« Les ruines n’existent même plus… »
p. 275-282
Texte intégral
Yonville-L’Abbaye (ainsi nommé à cause d’une ancienne
abbaye de Capucins dont les ruines n’existent même plus) est
un bourg à huit lieues de Rouen […]. Le soir que les époux
Bovary devaient arriver à Yonville […].
Gustave Flaubert, Madame Bovary, Paris, Michel Lévy, 18571
Un livre sur rien
1On connaît la poétique du roman telle que la formule Flaubert lorsqu’il commence à rédiger sa Bovary (1857) :
Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien […] qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style […], un livre qui n’aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut. Les œuvres les plus belles sont celles où il y a le moins de matière […].2
2L’histoire (la petite) ne dit pas ce que Louise C. pensa de cette ambition stylistique, mais ces « ruines qui n’existent plus » sont emblématiques de la modernité d’une écriture qui vit de la destruction du pittoresque romantique et de l’enfouissement ironique d’un certain réel référentiel. La prose de Flaubert travaille à cet arasement de la « matière » romanesque en multipliant paradoxalement les plans, scénarios, brouillons (près de six ans de rédaction et 3500 feuillets manuscrits pour le récit des illusions lyriques et désillusions tragiques d’Emma Bovary). Ces strates rédactionnelles sont comme les archives privées d’un work in progress – cette littérature de la rature – où le lecteur diligent peut prélever des indices pour reconstituer une archéologie du feuilletage de la fiction. Seul le toponyme Yonville-l’Abbaye conservera sous venance – ici et là – de ces vestiges architecturaux qui avaient bel et bien disparu dès les premiers avant-textes3.
3C’est redire en fait l’importance de la littérature comme mémoire culturelle et du roman comme verbier imaginaire : « Je regarde comme très secondaire le détail technique, le renseignement local, enfin le côté historique et exact des choses. Je recherche par-dessus tout la beauté, dont mes compagnons sont médiocrement en quête »4.
Invisible et tout-puissant
4Le récit de Flaubert prend dans son sous-texte et comme à revers parodique deux traditions majeures de la culture occidentale. Le moderne sacre de l’écrivain archaïse (et parodie) en effet la Sainte Tradition pour qui le Créateur de presque rien fait presque tout : « La terre était informe et toute nue […]. Et l’Esprit de Dieu était porté sur les eaux. Or, Dieu dit : Que la lumière soit et la lumière fut » (Genèse, I, 2-3). Flaubert suit en quelque façon le chemin inverse qui de quelque chose (« l’ancienne abbaye des Capucins ») fait presque rien – si ce n’est de faire exister un arrière-monde dont il est le narrateur démiurge : « L’artiste doit être dans son œuvre comme Dieu dans la création, invisible et tout-puissant ; qu’on le sente partout, mais qu’on ne le voie pas »5.
5Une micro-archéologie des brouillons montrerait combien le romancier a pu chercher la bonne formule ; à plusieurs reprises en effet il écrit, puis biffe sèchement « Abbaye »6 comme s’il convenait de censurer la première mention plus ou moins spontanée et refouler dans un second temps ladite Abbaye dans les oubliettes du récit. Flaubert avait d’ailleurs hésité d’entrée entre deux formulations – « les ruines même n’existent plus » (brouillon) et « les ruines n’existent même plus » (texte définitif) - son choix ultime renforçant ainsi le déni d’existence d’une réalité qui se fraye un chemin scriptural… dans sa dénégation textuelle même. Sur le même mode, l’écrivain déplace au gré de ses esquisses la situation de l’église sur le plan topographique d’Yonville7 et surtout recouvre d’une épaisse couche d’encre noire le mot même8.
6Comme si l’auteur créait lui-même son propre site archéo-graphique…
7Le second miracle de l’écriture réside dans la presque disparition vibratoire du monde (on reconnaît la quête de poésie pure de Mallarmé, pure d’attache) même si l’ellipse du réel n’est pas ellipse de la littérature ou des échos dissonants de la Culture. Comment en effet ne pas entendre dans cette disparition radicale de la primitive abbaye la mémoire intertextuelle d’autres villes disparues à jamais, détruites par le vandalisme des révolutions ou plus sûrement encore par la malédiction divine : « Le soleil se levait sur la terre, lorsque Lot entra dans Tsoar. Alors l’Éternel fit pleuvoir du ciel sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu, de par l’Éternel. Il détruisit ces villes, toute la plaine et tous les habitants des villes, et les plantes de la terre » (Genèse, 19, 23-25).
8Ce parallèle souterrain (si l’on ose dire !) entre les sulfureuses cités bibliques et mythiques balayées par la colère divine9 et le bourg de la paisible campagne normande où le dimanche, sur la grande route, le vent se borne à souffler de mornes « traînées de poussière »… fait osciller le texte entre grotesque et sacrilège10. Mais cette parenthèse qui semble suspendre le cours du récit – « (ainsi nommé à cause d’une ancienne abbaye de Capucins dont les ruines n’existent même plus) »- fige aussi un instant l’attention sur un monde effondré. C’est un signe prémonitoire de l’effondrement de l’univers d’Emma Bovary11, elle qui ne supportera guère la campagne d’Yonville que « clairsemée de ruines », elle à l’agonie et qui soudain aux yeux effarés de Charles est « une ruine qui tombe », elle pour qui Homais l’apothicaire imaginera en guise de monument funéraire « un amas de ruines »… Il est vrai toutefois qu’aux yeux du petit monde de la boutique et des petits notables ruraux, l’immoralité de madame Bovary devrait l’exposer aux foudres d’un Dieu vengeur :
Et sans doute qu’elle lui proposait une abomination ; car le percepteur, – il était brave pourtant, il avait combattu à Bautzen et à Lutzen, fait la campagne de France, et même été porté pour la croix ; – tout à coup, comme à la vue d’un serpent, se recula bien loin en s’écriant :
– Madame ! y pensez-vous ?…
– On devrait fouetter ces femmes-là ! dit madame Tuvache.12
« Le vent frais de la prairie faisait trembler les pages du livre et les capucines de la tonnelle »
9Lorsque le récit nous fait découvrir Yonville-l’Abbaye, l’histoire semble avoir malgré tout quelque consistance et Emma quelque apparence de couleurs :
On distingua le bruit d’une voiture mêlé à un claquement de fers lâches qui battaient la terre, et l’Hirondelle enfin s’arrêta devant la porte […]. Emma descendit la première […]. Madame Bovary, quand elle fut dans la cuisine, s’approcha de la cheminée […]. Le feu l’éclairait en entier, pénétrant d’une lumière crue la trame de sa robe, les pores égaux de sa peau blanche et même les paupières de ses yeux qu’elle clignait de temps à autre. Une grande couleur rouge passait sur elle, selon le souffle du vent qui venait par la porte entrouverte.13
10Mais le fatum inscrit comme un destin dans le nom du lieu marquera de son sceau la dépouille d’Emma qui paraîtra se dissoudre dans la matérialité du monde :
Une convulsion la rabattit sur le matelas. Tous s’approchèrent. Elle n’existait plus […].
Il [Charles] venait lui faire ses adieux. Les herbes aromatiques fumaient encore, et des tourbillons de vapeur bleuâtre se confondaient au bord de la croisée avec le brouillard qui entrait. Il y avait quelques étoiles, et la nuit était douce […]. Des moires frissonnaient sur la robe de satin […] et il lui semblait que, s’épandant au dehors d’elle-même, elle [Emma] se perdait confusément dans l’entourage des choses, dans le silence, dans la nuit, dans le vent qui passait, dans les senteurs humides qui montaient.14
11Dans ce pays imaginaire, le toponyme, quoique fictif, inscrit le livre dans l’histoire longue de la culture. Le fil/filon du discours romanesque s’observe en effet dans le travail du texte, sa linéarité narrative certes mais aussi sa stratigraphie intertextuelle.
12La mention de la disparition des ruines abbatiales affilie d’abord le récit à un bref épisode d’irrespect et de désordre plus ou moins carnavalesque qui se déroule dans l’église du village, sous les yeux d’Emma venue chercher quelque réconfort spirituel :
Le curé, de temps à autre, regardait dans l’église, où tous les gamins agenouillés se poussaient de l’épaule, et tombaient comme des capucins de cartes […]. Longuemarre et Boudet ! sac à papier ! voulez-vous bien finir !
Et, d’un bond, il s’élança dans l’église. Les gamins, alors, se pressaient autour du grand pupitre, grimpaient sur le tabouret du chantre, ouvraient le missel ; et d’autres, à pas de loup, allaient se hasarder bientôt jusque dans le confessionnal.15
13Mais la résurgence du filon abbatial et l’écho lointain d’une vie monastique communautaire et dévote (les Capucins) associent aussi l’histoire d’Emma à l’histoire belle et tragique d’Héloïse, cette figure de dame d’autrefois dont la jeune fille Rouault, en pension à Rouen « parmi ces femmes au teint blanc portant des chapelets à croix de cuivre », rêve :
Il y avait au couvent une vieille fille qui venait tous les mois, pendant huit jours, travailler à la lingerie, […] protégée par l’archevêché comme appartenant à une ancienne famille de gentilshommes ruinés sous la Révolution […]. Elle savait par cœur des chansons galantes du siècle passé […]. Elle contait des histoires […] et prêtait aux grandes, en cachette, quelque roman qu’elle avait toujours dans les poches de son tablier […]. Ce n’étaient qu’amours, amants, amantes, dames persécutées s’évanouissant dans des pavillons solitaires […]. Emma rêva bahuts, salle des gardes et ménestrels. Elle aurait voulu vivre dans quelque vieux manoir […]. Elle eut des vénérations enthousiastes à l’endroit des femmes illustres ou infortunées, Jeanne d’Arc, Héloïse, Agnès Sorel, la belle Ferronnière et Clémence Isaure […].16
14Cette rêverie sur un romantisme de convention et sur une imagerie gothique se heurtera bientôt, dans l’économie imaginaire du roman, à une parodie d’Héloïse… Héloïse – toujours l’onomastique – était en effet le prénom de la première femme de Charles, la veuve Dubuc :
La veuve était maigre ; elle avait les dents longues ; elle portait en toute saison un petit châle noir dont la pointe lui descendait entre les omoplates […] Il avait vécu pendant quatorze mois avec la veuve, dont les pieds, dans le lit, étaient froids comme des glaçons.17
15Bref, cette Héloïse-là est plus une vieille de Carême qu’une amante passionnée à la vie puis cloîtrée à la mort :
Charles cessa de retourner aux Bertaux [la ferme où vit avec son père la jeune et désirable Emma Rouault]. Héloïse lui avait fait jurer qu’il n’irait plus, la main sur son livre de messe […].18
16Ce pauvre Charles, déjà presque contraint à pénitence et à continence, et qui apparaîtra comme « vierge » au mariage, subira lui aussi le destin inscrit dans son nom, lors de sa première rencontre avec la si troublante demoiselle Rouault. La scène – un conte de fée à l’envers – est célèbre :
– Cherchez-vous quelque chose ? demanda-t-elle.
– Ma cravache, s’il vous plaît, répondit-il.
Et il se mit à fureter sur le lit, derrière les portes, sous les chaises ; elle était tombée à terre, entre les sacs et la muraille. Mademoiselle Emma l’aperçut ; elle se pencha sur les sacs de blé. Charles, par galanterie, se précipita et, comme il allongeait aussi son bras dans le même mouvement, il sentit sa poitrine effleurer le dos de la jeune fille, courbée sous lui. Elle se redressa toute rouge et le regarda par-dessus l’épaule, en lui tendant son nerf de bœuf.19
17Cette castration symbolique (cravache / nerf ; taureau / bœuf)20 consonne avec le funeste sort d’Abélard qui finit ses jours dans une abbaye, comme on sait :
Selon le Deutéronome, « l’eunuque, dont les parties viriles auront été écrasées ou amputées, n’entrera point dans l’église. » Dans cet état d’abattement et de confusion […], un sentiment de honte plutôt que la vocation me fit chercher l’ombre d’un cloître. Héloïse […] avait déjà pris le voile et était entrée dans un monastère. Nous revêtîmes donc tous deux en même temps l’habit religieux, moi dans l’abbaye de Saint-Denis, elle, dans le couvent d’Argenteuil.21
« Un pays oublié de toutes les géographies du monde »22
18Si l’archéologie est en quelque façon une opération de reconstruction, l’écriture du romancier est ici, littéralement et dans tous les sens, un travail de déconstruction. Flaubert déconstruit l’idée naïve que l’univers fictionnel du roman puisse s’autoriser d’autre instance que de lui-même :
Madame Bovary est une pure invention. Tous les personnages de ce livre sont complètement imaginés, et Yonville-l’Abbaye lui-même est un pays qui n’existe pas, ainsi que la Rieulle, etc.23
19C’est bien en effet de cette déconstruction d’un simple mais têtu effet de réel que s’invente l’œuvre, comme on dit que l’archéologue invente son site. Cette fécondité de la lacune dans la description topographique de Yonville-l’Abbaye (l’expression est dans les notes de régie que notre écrivain se donne au début de sa campagne de fouille scripturale24) engendre un univers fictionnel que le lecteur se doit lui aussi d’investir. À condition de rêver sur les plis et replis du texte comme S. Freud rêve sur le palimpseste de la Ville Éternelle :
Dans la ville […] différentes temporalités peuvent coexister, […] Rome étant à cet égard un modèle du genre, avec la superposition de strates antiques sur lesquelles les architectes de la Renaissance ou encore ceux de la Rome baroque sont intervenues. D’un point de vue beaucoup plus subjectif, on peut se demander si les strates inconscientes (les fondations enfouies) ou les événements passés (tels que les martyrs des premiers Chrétiens dans le Colisée), est-ce que toutes ces manifestations disparues ne persistent pas, d’une manière immanente, dans les consciences collectives.25
20C’est bien en tout cas ce que s’essaye à faire Emma dans ses rêves topiques et romantiques :
Paris, plus vague que l’Océan, miroitait aux yeux d’Emma dans une atmosphère vermeille […]. Quant au reste du monde, il était perdu, sans place précise, et comme n’existant pas.26
21C’est bien ce que la rêverie sémiotique et l’archéologie subjective de Rodolphe – son bel amant – réserve à ses/ces amours, point effacé à jamais sur la Carte de Tendre :
Il alla chercher dans l’armoire, au chevet de son lit, une vieille boîte à biscuits de Reims où il enfermait d’habitude ses lettres de femmes, et il s’en échappa une odeur de poussière humide et de roses flétries. Il y avait […] la miniature donnée par Emma […]. À force de considérer cette image et d’évoquer le souvenir du modèle, les traits d’Emma peu à peu se confondirent en sa mémoire, comme si la figure vivante et la figure peinte, se frottant l’une contre l’autre, se fussent réciproquement effacées.27
22Ce qui reste est (bien) littérature.
Notes de bas de page
1 Les références au texte de Madame Bovary renvoient à cette édition originale. Ici, p. 99.
2 Lettre à Louise Colet, Croisset, 16 janvier 1852. Correspondance (chronologique) de Flaubert, Année 1852, éd. Danielle Girard et Yvan Leclerc, Rouen, 2003, site http://flaubert.univ-rouen.fr/correspondance. Dernière consultation le 20 février 2018.
3 On se reportera au site http://flaubert.univ-rouen.fr/bovary qui reproduit et transcrit les manuscrits conservés à la Bibliothèque municipale de Rouen, classés en « Plans et scénarios » et en « Brouillons » avec des outils d’enquête sur les toponymes, et des tableaux génétiques des réécritures (les séquences 139 et 147 nous concernent particulièrement). Ici, voir Avant-texte manuscrit, Madame Bovary, incipit, partie II, Plans et scénarios, f° 13.
4 Lettre à George Sand, Paris, décembre 1875. Correspondance, 1875, op. cit.
5 Lettre à Mademoiselle Leroyer de Chantepie, Paris, 18 mars 1857, Correspondance, 1857, op. cit.
6 Brouillons avec occurrences biffées, raturées ou noircies de « Abbaye » dans l’écriture du toponyme. Passer par Recherche, puis abbaye, pour avoir les clichés de Brouillons (2), f° 9 ; Brouillon (3), f° 167 ; Brouillon (4), f° 55, 70, 73, 90.
7 Croquis de G. Flaubert, Site Flaubert, Plans et scénarios, f° 16.
8 Ibid., Plans et scénarios, détail du folio 14v.
9 Le pieux légendaire des provinces de France connaît ces abbayes ou couvents engloutis ou disparus à jamais, thème religieux, mythique et folklorique tout à la fois : « Près de la ville de Flers en Normandie se trouve un bois et son petit lac. Ce petit lieu est silencieux et isolé. Il y a bien longtemps, selon la tradition locale, existait à cet endroit un couvent qui devint très riche. Peu à peu le sanctuaire de la dévotion et de l’austérité se transforma en une Babel d’impiété et de dissolution. La veille d’une fête de Noël un flamboyant éclair entrouvrit la nue ; et la foudre, lancée par la main du Très-Haut, frappa le couvent qui vacilla sous le choc et tout à coup s’abîma à une grande profondeur sous terre », raconte Amélie Bosquet, La Normandie romanesque et merveilleuse. Traditions, légendes et superstitions populaires de cette province, Paris, Techener, 1845, p. 495.
10 On pense évidemment à Salammbô, ce roman archéologique que Flaubert écrit juste après Madame Bovary : « Le vieil Hannon […] se porta immédiatement vers les provinces occidentales, afin de se venger dans les lieux mêmes qui avaient vu sa honte. Mais les habitants et les Barbares étaient morts, cachés ou enfuis. Alors sa colère se déchargea sur la campagne. Il brûla les ruines des ruines, il ne laissa pas un seul arbre, pas un brin d’herbe. » dans Œuvres complètes de Gustave Flaubert, Arvensa Editions, en ligne, p. 1196.
11 Lors du repas de noce de Charles et d’Emma, quelques invités qui respectent les us et coutumes sont relégués « au bas bout de la table » et se voient offrir à plusieurs reprises « les bas morceaux des viandes ». Ils sont particulièrement blessés dans leur honneur par cette hospitalité défaillante et chuchotent alors sur le compte de leur hôte (le père de la mariée), souhaitant « sa ruine à mots couverts », Flaubert, Madame Bovary, op. cit., p. 43.
12 Ibid., p. 430.
13 Ibid., p. 111 et 113.
14 Ibid., p. 458 et 467.
15 Ibid., p. 159-160.
16 Ibid., p. 53-54. Voir sur le site Flaubert, Définitif, f° 75.
17 Ibid., p. 23 et 50.
18 Ibid., p. 23.
19 Ibid., p. 23.
20 Il y aura bien un vrai taureau, lors des Comices à Yonville-l’Abbaye, « un grand taureau noir » mais « muselé, portant un cercle de fer à la narine, et qui ne bougeait pas plus qu’une bête de bronze. Un enfant en haillons le tenait par une corde »… Par ailleurs, Flaubert/Fulbert ne cessera d’être amusé/intrigué par le destin d’Abélard, dés son plus jeune âge : « Tu me feras penser la première fois à te donner une relation très détaillée de mon voyage au Paraclet, ancienne demeure de la grosse Héloïse et de maître Abailard, espèce de bourru et d’imbécile qui n’a gagné à tous ses amours que d’avoir un testicule de moins » (Lettre à Ernest Chevalier, Rouen, 22 septembre 1837). Lors de son voyage en Orient l’ami Gustave écrit à Louis (Bouilhet) : « Dans un lupanar nous avons baisé des Grecques et des Arméniennes. Aux murs il y avait des gravures tendres, et les scènes de la vie d’Héloïse et d’Abélard […] » (Lettre à L. Bouilhet, Athènes, 19 décembre 1850). On trouvera bien sûr une rubrique Abélard dans le Dictionnaire des idées reçues ou Catalogue des opinions chics : « Inutile d’avoir la moindre idée de sa philosophie, ni même de connaître le titre de ses ouvrages. – Faire une allusion discrète à la mutilation opérée sur lui par Fulbert. – Tombeau d’Héloïse et d’Abélard ; si l’on vous prouve qu’il est faux, s’écrier : « Vous m’ôtez mes illusions. »
21 Lettre I, Histoire des malheurs d’Abélard, adressée à un ami, Octave Gréard (trad.), Paris, Garnier, 1859.
22 Voir Site Flaubert, op. cit., Brouillons (2), f° 8.
23 Lettre à M. Cailleteaux, Croisset, 4 juin 1857, Correspondance, 1857, op. cit.
24 Voir Site Flaubert, op. cit., Plans et scénarios, f° 15.
25 Freud, Malaise dans la civilisation [1929], Charles Odier (trad.), Paris, PUF, 1971, p. 12-13.
26 Flaubert, Madame Bovary, op. cit., p. 83. Emma sera toujours partagée entre le sentiment juvénile et palpitant de la/sa vie et, plus le récit avance vers sa fin, un sentiment de déréliction et de néantisation : « Elle aurait voulu, comme autrefois, être encore confondue dans la longue ligne des voiles blancs, que marquaient de noir çà et là les capuchons raides des bonnes sœurs inclinées sur leur prie-Dieu […], disposée à n’importe qu’elle dévotion, pourvu qu’elle y absorbât son âme et que l’existence entière y disparût. » Mais c’est la mort dans l’âme que mad’âme Bovary est condamnée à vivre (?) à Yonville, capitale de la platitude/solitude.
27 Ibid., p. 284.
Auteur
Université de Lorraine-Metz
Centre de Recherche sur les Médiations
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