Rousseau traducteur de l’italien dans La Nouvelle Héloïse ? ou de la nostalgie des lectrices du Grand Siècle
p. 21-30
Texte intégral
L’énigme d’une main
1De longue date, la critique considère que Rousseau a fini par traduire en français les extraits de poésie italienne qu’il avait d’abord glissés en langue originale dans la prose romanesque de ses épistoliers en 17611. De cette manière, le code amoureux qui chiffrait les échanges entre St. Preux, Julie et sa cousine Claire allait devenir transparent à tout lecteur. Sur un autre plan, Rousseau – écrivain homme-orchestre – ajoutait ainsi à son rôle d’éditeur de lettres soi-disant trouvées, de commentateur ironique troublant la lecture dans les préfaces et les notes de bas de page, de créateur d’un programme iconographique qui défiait les talents des meilleurs dessinateurs, celui de traducteur.
2Dans les marges d’une édition parisienne datant de 1764 dite « exemplaire Duchesne-Coindet » et aujourd’hui conservée à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale à Paris2, on trouve en effet notées à la main d’une écriture très appliquée les traductions de la plupart de ces citations, en plus d’un certain nombre de corrections d’auteur. C’est après la mort de Rousseau que ces traductions furent publiées pour la première fois, en notes de bas de page, dans l’édition posthume publiée par Du Peyrou et Moultou à Genève en 1780 au sein de la Collection complete des Œuvres de J.-J. Rousseau. Les deux amis de Rousseau avaient travaillé en ayant entre les mains l’exemplaire Duchesne-Coindet3. Depuis lors, les « traductions des citations italiennes, ajoutées de sa main par Rousseau » – comme l’écrivent Henri Coulet et Bernard Guyon dans l’édition de la Pléiade (nous soulignons)4 – sont devenues pleinement un texte de Rousseau et, à ce titre, ont non seulement été reprises dans les éditions suivantes mais aussi très souvent commentées par la critique, y compris sévèrement puisque certains commentateurs ont reproché à Rousseau leur platitude5.
3Personne néanmoins ne me semble avoir prêté attention à un détail qui n’est pas sans importance : le fait que l’écriture utilisée pour tracer à la plume ces traductions dans les marges de l’exemplaire Duchesne-Coindet (Fig. 1) ne correspond à aucune de celles de Rousseau dans ses manuscrits de travail. Ce fait m’a longtemps intriguée jusqu’au jour où un spécimen de cette écriture (Fig. 2) m’est tombé sous les yeux6 et m’a permis d’identifier cette main. Ainsi il est possible d’affirmer que celui qui a inscrit ces traductions n’est nullement Rousseau, mais un secrétaire de Du Peyrou : Guillaume-Simon Jeannin.
Fig. 1. Détail de la page de titre de l’exemplaire Duchesne-Coindet de La Nouvelle Héloïse (1764) avec traduction manuscrite prétendûment de la main de Rousseau.
(Bibliothèque de l’Assemblée nationale, Paris)
4Notaire de profession, Jeannin est mentionné plusieurs fois dans la Correspondance de Rousseau à partir de 17657. En 1779, c’est devant lui qu’est signé le Traité entre les amis de Rousseau et la Société typographique de Genève pour la réalisation de la Collection complete. Étant donné qu’on trouve la main de Jeannin dans certains documents qui ont servi à confectionner matériellement l’édition de Genève8, on peut en déduire qu’il a aussi participé concrètement au travail éditorial en assistant Du Peyrou pour la préparation des textes de Rousseau à publier.
5La seule preuve concernant l’attribution à Rousseau des traductions apparues dans l’exemplaire Duchesne-Coindet tenait à leur caractère autographe supposé9. L’identification de cette main comme celle d’un secrétaire de Du Peyrou change donc la perspective. C’est Rousseau lui-même qui a fait de l’autographie un élément déterminant concernant l’authentification de ses textes : « tous mes manuscrits sont de ma main », écrit-il en 1766 à un éditeur qui s’avisait de lui attribuer un manuscrit sans reconnaître son écriture10. Faute d’un document autographe, il semble hasardeux d’attribuer à Rousseau la paternité de ces traductions. Jeannin a-t-il disposé d’un document disparu qu’il aurait recopié sur l’exemplaire qui allait servir à l’impression ? Pourquoi certaines citations ne sont-elles pas traduites11 ? Ces questions se posent et trouveront certainement leur réponse. Pour l’heure, la preuve que ces traductions sont de Rousseau s’évanouit. Cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas de lui, mais que nous ignorons si elles le sont ou pas.
Le sens d’un geste
6Raison de plus pour revenir sur le sens du geste qui aurait pu conduire Rousseau à traduire ou non ces citations. On sait que Rousseau eut le goût de la traduction qu’il pratiqua sur le latin de Sénèque et de Tacite, et plus tard sur l’italien du Tasse de la Jérusalem délivrée (chant I)12. Dans son roman, il avait cependant sciemment choisi de faire parler poétiquement ses héros dans une langue étrangère. C’était là une décision forte de voiler son propre texte et les messages que le trio des amants/amis souhaitait se faire passer par allusion. Julie avait ri de cette « ruse » avec laquelle St. Preux s’était mis « à l’abri du Tasse, comme derriere un rempart »13, en citant dans l’original l’apparition troublante de la magicienne Armide au milieu des Croisés et la contemplation érotique d’un sein affolant l’imagination, pour mieux dire à la jeune fille l’avidité du regard pénétrant qu’il portait sur elle.
7Du côté de l’écrivain, cette « ruse » du détour par l’italien est une idée qui ne lui est pas venue tout de suite, mais chemin faisant, tandis qu’il avançait dans la rédaction de ce qui devenait peu à peu un roman. Presque toutes ces citations surgissent en effet dans une phase d’écriture intermédiaire, celle de la grande mise au net (encore très retouchée) qu’on appelle la Copie personnelle, c’est-à-dire ce moment situé entre les états préparatoires consignés dans le brouillon et la phase d’achèvement de la copie pour l’imprimeur-libraire d’Amsterdam Marc-Michel Rey. Est-ce une coïncidence ? Ce moment-là correspond aussi à celui de l’apparition des notes de bas de page destinées à troubler le lecteur dans un jeu sur le statut du texte, entre fiction et non-fiction14. Ces deux modalités (la citation étrangère, la note de bas de page) sont parentes puisqu’elles rompent la monotonie et la régularité du récit. Rousseau a-t-il cherché, consciemment ou non, de compenser par ces moyens un choix stylistique esthétique qu’il avait fait pour se différencier des autres romanciers de son temps, celui de la simplicité de ton et d’intrigue ? Simplicité qu’il revendiquait tout en sachant qu’elle n’était pas sans risque : celui d’ennuyer le lecteur. La « Préface » dialoguée est claire à cet égard :
N. Quant à l’intérêt, il est pour tout le monde, il est nul. Pas une mauvaise action ; pas un méchant homme qui fasse craindre pour les bons. Des événements si naturels, si simples qu’ils le sont trop : rien d’inopiné ; point de coup de Théatre. Tout est prévu long-temps d’avance ; tout arrive comme il est prévu. Est-ce la peine de tenir registre de ce que chacun peut voir tous les jours dans sa maison, ou dans celle de son voisin ?15
8Et pourtant, comme on le sait, l’avis du lecteur récalcitrant de la « Préface » dialoguée – qui met en scène les craintes de l’auteur – sera contredit par le public réel du roman. Rousseau a tout compte fait su « placer l’intérêt »16 de main de maître, en déplaçant son lecteur, en le faisant bouger dans ses notes de bas de page, en le dépaysant par l’italien, en le transportant dans le temps par les pseudonymes aux échos médiévaux de ses héros. Citer Pétrarque dès l’épigraphe mise à la page de titre (« Non la conobbe il mondo mentre l’ebbe : Conobill’io ch’a pianger qui rimasi »17), revient à conjuguer l’invitation au voyage avec un retour vers un passé lointain et vers les sources profondément littéraires de la langue italienne. À l’exception des citations de son contemporain le librettiste Métastase qui introduisent dans la fiction la langue de l’opéra qui lui était si cher, Rousseau fait en effet appel à un modèle linguistique raffiné et prestigieux venu du Trecento de Pétrarque qui forge la poésie italienne et du Cinquecento du Tasse qui voit l’italien se façonner comme langue littéraire renouvelée et normée18. Sertir ces trésors de poésie dans la prose parfois maladroite de ses épistoliers du Valais, c’est de la part de Rousseau une sophistication recherchée et qu’on aurait tort de mettre sur le compte d’un seul « élan spontané de la sensibilité »19. Sophistication adressée à des lecteurs cultivés invités à goûter ce jeu de déchiffrement, d’allusion, d’échange codé.
Lectrices du temps passé
9Grâce à la Correspondance de Rousseau, on peut en savoir plus sur cet aspect de la réception de La Nouvelle Héloïse et on constate que les citations italiennes firent très vite leur effet sur le public, notamment sur des lectrices. Première réaction, celle de Claire Cramer (la femme de Gabriel Cramer, l’éditeur genevois de Voltaire qui diffusait l’édition Rey20 de La Nouvelle Héloïse à Genève). Dès la fin de janvier 1761 - le roman venait de paraître -, elle écrit à Rousseau son ravissement :
Je suis comme vous Monsieur admiratrice des Italiens, de leur langue, de leur musique et surtout de leur poësie ; jugez donc combien vos citations m’on parû agreable, j’ai été enchantée du choix et de l’a propos ; l’Arioste et le Tasse sont mes auteurs favoris […].21
10Suit une citation du Tasse que Mme Cramer glisse dans sa lettre avec un commentaire : « Ces vers qui me paroissent délicieux surtout les deux derniers, ne devroit-ils pas avoir été fais pour une femme comme Julie ? ». Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette lettre aimable donna lieu de la part de Rousseau à une de ces réponses cinglantes et mufles dont il avait parfois le secret et dont il finit par s’excuser. Cette lectrice qui venait de se prendre agréablement au jeu du texte et tentait de le poursuivre avec l’auteur fut immédiatement rabrouée, accusée de ne faire que de l’esprit et renvoyée à sa condition de femme. Quelques mois plus tard, cette fois à la fin de l’année 1761, l’épisode se reproduit mais prend une autre tournure. Au cours de l’automne, Jean-Jacques s’est laissé entraîner dans une correspondance avec deux mystérieuses lectrices qui se font passer, sous couvert d’anonymat, l’une pour Julie encore vivante (Marianne Alissan de La Tour) et l’autre pour sa cousine Claire (Marie-Madeleine Bernardoni). Afin de mieux imiter le style de Julie, Mme Alissan de La Tour a mêlé à ses lettres des extraits de poésie italienne. Tout en mordant à l’hameçon d’un échange qui mime le roman et qui va durer plusieurs mois22, Rousseau se méfie et soupçonne l’une de ses correspondantes d’être un homme qui entendrait le tourner en ridicule. « Julie » s’en défend et Rousseau doit (de nouveau) formuler des excuses :
Ne croyez pas, au reste, que jamais j’aye pu vous prendre pour un homme, il n’y a rien de moins alliable que les deux idées qui me tourmentoient ; j’ai seulement cru vos lettres de la main d’un homme ; je l’ai cru, fondé Sur l’écriture aussi liée aussi formée que celle d’un homme, Sur la grande régularité de l’orthographe, sur la ponctuation plus exacte que celle d’un Prote d’imprimerie, Sur un ordre que les femmes ne mettent pas communément dans leurs lettres, et qui m’empêchoit de me fier à la delicatesse qu’elles y mettent, mais que quelques hommes y mettent aussi. Enfin sur les citations Italiennes, qui me déroutoient le plus. Le temps est passé des Bouillons, des La Suze, des La Fayette, des Dames françoises qui lisoient et aimoient la poésie italienne. Aujourd’ui leurs oreilles racornies à vôtre opera ont perdu toute finesse, toute sensibilité ; ce gout est éteint pour jamais parmi elles,
Neppiù il vestigio appar, ne dir Si può
Egli quì fue.23
11Rousseau a été dérouté par les citations italiennes de sa correspondante – comme dans le cas de Claire Cramer – et nous le sommes encore plus par son explication. Elle fait brusquement surgir un horizon d’attente paradoxal, non pas orienté vers le présent ou l’avenir, mais vers le passé. Madame de Lafayette, dont La Princesse de Clèves a inspiré l’écrivain, devient parmi d’autres dames françaises du Grand Siècle un modèle idéal de lectrice capable de goûter ces fragments de poésie pure, comme elle appréciait les vers de Pétrarque que Ménage lui envoyait dans des lettres rédigées intégralement en italien24. Rousseau révèle en passant sa bonne connaissance du Siècle de Louis XIV. En revanche, le public féminin de son temps est jugé d’avance, avec une sévérité qui étonne, inapte à en goûter les charmes. Encore une fois, Rousseau a besoin de citer le Tasse25 pour en dire plus : c’est le palais enchanté d’Armide qui a disparu sans laisser de traces, c’est l’enchantement de la sociabilité raffinée des Lettres féminines du Grand Siècle qui s’est éteint à jamais, mais dont il rêve encore et qu’il fait vivre, étonnant transfert, à ses personnages au bord du lac Léman.
12Glisser dans son roman ces citations de la poésie italienne fut donc pour Rousseau un geste d’une grande nostalgie, tourné vers un public inactuel, à la fois rêvé et perdu. Et tant pis s’il n’était pas compris : Barbarus his ego sum… Ou du moins qu’il croyait perdu, puisque Mme Cramer et la nouvelle Julie qu’est Mme Alissan de la Tour lui prouvèrent le contraire.
13Maintenant, que penser de ces traductions en français dont finalement, on l’a vu, rien matériellement n’atteste que Rousseau en soit lui-même l’auteur puisque la main qui les insère dans les marges de l’exemplaire Duchesne-Coindet est celle d’un secrétaire de Du Peyrou ? En tant que geste littéraire, sont-elles plausibles ? Rousseau tenait coûte que coûte à ces vers italiens en langue originale, au risque de ne pas être compris par ses contemporains. Au moment où la réalité lui apportait la preuve que les dames françaises de son temps étaient capables de pénétrer dans ce jeu subtil entre deux langues et entre prose et poésie, Rousseau allait-il détruire ce mécanisme si essentiel au déploiement de son univers fictionnel, en rendant banalement (et prosaïquement puisque la versification n’est pas rendue) explicite ce qui devait être deviné d’âme à âme ? Si pour une raison qui nous échappe, Rousseau y a pensé un moment (ou s’est peut-être juste exercé à les traduire), il y a manifestement renoncé en cours de route, ne traduisant qu’une partie des citations et laissant le projet avorté. Mais il nous semble plus vraisemblable que la décision d’incorporer des traductions au texte publié du roman soit venue non pas de l’auteur, mais des éditeurs de la Collection complete de Genève qui, au moment d’élever ce monument de papier à la mémoire du grand homme à peine disparu, ont pu souhaiter rendre accessible son œuvre à un public plus large, celui des années 1780 qui n’était plus celui des années 1760, quitte à trahir les replis secrets d’un sens délibérément voilé, pensant dans cette indiscrétion lui demeurer fidèles.
Notes de bas de page
1 Au moins depuis l’édition critique de Daniel Mornet au début du XXe siècle : Jean-Jacques Rousseau, La Nouvelle Héloïse. Nouvelle édition publiée d’après les manuscrits et les éditions originales avec des variantes, une introduction, des notices et des notes par Daniel Mornet, Paris, Hachette, 1925, 4 vol., volume I, p. 156.
2 La Nouvelle Héloïse, ou Lettres de deux Amans, Habitans D’une petite Ville au pied des Alpes ; Recueillies et publiées par J.J. Rousseau. Nouvelle Edition, revue, corrigée & augmentée de Figures en taille douce, & d’une Table des Matières, À Neuchatel, Et se trouve à Paris, Chez Duchesne, 1764. Cet exemplaire relié mais dont les pages n’ont pas été rognées et qui ne comporte que les tomes I, III et IV, est dit « Duchesne-Coindet » car il provient de la famille Coindet. Le neveu de François Coindet – le tenait-il de son oncle, ami de Rousseau ? – l’aurait donné au bibliophile Hippolyte de Château-Giron (1774-1848), selon un témoignage indiqué au seuil de l’exemplaire (voir ci-dessous note 9). Selon les indications de la Bibliothèque de l’Assemblée, cet exemplaire a été acheté par la bibliothèque en avril 1827, au cours de la vente d’une partie des livres du marquis de Château-Giron. Ralph Leigh s’est étonné du rôle de François Coindet dans la transmission de certains manuscrits de Rousseau dans son article « Les manuscrits disparus de J.-J. Rousseau », Annales Jean-Jacques Rousseau, 1956-1958, t. 34, p. 31-81, en particulier p. 41-42.
3 Ainsi que l’a établi Daniel Mornet, op. cit., vol. I, « Le texte », p. 209 et suivantes.
4 Jean-Jacques Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse, Œuvres complètes, Henri Coulet et Bernard Guyon (éd.), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1964, t. II, Note sur le texte, p. LXXXIII. Par la suite, nous citerons cette édition.
5 « On notera la platitude de la traduction », écrit Bernard Guyon à propos de la traduction des vers de Pétrarque dans la lettre 2 de la première partie (op. cit., p. 1365, note 1 de la p. 35).
6 Il s’agit du manuscrit du Traité de la Société typographique de Genève avec les amis de Rousseau pour la cession de ses manuscrits, 23 et 26 janvier 1779, reproduit aux p. 202-203 du catalogue de l’exposition Vivant ou mort, il les inquiètera toujours. Amis et ennemis de Rousseau (XVIIIe-XXe siècles), qui s’est tenue à Genève en 2012, catalogue édité par Gauthier Ambrus et Alain Grosrichard. Je remercie G. Ambrus qui m’a indiqué le nom du rédacteur de ce document.
7 Jeannin était notaire dans la ville de Neuchâtel depuis 1763 (d’après l’État des Emplois & Offices de la souveraine Principauté de Neuchatel & Valengin en 1791). Du Peyrou écrit à Rousseau le 5 septembre 1765 : « Nous passons, Jeannin et moi, nos journées à transcrire, copier, etc. ». Jeannin a réalisé une copie du Pygmalion que l’auteur a corrigée en 1765 selon Jacqueline Waeber (voir Jean-Jacques Rousseau, Horace Coindet, Pygmalion, scène lyrique, Jacqueline Waeber (éd.), Genève, Éditions Université - Conservatoire de musique, 1997, p. 81).
8 Par exemple sa main apparaît aussi dans la préparation de la réédition genevoise de la Lettre à d’Alembert. Je me permets de renvoyer à Nathalie Ferrand, « Jean-Jacques Rousseau : le dernier état retouché de la Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758) », Genesis, 2012, n° 34, p. 135-157 et figure n° 3 où l’on voit une intervention éditoriale de la main de Jeannin : « N.B. Ce renvoi est embarrassant, la Lettre citée à M. le Roy ne m’étant jusqu’à présent point connüe. […] » (article et images consultables en ligne, https://genesis.revues.org/951).
9 H. de Château-Giron a inscrit au début de l’exemplaire Duchesne-Coindet : « Toutes les notes et corrections sont de la main de J.-J. Rousseau. Cet exemplaire m’a été donné par Mr Coindet de Geneve, neveu de l’ami de J.J. H. de Chateaugiron ».
10 Lettre à Pierre Guy du 2 août 1766, Correspondance complète de Jean-Jacques Rousseau, Ralph Alexander Leigh, et al. (éd.), 52 vol, Genève, Institut et Musée Voltaire, 1977, vol. 30, p. 196-200 (Lettre 5332).
11 L’exemplaire Duchesne-Coindet comporte plusieurs fois la mention « Reste à traduire » de la main de Jeannin. Dans l’édition de Genève, ces citations demeurent non traduites. Elles le seront dans l’édition de Musset-Pathay en 1819 (Œuvres complètes de J.J. Rousseau, Victor-Donatien Musset-Pathay (éd.), Paris, Dupont, t. I).
12 Jean Starobinski, « L’imitation du Tasse », Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, 1992, n° 40, p. 265-288.
13 Rousseau, Julie, dans Œuvres complètes, op. cit., t. II, lettres I, 23, p. 82 et I, 25, p. 87.
14 Yannick Séité a montré l’apparition tardive des notes de bas de page (Du Livre au lire. La Nouvelle Héloïse, roman des Lumières, Paris, H. Champion, 2002, p. 279 et suivantes).
15 « Seconde Préface », Julie, dans Œuvres complètes, op. cit., t. II, p. 13. Alain Viala a magistralement commenté ce passage dans sa réflexion sur la notion « d’intérêt littéraire » dans sa Lettre à Rousseau sur l’intérêt littéraire, Paris, PUF, 2005, p. 24 et suivantes.
16 « Se demander comment les textes placent l’intérêt » fait partie des tâches de la critique littéraire selon A. Viala, ibid., p. 74.
17 « Le monde la posséda sans la connaître, et moi je l’ai connue, je reste ici-bas à la pleurer ».
18 Silvia Morgana, Breve storia della lingua italiana, Roma, Carocci, 2011 [2009]. Rousseau cite aussi, mais avec plus de distance, le Cavalier Marin.
19 Rousseau, Julie, in Œuvres complètes, op. cit., t. II, p. 1340.
20 À Amsterdam, chez Marc Michel Rey, 1761.
21 Lettre de Claire Cramer à Rousseau du 31 janvier 1761, dans Correspondance complète de Jean-Jacques Rousseau, op. cit., vol. 8, p. 45-47 (Lettre 1250). Nous ne corrigeons pas.
22 Au sujet de cet épisode, voir Raymond Trousson, Jean-Jacques Rousseau, Paris, Tallandier, 2003, p. 491-492.
23 Lettre à Marianne Alissan de La Tour du 10 novembre 1761, dans Correspondance complète de Jean-Jacques Rousseau, op.cit., vol. 9, p. 224-228 (lettre 1536).
24 En effet, on trouve dans la correspondance entre Mme de Lafayette et Ménage plusieurs lettres rédigées par ce dernier en italien qui traitent de la littérature italienne et citent notamment des vers de Pétrarque. Voir Madame de Lafayette, Œuvres complètes, Camille Esmein-Sarrazin (éd.), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2014, p. 846-849 ; 851-852, etc. Les lettres de Ménage ont été publiées dès la fin du XVIIe siècle.
25 Cette citation n’a pas été identifiée par Ralph Leigh, peut-être en raison de son inexactitude, Rousseau citant manifestement de mémoire. Il s’agit de la fin de l’octave 69 du chant XVI de la Jérusalem délivrée : « Né più il Palagio appar, nè pur le Sue / Vestigia, nè dir puossi, egli quì fue » (« le palais a disparu ; les vestiges en sont effacés, et on ne peut pas même dire : “Il était là” », selon la traduction de François Lebrun, contemporain de Rousseau). Ce chant raconte le sauvetage de Renaud prisonnier d’Armide. Les vers décrivent le moment de la défaite de la magicienne qui s’enfuit en faisant disparaître son palais enchanté. Notons que Rousseau répond aux citations de Mme d’Alissan toutes tirées de l’Arioste (auteur que Rousseau ne cite jamais dans La Nouvelle Héloïse) par une citation du Tasse auquel il est très attaché. Sur la confrontation de ces deux modèles à l’âge classique, voir La Dispute entre l’Arioste et le Tasse. Les appropriations polémiques de deux esthétiques au XVIIe siècle en France, Marine Roussillon et Jörn Steigerwald (dir.), Papers on French Seventeenth Century Literature, 2013, vol. XL, n° 79.
Auteur
CNRS – École normale supérieure Institut des textes et manuscrits modernes
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