Voltaire et l’art du texto
p. 243-260
Texte intégral
On ne sait jamais dans ce monde le dessous des cartes.
Voltaire, Micromégas
1Voltaire déteste les livres longs, fait curieux pour un auteur dont les Œuvres complètes compteront bientôt presque 200 volumes… Selon lui, les livres longs ennuient le lecteur et, pire encore, ils mettent en danger la santé de l’auteur : « Il me semble que l’histoire tue plus sûrement son homme qu’une tragédie. Le travail désagréable de consulter vingt gros livres fait un mal réel »2. Voltaire, on le sait, affectionne les formes brèves, surtout en prose : il est, comme le disait René Pomeau, « interminablement bref ». Pour Voltaire la brièveté est une question éthique autant qu’esthétique, car celui qui sait s’exprimer succinctement a plus de chance d’avoir raison : « Demandez à un wigh quelles sont les prérogatives du défenseur de la foi, il les fera tenir toutes sur le dos d’une carte. Adressez-vous à un tori of the passive obedience, il demandera une main de papier »3.
2La brièveté est donc au cœur de l’esthétique voltairienne, mais on la traite toujours dans la perspective du genre littéraire. On évoque les « formes brèves » classiques, comme la maxime, le conte, ou encore l’article de dictionnaire, genre dans lequel Voltaire excelle4. Et s’il y a une forme brève dans laquelle il est également passé maître, c’est sans nul doute celle de la lettre.
3Ce qui est intéressant avec la forme de la lettre, c’est que la brièveté épistolaire est dans une certaine mesure imposée par le papier même. Les formes brèves ont été beaucoup étudiées en tant que genres ; par contre, on a moins exploré ce qu’on pourrait appeler les supports brefs. Dans les analyses des lettres de Voltaire, on n’a jamais suffisamment pris en compte les questions d’ordre matériel, comme l’importance de l’espace (l’espace qu’on laisse après la formule d’appel, par exemple, est une marque de déférence) et du manque d’espace (comme lorsque Voltaire ajoute un post-scriptum en marge, pour assumer une pose plus familière). Certes, Voltaire aime faire bref, dans ses lettres comme ailleurs, et il se moque des formules de politesse lourdes et alambiquées, qu’il oppose à la simplicité pratiquée par les Romains5. Mais il maîtrise mieux que quiconque la rhétorique épistolaire de son temps, et il sait que le protocole demande qu’on écrive sur une feuille pliée en deux, même si la deuxième feuille reste inutilisée. Pour faire un mot bref, on peut « couper le papier » (se servir d’une simple feuille), mais il faut toujours s’en excuser : « Pardonnez, Madame, le papier s’est trouvé coupé » (post-scriptum, à Mme Favart)6 ; « Pardon, le papier se trouve coupé » (au président de Brosses)7 ; « En voulant fermer cette lettre j’ai coupé le papier ; vous me le pardonnez » (post-scriptum, au comte d’Argenson)8. Pour avouer en toute franchise qu’on s’est servi d’une simple feuille pour faire bref, il faut vraiment bien connaître son correspondant, comme lorsque Voltaire s’adresse à son petit neveu, Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d’Hornoy : « Il faut que je finisse car mon papier est déchiré. Je vous embrasse bien tendrement »9.
4Voltaire, qui, selon les pratiques de l’époque, expédie ses lettres pliées et cachetées, ne se sert que rarement d’enveloppes, et en conséquence il n’a guère l’occasion de réfléchir aux possibilités de ce support. Il faudra attendre Mallarmé pour trouver un auteur qui compose en quatrains l’adresse sur l’enveloppe10, et Emily Dickinson pour avoir un poète qui emploie l’enveloppe comme support pour des poésies brèves11. Reste un support qui occupe une place importante dans la correspondance voltairienne et qui plus que tout autre favorise la concision : la carte à jouer.
La carte à jouer au XVIIIe siècle
5La carte à jouer est un objet omniprésent dans la culture matérielle de l’Ancien Régime. La fabrication de cartes, décrite en détail dans l’Encyclopédie12, restait inchangée depuis le XVe siècle13 et les cartiers français étaient particulièrement réputés ; tout au long des XVIe et XVIIe siècles, la France exporta des jeux de cartes à partir de Rouen et de Lyon partout dans l’Europe. Fabriquées par millions, les cartes coûtaient peu, et au XVIIIe siècle les jeux de cartes quittent la cour pour gagner l’ensemble de la société ; comme l’attestent les nombreux traités publiés à l’époque, on joue aux cartes dans les tripots et cabarets aussi bien que dans les salons aristocratiques14.
6Une des caractéristiques notables des jeux français est de présenter un dos vierge de toute impression, à la différence des cartes allemandes, espagnoles ou italiennes, ce qui explique la pratique, beaucoup plus répandue en France qu’ailleurs, d’écrire au dos des cartes15. Comme l’explique Claire Bustarret, la carte à jouer, peu chère et partout accessible, finit par remplir la fonction d’une fiche : « Si les cartes à jouer ont préfiguré les usages du bloc-notes aux feuillets détachables chers aux écrivains voyageurs du XXe siècle, les archives témoignent que ce support de petit format (environ 85 x 56 mm) remplissait couramment dès le début du siècle la fonction de fiche »16. Jean-Jacques Rousseau, au moment de la composition des Rêveries du promeneur solitaire, s’est servi de cartes à jouer pour noter ses idées lors de ses randonnées en plein air17 ; le geste est bien connu, mais peut-être moins exceptionnel qu’on ne le pense. Il y a aussi le cas célèbre du genevois Georges Lesage, homme de sciences, qui se trouvait incapable de présenter ses recherches sous forme de livres, et qui a laissé le fruit de tout son travail (dont une esquisse autobiographique, étudiée par Philippe Lejeune) sur quelque 35000 cartes à jouer18. La carte à jouer servait ainsi à diverses fins, et dans toutes les couches de la société. Greuze a esquissé un croquis au verso d’une carte à jouer19, tandis que dans un Hôtel-Dieu à Marseille, les cartes à jouer servaient comme « billets d’abandon » afin d’identifier des enfants abandonnés20.
7Dans sa belle étude, Claire Bustarret a détaillé les usages très variés de la carte à jouer dans la culture du XVIIIe siècle, mais elle passe rapidement sur le rôle de la carte dans la communication de messages, sans doute parce qu’il lui paraît trop évident. Mais la possibilité que la carte à jouer ait préfiguré en quelque sorte la carte postale est hautement suggestive. La carte à jouer était facile à obtenir et coûtait moins cher que le papier de qualité qui servait pour les lettres ; de même, la carte postale était omniprésente au tournant du XXe siècle et coûtait peu à mettre à la poste. L’émergence de la carte postale a marqué une révolution sociale dans la communication postale21, révolution exploitée par un artiste comme Picasso22. Qu’en est-il de la carte au XVIIIe siècle ? Et dans quelle mesure a-t-elle pu influencer les pratiques épistolaires de l’époque ?
Voltaire et la carte à jouer
8La carte à jouer était pour Voltaire un objet banal qu’il avait toujours à portée de main. Il s’en servait couramment comme fiches, pour prendre des notes ou composer des textes. La carte était aussi un objet facile à porter et à offrir : Pierre Michel Hennin, résident de France à Genève, a gardé dans un dossier deux cartes à jouer contenant des vers que Voltaire lui a présentés en septembre 175823. Les cartes servaient à Voltaire aussi comme signets pour marquer des pages dans les livres qu’il étudiait, emploi peut-être propre à Voltaire. Il en reste des traces dans la bibliothèque aujourd’hui conservée à Saint-Pétersbourg, et Gillian Pink a attiré notre attention sur une carte à jouer d’abord utilisée par Voltaire pour calculer ses dépenses chez le tailleur ; ensuite, il a découpé la carte, et un des morceaux, annoté de sa propre main, a servi comme signet pour marquer une page dans De l’esprit des lois de Montesquieu24.
9Voltaire s’est beaucoup servi de la carte à jouer pour envoyer des messages, messages qui font partie évidemment de sa correspondance, même si l’on hésite à décrire ces billets comme « lettres » dans le sens strict du terme. Le phénomène des échanges épistolaires sur cartes à jouer reste entièrement à étudier. Certes, ces mots brefs griffonnés sur une carte à jouer ne sont pas de « vraies » lettres, mais c’est précisément cela qui fait leur intérêt. C’est la banalité même de l’objet qui retient notre curiosité – Diderot se plaint même du mauvais goût des illustrations sur les cartes à jouer25, tant ces objets sont peu prisés. Le cas de Voltaire n’est pas bien sûr unique, et nous savons que Jean-Jacques Rousseau s’est servi des cartes pour envoyer des mots, par exemple une « note autographe écrite au dos d’une carte à jouer à un concert donné en 1764 chez le comte d’Escherny », datée probablement du 30 avril 1764, et apparemment envoyée au comte d’Escherny26 ; une autre, destinée à Mme de Luze, devait lui être remise « en sa maison »27. Dans le cas de Voltaire, tout reste à étudier. Quelle est la place de ces cartes dans le corpus plus important de la correspondance ? A-t-il recours aux cartes à jouer seulement pour certain(e) s correspondant(e) s choisi(e) s ? et/ou pour un certain style de message ? Ces questions sont difficiles à résoudre pour plusieurs raisons.
10En premier lieu, ces objets matériels sont éphémères et nécessairement fragiles : on peut supposer que de nombreuses cartes de Voltaire ont disparu définitivement. En plus, nous connaissons mal le corpus : au moins une série importante de cartes à jouer se trouve dans une collection privée et inaccessible, et le cas n’est sûrement pas unique. Enfin, l’édition Besterman de la correspondance, qui fait autorité, ne décrit pas systématiquement les supports matériels, comme la carte à jouer : dans certains cas, au moins, un message rédigé sur une carte n’est pas identifié comme tel28. D’ailleurs cette question du support matériel intéresse si peu Besterman qu’il ne transmet pas certaines informations même lorsqu’elles lui sont accessibles. Prenons l’exemple d’un billet envoyé à Jacob Vernes, D11782 : le manuscrit a maintenant disparu, mais il est décrit au XIXe siècle par Perey et Maugras, qui indiquent que le texte figurait sur une carte à jouer29 ; Besterman reproduit le texte qu’ils fournissent, mais omet ce détail, pourtant capital, concernant la matérialité de l’objet30.
11Dans l’état actuel de nos connaissances, nous ne pouvons donc qu’esquisser les contours de cette question. Pour prendre un seul exemple : les échanges entre Voltaire et son éditeur genevois Gabriel Cramer constituent une collection précieuse, qui fournit autant le témoignage d’une amitié hautement stratégique pour les deux hommes qu’un document irremplaçable pour comprendre la genèse de nombreuses œuvres voltairiennes. Nous pensons habituellement que les échanges entre les deux hommes prenaient la forme de lettres ; mais il existe au moins un billet autographe, D11797, rédigé sur une carte à jouer (il est publié par Besterman pour la première fois, ayant été conservé dans l’archive privée de Jean Cramer à Genève). Il serait étonnant que ce soit un cas unique. Mais combien d’autres cartes figurent dans leurs échanges ? Et combien ont déjà disparu ?
12Avant de passer à l’examen d’un certain nombre d’exemples, voici d’abord quelques observations provisoires sur la gamme d’emplois variés des cartes à jouer dans la correspondance voltairienne. En premier lieu, Voltaire se sert de cartes (qui ne sont pas nécessairement des cartes à jouer) simplement pour accuser réception de la carte d’un autre. Au château de Ferney, Voltaire se trouve assiégé de visiteurs, au point qu’il se plaint d’être l’« aubergiste de l’Europe », et le protocole concernant ces visites était bien réglementé. Un aristocrate anglais qui voulait entreprendre son « grand tour » se faisait une grande provision de cartes de visite, et sollicitait à l’avance des lettres de référence. Une fois arrivé à Genève, il faisait envoyer au Château de Ferney une carte de visite, accompagnée de ses lettres de référence. Voltaire devait répondre à ce parfait inconnu, en gardant sa carte, mais en lui rendant ses lettres de référence, qui devaient servir pour d’autres visites… Soit Voltaire feignait une indisposition, comme il essaya de le faire avec Boswell, soit il invitait le voyageur à dîner. James Grenville (le futur lord Glastonbury), qui en 1766 voyageait avec son oncle Henry Grenville, eut de la chance. En réponse à sa propre carte, il reçut le message suivant – en anglais (Fig. 1)31 :
13Sensible sans doute à la célébrité de son hôte, James Grenville garda ce billet et, rentré chez lui, le colla dans un album, ce qui explique que la carte ait été conservée.
14Cet emploi d’une carte est parfaitement courant et répond à une pratique sociale bien établie, même si la souscription exhibe la touche individuelle de Voltaire. La carte à jouer servait aussi à la communication brève et rapide de questions et de réponses urgentes. Nous avons déjà évoqué les échanges entre Voltaire et Cramer, qui sont de ce type. De même, Voltaire échange de nombreux billets avec le pasteur Jacob Vernes, homme érudit et cultivé, qui rendait souvent visite à Voltaire à Ferney33. En voici un exemple, daté provisoirement par Besterman de mars 1764, qui semble faire allusion à Jean-Jacques Rousseau34 :
En sortant de table, 4 heures
À l’égard des ânes rouges qui écrivent contre l’art des Sophocles, dans lequel ils se sont eux mêmes exercés, je les plains et je vous aime.
15Le style concis et allusif de ce message lui donne la forme d’un SMS : nous avons l’impression d’écouter une conversation en temps réel. Pour l’instant nous connaissons très peu de cartes envoyées à Vernes, mais il existe une collection importante de cartes à jouer échangées entre les deux hommes qui n’est pas encore dans le domaine public et qui apportera certainement des informations précieuses sur la nature des relations entre les deux hommes comme sur leurs méthodes de travail et de recherche. Un troisième cas de figure concerne les cartes à jouer que Voltaire envoie à des hommes, et plus souvent à des femmes, qui résident dans les environs des Délices ou de Ferney, et dont je propose ici d’étudier deux exemples.
Voltaire et Louise Suzanne Gallatin
16Voltaire entretenait des relations particulièrement amicales avec sa voisine Louise Suzanne Gallatin : elle lui envoyait des figues de son jardin, il l’invitait à dîner ou à assister au théâtre chez lui35. Leurs communications de tous les jours avaient lieu par échange de cartes, et le hasard veut qu’un petit nombre de celles-ci ait été conservé. Mme Gallatin avait élevé son petit-fils Albert, qui émigra aux États-Unis où il devint Secrétaire au Trésor de la jeune république ; il légua à la New-York Historical Society les papiers hérités de sa grand-mère, dont cinq cartes à jouer qu’elle avait conservées. Une de ces cartes ne concerne pas Voltaire ; les quatre autres constituent un petit corpus, que nous reproduisons ici, et qui nous permet d’explorer la gamme de possibilités de la communication par carte.
17La première est très simplement une invitation au théâtre (Fig. 2 et 3)36.
18Exceptionnellement, cette carte n’est pas de la main de Voltaire, et elle n’est pas non plus de la main de son secrétaire Wagnière ; elle fut probablement écrite par un domestique du Château de Ferney. Les trois autres cartes sont de la main de Voltaire, et elles possèdent toutes un sens de l’immédiat. Celle-ci semble être la confirmation d’une invitation à dîner (Fig. 4 et 5)37.
19La troisième carte concerne de nouveau le théâtre (Fig. 6 et 7).
20Le sens de cette carte est parfaitement clair : il s’agit d’une nouvelle invitation, autographe cette fois, à la comédie. Ce billet présente pourtant un mystère, car il est absent de l’édition Besterman de la correspondance de Voltaire. Difficile d’imaginer que Besterman n’ait pas repéré la carte en question, car il connaissait l’archive de la New-York Historical Society. Est-ce une simple erreur ou a-t-il considéré que la carte n’est pas une « lettre » au sens strict ? Il ne manifeste pas de tels scrupules ailleurs et, dans sa grande édition de la correspondance, sa définition de la « lettre » est large, pour ne pas dire floue. Il semble que nous avons affaire ici à un billet inédit.
21La dernière carte est la plus énigmatique de la collection (Fig. 8 et 9)38. Nous dépassons ici la communication qui relève des obligations purement sociales, l’invitation à la comédie, au dîner, etc., pour trouver des échanges, sinon intimes, du moins plus personnels. Voltaire répond sur un ton plaisant à une invitation ou à une demande de la part de Mme Gallatin et, de nouveau, la brièveté imposée par la carte rend superflues les conventions épistolaires habituelles. Une conversation entre voisins se poursuit, et nous sommes témoins d’une simple bribe de leurs échanges.
22Hors du cadre protocolaire de la rhétorique épistolaire, nous retrouvons avec ces cartes un autre Voltaire, un Voltaire qui régit lui-même les détails de la vie sociale quotidienne. Au XXe siècle, nous nous servions souvent du téléphone pour régler ce genre d’affaires, souvent remplacé de nos jours par l’email, et de plus en plus par le SMS. Le mot texto – admis comme adverbe (« textuellement ») à partir du milieu du XXe siècle – est maintenant admis aussi comme substantif, pour décrire le message envoyé à un téléphone portable et qui à l’origine ne pouvait pas dépasser 160 caractères39. La carte à jouer, qui impose de semblables contraintes de longueur, remplit une fonction pareille pour Voltaire. Forme brève par excellence, la carte permet un contact immédiat avec des proches, en court-circuitant la formalité réglementée des échanges épistolaires. Mais ces contraintes n’évacuent-elles pas en même temps toute possibilité de fantaisie et de créativité qui sont les marques de la correspondance voltairienne ?
Voltaire et Louise d’Épinay
23Avant 1757, Voltaire ne connaissait Louise d’Épinay que de réputation40, et il la rencontra pour la première fois lorsqu’elle vint à Genève pour se faire soigner par le célèbre médecin Tronchin. Son séjour, qui commença en novembre 1757, allait durer deux ans, et le mois suivant, en décembre 1757, Mme d’Épinay vint passer quelques jours aux Délices, accompagnée de son fils. Voltaire apprit à admirer l’intelligence et l’esprit philosophique de Louise d’Épinay, et après son retour à Paris en octobre 1759, ils restèrent en contact régulier : nous avons en tout 77 lettres de Voltaire adressées à cette correspondante, depuis 1756 jusqu’à l’année de sa mort, en 177841.
24Lors de son séjour à Genève entre novembre 1757 et octobre 1759, Louise d’Épinay et Voltaire ont lié une amitié proche, comme en témoigne la correspondance qui survit de ces années. Dès son arrivée à Genève, Voltaire lui adresse un mot – sur une carte à jouer :
Je ne suis point encor assez heureux pour être en état d’aller rendre mes devoirs à Mr et Me d’Epinay. On m’assure que madame se porte déjà baucoup mieux, nous l’assurons made Denis et moy de l’intérest vif que nous y prenons, et de notre empressement à recevoir ses ordres.42
25La dernière lettre du séjour genevois date du début octobre 175943. En tout, entre novembre 1757 et octobre 1759, nous comptons 31 missives envoyées par Voltaire à Mme d’Épinay, dont quatorze, presque la moitié, d’après les informations dont nous disposons, sont écrites sur des cartes à jouer44. Si Louise d’Épinay semble avoir gardé méticuleusement tout ce qu’elle recevait du philosophe, par contre nous n’avons qu’une seule lettre adressée par elle à Voltaire (D9464, c. 15 décembre 1760), mais nous inférons qu’elle aussi se servait de cartes à jouer en communiquant avec Voltaire : « Vos cartons sont pour moy madame les cartons de Raphael quand ils sont ornez d’un mot de votre main »45. Dommage que Voltaire ne les ait pas conservés…
26Quelle est donc la logique, dans ces échanges entre 1757 et 1759, du mélange de missives, parfois sur papier et parfois sur cartes à jouer ? On pourrait imaginer que la distinction correspond grossièrement à la distinction entre lettre et billet, entre long et bref, mais ce n’est vrai que partiellement. Certes une belle lettre en vers et prose, comme la D7535, demande une lettre sur papier en bonne et due forme, tandis qu’un billet court, comme la D7474, passe facilement sur une carte à jouer. Ces messages courts concernent souvent des visites, ou bien des visites différées pour cause de maladie : Voltaire est souffrant aussi bien que Louise d’Épinay, et les maux de la maladie et les vertus du docteur Tronchin sont des thèmes récurrents dans leurs échanges. Mais la banalité du sujet n’exclut pas un ton personnel :
Le malade V. présente ses respects à la plus aimable des convalescentes (et à la plus heureuse puisqu’elle [a] Esculape Tronchin à ses ordres). Il aura l’honneur d’envoier son fiacre à ses ordres, et il se flatte qu’elle voudra bien amener un homme d’esprit et de bon sens qui a onze ans.
jeudi46
27La maladie partagée devient ainsi le prétexte pour une certaine intimité feinte, et Voltaire n’hésite pas à parler à Louise d’Épinay de ses « lavements »47 ni à évoquer avec une galanterie burlesque son postérieur : « il ne me reste pour tout potage qu’un derrière qui fait mon malheur. J’oubliais mon cœur, il est à vous, madame […] »48.
28Très vite, les messages brefs des cartes dépassent les conventions sociales et Voltaire exploite la brièveté de la forme pour flatter outrageusement :
Heureusement madame d’Epinay ne craint point le froid. Sans cela je craindrais bien pour elle ce maudit vent du nord qui tue tous les petits tempéraments. Puisse t’il madame respecter vos grands yeux noirs et vos pauvres nerfs. Quand honorerez vous notre cabanne de votre présence ?
V.49
29Le caractère informel de la carte à jouer influe sur le style de Voltaire, qui écrit en quelque sorte « en robe de chambre » – littéralement, lorsqu’il demande à Louise d’Épinay la permission de la recevoir sans être « habillé » :
Je demande aujourduy la permission de la robe de chambre à madame Depinay. Chacun doit être vêtu suivant son état ; made Depinay doit être coeffée par les grâces, et il me faut un bonnet de nuit.50
30Plus ils se connaissent, plus Voltaire se permet d’adopter une pose ludiquement provocatrice, et la concision de la carte à jouer autorise des sorties extravagantes qu’il serait difficile de maintenir dans une lettre où l’auteur se serait senti embarrassé par la présence d’une feuille de papier qui n’avait pas les mêmes contraintes d’espace.
Ma belle philosophe vous êtes un petit monstre, une ingratte, une friponne ; vous le savéz bien. Ce n’est pas la peine de vous aimer. Je ne vous reproche rien, mais vous savez tout ce que j’ay à vous reprocher. Venez demain coucher chez nous, si vous daignez nous faire cet honneur et si vous l’ozez. Venez ma charmante philosophe. Ah ah c’est donc ainsi que... Fy ! quel infâme procédé.
Mille respects. V.51
31Voltaire exploite au maximum les possibilités de la carte, et il lui arrive dans certains cas d’écrire sur ses deux faces. Dans le billet suivant, il continue sur le recto de la carte, en l’occurrence un cinq de trèfle, et ses mots finissent par s’insinuer entre les figures de la carte :
André est un paresseux qui n’a pas porté mes billets écrits hier au soir. Selon ma louable coutume ces billets demandaient les ordres du ressusiteur, et de la ressuscitée. Le carosse ou le fiacre le plus doux est à leurs ordres à midy. Je n’ay pas un moment de santé, je ne mange plus, et j’ay des indigestions. Je suis sans inquiétude et je ne dors point. C’est la vecchiaia, la debolezza, et c’est ce qui fait que je n’ay pu encor allez chez les dévotes du R. Père Tronchin.
à midy précis le fiacre part.
frère V.52
32À d’autres occasions, Voltaire innove en écrivant son message sur le verso, comme d’habitude, mais en inscrivant sur le recto de la carte le nom du destinataire, comme il aurait fait sur une enveloppe. Il pastiche ainsi les usages formels, en écrivant « a madame / madame d’Epinay » sur le recto d’une carte ; sur une autre, au même endroit, mais avec moins de formalité, il écrit simplement « a ma belle philosophe »53. Ces détails, omis dans l’édition Besterman, ne sont pas sans importance, car ils révèlent un Voltaire qui s’efforce de personnaliser son utilisation de la carte en ridiculisant les conventions épistolaires.
33Voltaire estime énormément l’intelligence de Louise d’Épinay, il l’appelle « la véritable philosophe des femmes »54, et dès 1759 il lui parle de l’Infâme – en voici deux exemples, toujours sur des cartes à jouer :
Si dieu vous a inspirée, si vous avez fait usage de votre imprimerie de poche, vous avez fait une action très méritoire. Il faut extirper l’infâme, du moins chez les honnêtes gens. Elle est digne des sots, laissons la aux sots. Mais rendons service à notre prochain. Ma chère philosophe je n’irai point à Lausanne si vous daignez venir aux Delices.55
Madame Denis est un gros cochon qui prétend ne pouvoir écrire parce qu’il fait trop chaud et moy malgré mon apoplexie j’écris comme Gaufecour. Je brave les saisons ; et je boude ma philosophe qui ne veut point de nous, qui n’aime que Geneve, qui ne veut point venir parler avec nous de l’infâme. Je me ferai dévot et les dévotes viendront me donner des lavements puisque ma philosophe et mon prophète m’abandonnent.56
34Nous pouvons comparer ces deux cartes avec une lettre, une « vraie » lettre cette fois, qui date du même moment :
[…] Il faut rendre l’infâme ridicule, et ses fauteurs aussi. Il faut attaquer le monstre de tous côtez, et le chasser pour jamais de la bonne compagnie. Il n’est fait que pour mon tailleur et pour mes laquais.
Ma belle philosophe, je veux vous voir. J’ay la colique. Je soufre baucoup, mais quand je me bats contre l’infâme je suis soulagé. […].57
35Dans les trois communications, le même thème philosophique, le même cri de ralliement à sa campagne contre l’Infâme ; et dans la deuxième carte comme dans la lettre, les considérations philosophiques côtoient des préoccupations de santé. Or le contraste entre la lettre et les deux cartes ne s’explique pas simplement par une question d’étendue, car la différence la plus frappante existe au niveau du style et du ton : plus restreint, plus conventionnel dans la lettre, Voltaire s’exprime de façon plus libre sur les cartes à jouer. Écrivant sur une carte, Voltaire se sent, semble-t-il, « en robe de chambre ».
Une tentation d’intimité
36La correspondance de Voltaire présente toujours le piège de l’intime58. Les lettres « aux proches » (ad familiares) sont déjà connues dans la littérature latine, mais selon le modèle cicéronien, écrit Alain Viala, « on n’écrit pas tant pour se confier à un intime que pour adresser au public à travers lui un discours de forme et de portée générales »59. La familiarité épistolaire est bien sûr une posture comme une autre, et il va falloir attendre l’époque romantique pour pouvoir parler d’un moi intime dans la correspondance. Le message inscrit sur une carte à jouer n’est-il pas en tout cas trop bref pour permettre une communication vraiment « intime » ? Voltaire, qui déploie tant d’imagination dans sa correspondance, paraît curieusement insensible à l’objet matériel qu’est la carte à jouer. On aurait aimé qu’il fasse allusion à la carte elle-même – est-ce que le trois de pique a la même valeur affective que la reine de cœur, par exemple ? - ou bien qu’il se lance dans une réflexion sur le potentiel métaphorique de la carte à jouer dans une médiation sur les jeux de l’amour et du hasard. Il n’en est rien. La matérialité de la carte à jouer semble être invisible à Voltaire (comme elle l’est aussi à ses contemporains), et la banalité de l’objet matériel reste absolue. La carte à jouer ne serait-elle donc qu’un simple billet, parfaitement neutre, sans âme et sans fantaisie ?
37Pas entièrement, car à côté des invitations au dîner ou à la comédie, Voltaire expérimente, par exemple dans ses échanges avec Louise d’Épinay, une posture d’intimité bourrue et à la limite du grossier qui est « excusée » par la forme primitive de la carte à jouer. Dans les manuels épistolaires de l’époque, on insiste beaucoup sur le fait qu’il faut écrire une lettre comme si on dialoguait avec son correspondant : « Que vos Lettres soient l’image de vos entretiens […] ; il faut écrire comme l’on parle »60. Il s’agit, nous l’avons dit, d’une familiarité feinte, mais si Voltaire maîtrise à la perfection la rhétorique épistolaire, on pourrait se demander si ce n’est pas en réalité le style qu’il réserve pour certaines cartes à jouer qui s’approche le plus d’un style véritablement parlé. On ne compose pas un texto de la même façon qu’une lettre, et le texto suppose déjà une relation de confiance avec le correspondant. Voltaire, texto-logue avant la lettre, cherche par tous les moyens à faire bref et à se rendre agréable, et dans ce contexte, la carte à jouer est un outil parmi d’autres dans sa campagne de séduction à distance. L’interprète d’un manuscrit doit toujours tenir compte du support matériel, et même – peut-être surtout – dans le cas de la carte à jouer, il est impossible de ne pas méditer sur l’adéquation possible entre ce support matériel et la disposition psychologique de l’auteur qui le choisit.
38Une lettre qui passait par la poste officielle n’avait rien de privé, et Voltaire savait que tout ce qu’il écrivait à Paris était lu par le Cabinet du secret des Postes (il lui arrive même de s’adresser au censeur dans certaines de ses lettres…). Il n’en est pas de même avec les cartes, qui restent des communications strictement privées. Lorsque Voltaire écrit à Louise d’Épinay, sur une carte à jouer, « André est un paresseux qui n’a pas porté mes billets écrits hier au soir »61, il évoque son propre domestique qui devait porter le billet en personne à son destinataire. La carte à jouer possède donc la double vertu d’être brève et privée. Des expressions, sinon intimes, du moins très personnelles, ont été portées peut-être sans enveloppe par un domestique, ce qui nous incite à réfléchir sur le sens de l’intime au XVIIIe siècle. Est-ce que les cartes étaient conçues parfois pour être montrées ? Nous connaissons au moins un cas, où Grimm, le « porteur » de la carte, est supposé avoir lu la carte qu’il porte :
Le porteur ne vous dira pas qu’il est la plus aimable créature du monde, mais moy je vous le dis ma chère philosophe. Il a fait d’ailleurs ce que vous deviez faire, il nous est venu voir.62
39Avec un sens admirable de l’économie, Voltaire arrive ainsi, en deux phrases, à flatter deux lecteurs, la destinataire et le porteur, simultanément.
40Le choix de communiquer par carte concerne évidemment une catégorie privilégiée et restreinte parmi ses correspondants si nombreux. Suzanne Gallatin, Louise d’Épinay, le pasteur Vernes, l’imprimeur Cramer, ils sont tous, avec leurs rôles différents, membres du cercle intime du patriarche de Ferney. Il semble peu probable que Voltaire eût adressé une carte à jouer à Pierre Michel Hennin, même si ce dernier demeurait à proximité. Reste, en fin de compte, l’intimité de l’autographe. À très peu d’exceptions près (nous n’en avons noté qu’une seule ici), l’écriture sur une carte à jouer est naturellement autographe. Voltaire dicte souvent ses lettres, même celles à des amis, mais un message envoyé sur une carte à jouer est une expression personnelle et immédiate que Voltaire compose lui-même. Le don du manuscrit est un don de soi63, et quoi de plus intime que de recevoir un mot autographe du grand homme en robe de chambre ?
Notes de bas de page
2 Voltaire à Marie-Louise Denis, lettre du 25 avril 1754 (D5788). Les références « D » désignent Correspondence and related documents, Theodore Besterman (éd.), Genève - Oxford, Voltaire Foundation, 1968-1977.
3 Œuvres complètes de Voltaire, Oxford, Voltaire Foundation, 1968- [ci-après OCV], t. 82, p. 551 (« Piccini notebooks »).
4 Dans une lettre adressée à d’Alembert, Voltaire réclame plus de brièveté dans les articles de l’Encyclopédie : « Pourquoi n’avez-vous pas recommandé une espèce de protocole à ceux qui vous servent, étymologies, définitions, exemples, raisons, clarté et brièveté ? » (D7093 [22 décembre 1756]).
5 Dans « Des titres » (1750), OCV, t. 32A, p. 287. Ce passage est cité dans Louis Philipon de La Madelaine, Modèles de lettres sur différents sujets, Lyon, 1761, p. 57-58.
6 D14876 [23 mars 1768].
7 D8628 [3 décembre 1759].
8 D5083 [24 novembre 1752].
9 D19574 [26 juillet 1775].
10 « Les Loisirs de la poste » dans ses Vers de circonstance.
11 The Gorgeous Nothings : Emily Dickinson’s Envelope Poems, Jen Bervin et Marta Werner (éd.), New York, New Directions, 2013.
12 Diderot lui-même se charge de l’article « Cartes (Jeux) » (Encyclopédie, t. 2, p. 711- 715) ; l’article « Cartier », anonyme, décrit les statuts qui règlent le travail des cartiers et six planches (« Cartier ») montrent le détail de la fabrication de cartes.
13 Trois ou quatre couches de papier furent collées ensemble, et les cartes furent ensuite coloriées au pochoir ; les cartes à jouer seront imprimées mécaniquement seulement après 1850. Voir Cartes à jouer et tarots de Marseille : la donation Camoin, Musées de Marseille, Éd. Alors hors du Temps, 2004, en particulier les articles de Thierry Depaulis, « Brève histoire des cartes à jouer » (p. 33-39) et de Jean-Pierre Seguin, « La fabrication des cartes à jouer du XVe siècle à nos jours » (p. 43-55).
14 Voir Élisabeth Belmas, Jouer autrefois : essai sur le jeu dans la France moderne (XVIe-XVIIIe siècle), Seyssel, Champ Vallon, 2006.
15 Voir Claire Bustarret, « La carte à jouer, support d’écriture au XVIIIe siècle », Socio-anthropologie, 2014, n° 30, p. 83-98. Cette pratique n’est pas purement française : l’historien anglais Edward Gibbon se servait de cartes à jouer pour prendre des notes.
16 Claire Bustarret, « Usages des supports d’écriture au XVIIIe siècle : une esquisse codicologique », Genesis, 2012, n° 34, Brouillons des Lumières, Nathalie Ferrand (dir.), p. 37-65 (p. 60).
17 Une édition récente des Rêveries inclut des reproductions en couleur de toutes les cartes : Jean-Jacques Rousseau, Œuvres complètes, t. 20, Les Rêveries du promeneur solitaire, Cartes à jouer, Alain Grosrichard et François Jacob (éd.), Paris, Classiques Garnier, 2014 ; pour l’édition critique des cartes à jouer, voir p. 593-672. Voir aussi Robert Ricatte, « Un nouvel examen des cartes à jouer », Annales de la Société Jean-Jacques Rousseau, 1962, n° 35, p. 239-256.
18 Elles sont conservées aujourd’hui à la Bibliothèque de Genève. Voir Bernard Gagnebin, « Un maniaque de l’introspection révélé par 35000 cartes à jouer : Georges-Louis Le Sage », Mélanges d’histoire du livre et des bibliothèques offerts à M. Frantz Calot, Paris, Librairie d’Argences, 1960, p. 145-157 ; et Luc Weibel, « Le Sage ou le Je en fiches », Les Petits Frères d’Amiel. Entre autobiographie et journal intime, Genève, Zoé, 1997, p. 17-61.
19 C. Bustarret, « Usages des supports d’écriture », op. cit., p. 59, note 94.
20 Voir le catalogue d’exposition Cartes à jouer et tarots de Marseille.
21 Voir Julia Gillen, « Writing Edwardian postcards », Journal of Sociolinguistics, 2013, n° 17, p. 488-521.
22 Lorsque Picasso envoie une carte à Apollinaire le 6 décembre 1905, « Je ne te vois plus. Tu es mort ? Picasso », la brièveté et l’humour du texte sont clairement dictés par la forme du support (Elizabeth Cowling, Picasso Portraits, Londres, National Portrait Gallery, 2016, p. 76-77).
23 Voir D7849, Commentary.
24 Michael Pavlovitch Alekseev et Tatiana N. Kopreeva, Bibliothèque de Voltaire : catalogue des livres, Moscou, 1961, no 2496 ; Corpus des notes marginales de Voltaire, Berlin et Oxford, 1979-2018, t. 5, p. 748. Voir Gillian Pink, Voltaire à l’ouvrage : une étude des traces de lecture et de ses notes marginales, Paris, CNRS, 2018, p. 85-86 et fig. 20.
25 « Il est surprenant que nos Français qui se piquent si fort de bon goût, et qui veulent le mieux jusque dans les plus petites choses, se soient contentés jusqu’à présent des figures maussades dont les cartes sont peintes : il est évident, par ce qui précède, qu’il n’en coûterait rien de plus pour y représenter des sujets plus agréables » (Encyclopédie, t. 2, p. 715).
26 Ce document n’a pas été retrouvé. Voir la Correspondance complète de Jean-Jacques Rousseau, Ralph Alexander Leigh (éd.), Oxford, Voltaire Foundation, 1965-1998, 52 vol., lettre 3244bis, t. 19, p. 336.
27 Exemple cité par Claire Bustarret, « La carte à jouer », op. cit.
28 Voir, par exemple, la note à la lettre D13192, sur laquelle nous reviendrons.
29 Lucien Perey et Gaston Maugras, La Vie intime de Voltaire aux Délices et à Ferney, Paris, Michel Lévy Frères, 1885, p. 208-209.
30 Frédéric Deloffre, par contre, inclut ce détail dans son édition de la Correspondance, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », Paris, Gallimard, 1977-1993, 13 vol., t. 7, p. 1354.
31 D13192 [c. 1er mars 1766].
32 « demain à déjeuner, à 2h, sans aucune cérémonie et avec beaucoup de respect. le vieux, le malade et l’aveugle, Volt ».
33 Sur le débat concernant les relations entre le clergé genevois et le mouvement des Lumières, voir Graham Gargett, « Jacob Vernet and “The Religious Enlightenment” : “Rational Calvinism”, the Pastors of Geneva and the French philosophes », History of European Ideas, 2014, n° 40, p. 561-597.
34 D11782.
35 Voir Marc Ernest Peter, Une amie de Voltaire : Madame Gallatin, Lausanne, Spes, 1925.
36 D14175 [c. 15 mai 1767].
37 D15117 [? 1768].
38 D15116 [? 1768].
39 La société SFR a tenté de déposer le mot texto comme marque en 2001 ; mais le tribunal ayant trouvé que le mot était répandu avant SFR, la marque a été annulée en 2009.
40 Voir, par exemple, D6714.
41 Voir Nicholas Cronk, « Un nouveau correspondant de Voltaire : une lettre inédite de Voltaire à Louis Joseph de Lalive d’Épinay (D11881a) », Revue Voltaire, 2017, n° 17, p. 301-307.
42 D7459 [c. 12 novembre 1757].
43 D8519 [c. 1er octobre 1759].
44 Ces cartes sont : D7459 [c. 12 novembre 1757], D7485, D7487, D7519, D7525, D7684, D7696, D7860, D8017, D8116, D8328, D8359, D8380, D8398 [c. 20 juillet 1759]. Elles sont toutes conservées à la Bibliothèque nationale de France, dans le recueil MS n.a.fr. 24013.
45 D8482 [c. septembre 1759]. C’est apparemment l’unique occasion dans la correspondance où Voltaire emploie le mot carton dans le sens de carte à jouer.
46 D7684 [16 mars 1758]. À comparer avec D7696.
47 D8398.
48 D7711 [? avril 1758].
49 D7485 [novembre/décembre 1757].
50 D7519 [? décembre 1757].
51 D8016 [1758/1759].
52 D7860 [? septembre 1758].
53 Ces cartes se trouvent toutes les deux dans BnF MS n.a.fr. 24013.
54 D7487 [novembre/décembre 1757].
55 D8328 [c. 1er juin 1759].
56 D8398 [c. 20 juillet 1759].
57 D8511 [septembre/octobre 1759].
58 Voir Voltaire, Lettres choisies, N. Cronk (éd.), Paris, Gallimard, « Folio Classique », 2017, « Préface ».
59 Alain Viala, « La genèse des formes épistolaires en France et leurs sources latines et européennes : essai de chronologie distinctive (XVIe-XVIIe siècles) », Revue de littérature comparée, 1981, n° 218, p. 168-183, ici p. 170.
60 Louis Philipon de La Madelaine, Modèles de lettres, op. cit., « Réflexions sur le style épistolaire », p. 2.
61 D7860 [15 septembre 1758].
62 D8116, [c. 15 février 1759].
63 Voir N. Cronk, « Voltaire et le don du manuscrit », Genesis, 2012, n° 34, p. 19-35.
Auteur
Université d’Oxford – Voltaire Foundation
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