiques, op. cit.
100 Mais non exclusivement. Cf., ibid.
101 Pour une présentation de ces notions, au regard de l’identité sexuelle, V. Diane Roman, « “Le corps a-t-il des droits que le droit ne connaît pas” ?, La liberté sexuelle et ses juges : étude de droit français et comparé », Dalloz, 2005, p. 1508.
102 V. pour cette présentation les GACEDH, op. cit.
103 Ainsi, Jean Pierre Marguénaud, reconnait-il qu’elle « connaitra et a déjà connu d’autres développements surprenants dans son aire d’influence au centre de laquelle le corps humain se situe », Jean Pierre Marguénaud, « Le droit au respect de la vie privée et familiale », GACEDH, op. cit., p. 480 ; V. pour une critique (morale) de la notion, Muriel Fabre-Magnan, « Le domaine de l’autonomie personnelle, Indisponibilité du corps humain et justice sociale », Dalloz, 2008 p. 3.
104 Elle a été consacrée, à l’occasion de cette affaire tristement connue, où la requérante, Mme Pretty, atteinte d’une maladie neuro-dégénérative irréversible saisit la cour pour demander qu’elle oblige l’État à l’autorisation du suicide assisté. La cour avait donc à trancher un conflit de droits fondamentaux entre la notion d’autonomie personnelle ainsi consacrée à partir de l’article 8 de la CEDH et l’article 2 (droit à la vie) de la CEDH ; elle conclut à la non violation de l’article 8 de la CEDH.
105 Cour EDH, K.A. et A.D. c/Belgique, 17 février 2005, Req. n° 42758/98 et 45558/99.
106 Après son usage doctrinal. Cf. pour une analyse critique de cet usage, Stéphanie Hennette-Vauchez, Disposer de soi ?, op. cit.
107 Cour EDH 20 janv. 2011, Haas c. Suisse, n° 31322/07. La Cour reconnait ainsi « la volonté du requérant de se suicider de manière sûre, digne et sans douleur et souffrances superflues, compte tenu notamment du nombre élevé de tentatives de suicide qui échouent et qui ont souvent des conséquences graves pour les victimes et leurs proches » (§ 56).
108 Rappelons rapidement les faits de cette affaire bien connue : La requérante se plaignait de la non-reconnaissance juridique de sa nouvelle identité sexuelle et dénonçait en particulier la manière dont elle avait été traitée dans les domaines de l’emploi, de la sécurité sociale et des pensions et l’impossibilité pour elle de se marier.
109 Confirmant définitivement la solution de son arrêt B., impliquant la France : Cour EDH, 25 mars 1992, Bc/France, série A, n° 232.
110 La doctrine a pu critiquer l’usage de la notion d’autonomie personnelle, étendue ici « à des questions d’identité sociale au lieu de la cantonner aux choix et aux droits relatifs au corps humain » mais constate en toute hypothèse que « l’autonomie personnelle sert désormais à enrichir l’interprétation de bien d’autres articles », Jean-Pierre Marguenaud, GACEDH, op. cit., p. 479 et 480.
111 La France a considéré, un temps, que l’opération de réassignation sexuelle était illicite, faute de but thérapeutique ; elle constituait une infraction d’atteinte volontaire à l’intégrité corporelle ou un crime de castration. (V. par ex. CA Paris 18 janv. 1974, D. 1974. 196) C’est implicitement qu’elle l’admet, à travers l’arrêt de l’assemblée plénière de la Cour de cassation dans lequel elle autorise la modification de l’état civil au regard du nouveau sexe du requérant. (Cass. Ass. plén. 11 déc. 1992, 2 arrêts, JCP 1993. II. 21991, concl. M), intervenue suite à la condamnation de la France par la Cour européenne. Arrêt précité. Pour une présentation générale voir
112 Cour EDH 17 févr. 2005, K. A. et A. D. c/Belgique, n° 42758/98 et 45558/99. Il est à noter que la doctrine parle en l’espèce de l’usage d’autonomie personnelle pour l’esprit au sujet du droit d’entretenir des relations sexuelles qui découle du droit de disposer de son corps, partie intégrante de la notion d’autonomie personnelle. Cf. Jean-Pierre Marguenaud GACEDH, op. cit., p. 479 et sq.
113 V. également Cour EDH, 19 février 1997, Laskey, Jaggard & Brown c/Royaume-Uni. Req. 21627/93, 21826/93 et 21974/93.
114 On peut lire dans ce sens qu’« une interprétation téléologique est ainsi privilégiée comme l’indique notamment la Cour dans l’arrêt Wemhoff c/République fédérale d’Allemagne du 27 juin 1968 : la convention est un “traité normatif” et il convient de rechercher “l’interprétation la plus propre à atteindre le but et à réaliser l’objet de ce traité…” Dans cette perspective, la Cour développe ainsi la théorie des “éléments nécessairement inhérents à un droit” », Louis Favoreu et alii, Droit des libertés fondamentales, op. cit., § 469.
115 Rappelons la formulation exacte de l’article 8 de la CEDH : « Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance ».
116 Il convient ainsi de noter que cette signification du droit au respect de la vie privée est identifiée à partir des applications de l’article 8 de la Convention européenne par la Cour et non de l’énoncé normatif lui-même. Pour une critique de ces interprétions normatives « excessives » par les organes d’application, V. Otto Pfersmann « Esquisse d’une théorie des droits fondamentaux », op. cit.
117 Le droit au respect du domicile est conçu « non seulement comme le droit à un simple espace physique, mais aussi comme celui à la jouissance, en toute tranquillité, dudit espace », (Moreno Gomez c/Espagne, 16 novembre 2004, § 54).
118 Pour une présentation détaillée de cette thèse, cf. Géraldine Aïdan, Le fait psychique, objet des normes juridiques, op. cit., p. 320 et sq.
119 La loi n° 2004-806 relative à la politique de santé publique, publié au JO le 11 août 2004.
120 Article 52. L’usage du titre de psychothérapeute est réservé aux professionnels inscrits au registre national des psychothérapeutes. L’inscription est enregistrée sur une liste dressée par le représentant de l’État dans le département de leur résidence professionnelle. Elle est tenue à jour, mise à la disposition du public et publiée régulièrement. Cette liste mentionne les formations suivies par le professionnel. En cas de transfert de la résidence professionnelle dans un autre département, une nouvelle inscription est obligatoire. La même obligation s’impose aux personnes qui, après deux ans d’interruption, veulent à nouveau faire usage du titre de psychothérapeute. L’inscription sur la liste visée à l’alinéa précédent est de droit pour les titulaires d’un diplôme de docteur en médecine, les personnes autorisées à faire usage du titre de psychologue dans les conditions définies par l’article 44 de la loi n° 85-772 du 25 juillet 1985 portant diverses dispositions d’ordre social et les psychanalystes
121 Dans les résultats immatériels de l’infraction matérielle, la doctrine pénaliste, classe les atteintes à l’intégrité psychique tel que le choc émotif (infraction de violence psychique), l’honneur (infraction de diffamation), la dignité et la santé mentale (infraction de harcèlement moral issue de la loi du 17 janvier 2002), l’assujettissement mental (infraction de manipulation mentale crée par la loi du 12 juin 2001). La distinction intégrité physique/psychique est aussi utilisée par certains auteurs pénalistes, par ex. : Michel Veron, Droit pénal spécial, Dalloz, coll. Sirey Université, 13e éd., 2010, p. 30, utilisant comme sous-titre au sein duquel sont étudiées des infractions allant du meurtre à la mise en danger d’autrui en passant par les violences ou les menaces : « Les atteintes à l’intégrité physique ou psychique de la personne ».
122 La loi n° 2002-73 du 17 janv. 2002 de modernisation sociale a inséré dans le code pénal une division intitulée « Du harcèlement moral », comprenant un Art. 222-33-2 : Le fait de harceler autrui par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel, est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende. La loi du 9 juillet 2010 relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants, institue une nouvelle infraction de harcèlement entre conjoints. Cette dernière consiste dans « le fait de harceler son conjoint, son partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou son concubin par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale ».
123 Article 223-15- 2 à 1’issue de la loi du 12 juin 2001 « tendant à renforcer la prévention et la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales » : « est puni de trois ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende l’abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de la situation de faiblesse soit d’un mineur, soit d’une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente et connue de son auteur, soit d’une personne en état de sujétion psychologique ou physique résultant de l’exercice de pressions graves ou réitérés ou de techniques propres à altérer son jugement, pour conduire ce mineur ou cette personne à un acte ou une abstention qui lui sont gravement préjudiciables ».
Auteur
Chargée de recherche CNRS, CERSA, UMR 7106 - CNRS - Université Paris II Panthéon-Assas
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