antranou svadi – la traduction, comme encodage

Christine Raguet

doi:10.4000/books.apu.22863

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Vladimir Nabokov et la traduction

Ce livre est recensé par

Yona Dureau, Transatlantica, mis en ligne le 5 avril 2006. URL : https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transatlantica/720 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/transatlantica.720

antranou svadi – la traduction, comme encodage

Ou « The road not taken »

Christine Raguet

p. 19-34

Entrées d’index

Mots-clés : Nabokov, traduction, mutation, autre, mimétisme, transmigration

Extrait

The sun bore down. The sun licked me all over with its big, smooth tongue. I gradually felt that I was becoming moltenly transparent, that I was permeated with flame and existed only insofar as it did. As a book is translated into an exotic idiom, so was I translated into sun. (Nabokov 1963 : 334-5)1

1Tout spécialiste de Nabokov comprendra l’allusion à ce vers de Robert Frost2 présent dans le titre et son lien avec la traduction. Par ailleurs, inutile d’insister sur ses positions fermes face à cette activité. Si nécessaire, l’ouverture du poème « On Translating Eugene Onegin » peut le confirmer : « What is translation? On a platter / A poet’s pale and glaring head, / A parrot’s screech, a monkey’s chatter, / A profanation of the dead. » (Nabokov 1970 : 175)3

2Ces vers font aussitôt apparaître la tête tranchée de Jean le Baptiste, mettant en parallèle traduire et assassiner, plus particulièrement ôter la vie en tranchant la gorge – symbolique lieu de production de la parole. L’im

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1 Au sujet de cette citation, lire l’article de Sophie Bernard-Léger dans ce volume (note des directeurs d’ouvrage).

2 Antranou svadi (Nabokov 1969 : 191). « The road not taken », Robert Frost, 1916.

3 Première parution dans le New Yorker du 8 janvier 1955.

4 J’ai déjà développé de telles idées dans un article publié en 2016 (voir Raguet 2016).

5 Il fait ici allusion à Milton Cowan (1907-1993), linguiste américain, qui enseigna à Cornell entre 1946 et les années 1970, et qui y fut directeur du département « Modern Languages ».

6 Herder cité par Berman.

7 Benjamin considérait que les langues se rejoignaient toutes en un lieu inaudible : la pure langue, incommunicable, intransmissible.

8 Voir Raguet 1998 et Raguet 1997.

9 Certains chercheurs situent cette transfiguration sur le Mont Hermon.

10 Les traductions sont toutes extraites de la TOB. Traduction œcuménique de la Bible, éditions du Cerf : [https://www.editionsducerf.fr/librairie/cat/les-bibles/tob].

11 Henri Meschonnic définit le concept de langue-culture, avec un trait d’union, comme une entité non divisible : l’environnement culturel affectant l’usage de la langue de communication. Si l’on veut recadrer cette notion pour lui donner une acception spécifique tout en conservant le cadre initial, je propose de remplacer le trait d’union par une barre oblique / et de forger l’expression langue/culture pour désigner le langage d’un locuteur ou d’un scripteur déterminé – soit l’auteur de l’original, soit celui de la traduction. Ce choix m’a été inspiré des idées de Bourdieu sur l’habitus.

12 NYPL, Berg collection, fonds Nabokov, Ada translated into French, Box1, typescript draft of Part I, Chapters 1-21 ; traduit par Gilles Chahine en collaboration avec Jean-Bernard Blandenier avec les corrections manuscrites de l’auteur, signé et daté 26 janvier 1975. p. 35 (chap. 4, p. 30) : « Des vases de cristal remplis de roses ~~pourprées~~ et… ». Je remercie Marie Bouchet de m’avoir transmis ce document.

13 Dictionnaire du moyen français ; de qirmiz, mot persan désignant la cochenille qui servait autrefois de colorant rouge.

14 Lettres 194 et 201 (Nabokov 1989 : 297 ; 305).

15 Abordé çà et là dans ses cours et dans « The Art of Translation » (1941), présent entre les lignes dans ses œuvres, le mimétisme doit toujours être lu à différents degrés. Nabokov le traite, comme le reste, dans sa plurifonctionnalité. Comme exemple, je pourrais citer cette strophe de « The Poem » (1944), où par le biais d’une action naturelle parfaite où s’entremêlent êtres vivants, nature, création artistique, écriture, sens, sensorialité…, on aboutit au sens absolu : « in the tangle of sounds, the leopards of words / the leaflike insects, the eye-spotted birds / fuse and form a silent, intense, / mimetic pattern of perfect sense ».

16 Première parution dans « The Art of Translation », 1941.

17 « Le traducteur acteur » (Raguet 2017a).

18 Voir mes articles de 1995 et 2017b.

19 20 octobre 1941, lettre à Mark Aldanov citée par Boyd dans Nabokov’s Butterflies (Columbia University, Mark Aldanov Papers, p. 247-8).

20 Archives Montreux. (maintenant à la Berg Collection).

21 Dans The Nabokovian, Number 51, Fall 2003, Victor Fet dans « Notes on Eryx, Omega and Ata » écrit : « Even if etymologically unrelated, the Sanskrit Atman – “soul”, “spirit” (which gave us Greek “atmos”) always looks suspiciously close to “ataman” for Russian readers » (p. 21-27). Voir aussi Boyd 1991, par exemple p. 188 et p. 565.

22 Tapuscrit accessible à la Library of Congress. Tous mes remerciements à Marie Bouchet qui m’a transmis sa copie des documents en question.

23 Lettre du 6 novembre 1908 à Mme Straus.

24 Carnets, Archives Montreux.

25 Imparfait, passé simple, passé composé, plus-que-parfait, passé antérieur, futur immédiat. On pourrait aussi inclure le présent de narration et d’autres temps et modes.

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Ce livre est cité par

(2022) Collected Essays. Slavic Review, 81. DOI: 10.1017/slr.2022.88
Loison-Charles, Julie. (2022) « Je t’aime moi non plus ». Między Oryginałem a Przekładem, 28. DOI: 10.12797/MOaP.28.2022.57.02

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Référence numérique du chapitre

Raguet, C. (2021). antranou svadi – la traduction, comme encodage. In J. Loison-Charles & S. Shvabrin (éds.), Vladimir Nabokov et la traduction (1‑). Artois Presses Université. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.apu.22918

Raguet, Christine. « antranou svadi – la traduction, comme encodage ». In Vladimir Nabokov et la traduction, édité par Julie Loison-Charles et Stanislav Shvabrin. Arras: Artois Presses Université, 2021. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.apu.22918.

Raguet, Christine. « antranou svadi – la traduction, comme encodage ». Vladimir Nabokov et la traduction, édité par Julie Loison-Charles et Stanislav Shvabrin, Artois Presses Université, 2021, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.apu.22918.

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Loison-Charles, J., & Shvabrin, S. (éds.). (2021). Vladimir Nabokov et la traduction (1‑). Artois Presses Université. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.apu.22863

Loison-Charles, Julie, et Stanislav Shvabrin, éd. Vladimir Nabokov et la traduction. Arras: Artois Presses Université, 2021. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.apu.22863.

Loison-Charles, Julie, et Stanislav Shvabrin, éditeurs. Vladimir Nabokov et la traduction. Artois Presses Université, 2021, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.apu.22863.

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