Madame du Deffand ou la retraite impossible
p. 307-320
Texte intégral
Je dois aimer, madame, la retraite et vous.
Voltaire à Mme du Deffand, 3 décembre 1759
1C’était lors d’une communication que j’ai donnée à la Maison Française d’Oxford sur le rapport sous-jacent entre Denis Diderot et Jean-Jacques Rousseau à la fin de leurs vies qu’Alain Viala m’a suggéré que la notion de retraite pouvait revêtir dans les dernières décennies de l’Ancien Régime une forme et une signification sensiblement différentes de celle qu’on voit à l’œuvre, par exemple, à la fin de La Princesse de Clèves. À l’époque, je n’avais pas encore découvert les magnifiques lettres de Marie de Vichy-Chamrond, marquise du Deffand, dans lesquelles elle regarde avec ses yeux aveugles ce que Rousseau appelle « le néant des choses humaines »1 avec une lucidité ravageuse. Mais quand j’ai décidé par la suite – suivant un instinct confus – d’intégrer Mme du Deffand dans mon livre en cours sur les derniers textes des grands philosophes (masculins) des Lumières, j’ai eu l’occasion de mieux saisir toute la perspicacité de la remarque de Viala. Dans sa correspondance avec Voltaire, qui s’étend de façon intermittente de 1732 à 1775, et dans sa correspondance plus assidue avec l’homme de lettres anglais Horace Walpole, qui occupe les quinze dernières années de sa vie, de 1766 à 1780, Mme du Deffand élabore une réflexion sur la retraite qui fait ressortir à la fois son engagement intense avec la « philosophie moderne » de son temps et l’émergence à la fin du XVIIIe siècle d’une conception proprement matérialiste de la retraite. Je suis heureuse de pouvoir rendre hommage à Viala en lui offrant ici les premiers balbutiements d’une réflexion sur ces questions inspirée à la fois par sa remarque à Oxford et par son travail sur la galanterie, qui a donné toute sa place au type d’écriture épistolaire si brillamment illustré par Mme du Deffand2.
2On a tendance aujourd’hui à voir Mme du Deffand comme une salonnière conservatrice qui était, surtout à partir de sa brouille avec sa nièce Julie de Lespinasse et son ami Jean Le Rond d’Alembert, hostile aux idées nouvelles des Lumières3. Comme l’a écrit Lytton Strachey dans un essai mémorable de 1913, « the truth is that d’Alembert and his friends were moving, and Madame du Deffand was standing still »4. C’est ainsi que Mme du Deffand n’apparaît presque pas dans la réévaluation féministe des salons par Dena Goodman, qui insiste sur le rôle central joué par les salonnières dans la constitution du discours philosophique au XVIIIe siècle, alors qu’elle est très présente dans la riposte critique d’Antoine Lilti, qui souligne le caractère mondain et aristocratique des salons afin de mettre en doute leur portée philosophique5. Cependant, si l’on se penche sur la correspondance brillante et si injustement négligée entre Mme du Deffand et Voltaire, on constate non seulement que Voltaire voit sa correspondante comme une interlocutrice de choix en matière de philosophie, mais aussi qu’il estime qu’elle aurait pu, ou aurait dû, servir de chef de file au clan philosophique6. On voit d’abord Voltaire, dans une lettre de mars 1764, encourager Mme du Deffand à mettre ses réflexions philosophiques sur le papier, dans l’espoir de la voir surpasser tous ceux à qui on a donné le nom de philosophe :
Vous devriez dicter ce que vous pensez quand vous êtes seule, et me l’envoier. Je suis persuadé que j’y trouverais plus de vraie philosophie que dans tous les systèmes dont on nous berce. Ce serait la philosophie de la nature. Vous ne prendriez point vos idées ailleurs que chez vous, vous ne chercheriez point à vous tromper vous même. Quiconque a comme vous de l’imagination et de la justesse dans l’esprit, peut trouver dans lui seul sans autre secours la connaissance de la nature humaine, car tous les hommes se ressemblent par le fond, et la différence des nuances ne change rien du tout à la couleur primitive. Je vous assure, Madame, que je voudrais bien voir une petite esquisse de l’espèce humaine de vôtre façon. Dictez quelque chose, je vous en prie, quand vous n’aurez rien à faire ; quel plus bel emploi de vôtre temps que de penser ? Vous ne pouvez ni jouer, ni courir, ni avoir compagnie toute la journée. Ce ne sera pas une médiocre satisfaction pour moi de voir la supériorité d’une âme naïve et vraie sur tant de philosophes orgueilleux et obscurs. Je vous promets d’ailleurs le secret.7
3Malgré un certain nombre de lieux communs sur le naturel et la naïveté féminins qui permettraient à Mme du Deffand de dépasser une philosophie masculine trop systématique et insuffisamment naturelle, il est frappant de voir à quel point Voltaire voit en Mme du Deffand l’incarnation d’un idéal philosophique qui pour nous continue aujourd’hui à représenter les Lumières : un regard sans voile sur la nature, un refus des autorités externes et une capacité à étudier la nature humaine par le biais de l’introspection. Il est également frappant de voir à quel point il oppose la réflexion philosophique qu’il espère susciter en Mme du Deffand au rôle de salonnière de celle-ci : c’est quand elle sera seule, et non pas entourée de ses nombreux invités, qu’elle devra dicter ses réflexions philosophiques, puisque le jeu et les visites ne peuvent tout de même pas occuper tout son temps. Dans le même esprit, au tout début de leur correspondance, Voltaire avait opposé l’ouvrage typique de la salonnière – faire des nœuds8 – à l’exercice de la raison philosophique, écrivant à Mme du Deffand : « Faites des nœuds avec les autres femmes, mais parlez moy raison »9.
4Quelques années plus tard, après que la brouille avec Julie de Lespinasse a éloigné d’Alembert et les encyclopédistes du salon de Mme du Deffand, Voltaire insiste de nouveau dans une lettre de décembre 1768 sur la parenté de Mme du Deffand avec les philosophes, malgré son hostilité apparente envers eux :
Et vous, Madame, il faut que je vous gronde. Pourquoi haïssez vous les philosophes quand vous pensez comme eux ? Vous devriez être leur reine, et vous vous faittes leur ennemie. Il y en a un dont vous avez été mécontente, mais faut-il que le corps en souffre ? est-ce à vous de décrier vos sujets ?10
5À quoi Mme du Deffand répond par une mise au point sur son idéal philosophique, qui est d’après elle loin d’être rempli par les philosophes de son temps, mis à part Voltaire lui-même :
Où prenez-vous que je hais la philosophie ? Malgré son inutilité, je l’adore ; mais je ne veux pas qu’on la déguise en vaine métaphysique, en paradoxe, en sophisme. Je veux qu’on nous la présente à votre manière, suivant la nature pied à pied, détruisant les systèmes, nous confirmant dans le doute, et nous rendant inaccessibles à l’erreur, quoique sans nous donner la fausse espérance d’atteindre à la vérité ; toute la consolation qu’on en tire (et c’en est une), c’est de ne pas s’égarer, et d’avoir la sûreté de retrouver la place d’où on est parti. À l’égard des philosophes, il n’y en a aucun que je haïsse ; mais il y en a bien peu que j’estime.11
6Malgré son mépris pour les philosophes, Mme du Deffand confirme ici sa fidélité à une philosophie ancrée dans la nature plutôt que dans les systèmes, dont le but serait de débusquer les erreurs tout en gardant une modestie épistémologique qui irait jusqu’au scepticisme. L’ensemble de sa correspondance avec Voltaire et avec Walpole témoigne en effet de son goût pour la réflexion philosophique et en même temps de son refus des autorités externes, que celles-ci soient religieuses ou philosophiques.
7C’est ainsi que l’image convenue de Mme du Deffand comme salonnière conservatrice et hostile aux idées des Lumières est trompeuse. Comme l’a écrit un de ses portraitistes contemporains, « elle a pris la raison comme les femmes d’ordinaire prennent la dévotion »12. En ce qui concerne la religion, notamment, elle a embrassé le scepticisme des matérialistes comme Diderot, malgré ce qu’on dit être son hostilité pour les idées dangereuses de celui-ci13. Dans une des rares anecdotes qui a survécu de son enfance, elle est censé avoir prêché l’irreligion à ses jeunes camarades dans le couvent où elle a été éduquée14. Son manque de foi est demeuré constant tout au long de sa vie (malgré quelques tentatives infructueuses de trouver la foi vers la fin de sa vie), et c’est un thème auquel elle revient fréquemment dans sa correspondance avec Walpole15. Même si elle n’a jamais fait profession de matérialisme, elle a défini l’âme humaine en des termes purement matériels, comme la réunion des cinq sens. Ainsi, en évoquant la cécité qui l’a frappée à l’âge de cinquante-sept ans et la surdité qui l’a menacée dans les dernières années de sa vie, elle écrit à Walpole : « Tous mes sens périront avant moi ; nous verrons ce que deviendra mon âme, qui selon moi doit être l’accord parfait de nos cinq sens »16. Elle fait également écho aux discours cyniques du Neveu de Rameau (sans évidemment avoir connaissance de ce texte gardé dans le portefeuille de Diderot), quand elle évoque des aspirations de vie fortement teintées de matérialisme : « mes souhaits se bornent à bien digérer, à bien dormir, et à ne point m’ennuyer »17. Et même si elle trouvait les écrits du naturaliste Buffon fort ennuyeux (comme d’ailleurs la plupart de la production littéraire de son temps), elle efface de manière buffonienne la distinction entre l’homme et la bête en se comparant à son chien, Tonton : « Je m’étonne quelquefois de l’inutilité de ma vie, et du peu de différence qu’il y a entre moi et Tonton »18. C’est ce même Tonton qu’elle lèguera à Walpole au moment de sa mort, avec l’ensemble de ses manuscrits littéraires.
8C’est dans ce contexte de matérialisme sous-jacent que l’on doit interpréter les réflexions de Mme du Deffand sur la retraite. Le sujet revient régulièrement dans sa correspondance avec Voltaire, celui-ci ayant tendance à opposer son choix de se retirer aux Délices et ensuite à Ferney, au milieu des montagnes, à la vie parisienne d’une des salonnières les plus célèbres de l’Europe. D’après lui, le choix d’une retraite campagnarde serait tout simplement impossible pour Mme du Deffand, comme il le souligne dans une lettre de janvier 1759 :
Je n’ai vécû que du jour où j’ai choisi ma retraitte. Tout autre genre de vie me serait insupportable. Paris vous est nécessaire ; et il me serait mortel. Il faut que chacun reste dans son élément. Je suis très fâché que le mien soit incompatible avec le vôtre ; et c’est assurément ma seule affliction. Vous avez voulû aussi éssaïer de la campagne, mais elle ne vous convenait pas. Il vous faut une société de gens aimables, comme il fallait à Rameau des connaisseurs en musique. Le goût de la propriété et du travail est d’ailleurs absolument nécessaire dans les terres. J’ai de très vastes possessions que je cultive. Je fais plus de cas de votre apartement que de mes bléds et de mes pâturages ; mais ma destinée était de finir entre un semoir, des vaches et des Genevois.19
9La conception de la retraite décrite ici par Voltaire s’apparente de façon évidente à l’idéal philosophique de « cultiver son jardin » esquissé à la fin de Candide. Pour Voltaire, une telle retraite semble exclue pour Mme du Deffand dans la mesure où son identité de salonnière exige « une société de gens aimables ». Mais Voltaire reconnaît également le rôle que la cécité a joué dans le parcours de Mme du Deffand. Le moment de sa vie qu’il évoque – quand elle a voulu « éssaïer de la campagne » – était en fait le moment douloureux où elle a commencé à perdre sa vue. Pensant que sa vie de salonnière ne lui serait plus possible, elle s’est retirée à la campagne où elle a expérimenté la pire crise de vapeurs de son existence. C’était à ce moment-là qu’elle a conçu le projet de se lier avec Julie de Lespinasse, dans l’espoir de réintégrer son salon avec l’aide de sa nièce. Voltaire fait allusion à ce contexte quand il écrit à Mme du Deffand : « Je pense avec vous, Madame, que quand on veut être aveugle, il faut l’être à Paris ; il est ridicule de l’être dans une campagne avec un des plus beaux aspects de l’Europe. On a besoin absolument dans cet état de la consolation de la société »20.
10 Pour Mme du Deffand elle-même, la question de la cécité est centrale. D’un côté, dans ses réflexions plus proprement philosophiques sur son manque de foi dans sa correspondance avec Walpole, elle évoque le motif de la cécité (et la surdité) pour expliquer son impossibilité de croire en quelque chose qu’elle ne puisse pas percevoir par les sens :
Croyez, dit-on, c’est le plus sûr ; mais comment croit-on ce que l’on ne comprend pas ? Ce que l’on ne comprend pas peut exister sans doute ; aussi je ne le nie pas ; je suis comme un sourd et un aveugle-né ; il y a des sons, des couleurs, il en convient ; mais sait-il de quoi il convient ? S’il suffit de ne point nier, à la bonne heure, mais cela ne suffit pas. Comment peut-on se décider entre un commencement et une éternité, entre le plein et le vide ? Aucun de mes sens ne peut me l’apprendre ; que peut-on apprendre sans eux ?21
11On peut déceler dans cette lettre d’avril 1769 à la fois une référence ironique à la cécité réelle de Mme du Deffand et l’influence sous-jacente des débats philosophiques autour du problème Molyneux, dont Kate Tunstall a montré toute l’importance pour la pensée des Lumières22. D’un autre côté, Mme du Deffand s’appuie sur son expérience personnelle de la cécité pour expliquer à Voltaire pourquoi une retraite campagnarde lui serait impossible : « Je comprends le plaisir que vous donne l’agriculture. Si je n’étais pas aveugle, je voudrais avoir une campagne où il y eût un potager, une basse-cour ; j’ai toujours eu du goût pour tout cela. J’aimais aussi l’ouvrage, je ne haïssais pas le jeu ; tout cela me manque ; il ne me reste que la conversation. Avec qui la faire ? Y a-t-il rien de plus triste ? »23 On voit ici à quel point Mme du Deffand conçoit son existence de salonnière, et l’idéal de la conversation qui lui est associé, comme un pis-aller imposé par sa cécité. Elle insiste souvent sur le fait que sa cécité l’empêche d’exercer le genre d’activités qui lui permettraient d’éviter le spectre de l’ennui, que ce soient les activités campagnardes dont Voltaire chante les louanges ou les différents types d’ouvrage féminin pratiqués par les habituées des salons. Ainsi, dans une lettre de juin 1776, Mme du Deffand affirme à Walpole que la surdité lui serait préférable à l’aveuglement dans sa vieillesse, parce qu’il lui permettrait d’avoir des occupations plus convenables à son grand âge que la conversation salonnière : « Il vaudrait mieux, dans la vieillesse, être sourde qu’aveugle, la surdité est contraire à la société ; mais quand on n’y est plus propre, ce serait un petit inconvénient que d’être forcé à s’en passer, et d’avoir à la place des yeux pour pouvoir s’occuper dans la retraite »24.
12La cécité de Mme du Deffand lui était particulièrement cruelle dans la mesure où elle l’empêchait d’écrire sans l’aide de son secrétaire, Wiart, même si elle griffonnait parfois pendant la nuit des lettres quasiment illisibles que Wiart tentait ensuite de déchiffrer le lendemain. La lecture lui était également impossible pendant ses longues nuits d’insomnie, où elle passait son temps à méditer le sens (ou plutôt le non-sens) de son existence. Dans une lettre à Walpole écrite le jour de son anniversaire en septembre 1777, elle fait le point sur une existence qu’elle estime être dénuée de sens :
C’est aujourd’hui le jour de ma naissance ; je n’aurais jamais cru voir l’année 1777 : j’y suis parvenue. Quel usage ai-je fait de tant d’années ? Cela est pitoyable. Qu’ai-je acquis ? qu’ai-je conservé ? J’avais un vieil ami [M. de Pont-de-Veyle] à qui j’étais nécessaire, c’est le seul lien sur lequel l’on puisse compter ; je l’ai perdu, sans nul espoir de le remplacer, et jamais personne ne peut avoir autant besoin d’appui et de conseil. J’emploie mes insomnies à réfléchir, à chercher ce que je dois faire ; je suis, par mon caractère, indécise, inquiète ; mais qu’est-ce que cela vous fait ?25
13Mme du Deffand dépeint sa vie ici comme une succession d’années gaspillées et de pertes irréparables. Même son amitié avec Walpole, et la correspondance volumineuse qui en a résulté, sont effacées de cette peinture sombre, comme elle suggère que son défunt ami Pont-de-Veyle était son seul véritable lien social. C’est ainsi que Mme du Deffand décrit ses dernières années comme une tentative désespérée de fuir l’ennui en se distrayant avec des conversations insignifiantes :
Enfin n’ayez pas peur, je ne prétends point à être philosophe. Je ne connais que deux maux dans le monde, les douleurs pour le corps, et l’ennui pour l’âme. Je n’ai de passion d’aucune sorte ; presque plus de goût pour rien, nul talent, nulle curiosité, presque aucune lecture ne me plaît ni ne m’intéresse. Je ne puis jouer ni travailler ; que faut-il donc que je fasse ? Tâcher de me dissiper, entendre des riens, en dire, et penser que tout cela ne durera guère.26
14 Avec sa référence ironique au rôle du philosophe qu’elle ne remplira pas, Mme du Deffand épingle l’idéal de la sociabilité qui sous-tend la philosophie des Lumières. Son rôle de salonnière, à ses yeux, se réduit à une série d’échanges qu’elle qualifie de « riens », conversations vides qui ne servent qu’à remplir le peu de temps qui lui reste avant sa mort.
15C’est dans ce contexte désenchanté que Mme du Deffand envisage dans les dernières années de sa vie la possibilité de quitter son salon parisien et se retirer du monde. Voltaire lui avait montré la voie, suggérant dans une lettre de mars 1775 que la retraite était le seul parti à suivre à leur grand âge : « vous ferez de moi tout ce que vous voudrez, excepté de me faire venir à Paris. Mon imagination m’y promène quelquefois, parce que vous y êtes ; mais la raison me dit que je dois achever ma vie à Ferney. Il faut se cacher au monde, quand on a perdu la moitié de son corps et de son âme, et laisser la place à la jeunesse »27. Malgré sa hantise de la solitude et de l’ennui, Mme du Deffand n’était pas tout à fait insensible aux charmes d’une telle retraite. Comme elle l’écrit à Walpole en juin 1776, « [l]es idées de retraite me reviennent souvent ; je voudrais un état fixe, que le jour, la veille et le lendemain fussent semblables »28. Cependant, elle estimait qu’une retraite industrieuse comme celle de Voltaire lui était impossible. En même temps, elle ne partageait nullement la conception spirituelle de la retraite de ses aïeux du XVIIe siècle, malgré son admiration pour le grand siècle et son affinité pour Madame de Lafayette29. Ancrée dans la philosophie naturelle de son siècle, sa conception de la retraite se rapprochait davantage de celle qui se dessine dans Les Rêveries du promeneur solitaire, où Rousseau vit dans le présent végétal de la nature qui l’entoure. Plutôt que de cultiver son jardin, à la manière de Candide, ou de se préparer pour une communion avec Dieu, à la manière de la Princesse de Clèves, Mme du Deffand aspire tout simplement à végéter dans sa retraite :
Tous les événements de ma vie se passent dans ma tête : elle seule produit ma joie ou ma tristesse ; tout ce qui m’est externe à peine est-il passé, que je ne m’en souviens plus. […] Je hais le monde, et je vois avec plaisir la vérité du proverbe, que : À brebis tondue, Dieu mesure le vent. La solitude me fait moins de peur, et je parviendrai, j’espère, à végéter.30
16 Même si Mme du Deffand cite un proverbe religieux en décrivant son mépris pour le monde, son aspiration à végéter signale la nature terrestre de sa conception de la retraite. Végéter ne signifie nullement se préparer pour une communion spirituelle avec Dieu, mais plutôt, d’après les définitions de l’époque, perdre la capacité humaine pour la raison et le sentiment et descendre aux sensations moindres de la vie végétale31. Mme du Deffand emploie ce même terme quand elle se lamente dans une lettre à Voltaire de ne pas partager son génie, tout en ayant suffisamment d’intelligence et de sensibilité pour ressentir cruellement tout ce qui lui manque : « Qu’il [Voltaire] est heureux d’être né avec un grand esprit et de grands talents ! et qu’on est à plaindre quand ce que l’on en a ne fait qu’empêcher de végéter ! Voilà la classe où je me trouve, et où je suis en grande compagnie. La seule différence qu’il y a de moi à mes confrères, c’est qu’ils sont contents d’eux, et que je suis bien éloignée de l’être d’eux, et encore moins de moi »32. Autrement dit, pour Mme du Deffand, « il faut être Voltaire, ou végéter »33.
17Ce projet de retraite végétative a été de courte durée, cependant. Six mois plus tard, en mars 1777, Mme du Deffand déclare à Walpole que malgré son antipathie croissante pour le grand monde et son inaptitude à la vie salonnière, elle se trouve trop dépendante de la société pour envisager un projet de retraite : « Je n’affiche point la retraite ; je hais le grand monde parce que j’y suis déplacée, mais je crains encore plus la solitude. J’aime la société, elle m’est nécessaire, et je me crois toujours à la veille d’en manquer »34. Dans une lettre ultérieure, elle s’étend sur les raisons de son attachement continu à la société, expliquant que la retraite l’obligerait à se confronter trop péniblement au vide de son âme :
Je ne fais point de projet de retraite. J’ai trouvé l’autre jour un trait dans une comédie qui m’a plu. Un homme, fatigué du monde, triste, mécontent, dit qu’il veut se retirer dans sa campagne pour y trouver la tranquillité et la paix. Il faut l’y porter, lui répond-on, si vous voulez l’y trouver. Rien n’est si pénible à supporter que le vide de l’âme ; ainsi je conclus que la retraite (qui ne peut que l’augmenter) est de tous les états celui qui me conviendrait le moins ; je ne compte faire aucun changement à la vie que je mène ; il n’y en a pas de plus oisive, de plus dénuée de tout genre d’occupations et d’intérêts.35
18S’appuyant sur un exemple théâtral (que je n’ai pas pu identifier), Mme du Deffand conclut que le vide de son âme est tel qu’elle ne pourra jamais supporter de vivre loin du monde. Elle se trouve ainsi piégée entre deux formes de vide : le vide de son âme, d’un côté, et le vide de sa vie de salonnière, dénuée d’occupations et d’intérêt, de l’autre.
19Comment donc remplir ses dernières années, et éviter l’écueil de l’ennui ? En dépit de sa cécité, Mme du Deffand s’est en fait souvent occupée pendant les dernières années de sa vie avec différents types d’ouvrage féminin pratiqués dans les salons. Mme du Deffand y fait référence à plusieurs reprises dans sa correspondance, ainsi que dans le journal qu’elle a gardé pendant la dernière année de sa vie36. Dans une anecdote qu’elle raconte à plusieurs de ses correspondants, l’acte de faire des nœuds devient même une sorte d’emblème de son existence. Il s’agit de la première rencontre de Mme du Deffand avec l’Empereur Joseph II pendant son voyage à Paris en mai 1777, qu’elle raconte ainsi à Walpole :
Quand j’entrai dans la chambre, il vint au-devant de moi, et dit à M. Necker : « Présentez-moi ». Je fis une profonde révérence ; on me conduisit à mon fauteuil ; l’Empereur voulant me parler et ne sachant que me dire, et me voyant un sac à nœuds, me dit : « Vous faites des nœuds ? » – « Je ne puis faire autre chose ». – « Cela n’empêche pas de penser. » – « Non, et surtout aujourd’hui que vous donnez tant à penser ».37
20Mme du Deffand a dû être particulièrement frappée par le mot d’esprit de l’Empereur – « Cela n’empêche pas de penser » – puisqu’à ses yeux, le malheur de ses dernières années était le décalage toujours croissant entre l’activité incessante de son esprit et le manque d’occupation sérieuse pour l’exercer. Comme elle l’écrit à Walpole en avril 1776, « malheureusement mon âme ne vieillit point comme mon corps ; il lui faudrait de l’occupation, et aujourd’hui rien ne m’occupe ni ne m’intéresse »38.
21L’anecdote de Mme du Deffand est d’autant plus significative que faire des nœuds était perçu à son époque comme une activité qui équivalait à ne rien faire du tout. Comme l’écrit Rousseau dans ses Confessions, « Faire des nœuds c’est ne rien faire, et il faut tout autant de soin pour amuser une femme qui fait des nœuds que celle qui tient les bras croisés »39. Un siècle plus tard, les frères Goncourt écrivent avec nostalgie que faire des nœuds était un ouvrage charmant précisément parce qu’il permettait à la femme du XVIIIe siècle de montrer son corps à tout son avantage en lui donnant un semblant d’activité : « elle lui permet de s’abandonner coquettement aux grâces de la nonchalance éveillée, de la paresse qui semble faire quelque chose »40. Vu sous cet angle, faire des nœuds semble parfaitement exprimer le vide existentiel que Mme du Deffand déplorait dans sa vie de salonnière. Un autre type d’ouvrage qui a connu une vogue fulgurante dans les dernières décennies de l’Ancien Régime, l’effilage, évoque de façon encore plus saisissante le point de vue désenchanté de Mme du Deffand sur son existence. Il s’agit dans ce type d’ouvrage de défaire les fils d’un tissu, surtout un tissu avec des fils d’or, afin de les mettre de côté pour un usage ultérieur. Dans une lettre à Walpole écrite quelques mois avant sa mort, Mme du Deffand fait un lien explicite entre l’effilage (et le jeu du loto) et la puérilité de son existence : « L’effilage et le loto, voilà mes occupations et mes amusements, y a-t-il rien de plus puéril ? »41 Pour Mme du Deffand, qui décrivait l’ennui qu’elle redoutait tant comme « un avant goût du néant », l’effilage exprimait de façon particulièrement éloquente une existence vouée au néant et à l’oubli42. En effet, la femme qui pratiquait l’effilage s’occupait tout simplement à défaire quelque chose, ou à créer « rien », de la même façon que Mme du Deffand remplissait ses dernières années avec les « riens » de la conversation salonnière.
22Le motif de l’effilage nous encourage à poser la question de savoir comment Mme du Deffand concevait l’autre activité qui remplissait ses dernières années, l’écriture. Elle ne pouvait guère tout à fait ignorer la valeur littéraire de ses lettres, dans la mesure où Walpole les comparait régulièrement à celles de Madame de Sévigné, un écrivain qui les passionnait tous les deux et dont Mme du Deffand décrit le style comme « unique et d’un agrément qui ne ressemble à rien »43. Mais elle a toujours rejeté ces comparaisons, affirmant qu’à la différence de Sévigné, elle-même n’avait pas de style du tout : « je n’ai point de style ; mais si l’on voulait absolument m’en supposer, il aurait plus de rapport à celui de Mme de Lafayette qu’à celui de Mme de Sévigné »44. Elle semblait aussi peu préoccupée par l’image d’elle qui serait transmise à la postérité, cherchant même à éviter qu’on parle d’elle après sa mort. C’est ainsi qu’elle explique son refus de fournir les lettres que Voltaire lui avait écrites pour qu’elles figurent dans une édition des œuvres de celui-ci : « Je ne veux point donner celles que j’ai de lui, je ne veux donner aucune occasion de parler de moi »45. En même temps, Mme du Deffand a pris la décision significative vers la fin de sa vie de léguer tous ses manuscrits littéraires (un ensemble de portraits et de chansons caractéristiques de la littérature éphémère du salon, en même temps que le journal de sa vie quotidienne qu’elle a gardé pendant la dernière année de sa vie) à Walpole, en les accompagnant de son chien, Tonton. Ce geste, apparemment lourd de sens, reste énigmatique : s’agissait-il d’une dernière expression des échanges éphémères qui la liaient à Walpole pendant sa vie, tout comme le corps mortel de son chien Tonton ? Ou était-elle arrivée à la fin de sa vie à une conception d’elle-même comme auteur dont la production littéraire valait la peine d’être préservée pour la postérité ? Tout ce qu’on peut dire là-dessus, c’est que Mme du Deffand n’a laissé aucune instruction à Walpole concernant ses intentions pour les manuscrits qu’elle lui a légués. Quant à sa conception de la retraite, on peut supposer qu’elle n’a jamais atteint l’état végétatif auquel elle aspirait. Un mois avant sa mort, elle a écrit une de ses plus belles lettres à Walpole, une lettre d’adieu qui témoigne à la fois de sa pleine conscience de sa mort – son avant-goût du néant – et son adhésion à une amitié qui donnait l’unique sens à une existence qu’elle estimait être vouée au néant et à l’oubli.
Notes de bas de page
1 Paul de Man cite ces mots de La Nouvelle Héloïse dans son essai Criticism and Crisis, en constatant que « the human mind will go through amazing feats to avoid facing “the nothingness of human matters” » (« l’esprit humain accomplira d’incroyables exploits pour éviter d’avoir à faire face au “néant des choses humaines” »). Voir son Blindness and Insight. Essays in the Rhetoric of Contemporary Criticism [1971], Minneapolis, University of Minnesota Press, 1983, p. 18.
2 Alain Viala, La France galante. Essai historique sur une catégorie culturelle, de ses origines jusqu’à la Révolution, Paris, PUF, 2008.
3 C’est le point de vue de sa biographe, Benedetta Craveri, dans Madame du Deffand and Her World, Teresa Waugh (trad.), Boston, David R. Godine, 1994, p. 186. Livre d’abord publié en italien en 1982.
4 Lytton Strachey, « Madame du Deffand », The Edinburgh Review, 1913, p. 64 (« la vérité est que d’Alembert et ses amis étaient en mouvement, tandis que Madame du Deffand se tenait immobile »).
5 Dena Goodman, The Republic of Letters. A Cultural History of the French Enlightenment, Ithaca, Cornell University Press, 1994 ; Antoine Lilti, Le Monde des salons. Sociabilité et mondanité à Paris au XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 2005. Pour un compte rendu polémique de la traduction anglaise du livre de Lilti, voir Elena Russo, compte rendu de World of the Salons. Sociability and Worldliness in Eighteenth-Century Paris, Reviews in History [en ligne], n° 2041, http://0-www-history-ac-uk.catalogue.libraries.london.ac.uk/reviews/review/2041, consulté le 18 avril 2017.
6 L’intérêt suscité par cette correspondance est néanmoins indiqué par une édition moderne, Cher Voltaire. La Correspondance de Madame du Deffand avec Voltaire, Jean-Louis et Isabelle Vissière (éd.), Paris, Des femmes, 1987.
7 Voltaire à Mme du Deffand, 21 mars 1764, Lettre 10951 dans Voltaire’s Correspondence, Theodore Besterman (éd.), 107 vols., Genève, Musée et Institut Voltaire, 1953-1969, t. 54, p. 212. Les références à cette édition seront indiquées par VC. Voir aussi la Correspondance complète de la Marquise du Deffand, Mathurin François Adolphe de Lescure (éd.), Paris, Henri Plon, 1865, t. 1, p. 288. Les références suivantes à cette édition seront indiquées par CC.
8 Il s’agissait d’un type d’ouvrage dans lequel on utilisait une navette pour faire une série de nœuds au long d’un fil en coton ou en soie, afin de créer une bordure décorative pour un vêtement.
9 Voltaire à Mme du Deffand, Cirey par Vassy en Champagne, 18 mars 1736, Lettre 1002 dans VC, t. 5, p. 98. Cité dans Mona Ozouf, Les Mots des femmes. Essai sur la singularité française, Paris, Fayard, 1995, p. 41.
10 Voltaire à Mme du Deffand, 26 décembre 1768, Lettre 14422 dans VC, t. 70, p. 248. Voir aussi CC, t. 1, p. 526.
11 Mme du Deffand à Voltaire, 8 février 1769, CC, t. 1, p. 539.
12 « Portrait de Madame la Marquise du Deffand, par M. de Forcalquier », dans Horace Walpole’s Correspondence with Madame Du Deffand, 6 vol., 1939, dans The Yale Edition of Horace Walpole’s Correspondence, Wilmarth S. Lewis (éd.), 48 vols., New Haven, Yale University Press, 1937-1983, t. 6, p. 51. Les références à cette édition seront indiquées par WDC ; les numéros de volume indiqués sont ceux de la série en six volumes de la correspondance avec Mme du Deffand plutôt que ceux de l’édition dans son ensemble en quarante-huit volumes.
13 B. Craveri, par exemple, affirme sans justification que Mme du Deffand était déjà hostile à Diderot avant sa rupture avec d’Alembert parce que « she probably sensed a far more dangerous radicalism in Diderot than in her protégé » (« probablement parce qu’elle sentait une radicalité bien plus dangereuse chez Diderot que chez son protégé », Madame du Deffand, op. cit., p. 130).
14 Voir B. Craveri, Madame du Deffand, ibid., p. 7.
15 Voir, par exemple, la réflexion sur la peur de la mort dans une lettre de Mme du Deffand à Walpole, Paris, 12 avril 1779, WDC, t. 5, p. 130.
16 Mme du Deffand à Walpole, 20 décembre 1778, WDC, t. 5, p. 94. Même B. Craveri, qui insiste généralement sur le rejet par Mme du Deffand des idées radicales de son temps, reconnaît que « for a self-declared enemy of contemporary philosophy, Mme du Deffand revealed a determinist materialism as rigorous as any philosophy of Holbach or Helvétius » (« malgré son hostilité affichée pour la philosophie contemporaine, Mme du Deffand manifestait un matérialisme déterministe aussi rigoureux qu’un philosophe comme Holbach ou Helvétius », Madame du Deffand, op. cit., p. 102).
17 Mme du Deffand à Walpole, 22-26 mai 1776, WDC, t. 4, p. 318.
18 Mme du Deffand à Walpole, 2 novembre 1775, WDC, t. 4, p. 230.
19 Voltaire à Mme du Deffand, aux Délices, 12 janvier [1759], Lettre 7327 dans VC, t. 35, p. 26. Voir aussi CC, t. 1, p. 241-242.
20 Voltaire à Mme du Deffand, Ferney, 6 janvier 1764, Lettre 10788 dans VC, t. 54, p. 19. Voir aussi CC, t. 1, p. 279.
21 Mme du Deffand à Walpole, Paris, 1er avril 1769, WDC, t. 2, p. 219.
22 Voir Kate E. Tunstall, Blindness and Enlightenment. An Essay, London, Bloomsbury, 2011.
23 Mme du Deffand à Voltaire, Paris, 17 juin 1764, CC, t. 1, p. 302.
24 Mme du Deffand à Walpole, 18 juin 1776, WDC, t. 4, p. 331. Après la mort de Mme du Deffand, son secrétaire Wiart a révélé à Walpole combien elle a souffert de sa surdité croissante à la fin de sa vie : « Hélas ! oui, Monsieur, la surdité faisait de grands progrès, et cela lui donnait une grande tristesse. Quand il y avait beaucoup de monde dans une chambre elle n’entendait plus rien » (Wiart à Walpole, Paris, 22 octobre 1780, WDC, t. 5, p. 252).
25 Mme du Deffand à Walpole, 25 septembre 1777, WDC, t. 4, p. 479.
26 Mme du Deffand à Walpole, 13 avril 1777, WDC, t. 4, p. 433.
27 Voltaire à Mme du Deffand, 30 mars 1775, Lettre 18277 dans VC, t. 90, p. 133. Voir aussi CC, t. 2, p. 481.
28 Mme du Deffand à Walpole, 18 juin 1776, WDC, t. 4, p. 331.
29 Mme du Deffand reconnaît son affinité avec Madame de Lafayette quand elle écrit : « Mme de la Fayette avait des vapeurs ; je me trouve beaucoup de conformité avec elle » (Mme du Deffand à Walpole, 3 mars 1776, WDC, t. 4, p. 275).
30 Mme du Deffand à Walpole, 19 novembre 1777, WDC, t. 4, p. 494.
31 La quatrième édition du Dictionnaire de l’Académie française, publiée en 1762, définit végéter ainsi : « Croître, pousser par un principe intérieur & par le moyen de racines. Les plantes végettent toujours jusqu’à ce qu’elles meurent. On dit d’Un homme qui n’a presque plus de raisonnement ni de sentiment, qu’Il ne fait plus que végéter » (Dictionnaires d’autrefois, ARTFL [en ligne], https://artfl-projet.uchocago.edu/content/dictionnaires-dautrefois, consulté le 20 avril 2017).
32 Mme du Deffand à Voltaire, 7 mars 1764, CC, t. 1, p. 283.
33 Mme du Deffand à Voltaire, 29 mai 1764, CC, t. 1, p. 298.
34 Mme du Deffand à Walpole, 13 avril 1777, WDC, t. 4, p. 432.
35 Mme du Deffand à Walpole, Paris, 20 avril 1777, WDC, t. 4, p. 436-37.
36 Voir Madame du Deffand’s Journal, dans WDC, t. 5, p. 419-61.
37 Mme du Deffand à Walpole, 18 mai 1777, WDC, t. 4, p. 442.
38 Mme du Deffand à Walpole, 8-12 avril 1776, WDC, t. 4, p. 300-301.
39 Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, dans Œuvres complètes, Bernard Gagnebin, Marcel Raymond et Robert Osmont (éd.), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1959, vol. 1, p. 202.
40 Edmond et Jules de Goncourt, La Femme au dix-huitième siècle, Paris, Firmin Didot, 1862, p. 110.
41 Mme du Deffand à Walpole, 30 juin 1780, WDC, t. 5, p. 235.
42 Mme du Deffand à Walpole, Paris, 8 octobre 1779, WDC, t. 5, p. 180.
43 Mme du Deffand à Walpole, 3 mars 1776, WDC, t. 4, p. 275.
44 Mme du Deffand à Walpole, Paris, 17 mars 1779, WDC, t. 4, p. 286.
45 Mme du Deffand à Walpole, Paris, 12 avril 1779, WDC, t. 5, p. 130.
Auteur
Columbia University, New York
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